L’hiver japonais était beaucoup moins froid que celui de ton pays natal. Même si les températures descendaient facilement en dessous des moins cinq degrés et que la neige était monnaie courant de décembre jusqu’en mars, tu en avais pris l’habitude. Et puis l’Allemagne ne restait pas non plus le pays le plus proche du cercle arctique ou de l’ancienne URSS. Il y avait bien un courant d’air frais qui vous assaillait mais non plus au point de sortir les moon-boots et autres vestes ultra chaude qui transformait n’importe qui en bonhomme Michelin.

De plus, le paysage avait des teintes différentes. Nul de blanc ou de grisaille mais des oranges et des rouges toute en nuance malgré un début d’année bien passé. Il y avait de nombreux arbres et tu ne doutais pas qu’au printemps, le paysage devait être d’une grande beauté. Si tu avais déjà vu quelques élèves ou enseignant, tu ne savais pas vu l’âge de ses derniers, se poser pour peindre ou dessiner mais cette activité ne t’intéressait que peu. Il y avait aussi ceux quoi préféraient capter des moments avec leurs appareils photo. Tu n’étais guère attaché à tout ça bien que tu conserves précieusement quelques polaroids représentant tes proches dans ton sac ou sur ta table de chevet.

Il n’y avait pas de réel autre but pour ta sortie que de te dégourdir les jambes et d’aller voir à l’accueil si le colis que t’avais envoyé tes proches était arrivé. C’étaient des livres pour tes études et tu savais qu’il y avait dedans un courrier des deux plus jeunes membres de votre fratrie voir même de tes parents. Malgré l’heure de la communication via des téléphones et autres outils informatiques, vos parents avaient insisté pour continuer d’envoyer des courriers. Ou bien étais-ce un moyen que tu sois un peu plus bavard que par téléphone, c’était aussi possible. Ils avaient peur que cette distance physique distante de nouveau votre famille. Ils voulaient à tout prix recréer l’équilibre d’avant ton incident, d’avant que vous grandissiez et que vous quittez la maison. Tu en avais conclu qu’ils avaient peur que tu disparaisses et que tu décides de te renfermer comme cela avait été le cas auparavant. Et tu faisais ton possible pour apaiser leurs craintes et leur dire que tout allait bien ici, que tout se passait bien, passant sous silence l’Éclipse et les aspects les plus compliqués. Et même si cela tenait parfois du mensonge, c’était pour le bien de tout le monde.

Mais sur le chemin, ton regard fut attiré par une jeune femme qui semblait insensible à tous ses éléments, figée au milieu des feuille, comme enfermée dans une bulle connue d’elle seule. Insensible à la fraîcheur, insensible aux regards insistant de certaines autres personnes de passage. Elle a les yeux fermés, ses mains se déplaçant dans l’air comme celles d’un chef d’orchestre. Et le plus impressionnant, c’était que les feuilles suivaient le mouvement. Rien de tout ça n’état naturel et pourtant, tu t’étais stoppé pour regarder ce spectacle impromptu.

À chaque pouvoir s’associait un élément. Et si le précédent, la terre ne t’avait guère posé de soucis et même au contraire apporté une certaine sensation de stabilité quand tu mettais le nez dehors ou que tu entrais tant bien que mal sans le vouloir dans l’esprit des gens, ce n’était pas la même chose avec l’eau. Tu appréciais te baigner et nager depuis ton enfance, quand bien même il n’y avait pas la moindre plage en Allemagne mais tu avais une sensation de mal de mer et de vertiges dès que des visions du passé t’assaillaient.

Certains croissaient de s’en servir pour se battre ou se protéger, d’autres pour simplifier leur vie au quotidien et certains comme cette inconnue de se l’approprier pour elle, pour se faire rêver, pour faire rêver les autres d’une manière. Elle semblait heureuse et libre, contente d’elle-même et de ce moment éphémère dont il ne restait plus de traces que deux trois feuilles qui s’étaient glissées dans tes cheveux dans leur chute mais surtout le sourire sur son visage et cette lueur lumineuse dans son regard.

Les enlevant, tu décides de t’approcher pour les lui rendre. C'étaient les seules qui n'avaient pas rejoint leurs consorts sur le sol.

« Tiens. »

Et tu souriais un peu, toi aussi.  

@feat Paulina Bonne lecture !