J'avais aucune idée de pourquoi j'avais hâte de le revoir. Après tout, on se voyait assez souvent en cours... Mais Senri. Chiri. J'étais content de le voir dans tous les cas possible ; on allait parler des cours qui nous soûlaient, on allait parler de Roda, on allait parler des bêtises de Chiri et j'étais le premier à le défendre. Toujours. Parce que même s'il était dur avec ses mots, je savais qu'il pouvait être doux à l'intérieur... C'est la première raison pour laquelle j'ai pas eu peur de le voir même si j'étais Télépathe. Parce que Chiri-kun est honnête avec moi, je n'ai pas peur d'arriver devant sa porte et de toquer tout sourire, avec mon cadeau dans les mains. :

-Joyeux Noël Chiri ! lui annonçais-je à peine la porte ouverte. J'espère que ça te plaira, je l'ai fait tout seul !

J'espère que ça va lui plaire. Pensais-je, peut-être un peu trop fort. Je prends une grosse inspiration, tentant de retenir tout ce qui me traverse. :

-Pardon, je vais faire attention avec mes pouvoirs. Mais... Oui, j'espère que ça va te plaire.

Et je lui lance un sourire étincelant.

Senri était accroupi, les yeux dans le vague, la tête contre son matelas. Ses yeux peinaient même à rester ouvert, pour continuer de regarder la papier peint déchiré du mur. Il ne pouvait s'empêcher de le déchirer un peu plus à chaque fois qu'il le voyait. Dans sa main droite, dont le bras traversait le lit, se trouvait un minuscule caillou plein de bosses et de piques.

Tout ça pour dire qu'il était passablement épuisé suite au second cristal qu'il avait essayé de créer. Et qui était plus que ridicule. Son carnet était posé sur son lit, avec la page relative à ses pouvoirs de voyant. Ainsi que plusieurs shojo et une tasse où persistait les vestiges d'un chocolat chaud.

Finalement, il ne se sentait pas si mal dans cette position. Mais quand on toqua à la porte de sa chambre, il dût se résigner à se lever. Lorsqu'il ouvrit la porte, il écarquilla les yeux et se mit à légèrement sourire en voyant Chrys.

— Salut Chou-san... Joyeux Noël à toi aussi !

Il parlait d'une voix un peu éteinte, chose dût à son état de fatigue, son sourire traduisait sa joie de voir son ami. Il écarquilla néanmoins — et une fois de plus — les yeux quand il vit le cadeau de Chrys et que la voix de ce dernier raisonna dans sa tête. Ce qui le surprit, mais il se focalisa rapidement sur l'action d'accepter le cadeau de son ami.

— Non t'inquiète pas, elle est super... C'est trop gentil... T'as dû y passer des heures !

Il prit l'écharpe avec un grand sourire. Avant de réaliser, que c'était certainement la première fois qu'on lui offrait un cadeau fait-main, sans être de sa famille. Ses joues rougirent légèrement à cette pensée, et il détourna le regard en grattant l'arrière de son crâne de sa main gauche — celle qui ne tenait pas l'écharpe contre son torse donc.

— T'inquiète pas, je... Euh, j'comprends que ça doit pas être facile ! Mais, je... Je suis désolé... J'ai pas de cadeau pour toi... Mais... Euh... Je t'en ferais un ! Et, en attendant tu peux rentrer, si tu veux !

Senri ouvrit la porte et laissa son ami entrer. Il cacha rapidement les shojos sous ses oreillers et faillit défaillir en se retournant pour voir l'énorme poster Magical Girl contre son mur. Il l'avait oublié celui-là.

Sans tellement réfléchir, il passa l'écharpe à son cou. On était en hiver, et à force de s'endormir n'importe où, il commençait à tomber malade. Et aussi, c'était un peu pour se cacher le visage. Et certainement beaucoup pour juste essayer le cadeau de son ami.

— Tu veux un truc à boire ? Je crois que j'ai du chocolat et euuuuh, sûrement des sodas...

Chiri devait être fatigué... Sa voix me paraissait si lointaine quand il me répondit, mais je ne préférais pas commenter. A la place je lui fais un grand sourire. :

-En vrai une écharpe c'est pas si long... Le plus long, c'était choisir la couleur alors j'ai pris bleu en espérant que tu aimes... et puis ça te va bien je trouve...

Je peux pas me retenir de rougir en le disant... Genre, c'est quand même chelou de dire ça à un mec qu'on connaît à peine ?... Je sais pas. D'un autre côté je savais pas vraiment comment lui faire plaisir ; si j'avais acheté des gants de boxe, j'aurais réussi à me tromper donc, l'écharpe, c'était à ma portée... et c'était aussi un moyen de savoir qu'il allait mieux se couvrir parce qu'il a beau être costaud, le vent froid de l'hiver n'épargne personne. Je suis content déjà, de voir, qu'il accepte le cadeau... Je souris en rougissant un peu. :

-Non mais... Tu n'as pas besoin de me faire un cadeau... J'avais... juste envie... de te faire plaisir...

Ayé ma voix est presque inaudible à cause de ma putain de gêne.... Merde c'est pas juste... BON je me concentre. La chambre de Senri est. Normale en fait. Bon disons que je m'attendais à beaucoup plus d'altères et moins de mangas, donc ça me surprend mais dans le meilleur sens qu'il soit. Je reconnais mon ami. Un gros costaud qui se la joue. Je me sens en sécurité chez lui, bizarrement, je suis tellement à l'aise. Je m'exclame alors qu'il me demande ce que j'aimerais boire. :

-Owi un chocolat ! Est-ce que-

Je touche son bras, par habitude j'admets. Mais je le retire aussi brièvement que si j'avais mis ma main au feu. :

-Pardon Chiri~ ! Je voulais te demander si tu pouvais mettre deux sucres dedans.

BONJOUR j'aime le sucré.

Senri était vraiment content du cadeau de son ami, d'une part, car l'attention le touchait énormément et de l'autre, car ça lui permettait de cacher sa gêne.

— M-merci... J'aime bien aussi sa couleur. Le bleu c'est... Euh, cool !

« Ne pas penser à Blue Spring Ride, ne pas penser à Blue Spring Ride, ne pas penser à Blue Spring Ride». C'est la seule chose qui passa dans la tête du jeune homme quand les deux adolescents parlèrent de la couleur de l'écharpe. Ce n'est qu'à ce moment-là que Senri réalisa que Chrys avait lui aussi le visage rouge. Était-il malade ?

Cette pensée commença à dangereusement s'insinuer dans l'esprit du garçon. Alors il se hâta d'aller chercher tout ce qu'il fallait pour préparer un chocolat à Chrys. Et c'était aussi plus facile de parler sans regarder son ami.

— Je te ferais un cadeau !! Je vais trouver !!!

Il aimait le chocolat non ? Peut-être qu'il pouvait lui en faire... Il rougit encore plus à cette simple pensée la chassant immédiatement. Ce n'était pas un cadeau pour offrir à un ami ! Il n'eut de toute façon pas le temps de continuer de disserter plus longtemps sur ces cadeaux possibles qu'il sentit un contact sur son bras.

Il se raidit immédiatement. Sa température corporelle sembla monter encore plus. Le contact s'évanouit aussi rapidement qu'il était apparu tandis que deux visions venaient de se superposer dans l'esprit de Senri. Le rendant plus rouge encore. Il tourna les yeux vers Chrys, encore tout perturbé.

— Oh... Euh... T'inquiètes pas ! Je te mets deux sucres ! Et euuh... Je crois que j'ai de la chantilly aussi... Tu en veux ?

Tout en écoutant la réponse, il continuait de mettre du chocolat dans la tasse réservée à Chrys — tasse avec un loup hurlant au clair de lune qui contrastait avec celle représentant sailor mercury sur son lit. Les divers événements lui avaient fait faire ses mouvements mécaniquement ainsi, il avait quasiment rempli la tasse de poudre. Rattrapant son erreur, il remit quelques cuillères dans le pot de chocolat et remplit la tasse de lait, il mit la tasse dans son micro-onde avant de sortir deux sucres d'une boîte en carton posée à proximité. Il attrapa également la chantilly.

Lorsque le micro-onde sonna, il attrapa précautionneusement la tasse et y mit les deux sucres avant de remuer pour dissoudre les carrés. Et ajouta la crème chantilly si Chrys lui en avait demandé.

Tenant à la fois la hanse et sécurisant sa tasse avec l'autre main, il l'apporta à son ami. Qui était toujours un peu rouge.

— Chou-san... Ça va ? Tu as l'air fiévreux.

Et sans prévenir, il colla son front à celui de son ami. Comme sa grand-mère avait l'habitude de le faire avec lui pour prendre sa température. Senri se redressa, l'air de rien, n'ayant pas tout à fait saisi la proximité qu'il y avait eu entre leurs deux visages.

— Ça à l'air d'aller... Tu peux t'asseoir sur le lit, je vais prendre une chaise !

Il esquissa un sourire, avant de retirer l'écharpe et de soigneusement la déposer sur un porte-manteau. Le garçon se dirigea vers le fond de sa chambre pour attraper une chaise rafistolée posée près de son matériel de musculation entassé contre le mur du fond. Senri se sentit étrangement soulagé en constatant qu'ils étaient recouverts par un drap. Son amour de la musculation, ne virait-il pas à l'obsession du point de vue de certaines personnes ?

Il chassa cette pensée de son esprit en revenant auprès de Chrys. Il s'était servi au passage un petit verre de jus d'orange, toutes ces émotions l'avaient assoiffées.

— Du coup... Euh, ça va ? Tu supportes les changements de pouvoir ?

C'était un sujet bateau. Mais un sujet quand même. 

HRP : jpp de Senri il est trop bête

Blue... spring... ride ?... C'est quelque chose qui tourne en boucle chez Senri en tout cas, assez pour que je le comprenne clairement... Bon je sais pas de quoi il parle, et j'ai peur de le gêner avec une question indiscrète alors je vais me taire. Et puis, il a l'air déterminé à me faire un chocolat, ET un cadeau, alors je n'arrive pas à trouver le courage de l'interrompre quand il est aussi adorable. Complètement rouge, le caïd me demande si je veux de la chantilly. :

-Oui s'il-te-plaît Chiriii~ !

Ok je suis un gosse. Je le regarde faire attentivement... Il s'est trompé mais rattrape son erreur... C'est... C'est moi qui l'affecte à ce point ? Faut vraiment que j'apprenne à être moins tactile avec mes amis nippons. Je dis ça, mais c'est ce que je dis tout le temps au final. Je prends une inspiration pour me donner du courage. Si Chiri peut être déter', moi aussi d'abord ! Agraouh !........ ok je suis pas crédible. D'autant plus qu'il- OOOOH il touille mon chocolat ! Je rougis en prenant la tasse qu'il me tend dans les mains. :

-Hein ? Fiévreux ?... Non je ne crois p-

Et Senri colle son front contre le mien... Ah. AAAAAAAAAAAAAAAAH ! OUATE ZE PHOQUE ?! Comment de pourquoi de hein ? Il est si proche ! Il fait ça tranquille mais QUOI ? Je croyais qu'il était mal à l'aise quand je le- et puis il- MAIS COMMENT ?... Il se redresse comme si de rien, pendant que je suis en train de faire un AVC, me disant que je peux m’asseoir sur son lit. EN PLUS IL SOURIT CE JDLSDQSJKLDJ- M'asseoir oui BONNE IDÉE ! J'obéis en balbutiant un merci, ne sachant plus quoi penser. Je voudrais bien me cacher derrière ma tasse de chocolat mais elle est aussi chaude que moi je suis... FIÉVREUX APPAREMMENT ! ERM ! Et Senri me sauve avec un sujet de conversation. :

-Oh ! Oui moi ça va... J'avais pas de pouvoirs avant alors c'est un peu comme si je testais des affinités, même si apparemment, je suis Guérisseur à la base.

Je bois une gorgée de chocolat, parfaitement sucrée. Je la déguste un instant avant de me rendre compte que j'ai une moustache de chantilly sur mes lèvres... J'y passe ma langue avant de reprendre. :

-Je le prends de manière super positive en fait... Parce que je comprends mieux ce qu'ont pu traverser le peu de personne que je connais avec leurs pouvoirs... Là par exemple, je suis allé voir Alice, une fille que je connaissais avant de venir à Terrae, que je considère comme ma sœur... Elle m'a donné pleins d'astuces sur la Télépathie, en plus de me parler un peu plus de ses déboires avant qu'elle ne maîtrise ses pouvoirs...

Je souris tout joyeux de pouvoir partager ça avec Chiri. J'aimerais bien qu'Alice et lui se rencontrent un jour, moi ça me ferait chaud au cœur en tout cas. Senri verrait un bout de mon passé qui n'est pas triste, Alice découvrirait que j'arrive à avoir de vrais amis à Terrae. Et celui-là, il me tient à cœur autant qu'elle. :

-Et toi ? J'ai entendu que des rumeurs mais il paraît que tu t'amuses bien avec tes nouveaux pouvoirs !

Je me fie rarement aux rumeurs, disons que j'en ai été trop victime pour m'y attarder. Je préfère l'entendre de sa voix.


HRP : Chrys est si innocent. Chrys va tellement souffrir. AHAHAH !

Senri jeta un œil inquiet à Chrys. Il n’avait pas l’air d’avoir de fièvre, pourtant, il était toujours aussi rouge. Peut-être faisait-il trop chaud ? Cela dit, son ami semblait malgré tout, plein d’énergie quand il parlait d’éclipse. Ainsi, le boxeur se concentra davantage sur les paroles de son invité. Qui visiblement aurait dû être guérisseur.

- Oh, ça à l’air sympa comme pouvoir. Et ton affinité, ce serait l’air du coup ?

S’il n’aurait jamais assumé de posséder un pouvoir comme celui de son ami, la capacité de soigner autrui lui aurait évité pas mal de questionnement. Brièvement, il repensa à cette discussion qu’il avait eut sur le toit de l’institut avec Aaron. Quand il avait interrogé le master sur la raison d’avoir en sa possession le don de sensitif. S’il y avait eu un pouvoir qui aurait pu véritablement l’aider à combattre ses démons, c’était bien celui de Chrys. Et ça, même le garçon pas très malin qu’était Senri le savait.

Cela dit, ce n’était pas le sujet ! Senri montra rapidement à son ami ses lèvres du doigt, pour lui indiquer qu’il avait une moustache de chantilly. Chou l’avait vu seul, ce qui fit se sentir Chiri un peu bête. Mais l’enthousiasme de Chrys était contagieux, et rapidement, un léger sourire amusé reprit place sur le visage de Senri, qui écoutait son ami.

Lorsqu’il entendit un nom. Alice ? Ça lui disait quelque chose. Mais impossible de mettre le doigt dessus.

- C’est cool que tu aies quelqu’un à qui demander ça. Les pouvoirs comme la télépathie c’trop la mort.

Lorsque la question des pouvoirs revint vers Senri, ce dernier prit une mine ennuyé en détourna le regard, en se grattant légèrement l’arrière du crâne. Il enfonça par ailleurs sa main qui portait son alliance dans sa poche.

- Bah, je sais pas trop. J’ai eu l’intuition que j’étais d’venu téléporteur parce que j’m’étais entraînée comme un dingue, comme dans les shonen ! Mais bon, je me suis encore battu, et puis on m’a privé de ma téléportation pendant une semaine, j’étais trop deg !

Il marqua une pause, alors que son nouveau pouvoir lui remontrait des images de l’altercation avec les deux étoiles.

- Et maintenant, j’ai un pouvoir qui me montre des trucs qui s’passe et vont s’passer. Mais, j’crois que je le déteste pas. Par contre, l’eau, c’est une galère. Mais ça veux surtout dire que c’était p’tet pas parce que j’m’étais entraîné.

Pouvait-il vraiment parler de ses problèmes de mémoire ? Ce n’était peut-être pas grand-chose après tout. En parlant de mémoire, la titan Etoile, elle ne s’appelait pas Alice ? En tous cas, elle était Terre, sans aucun doute vu l’armure qu’elle s’était faite quand Senri l’avait attaqué.

Pour la première fois, Senri eut une vision fluide. De ce moment précis où, il donnait un coup de pied sur le flanc de cette fille et qu’une plaque d’argile était soudainement apparu pour la protéger.

[HRP : ALLEZ MAINTENANT JE VAIS M'ENFERMER DANS MA PRISON DU DENI POUR NE PAS DECOUVRIR LA SUITE DU RP]

Je hoche la tête pour lui confirmer que je suis Air oui, de base, potentiellement, éventuellement,... Enfin avec tout ce qu'il se passe rien n'est moins sûr, c'est juste une hypothèse que les Masters se font à la vue de l'étrange précision à laquelle les pouvoirs se mélangent. Moi, ça me va. Je me fais pas à l'idée que je le suis, définitivement, j'attends que la situation se tasse pour confirmer, mais c'est vrai que c'est un pouvoir qui me plairait beaucoup.

Chiri se détend et arrive même à sourire, je suis content de le voir comme ça... Il avait l'air si fatigué quand il m'a ouvert sa porte... Mais oui, comme il dit, c'est cool que je puisse compter sur quelqu'un à propos de la Télépathie... J'ai beau avoir un niveau d'Initié, je ne pense pas que j'aurais pu gérer ça tout seul ; c'est assez intense parfois.

Mais il m'avoue qu'il s'est battu encore une fois et je fais la moue... J'ai beau savoir que c'est bien son genre de tester de nouveaux pouvoirs de cette manière mais l'idée qu'il blesse quelqu'un alors qu'il est si gentil avec moi me fait un étrange pincement au cœur. J'arrive à sourire derrière ma tasse toutefois... :

-Hihi, puni Chiri ! C'est bien de savoir se défendre mais il faut pas abîmer les autres tu sais ? Je marque une pause, tout heureux d'un coup. Mais quand je serais Guérisseur, je pourrais tout réparer... Toi et tes bêtises !

Il pouvait compter sur moi Chiri-san. C'était ce dont j'étais persuadé.

Mais alors qu'il m'explique ces nouveaux problèmes avec la maîtrise de l'Eau, arrêtant dans un mouvement d'avaler la gorgée que je m'apprêtais à boire, quelque chose brouille mon champ de vision. Je sens que c'est une pensée plus forte de Senri, j'ai beaucoup de mal à l'ignorer... surtout quand c'est parce qu'il donne un coup de pied puissant à quelqu'un... et ce quelqu'un que je pourrais reconnaître partout, même sans voir son visage, bien sûr que je sais de qui il s'agit. Je secoue fort la tête pour repousser cette pensée violente mais c'est trop tard, elle est comme gravée dans ma tête. Je pose ma tasse sur la table de chevet pas loin... :

-Quoi ?

C'est comme si je lui demandais textuellement ce qu'il vient de se passer dans nos têtes. Parce que lentement je me rends compte que mon ami a frappé la dernière personne vivante que je considère comme ma famille, une femme si douce, si sage, si ouverte d'esprit que pour qu'elle décide de faire du mal à quelqu'un il faut la pousser à bout, où s'en prendre à ce qu'elle a de plus cher au monde. Son Adélaïde ou ses amis. Et je vois pas d'autres raisons... Senri... aurait fait du mal à ses amis ? Je me lève d'un coup, plantant mon regard dans le sien... :

-Tu lui as fait du mal ?... lâchais-je d'une voix pathétique et tremblante.

Je sens les larmes qui montent dans mes yeux mais elles ne coulent pas encore. ...Je tente de donner du sens aux actions de Senri mais je connais bien plus Alice ; il ne s'était pas défendu, Alice n'aurait jamais fait du mal à quelqu'un. Il s'est donc battu pour faire mal... Mon ami... Je ferme les yeux forts et mes larmes tombent enfin. :

-Qu'est-ce que tu lui as FAIT ?! POURQUOI ?!

Un sourire ennuyé s'esquissa sur le visage de Senri tandis qu'il détournait le regard en se grattant la tête suite à la réprimande de Chrys. Il ne trouvait pas quoi ajouter en plus de son petit manège de caricature d'héros de shojo.

Malgré tout, s'il considérait l'altercation à laquelle il avait fait référence comme une bagarre comme une autre, pour son interlocuteur, ce n'était pas la même chose.

Senri battit des paupières d'incompréhension, le nez dans son verre de jus d'orange quand Chrys posa sa tasse avant de l'interroger sur quelque chose que Senri ne parvenait pas à saisir. Le boxeur écarquilla un peu plus les yeux quand son ami se leva, les yeux humides et la voix chevrotante, pour l'interroger à nouveau. En des termes plus clairs, mais dont Senri avait toujours du mal à saisir le sens.

Senri se leva aussi, cherchant rapidement du regard un endroit où poser son verre. Il n'y en avait pas. Il garda son verre à la main tandis que Chrys se mit à crier et, cette fois, des larmes coulaient le long de ses joues.

— Chou, qu'est-ce qui se passe ? De quoi tu parles ?

Seconde série d'images de l'altercation. La prison de terre, le grizzly, la glace, les gâteaux de la brune. Sa vision s'arrêta sur une image de Chrys et d'Alice. Senri écarquilla les yeux tandis que la panique se muait doucement dans son esprit et que les démons de la culpabilité revenaient d'ores et déjà le hanter.

— Calme-toi, Chrys. Tu lis dans ma tête faut te... Bloque le flux de pensées.

Est-ce que c'est comme ça qu'Aaron gérerait la situation ? Aaron ne se serait sûrement pas mis dans une situation comme ça pour commencer.

— Je lui ai pas fait de ma...

Une migraine l'assaillit subitement. Les visions s'entrechoquèrent ; il tire sur son bras, écrase ses pieds sur ses épaules, se cogne dans son dos. Puis, la personne change. Ce n'est plus Alice. C'est un visage différent, japonais, de garçon. Boursouflé et ensanglanté.

Une cascade d'eau dévala du crâne de Senri pour le ramener à la réalité. Ce n'était pas le moment de se laisser torturer. Il tendit une main vers Chrys.

— Chou-san, je...

... Ne sais pas quoi dire. 

Senri ne comprend ce qu'il se passe d'abord... Mais j'arrive pas à être assez patient pour lui expliquer ce que je vois. Ça me fout en l'air, tout simplement. Je serre mes propres bras, reculant de lui comme s'il m'avait fait du mal directement. Pire, je vois d'autant plus clairement ce qu'il s'est passé, ce jour-là. Et moi qui n'écoutait jamais les rumeurs... AH ! Peut-être que j'aurais pu m'éviter ça si j'avais su... :

-Me calmer... ME CALMER ?! Mais tu t'entends ?! Alice ne t'aurait jamais fait mal pourquoi tu-

Oh. Sérieux ?! Il pense même pas à expliquer sa situation... Il pense à ce que pourrait servir quelqu'un d'autre, à sa place, comme excuse. Ça me met hors de moi. :

-TU LUI AS PAS FAIT MAL ? BIEN SÛR QUE SI ! Alice DÉTESTE la violence !

RRAAAH ZUT voilà que je suis incapable de retenir mes larmes... et ma tête de le lire. Senri est saisi par un garçon que je ne connais pas et qui souffre tellement sous ses coups... Et la seule chose qui me traverse à ce moment c'est de la douleur parce que je sais ; j'aurais pu être ce garçon. Mon ami... Je veux même plus le regarder. J'ai pas peur, je suis juste tellement blessé. Je lui ai fait tellement confiance, j'ai cru si fort que c'était un bon garçon malgré ce qu'il montrait... Je me suis fait avoir bêtement. Parce que Terrae m'avait donné trop d'espoir, j'ai arrêté de me fier aux préjugés. Quel... IDIOT je FAIS ! Je me plie à moitié, cherchant désespérément la poignée de porte à travers mes larmes. :

-Dis rien ! NE DIS RIEN !

Je marque une pause quand je remarque que j'ai trouvé la poignée... je peux sortir... Je peux le laisser seul avec ses pensées. Rien que cette idée m'arrache à lui, me ramène à l'intérieur de moi-même... Cet intérieur tout cassé mais qui veut tenir encore debout. Qui... veut encore croire... Je lâche un sanglot pathétique mais je ne sors pas tout de suite. Je sais que Senri... Chiri-san... est tout gentil au fond de lui. Je sais qu'il est tout doux. Je sais que Roda l'adore... Je sais qu'il peut s'excuser... tout entier.

Je prends une inspiration saccadée. J'ai pas envie de partir maintenant, mais j'ai pas envie de le regarder dans les yeux non plus. J'essuie mes larmes d'un geste de ma main libre, celle ne tenant pas la porte... :

-Reviens... Je toussote, me rendant compte que ma voix est très faible à cause de ma tristesse. Reviens quand tu sauras quoi me dire alors...

J'ouvre la porte, la ferme derrière moi pour y coller mon dos... Et je reste là, un instant, à contempler ce qu'a pu traverser l'amie que j'aime tant au milieu de l'aile des Tonnerres...

Senri reste figé, profondément démuni. Il est assailli par une multitude de visions, mais aussi de pensées. Chrys a totalement perdu le contrôle de son pouvoir et Senri peut entendre le flux de ses pensées. Ou plutôt, il ne peut pas ne pas entendre. Les mots se confondent avec les pensées qui perturbent les visions, il voit de nouvelles choses. Les regards. Cette animosité et cet effroi. L’Air se tord comme s’il souffrait le martyr. Senri a collé son dos à son étagère de manga. Il se sent presque oppressé. Repousser par la colère et la déception de Chrys.

Mais quand il entend Chrys penser « j’aurai pu être ce garçon » alors que l’image du visage tuméfié d’Hirohiko n’a pas encore été chassée de l’esprit de Senri, le japonais fait un pas vers Chrys, il tend à nouveau la main. Son ami – s’il peut encore l’appeler ainsi – tâtonne jusqu’à la porte et fini par hurler à Senri de ne rien dire.

Le boxeur se fige, ses mots viennent mourir dans sa bouche, entrouverte. Chrys se calme et finit par dire quelques mots en sanglotant. Il luit dit de revenir quand il saura quoi dire, puis il ouvre la porte pour sortir.

- Chrys ! Attends on peut…

La porte claque devant son nez. Senri expire la fin de sa phrase tandis que son visage se décompose. Lentement, il dépose son front contre la porte, les yeux écarquillés par cette scène. Il ne peut pas croire que ce qui vient de se produire est la réalité. Son corps semble se ramollir, peser plus lourd que ce qu’il n’est. Dans sa main, son verre de jus d’orange s’est brisé. Des gouttes de sangs viennent tacher le sol tandis qu’un peu plus loin, une goutte translucide vient s’échouer par terre.


[HRP : Je pense qu'on a fini pour ce rp :x je vais aller lire des shojos mignon pour me remonter le moral >.>]