## Ven 27 Mar 2020 - 18:19 | ||
Aaron Williams Messages : 3927 Date d'inscription : 28/02/2011 Emploi/loisirs : Prof de maths et papaaaaa ♥ Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ? | jour de l'attentat Ses yeux hurlent sa peur, la terreur qui l'étreint alors qu'elle tombe, encore une fois, sur des nouvelles terrifiantes. Un appel, puis deux, puis trois ; il ne décroche toujours pas. Elle inspire. Respire. Ses doigts s'accrochent à la table basse, son vertige se fait plus phénoménal. Plus violent. Ses yeux humides se ferment, elle contient les larmes à l'intérieur, les sanglots dans sa gorge. Il ne décroche toujours pas… À Boston, il est tard. Encore. Elle est épuisée. Sa journée a été éreintante, et pourtant elle donnerait tout, absolument tout pour ne plus être ici, ne pas avoir à dormir seule. Pour être là-bas. Pour savoir. Pour comprendre. Pour agir. Pour les prendre dans ses bras. Tout, sauf cette attente. Tout, sauf ne pas savoir. Anxieusement, elle attend. Son téléphone posé devant elle, à regarder avec horreur les dernières informations sur la chaîne de news en continu, elle contemple les volutes de fumée qui s'élèvent du mur autour de Terrae. Sa main se passe sur son visage humide. Venir avec lui… Se rend-il seulement compte ? À quel point c'est sur-réaliste ? À quel point c'est dangereux ? Terrifiant ? Et il aimerait lui faire croire qu'il veut élever sa fille là-bas ? Se marier là-bas ? Fonder une famille là-bas ? Est-ce que ce n'est pas utopique ? Malheureusement impossible ? Ramenant ses jambes contre sa poitrine, épuisée, elle s'endort, la télécommande serrée dans sa main. Une sonnerie insistante la réveille. Encore plus tard. Ses yeux collés par les larmes peinent à s'ouvrir ; elle finit par se jeter sur l'appareil dès qu'elle a compris d'où le son provient ; ce n'est pas celle de son bippeur. —Allô ? coasse-t-elle, la voix bloquée. —C'est moi, fait la voix d'Aaron, et son coeur se serre avec force. Excuse-moi… Je te réveille ? Il a l'air épuisé. —Je me suis endormie sur le canapé, chuchote Lou. Tu… Tu vas bien, pas vrai ? Elle l'entend inspirer. Dans son esprit, elle imagine déjà le pire. —Je vais bien. C'est… Quelqu'un a essayé de s'en prendre à Terrae. On essayait de gérer la crise, je suis désolé de pas avoir répondu… Louisa ferme les yeux, elle inspire. Elle a du mal à respirer, ses poumons lui font mal. Au moins, il est vivant… Il est vivant, et il va bien. —Lou, je… —Ca peut pas durer, Aaron,… Je peux pas tout le temps entendre aux infos que vous avez manqué de vous faire exploser, je suis désolée. C'est trop difficile pour moi… Ses larmes s'échappent à nouveau. Dans le combiné, elle entend la voix de son fiancé se faire plus douce, tenter de la calmer… Mais lui aussi semble sur le point de craquer. Elle veut lui dire "Viens me chercher, et on part ensemble sur une île déserte… Je veux plus jamais vivre ça". Pourtant, aucun mot ne sort. Elle se contente de respirer. De reprendre au mieux son calme. Être une adulte. —Il y a des blessés ? arrive-t-elle à articuler. —… Mitsuki, oui. Elle se fait encore opérer. Et quelques autres personnes, moins gravement. Un long bruit blanc prend place dans la tête de l'infirmière. Quelque chose semble se briser chez lui lorsqu'il prononce ces mots. Elle l'entend à son ton, à sa respiration qui devient plus sifflante. Elle n'a pas besoin de l'avoir face à lui — elle le connaît, elle sait. Le visage souriant de la Master, apparemment suffisamment blessée pour avoir besoin d'aller au bloc, apparaît dans son esprit et lui tire un frisson désagréable le long de la colonne vertébrale. Le bruit blanc ne s'arrête pas. —Est-ce que… est-ce que ça va aller ? —Je sais pas… (Il peine à inspirer.) Je te tiendrai au courant, si tu as envie ? —Oui, bien sûr… S'il te plaît. Lors du Noël de l'année précédente, Louisa a eu la chance de rencontrer Mitsuki ; une femme chaleureuse, enthousiaste et souriante. Toutes les deux se sont tout de suite entendues, surtout lorsqu'il s'agissait de taquiner le pauvre Aaron. Le coeur serré alors qu'elle songe à ce brin de femme, à quel point Aaron est attaché à elle… Elle n'imagine même pas sa peine et son inquiétude. Perdue dans ses pensées, elle sursaute presque lorsqu'Aaron reprend : —Est-ce que tu veux qu'on reparle demain ? T'as l'air épuisée… —Non. Juste… Reste quelques minutes, s'il te plaît. Comment vont les enfants ? —Bien. Ils sont forts, tu sais, alors il leur arrivera jamais rien, tente-t-il de plaisanter, même si Louisa sait qu'il doit autant s'inquiéter pour eux que pour son amie. J'ai récupéré Charlotte tout à l'heure, je l'avais laissée avec Tomoe et les autres petits… Elle était un peu perturbée par l'ambiance, mais elle a réussi à s'endormir pour une sieste. —Oh, tant mieux alors… (Il y a encore un silence.) Tu vas réellement bien ? —Je suis pas blessé. C'est promis. Elle donnerait n'importe quoi pour le prendre dans ses bras, là, maintenant. —Tu pleures ? —Ou-ouais. J'ai… J'suis inquiet. Et j'ai peur. C'est… —Vos médecins sont très performants, ça va aller pour Mitsuki, j'en suis certaine. C'est toi-même qui me l'a dit, essaie-t-elle de le rassurer. Quelques minutes de plus passent. Elle répond de moins en moins souvent. —Chérie, tu devrais vraiment aller dormir… Je serai encore là demain. Je te le jure. —Oui… Bonne nuit, alors. Je t'aime. —Je t'aime aussi… —Fais attention, s'il te plaît. Et sur ces dernières paroles, elle raccroche. Ca va aller. Ca va aller… ♪ Si jamais, j'écoute (encore) ça en boucle pour écrire, c'est la seule musique qui passe en ce moment- Dernière édition par Aaron Williams le Ven 27 Mar 2020 - 22:47, édité 5 fois |
## Ven 27 Mar 2020 - 18:47 | ||
Aaron Williams Messages : 3927 Date d'inscription : 28/02/2011 Emploi/loisirs : Prof de maths et papaaaaa ♥ Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ? | les jours qui suivent Le lendemain est une journée chargée comme elle en connait beaucoup. Epuisée aussi bien physiquement que moralement lorsqu'elle arrive à l'hôpital où elle travaille, Louisa se force à être aussi efficace et souriante qu'à l'accoutumée. Dur de ne pas se laisser distraire. Mais ça aussi, ça passe. Tout va bien. Le soir, elle rappelle Aaron. Mitsuki va mieux, mais l'opération a été compliquée. Au moins, elle est en vie ; ils auront plus de nouvelles d'ici le lendemain. Rien que cela parvient à la rassurer. Ils discutent de tout et de rien, du repas qu'ils préparent et du prochain qu'ils prévoient ; ils discutent du temps et du travail, ils discutent de tout sauf de ce qui pourrait être présentement utile. La tension ne s'échappe pas. Elle hésite… mais finalement, se tait. Pas besoin de rajouter de l'huile sur le feu. Les jours passent, les malades et les blessés vont et viennent ; elle se sent seule. Quelques cartons ont déjà été faits ; elle a promis à Aaron qu'elle viendrait. Bien sûr, il lui a demandé un peu de temps supplémentaire (veut-il vraiment qu'elle vienne ou pas…?), qu'il ne soit plus titan. Elle a accepté, comme beaucoup d'autres choses. Bien sûr, elle a commencé à en parler à ses amis et sa famille, afin de prévenir de son départ. Elle va partir parce qu'elle souhaite être avec l'homme qu'elle aime. Malory est ravie, le reste du monde pas vraiment. Et encore, ils ne savent pas où elle va… Le mois de mars avance, la grippe remplit les lits d'hôpitaux.Quelques verres, un peu de temps avec ses amis à l'extérieur d'un bar, quelques rires qui s'échappent. Le temps, c'est assez subjectif ; au moins, elle n'a pas le loisir de s'ennuyer. Mais quelque chose la dérange toujours. Le choc, sans doute. Elle a prévenu son employeur de son départ fin mars, elle prévient ses collègues. Les amis se retrouvent ensemble pour boire un énième coup ensemble, profiter des derniers moments. Malory est avec eux, petit verre de vin tranquille à leur table, pendant que leurs collègues discutent non loin en riant, debout à l'écart de leur table. Malory et elle discutent de ce qu'il s'est passé, Lou lui expose ses doutes ; est-ce que je dois aller là-bas ? J'ai un peu peur, avec cet attentat… Et ces "pouvoirs" ; ce mot qu'elle ne peut pas dire, mais qu'elle pense si fort. —Hé. Tu l'aimes, nan ? Je veux dire, ok, c'est flippant avec ce qu'il se passe, mais… Ca arrive pas tout le temps, non plus. —Pourquoi, il vit où, ton mec ? demande Cecilia, une collègue, qui vient de se rassoir à leur table pour reprendre sa bière et se réinsérer dans la conversation. —Ah, hm, c'est… un peu compliqué ? répond Lou. —Oulah. Rassure-moi, il vient pas d'Iran ou je sais pas quoi ? —Cecil ! s'exclame Malory, les yeux lançant des éclairs. —Non, c'est pas… Ne t'inquiète pas, ok ? —Nan mais, j'vous entends parler depuis avant, vous parliez d'un attentat… Rassure-moi, c'est pas cet endroit chelou avec les pouvoirs ?! Cecilia avait dit cela sur le ton de la rigolade, mais le visage de Lou s'est complètement décomposé face à elle. L'autre infimière, qui s'esclaffait, manque de lâcher sa bière sous la surprise, écarquillant les yeux. Elle n'est pas la seule à réagir. Ivan semble se réveiller, lui aussi. —Non, attends, tu déconnes ? Y avait bien une rumeur qui courait, mais… Tu te tapes vraiment un taré de là-bas ? —Okay, Aaron est pas un putain de taré, parle pas de mon pote comme ça, gronde Malory en reposant vivement son verre et se levant d'un bond, comme pour les intimider. Qu'est-ce que ça peut te foutre ? —A-arrête, att-… commence Lou, qui attrape sa manche. —Wow, non mais. J'sais pas si tu te rends compte. Ils ont des pouvoirs et ils enlèvent des gosses ! Pourquoi tu veux aller là-bas ?! Ils vont vouloir te faire rentrer dans leur secte… Ou pire ! —Cecilia, arrête-toi là, siffle finalement Louisa, retenant Malory qui commence à s'avancer. Tu les connais pas… Ils sont pas… Les gens ne les comprennent pas, d'accord ? Ils ne sont pas dangereux, ils aident ces enfants… —Oh putain… Donc ils t'ont vraiment lavé le cerveau, en fait. —Mais qu'est-ce que ça peut te faire, sérieusement ?! —C'que ça peut me faire ?! Non mais désolée, c'est comme si elle se tapait un terroriste ou un pédophile, moi j'peux pas. (Elle se retourne vers Louisa.) C'est pour ton bien qu'on te dit ça ! Blanche comme un linge, Louisa repose elle aussi son verre et, d'un geste brusque, se lève et prend sa veste sur sa chaise. Gardant la manche de son amie serrée dans sa main pour l'obliger à la suivre, elle tourne les talons. Malory est bien forcée d'avancer dans le même mouvement, mais elle se contente de lancer un regard mauvais à ses collègues et pas de leur coller son poing dans le visage. —Mais quels connards !! J'y crois pas… … Lou, ça va aller ? —Ca va aller, souffle-t-elle, l'esprit complètement vide. Elle ne tarde pas à rentrer chez elle, fébrile. L'agacement est présent, la colère aussi. Pourtant, elle n'arrive pas à ressentir pleinement, complètement, elle se sent complètement vidée de toute énergie. L'angoisse de devoir retourner au travail la cloue au sol. Et les prochains jours, tout empire. Les regards en coin. De ses collègues infirmiers, puis des médecins. Ces sales pipelettes qu'elle pensait ses amis ont tout lâché. Elle ne dit rien. Elle continue à bosser. Elle sourit. Elle encaisse. Vraiment, elle ne dit rien. Ça va aller. |
## Ven 27 Mar 2020 - 19:42 | ||
Aaron Williams Messages : 3927 Date d'inscription : 28/02/2011 Emploi/loisirs : Prof de maths et papaaaaa ♥ Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ? | environ deux semaines plus tard Elle ne dit rien. Elle encaisse. Jusqu'à ce qu'elle remarque cet homme, toujours dans le coin de son champ de vision… Au début, ce n'était pas constant. Elle l'a vu l'une ou l'autre fois à l'hôpital, sans doute se disait-elle qu'il s'agissait d'un patient. Et puis, elle a commencé à le voir ailleurs. D'abord dans la rue, dans son supermarché, puis près de chez elle. Un soir, elle comprend qu'il la suit. Elle a d'abord pris un chemin différent de d'habitude, avec plus de monde, afin de pouvoir le semer dans la foule, et pouvoir appeler à l'aide en cas de problème. Le pas rapide, elle trace jusqu'à chez elle ; elle referme la porte de l'immeuble derrière elle. Voilà. Elle est en sécurité. Lentement, elle souffle et commence à grimper les marches jusqu'au deuxième, où elle vit. Son sang se glace dans ses veines lorsqu'elle entend la porte se rouvrir, et des voix se saluer, se remercier. La gorge sèche et les mains tremblantes, elle accélère encore le pas jusqu'au seuil de sa porte, cherchant ses clés alors qu'elle grimpe les dernières marches. Elle peine à l'insérer dans la serrure. Vite… Vite… La porte s'ouvre, elle s'engouffre dedans et referme le battant sans attendre. Sauf qu'un pied bloque la fermeture. L'homme à qui il appartient rouvre la porte, offrant un sourire à Louisa. Grand, fatigué, fébrile. Le cerveau de Louisa complète cette série d'adjectifs : dangereux. —Bonjour, excusez-moi ! Vous êtes Miss Parker ? —Ou-oui, bonjour. Qu'est-ce que… Je peux pour vous ? Il ne lâche toujours pas la porte, elle non plus. Elle est trop terrorisée pour le quitter des yeux. —J'aurais quelques questions à vous poser ! Je peux entrer ? —… Excusez-moi, mais je ne préfère pas. Des questions à quel sujet ? Qu'est-ce qu'elle doit faire ? Le menacer ? Lui dire qu'elle sait qu'il la suit ? Lui dire qu'elle a déjà appelé la police ? Crier ? —Ah, mince, oui, je comprends… Ca ne prendra qu'une minute ! Ou sinon, nous pouvons aller prendre un verre ! —Je suis désolée, je ne peux pas vous aider, répond-elle en tentant de refermer la porte. La poigne de l'homme sur la porte l'en empêche, malgré la force qu'elle y met. Ses yeux brillent de colère contenue. Il attrape son poignet pour essayer de la tirer à l'extérieur. Elle se met à se débattre comme une forcenée. —Il paraît que vous connaissez Terrae ! On veut juste vous poser des questions, nous obligez pas à vous faire du mal ! —Non ! Laissez-moi, ne- ne me touchez pas ! Aidez-moi ! —Vous avez intérêt à- Soudainement, Lou lance son pied dans les parties génitales de l'homme, qui recule en se pliant suffisamment pour qu'elle puisse claquer la porte et la fermer à double tour. Tremblante et la respiration sifflante, elle reste appuyée contre le montant de bois un moment. Des coups y sont portés, l'obligeant à reculer et se préicipiter sur son téléphone pour appeler la police. Lorsqu'ils arrivent, l'homme est déjà parti. Elle dépose une main-courante avec sa description physique. Les caméras de l'immeuble ne donnent rien, c'est comme si elles avaient été désactivées d'avance. Encore en état de choc, la tête entre les mains, elle espère tout simplement que tout cela est un cauchemar, et qu'elle va finir par se réveiller. Les questions qu'on lui pose sont interminables. Elle n'en peut plus. Elle ne peut pas dire qu'elle connait Terrae. Elle n'ose plus sortir. Est-ce qu'elle peut aller travailler ? Est-ce qu'elle doit appeler Aaron ? Qu'est-ce qu'elle doit faire ? Elle ne peut pas l'inquiéter… Il a tellement de travail… Peut-être que ce n'est qu'un illuminé… Il lui faut réfléchir… Il lui faut dormir. Elle ne dort pas. Le lendemain matin, une enveloppe craft dans sa boîte aux lettres. Un petit appareil étrange, ressemblant à un vieux téléphone qui s'allume lorsqu'elle le touche. Un post-it : regardez les photos. Tremblante, elle ouvre les photos stockées dans l'appareil. Une photo d'Aaron et elle, buvant un verre et souriant ensemble à une terrasse. Une photo d'Aaron aux côtés d'un homme roux, près de la carcasse en feu d'une voiture, le jour de l'attentat. Une photo de ses parents avec une cible sur le front. Douche froide. C'est toujours blanc dans sa tête. Elle n'arrive plus à respirer. Un message s'affiche à l'écran : "On vous contactera." L'appareil étrange retombe sur le plan de travail. Comme un fantôme, elle attrape machinalement son propre téléphone qui vient de sonner. Malory. —Oui ? répond-elle, robotique. —Meuf c'est super grave !! Est-ce que ça va ?? Je vais vraiment tuer cette salope de Cecilia, je suis sûre que c'est de sa faute !! —De quoi tu parles ? —Tu as pas encore- merde… Attends. Ecoute, assieds-toi, ok ? Je suis en route pour venir, j't'emmène chez moi. —Malory ? De quoi tu parles ? Elle n'arrive plus à respirer. —Regarde dans tes messages, j'te l'envoie. Je te jure, mais alors je te JURE que je vais la défoncer cette sale pu- Eloignant l'appareil de ses oreilles, elle s'exécute. Incapable de réagir. Incapable de faire quoi que ce soit d'autre qu'obéir. Les photos d'Aaron et elle, et Aaron devant Terrae, dans un journal en ligne. Dans un journal. On sonne à sa porte. —Bonjour, c'est Boston Globe ! On peut vous poser quelques questions ?! Louisa reprend le combiné contre son oreille. Le bourdonnement devient insupportable. —… Il faut que j'appelle Aaron. Non. Non, ça ne va pas aller. |
## Dim 5 Avr 2020 - 21:46 | ||
Aaron Williams Messages : 3927 Date d'inscription : 28/02/2011 Emploi/loisirs : Prof de maths et papaaaaa ♥ Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ? | Ca fait une bonne semaine qu'on a changé de pouvoirs, encore. C'est un peu tendu en ce moment à Terrae, mais les diplomates font un sacré bon boulot. C'est pas encore totalement l'accalmie que je souhaitais, mais au moins, c'est plus trop la misère — et surtout, j'me dis qu'il me reste plus de pouvoirs potentiellement hyper dangereux à avoir, et le pire que je puisse faire actuellement c'est me changer en chat par erreur. On parle régulièrement avec Lou, en ce moment, mais c'est un peu la loose, j'ai l'impression qu'elle va pas bien ? Est-ce que c'est parce qu'elle vient à Terrae, finalement ? J'ai bien vu qu'elle était affectée par l'attentat, et… Je mentirais en disant que je le suis pas encore, trois semaines après. C'est trop peu, et il faut du temps pour ce genre de choses. Alors j'me dis que les choses vont finir par s'arranger, je fais de mon mieux pour être présent pour elle. Mais elle me cache des trucs, et c'est Malory qui me prévient. On en parle. Il paraît que des rumeurs circulaient déjà sur nous deux, mais maintenant que c'est avéré, elle a peur que les collègues se comportent mal avec elle. J'avoue, j'ai pas pensé large sur ce coup-là. J'suis tellement préoccupé par mille choses, entre Mitsuki qui a complètement le moral dans les chaussettes et qui fait la gueule, les garçons inquiets, la petite à gérer, Terrae, les réunions de préfets,… j'ai absolument pas vu ce coup venir. Alors quand Houston me contacte par message pour me prévenir que Lou et moi avons été affichés sur plusieurs réseaux sociaux (notamment des pages réfractaires à Terrae, qui divulguent des tas de conneries) et dans les journaux, j'ai un peu pété un câble. Par un peu pété un câble, j'entends que mon écran d'ordi a explosé à cause de la glace qui s'est formée à l'intérieur et que mon bureau ressemble à un igloo. Ma respiration produit une buée étrange dans les airs. Tremblant, poings serrés sur les accoudoirs de ma chaise, je fixe les cristaux qui s'échappent de l'écran. Charlotte se réveille en pleurant dans sa chambre à cause du bruit, un des garçons vient voir ce qu'il se passe dans le bureau. Je me tourne vers lui, à la fois en colère et hagard, comme complètement à l'ouest. Qu'est-ce qui se passe ? Rien. Rien. J'inspire. —Je vous raconte après. D'un coup, je me lève et attrape ma tour pour la mettre à l'abri d'une potentielle inondation une fois que ça aura fini de fondre, puis je prends ma veste et l'enfile. —Lou a des problèmes, faut que je gère ça. Et sans attendre de réponse de leur part, je prends mon téléphone pour appeler Houston. —Salut, j'ai eu ton message. C'est quoi les infos ? Qu'est-ce qu'ils ont balancé sur elle ? Il y a des adresses ? (Il me confirme, je jure.) Tu peux essayer de m'effacer tout ça ? J'vais aller prévenir Hideko et après j'vais la récupérer directement… je peste, sentant la colère monter en moi. T'as carte blanche, fais ce que tu veux. Et je raccroche. L'échange a été aussi concis qu'informatif et alarmant : il faut que je me bouge le cul, et très très vite. Vu l'heure, Hideko doit être rentrée chez elle. Je m'empresse donc de sonner après avoir couru jusqu'à chez elle : c'est Ryu qui m'ouvre, et vu mon regard, il capte tout de suite que quelque chose ne va pas. Je lui demande si je peux parler à Hideko, parce que c'est urgent ; il ne proteste pas et me laisse entrer. Daisuke, qui s'échappe probablement de son brossage de dents, vient me dire bonjour d'un air trop enthousiaste et je lui réponds un peu dans l'vague, guettant le moment où on pourra parler avec Hideko seul à seule. Nous nous dirigeons vers la cuisine et je décline son offre de boisson. J'suis pas calme, je sais, mais là c'est pire que tout. Je lui montre les photos qui circulent sur le net, les messages haineux, pressant ; il faut faire quelque chose, là, maintenant, on ne peut pas attendre. Tremblant, la respiration sifflante d'avoir couru, je lui demande un rapatriement d'urgence. Evidemment, elle est d'accord : alors je m'apprête à partir… Mais pas seul. Pas seul ? Je suis calme. Je suis capable de me gérer, Hideko. Visiblement pas… J'inspire. Me passer un peu d'eau sur le visage dans la salle-de-bain et appeler Lou, pendant qu'Hideko contacte les autres Masters pour savoir qui est disponible pour m'accompagner. Le répondeur résonne dans ma tête. Je panique. Respire Aaron. Je veux rappeler, mais c'est Louisa qui me rappelle. Elle était en ligne. —Est-ce que tu vas bien ? je lui demande vivement, sans préambule. Elle ne répond pas. Pendant un instant, je crains le pire. —Pas vraiment, souffle-t-elle, un peu trop loin du téléphone. Je serre les dents. —Tu es au courant ? —Je viens de l'apprendre, Malory m'a appelée… Est-ce que- —Je viens te chercher, d'accord ? N'ouvre surtout à personne. —Non, Malory est en route… J'irai sans doute chez elle. Je vais m'en sortir. —C'est hors de question, tu sais pas sur quel taré tu peux tomber dehors ! Je viens te chercher et te mettre en sécurité ! —Mais… Et ma famille ? Imagine-… Elle hésite. Elle se met à pleurer. J'ai envie de tout casser autour de moi, mais je me contiens. —S'te plaît, Lou. On s'occupera de ta famille. Là, il faut te mettre en sécurité toi. J'ai chargé quelqu'un de supprimer les infos qu'il trouve à notre sujet. S'il te plaît. —Les journaux ont déjà relayé les images, c'est trop tard- —Il est jamais trop tard, je gronde, avant de me rendre compte que c'est à la personne que j'aime que je parle, et pas à ceux qui lui ont justement fait du mal. Je reprends d'une voix plus douce : Il est jamais trop tard. Je te promets que je laisserai rien t'arriver. Laisse-moi venir te chercher. Sa voix mouillée de larmes me parvient difficilement à travers le combiné. Putain. Je veux juste pouvoir la prendre dans mes bras… —J'suis désolé de te mettre dans cette situation-là. J'aimerais que tu me fasses confiance… —Je… Je te fais confiance. Viens vite, s'il te plaît… —J'viens vite. Fais attention. Et nous raccrochons. Je jure entre mes dents. Putain, ça va pas être une partie de plaisir, ça, encore. J'envoie un message à Malory : "Ne va pas chez Lou, je la récupère. Te mets pas en danger." Quelques secondes après, je reçois sa réponse type, elle m'étonne pas vraiment : "T'as cru. Grouille-toi." Dents serrées, je ressors de la salle-de-bain pour tomber sur Ryu et Hideko. Les yeux brillants, je lâche, une veine pulsant à ma tempe : —Bon. On a contacté une équipe, c'est bon ? J'les rejoins où ? Je les remercierai demain, pour le moment il faut que j'm'assure de pas péter les plombs. Et encore, je sais pas encore tout ce qu'elle me dit pas. [suite ici] |
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