Non mais quelle journée ! Agnessa avait, comme toutes les nuits, rêvé de son frère jumeau décédé... De quoi la mettre dans un mauvais état d'esprit dès le réveil. La matinée de cours avait été assez morose et surtout interminable aux yeux de notre blonde. Le moindre courant d'air, la moindre effluve d'odeurs la ramenait à ses souvenirs douloureux. Autant dire que ce début de journée n'était pas des plus joyeux.

Sa matinée de cours consistait en plusieurs matières pas franchement intéressantes et puis surtout, il avait fallu qu'elle se lève très tôt pour gérer son emploi du temps de la journée car étant en études par correspondances depuis son arrivée à l'institut. Il faut comprendre par là que son arrivée est toute fraîche dans les locaux et que par mesures de sécurités, elle avait été amenée à commencer des cours par correspondance pour ne pas avoir à trop s'éloigner de l'enceinte protectrice des lieux. N'étant clairement pas une lève-tôt, cela avait déjà eu le don de l'irriter plus que ce qu'elle était prête à avouer.  Tout cela avait fini par l'achever car additionné à un temps pas franchement ragoutant. En effet, on ne peut pas dire qu'il avait fait beau, le soleil s'était montré particulièrement discret voire inexistant et une petite averse était venue agrémenter le tout aux alentours de la pause de mi-matinée. Agnes' avait accusé le coup en affichant clairement son mécontentement durant tout le début de journée. Etant naturellement la reine des souffles rauques, raclements de gorges, soupires et autres roulements de regards, elle en avait irrité plus d'un dans sa salle d'études. Soit, elle n'était pas là pour amuser la galerie de toute façon. Encore moins aujourd'hui.

Son irritabilité non dissimulée l'avait éloigné des autres pendants ses heures à bûcher et, pour être honnête, cela l'avait bien arrangé. Elle n'était de toute manière pas prête à devoir entretenir une conversation ou soutenir des sourires quels qu'ils soient. Il y a des journées qui commencent sur les chapeaux de roues et dans lesquelles on a envie d’interagir avec les autres, de sortir pour voir du monde et.. les autres. Celles ou, clairement, le fait de respirer est une corvée et devoir voir les têtes des autres est à la limite du supportable. La sonnerie de son portable sonna la pause de midi et, par la même occasion, la fin de son calvaire personnel. C'est ce son qui sonna le glas de son départ en pause qu'elle afficha son premier sourire, elle était enfin libérée de ses obligations pour la journée. Elle allait pouvoir continuer à entretenir sa mauvaise humeur seule dans son coin pour le reste de l'après-midi et cette idée la mettait presque en joie. Ses affaires étaient rangées en moins de temps qu'il fallait pour le dire. Elle passa vite à sa chambre afin de prendre une veste, ne voulant pas affronter une autre averse sans pouvoir s'en protéger.

Ni une, ni deux, elle était dehors et, ô joie un rayon de soleil avait réussi à pénétrer à travers les nuages jusqu'ici épais. Le reste de la journée allait peut-être lui offrir un peu de joie, qui sait. Comme à chaque fois qu'elle pouvait sortir de sa chambre, elle alluma une cigarette et savoura le tabac comme si c'était sa première clope de la journée. Ce plaisir-là est difficilement compréhensible pour les personnes qui n'ont jamais fumé. L'odeur, le goût, la prise en main, tout ces détails sont autant de choses familières et rassurantes pour Agnessa. Une part d'elle aimerait arrêter de fumer, mais elle aime bien trop cela et puis après tout, il faudra bien mourir de quelque chose, alors autant que ce soit en se faisant plaisir.

Elle avait marché sans réellement s'en rendre compte, jusqu'à arriver à ce parterre de fleurs qu'elle admirait souvent lors de ses balades solitaires. Notre belle russe a toujours eu une relation particulière à la nature, se trouvant apaisée lors de ses balades en forêt ou dans les champs qu'elle retrouvait autour de la maison familiale. Néanmoins, elle remarqua que ce coin normalement si paisible, était agitée par une fille au regard et au look peut-être aussi morose qu'elle. Ce détail attira son attention car elle était tout de noir vêtu et son regard se perdait dans l'horizon. La chaussure droite de notre russe vint écraser la cigarette qu'elle venait de jeter au sol. Devait-elle l'aborder ? Était-elle tout simplement de taille à affronter la mauvaise humeur de quelqu'un d'autre qu'elle-même aujourd'hui ? Assurément que non. Mais bon, étant du genre à se fourrer là où il fallait pas...

Agnessa s'approcha d'un pas sûr mais lent de la jeune femme assise entre les fleurs. Elle s'arrêta cependant à quelques pas d'elle, ne voulant pas déranger son espace personnel. Que pouvait-elle lui dire ? Ses mains se fourrèrent nonchalamment dans les poches de sa veste quand elle sentit une petite pochette en plastique glisser aux bouts de ses doigts. Ce contact l'a fit d'abord sursauter, puis sourire. La veille, notre blondinette s'était arrangée pour trouver un petit pochon de champignons hallucinogènes dans les chambres. Elle en prenait de temps en temps quand l'humeur n'était pas de la partie car, en général, ses trips lors des prises de champignons sont positifs chez elle. Son pochon en main, elle observa intensément la fille à deux pas d'elle.

" Ecoute, pour être honnête t'as l'air aussi mal que moi aujourd'hui. Du coup, j'peux te proposer un petit moment d'évasion si t'as pas peur de prendre des trucs un peu louches avec une fille que tu ne connais pas. "

Elle tendit fièrement le bras dans sa direction afin de lui présenter l'objet du délit et pencha la tête sur la droite avec un petit sourire aux lèvres. Après tout, elles ne s'étaient jamais vue, alors elle s'attendait à se prendre un râteau.

Belle balade nocturne, quand tu nous tiens... Sa journée morose passée, voilà que sa soirée s'annonçait plus intéressante et cette perspective égaya tout de suite notre jeune femme. Son petit coin préféré pour se poser et fumer une cigarette ou un joint -ou deux- venait d'être troublé par une jeune femme aux cheveux bleus. Quelle particularité amusante et... intrigante ! Cette dernière avait un look d'après soirée qu'elle-même connaissait bien. Vous savez bien, les cheveux en pétard, les yeux vitreux et humides et des collants qui avaient visiblement vécus des jours meilleurs. Un vrai style de fille défoncée ou, en tout bien tout honneur, prête à toucher à tout. Et autant vous dire que ça ce n'était pas tombé dans l’œil d'un aveugle.

Putain elle espérait du fond du cœur qu'elle allait accepter de se défoncer avec elle, car à plusieurs la partie est plus folle ! Combien de fois Agnes' avait pu se démonter la tête seule ? Des centaines certainement. Mais elle savait par expérience que les meilleures défonces étaient toujours celle à plusieurs, ne serait-ce que pour profiter de la réaction des gens avec qui vous pouviez être dans ces moments-là. Un ami russe à elle avait une fois pris tellement de speed qu'il avait fini la soirée par faire plusieurs fois le tour du quartier en courant complètement à poils. Sa cousine avait une autre fois tellement vomi d'une descente suite à des joints trop chargés qu'elle n'avait plus pu fumer la moindre cigarette pendant une semaine tellement l'odeur de la fumée pouvait lui donner des hauts le cœur. Bref, se défoncer c'est bien, à plusieurs c'est clairement mieux.

Elle avait lancé sa proposition comme une bouée à la mer, n'étant pas réellement d'humeur à s'éclater seule ce soir. De plus, elle n'avait croisé personne de la journée ou, du moins, elle n'avait pas adressé la parole à qui que ce soit. Donc un peu de compagnie n'était pas pour lui déplaire pour continuer et peut-être terminer sa soirée. La jeune femme en face d'elle était tout à fait son type physiquement, de grands yeux ainsi que de beaux cheveux longs. Bien que sa coiffure ne lui rendait pas franchement hommage. Ses collants prouvaient bien qu'elle était du genre à connaitre ses charmes et à vouloir se mettre en avant. Comment ne pas remarquer une fille avec des Doc Martens aux pieds ? Quelqu'un avec un tel look ne pouvait que plaire à notre blondasse.

" J’dis jamais non à ce genre de trucs, surtout si c’est gratuit. Mais fais gaffe, tu pourrais passer pour une tueuse en série à proposer ta cam comme ça. "

La bonne humeur de notre russe commençait vraiment à refaire surface après ce qu'elle venait d'entendre. Une tueuse en série ? Pourquoi pas après tout. Cette dernière ne connaissait rien d'elle et inversement, mais Agnessa était prête à parier que cette inconnue ne bossait pas pour les stups. Impossible vue le profil. Quoi que cette perspective aurait pu être intéressante. Finir au poste de police aurait pu être une épopée amusante. Notre russe n'avait encore jamais fait de séjour chez les flics de Tokyo, mais elle avait déjà baptisé beaucoup de postes de polices dans son pays.

" Bien sûr que c'est gratuit, après tout c'est moi qui suis venue vers toi. D'ailleurs, qu'est-ce qui te dis que je ne suis pas une tueuse ? "

Elle lui servi son plus beau regard provocateur et peut-être un peu enjôleur, le tout sur un ton amusé. Agnessa ramassa le paquet de cigarettes qu'elle venait de jeter à ses pieds et l'ouvra d'instinct pour jauger son contenu. Il ne restait que deux cigarettes, quel butin ! Elle leva son sourcil droit en regardant au fond du paquet et le secoua comme si cela pouvait faire apparaître d'autres clopes par magie.

" J’peux te filer ça en échange. Le sac aussi d’ailleurs, c’est pas à moi. Enfin, on s’en fou un peu. Moi c’est Elisha, et toi ? "

Trop aimable la nana... Tu parles d'un cadeau. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien foutre d'un sac à moitié vide ? Elle pinça les lèvres comme signe de désapprobation, son sourcil toujours en l'air. Un long soupire lui échappa au moment ou elle vint prendre place à côté de la jeune inconnue. Agnes' ne prit d'ailleurs pas la peine de poser quoi que ce soit sous ses fesses contrairement à sa voisine. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien en avoir à foutre d'avoir le cul humide ou parsemé de brins d'herbes. Elle l'observa du coin de l’œil sans chercher à être discrète.

" Alors là vraiment, c'est trop gentil de ta part.. Tu l'as piqué où ce sac au fait ? Je suis peut-être une tueuse en série, mais toi t'as l'air d'avoir volé ça à quelqu'un si tu veux mon avis. Je m'appelle Agnessa, mais tu peux m’appeler Agnès." Elle lui fit un clin d'oeil pour appuyer ses propos. " Jettes donc ta fin de mégot et fumes une dernière clope avec moi. D'ailleurs, t'es trop précieuse pour poser ton joli cul sur l'herbe fraîche ou comment ça se passe ? "

Sur ces paroles très distinguées, elle lui proposa le paquet offert plus tôt afin de fumer ensemble les deux dernières clopes. D'instinct et certainement parce qu'elle a l'habitude de faire ça avec les personnes qui lui plaisent, elle lui tendit son briquet allumé et fourra en même temps the last cigarette dans sa propre bouche. A présent, toute son attention était portée sur la jeune femme, elle avait la mâchoire fine et des lèvres généreuses. Son maquillage avait coulé, signe d'une soirée passée assez compliquée, ou peut-être un réveil difficile.

" C’est quoi ce que t’as dans ton sachet ? "

Sa voix la fit sursauter, elle était absorbée par le reflet de la lune sur ses cheveux bleus. Le mélange était assez étrange et captivant. Qui se teint les cheveux en bleu aujourd'hui ? C'était extravagant et tape à l’œil. Que cachait-elle sous sa crinière couleur azure ? Agnessa reporta son attention sur sa main qui englobait toujours le sachet mystère. Une nouvelle fois elle l'agita face à la brise avec un air triomphant sur le visage, révélant sa fossette unique sur sa joue droite. On aurait dit une gamine à qui on venait de demander de partager un gâteau. Son enthousiasme soudain l'étonna elle-même.

" Tu connais les champis ? Ceux qui te font perdre la tête ? Bah voilà le trésor que renferme mon petit sachet. Je suis arrivée à les trouver chez une nana ce matin. La journée à plutôt mal commencé alors je comptais m'arracher la tête, tu veux en être ? "

C'est toujours avec la clope au bec qu'elle avait prononcé ces mots, aussi sa phrase n'était pas tout à fait compréhensible. Elle ouvrit le pochon d'une main experte pour lui faire sentir les fameux légumes hallucinogènes, scrutant la réaction d'Elisha. Agnes' attendait de voir comment la belle aux cheveux bleus allait réagir, il faut dire que ces trucs puent la mort. Son sourire béat trônant toujours sur son visage angélique.

Un cul, puis deux dans les herbes. Voilà qui prouvait que la suite des événements allait être chouette. La jeune femme au style débraillé à sa gauche l'intriguait fortement. Après tout, elle avait simplement accepté la proposition de prise de champis sans poser plus de questions. C'était donc une femme prête à relever des défis, même inconnus et ça c'était fortement satisfaisant pour Agnessa. Elle adorait sans nul doute les personnes pleines de caractères et pas prise de tête, elle avait compris qu'elle venait de tomber sur une représentante de cette espèce au moment même ou elle lui avait jeté un paquet de clopes vide aux pieds.

" Boaf, la vie est chiante si on prend jamais de risques. "

Cette phrase, lâchée avec tellement de décontraction la fit sourire. Oui vraiment, elle venait de tomber sur une fille chouette pleine de promesses. Merde, elle allait pouvoir se défoncer avec quelqu'un de clairement sympathique et ouvert d'esprit, elle n'aurait pas pu tomber sur mieux. A vrai dire, Agnessa n'attendait rien en échange à sa proposition et le maigre butin qu'elle lui offrait en contre partie ne cassait pas trois pattes à un canard... Mais qu'importe, elle n'aurait de toute façon pas voulu s'encombrer d'un sac qui ne lui plaisait qu'à moitié.

" P’t’être que oui, p’t’être que non. Et puis si la meuf voulait pas se le faire piquer, elle avait qu’à le surveiller. "

Quelle perspicacité ! Qui était-elle pour juger après tout ? N'avait-elle pas piqué ce petit paquet magique à quelqu'un plus tôt dans la journée. L’hôpital qui se fout clairement de la charité. Elle souriait furtivement à cette pensée, l'hypocrisie quand elle vous tient. Il n'empêche que la demoiselle aux cheveux bleus avait raison, si on veut pas se faire piquer des trucs, il faut y mettre les moyens. Genre l'objet le plus important qu'Agnessa possède ce sont ses boucles d'oreilles qu'elle n'enlève jamais, car un des deux bijoux appartenait à son frère. C'est d'ailleurs le seul souvenir physique de lui qu'elle a ramené ici histoire d'avoir un bout de lui avec elle en toutes circonstances. Le fait qu'Elisha ait haussé les épaules comme signe de je-m’en-foutiste la fit sourire une nouvelle fois. Cette nonchalance l'amusait d'autant plus. On aurait dit que rien ne pouvait atteindre cette jeune femme, comme l'eau qui coulerait le long d'un parapluie. C'était intéressant et une nouvelle fois, intrigant. Vivait-elle réellement comme ça tout le temps ? Du genre à prendre ce qui vient et en avoir rien à battre du reste ? Il faudrait qu'elle lui pose la question plus tard, car cela réanimait plein de questions dans la tête de notre blonde satinée.

" Je dois dire que ton raisonnement est carrément cohérent. Elle avait cas protéger ses arrières, un point pour toi. T'es du genre à chaparder souvent ? " Agnessa fronça légèrement les yeux à cette question pour la regarder avec intensité. " Parce que je dois t'avouer que moi, perso, je suis du genre à me servir sans trop de remords. Ça m'a apporté pas mal de soucis d'ailleurs, m'enfin. "

La réponse d'Elisha sur l'herbe la fit une nouvelle fois sourire, quel répondant. Et qu'est-ce qu'elle pouvait aimer ça, elles s'étaient bien trouvées ces deux-là, c'était sûr maintenant. Nouvel haussement d'épaule de cette dernière. Notre russe parti d'un rire tonitruant. Elle venait de la piquer ou quoi ? Elle allait donc pouvoir continuer à la taquiner en s'amusant. Elisha n'avait pas l'air à être du genre à se vexer pour si peu et cela la mit en joie. En un sens, elles se ressemblaient beaucoup et cela la fit rire d'autant plus. Elle allait pouvoir s'amuser tout en se défonçant, si ça ce n'est pas le paradis, elle ne savait pas ce que ça pouvait être d'autre.

" Tu sais que tu me plais bien ? Bien sûr que ça ne me pose aucun problème, j'ai dis ça pour te taquiner. Tu marches pas, tu cours carrément et c'est pas mal amusant. Du coup, j'espère que t'es pas du genre à te vexer pour un rien, sinon tu risques de vite vriller avec moi. Juste pour te prévenir... "

Agnessa s'alluma sa cigarette sitôt que son acolyte de la soirée avait allumé la sienne. La première inspiration de fumé la fit presque frissonner de plaisir, même si elle avait éteins sa précédente clope quelques instants auparavant. De toute façon c'est comme ça qu'on peut constater qu'on a une dépendance, non ? Lorsque l'on revit encore et encore ce plaisir intense clope après clope. Elle prit une bouchée digne d'un ogre pour venir la recracher en une fine ligne s'échappant de ses lèvres à peine ouvertes. Ses poumons lui rendraient certainement la monnaie de sa pièce un jour, mais bien entendu, elle en avait rien à battre.

Comme elle s'y attendait, l'odeur repoussa un peu sa partenaire et cela l'amusa. On peut associer l'odeur de ces trucs à de la pourriture ou un truc en décomposition. Autant dire, un truc peu ragoutant et elle avait espéré qu'elle réagirait de la sorte. Empoisonnés ? Hop, cette hypothèse pouvait se tenir vue la fragrance qu'ils dégageaient. Après on dit qu'il faut souffrir pour être belle, alors pourquoi ne pas devoir serrer les fesses pour pouvoir se défoncer une fois de temps à autres ? C'est vrai que le gout est tout aussi dégueulasse que l'odeur, alors il fallait avoir le palais bien accroché pour vouloir se défoncer aux champignons. Le petit rire qui avait accompagné la découverte de l'odeur suspecte fit plaisir à Agnessa, elle était mignonne quand elle se laissait aller à des réactions spontanés.

" Mais, j’vais passer outre l’odeur infecte. J’suis toujours chaude pour me mettre la tête à l’envers, alors évidemment, j’en suis ! Surtout que là, j’en ai bien besoin. J’crois que j’suis déjà en manque haha. Mais n’empêche … C’est drôle que tu me fasses la remarque pour ce vieux sac, alors que toi-même tu piques dans la réserve des autres. "

Cette remarque fit réfléchir notre blondasse. Elle posa un doigt interdit sur ses lèvres et fit mine de rentrer dans une réflexion intense. Son regard se perdit dans le ciel et elle se mordit légèrement la lèvre inférieure pour théâtraliser davantage son temps perdu dans ses pensées. Elle reporta sur attention complète sur la fille aux cheveux bleus après quelques secondes de flottement pour lui sourire d'un sourire franc, un de ceux ou vos yeux se fermes tant ils sont imposants.

" Déjà en manque ? La journée a été compliquée donc. Boarf, je les ai pas réellement piqué. On va dire qu'ils traînaient là, sans personne pour les surveiller. J'ai juste eu pitié pour ces petits champignons abandonnés par inadvertance.  " Elle luit fit un petit clin d’œil à son tour tout en haussant les épaules. Peut-être que ces manières  commençaient à déteindre sur elle et cette idée la fit une nouvelle fois rire doucement.

Elle venait de lui lancer un défi ou quoi ? Bien sûr qu'elles allaient les bouffer ces trucs à l'odeur impossible. Agnessa n'eut pas le temps de répondre que la jeune femme avait déjà pris une pincée pour la fourrer en bouche. Un petit "Oh" silencieux vint trouver le chemin de la bouche de notre russe, la laissant interdite quelques instants. Ok, donc on allait passer aux choses sérieuses. A son tour, elle prit un champignon complet pour l'avaler d'un coup sec. Il faut dire que ces choses doivent être avalées vite fait bien fait, parce que le goût pourrait rapidement vous les faire recracher. Elle venaient donc toutes les deux de prendre en bouche l'objet du délit. Combien de temps mettraient les effets à se faire sentir ? Tout dépend de la qualité de la came et vue qu'elle les avait volé plus tôt, elle ne pouvait pas réellement connaitre la qualité du truc. Surprise donc, suite au prochain épisode.

" Tiens, d’ailleurs, j’t’ai jamais vue avant. Et sans vouloir t’offenser, t’es pas le genre de fille qui passe inaperçu, surtout si tu traînes dans le cercle privé des gens défoncés H24. Alors, c’est qu’t’es nouvelle, ou bien que l’attrait de la drogue est arrivé récemment ? "

Elle grimaça légèrement à ces propos, ne voulait pas se remémorer le pourquoi du comment de sa venue dans l'institut. Mais la question de la brune avait été posée avec bienveillance, alors pourquoi ne pas lui répondre simplement et honnêtement. Après tout, elles étaient sur le point de vivre une expérience oufissime, alors autant jouer franc jeu. Une nouvelle fois, elle réfléchissait avant de répondre.

" Pour être honnête, je suis nouvelle dans le coin. J'ai perdu un membre de ma famille, enfin plutôt une partie de moi. Voilà comment j'ai atterrie ici. " Elle marqua une pause, il ne fallait pas qu'elles discutent de trucs trop négatifs avant que les effets de la défonce se fassent sentir, sinon elles partiraient à coup sûr dans un mauvais trip. " Du coup, tu devrais mettre un point d'honneur à me faire visiter les coins sympas pour se défoncer, me faire rencontrer les personnes qui vendent des stups chelous, enfin des trucs comme ça. "

Agnessa détourna son attention de la jeune femme, ne voulant pas lui faire voir la lueur de tristesse qui trônait de façon provocante dans ses yeux. L'instant d'après, elle cru voir passer un truc qui ressemblait à un...chaton avec des ailes ? Beuh, comment un animal aussi petit et bizarre pouvait se promener seul entre les fleurs ? Elle pointa son long doigt fin en direction de l'animal étrange et tourna vivement la tête vers l'autre jeune femme avec des yeux ronds comme des billes.

" Bordel je crois que je suis déjà défoncée ! Tu le vois le truc carrément bizarre qui vole là-bas ou je suis la seule à le voir ?" Elle reporta immédiatement son attention dans la direction du dit-animal, faisant des allers-retours de regard frénétiques entre la jeune femme et le truc ailé plus loin tout en souriant comme une enfant. " Merde, c'est un chat avec des ailes, forcément que je suis défoncée. Mais tu le vois dis, hein ? "

Elle sauta avec beaucoup d'entrain sur ses jambes, prête à poursuivre l'animal imaginaire et tendit la main à Elisha, il fallait qu'elles partent ensemble à la chasse, elles auraient plus de succès comme ça ! Mais avant ça, elle devait trouver de quoi l'attraper, aussitôt se fit-elle une visière avec sa main de libre pour scruter l'horizon à la recherche d'une arme de pointe. Agnessa piaffait d'impatience sur place, la partie allait commencer !