Il s’agissait juste de deux fauteuils posé l’un face à l’autre. Zola avait plus ou moins l’habitude d’aller dans cette pièce. Ca le faisait réfléchir et parler de lui et il s’avait que c’était important. Il ne voulait pas aller mal et il s’avait aussi que ça passait par là. Le fait est  que comme sans aucun doute la plus part des gens ici, il avait besoin qu’on l’aide et qu’on lui fasse comprendre des choses. La triste vérité était la suivante : ces choses en questions ils les avaient compris depuis bien longtemps mais les accepter c’était loin d’être aussi facile. C’est pourquoi ce blocage subsistait ainsi, si fort, toujours plus présent. Il se refusait si fort à ouvrir cette boite de pandore. Personne n’a réellement envie d’avoir mal et Zola ne faisait pas exception.

-Bon alors Zola comment ça va depuis la dernière fois ?

Elena était gentille et patiente. Note heureusement parce qu’avec le métier qu’elle faisait il en fallait de la patience et de la gentillesse. Après Zola n’était pas difficile non plus quant à la personne à laquelle il parlait. Il était rare qu’il ne sente pas un feeling et ce meme si c’était face à un mec armé jusqu’au dents qui lui hurlait dessus. C’est encore jamais arrivé mais je suis sûr que si c’était le cas il s’inquiéterait pour lui et proposerait limite d’aller boire un thé pour se confier.

-Eh bien a vrai dire pas très bien. Je me sens assez déçue par l’humanité. Ca me fait un peu mal au cœur.

-Oh. Tu veux m’expliquer pourquoi ?

-Eh bien pour plusieurs choses. D’abord j’ai appris que des amis se sont fait tabassé. Et puis ensuite il y a eu les élections des terres mais quand j’ai voulu énoncer le fait que c’était un des prétendants aux postes de délégués qui avait fait le coup.. bah ... Les gens n’avaient pas l’air tous apte à comprendre.. Et du coup je me demandais si c’était moi qui trouvait ça grave et que j’étais trop sensible où si c’était les autres qui n’allaient pas bien ...

-Toi tu en penses quoi ?

-Eh bien .. Disons que c’est compliqué mais .. Je ne penses pas être trop gentil ? ..Non ? Enfin je sais que j’aime beaucoup les gens et que j’aime leur trouver des qualités mais là je ne sais pas .. je n’ai pas su et ça m’a fait mal ..

-Zola, tu te souviens ? On a parlé du fait de trouver des qualités aux gens la dernière fois.  

-Oui non mais c’est vrai mais c’est compliqué.. Enfin.. Je n’ai pas envie que les gens soient méchants. C’est peut être bête à dire mais j’ai vraiment peur de ce qu’il peut leur arriver s’ils continuent sur cette voie.

-Mais tu as conscience que tu ne peux pas forcer les gens à être autre chose que ce qu’ils sont si eux ne le désirent pas. Ce n’est pas un mal d’être en désaccord. On ne peut pas s’entendre avec tout le monde.

-Je sais mais .. Ca me met mal les gens qui font du mal aux autres. Je ne veux pas que ça arrive à d’autres, je ne veux pas que du mal soit fait.

-Zola. Tu ne peux pas t’imposer des règles pareilles. Tout comme tu ne peux pas imposer aux gens de faire le bien si ce n’est pas ce qu’ils désirent. Est ce que tu sais pourquoi cela te pose tant problème ?

Et là, mauvais bail. Durant la conversation émotions et images revenaient à Zola par vague et c’était loin d’être agréable. Comme il ne fit rien paraître. Ce n’était que de vulgaires réminiscences, rien de bien alarmant voyons. Pour autant la conversation n’avait de cesse que je les faire revenir, toute à la fois, toujours plus vives, douloureuses et claires. Sa gorge, son cœur, tout son corps se serrait. Il tremblait légèrement.

-Mais ... Je ne sais pas .. Je .. Je .. Je ne veux juste pas .. C’est .. C’est juste que c’est mal.. Enfin je ..

-Ne t’inquiète pas Zola. Tu n’es pas obligé de répondre. Si tu le désires tu peux prendre ton temps pour y penser.

-Je .. Je .. je ..

Il se mit respirer de plus en plus en plus rapidement tout en tremblant. Il ne savait plus où regarder et avaient presque envie de fuir. Elena tendit une main lente et douce vers lui. De son autre main elle lui tendit la boîte de mouchoir. Il fixait le sol tentant de respirer, tremblant toujours plus. Ses ongles s’enfonçait dans le bois de l’accoudoir. Il aurait été titan le fauteuil ne serait plus.

-Respire Zola, respire. Calme toi. Prend ton temps. On peut parler d’autres choses si tu le souhaite. Il faut que tu veuilles en parler d’accord ?

Zola hésite un peu. Il fixe un point dans le fond le pièce un certain temps. Il y a un long moment de silence. Il prend sur lui pour se calmer doucement. Inspire, expire. Il prend tout ce qui lui pose problème et hop go dans la petite boiboite du déni. Ca il sait très bien faire le Zozo. Il relève soudain la tête comme s’il avait un réponse.

-Des belles rencontres ?

Elle sourit légèrement amusée par cet air si naïf que le garçon pouvait parfois arborer. Zola était vraiment quelqu’un de gentil mais hélas trop pour sa santé. C’était évident que dans la vie tout ne pouvait pas bien se passer. C’était évident qu’à un moment ça n’allait pas bien se passer même. Et c’était inquiétant oui, d’autant plus qu’il refusait clairement de se mettre face à ça. L’origine du problème n’était pas un secret mais construire toute une vie sur un mode de fonctionnement c’était loin d’être facile à déconstruire. Sans compter que visiblement le grand brun ne semblait pas bien prêt non plus à désamorcer se schéma dans lequel il vivait.

-Oui parle moi de tes amis c’est bien ça. Tu as fait des belles rencontres depuis la dernière fois ?

Zola voyait assez souvent sa psy mais rarement il parlait de choses vraiment importantes. La plus part du temps il était tel un enfant qui parlait de la pluie et du beau temps, des oiseaux qu’il avait rencontrés, des jouets qu’il avait fait pour Mara et cela ressemblait plus à une discussion entre deux personnes prenant un café ou plus un monologue assez peu intéressant mais bon.. Comme dit on ne peut forcer personne à aller à l’encontre de ce qu’il veut.

Oups:

Il hoche vivement la tête. Il avait rencontré des gens biens, ça oui. Quand il était arrivé il y a de ça quelques années il était plein de bonnes volontés pour s’intégré mais peut être un peu trop. Il faut croire qu’un vide ce n’est pas à prendre à la légère. Peut etre que certains le gèrent bien mais ce n’est pas le cas de tous. Clairement Zola eut été tenté de penser que tout irait bien mais rapidement des angoisses, des incertitudes et tout plein de choses plutôt désagréables ont commencés à le ronger de l’intérieur.

Si aujourd’hui il va mieux ça n’est pas sans peine et le travail est loin d’être fini. Un passif tourmenté ça ne s’efface pas en un coup parce qu’on le désire. C’est long, c’est laborieux. Et ça c’est quand on le veut, mais quand on met toute son énergie à se persuadé que tout à toujours été pour le mieux, ça ne simplifie pas les choses vous vous en doutez bien. Ca a mi longtemps pour que Zola accepte que tous les épisodes de vie ne sont pas glorieux. Malgré ça il s’efforce constamment de l’oublier et de s’enfermer dans le schéma de pensée que tout le monde est gentil et que comme il est logique de désirer le bonheur de chacun, chacun est forcément doux et gentil. Quiconque vit saura que ce n’est pas une vérité absolue. Loin de là.

Quand la vérité lui est retombé sur le coin de la gueule il a commencé à s’enfermer toujours un peu plus dans sa chambre, son cocon, sa tanière. Au début il tentait un peu de sortir quand même. Mais sans vraiment trop comprendre pourquoi les gens commençaient à lui faire peur. Il gardait une certaine distance de sécurité avec eux. Et plus les jours passaient, les semaines, moins il arrivait à les associer à des humains. Plus personne ne semblait vraiment avoir d’identité à ses yeux et aucun mot, aucun regard n’arrivait à le faire sortir de ce brouillard qui l’entourait de plus en plus.

N’ayant jamais réellement expérimenté ses pouvoirs et étant loin d’être dans un phase productive pour apprendre de soi il apprit cependant une chose, dont il n’avait hélas pas du tout besoin. La peur de ses pouvoirs. Il avait beau savoir que ses pouvoirs étaient contenus et qu’ils ne pourraient pas tant faire de malheur ça ne l’empêchait pas de s’imaginer qu’à chaque pas le sol pouvaient s’effriter sous lui, qu’à chaque geste ils pouvaient faire tellement de mal..

Entre les gestes et la pensé, une paralysie s’installa. Elle ne fut pas spécialement douce. Elle mit certes un petit temps à être totale mais tout du long elle était agressive, désagréable et elle brulait de l’intérieur. Les sorties se faisaient de plus en plus rares jusqu’à ce que Zola se décide à ne plus sortir du tout. Il faisait quand même quelques exercices de sport pour s’épuiser. Il regardait par la fenêtre pour se rattacher un minimum au réel. Il pleurait pour l’oublier. Il dormait surtout pour ne faire rien de tout cela et n’être qu’une absence.

Impossible de dire vraiment comment ça s’est vraiment passé combien de temps ça a duré. Il est possible que lui même n’est pas vraiment conscience d’à quel point il s’était refermé sur lui même et d’à quel point il pouvait parfois se mettre en danger. Sans personne pour l’accompagner nul part certains mouvements pouvaient s’avérer plutôt délicat. La méditation ne résout pas tout. Le jeun non plus. Mais Zola a toujours été un homme avec une certaine santé physique et quand il constata qu’il ne savait presque plus porter un verre d’eau il commença aussi à avoir peur de lui même en son entier. C’est possible que ceci fut le déclic et que c’est peu après cela qu’il daigna sortir de sa chambre en longeant les murs pour arriver devant une porte.

Il commença a voir ainsi Elena. Au début c’était très souvent, dès qu’il arrivait à sortir. Elle l’encourageait beaucoup et même s’il était comme un enfant apeuré il bravait les démons pour aller jusqu’à ce fauteuil chaleureux dans lequel il se retrouvait si bien. Un jour quand il aurait son propre chez lui, il veut avoir un fauteuil comme celui ci. Lui aussi il veut son fauteuil chaleureux juste à lui.

Maintenant ça doit faire près de deux ans qu’ils se voient. Ca n’a pas toujours été facile. Plusieurs fois Zola a cru arrête. Plusieurs fois il a voulu fuir. Plusieurs fois il a fondu en larmes et pendant une heure au moins il était incapable de parler. Mais malgré ça il a tenu bon. Il s’est fixé des petits défis, il s’est organisé des petits challenges, des aventures pour allez toujours un peu plus loin, être toujours un peu plus fort. Et le voilà là, maintenant, à ne venir que de temps en temps, un fois par mois, ou simplement quand il en ressent le besoin. A ça oui il en a fait du chemin le Zozo. Elena le voit bien. Elle en est fière même si elle sait que tout est loin d’être fini.

Zola lui de son coté noie son passé sous son présent. Il se dit que s’il n’y pense plus vraiment son passé n’existe plus vraiment non plus. C’est plus facile de se dire ça. C’est tellement plus simple d’admettre les gouffres qu’on peut avoir au fond de nous. A ca oui, c’est tellement plus simple.

Il sourit fier de lui.

-J’ai rencontré un chat ! Enfin une chatte et elle s’appelle Mara ! On est très amis !

Elena ne put se retenir de sourire. Zola avait ce don de se satisfaire de peu de choses mais hélas ça ne lui rendait pas toujours la tâche facile. Néanmoins c’était un bon point pour commencer. Elle avait peur que Mara ne soit qu’un animal de plus qu’il est rencontré et que du à la récurrence de leurs entrevues, il l’ai nommé et ce le soit en quelque sorte approprié. Mais bon rien ne coutait d’espérer le nom était plus inattendu que les précédents alors qui sait -

-Et ce chat, il a un maître peut être ?

-C’est une chatte.

-Hum oui excuse moi, cette chatte. Comment s’est passé votre rencontre donc ?

-Eh bien c’est plutôt amusant. Enfin je crois. Du prisme commun c’est même assez cocasse si on y pense bien. En fait je m’occupais d’elle. On prenait souvent du temps ensemble. Je n’ai jamais vraiment su comment elle en est venu a frapper à ma porte mais en soit c’est ce qu’il s’est passé. Et puis un homme est venu la récupérer. Et là j’ai fait connaissance de son maître et puis un peu après Mara avait l’air de chercher quelque chose alors j’ai voulu l’aider et je me suis retrouvé presque nu dans sa chambre. Et puis après c’est chouette parce qu’il me laisse rester en attendant Mara. On discute un peu quand même mais il est moins câlin que Mara. Mais je me suis rendu compte qu’il ne s’aimait pas beaucoup du coup je venais aussi dès que je le voyais le rappeler de s’aimer ! De temps en temps on court ensemble, on a fait de la piscine aussi ! Il est eau et pourtant ça n’a pas été facile de le convaincre. Ca j’aime bien ! Oh ! Et puis y’a une nuit où y’a eu de l’orage ! Il m’a bien aidé a ce moment là et puis il a bandé, il avait l’air content. Parfois il dit des trucs bizarres aussi mais bon il est pas méchant pour autant. Ensuite y’a eu l’éclipse et ça a compliqué les choses mais quand il est venu pleurer et dormir avec moi après ça allait mieux.

Il fait un petit sourire et sort une bouteille de son sac ainsi qu’une biscuit. Il en tend un à sa psy qui refuse poliment. Comment avait -il pu lui cacher tout ça tout ce temps ?! Certes il avait l’air plus heureux qu’avant mais .. Quand même merde ! Et c’était qui ce mec là ?! Parce que clairement c’était pas le dernier boloss du coin qu’il avait croisé 2 fois. Et c’est quoi cette histoire de bander ?!Et de pleurer et dormir ensemble ?! Est ce qu’elle avait raté tant que ça ? Et merde.

Elle se contente de sourire.

-Et il s’appelle comment ce Eau ?

-Hum ! Houston ! Il a des jolis cheveux bruns mais Aria lui les a coupé du coup je suis encore un peu sous le choc et j’essaye de m’y faire. C’est pas qu’il est moche hein ! Il est toujours beau mais c’est juste que c’est confortable les cheveux longs.

Elle hoche la tête. Et Aria donc. Deux personnes. Yes. Et le commentaire lui permettait difficilement de s’imaginer quelque chose de purement platonique entre son patient et ce nouvel inconnu mais qui était elle pour s’avancer sur de telles idées.

-Aria est une amie de Houston aussi ?

-Oh oui ! C’est mon ami aussi ! Je suis parti en mission avec elle et puis je lui ai pardonné d’avoir coupé les cheveux de Houston. Puis elle m’a raconté sa rupture. Ca c’était vraiment triste.. et puis on fait de la danse ensemble et c’est chouette ! Elle est très énergique et belle !

Elle hoche la tête. Vous m’en direz tant.. Elle prend quelques notes puis se redresse et sourit.

-Ca m’a l’air d’être des belles rencontres que tu as fait là ma foi Zola.

-Oh mais je n’ai pas rencontré qu’eux ! Il y a aussi Chrys, Tiago, Maître Akihiko, Alice, Angie avec qui je me suis présenté pour les élections, Amy, Elfie.. Bon je ne les connais pas tous très bien mais c’est vraiment agréables de les savoir dans mon entourage.

Elena déglutit. Il faut qu’elle démissionne ce n’est pas possible autrement. Elle hoche lentement la tête. Elle inspire puis allez yes c’est parti.

-Mais c’est super ça Zola.

Il tangue tout content sur son fauteuil.

-Oui héhéhé.

-Est ce que tu ressens une différence au fond de toi maintenant que tu es entouré de tes amis ?

Il prend un temps pour répondre et fini par hocher la tête.

-Oui. Je me sens plus libre.

Il avait pesé chaque mot de ce qu’il avait dit il les avait tous ressenti. Ils étaient forts et importants. Il fixa un instant le sol puis se relèva d’un coup.

-MERCI ELENA ! J’ai compris ce que tu voulais dire ! Je vais leur dire que je les aimes !

-Je .. Zola ..

Il remettait déjà ses gâteaux et sa bouteille dans son sac et s’apprêtait à partir.

-Hmm ?

-J’aimerais vraiment qu’on prenne le temps de parler des émotions ensembles d’accord ? Tu t’es déjà confié à tes amis ?

Il laisse un silence et hausse les épaules.

-Peut être oui. 



Et Zou ! Il part avec un sourire.