Jérémy savait qu’il y avait eu un changement d’affinité… Il l’avait senti dans l’électricité de l’air autour de lui. Avoir été Sensitif avant était plutôt un bon point du coup. Il envoya un message sur le groupe de la Cool Patrol, plus par habitude que foncièrement inquiet. Chacun avait ses propres difficultés mais il avait la sensation que tout le monde s’en sortait… plus ou moins… après il n’est pas devenu pro des relations sociales hein, il restait à l’écoute. Il leur faisait confiance, déjà.

Il sortit de la cuisine pour aller dans la chambre de Nico pour voir où il en était, lui. Il voulait le voir plutôt que de l’apprendre par message… En même temps ils vivaient dans la même maison, ça passait pour de l’irrespect limite. Il tapota mais il n’y eut pas de réponse. Jérémy plissa ses paupières… Il savait qu’il était à l’intérieur, Nico avait dit qu’il allait bosser des trucs pour les Préfets. :

-Nico je sais que t’es là ? Pourquoi tu réponds pas ?... Je rentre.

La pièce était plongée dans l’obscurité… Il a baissé les volets. Ok. Il va pas ouf. Jérémy entra, se dirigeant vers le bureau tout en clignant plusieurs fois des yeux pour habituer sa vue à la nuit, s’attendant à l’y trouver pour s’y morfondre, comme lorsqu’il était Télépathe… Sauf qu’il n’y était pas… et une ombre est sortie de la pièce pendant qu’il avait le dos tourné. :

-PUT- ! NICO VIENS ICI !

Nicolas n’avait rien senti. C’était ce qui l’avait le plus effrayé. Comme lorsqu’il était Voyant, les pouvoirs lui glissaient entre les doigts. Il s’enferma dans sa chambre après le détour dans la salle de bains, baissa les volets comme si ça pouvait l’aider à moins se voir… Il voyait déjà pas très bien de toute façon, tout ce qui était face à lui était comme flouté… Mais il sentait et entendait tout. Il avait changé. Qu’est-ce qui avait changé d’autre ? Est-ce que tu es toujours là ? Oui. Oui bien sûr. Ce n’est pas moi je peux te le promettre… Ok… Prends ton temps, respire. On… On va trouver une solution. Parce que, effectivement, cette situation me met plutôt mal à l’aise aussi.

Mais bien sûr, pas moyen d’être tranquille dans la maison Williams. Il avait entendu Jérémy arrivé et s’était aussitôt redressé, plongé dans l’ombre de son armoire pour qu’il ne le repère pas et fit en sorte de se glisser aussi discrètement que possible dans l'entrebâillement de la porte que Jérémy avait laissé. Je sens l’impact de mon poids sur le sol bien plus qu’avant… Mais il n’a pas le temps d’y réfléchir plus que Jérémy l’interpelle.

Il court. Il a été grillé, il n’avait pas à courir. Courir pour aller où d’ailleurs ? A ma place, dans les bois. Nicolas… Je ne peux pas vraiment l’aider à revenir à lui dans cet état… Il court dans le couloir, pivote dans le salon, ouvre grand la baie vitrée… L’air dehors est rempli de senteurs différentes, il le savait déjà mais elles étaient tellement amplifiées qu’il eut un mouvement bref de recul avant de s’élancer dans le gazon… Il fit quelques pas, immenses, il eut la sensation de galoper… Avant d’être plaqué par une montagne de muscles… Premier réflexe, couvrir son visage. :

-NON ! S’il-te-plaît ! NE- NE REGARDE PAS !

Il s’enfuit. OH NON PAS AVEC MOI NICO. Je m’élance à sa poursuite et je suis d’abord choqué de voir une touffe de poils noirs dans le couloir, plutôt que ses jambes. Je cours sans réfléchir plus, récupère un peu de terrain quand il doit ouvrir la baie vitrée du salon mais je sais qu’à ce train-là je ne le rattraperai jamais. Nicolas a toujours été plus rapide que moi. Mais quand je vois l’écart qui se creuse, je me souviens que je suis Téléporteur. Je serre les dents et un clignement d’yeux plus tard je le plaque dans l’herbe. Je m’attendais vraiment à ce qu’il me donne un coup mais à la place, il tente de me cacher son visage. Je choppe ses poignets pour les écarter. :

-Nico fais pas le gamin je veux juste savoir si tu vas-

...bien ? Euh. Ouais. Vite fait. J’arrive pas à retenir l’étonnement sur mon visage mais l’instant d’après je prends une grande inspiration et la peine creuse mes traits… Oh… Oh Loup Noir. Ses oreilles sont longues et touffues, elles me rappellent les oreilles de renard que peut avoir Elwynn quand elle est émue d’une manière ou d’une autre. Sa pupille est si grande qu’on devine à peine la sclère blanche, tandis que sa pupille est restée relativement petite… Je ne sais pas si c’est dû au stress ou si c’est bien une particularité de l’animal qu’il tente d’imiter. Une queue dépasse de son dos, toute aussi noire de suie que ses oreilles…

Je ne sais pas trop comment réagir, comme souvent, mais je veux le rassurer sur un point avant qu’il ne tente de s’enfuir. J’attrape l’arrière de son crâne et le force à s’accrocher à moi. :

-Ça va aller frérot. Calme-toi. Tu n’as pas besoin de te cacher avec moi ok ?

On ne sait plus quoi faire une fois qu’il a réussi à poser ses yeux sur nous… Je suis tétanisé. Il nous inspecte, d’abord surpris puis avec un regard presque compatissant… Et puis il nous amène contre lui, en disant à Nicolas de se calmer, qu’il avait pas besoin de se cacher. Quelque part au fond de lui, je souris… Et le nouveau Morphe s’accroche au t-shirt de son frangin sans plus trop savoir quoi faire sinon lui obéir ; respirer calmement, se vider l’esprit. :

-Je- Je suis désolé, je voulais pas m’enfuir comme ça, je crois ?... J’avais l’impression… je croyais que tu…

...allais me chasser. Un frisson souleva tous mes poils et un nouveau jet d’adrénaline faillit faire agir mon corps contre ma pensée, repousser le Chasseur pour que je puisse prendre les jambes à mon cou. Mais je prends une nouvelle inspiration… Jérémy a la même lessive que tout le monde dans la maison Williams, et il sent constamment le propre. Un savon classique à ses mains, un déo assez discret,... Un gel douche neutre mais rafraîchissant.

Jérémy n’a pas besoin de l’entendre, il devine très bien la fin de sa phrase… Après tout, c’était leur réalité, avant. Au village, il s’était pris au jeu comme un gosse, croyant pouvoir prouver quelque chose à tous s’il anéantissait le Loup. Mais ça n’était pas un jeu, et il avait traumatisé quelqu’un qu’il aime de tout son cœur, au point qu’il en garde des séquelles plusieurs années après. Jérémy poussa un soupir et posa délicatement sa main sur la tête de Nicolas, dans ce geste habituel qu’il a de vouloir le rassurer.

Il ne s’attendait pas à la réaction. Les oreilles animales de Nicolas se dressent d’abord, très légèrement, sans doute à cause de la surprise… pour finalement le rester. Puis la queue bougea, tout doucement, pour finalement être assez tendue pour qu’elle les chatouille tous les deux. Elle ne se secoue pas comme celle d’un chien, mais elle n’est plus cachée comme s'il était apeuré. Jérémy laisse échapper un rire. :

-Eh. T’es plutôt mignon comme ça.

-NON !

Nicolas grogna d’un coup, repoussant Jérémy et se levant dans le même temps. Ça n’avait pas l’air de le gêner mais Nico, lui, était rouge pivoine et le poil bouffant. ...Il t’a fait oublier à quel point tu as peur de nous tu sais ? Je sais. Est-ce que ça te suffira pour aller de l’avant ? … HM. Peut-être. Je sais pas. On verra. Au moins… Au moins je vais éviter de m’enfermer dans ma chambre… :

-Jérémy… merci.

Le rejet était attendu, mais le remerciement beaucoup moins. Jérémy sourit, c’est un bon signe qu’il fallait prendre en compte ; Nicolas… le Loup Noir… peu importe qui lui fait face à cet instant… Son frérot va mieux. Jérémy se releva alors lui aussi, époussetant son jean avant d’ajouter dans un sourire un peu malicieux. :

-Il faut que Lottie te voit comme ça.

-Hein ? Mais. Non et si elle avait-

-Peur ? Lottie peur de toi ? Ne la sous-estime pas s’il-te-plaît !

Et du coup pour ceux qui veulent voir à quoi ressemble NicoMorphe: