## Lun 23 Mar 2020 - 1:12 | ||
Ys Ochikawa Messages : 3528 Date d'inscription : 13/10/2013 Age : 29 Emploi/loisirs : En rédemption Humeur : J'ai pas, pioches! | Ses pas l'emmènent machinalement vers la bonne direction. Indiqué de part et d'autres par les écriteaux, Ys se dirige d'un pas déterminé mais le visage vide. Le peu de personne qu'il croise baisse les yeux ou retourne à leur préoccupation. Cela ne fait aucun doute. La moitié d'entre eux doivent être informés ou du moins, certains ont du participer à l'opération. De bouche à oreille, l'info circule vite. Mais Ys ne s'en préoccupe pas. Qu'on soit au courant ou non, ce n'est pas sa priorité. Pour l'instant, il avance automatiquement, son corps réagit pour lui alors que son esprit divague. Il aimerait dormir, épuisé moralement. Epuisé par ce chagrin qui grandit. Pourquoi ne s'était-il rendu compte de rien? Généralement, des hommes le ressentent, certains même le devinent avant leurs femmes alors pourquoi pas lui? Et s'il avait su… Mitsu n'aurait pas été sur ce mur. Elle serait restée tranquillement à son atelier, ou bien autre part, du moment qu'elle n'était pas en danger. Tout ceci ne serait pas arrivé. Ils auraient eu un enfant. Ils se seraient mariés dans la joie et le bonheur. Il en est persuadé. Et décorer une chambre? Faire un berceau? Le monter? … Oui. Il aurait probablement aimé. Il aurait aimé le faire. Il se serait senti… utile. Un père utile. Un bon père. Le seul visage paternel que la vie lui a offerte est celui de ce sale type. Pour rien au monde il ne souhaite lui ressembler. Non. Il aurait été meilleur. Vraiment? Quand on fait le tour, combien de fois as-tu fais pleurer Mitsu? Cette réalité le paralyse alors que ses pas cessent d'avancer. Il se tient à présent devant la porte. La morgue. Il peut toujours faire demi-tour. Oublier. Comme si de rien de tout ça n'avait existé. Pourtant… c'est trop tard. Alors sa main vint s'agripper à la poigné. Elle tremble, sa main. De quoi a-t-il peur? Que peut-il arriver de plus qui puisse l'effrayer autant? C'est froid. Il fait froid ici et c'est incroyablement calme. Comme si le temps était suspendu. Lorsqu'Ys fit irruption dans cet endroit, un homme se redresse. Il remplissait jusqu'à présent un dossier quand il reconnut le Master. Ce dernier sait. C'est lui même qui avait "préparé" le corps. Enfin le corps…. "Il n'était pas encore entièrement formé. Et il a été très, très blessé." Ses paroles résonnent encore. Sans un mot, l'homme se dirige vers l'une des tables métallisées. Son regard s'appuie un instant sur celle ci avant de se reposer sur Ys. Puis toujours silencieusement, il quitte la pièce par une autre porte. L'air lui manque ici. Ou bien est ce lui? Son souffle est saccadé, lent, faible. Son pouls s'est accéléré à l'instant où il a posé le premier pas. Il s'y dirige. Calmement. Lentement. Il sent que ses mains sont moites. Ses craintes et ses pensées se bousculent au point que son esprit soit vide, étouffé. Puis… A peine éclairé par les vitraux, le petit corps est là, embaumé. Il est… si petit. Si minuscule. Comment une si petite chose aurait eu une chance de survivre à une telle explosion? Son souffle lui revient alors qu'instinctivement, il lève les bras comme pour le prendre. L'enlacer. Le rassurer. Lui murmurer que tout ira bien. Mais il ne peut pas. Il est si petit. Si fragile. Si abîmé. Ses mains sont suspendues dans le vide alors qu'il fixe le corps, son thorax se soulevant difficilement à chaque respiration. Sa gorge est nouée et pourtant aucune larme ne coule. C'est là. Coincé dans sa gorge. Ca désire sortir, hurler, pleurer. Mais c'est coincé. Le Master s'écroule à genoux, aux pieds de la table. Abattus par cette réalité. Les yeux améthystes. Ca lui revient. Cette vision qu'il avait eu quelques mois auparavant avec Amy. Il s'agissait de leur enfant. Et il devait avoir les yeux de Mitsuki. Leur enfant. Ses pouvoirs lui avaient offert un indice et il ne l'avait pas compris. Il ne l'a pas saisi comme il n'a pas saisi l'opportunité de les sauver. Ils ne contrôlent aucun pouvoir si ce n'est faiblement. Il n'est pas un bon Master. Il ne sera jamais le meilleur. Et dans ce silence, malgré la gorge nouée, il tente d'apaiser sa culpabilité. Ce mal qui grandit encore et encore alors que la vision de ce corps si froid désormais et éteint se tient au dessus de lui. "Toi... Qu'on ne peut pas nommer. Pardonnes moi."Souffle-t'il."Je suis tellement désolé. Si seulement tu pouvais m'entendre.... je suis tellement désolé." Sa vue devient trouble. Les larmes le gagnent. Ce petit être a du ressentir des choses. Il a du les entendre. Il a du … avoir eu peur? Pourquoi? Parce qu'on laisse entrer des vermines. Des personnes de l'extérieur qui n'ont d'autre but que de les détruire. Pour s'approprier leurs pouvoirs. Pour les éradiquer. Cet attentat n'était que le premier. D'autres suivront. Le monde extérieur n'est pas ces personnes dont Athéna lui a montré. Ils ne sont pas ce que les autres attendent. Ils sont néfastes et destructeurs. Personne n'a à devoir subir de telles souffrances. Personne ne doit enterrer un proche. Un ami. Un enfant. Son enfant? Ils lui ont volé toute chance d'être un jour l'homme le plus heureux. Ils lui ont volé tout espoir qu'un jour il puisse mener une vie "normale". Ils lui ont volé…. Les poings serrés jusqu'à que même les ongles n'entrent dans la peau, Ys relève ses yeux embués. Il serre la mâchoire jusqu'à en avoir mal pour ne pas hurler de rage. Mais intérieurement, c'est une véritable tempête. Il fait de sa souffrance, sa force. Il ne peut plus contenir cette colère. C'est finis. Tous ces beaux discours. Croire en l'humanité, croire en les autres. Pourtant il a essayé. Il a tenté d'être comme les autres. De leur laisser une chance. D'écouter. Mais ils sont ce qu'ils sont. Et il avait raison depuis le départ. Ils doivent payer. Tous. Sans exception. Ils ont manqué de tuer sa seule étoile. Ils ont tué son enfant. Ils doivent disparaitre. Il en fait le serment. Sur sa vie. Sur la sienne. Fin. |