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[Eclipse 4] Et du coup pour le téléphone... ? [solo]
##   Lun 2 Mar 2020 - 21:14
Houston Carter

Personnage ~
► Âge : 30 ans (28/02/1992)
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Houston Carter
Etoile Eau Solaire
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Emploi/loisirs : Danser. Nan j'déconne.
Humeur : Être désagréable

Être sensitif, c'est fini.
Cool.
Du moins c'est ce que je me disais, en me dirigeant vers la salle des Masters pour encore faire annuler ce pouvoir de merde. Sauf qu'au lieu d'aller directement vers la-dite salle, j'ai décidé de faire un détour par l'hôpital, où le générateur de secours a encore été mis à mal par un nouveau tonnerre un peu trop zêlé (et ce n'est même pas moi, croyez le ou non je commence à m'y faire, sans le côté « émo-tif » ça se contrôle plutôt bien). Et, c'est là que je l'ai croisé. Il était caché dans un recoin du couloir, silencieux, à regarder droit devant lui, un gosse. Pas un gosse comme Alyssa, un plus jeune, blonc, des yeux un peu trop bleus pour ne pas faire penser à la jeunesse hitlérienne, à fixer un point bizarre au loin. Je ne pensais même pas qu'il avait capté avant qu'il ne lève les yeux sur moi, sans que cela ne semble changer quoi que ce soit à son expression. Il n'était pas en train de pleurer. Il ne semblait pas avoir peur ou quoi que ce soit d'autre. Il était juste...

Je connais ça.

Il était juste là.
J'hésitais. M'approcher ? A quoi bon ? J'ai pas la fibre avec les enfants, je ne suis pas Alice bon sang. Après un débat interne, je fais un pas en avant.

Je connais ce regard.

Il me regarde juste approcher sans réagir. Pas apeuré, pas inquiet. Je me racle la gorge.

_ Hm- Est ce que ça va ?

Il me regarde comme si j'étais un alien.
Je finis par venir m'asseoir en face de lui, à une distance raisonnable. C'est comme... Avoir un reflet du destin en face de moi. Ça m'énerve autant que ça me perturbe. Il me regarde, fronce un peu les sourcils, comme s'il digérait la question.

Mais non débile, il ne la comprend pas.

_ Tu veux que j'appelle quelqu'un pour toi ? Tomoe ? Alice ?

Il me regarde encore -il me fixe, en fait- et, tout doucement, il hoche la tête. Je ne peux décemment pas appeler Tomoe ou Alice en hurlant dans le couloir, j'ai l'impression que le moindre son trop haut dans cette... conversation serait dérangeant. Est ce que cette conversation a l'air naturelle déjà de base ?! Pourquoi je prends des pincettes, c'est un gamin après tout, s'il veut être prêt pour ici, il faudra bien qu'il se renforce !
Putain mais qu'est ce que je raconte... Qu'est ce qu'il faut à un gamin comme lui pour arriver ici ?!

Est ce que j'aurai pu arriver ici plus tôt, aussi ?

Il a même pas dix ans, qu'est ce que vous foutez pour laisser un enfant de même pas 10 ans venir ici... Je sens que je suis en train de perdre mon calme dans cette situation bizarre, alors je fais un signe à la première personne qui passe dans mon champ de vision et lui demande d'aller chercher Tomoe. La Master arrive assez vite, et je lui laisse la place pour gérer l'enfant -qu'elle appelle par son prénom, à qui elle propose de se lever, qu'elle tient par la main avant de se retourner vers moi avec un petit sourire et un « merci » silencieux.

Et c'est quand je les vois partir, main dans la main, que l'espace s'ouvre sous mes pieds.
Que d'un coup, d'un claquement de doigt, la lumière change, les couleurs changent, l'air change, le sol change, et je perds l'équilibre, et je bute dans une table basse avant de m'étaler au sol, l'estomac retourné et mes sens en alerte. Il fait nuit. Il y a une seconde, il faisait jour dans un couloir d'hôpital, maintenant il fait nuit, c'est le silence presque complet, ça sent la moquette propre et la chaleur d'un poêle, et je me masse le genoux en me rendant compte que je l'ai cogné sur la table basse du... Salon.

Et mon cerveau assourdi par le bruit que j'ai provoqué dans le silence effrayant capte, immédiatement. Le canapé large, bordeaux. La table basse ovale à quatre pieds designs, l'applique murale avec cette putain de fausse fleur qui ne fane jamais, et les photos. Les photos de famille, un homme, une femme, deux adolescentes.

Je connais cet intérieur.

Je n'ose plus bouger, comme un animal pris dans les phares d'une bagnole, je suis réceptif au moindre bruit, au moindre changement dans l'atmosphère du putain de salon où je me suis téléporté. Tout sauf ce putain de salon. Je tremble lorsque j'entends des pas feutrés à l'étage du dessus, suivis de sons de voix, des murmures étouffés. Un son que je connais bien, le cliquettis si caractéristiques d'une arme, parce qu'on est aux States, AMERICA FUCK YEAH. Je ne bouge toujours pas, je suis à nouveau debout, immobile, à fixer la décente de l'escalier, attendant l'inévitable.

Il faut que je me casse.
Tout de suite.


Je pense à l'hôpital, au gamin bizarre, à ma chambre à Terrae, aux gens que j'y connais... mais l'image se mélange avec d'autres endroits, d'autres endroits où je n'ai pas envie d'aller, parce que je ne savais même pas que c'était possible de se téléporter aussi loin sans le vouloir, parce que j'aurai jamais dû passer par l'hôpital, parce que je fais QUOI si je me retrouve au milieu du pentagon ou de la NASA pour éviter un incident diplomatique- OK CALME TOI tu vas pas résoudre ta putain de situation en paniquant.

Un pied apparaît, prudent, dans l'escalier.

Téléporte toi, MERDE !

Un second. Un troisième. Et c'est trop tard, l'arme est braquée sur moi, sur le regard suspicieux et agressif de l'homme qui le tient. Je reste immobile. Des fois que je sois invisible mais non, juste parce que je suis trop concentré pour essayer de rentrer les traits de son visage dans mon cerveau, même si la pénombre ambiante laisse beaucoup de part à l'imagination.

_ Qui êtes vous ! Qu'est ce que vous voulez !? Sortez de chez moi ! Hurle l'homme, l'arme toujours pointée sur moi.

Je- Je dois répondre ? Je suis censé répondre quoi au juste ? Est ce que je vais vraiment finir par me faire descendre dans une baraque lambda américaine parce qu'on m'aura pris pour un putain de voleur ?! Désarmé de mes mots, je lève lentement les mains en l'air, avant d'ouvrir la bouche, une fois. La refermer. Retenter de parler. J'ai peur. J'ai tellement peur.

_ Jeee- je peux vous emprunter votre téléphone ?

J'ai parlé il y a pas plus de trente secondes mais ma voix est déjà enrayée par l'étrange de la situation. Il rafermit sa prise sur l'arme, approche un peu, agressif.

_ Dégage de chez moi ! Chérie, appelle la police, qu'il lance en haut de l'escalier.

Un frisson me parcours l'échine. Putain, la police, j'avais oublié cette merde. Bordel, mais comment est ce que je me sors de là moi ?! Je me râcle la gorge.

_ Euh, pas la police, s'il vous plaît ?
_ Anthon, ça va ?
_ Ne t'en fais pas, tout va bien il n'est pas armé. Tu as la police ?
_ Je suis en ligne oui ! Non monsieur, il ne veut pas partir.

Je me racle à nouveau la gorge.

_ Hm je, je veux bien partir hein, c'est juste que... J'ai besoin que quelqu'un vienne me chercher, en fait, je continue, la gorge nouée.

Putain mais dites moi d'où je tiens cet instinct de survie à deux balles. La femme ne tarde pas à descendre d'un pas furibond, une batte de baseball à la main.

_ On ne marche pas dans tes combines sale voleur ! Crie-t-elle en allumant la lumière du salon.

Je fronce les sourcils et lève une main pour essayer de me protéger de l'agression lumineuse. Quand je remarque que la femme s'est soudainement arrêtée de me crier dessus. Elle aussi fronce les sourcils, très fort. Anthon lui, continue.

_ La police ne va pas tarder à arriver, tu vas passer un sale quart d'heur-
_ Anthon- attends...
_ Attends quoi ?!
_ Il...

_ J'ai vraiment juste besoin d'un téléphone, je dis, un peu plus ferme et fatigué. Je passe un coup de fil et hop, je vous emmerde plus, ok ?
_ TA GUEULE !
_ ANTHON !
_ QUOI ?!

_ Merde papa, il se passe quoi ? Arrive une nouvelle voix de l'étage.

Oh putain, voilà qu'ils ont réveillé les gamines.
J'ai tellement, tellement envie de fuir.
La mère semble dans un état étrange, au bord de l'excitation et du stress en même temps. Elle parle à sa fille en haut de l'escalier tout en continuant de me fixer d'une drôle de manière. Moi je la fixe aussi, parce que je veux regarder partout ailleurs que sur le visage d'Anthon.

_ Retourne te coucher ma chérie, on gère ici. Anthon, baisse ton arme s'il te plaît.
_ Quoi mais-
_ Baisse ton arme, j'ai dis.


Je me fige à nouveau. Faites que je disparaisse, là, tout de suite.
Elle s'approche de moi sous un reproche étouffé de son mari, toujours l'arme au poing bien qu'elle soit baissée. Elle s'approche et elle me dévisage. Elle s'approche comme on approche un animal sauvage.

_ Tu as quelqu'un qui puisse venir te chercher ?

J'avale ma salive, alors qu'elle n'est plus qu'à deux pas. Alors que je n'ai aucune idée de ce qui se passe, que je voudrais absolument quitter les lieux, mais genre, vraiment. Avant que l'abruti derrière elle ne comprenne. Pourquoi toutes les mères sauf la mienne sont plus sensibles à ce genre de choses ?
Ma voix sort, d'apparence insensible, mais je ne saurais quelle émotion y mettre.

_ Il faut déjà que je les prévienne que... Je suis sorti.
_ Bon sang, un taulard !
_ ANTHON. Enfin mais est ce que tu as besoin de lunettes ou tu le fais exprès ?!


Non.
Non, pitié.

_ Enfin, regarde le !

Non, ne le dis pas.

_ Il te ressemble comme deux gouttes d'eau !

Elle se retourne vers moi. Mais le sol s'est ouvert sous mes pieds pour que mon âme puisse se vider au centre de la terre. Je veux disparaître.

_ Tu es Houston, n'est ce pas ?

Et. merde.
Je la regarde encore, elle. Elle me regarde, moi. Elle cherche quelque chose, dans mes yeux. Je ne parle plus. Je pense que je pourrais être ma propre statue de cire. Je ne veux pas le regarder.

_ Tu es bien Houston, j'ai raison ?
_ Tu délires,
souffle Anthon, loin.

Je fixe enfin mes yeux sur lui. Il n'y croit pas. Je n'arrive pas à savoir ce qui se passe dans sa tête. Bordel. Pourquoi je prends des pincettes avec ce mec au juste ?! Même pas foutu de reconnaître son propre fils, les séries télévisées américaines mon cul !

_ Va savoir, j'articule ironiquement.

Putain je suis trop con.

_ Et du coup, pour le téléphone ?



... :


Dernière édition par Houston Carter le Mer 4 Mar 2020 - 0:58, édité 1 fois
##   Mer 4 Mar 2020 - 0:57
Houston Carter

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Houston Carter
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Humeur : Être désagréable

Les sirènes s'éloignèrent et un silence étrange retomba sur la pièce.
Non, un silence gênant.
Je suis assis sur leur canapé, principalement parce que Madame Tress a insisté pour que je ne reste pas debout au milieu du salon, ça aurait attiré l'oeil des policiers curieux à qui elle a dit que le voleur s'était enfuit. Je suis resté assis, muet, à regarder fixement sur la table basse, essayant d'ignorer de toutes mes forces ce qui était en train de se passer. J'allais me téléporter à nouveau à Terrae, c'était obligé, les pouvoirs répondaient aux émotions, forcément qu'ils allaient me sortir d'ici.

Mais chaque seconde qui s'écoulait m'éloignait encore un peu du Japon. Il faut croire qu'en mon fort intérieur, je voulais rester. Foutaises. Je sens son regard, de l'autre côté de la pièce, sur le fauteuil en face du mien. Il se tient silencieux, mais je peux sentir qu'il me fixe, tout aussi immobile que moi, tout aussi incapable de formuler la moindre pensée. Madame Tress revient enfin de la cuisine avec trois bières et des rondelles de citron.
La vue du verre me fait tire une petite grimace.

_ Je bois pas d'alcool, je dis, par réflexe.

Le silence s'alourdit encore d'un cran, bordel. Mais Madame Tress est définitivement la plus à l'aise, et elle enlève une bière avec un sourire et un ton enjoué.

_ Très bonne résolution ! Je t'apporte quoi, un coca ? De l'eau ?
_ Coca, merci, je réponds, plus bas.

J'essaye de me concentrer sur le fait que le Coca Cola est en train d'empoisonner littéralement tous les Etats-Unis, et même le monde entier, mais que je demande quand même cette putain de boisson en venant ici- mais même cette pensée n'arrive pas à me détourner de la situation. Elle s'éclipse à nouveau, revenant avec le coca frais qu'elle pause devant moi, avant de se diriger en vitesse vers l'escalier.

_ Je vais juste voir si les filles sont bien au lit et je reviens. Profitez en pour discuter.

Et elle prit la fuite. Clairement, il s'agit d'une fuite, c'est pas possible autrement.
Le silence retomba, lourd. Et merde, j'aime pas cette ambiance, c'est pas comme si j'avais l'intention de m'attarder de toutes façons. Je fais un geste, qui sonne comme un gong au milieu du silence de la pièce. Je prends la canette et l'ouvre sans délicatesse avant de reculer enfin dans le canapé. Faisons face à la chose.

Je regarde enfin Anthon. Il me fixe toujours, les deux mains jointes devant son nez, les coudes posés sur ses genoux. C'est drôle, je fais la même chose quand je dois prendre une décision compliquée. Miracles de la génétique ou résultat d'années de gestuelle sérielle américaine ? Allez savoir. J'ai hérité des yeux de ma mère en tous cas.

_ Donc... Tu es bien... Houston. Mon-
_ Ton fils, ouais. Biologiquement parlant, du moins.
_ Ah...

Il ricane un peu, passe une de ses mains sur son visage, avant de prendre sa bière et reculer lui aussi dans son siège. Pourquoi on dirait mon miroir ? Je vous jure, pour quelqu'un qui a été absent je le trouve beaucoup trop ressemblant à ce que j'ai construit de ma personne.

_ T'as pas prévu de me faciliter la tâche hein...

Je hausse les épaules. Non, j'ai pas prévu de lui faciliter la tâche, comme j'ai pas prévu de venir, comme j'ai pas prévu de lui parler, en fait. Je sais me montrer très puérile quand je veux.

_ Je... Je t'ai cherché, tu sais...
_ Je sais.
_ Comment tu- Enfin... Désolé pour la réaction mais... Je ne pensais pas que tu allais... Enfin, t'incruster chez moi en pleine nuit.
_ J'ai pas vraiment choisis de venir. C'est... Compliqué.
_ Je me doute bien. Je ne dois pas avoir mon mot à dire, après autant de temps... Je suis juste... Merde, je suis vraiment soulagé de savoir que tu es en vie. Quand j'ai appris pour la mort d'Oregon, j'ai su que j'avais fait le mauvais choix- pas que je le sache pas déjà avant, mais j'espérai juste qu'il t'avait offert... Une vie meilleure...

Il se mord la lèvre, et je sens les remords qu'il a. Pile poil ce que je voulais éviter. Parce que je ne peux pas lui pardonner, je ne peux pas lui mentir non plus, et rien ne pourra arranger 1) sa culpabilité 2) ce qu'il s'est passé 3) ce qui sera gravé à jamais dans ma mémoire, rien ne pourra rendre la chose moins pénible. Je pense un instant à me taire, mais aucun silence ne peut cacher presque 20 ans de silence.

_ C'était pas une vie meilleure.
_ Je... Je le sens bien.
_ Est ce que je peux te poser une question ?

Il a l'air soulagé.

_ Oui, oui bien sûr ! Tout ce que tu voudras !
_ Comment tu comptais me retrouver sans même m'avoir déclaré à la naissance ?
_ Je-
_ Oui non, un peu passif-agressif comme question. Disons plutôt... Quand- Enfin... En quelle année est ce que... Je suis né ?

Il ouvre les yeux, assez grand pour que j'y vois de la surprise. Il ne peux pas savoir, que mon âge actuel est basé sur des calculs tirés de mes souvenirs. Que mes repères temporels sont plus fuckés que n'importe quelle personne sur cette terre, alors même que je suis une des personnes en ayant le plus besoin.

_ Tu es né le 28 février 1992. Vers 2h30 du matin, tu nous as maintenu éveillé longtemps avec ta mère... Je m'en souviendrai toute ma vie.

J'avale une gorgée de Coca. Cool cool cool cool cool cool. Je viens de gagner une année de plus au compteur ahah, génial j'adore. Donc je m'étais trompé. Trop bien. J'ai l'impression... D'avoir raté tellement de choses, tellement de temps. De m'être fait arnaquer du temps.

_ Bah parfait.
_ Bien les garçons, les filles sont au lit ! Alors, qu'est ce que vous racontiez de beau ? Tiens Houston- je peux t'appeler Houston ? Je t'ai ramené un téléphone, tu devrais appeler tout de suite non ?
_ Euh ouais, merci.

Je saute sur l'occasion. Avec hâte, je compose le numéro de Mitsuki, et je n'ai pas à attendre longtemps avant qu'elle décroche. Elle me hurle dessus que je devrais être là, pourquoi je suis absent, pourquoi elle doit gérer toute seule, dans un japonais qui s'entend même sans le haut-parleur. J'attends qu'elle me laisse plus d'une demie-seconde de pause pour en placer une.

_ J'ai hérité de ton foutu don, je suis aux States là. Je sais pas quand je rentre, je t'envoie l'adresse au cas où. Je te tiens au courant, tu pourrais juste prévenir un Master un peu plus responsable que toi ? Merci.

Et je raccroche sans demander mon reste.
Anthon me regarde avec les sourcils froncés, tandis que sa femme, entamant sa bière, a le sourire aux lèvres.

_ Tu comprends le japonais ?! C'est impressionnant !

Et merde.



... :
##   Lun 23 Mar 2020 - 1:03
Houston Carter

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Si je trouvais la discussion avec mon- avec Anthon très gênante, ce n'est rien à côté de l'arrivée de Madame Tress. Je veux même pas connaître son prénom (je le connais déjà, je refuse juste de l'utiliser). Elle s'assoit sur le canapé entre nous deux, pause brièvement une main sur le genoux de son mari en pensant que je ne l'ai pas vu -je l'ai vu- avant de prendre sa bière et de me reposer la question.

_ Alors, tu as appris le japonais ? C'est surprenant ! Où est ce que tu as appris ça, à l'université ?
_ Hm, il n'a peut-être pas... Envie de répondre chérie.
_ Oh enfin Anthon, il est venu ici en pleine nuit, il peut quand même nous parler un peu de lui, de ce qu'il a fait tout ce temps enfin !


Une sueur froide parcours mon dos.
Une sorte de colère sourde et froide, cette même colère que je traîne depuis que Atumane a cru bon de s'en prendre à moi. Je vais le fumer ce connard. Comme j'ai envie de fumer Madame Tress sur place, actuellement. J'inspire doucement, liant mes mains devant mon visage pour calmer les petits éclairs que je sens courir sur le dos de mes mains.

_ Je ne peux pas parler le japonais. Je peux juste le comprendre, d'une certaine façon.
_ Oh oui, à cause de sa super mémoire c'est ça ?! dit-elle, enjouée.

Enjouée. J'ai le souffle coupé, et je sens Anthon se tendre comme un arc.
Il fait un geste pour ralentir sa femme, mais elle a l'air bien, sur sa lancée.

_ Oui ton père m'en a parlé, c'est vraiment impression-
_ C'est Anthon. Et je suis flatté qu'il vous ait parlé de ma maladie mentale. Mais ce n'est pas pour ça que je comprends le japonais. C'est parce que je travaille au Japon.
_ Oh, et tu n'as pas dit à ta petite amie que tu venais ?!
_ Ma collègue, je coupe.
_ Chérie, peut-être que... Tu devrais ralentir un peu sur les questions.
_ Mais non ne soit pas timide, ça fait tant de temps que vous attendiez ça !


Je sers les jointures de mes mains, et l'ampoule à côté de moi claque dans un bruit sinistre qui fait sursauter le couple. Claquant ma langue contre mon palais, je secoue ma main pour faire passer les résidus d'électricité statique.

_ Si ça vous plaît tant que ça de savoir ce que j'ai fait de ces vingt dernières années, Madame Tress, je peux vous le dire.
_ Houston...
_ Quoi ? Apparemment tu lui dis tout, et j'ai trèèèès envie de faire ces retrouvailles donc allons y.
_ Houston, tu n'es pas obligé.
_ Parce que tu ne veux pas entendre ?!
_ Bien sûr que je veux ! Mais pas comme ça !
_ Ah parce que tu crois il y a une bonne manière de faire les choses ?! Tu as fait les mauvais choix, je vis avec tous . les . jours,
alors que tu as une femme et deux adorables filles -mes demies-sœurs, d'ailleurs, parce que j'en ai- et il a fallu attendre que Michigan tue Oregon pour que tu te poses des questions ? Gé-nial. Bah écoute kiffes bien ta petite vie parfaite.
_ Ne lui parle pas sur ce ton, ordonne la dame de la famille. C'est toi qui vient chez nous, essaye de ne pas nous insulter.

Je fulmine. Il n'y a rien qui va dans cette conversation. J'ai l'impression... J'ai envie, j'ai besoin de parler pour la première fois de ma vie, sous le coup de la rage, sous le coup de la colère. Et cette femme qui ne me connaît pas, qui ne sait rien de moi, me coupe et me donne des ordres. Je n'arrive même pas à lâcher un rire nerveux. Je n'arrive pas non plus à crier sur cette femme. Je me sens juste mal, horriblement mal. Ignoré, repoussé, coupé.
C'est Anthon qui reprend la parole.

_ Houston... Est ce que tu veux que je souffre ? Est ce que tu veux te venger ?

Des larmes se bloquent dans ma gorge. Pourquoi ?! Pourquoi personne ne me comprend. Mes yeux me piquent. Ils veulent briller, ils veulent exploser, rien ne marche.

_ NON ! je lâche, au prix de nombreux efforts. Mais non, bordel. Je- Je veux pas- Je voulais pas venir. J'ai pas eu le choix. Je voulais faire le mort, te laisser penser que tout s'était bien passé, que tout allait bien, que j'étais mort depuis longtemps. Mais- Je peux pas. Parce que tu peux pas vivre en ignorant le problème, en ignorant la vérité. Tu peux pas vivre dans le déni, je suis une thérapie depuis 4 ans où elle me répète que ça. La vérité c'est que c'était l'enfer, que...

Je me mords la lèvre le plus fort possible et je passe mes mains sur mon visage. Même Madame Tress s'est tue pour une putain de fois dans sa vie. Je lui aurais bien fait exploser la cervelle si j'avais pu. Mais Anthon est calme. Blessé mais calme. Il me regarde, et sa voix tremble quand il parle.

_ Tu peux parler. Je t'écoute.

Les larmes me montent aux yeux à la vitesse du dernier tour des 24h du Mans. Je chiale, mordant à nouveau ma lèvre inférieure. Depuis combien de temps. Depuis combien de temps je rêve d'entendre ça. Juste. Ces mots. Cette voix. Ma respiration se saccade. Et je secoue la tête. Non. C'est si beau. Et c'est tellement hors de question. Je peux pas. Je vais pas y arriver. Pas maintenant. Je reprends ma respiration, essaye de me calmer, alors que le silence tombe sur la maisonnée.

_ Plus tard, je dis, finalement. Je. Je vais d'abord rentrer. Chez moi. Je. Je vis à Terrae.

Un "oh mon Dieu" échappe à Madame Tress, que je hais définitivement. Elle semble choquée, par je ne sais pas quoi, juste qu'elle ferme sa gueule et qu'elle prenne son coca j'en veux plus putain.
Anthon hoche la tête, lentement.

_ Est ce que-
_ Anthon, il faut qu'on fasse quelque chose, ils volent des enfants à leur famille, si tu as besoin de notre aide pour t'en sortir tu peux compter sur n-


Ça suffit.

_ Après qu'Anthon m'ait abandonné, Oregon m'a séquestré et m'a forcé à travailler pour lui pendant 20 ans. Terrae m'a sauvé, alors fermez votre putain de gueule madame.

Et voilààààà, c'est sorti. Deal avec ça connasse.
Anthon hoche la tête. Je sais qu'il encaisse. Je sais que son cerveau cherche à éviter tout ça le temps d'y repenser. Ensuite il doutera, ensuite il sera en colère, ensuite il négociera, enfin vous connaissez la chanson.

_ Est ce que tu t'y sens bien ? Est ce qu'ils prennent soin de toi ?

Je sens l'inquiétude, la vraie. Ma gorge se sert encore.

_ Oui. Oui. Tout va mieux.

Il hoche la tête.
Et c'est la dernière chose que je vois avant de me retrouver le cul par terre au milieu d'une rue de Tokyo.



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