Cela faisait quelque temps maintenant que Senri avait passé son initiation et acquis les pouvoirs promis par Terrae. Lorsqu’on lui avait demandé s’il voulait accepter cette part de lui ou non, il avait choisi Terrae. De rester et d’en devenir un membre. Il ne savait pas encore bien ce que tout ça voulait dire, ni ce que ça impliquait.

Finalement, ça n’avait pas entraîné énormément de changement. Si ce n’est une nouvelle chambre, une nouvelle raison de s’énerver contre les autres et de nouvelles choses à perfectionner.

Pour commencer, chaque matin, il s’efforçait de mettre en application les conseils qu’Aaron lui avait donné à propos de ses pouvoirs de sensitif. Il continuait de bloquer la réception d’émotions tout le reste de la journée. C’était parfois éprouvant et sa concentration se brisait souvent, mais c’était déjà plus vivable que de capter les états d’âme de chacun.

Et il y avait l’autre moitié de ses nouveaux attributs. La manipulation de la foudre. Si Senri avait négligé cet aspect de son pouvoir au profit de la partie sensitive, la foudre n’en restait pas moins gênante. Dès qu’il était sous pression, énervé et plus largement sous le coup d’une émotion forte, de minuscule éclairs jaillissaient chaotiquement de son crâne. Ainsi, chaque jour, il s’exercer à la maîtrise de sa foudre.

Malheureusement, les résultats n’avaient pas encore été probants. Si Senri avait appris par le biais de ses œuvres favorites que le travail, la volonté étaient les clés pour réussir, il omettait totalement la patience. Le jeune boxeur voulait des résultats immédiats. Ainsi, menée par la volonté d’accélérer son apprentissage, mais n’osant pas en demander davantage à Aaron, Senri s’était plongé dans ses mangas favoris. Compilant tous les utilisateurs de foudre et étudiant leurs entraînements.

C’est en voulant imiter un jeune garçon aux cheveux blanc issu d’une famille d’assassin, qui était capable de transformer son énergie en électricité qu’il s’était introduit dans la salle de sciences. En pleine nuit. Le personnage que Senri avait pris pour modèle s’infligeait des décharges électriques pour développer son pouvoir.

Senri avait donc réunit tout un tas d’appareils électriques sur un bureau de la salle, à côté de ce tas, il y avait un rouleau de sparadrap et un petit carnet où était inscrit « NINDÔ ». C’était dans ce cahier que l’adolescent retranscrivait ses différents entraînements et l’évolution de ses pouvoirs. Sans tarder, il ouvrit le carnet sur une liste de choses à faire surplomber de l’intitulé « De type NORMAL à type FOUDRE ]».

« Étape un : trouver des appareils électriques. OK
Étape deux : attacher les appareils à son corps »

Tout en lisant à mi-voix, Senri s’exécutait. Il prit soin de retirer sa chemise d’uniforme, ne gardant qu’un débardeur blanc, avant de placer sur ses bras plusieurs générateurs qu’il reliait entre eux sur à peu près tout son corps. Il avait donc trois générateurs scotché sur chaque bras et des fils de toutes les couleurs sr glissant sous son vêtement pour remonter jusqu’à son crâne.

Tout ce dispositif était relié à une imposante unité qui allait diffuser l’électricité sur l’ensemble de son corps. Senri foudroya du regard l’interrupteur. La respiration lente et contrôlée. Il sentit une goutte de sueur rouler de sa tempe à son menton. Il déglutit. Cette boule dans son ventre était de moins en moins soutenable.

Prenant une grande inspiration, il appuya sur l’interrupteur et… Rien. Senri grommela, maudissant le matériel de l’institut, s’acharnant sur l’interrupteur. Jusqu’à ce que son regard dérive sur le côté ; il avait oublié de brancher l’appareil. Il soupira longuement et laissa un rire nerveux lui échapper. Il attrapa le câble et l’approcha pour l’alimenter.

-Bon, cette fois, ça y est...

Cela faisait déjà un mois et demi que nous avions eu cette conversation avec Ys. Enfin, "conversation"... Je ne savais pas encore trop comment l'appeler. Même si plusieurs semaines étaient passées, tout cela me semblait encore si frais dans mon esprit.

Je n'allais pas très bien, mais j'en avais assez d'être ce déchet, alors je continuais à sourire et à agir normalement avec les autres. Notamment en réunion Master. Je n'avais pas envie d'être un poids pour l'équipe, alors je prenais sur moi, même si je voyais bien le regard de nombre de mes amis, notamment Athéna, Aoi et Aaron. En ce qui concernait les autres, je me contentais surtout de moins sortir, pour éviter de les déranger avec mon humeur maussade. Et puis à la sécurité, avec Houston, on ne parlait plus, et c'était mieux comme ça. J'imagine que lui devait être content d'être enfin un peu tranquille pour travailler.

Depuis une semaine maintenant, j'avais décidé de me reprendre. C'était encore plus douloureux de me dire que je ne m'amusais plus, que je n'allais plus vers les autres, que je n'étais plus moi-même.. Alors j'avais décidé de refaire des choses qui me faisaient plaisir, même si c'était encore timide.

J'avais donc été faire des courses et je n'avais acheté que des choses qui me faisaient plaisir. Dans mon atelier, j'avais remis de côté mes projets en cours pour reprendre mon projet Iron-Man que j'avais laissé de côté quelques temps. J'avais perfectionné ma planche volante, et avais réussi à la connecter à ma montre. L'aboutissement de ces quelques petits projets m'avaient fait du bien, et comme mon armure Iron Man était presque prête, je ne pensais plus qu'à ça. Je n'avais pas osé recontacter Akkiko, n'étant pas encore suffisamment bien dans ma tête pour oser voir quelqu'un pour partager ma joie comme j'en avais l'habitude avant. Mais, pour sûr, une fois que le projet serait terminé, je n'hésiterais pas à lui en parler.

Cette nuit, ce fut après un énième tour dans mon lit que je décidai d'en sortir. Si je n'arrivais pas à dormir, alors autant utiliser ce temps plus efficacement !

Je me rhabillai rapidement, et pris la direction de l'Institut, choisissant de marcher plutôt que de me téléporter pour profiter de l'air frais de la nuit. Il ne me manquait que quelques pièces à récupérer en salle de sciences pour terminer mon projet, alors je décidai de m'y rendre dès cette nuit. C'était ça de fait, et je n'aurais plus à le faire le lendemain.

Une fois devant la porte, je fronçai un sourcil en constatant que la lumière était allumée à l'intérieur. Quelqu'un était là si tard dans la nuit ? Bon, cela dit, je n'avais pas non plus la moindre idée de l'heure qu'il était. Il faisait nuit, mais si ça se trouve il n'était pas si tard que ça... Même si bon, je n'avais quand même croisé personne entre chez moi et ici.

Je toquai quelques coups discrets sur la porte pour ne pas faire trop de bruit dans les communs, et entrain dans la pièce. Le spectacle qui me fit face eut le mérite de me surprendre. J'arquai un sourcil, observant l'installation, avant de laisser un léger sourire étirer le coin de mes lèvres tandis que je croisai mes bras sur ma poitrine.

-Tu ressembles un peu aux pokémons Tonnerre dans cet épisode où ils sont enlevés et exploités pour créer de l'énergie pour nourrir une machine. Ce qui est marrant, c'est que j'vois pas où se trouve ton kidnappeur. Du coup, j'me dis que c'est original de se kidnapper soi-même...

Je m'avançai de quelques pas vers lui, mon regard s'attardant sur les branchements qu'il avait fait.

-Hm, par contre, t'es vraiment Tonnerre ? Et tu maîtrises bien tes pouvoirs ou pas ? Parce que ça m'a l'air un peu risqué ton truc, si tu veux mon avis.

Senri était sur le point d’appuyer sur l’interrupteur est d’ainsi sceller son destin, lorsqu’un bruit lui fit tourner la tête. La silhouette d’une jeune femme apparut aux yeux de Senri. Cette dernière se glissa dans la pièce, faisant apparaître une grimace sur le visage de Senri. S’il était venu ici en pleine nuit, c’était pour ne pas être dérangé. L’adolescent détourna le regard et ferma les yeux en soupirant quand la jeune femme aux cheveux blancs fit une remarque sur son dispositif.

-Alors déjà, la machine, c’est moi. Et si on doit me comparer à un pokémon, c’est Mewtwo.

Il avait dit ça en secouant la tête, agacé. Il revérifia une énième fois ses branchements, bidouillant ces derniers comme s’il savait ce qu’il faisait – alors qu’absolument pas.

- Bah, évidemment que j’suis tonnerre ! Et, je me suis renseigné, c’est l’entraînement de Killua dans HunterxHunter. Si un gosse de 13 ans peut résister, j’peux aussi.

Avec lassitude et un soupçon de dédain, il plongea la main dans son sac et sortit le tome dans lequel avait lieu ce fameux entraînement. Il posa mollement le livre sur le bureau, se concentrant à nouveau sur son installation. Bien qu’il ne savait absolument pas quoi toucher, ni quoi faire. Ainsi, pour ne pas passer trop vite pour un imbécile, il tourna la tête vers la jeune femme.

Elle lui disait vaguement quelque chose. Avec ses cheveux blancs, elle ne devait pas passer inaperçu. Il lui semblait l’avoir vu lors de son initiation. C’était à peu près tout ce qu’il savait sur cette personne. L’idée qu’elle soit master et donc une potentielle figure d’autorité, n’avait pas encore traversé l’esprit du jeune homme. C’est donc avec toute son insolence et son ignorance, qu’il lança un regard se voulant froid et distant à la jeune femme.

- Si ça te gêne pas, j’aimerais bien accomplir mon entraînement, là ! Du coup, si tu comptes rester là… Eh bah fais-le en silence !

Sur ces mots, il reporta son attention sur son dispositif, guetta du coin de l’œil une réaction de la part de la Master et fini par actionner le mécanisme, si rien ne l’en empêcher.

Un instant de flottement passa. Le suivant, le jeune Senri était par terre, les quatre fers en l’air. Les yeux écarquillés et l’arrière du crâne fumant. Quelques éclairs mollassons dansaient sur son crâne.

Je ne savais pas qui était exactement ce garçon, mais ce que je savais pour sûr, c'est que ma présence le dérangeait. Je ne pus m'empêcher de laisser s'élargir mon sourire sur le coin de mes lèvres quand il soupira avant de me répondre avec l'objectif, clairement, de me faire taire. Lui c'était la machine, et s'il était un pokémon, il serait Mewtwo ? Mais Mewtwo, il est pas Tonnerre, si ? Nan parce que clairement, il faut qu'il soit Tonnerre, parce qu'avec son installation, il va juste se griller la cervelle sinon.

Cela dit, il avait l'air plutôt sûr de lui, quand on le voyait agir, et surtout quand il prenait la parole. Bon. Sauf quand il donnait ses sources. Oui, alors oui, mais non, mais en fait- Nan mais il fait n'importe quoi !!!

Ok, déformation professionnelle. J'ai l'habitude de travailler avec l'électricité, ça fait un peu partie intégrante de mon travail, et du coup mes pouvoirs ont le réflexe d'aller fouiner le long des branchements et des câbles électriques et de ce que je vois, c'est totalement bancal son histoire ! Ca va forcément court-circuiter et-

Et pourquoi je fais rien ? C'est une bonne question, ça. C'est vrai que je pourrais agir. Mais je me dis aussi, après tout, que ça peut être une expérience intéressante. Bon, pas très réfléchie, parce que j'suis pas sûre qu'il faille s'inspirer de la fiction pour vivre sa vie (et non, personne ne parle de mon addiction pour Tony Stark et mon objectif de vie qui est de reproduire tout ce qu'il a produit DANS LA FICTION), mais c'est une expérience quand même.

Et puis il m'a pas franchement laissé le choix, parce qu'il m'a zappé direct et il a- Ok, j'aurais dû intervenir, parce qu'il a vraiment actionné son installation, et j'avoue qu'une partie de moi pensait qu'il aurait pas le courage de le faire, mais j'ai dû oublier que les Tonnerres fonctionnaient pas pareil, et que même si ça faisait un mois et demi que je m'étais clairement calmée, ben j'avais passé tout le reste de ma vie, à savoir 25 ans, à jouer avec le feu. Okééé oké c'est moi, j'ai mal analysé, ça peut arriver à tout le monde, non ?!

Fort heureusement pour notre gaillard, l'électricité n'eut le temps de passer qu'une fois avant que l'installation ne grille, ce qui l'empêcha de recevoir une décharge trop forte.

J'ai le droit de commenter les petits éclairs qui grésillent au-dessus de son crâne avant de disparaître ? Ou pas ? Parce que c'est sacrément drôle, d'utiliser son pouvoir de Tonnerre avec son crâne. J'avais jamais vu ça encore.

Amusée par la situation, je m'approchai de lui, et m'accroupis à côté. Je retirai les fils qui étaient fixés sur son crâne, et après m'être assurée qu'il respirait encore et n'avait pas fait un arrêt cardiaque, je pris enfin la parole :

-Alors, résultat de l'expérience ? Efficace ou pas ? Tu cherchais à faire quoi, Mewtwo ?

J'arquai un sourcil, coupant toute l'électricité qui circulait encore dans les batteries pour les empêcher de chauffer contre ses bras. Ce serait dommage qu'en plus il se brûle...

-J'espère que ça n'a pas juste brûlé tous les neurones qu'il te restait...

Bouuuuh Mitsu, ça c'était méchant, depuis quand t'es méchante ? Nan mais parce qu'en fait, théoriquement, là, tu devrais être en train de jubiler et de crier qu'il a eu une idée d'enfer qu'il faut maintenant réadapter pour qu'elle fonctionne correctement et puisse avoir une réelle utilité.

-Tu cherchais à faire quoi au juste ? Si tu veux, j'peux t'aider, parce que là j't'assure que même si tu recommences, ça marchera pas mieux.

Wallah Mitsu t'es hyper chiante, elle est où la motivation là ?! Et l'entrain ? Il se passe quoi ? MAIS SOIS DE MEILLEURE HUMEUR PTN.

La jambe droite de Senri tressautait régulièrement avant de finalement retourner pendouiller avec l’autre. Lorsque la femme aux cheveux blancs retira les fils qu’il avait fixés sur son crâne, Senri battit des yeux un peu plus vite. Les sensations revinrent doucement dans son corps, qui lui semblait affreusement lourd. Il ne ressentit la chaleur des batteries que lorsqu’elles furent retirées de ses bras. Son crâne, quant à lui, était prêt à exploser.

Senri écoutait tant bien que mal les dires de la femme aux cheveux blancs. Sa migraine latente n’empêcha pas ses sourcils de se fronçaient face à ses dires. Pour qui elle se prenait à critiquer ainsi son entraînement super-spécial ? Senri était bien déterminé à lui prouver qu’il maîtrisait la situation. Mais avant, il devait se relever.

- Mes neurones vont très bien.

Il n’avait pas pu s’empêcher de répondre à cette odieuse pique. Senri avait passé des heures à penser à cette installation, alors, il méritait au moins une petite félicitation ! Enfin, il fulminerait une fois debout. Il se laissa tomber sur le côté, lentement et tomba lourdement sur son épaule pour finalement rouler face contre terre. Le front contre le sol, comme appui, permit au corps de Senri de se soulever lentement, étape par étape. Son front fut la dernière chose en contact avec le sol, preuve en était, qu’il avait, en plein milieu de celui-ci une énorme marque rouge.

Il se tourna vers la Master et bomba le torse en posant ses poings sur ses hanches. Elle ne perdait rien pour attendre !

- Pour ta gouverne, ça a super bien marché ! J’ai déclenché mes pouvoirs.

Senri semblait véritablement fier de lui, alors que tout ce qu’il avait fait, c’étaient quelques étincelles avec son crâne qui avaient disparu en un instant. Cela dit, il se reprit rapidement. Il avait encore beaucoup à faire. Il releva sa chaise d’une main et reprit place à son bureau. L’adolescent ramena son carnet devant lui et tout en écrivant les résultats de son expérience, il répondit à la femme.

- En fait, j’cherche des moyens pour utiliser mes pouvoirs et pouvoir apprendre à les maîtriser.

Soudainement, il percuta. Si cette femme était master, elle savait peut-être comme il pouvait débloquer ses pouvoirs et s’en servir comme bon lui semblait. La jeune femme vit donc un visage plein d’espoirs se tourner vers elle.

-Tu as dis que tu pouvais m’aider, non ? Tu sais comment j’peux déclencher mes pouvoirs naturellement ?

Senri avait les yeux pleins d’étoiles et battait des paupières assez vite pour alimenter tout un complexe éolien.

Ses. Neurones. Vont. MAIS COMMENT IL SE RELEVE ?! Il est sûr qu'il va bien ? Parce que la tête qui mange le sol et les fesses en l'air, c'est clairement pas commun comme technique pour se relever !!! Je devrais peut-être lui dire de rester un peu plus longtemps au sol pour se reposer. Il a quand même pris une décharge, et son crâne a lancé quelques éclairs, il faut probablement qu'il se repose un peu. On a souvent tendance à oublier, à Terrae, que même si on a des pouvoirs, on n'est pas des sur-hommes.

Bon, cela dit, il semble assez bien s'en sortir pour se relever, loe savant fou. Même s'il a l'air un peu con avec sa marque rouge sur le front. C'est pas parce que tu bombes le torse et que tu dégaines tes poings sur les hanches que t'as plus ta marque rouge, qui clairement obnubile tout le monde, tu le sais ça ? J'devrais peut-être lui dire.

Je me contentai d'un "Hn hn je vois" quand il argumenta que son expérience avait super bien marché, puisqu'il avait réussi à déclencher ses pouvoirs. Je me retins de commenter que déclencher ses pouvoirs avec son crâne c'était assez particulier, j'voulais pas l'offenser, alors je me suis contentée de continuer à hocher la tête régulièrement. J'arquai pourtant un sourcil à sa question, cessant de faire bouger ma tête. "Déclencher" "naturellement" ? C'est pas. Un peu quelque chose d'opposé ? Enfin, je joue sur les mots sans doute, mais généralement, quand on déclenche quelque chose, c'est qu'on n'arrive pas à l'utiliser naturellement, non ? Par exemple, quand on déclenche un accouchement, c'est parce qu'il ne vient pas naturellement. Bon, on va pas jouer sur les mots, il pourrait mal le prendre.

-ARRETE DE CLIGNER DES YEUX COMME CA waaah tu me fais peur !

Pardon, c'est sorti tout seul.

-Pour tes pouvoirs, ben faut que tu les stimules. Après te foutre des branchages comme ça, j'sais pas, c'est pas une solution... C'est quoi qui te pose problème avec tes pouvoirs en fait ? Parce que là tu les as pas utilisés, ils se sont activés tout seuls pour te protéger et t'empêcher de griller... Donc c'est un peu risqué !

Lorsque la jeune femme hurla, Senri sursauta et faillit à nouveau rejoindre le sol. Les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, il avait la parfaite allure d’un imbécile. Encore plus que d’habitude. Cependant, lorsque la jeune femme reprit, ses paroles accaparèrent l’attention du garçon.

Il croisa les bras, fronça les sourcils et posa sur la femme un regard sévère. Ponctuellement, il acquiesçait de la tête pour montrer qu’il écoutait. Bien que lorsque la master révéla à Senri qu’il n’avait pas utilisé ses pouvoirs, il ne put réagir autrement que par un long et désespéré :

« - Quooooi ? »

La colère reprit rapidement le dessus sur le visage de l’adolescent qui se mit à serrer les poings. L’un d’eux vint même s’abattre contre le bureau devant lequel il était assis. En plus de la colère et de la frustration, une violente douleur envahissait maintenant sa main. Il tenta de rester de marbre, mais ces yeux commençaient déjà à scintiller. Ça faisait mal une table, mine de rien. Néanmoins, il n’était pas encore décidé à abandonner.

Le boxeur attrapa son carnet et commença à le feuilleter, dans le même temps, il formula une réponse à l’égard de la jeune femme.

- Bah, c’est un peu eux qui décident quand ils veulent s’montrer, quoi. Et c’toujours dans des situations relous, quand j’suis en rogne, mon crâne s’met à crépiter et tout. Après l’initiation, là, j’pouvais plus m’doucher sans prendre des coups de jus toutes les dix s’condes. Pareil quand y pleuvait.

Il marqua une pause tournant une autre page de son cahier. Il y avait inscrit la très copieuse liste de ce qui déclenchait son pouvoir d’électricité.

- Ah, j’court-circuite tous c’que j’touche aussi.

En disant cela, il poussa un profond soupir. Il était forcé de vivre dans le noir depuis, que son crâne avait fait griller les lumières de sa chambre lors d’un de ces nombreux excès de colère. Exaspéré autant par ses lampes défectueuses que par la situation, il se tourna vers la jeune femme.

-Mon objectif ça s’rait d’réussir à les contrôler quand ils sortent. Comme ça après j’pourrais les maîtriser et apprendre la Thunder Armor !!

D’une main, il attrapa son carnet, fit tourner une dizaine de pages pour montrer à la master un tas de schémas, de gribouillis, représentant un individu recouvert d’une armure de foudre. Qui n’avait pas moins de quatorze designs différents.

Bon, pas de doute, il est pas Tonnerre pour rien, comment il s'excite direct là !! J'ai à peine fini de parler qu'il se rue sur son carnet chelou (vu l'expérience qu'il vient de faire, c'est forcément un carnet chelou) pour tourner toutes les pages à toute allure. Il veut se donner un genre de mec qui sait ce qu'il fait ou quoi ? Parce que malgré ses gestes, je souligne qu'il a pas, mais alors pas du tout, une tête de mec sérieux qui sait ce qu'il fait. Donc si c'était juste moi, à sa place, j'arrêterais de faire genre et j'écouterais les conseils- Bon ok j'suis médisante, en vrai il explique assez bien son problème.

Sauf.

Que.

En fait.

Il fait partie.

DE TOUS CES CONN*RDS QUI DETRUISENT TOUT DANS L'INSTITUT EN COURT-CIRCUITANT TOUT JPP.

Je le déteste.

Je le déteste tellement.

PARCE QUE C'EST QUI LA GRELUCHE QUI DOIT TOUJOURS TOUT REPARER DERRIERE, HEIN ?!

-Rassure-moi, t'es du genre à prendre toujours les escaliers, hein ? Tu prends jamais l'ascenseur ? Parce que si tu le prends parfois, arrête, s'il te plaît.

Hum. Il est temps à présent de répondre à ses interrogations.

-Et donc. Hum. Oui. Donc. Effectivement c'est un sacré problème que tu rencontres là.

Je baissai les yeux vers les innombrables dessins d'armures électriques qu'il me montrait. Ouais il veut juste recouvrir son corps d'électricité quoi.

-Si justement ton corps réagit à la colère, tu as déjà essayé de te stimuler comme ça ? Plutôt que de faire plein de branchages chelous. Si ton déclencheur c'est ce sentiment pour le moment, essaie de te mettre dans ces moods particuliers, mais gère-les. En gros, ne les subis pas, mais amène-les.

Je fis une pause pour essayer de trouver le moyen de rendre ça plus clair.

-Une fois en salle d'entraînement, repense à un truc qui t'a mis super en colère y'a pas longtemps, et normalement tes pouvoirs devraient se manifester. A ce moment-là, tu les prends en main et tu les maîtrises. En faisant ça déjà, ça devrait t'aider à les contrôler au moins au début. Après c'est avec de l'entraînement que tu y parviendras mieux.

Senri arqua un sourcil quand elle parla d’escaliers et d’ascenseur, sans parvenir à faire le lien avec l’aspect gênant de son pouvoir. Néanmoins, l’adolescent ne put s’empêcher de saisir la perche pour démentir sa nature de sensitif.

-Bah non, j’me téléporte. Parce que je suis téléporteur hein ! Pas un nul d’sensitif ! N’importe quoi, toi.

Il avait dit ça en levant les sourcils pour que son visage puisse adopter une mine outrée. Comme si elle l’avait insulté. L’excitation et l’exaltation reprirent rapidement leurs places sur son visage quand la Master commença à répondre à ses questions. Progressivement, le visage de Senri se faisait plus sérieux, il analysait chaque mot. Et ce, malgré sa migraine qui commençait à se faire de plus en plus envahissante.

Il avait reposé son carnet sur la table pour mettre ses jambes sur ces genoux et acquiescer énergiquement à chaque fin de phrase de la jeune femme. Quand elle eut fini de parler, il continua de la fixer un moment.

S'il avait l’air en colère avec ses sourcils froncés et sa veine qui sortait doucement de son front, il n’en était rien. Il était juste en train de réfléchir. À la réflexion, son visage devait davantage donner l’impression de quelqu’un de constiper que d’énerver. Ou d’énerver car il était constipé. Oui, ça collait bien au personnage. D’ailleurs, un éclair vint mollement saluer la master avant de s’évanouir dans la nature dans un nuage de fumée navrant.

- L’problème c’est que quand j’fais des éclairs en colère, bah ça dure genre, une seconde. Ça fait pouf puis fiout.

Il avait commencé à parler et mimant l’évolution de son électricité avec ses mains.

- Fin ! Y a une fois où un éclair à fait le chemin de mon crâne à mon bras quand j’étais super énervé par un appel.

Non Senri, c’était parce qu’un générique de shojo s’était lancé au moment où tu critiquais justement ce type de musique. Finalement, le jeune homme avait détourné le regard de la Master pour se perdre dans le vide. Il continuait de réfléchir et de faire grésiller son crâne ponctuellement sans même s’en apercevoir. Jusqu’à ce que…

- Tain. On peut aller essayer dans la salle ? Ça sent le cochon grillé ici.

On pouvait en effet voir un trou dans le très fin duvet qui jonchait le crâne de Senri.

Il se téléporte, donc. Bien. Bien bien. Au moins il utilise pas mon ascenseur. Bon, j'pensais que j'aurais deviné plus vite en sondant son énergie, mais faut croire que mon radar est fatigué aujourd'hui. Cela dit. J'suis assez surprise, parce qu'il arrive visiblement pas à gérer son électricité, et pourtant il dit gérer la téléportation... Bien, j'imagine que c'est tant mieux aussi ; il est tombé sur la bonne personne - Téléporteuse avant tout, l'électricité suivra.

-Ok.

Bon. Oui, j'aurais pu répondre autre chose, mais il m'avait dit qu'il était téléporteur avec taaaaant de fierté, que j'savais pas quoi dire. Peut-être parce que j'étais pas non plus dans mon mood habituel - il était probablement temps que tu retrouves ta joie de vivre, Mitsuki.

Un léger silence s'installa après que j'aie donné quelques conseils au garçon pour l'aider à se débrouiller avec son électricité ; maîtriser ses sentiments pour maîtriser ses pouvoirs. Ou un truc du genre ? Ouais, j'sais plus, bon.

Ce silence était un peu perturbant, parce que je ne comprenais pas ce qu'il se passait dans sa tête. Quoi, j'l'avais fait chier ? Il cherchait une phrase à répondre pour se débarrasser vite de moi ? MAIS POURQUOI C'ETAIT SI LONG ?! Et toutes ces émotions qui passaient sur son visage, c'était super flippant.

C'était un homme de peu de mots, visiblement, et c'était peu de le dire. WAH mais en fait c'est super stressant, heureusement que je parle trop pour alimenter la conversation pour deux, sinon ça serait angoissant !

Un éclair s'échappa de son crâne. Et il reparla enfin. Ouais. Ok. Pouf puis fiout.

...

MAIS QU'EST-CE QU'IL VEUT QUE JE LUI DISE ?! IL ME STRESSE LA !!!

Ok, une grosse colère, l'éclair a parcouru un chemin un poil plus long. Ok ok. Et donc, j'fais quoi de cette info ? C'est quoi ce manque de motivation ? J'viens de faire tout un argumentaire, et là il me plante juste ça là, et je sais PAS JE PENSAIS QU'IL ESSAYERAIT OU JE SAIS PAS ?!

Son crâne fume. C'est dérangeant.

Je levai le doigt pour le lui indiquer mais il prit la parole avant.

-Heu. Ouais. Ouais, ça sent le... cochon grillé.

D'accord. On va dire qu'on reste sur ça. C'est pas grave. C'est bien.

Est-ce qu'on vient pas de trouver la seule personne à Terrae qui est capable de me faire taire ?

Bravo.

Terrae t'en est reconnaissante.

-Bon, bah à toute dans la salle.

Et je m'y téléportai. Il devrait me rejoindre rapidement. Puis s'il était doué en téléportation, c'était tant mieux.

Par contre, pourquoi j'étais là à la base déjà ? J'avais pas oublié un truc dans la salle de sciences moi ?? Ok, j'donne ma langue au chat.

Senri resta un instant immobile au milieu de la salle de science quand la jeune femme disparu. Planté comme un abruti au milieu des tables et du matériel scientifique, son visage se mua d’incompréhension.

- Nyé ?

Le temps que Senri réalise qu’elle devait être téléporteuse, il était déjà sorti en trombe de la salle. Si c’était une course qu’elle voulait elle l’aurait. Senri courait dans les couloirs à une allure folle. Il gravit les escaliers quatre par quatre, puis six par six. Lorsqu’il arriva au quatrième étage, il avait la nette impression que ses poumons allaient exploser. Sauf que ça ne l’arrêta pas, pire, il se jeta à travers le couloir avec toute la force que pouvait lui donner ses jambes.

Il poussa les portes de la salle d’entraînement d’un coup d’épaule et c’est une sorte de boule à facette électrique qui déboula dans la salle d’entraînement en roulant. Lorsque les éclairs cessèrent, la jeune femme avait devant elle un Senri au crâne fumant, couché à plat ventre, la face cramoisie qui soufflait comme huit buffles.

- Hah, hah, hah, putain, hah, préviens, hah, la prochaine, hah, fois.

Il parvint à souffler ces quelques mots alors qu’il dépérissait au sol. Mais, peu de temps après, il réussit à se mettre à quatre pattes, tant bien que mal, mais dès que ses genoux et ses paumes furent au sol, le garçon se propulsa en l’air. Il manqua de rejoindre le sol à nouveau à cause du manque d’équilibre lié à sa course.

Son corps était lourd, ses joues étaient brûlantes, son cœur tambourinait dans sa poitrine, encore plus que d’habitude. Ce n’était pas normal… Il avait fait des promenade plus fatigante que ça ! Il décida d’ignorer ces détails pour se mettre face à la Master. Ça allait passer !

- Bon, par quoi on commence ?

Son crâne crachait toujours de petites volutes de fumée.

[VOILA LE NEUVIEME D'HIER FIOU. Est-ce que on migre vers la salle d'entraînement du coup ? o/]