Vous savez ce qui est rigolo depuis que je suis arrivée à Terrae ? C'est que j'ai fais des efforts pour me reconstruire, essayé de surmonter les difficultés... J'ai rencontré des gens, passé de bons moments. Et là, pouf. Un attentat.

J'ai revu tout ce qui c'était passé chez mes parents... Ces gens qui me traitaient de monstre, mon visage sur chaque écrans de konbini... L'attentat, ça m'a juste cassé en deux, ça m'a remis tout ça dans la gueule. J'arrivais à peu près à contrôler et réguler les visions que j'avais, mais avec ça, j'ai rien pu faire. Je compte plus le nombre de fois où j'ai revu touuuuuute la période où j'ai eu mes pouvoirs, genre l'avant Terrae quoi. Le truc traumatisant. Limite j'ai eu droit à deux Vides.

Je suis presque heureuse d'être télépathe. Mais les pensées des gens c'est une torture... Mais, c'est un million de fois mieux que de rester dans ma chambre et d'être confronté aux miennes. Ici, au moins, si je pleure, je peux me dire que c'est parce que j'ai entendu quelque chose de triste. Ou une critique et pas parce que je trouve plus aucun sens à ma vie, que j'vais dans le mur, que ma famille me manque, que j'ai faillit tuer mon père, que ma sœur de huit ans a vu ça, que j'ai manqué son anniversaire.

Du coup, non, c'est pas pour ça que je pleure et que je suis recroquevillée sur un canapé de la salle commune, des sillons noirs qui fendent mon visage et mes cheveux en bataille. Mais parce que une fille était triste de pas avoir de beurre de cacahuète dans son sandwich.

Je crois que je pleure aussi un peu pour mes cheveux.

[OMG j'ai mis un temps abominable pour te rep j'suis vraiment désolée ;;]

Avant Sari aimait bien les étoiles et l'astronomie. Mais c'était avant. A ce stade elle veut bien développer une haine particulière pour la Lune et les mécaniques célestes. Parce que bon, soyons honnêtes une minute : les éclipses c'est vraiment mais alors vraiment le pire truc du monde. Bon au moins elle est plus Feu maintenant, c'est un peu positif. Mais vraiment toutes les emmerdes qui s'accumulent à l'Institut en plus du bordel de changer de pouvoirs, bah elle s'en serait bien passé.

Depuis l'Attentat de l'autre jour c'est même pire. Elle a pas trop paniqué, elle est restée dans son coin bien sage sans gêner personne mais l'ambiance est assez affreuse depuis. Les gens sont traumatisés et elle les comprend. Pour sa part elle a vécu à Londres assez longtemps pour être relativement calme. Mais c'est pas cool quand même.

Elle imagine même pas les pauvres gens qui se retrouvent avec des pouvoirs de Télépathe ou de Sensitif en ce moment. Au moins en étant Morphe elle est tranquille. Elle sait pas trop ce qu'elle va bien pouvoir faire de ce pouvoir chelou mais elle est tranquille.

La fille qui est en train de pleurer dans son coin sur un canapé de la salle commune par contre… Damn, elle peut pas la laisser comme ça. Elle s'approche doucement et vient s'asseoir à côté d'elle. Elle lui sourit gentiment.

— Hey. Ça a pas l'air d'aller fort. Je peux t'aider ? Tu veux un mouchoir, un verre d'eau ?

Faut s'entraider un peu dans ces moments là. Sari est pas trop du genre à faire des crises de larme dans des endroits publics mais on choisit pas toujours.

[T'inquiète pas, je comprends parfaitement !! Et désolé pour mon temps de réponse aussi ]

Je me suis tendu quand j'ai senti quelqu'un s'approcher. Les gens sont devenues des enceintes à pensées depuis que j'ai commencé à pleurer. Quand j'entends la voix de la personne à côté de moi, je mets un moment à réagir. J'analyse les mots. Le sens. C'est pas des pensées.

Je relève ma tête de zombie maquillée comme une voiture volée et prends une grande inspiration. Je fais de mon mieux pour bloquer les pensées de tous ces gens. Je renifle. Sanglote. J'essaie de parler, mais ça foire. Après plusieurs essais, j'parviens à répondre.

— Euh, je veux bien un mouchoir, si t'as.

Je cache mon nez entre mes genoux, il doit dégouliner comme jamais. Et j'ai la gorge sèche avec ces essais infructueux de prises de paroles.

— Je veux bien un verre d'eau aussi... Désolé... Je... Je veux pas t'embêter trop...

Malaise bonjour. Je suis pas habitué à être dans cette position. Je sais plus comment réagir comme un être humain normal . 

Elle essaye d'avoir l'air rassurante, de sourire gentiment et elle attend que la jeune femme comprenne le sens de ses paroles et qu'elle lui donne une réponse. La pauvre a vraiment pas l'air bien.

Elle acquiesce à sa demande et fouille ses poches pour en sortir un paquet de mouchoirs en papier. Elle le lui tend. Vu les grandes eaux, vaut mieux qu'elle les garde. Elle en a d'autres dans sa chambre.

— Ça m'embête pas. Si j'avais pas envie de t'aider, je t'aurais juste laissée tranquille.

Elle lui sourit encore et se lève avec un tapotement sur son épaule. Il y a des verres et un robinet vers un coin de la pièce et elle revient rapidement avec son butin.

— Tiens. Ça devrait te faire du bien.

Elle se rassoit à côté de la jeune femme en essayant de pas aller trop vite comme elle le fait souvent. Elle a pas envie de la brusquer.

— Moi c'est Sarika. Tu… Tu veux parler de ce qui va pas ? Fin t'es pas obligée si t'as pas envie.

Malaise un peu, quand même. Elle est pas toujours hyper douée pour réconforter les gens. Enfin elle a de l'expérience avec le nombre de personnes qu'elle a du écouter raconter leurs problèmes depuis derrière leur verre mais… C'est toujours délicat quelque part. Puis bon, pas besoin d'être un génie pour deviner à cause de quoi elle doit probablement pleurer. Soit c'est l'attentat et la panique soit c'est le dernier changement de pouvoirs.

J'attrape les mouchoirs du bout des doigts et j'en tire un pour essuyer mes yeux. La trace noire qui s'est inscrite sur le papier ne me réconforte pas dans mon estime de moi. Pourquoi je ne suis pas resté dans ma chambre déjà ?

Ma sauveuse au mouchoir me ramène un verre d'eau, je l'attrape entre mes deux mains en soufflant un remerciement. L'eau qui coule dans ma gorge fait du bien. Bizarrement, ça m'éclaire les idées.

Lorsqu'elle me parle, mes pensées répondent d'abord. J'ai l'impression qu'on ait revenu de me chercher.

— Hm, désolé, nouveau pouvoir. J'ai, eu des mauvaises expériences avant d'arriver.

Le genre fourche et torche. Je peste en sentant les pensées m'échapper. Je rectifie, j'ai horreur de ce pouvoir.

— Et toi ? T'as l'air plus calme que...

Je lance un regard aux gens présents à l'intérieur de la cafétéria, qui sont tous un peu sur les nerfs.

—... Bin, un peu tout le monde.