## Lun 30 Mar 2020 - 21:18 | ||
Mitsuki Hojitake Messages : 4506 Date d'inscription : 23/01/2011 Emploi/loisirs : Surveillance & robotique Humeur : EXCELLENTE ! | Mes doigts glissent contre le mur qui se dresse à côté de moi. J'arrête de marcher et lève les yeux vers les grilles métalliques qui surplombent la pierre. Aujourd'hui, je n'ai pas grand chose à faire. Nous nous sommes retrouvés ce matin pour travailler sur la sécurité avec Houston, et quand je suis rentrée à la maison pour manger ce midi, j'étais seule. Cet après-midi, j'ai travaillé un peu sur les derniers plans que j'avais dessinés pour les bracelets bloque-pouvoirs que j'avais prévu de réaliser, puis comme Balto a demandé à sortir, je suis sortie le promener. Nous ne sommes pas rentrés tard, mais comme j'étais toujours seule, j'ai décidé de me mettre devant la télé, et de zapper un peu les différentes chaînes. Je me suis évidemment arrêtée sur la chaîne des informations en continu, alors qu'ils évoquaient à nouveau l'explosion qui avait résonné à quelques mètres de nos portes, brisant nos murs, blessant nos amis. Mon estomac s'est noué, mais je commençais à avoir l'habitude, alors je l'ai ignoré. J'ai continué à écouter les informations, et puis je me suis levée, et je suis sortie pour me promener le long des grilles. Bien évidemment, je ne me suis pas rendue sur le lieu de l'impact, beaucoup de personnes y tournent encore, entre les curieux, ceux qui s'assurent que tout a été correctement réparé, et évidemment, Chris, qui serait fort probablement venu m'adresser la parole pour prendre de mes nouvelles si je m'étais retrouvée là. Alors non, j'ai simplement pris la direction opposée au village, et j'ai rejoint les grilles, qui de toute façon arboraient le même visage peu importe l'endroit où l'on se trouvait. Mes yeux curieux viennent dénombrer les détails insignifiants qui ornent les murs. Mon regard glisse ici et là, observant tantôt les mauvaises herbes qui ont réussi à se frayer un chemin entre les briques, tantôt le lierre qui s'y est résolument installé. C'est un voyage doux et paisible, qui me perd quelques instants, avant que je ne m'arrête enfin sur cet élément étranger qui vient dénaturer cet endroit. Ma main. Mes prunelles viennent en dessiner le contour, l'habiller de différentes couleurs avant de la déformer et de la modeler à l'image que mon esprit a envie de lui donner. Elle finit par disparaître sous mes yeux, et devenue invisible, elle continue à venir caresser les différentes plantes qui me font face, les faisant se plier à ma volonté comme l'air vient faire danser les herbes des prés. Je finis par mettre fin à cette douce farandole, et j'étends mes doigts contre la surface froide qui se dresse en face de moi. Mon front vient délicatement rencontrer ce rempart de roche alors que je ferme les paupières, inspirant doucement, lentement, contrôlant chacun des mouvements de mon diaphragme. Mon esprit se vide, alors qu'une question, une seule, commence à raisonner, mélodieux tintement d'une cloche à l'entrée d'une boutique si peu visitée jusqu'alors. Pourquoi ? Je rouvre les yeux en sentant que mes iris commencent à me brûler. Un soupir m'échappe, et je constate que ma main est redevenue visible. Un étrange sourire étire le coin de mes lèvres, alors que je me répète cette même question. Pourquoi ? Mon tatouage sur mon flanc s'agite ; je le sens s'étirer et se distendre, et l'ensemble de mon corps se recouvre alors progressivement de noir. Pourquoi tu ne t'es pas activée ce jour-là ? Ma respiration s'apaise encore davantage, et je m'éloigne du mur pour étendre mes deux mains devant, paume face à mon visage, me perdant dans cette noirceur envoûtante. -Pourquoi est-ce que tu n'as pas protégé cet être qu'Ys aimait déjà tant ? Ma voix vient rompre le Silence pieux qui régnait jusque là en maître. Je ne me sens pas coupable, et ne m'en excuse pas. Je sais que nous continuerons tous les deux cette conversation, lui par sa stature si impartiale, moi par mes mots si maladroits et confus. Alors je poursuis. -Tu aurais pu te déclencher. Tu aurais pu le faire, parce que tu l'as fait, juste après, lorsqu'Aoi a dû m'opérer. Mais pourtant tu ne l'as pas fait. Tu es restée ici, bien endormie, et tu as attendu que l'on s'en prenne directement à lui pour réagir. Pourquoi ? Pourquoi ne l'as-tu pas fait avant ? Comme l'on peut s'y attendre de la part du Silence, il ne me répondit pas, laissant ma voix se faire emporter par le vent. Alors je repris, forte et courageuse. -Est-ce que tu lui aurais fait du mal ? Est-ce que tu aurais pu le blesser, si tu avais pris le dessus avant ? Ma voix s'égare et mon esprit s'envole. Je ferme les yeux un instant, faisant appel à mes souvenirs, bloqués, encore, toujours ; pourquoi, pourquoi tant de souvenirs enfouis et impénétrables ? -Est-ce que ça aurait été différent, si je ne l'avais pas rejeté...? Les mots se perdent. Mes prunelles flamboyantes se lèvent au ciel et mes poings se serrent. Mes bras retombent le long de mon corps. -Est-ce que c'est de mes propres pouvoirs, que tu as essayé de le protéger ? Un drôle de rire m'échappe, mélange de cristal et d'acier. Ma voix s'éteint, mon estomac se serre, différemment cette fois-ci, plus doucement, plus calmement. C'est une réponse ? Je crois que c'est une réponse. Ca doit bien être une réponse. -Est-ce que tu crois qu'un jour nous irons mieux ? Un ange passe. Mon coeur se serre tendrement, et ma peau se re-teinte progressivement de rose, de blanc, et de chair. Tu n'as encore cherché qu'à me protéger, n'est-ce pas...? |