Par un miracle quelconque, que même Nico a du mal à saisir, à force de soutien, de caresses et de café de la part de Ronron, Jérémy et Lottie, Nicolas a su se transformer totalement en loup noir, puis totalement en lui. Dès qu'il se déconcentrait, il retrouvait cette forme mixte, avec ses oreilles et sa queue greffée à son corps humain, mais à part ça, il allait mieux. Dans sa tête et dans son corps... En à peine quelques heures il sut contrôler le léger sursaut qu'il avait en croisant son reflet... ou lorsqu'il percevait la sensation de poils sous ses doigts... Aussi, il se permit d'être un peu plus disponible pour les autres, de prendre des nouvelles de ses amis et des Préfets... C'est comme ça qu'il apprit que les anciens Morphes avaient hérité des pouvoirs de Sensitifs. Une simple inversion bienvenue pour lui, il allait pouvoir échanger des astuces avec Elwynn et Aria pour mieux vivre cette étape de l'éclipse... mais Jérémy avait toujours un temps d'avance, il avait compris bien plus vite que lui que ça n'allait pas.

Elwynn était Sensitive, et ce devait être la raison principale pour laquelle ils n'avaient pas de nouvelles. Jérémy ne s’épancha pas sur les raisons ; il le savait, et Nicolas avait choisi de le croire puisqu'il tenait beaucoup à El'. Et, aussi peu confiant qu'il était, Nico se proposa pour au moins la trouver... Qu'ils se rassurent tous. Non, c'est clair qu'ils ne s'inquiétaient pas pour Elwynn, c'était une battante, mais ils voulaient au moins savoir où elle s'était planquée, au cas où... la soutenir de loin s'il le fallait. Et quoi de mieux qu'un loup pour trouver sa trace ? Il avait plongé sa truffe dans les vêtements qu'elle avait laissé à la maison, constatant avec un peu d'amusement que Mymy était limite jaloux, avant de prendre une forme totalement animale et se lancer dans les rues... dans les ruelles... puis bientôt dans les bois. La trace d'Elwynn était très discrète mais elle avait comme une amertume ; une panique particulière qu'il connaissait pour l'avoir ressentit pendant des années.

La vue d'un loup est bien différente d'un homme, mais on s'en accommodait plutôt bien, puisque tous les autres sens, plus important pour nous, étaient plus intenses encore. L'ouïe certes, mais surtout l'odorat. Si le visage de ceux qu'il aimait étaient flous, aujourd'hui leurs odeurs avaient une importance telle qu'il arrivait à comprendre pourquoi il plongeait toujours son nez dans le creux de leur cou. A moindre mesure, il y a aussi une forme de toucher qu'il avait et qu'il reconnaissait... Savoir mesurer son pas pour ne pas faire de bruit dans les feuilles mortes, cacher son souffle dans les gelées matinales... Tout était à la fois familier et étranger. Comme s'il comprenait seulement, à cet instant précis, pourquoi on l'avait appelé Loup Noir pendant des années.

Mais peu importe sa forme... Nicolas ne pouvait pas surprendre Elwynn... Par contre l'inverse se vérifiait à chaque fois. Il a perçu du mouvement grâce à son ouïe, mais c'était si discret qu'il pensait qu'il s'agissait d'un mulot... jusqu'à ce que le corps d'Elwynn lui tombe dessus, lui faisant retrouver sa forme hybride dans la surprise. :

-Elwynn c'est moi ! s'exclama-t-il en prenant une position défensive, évitant de répondre à l'attaque. C'est Nicolas ! It's okay.

Je suis égoïste.

D'aussi longtemps que j'me souvienne, je suis une égoïste. Je ne l'ai jamais caché, je l'ai toujours su, et ça m'a toujours servi. Il y a 4 jours, je me suis réveillée avec une drôle de sensation. Je n'étais plus Guérisseuse, je n'étais plus Air. Quand je me suis redressée sur mon lit, la surprise, la peine, la douleur, la lassitude de mes voisins de chambres m'ont heurtée. D'un coup. Ce n'était pas mes sentiments, parce que les miens ne sont pas comme ça. Je les ressens peu mais je les connais un minimum. Et pourtant, je ressentais tout. J'ai passé une main dans mes cheveux, qui sont restés en l'air. Aucun doute, j'étais Sensitive.

Je ne cède que très, très rarement à la panique. Je me suis levée, je suis allée me regarder dans le miroir. J'ai senti trop fort mes émotions, elles se sont échappées de moi. Je suis presque certaines qu'elles ont impactés les autres dans les chambres autour, même les non Sensitifs. Je me trouve encore plus laide que d'habitude, je suis fatiguée, énervée, lassée, agacée, je suis tout ce qui à trait à la colère, et je suis suffisamment et calme et rationnelle pour ne pas céder à la haine.

Mais je suis tout le temps haineuse. Cette rage qui brûle depuis toute petite et qui grandit tous les jours avec moi, elle ne me lâche pas. Je peux en innonder les autres maintenant. Cette idée me répugne tout autant que moi.

Je me déteste.

Non, attends, Elwynn, on a déjà passé ces étapes ensemble. J'ai déjà passé ces étapes. Pourquoi j'suis ausis agressive. Ces émotions qui viennent jouer avec les miennes m'agacent. Je commence à penser trop vite, bordel on dirait que j'suis Voyante en même temps c'est quoi ça ? Ca ressemble à ça une crise de panique. J'ai envie de hurler de peur. Mais j'ai pas peur. Si ? J'en sais rien, j'en sais rien putain.

J'en pouvais plus à c'moment là, alors j'ai pris un sac, j'l'ai rempli avec le nécessaire, j'ai fermé la porte à clef derrière moi, et j'suis partie. C'était pas réfléchi, mais j'suis trop réfléchie de façon générale pour revenir en arrière sur une décision prise. J'ai prévenu personne, j'ai pas pris mon portable, pour moins ressentir. J'suis partie dans la forêt, là où j'pouvais juste paniquer avec mes propres émotions, mais pas avoir celles des autres, pas filer les miennes, une pause, pour prendre le temps de pleurer, de me détester un peu mieux, et de faire le yo-yo.

Ca fait 4 jours que j'mange des bouts de ce que j'ai. Ou que je mange pas. Peut être que j'irai faire un tour au village pour acheter de quoi. Mais j'veux vraiment éviter. Je sens les gens qui viennent courir. J'me planque. Des fois j'ai l'impression d'être retournée à un stade super proche de qui j'étais avant. Cachée, invisible, silencieuse, tout le temps tendue. C'est épuisant, de ressentir. Epuisant.

Puis y a quelqu'un qui s'approche, j'le sens parce que y a des émotions qui sont pas à moi. Je me planque, assez haut pour pouvoir voir la personne arriver. Plus j'essaie de virer ces émotions plus elles sont fortes et entrent dans mon corps. Il avance. C'est un loup, et pas un humain. Je fronce le nez. Depuis quand je sens les émotions des animaux aussi bien et depuis quand y a des loups à Terrae ? Puis je tilte, j'suis en panique constante mais j'suis pas moins intelligente : un Morphe, un putain de Morphe, un putain de Loup Noir.

Nicolas.

J'ai jamais aussi peu heureuse de le voir. Dégage, dégage, dégage, arrête. J'suis sûre qu'il me cherche. Ca m'saoule. Ca me saoule vraiment. C'est idiot ça aussi, c'est une super gentille intention. Mais j'ai pas envie d'être patiente, j'ai pas à être patiente de toute façon merde.

Je bondis sur lui, le surprend, bon point pour moi, et je le repousse violemment. Il se met en position de défense, à moitié humain, à moitié loup. Parenthèse : faudra vraiment qu'il me parle de comment il se voit dans sa tête un jour. Mais là de suite j'suis pas prête à l'entendre. Fin de la parenthèse.

Je sais, je sais que c'est toi.

It's okay. Mdr. Bah oui c'est ok bien sûr c'est ok JE RESSENS MES PROPRES SENTIMENTS ET CEUX DES AUTRES MAIS VRAIMENT TOUT VA BIEN. Je suis extrêmement agressive, je pense que jamais il ne m'a vu comme ça, sauf peut être parfois avec Jérémy au début, ou avec des élèves vraiment, vraaaaaaaiment relou. Mais c'est rare que je ne suis plus calme.

Non c'est pas putain d'okay. J'veux pas te voir, j'veux voir personne, c'est pas assez clair comme message ?

C'est égoïste.

Il n'est pas surpris par sa force... C'était évident qu'elle allait le repousser à ce point. Enfin, c'était évident pour Jérémy ; il l'avait prévenu, mais Nicolas ne pensait pas que ça allait être aussi... fort ?... Il adorait Elwynn lui aussi, il croyait la connaître... Apparemment, ce n'était pas aussi simple, comme ce n'était pas aussi simple pour lui. Il ne contre-attaque pas, la laisse frapper s'il le faut... Elle ne touche ni ses points vitaux, ni ses points faibles,... Son seul objectif, de ce qu'il peut percevoir, c'est de le repousser... qu'il soit loin... qu'il ne ressente rien... Il ferme fort les yeux comme si ça pouvait arranger la situation, les mains en avant, à sa merci, pour lui montrer qu'il n'allait pas la retenir si elle reculait. :

-D'accord ! Si tu veux voir personne c'est okay aussi... Il entrouvre un œil, une oreille de loup se secouant plus qu'une autre. La Cool Patrol voulait qu'au moins une personne sache où tu étais... Jé-... Jérémy m'a dit de te dire qu'il t'attendait comme tu l'as attendu, qu'il te faisait confiance comme tu lui as fait confiance.

Il ne savait pas trop ce que ça voulait dire pour elle, mais au moins il a envoyé son message... Sans bouger, il ajouta. :

-Et moi, je voulais te dire que je pouvais t'amener à manger... et d'autres choses. Si tu avais besoin.

Petit à petit, une fourrure noire l'enveloppa, mais il n'était pas encore loup. Il ressentait toute la colère qu'elle renvoyait, qu'elle ne comptait probablement pas faire subir aux autres... Mais Nicolas connaissait tellement le sentiment, et Elwynn, que ce n'était pas important. Il grince des dents, sa queue battante. :

-Elwynn... Ça va. Si je te dis it's okay, c'est que c'est vrai... Ta... colère est différente mais elle ne me fait pas mal. Ok ? J'ai de bonnes barrières. Et tu restes toujours mon amie, parce que je te connais. Hein ? Je sais que même comme ça, si je te dis qu'on va prendre soin de toi, de loin, et respecter ta distance, tu m'écouteras...

Oui. Ça va aller, parce que c'est au-delà des pouvoirs qu'ils partagent... Il tend une main en avant, sans chercher à l'attraper. :

-Aujourd'hui, je suis Morphe. Je n'aime pas ce pouvoir et j'ai du mal à le maîtriser tu vois... Je n'aime pas être le "Loup Noir" qu'on m'a demandé d'être... mais apparemment je le suis un peu. Il marque une pause. El', ça va aller. Parce que tous tes sentiments sont valides. Et si tu veux prendre de la distance, ça nous va... On te fait confiance. Mais laisse-nous une sureté. S'il-te-plaît.

Nicolas n'est absolument pas surpris par ma démonstration. Il est très calme, très concilient, et je sens TOUT. Et je déteste ça. Je déteste ressentir aussi fort, quelle horreur vraiment qui a inventé ça il faut le bruler les gars c'est pas normal de ressentir aussi bordel. C'qui est ouf c'est que je me noie de ma propre colère, vraiment pratique d'avoir un tel pouvoir sans être capable de le maitriser. Vraiment pratique aussi d'être une grosse teubé et de refuser de demander de l'aide à des gens qui savent VRAIMENT BRAVO ELWYNN. Mais j'y peux rien, j'vois rouge.

Je l'écoute malgré tout, je respire juste comme si j'allais le défoncer, jusqu'à ce qu'il parle de Jérémy. Là j'ai juste mal là. Je pense que j'ai tellement mal qu'il peut le ressentir. J'ai mal dans la poitrine, ça se serre. Comme quand moi je l'attendais mais en pire. C'est gamin, de faire exactement la même chose que ce que je lui reprochais. Mais si Jérémy était terrorisé par entendre les autres, moi je les déteste de ressentir. J'ai peur et je suis en colère, et j'ai aussi découvert que tout ça me rendait profondément malheureuse et que peut être c'était là mon Vide. Mais l'entendre me rappelle que j'vaux pas mieux que mon chaton blond, et ça m'fait serrer les dents, ça m'fait mal. Je suis désolée Jérémy, je suis tellement désolée. Mais j'suis incapable d'encaisser ce qu'il ressent. Juste m'imaginer une seconde devant lui et ressentir lui, quoique ce soit, positif ou pas, je serai incapable de l'encaisser. J'suis déjà moyennement capable de gérer mes propres émotions le concernant, mais alors les siennes en plus, c'est mort.

J'essaie de parler calmement, c'est difficile avec le chaudron bouillonnant en moi.

Je ne veux pas que tu m'emmènes à manger. Je vais me débrouiller.

Non, non même moi j'suis pas convaincue. Enfin si, j'vais me débrouiller, survivre seule je sais faire, non non ce pouvoir de mort j'veux dire. J'vais pas m'en débrouiller.

Nicolas commence à me parler, je serre encore plus les dents. Il s'en fiche, que je sois en colère, je le ressens, il est calme et il s'en fiche, et moi je me noie dans ma propre colère, et ça me fait mal de le ressentir à lui. Parce que ressentir me fait mal. Mais il me dit qu'il me fait confiance. Je serre les points, deux petites gerbes s'en échappe et roule sur mon corps pour s'éteindre dans la terre. Je parle trop fort, je suis en colère, je suis aggressive, mais je sias pas trop envers qui. Probablement envers moi-même.

C'EST A MOI QUE CA FAIT MAL NICOLAS. Bordel j'ai pas envie de répandre ma haine à tout le monde parce que personne ne la mérite au monde, alors ok putain ça te va, TRES BIEN. Mais moi j'ai mal, ça me fait mal ce que tu ressens, TOUT CE QUE TU RESSENS RENTRE DANS MON CORPS ET DANS MA TETE ET CA ME FAIT MAL NICOLAS JE RESSENS PAS TOUTE CETTE MERDE D'HABITUDE. Ca me fait mal de ressentir tout court, ça me fait mal tellement je suis en colère.

Je ne recule pas, je ne m'avance pas, je suis ancrée au sol, les jambes à peine écartées, prête à bondir s'il le fait, pour résumer à quel point je suis tendue. Je sais qu'être Morphe c'est pas évident, je le sais bien, et j'aurai sincèrement envie de l'aider, ça aussi, je le ressens, ça me calme une fraction de seconde, avant que je m'énerve de nouveau. Pourquoi il a ce pouvoir,c 'est pas juste que ça lui fasse mal, j'ai pas envie qu'il ait mal, je l'aime et je voudrais qu'il se sente bien, c'est frustrant, je suis frustrée, je déteste ressentir la frustration aussi fort, ça m'énerve, pourquoi il est là, pourquoi il est si calme... Et je me noie de nouveau.

On avait déjà parlé colère avec Nicolas. J'avais vu un bout de la sienne, un bout de sa rage, compris une part de lui, j'avais laissé entendre la mienne, seulement à travers ma froideur et qui je suis normalement. Ma vraie colère, elle est là.

Rien de ce que je ressens n'est valide, rien de ce que je ressens actuellement n'est réel, tout est tellement amplifié que j'ai juste envie de brûler tout ce qui m'entoure et d'étouffer la moindre source d'émotion. JE VEUX PAS PRENDRE DE DISTANCE MAIS JE NE PEUX PAS VOUS VOIR. En fait, si, je veux voir personne, c'est même pas personnel, alors j'en sais rien, quoi vous dire.

Je repense à Ariana qui a tout le temps mal, elle aussi, mais qui ne se plaint presque jamais, à Adé, qui le combat et parle comme elle peut, à Asb, qui fait tous les efforts du monde pour me rendre heureuse en priorité même de ses propres angoisses, à Alice qui ne parle jamais de ses propres problèmes si on ne le lui demande pas, à Jérémy, Jérémy qui a fait tout ce qu'il a pu pour gérer sa terreur en restant tout de même dans un endroit où je pouvais avoir des nouvelles, Jérémy qui m'accepte toujours comme je suis.  Et je sais encore moins quoi dire. Je m'avance très légèrement.

Je comprends rien à ce qu'il se passe, j'ai l'impression d'avoir 16 ans et d'être de nouveau en fuite de tout, en traque de tout, j'ai mal, j'ai peur, je suis en colère, e suis tellement en colère Nicolas j'aurai presque envie de frapper des gens juste pour les voir souffrir parce que moi j'ai mal, c'est horrible, ça me dégoute, JE ME DEGOUTE ET JE SUIS EN COLERE PUTAIN DE MERDE.

J'ai terminé en japonais, j'suis en roue libre c'est bon.



Hrp : Pardon pour l'incohérence de ses propres uhu elle est si perdue j'ai honte pour elle TT

ARG. AÏE. PUTAIN Elwynn pourquoi tu as si mal d'un coup ?! Parce qu'on parle de Jérémy c'est ça et OOOOOOOOOOOOH NOOOON je veux rien à voir dans cette histoire moi ! J'ai juste fait passer le message ! Bordel Mymy tu vas passer un sale quart d'heure quand je vais rentrer ! Ma main va automatiquement serrer mon cœur et je me fais mal tout seul à cause de mes griffes... Bon ça a le mérite de me ramener à mes propres émotions. Je déglutis et prends une inspiration, El' dit qu'elle peut se débrouiller pour manger.  Putain je le sais ça ELWYNN ! JE SAIS qu'on peut survivre mais vivre de manière SAINE NON ! Ouuuh respire Nico tu peux le faire. :

-Je sais. Je passerai quand même. Laisser des nutriments qui te manquerait.

Merde ça y est on fait pas des phrases complètes, je déteste ça. Je passe ma langue sur mes lèvres et mon instinct purement animal me fait reculer... les quatre pattes au sol pour sprinter au cas où. Elle parle fort, sa colère surpassant tout mais je reste stable... parce que c'est ce que je connais le mieux. Mes pupilles se dilatent tandis que je comprends pourquoi elle souffre... Être Sensitif peut être terrible dans ce sens, je sais de quoi je parle. Et nous aussi on pensait que ce qu'on ressentait n'était pas valide ; on a blessé, on a tué... Elwynn c'était bien pire... Et est-ce que ce n'est pas plus terrible de ne pas se sentir coupable ? Juste de se dire, "j'ai survécu" et que tout le monde l'approuve ?... Être un survivant après tout, c'est incroyable...

Je secoue la tête, faisant virevolter mon pelage noir alors qu'elle finit par parler en japonais... Je réussis à traduire avec mon expérience de la fac. :

-Oh nooon ouaiiis vouloir taquer et faire souffrir les gens c'est horrible ohlala... ça me dégoûte moi aussi beeerk...

Son ton est clairement ironique. Mais il continue sérieusement. :

-Meuf je sais que j'ai qu'une vague idée de ce qui a pu t'arriver dans la vie, et de ce que tu ressens à ce propos parce que t'es hyper douée pour neutraliser tes émotions de base. Mais ce que je sais, c'est à quel point on peut être dégoûté par ça, à rencontrer des gens biens. Merde j'ai failli crever à cause de ça ! Alors ouais tu sais pas ce qu'il se passe, ouais tu sais pas si tu veux partir ou souffrir et la seule chose dont tu es sûre c'est cette colère qui t'abîme au fond de toi MAIS nous ce qu'on sait, c'est qu'on est toujours là !

J'ai du mal à sentir ma mâchoire, mes canines sont celles d'un loup plus que d'un humain. :

-Alors t'as rien à dire c'est clair ?! J'ai pas de solutions et je suis désolé mais je sais que tu peux la trouver, toi. Si t'étais en fuite j'aurais jamais pu te trouver, je suis pas con. Tu ne PEUX pas nous voir, on a pigé ! Fais ton truc, nous, on sera derrière que tu le veuilles ou non ! Merde !

Je tripote le bout de mon nez... c'est une truffe. :

-MERDE ! Qu'est-ce que tu fous ?!

HEIN ? NON mais OH c'est forcément ma faute ? J'veux juste aider Elwynn moi ! Mais moi aussi ! Alors c'est peut-être toi le Loup kestu m'emmerdes ? :

-GRAH !


HRP : Oui Nico se parle tout seul à la fin, déso il commence à craquer XD ! Bon je vais faire une pause jémalodoua tmtc.

Malgré ma colère envahissante, qui s'auto-nourrit, je sais que si Nicolas décide de faire quelque chose, il le fera, et c'est pas moi qui l'arrêterait. Je ne dis rien de plus, ça ne sert à rien, je vais juste avoir encore plus envie de l'écorcher vivant, et déjà que je déteste ressentir ça, j'ai pas envie d'empirer les choses. Mais j'ai vraiment envie de TOUT brûler. Et alors que j'explose, il écoute tout, il recule à peine, ça nourrit ma colère, y a aucune raison pour que le fait qu'il ne recule pas m'énerve, mais je suis déjà à bout, le moindre détails m'irrite au plus haut point.

Et il me répond avec la pire ironie du monde. J'vais te brûler la gueule Nicolas.

Ta gueule.

Ca part tout seul, j'ai même pas crié. On part bien du principe que quelque soit sa réponse, j'aurai pas aimé, mais celle-là touche à mes vraies émotions, j'aime pas être comme ça, j'ai 0 envie qu'on en rit, j'aime pas du tout. J'ai envie de lui crier au visage plus fort d'autre chose, mais j'essaie de l'écouter. Ils seront toujours là.

Ils seront toujours là.

Pourquoi bordel de merde. Nicolas est en colère lui aussi, probablement influencé par la mienne, mais il est là. Il est là. Il est là comme quand j'ai décidé d'être là pour Asb. Mais j'ai raté. J'rate tout. J'me déteste. Pourquoi j'rate tout. Pourquoi ils restent si moi j'rate à être un amie cool. J'ai jamais rien fait de vraiment bien pour eux. Pourquoi ils me supporteraient dans cet état ? Je ne les supporterais pas dans cet état.

Alors pourquoi tu viens. Pourquoi tu viens si t'as pigé que je peux pas, que je veux pas vous voir ? Pourquoi tu viens si tu sais comment ça fait mal bordel. Pourquoi tu laisses pas un mot. Pourquoi tu m'cherchais.

Il galère d'un coup avec son pouvoir, j'absorde sa panique d'un coup, je recule de plusieurs pas, avant de poser mes mains sur mon visage. Respire. Respire. J'approche la crise d'angoisse, c'est un plaisir vraiment j'adore ce pouvoir DE SES MORTS LA. Je respire. Ok. J'ouvre les yeux et regarde Nicolas. Il galère. Je recule encore pour ne pas sentir trop sa panique.

Comme à l'entraînement. Respire Nicolas. Ressens ton corps. Laisse ta transformation aller au bout et reprends le contrôle. Respire.

Respire toi-même conasse t'es au bords des larmes putain.

Stop. Il y a un instant en suspens quand Elwynn nous dit "ta gueule", on le ressent jusque dans nos tripes. Ça ne fait pas mal, ce n'est pas aussi difficile que ce qu'on pourrait croire. Même si elle le dit avec toute l'animosité qui l'habite, quelque part, on sait qu'elle ne le pense pas vraiment, ou qu'elle le regrettera plus tard. Alors on pose nos pattes sur nos lèvres, légers comme les ailes d'un colibri. On en profite pour inspirer profondément, calmement, au lieu de bloquer notre respiration. On veut se sortir du cercle de la colère ; oui, c'était une émotion familière mais il fallait s'en défaire maintenant. Jusqu'au moment où Elwynn voudra nous entendre.

Je peux pas répondre tout de suite à sa question, j'avoue qu'on panique facilement si on nous met face aux émotions qui nous ont trop longtemps tourmenté. Mais avec ses conseils... Oh bien sûr que dans son état elle arrive encore à nous soutenir... Avec ses conseils on arrive à trouver une forme de paix, dans cet apparence hybride de loup et d'humain. Plus loin que l'animal, plus proche que l'homme.

Je n'ai rien à lui dire. Déjà parce qu'elle m'a dit "ta gueule", et je ne veux vraiment mais alors VRAIMENT plus parler. Parce qu'elle l'a demandé, qu'elle me l'impose ou non. Ce en quoi je crois va au-delà de nos pouvoirs, sinon je ne serais jamais sorti de ma chambre en tant que Loup. Ce que j'écoute va bien au-delà de ce que j'entends, sinon je n'aurais pas été Sensitif je pense...

Je réponds à ses questions avec des gestes une fois que je me sens plus stable : Jérémy m'a dit qu'on pouvait trouver de quoi survivre dans les bois, mais qu'il fallait le cuire dans tous les cas pour éviter les maladies. Alors je sors le briquet pierre-à-feu en premier, on s'est réuni avec certains membres de la Cool Patrol pour savoir comment aller un feu en toute circonstance. On avait peur qu'un briquet électrique perde de sa batterie, alors on a opté pour une pierre-à-feu. Du coup, on a acheté une poêle et une casserole. Ça parait débile mais ce sont des ustensiles importants. Jérémy dit qu'à cette période de l'année, c'est facile de trouver des féculents dans les bois... Alors il a salé des morceaux de viandes séchés pour les protéines, Alice a fait des légumes sous vapeurs et Aria a précisé qu'il fallait un peu de sucres alors il y a un tupperware avec des cookies. J'étale tout ça devant Elwynn sans rien dire.

Je suis le premier à savoir que tout cet étalage d'affection peut faire mal. Quand je me droguais, je voulais juste disparaître. Souffrir dans ma solitude, au lieu de faire souffrir les autres, était ma façon de gérer mes émotions. Et je le comprends d'autant plus maintenant. Ma voix est un murmure. :

-Parce que même si tu ne le comprends pas, on tient à toi. Et on veut que tu restes en bonne santé, même loin de nous... Alors je viendrais. Au moins une fois par semaine, pour te donner de quoi manger équilibré. On aura pas besoin de se voir si tu veux, je pose un sac quelque part pour toi.

Il faut que je reste serein. Même si les émotions d'Elwynn m'envahissent. Plus que mon devoir, je lui dois au moins ça, pour toutes les fois où elle m'a aidé. Nous cherchons la paix que nous connaissons. Je suis plus que le loup qu'on m'a demandé d'être. Elle aussi... j'en suis certain.

La panique de Nicolas me fait mal au ventre à avoir envie d'en vomir, elle tord les entrailles, me fait serrer les dents, découvertes. Mes deux poings fermés appuient fort sur ma poitrine alors que je ne lâche pas des yeux. J'ai mal, mais j'respire, toujours. Je sais que c'est pas mes sentiments, mais la gifle qu'ils me mettent est clairement pas négligeable. C'qui a de bien au moins, c'est que ça a aussi mis une baffe à ma colère passive. Il se calme doucement, parvient à un état stable. Je suis autant soulagée pour lui que pour moi, mais j'mets encore du temps à relâcher la pression de mon ventre. Quand j'vous dis que je putain de déteste ce pouvoir de mort et que je maitrise rien.

On prend le temps de se calmer, et puis il amorce un mouvement qui me fait immédiatement retourner sur mes gardes. Difficile à dire qui de nous deux ressemble le plus à une bête sauvage. Je le vois sortir une pierre à feu, je fronce les sourcils. Et puis j'capte.

Jérémy. Evidemment. Il étale tout devant moi. Ils ont dû tous y participer. Parce qu'ils sont là quoiqu'il arrive, même quand moi j'suis pas là. Je plante mes ongles dans la paume de ma main. Voilà, voilà c'que c'est des potes. Connasse. Arrête, t'énerve pas, parce qu'après j'serai plus capable de me calmer. Respire. Y a de quoi manger pour plus d'une semaine, mais j'suis persuadée que Jérémy, et Nicolas du coup, insisterons pour que je mange correctement quoiqu'il arrive.

Et les paroles du Morphe me le confirme. Je me redresse doucement, pour être debout sans position de défense particulière, en fixant tout ce qu'il a étalé par terre. Je suis sur une bascule, j'peux tomber dans trop d'émotions fortes là de suite, j'me force à respirer, à bloquer ce que je ressens, comme avant, à la ville. Ca fait mal, ça fait si mal.

Trouve-moi ici.

C'était dur à dire.

Quand tu viens, trouve-moi ici. Je garantis pas de me montrer.

Mais j'prendrais ce que vous m'apportez. J'vous dois au moins ça. Un minimum de reconnaissance. Je me mords la lèvre. J'ai beaucoup vu Nico pleurer, enrager, est-ce qu'il m'a seulement déjà vu en aussi piteux état ? Je détourne le regard. Je peux pas m'approcher pour tout récupérer tant qu'il est là. Je croise les bras, comme pour retenir toute animosité, envie de me battre. C'est mes larmes qui montent du coup, parce que quoiqu'il arrive, je déborde de trop d'émotion, alors faut que ça sorte. Et jav c'est pas mal si je marrave pas mon pote quoi. Je souffle, alors qu'une espèce de tristesse chelou m'envahie. En fait c'est beaucoup de choses dont du dégoût de moi-même mais c'est tellement trop que j'm'en rends pas bien compte, ça coule partout dans mon corps et j'essaie juste de pas trop l'imposer à Nico.

Merci...

J'inspire calmement, je concentre mes sens sur le tangible pour me détacher des émotions. Mon oreille de loup tressaille brièvement quand Elwynn se redresse ; j'ai écouté le son des feuilles mortes, tout léger, au lieu d'écouter le torrent d'émotions fortes qui habite son corps et se déverse partout autour de nous. Je ferme les yeux, de soulagement je pense, quand elle me dit que je peux la trouver ici, si tant est qu'elle vienne. Ça a l'air de rien mais en vrai, c'est super. C'est même plus que super. :

-Si t'es pas là, je laisserai un sac dans un arbre du coin...

Sous entendus, si tu te détestes au point de pas vouloir te montrer parfois, je ne te chercherai pas. Je viendrai, et je repartirai, c'est aussi simple... Elle sait qu'on est là, qu'on comprend qu'elle peut se débrouiller mais qu'on la laissera pas pour autant.

Elle croise les bras et j'ai un léger sursaut, réalisant que si elle ne ramassait pas ce que j'avais déposé, c'est qu'elle ne voulait pas s'approcher plus... Je recule jusqu'au tronc le plus proche pour m'y adosser. ...Elle nous dit "merci". Pas qu'à moi, je sens d'instinct que c'est bien plus que ça. Je bats des paupières comme si j'étais sur le point de pleurer, secoue la tête autant que ma queue fouette l'air derrière moi, un bref instant, avant que je retrouve la paix au fond de moi... ...Je vais bien. :

-Pas d'quoi. je marmonne. ...Je vais te laisser si tu veux. Est-ce que tu as besoin que je t'emmène quelque chose de particulier pour la prochaine fois ? Genre... un imperméable ou ch'ais pas...

Je n'avais aucune idée de ce qu'avait emporté Elwynn, si elle avait amené quoi que ce soit dans sa fuite dans les bois.

Lentement, je reprends totalement la forme d'un loup noir, massif. Je pousse un soupir une fois fait ; je me dégoûte sous cette forme, c'est la confirmation même que je suis ce que je déteste le plus au final... Mais c'est moi. Et ce moi horrible avec lequel je m'efforce de vivre a permis aujourd'hui que je retrouve une amie, peut l'aider de loin,... J'ai un sourire animal pleins de crocs pour Elwynn... Oof, ça doit être bizarre de voir ça.

Je hoche la tête lentement. Il peut laisser, je prendrai. J'leur dois au moins ça non ? J'serai juste pas forcément le meilleur état quoi, donc faut pas compter sur moi pour me montrer. Je sais qu'il ne me cherchera pas. J'lui fais confiance pour ça. Enfin j'sais qu'à part avec certains pouvoir c'est aussi plutôt compliqué de me trouver, y a des instints comme ça, ils resteront toujours. Il finit par reculer doucement pour me laisser récupérer les affaires. J'mets un moment avant d'oser avancer, j'suis toujours à la limite de pleurer ou de tout brûler, mais apparemment je gère pas trop mal le jeu d'équilibriste là de suite. Je m'en veux de lui imposer ça.

J'ramasse doucement les affaire qu'il m'a amené avant de reculer de nouveau. Quand il me demande si j'ai besoin d'autre chose, ça remonte d'un coup, un peu trop violemment. Je tourne la tête en serrant les deux, les larmes affluants dans mes yeux. Eh les gars c'est fou de pas gérer un pouvoir à ce point et de tout se prendre dans la gueule comme ça là. Non mais j'vous jure ça devrait pas être légal en fait aled. Je fais non de la tête lentement. J'ai l'impression que si j'ouvre la bouche je vais juste hurler de douleur, ou lui hurler dessus. Et j'ai envie de lui infliger ni l'un ni l'autre. Ca m'fout la honte aussi j'crois. Tu sais, ce truc de t'as pas envie que les autres te voient vulnérable. Physiquement j'en ai pas grand chose à foutre, mais là c'est la première fois que j'suis autant exposé, émotionnellement. Et c'est pas une partie de plaisir du tout. J'ai honte qu'il me voit comme ça. C'est con, c'est mon ami, j'suis complètement con, je suis DEBILE.

J'me rends compte que c'est pas aidé parce qu'en fait Nicolas ressent aussi du dégoût. Super dude vraiment. Non ok, je m'énerve pas, il a bien le droit de ressentir comme il peut mais PUTAIN ce que c'est chiant ce pouvoir de merde. Je tourne la tête et je me rends compte qu'il est complètement transformé. Mes joues pleines de larmes se laissent aller pour lui rendre un drôle sourire, à moitié grimacé aussi. Je hausse les épaules avant de lâcher.

Tu sais, j'trouve que t'es pas si horrible en loup. Tu m'ressembles un peu.

J'parle de cette forme que je maitrise maintenant pratique aussi longtemps que le tigre ou le renard. La forme de louve aux yeux gris. C'est marrant non. Qu'on s'ressemble lui dans son horreur, et moi dans ce qui me rend le plus à l'aise. Et inversement. Ahaha. Ironie de merde.

Elwynn pleure. Comme tout le monde en fait, y'a rien de surprenant. Rien de surprenant à ce que la honte fasse écho au dégoût et que ça s'entrechoque aisément dans les corps de ces deux-là, ceux qui n'arrivent pas à se montrer vulnérable. Nicolas a appris un peu, mais les habitudes ça reste, c'est gravé dans la chair comme ça le serait mêlé dans le métal d'anciennes épées forgées qu'on aurait fondu à nouveau pour en faire un objet plus quelconque. Un pot, une casserole, un bijou,... Ça porte la trace de batailles innommables.

Quand elle me dit que je suis pas si terrible en loup, j'ai un souffle qui s'échappe de ma truffe. J'ai envie de lui dire que c'est pas si horrible alors, de lui ressembler un peu mais je préfère me taire... Il n'y a que le mouvement de ma queue qui peut trahir le léger baume qu'elle vient de poser sur mes anciennes peurs. On n'est pas si horrible... alors y'a toujours moyen d'espérer, n'est-ce pas ?... Je pars dans les bois sans me retourner et à mesure que je m'éloigne je sens le manque. Ça faisait longtemps, ça me prend comme une aigreur d'estomac, j'en ai du mal à maintenir ma forme complète.

L'impuissance... Je sais qu'Elwynn peut se débrouiller, mais la savoir aux prises avec ses émotions qu'elle rejette,... comme moi... Merde.

J'ai même pas vu que j'étais déjà devant la porte de la maison, je ne l'ai réalisé que lorsque Jérémy a ouvert la porte en me demandant si j'avais trouvé Elwynn... J'ai pas la force de répondre. Je m'avance d'un pas et je pose ma tête sur son épaule. Je l'entends marmonner un "Je suppose que c'est un oui" et j'ai envie de lâcher un rire. C'est ce que tu as fait hein ? ...Non pas vraiment. J'ai lâché un sanglot et aussitôt Jérémy a posé une main dans ma nuque, faisant tressaillir mon oreille de loup. :

-Eh, eh, shhsh... C'est fini. Reste pas là, viens.

Je crois qu'il me porte, je crois que je m'accroche... Je suis fatigué mais je dois faire mon rapport... Jérémy m'interrompt à peine j'essaie, il dit de raconter tout ça plus tard. Il me demande si j'ai envie de quelque chose en particulier ; un chocolat, un café, ...? J'aurais aimé qu'Elwynn soit là, que tu lui poses cette question. Qu'elle se sente rassurée à ma place. :

-Un café.

...'fait chier.