Je suis partagé entre deux émotions quant à cette mission.
La première : Un certain... Dégoût ? Rejet ? Allergie ? Bol de glaires ? Je suis sûr qu'il l'ont fait exprès en plus ces enfoirés! Je les revois encore: "Oui, Akihiko, on a pas assez de masters, les autres sont en mission, tu serais disponible (notez le FAUX emploi du conditionnel. Je vous traduis : Tu ES disponible!) pour partir en mission, ça nous arrangerait..." Vous savez pourquoi ils ont pris des gants comme ça ? Parce que cette mission implique des créatures sauvages et sanguinaires, une de ces rares créatures bipèdes (quadrupèdes ça dépend de leur stade d'évolution) qui font mentir l'expression "c'est pas la petite bête qui va manger la grosse" : des enfants. Ah mais ouais tiens, des enfants! Vous me proposez une mission où il faut gérer des gosses, super, génial hein... NON MAIS VOUS VOUS FOUTEZ DE MA GUEULE ? Regardez cette tête, regardez mes yeux, vous y voyez un quelconque intérêt ? Une quelconque envie ? Un quelconque destin paternel ? NON! "Mais, te braque pas, ce sont que des enfants, et puis ça devrait pas être trop dangereux" pas dangereux ? Je suis sûr que le mec qui a inventé la bombe nucléaire a dû se dire la même chose berdol! Mais à force de suppliques et de menaces, j'ai fini par accepter.

La Deuxième: C'est au Brésiiiiiil! Le soleil, la chaleur, les gens en maillot de bain, les cocktails, un portugais plus agréable qu'au Portugal parait-il (j'espère parce que les Portugais ont vraiment un accent dégueu), la forêt, des danses trop géniales! Je me prends à espérer secrètement que Orphelinat n'est qu'un nom de code pour désigner une école de Samba ultra réputée. Pitié, si ya un dieu sur cette Terre, entendez ma prière.

Mi-angoissé, mi-heureux, je patiente au lieu de rendez-vous, près des grilles, attendant que mes deux compatriotes de missions arrivent enfin pour que nous puissions décoller. Le temps sera visiblement meilleur là-bas qu'ici (t'façon, même s'il pleut, il fera toujours meilleur lol). Je réajuste mon sac à bandoulière sur mon dos, réajuste ma chemise violette (sur T'shirt jaune canari je vous prie), remet la ceinture de mon jean en place, check ma montre, me rassoit. J'ai presque envie d'aller emmerder Chris tiens... ça fait longtemps.
Finalement tout ce beau monde arrive! J'observe mes deux coéquipiers du jour, hochant la tête en les voyant arriver pour les saluer, puis dès qu'ils sont tous les deux, je lance mon petit rituel de mission.

-Okay les filles! On va partir dans quelques secondes pour entamer la mission, direction le Brésil! (ouais je sais c'est génial). Pas d'inquiétude, on va pas se taper une journée de vol, j'ai chipé un cristal de téléportation avant de partir.

C'est faux évidemment. J'ai suivi les règles hein! Je suis un rebelle, mais rebelle d'honneur gosh!

- Vous connaissez globalement l'intérêt de la mission. Plusieurs... enfants ont reçu leur pouvoir tous en même temps dans un Orphelinat, et vous imaginez ce que gosses + pouvoirs peut entraîner comme débordement. Donc ça va être à nous de gérer tout ça et de voir ce qu'on peut faire! On en saura plus sur place. Mais avant, rapide présentation! Votre nom, votre affinité de base et celle actuelle (qu'on voit si ya de l'entraide possible) et... question essentielle... est-ce que vous aimez les gosses ?

Concert, entrainement, diplôme (plôme) , un attentat . Sur ce dernier point, je connais mon domaine, et les bon gestes à appliquer. Sur le coup j'me suis rangé dans un placard en position fœtal au moment de la détonation.

Comble du "bonheur", le destin m'a accordé un don de voyance pour une durée incertaines, quelques semaines si on se fit au dernières fois.  Du coup j'ai des visions de bon petits plats qui traînent dans le coin quand j'ai la dalle. C'est de l'incitation au crime putain!

Du coup pour changer d'air, j'me suis lancé, j'ai postulé sur une mission. Après avoir passé des mois à hésiter, douter de ma compétence, j'ai fini par me porter volontaire pour accompagner un Master à l'extérieur. L'occasion de voir autre chose du monde que Terrae ou New York.

Je finalise le sac à dos en y glissant ma trousse de crochetage et ferme la chambre après avoir vissé mon bonnet porte-bonheur sur le haut de mon crâne. Rendez-vous aux portes de l'institut et quel surprise ! Je pars au voyage avec la chanteuse du groupe de Terrae et un le type aux ch'veux verts .  Merde la mémoire  des noms et moi. Bref, En route le Brésil version express grâce à la prévoyance du jeune Master, qui nous refait un topo rapide et nous demande de nous présenter, histoire de briser la glace.

-Enchanté les gars, Abe Doe. Normalement Air sonore, en ce moment je suis Eau Mal-voyant. Tout juste diplômé du lycée de Terrae, projectionniste au ciné et toujours un sale gosse dans mon âme. J'ai grandi en orphelinat, donc à défaut de maîtriser la langue, j'aurai pas mal d'empathie à offrir. Et j'ai lu Oliver Twist aussi en guise de recherches pour la mission.

Enfin ça et acheter un guide du routard... Mais je vais pas m'en vanter.

Moi avec des pouvoirs à cet âge là... Impossible de prévoir ce qu'un gosse atteint d'un vide pourrait faire.

Erika, Abe (chelou comme nom mais je dis rien)... je hoche la tête pour leur montrer que je note mentalement leur prénom et leur affinité. Je regarde particulièrement le dernier, puisque c'est lui qui a mon pouvoir actuellement, et moi le sien logiquement.

-Ok donc... Moi c'est Akihiko, vous pouvez m'appelez Aki, ya zéro souci. Master eau voyant à la base donc... Abe c'est ça ? Si t'as un souci hésite pas pour que je t'aide! Pareil pour toi Erika! Je suis pas expert en téléporteur mais je l'ai été, je pourrai te guider un peu si tu veux. Oh et je suis Air sonore pour le coup, forcément. Je suis RAVI (j'insiste lourdement sur le mot) que vous aimiez les ... enfants et que vous soyez à l'aise avec eux, vous me servirez de traducteur.

Je leur fais un grand sourire, ne leur donnant pas plus d'explication. Pas besoin d'être un génie pour comprendre que je ne suis pas un fan inconditionnel des enfants. De ce côté-là, je ne comprendrai jamais Tomoe-chan...

-Ok donc je sais pas si vous avez déjà voyagé par téléportation mais, au cas où, ça fait un peu bizarre, vous aurez peut-être l'estomac qui apprécie pas mais je vous rassure, ça passe dès qu'on bouge un peu. On va atterrir près de la ville où se situe l'orphelinat, un peu en retrait pour pas effrayer les gens, ce serait dommage. On marchera ensuite jusqu'à l'orphelinat et on commencera la mission. Des questions ? Super, dis-je avant qu'ils n'aient pu répondre. Alors chacun son bras et on décolle.

J'agrippe la photo du lieu où je dois me téléporter dans une main, la même qui tient le cristal et écarte légèrement mes bras pour les inviter à s'y accrocher. Allez soyez pas timides, tout le monde a envie d'en manger. J'attends que tout le monde soit prêt, fixe la photo pour n'avoir que le paysage en tête et enclenche le cristal.

On atterrit sur le bord d'une route, visiblement peu fréquentée puisqu'il n'y a tout simplement personne, les pieds dans la gadoue. Pour ma part du moins... Beurk, j'avais lavé mes baskets juste avant de partir, fais chier. Je jette un rapide coup d'oeil autour de nous. On est bien dans la campagne, c'est boisé, ya du vert partout à l'horizon, si ce n'est la route qui gâche un peu le décor... Et un point de couleur ocre au loin, auquel semble mener une piste de terre battue, partant de la route principale. Ah ben ouais, c'est vrai, campagne. J'ai bien fait de pas prendre mes tongs gosh... Je secoue ma chemise et essuie mon front. Il fait pas particulièrement chaud, mais il faut lourd, et surtout, l'air est moite, chargé d'humidité comme il est. C'est moi plaisant que ça n'en a l'air à la télé.

-Okay les bleus! Vous voyez cette tâche ocre-floue-cheloue au loin ? demandais à la pointant du doigt. C'est notre destination. On va suivre tranquillement la piste pour s'y rendre, pas besoin d'attirer l'attention plus que ça hein. Sinon c'est votre première mission ?

Comme on a un peu de route à faire à pied, autant profiter pour sociabiliser et se connaître. Donc je leur pose des questions sur le temps qu'ils ont passé à Terrae, s'ils s'amusent bien, s'ils ont pas trop le mal du pays, en quoi consistent leurs jobs s'ils en ont un (celui de Abe m'avait particulièrement intéressé quand il en avait parlé), on parle du concert aussi, sur lequel je complimente notre chanteuse ici présente. Le temps de papoter (et je suis un vrai bavard donc ils sont de quoi dire... ou pas... je ne sais pas... J'aime pas les blancs), on finit par arriver en vue de la bâtisse. Elle fait plutôt simple de prime abord : pas d'étage, plus large que haute, une grande cour centrale par laquelle on arrive une fois le portail franchi, en plus de la nature autour d'eux, pas au top de la technologie quand on regarde comme ça mais rien de bien choquant non plus... Ah si. Ce qui choque ce sont les habitants principaux : les fameux bipèdes sanguinaires. Je me crispe lorsqu'ils entrent dans mon champ de vision, certains interrompent même leur jeu pour nous regarder... OK... PAS GÊNANT DU TOUT HEIN! T'as jamais vu un adulte crâne de guimauve ? (Zéro chance que ce soient mes cheveux ouais).

- Yo les mioch.... Bonjour les enfants, me repris-je en plein vol. Ya un adulte pas loin ?

Quoi ? Il y a pire comme approche...

Hrp:

HRP : Salut les copains ! Comme on attend la réponse de Abe depuis un mois, je vous propose de sauter son tour cette fois pour faire avancer un peu. Je le préviens par MP, mais ça veut pas dire que vous pouvez le jouer ou interagir pour lui, c'est simplement que comme il n'a pas l'air très dispo en ce moment et que je veux pas vous bloquer, je préfère vous faire avancer. (ça ne change pas grand chose de toute façon, car pour l'instant vous avez juste décrit votre arrivée ! Là maintenant ça va se compliquer héhéhé)


HRP² : Voilà à peu près la gueule de l'orphelinat que j'imaginais, pour vous aider à imaginer un peu : ici

Alors que vous arrivez devant le bâtiment, vous entendez déjà des cris vous provenant de l’intérieur. Ca a l’air d’être un véritable carnage, là-dedans ! A l'extérieur, une petite fille hausse une épaule en réponse au garçon aux cheveux verts.

-Ils sont à l'intérieur.

Les autres enfants dans la cour se désintéressent immédiatement de ces étrangers, et un sourire s'étire sur leurs lèvres : le jeu peut recommencer.

-KATON ! Boule de feu suprême !!!
-SUITON ! Dragon aqueux !

Deux adultes sortent du bâtiment central et courent en direction des enfants pour les prendre chacune dans leurs bras. Toute la magie qui avait commencé à se soulever pour faire vivre ces répliques disparaît, et tout redevient comme quelques secondes plus tôt.

-Arrêtez, je vous en prie ! Il faut absolument arrêter ça !

L'une des deux femmes lève le regard et tombe sur le groupe venu de Terrae. Son visage semble s'apaiser un peu, bien qu'on sente à ses traits tirés qu'elle est terriblement fatigué, et que ces derniers jours n'ont vraiment pas été de tout repos.

-Vous voilà enfin, comme je suis contente de vous voir... Vous êtes bien de Terrae, n'est-ce pas ? On vous attendait avec impatience... Cela fait plusieurs jours que les enfants ont découvert ces pouvoirs et... Et qu'ils disparaissent. Trois enfants ont disparu depuis la semaine dernière... Nous l'avons signalé aux autorités, mais nous n'avons eu que peu de réponses de leur part. Ce sont des orphelins après tout... Mais venez, nous allons nous installer à l'intérieur pour discuter.

Elle tourne alors son visage vers sa collègue et d'un signe de tête, elle lui indique qu'elle va repartir à l'intérieur avec l'enfant qu'elle vient de canaliser. Sa comparse restera dehors pour surveiller les autres.

Eurk. Je réprime un frisson de dégoût en voyant tous ces mini-êtres s'agiter, chassant à grande peine l'image horrible qui persistait a poper dans mon esprit (une histoire de ver mangeur d'hommes si vous voulez savoir... faîtes le lien seuls). Mon attention est toutefois vite retenue par les exclamations de deux gosse et, surtout, par la montée d'énergie que je capte. Bon sang! Ces gamins ont vraiment des pouvoirs! Et ils les utilisent comme ça ? Ah ouais ? Je marmonne un peu dans ma barbe un truc inintelligible, légèrement boudeur... J'étais plus vieux qu'eux quand j'ai eu mes pouvoirs et j'y arrivais pas si bien moi... MAIS C'EST PARCE QUE JE PRENAIS LE TEMPS D'OBTENIR LA PERFECTION! Euh ça se voit direct que c'est.... c'est.... bancal! Voilà!

Alors que, faisant contre mauvaise fortune bon coeur, je m'apprête à sauter dans le duel pour m'interposer (ok, surtout parce que je veux jouer à Naruto aussi!), les fameux adultes sortent en courant pour s'emparer des deux mômes. Courageux! Perso le gosse aux flammes je m'approcherais pas mais bon... Je me tourne vers la femme qui m'adresse la parole, notant ses traits tirés par la fatigue et sa mine inquiète, quoique teintée de soulagement de nous voir arriver. Je lui offre un sourire compréhensif.

-C'est bien nous! Et vous inquiétez pas, on va faire tout notre possible pour régler ça!

Alors qu'elle commence à entrer avec son lardon, je jette un dernier coup aux mômes. Je fais discrètement signe à Abe et Erika de rester dans la cour pour surveiller les mômes. Si d'autres suivent l'idée de leurs camarades, la pauvre dame se retrouvera vite submerger.... peut-être même littéralement.

Je suis alors notre hôtesse, prenant bien garde à rester à distance correcte du mouftard. Je garde une mine sérieuse tout ne contemplant la bâtisse qui m'entoure. C'est un chouette endroit mine de rien. Ouvert, lumineux... Un peu petit peut-être mais ça, ce n'est pas de leur faute. Elle me conduit dans une salle qui doit tenir lieu de réfectoire. je la laisse s'occuper du gamin, passant en revue ce qu'elle m'a dit, jusqu'à ce qu'elle revienne vers moi avec une tasse de café. Je retiens de justesse une grimace et la remercie d'un hochement de tête.

-Si vous m'expliquiez un peu tout ça. Vous me dîtes que des enfants disparaissent... Je vais aller droit au but : êtes-vous sure qu'il s'agisse de réelles disparitions ? Parmi les "pouvoirs" que vos mar... enfants peuvent acquérir, l'un d'entre eux consiste à se rendre invisible et, un autre, à se téléporter. Peut-être ont-ils juste fait une mauvaise plaisanterie ? demandais-je, gentiment. A quand remontent les disparitions ?

HRP : Suite aux absences, la mission reprend son cours. Si des joueurs reviennent, ils pourront reprendre en cours de route.

Une fois à l'intérieur, la femme entraîna le garçon qu'elle tenait encore par la main vers le réfectoire, suivie visiblement par le responsable de la mission. Une fois à l'abri de tous les regards, elle disputa le petit maître de l'Eau et lui demanda d'aller s'asseoir à une autre table pour réfléchir à ses bêtises pendant qu'elle lui apportait un verre d'eau pour s'hydrater un peu. Elle n'avait jamais appris à gérer des enfants avec des pouvoirs... Et c'était un peu trop pour elle. Surtout en prenant en compte toutes les récentes disparitions.

Elle revint auprès du jeune homme aux cheveux bleus avec un café, et s'installa à table en face de lui, un maigre sourire poli sur les lèvres. Elle secoua négativement la tête, un peu défaitiste.

-Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une plaisanterie... Et si c'est le cas, cela arrive un peu trop régulièrement.

Elle tourna la tête vers l'enfant qui était en train d'essayer de jouer avec l'eau de son verre et poussa un soupir.

-Cela a commencé la semaine dernière. Un enfant disparaît tous les deux jours environ... Et nous n'avons aucune trace, aucun indice qui soient capable de l'expliquer. En ce moment, nous devrions être à 15 enfants dans l'orphelinat, et nous sommes tombés à 12, sans explication.

Elle reporta son attention sur l'homme de Terrae, minée.

-Je suis vraiment désolée que nous ayons dû faire appel à vous mais... On ne sait plus quoi faire. Les enfants sont incontrôlables et nous n'arrivons que très difficilement à les contenir. Nous sommes perdus.

Son regard se perdit dans le liquide noir contenu dans sa tasse.

-Le premier à avoir disparu est Paulo. Petit de taille, cheveux blonds, yeux bleus et peau claire, il ne ressemble pas du tout aux enfants de son pays. Il parait que l’un de ses parents était allemand, mais nous n’en savons pas plus. Il n’est pas à l’Orphelinat depuis très longtemps, et il est d’ailleurs le premier à avoir récupérer des pouvoirs… D'eau, je suppose. Après ça, il a passé de longues après-midi à pleurer d’énormes larmes de crocodile qui nous ont littéralement inondées, rappelant aux enfants que c’était bien triste d’être orphelin et d’avoir perdu ses parents… Il est en quelque sorte à l’origine de “l’épidémie des pouvoirs”. Suite à ça, les enfants ayant développés des pouvoirs sont devenus moins tristes et ont recommencé à s’amuser entre eux. De son côté, Paulo s’est un peu isolé et s’est enfermé dans le mutisme, avant de disparaître la semaine dernière.

Elle marqua une pause. Elle devait essayer de donner le plus d'informations possible, mais elle savait qu'avec toutes les crises à gérer, elle n'avait pas pu s'interroger davantage, et n'avait même pas pu interroger les autres enfants pour savoir s'ils n'avaient rien vu. Sans aide de la police locale, tout devenait plus compliqué.

-La deuxième à avoir disparu est Gabriela. C'est une petite fille de 10 ans. Elle est très calme et aime jouer dans son coin. Mais elle est aussi très douce et passe beaucoup de temps avec les plus petits. Les cheveux châtains, les yeux verts, et des tâches de rousseur sur le visage. Elle déteste la violence, et elle est toujours très prudente vis à vis des étrangers. Elle passe beaucoup de temps la journée à jouer près de la rivière, et puis un jour, elle n'est pas revenue... Elle avait développé des pouvoirs... D'air, je suppose ?

Tout était si nouveau et incompréhensible pour elle. Elle avait l'impression d'échouer dans sa mission, et elle se sentait démunie.

-Le troisième à avoir disparu est Fernandinho. C'est un petit garçon de 8 ans, très énergique et qui ne manque pas de se faire remarquer en permanence. Cheveux bruns, la peau bronzée, un très beau petit enfant brésilien qui deviendra un bel homme plus tard. Il aime jouer à la bagarre, et il cherche toujours à faire des blagues à ses camarades. C'est le feu qu'il avait commencé à contrôler. Derrière ce visage de petit téméraire, Fernandinho est un petit froussard, qui a même peur du noir la nuit ! Je me rappelle que nous étions bien allés le coucher la veille, et le lendemain, il n'était plus dans les dortoirs...

Elle releva le regard vers le jeune homme. Oh, elle priait si fort qu'il puisse les aider à se dépêtrer de cette situation...

J'acquiesce en silence. Je n'avais pas beaucoup d'espoir de toute façon. Il suffit de voir sa tête et d'entendre sa voix pour comprendre qu'elle est vraiment inquiète. Je l'encourage avec un sourire, tournant ma tasse entre mes mains, sans pour autant la boire, pour qu'elle me dise tout ce qu'elle sait. Je l'écoute avec la plus grande attention, fronçant légèrement les sourcils au fur et à mesure des informations.

-C'est effectivement... préoccupant... Donc, si je reprends vos infos, trois enfants ont disparu depuis le début de "l'épidémie", dont le premier à les avoir développer... tous à environ deux jours d'intervalles à chaque fois. C'est bien cela ?

Plusieurs choses me chiffonnaient mais je ne les exprimais pas à voix haute. Déjà parce que ce n'étaient que des suppositions sans réels fondements, ensuite, parce qu'aucune ne me satisfaisait totalement.
Reprenons : Trois gamins disparus. Phénomène qui apparait tous les deux jours. Dans les trois cas, ils emblerait que l'enfant ait été isolé auparavant. Sauf le dernier, qui me pose justement problème. Il était dans les dortoirs et, s'il a peur du noir, il y a peu de chances qu'il se soit aventuré seul hors de son lit. Il a donc disparu en plein milieu des autres gamins, alors endormis.
L'affinité des gamins ne correspondait à aucun pouvoir susceptible de les faire disparaître... ah moins que la gamine se soit envolé et que le premier se soit transformé au ver de terre, mais j'écarte vite cette hypothèse. Par contre, ce qui m'intéressait, c'est qu'ils maîtrisaient tous un élément différent. Je ne pus m'empêcher de sourire en notant que j'avais pu anticipé leur élément au moment où elle me donnait leur caractère respectif. Eau, Air, Feu...

-Excusez-moi, je sais que vous êtes éprouvée mais j'aurai d'autres questions, plus précises à vous poser. Les trois enfants que vous m'avez cités étaient-ils les seuls à posséder des pouvoirs au moment de leur disparition ou d'autres enfants possédaient des pouvoirs en même temps qu'eux ? Pareil, j'aimerais savoir, actuellement, combien d'enfants ont de pouvoirs dans l'orphelinat ?

Pitié, me dis pas "tous" sinon ça sera un enfer... Je devrais tous les attacher et les jeter dans une pièce bouclée à clef pour qu'ils soient tous au même endroit sans faire chier personne.

- A quand remonte la disparition de Fernadin.... Fernan ?

Le jeune homme récapitula les informations et l'éducatrice hocha brièvement la tête. Elle continuait à chercher d'autres informations qu'elle pourrait lui donner, mais rien ne lui venait. Elle le laissa donc réfléchir, en faisant de même de son côté. Le café dans sa tasse ne diminuait pas, elle était trop stressée.

Elle releva les yeux vers le chef de l'équipe de renfort, et écouta ses questions avec attention. Elle se sentait coupable de ne pas pouvoir l'aider davantage. Elle enregistra tout pour essayer de ne rien oublier dans sa réponse.

-Tous les enfants les ont développés quasiment en même temps. Lorsque Paulo est arrivé avec son lourd bagage émotionnel, cela a rappelé aux autres enfants leur abandon. S'ils ne les ont pas tous eu exactement en même temps, cela n'a pas tardé... Peut-être aussi de la jalousie de n'avoir rien alors que les autres en avaient ? Je ne sais pas.

Elle marqua une légère pause avant de répondre à la dernière question. Elle n'avait pas réussi à aider ces enfants.

-Fernandinho a disparu il y a deux jours...

Et si on s'en tenait à ce qu'elle avait dit, elle redoutait qu'un autre enfant ne disparaisse ce soir. Elle essaya de chasser ses pensées noires et secoua la tête pour reprendre un semblant de contenance. Elle devait l'aider, et non s'apitoyer sur ses manquements.

-Lui et Gabriela étaient à l'orphelinat depuis longtemps. Lorsque Paulo a disparu, nous avons d'abord pensé qu'il avait fugué, parce qu'il ne s'était pas fait à l'endroit et qu'il n'avait pas d'amis, personne sur qui compter. Cela arrive parfois lorsque nous accueillons un nouvel enfant. C'est la première fois que nous avons contacté les autorités locales, sans suite. C'est lorsque Gabriela, puis Fernandinho ont disparu que nous avons commencé à nous inquiéter, car malgré le chagrin qui les avait passagèrement traversé, ils étaient intégrés, et avaient des amis. Ce n'était pas possible qu'ils s'enfuient de leur propre chef... Nous avons à nouveau contacter la police, en signifiant que la situation devenait vraiment préoccupante, mais nous n'avons toujours pas eu de réponse, c'est pourquoi nous avons fini par vous contacter vous, en découvrant qu'il y avait cet endroit... Terrae, c'est ça ? Où les gens ont des pouvoirs aussi.

Elle baissa les yeux sur sa tasse, le coeur lourd.

-Je suis désolée, je réalise maintenant que nous aurions dû vous contacter bien plus tôt... Tout ce qui arrive est de notre faute.

Je pousse un léger soupir, retenant l'expression de frustration qui menace de transparaître. Tous en même temps... Ok, mauvaise piste donc. Ca ne facilitait pas du tout, mais alors pas du tout les choses. Il fallait chercher un autre lien. Tout partait toujours du jeune Paulo, le patient X. Il a ressenti le vide... ça ressemble en tous cas à ce que m'a décrit la femme, et en communiquant son vide aux autres gosses, eux aussi l'ont ressenti à leurs tours et ont développés leurs pouvoirs. Comme les Terraens lambdas. Même si un môme qui refile son vide aux autres... ça a de quoi faire flipper. Certes les demi-portions sont des éponges à émotions parait-il (Tomoe, sors de ma tête!) mais c'est pas du tout rassurant ce qui s'est passé. Tu m'étonnes qu'elles aient été débordées! En plus... c'était le seul à ne pas se sentir à l'aise ici, d'où le fait qu'il ait été la première victime mais les autres sentaient bien ici visiblement, du moins si elle me dit la vérité. Alors comment ont-ils ressenti ce vide ? Juste parce que lui le ressentait ? Chelou c't'histoire.

L'autre point qui me chiffone, et que je m'empresse de partager avec elle, ce sont les autorités.

-Attendez, si je vous suis bien, vous avez signalé les trois disparitions, montré que ça arrivait régulièrement, et ils n'ont toujours rien fait ? Même pas une enquête de routine ou de voisinage ?

Les autorités se fichent à ce point des orphelins dans ce pays ? Ca fait redescendre toute ma motivation pour le Brésil... Dire que je comptais y restait un peu pour apprendre la Samba...
Elle confirme peu après mes craintes quant à la disparition de Fernan. Il y a deux jours... S'il y a bien un schéma, il y aura une autre disparition ce soir. Je me lève d'un bloc, laissant le café que je n'ai même pas touché et interpelle mes deux compagnons pour leur expliquer grosso mode ce que j'avais appris et qu'ils apprennent la suite.

-Madame, si ça ne vous dérange, est-ce que vous pouvez m'emmener au dortoir où Fernan a disparu ? Me montrer son lit également s'il vous plait. Abe! Erika! Vous, vous allez vous rendre à la rivière pour vérifier qu'il n'y a aucune trace... non perceptible pour des gens normaux. Demandez à quelqu'un de vous indiquer la route. Moi je reste ici pour inspecter l'Orphelinat.

Ca me gênait de les laisser partir seuls, mais ce serait plus rapide de se diviser ainsi. Ils n'étaient que novices, ils louperaient peut-être des trucs mais il fallait que je délègue. L'important pour moi était d'élucider le mystère du dernier disparu. Alors qu'ils s'éloignent, j'en profite pour adresser un sourire à la dame pour la rassurer.

-Hey, vous culpabilisez pas hein... Vous nous avez appelé, c'est déjà ça! Vous deviez avoir une sacrée pagaille sur les bras avec tous les pouvoirs et les gosses en même temps, chapeau pour avoir géré !

Je lui emboite le pas alors qu'elle me conduit jusqu'aux dortoirs.

-Les enfants sont répartis dans plusieurs dortoirs ? Ou tous les garçons dorment ensemble et toutes les filles dorment ensemble ?

La femme se passa une main derrière la nuque, secouant négativement la tête, gênée.

-Rien du tout. C'est comme s'ils n'avaient même pas reçu nos alertes. Je n'ai pas voulu insister, et je me suis dit que j'aurais plus de chance en vous contactant vous. Les autorités brésiliennes ne se soucient pas tant que ça des orphelins...

Elle baissa les yeux sur sa tasse, se préparant à répondre à d'autres questions si nécessaire. Elle sursauta quand le jeune homme se releva d'un coup, appelant ses coéquipiers pour donner les directives. Elle fut d'ailleurs rassurée de les voir venir sans parler d'un quelconque incident qui aurait pu se produire alors qu'elle n'était pas avec ses collègues dehors pour surveiller les enfants. Même si elle n'avait pas réagi assez tôt, et même si elle n'avait pas géré la situation comme elle l'aurait voulu, elle se réconfortait en se disant qu'elle avait enfin fait le bon choix en contactant Terrae.

L'éducatrice se leva après avoir entendu la demande du chef d'équipe et hocha la tête. Elle appela l'enfant Eau qui était resté timidement dans son coin dans le réfectoire et lui demanda de l'accompagner en lui tenant sagement la main, ce qu'il fit sans répliquer.

Alors qu'ils avançaient dans les couloirs, elle laissa un maigre sourire reconnaissant étirer ses lèvres en réponse aux paroles réconfortantes du jeune homme. Lorsqu'ils arrivèrent aux dortoirs, elle ouvrit la porte pour laisser l'homme aux cheveux bleus passer devant elle.

-Les dortoirs sont séparés pour les filles et les garçons, mais nous n'avons pas la place d'avoir plus de dortoirs, alors ils sont tous regroupés ici.

Le petit garçon qui était accroché à sa main la lâcha pour s'avancer dans la pièce. Il désigna un lit du doigt.

-Ca, c'est mon lit. Et là, c'est le lit de Fer' ! Juste à côté de moi !

Il afficha un joli sourire avant de le perdre en se souvenant qu'il n'avait pas vu son ami depuis deux jours déjà.

-Vous allez le retrouver monsieur, hein ?

Quelques larmes embuèrent ses yeux. Il espérait qu'il ne lui était rien arrivé de grave.
L'éducatrice revint auprès de lui et lui tendit la main avec un sourire doux sur les lèvres. Ces enfants-là étaient si fragiles...



Une éducatrice va accompagner Abe et Erika sur les lieux. Elle précise : "on a récupéré les jouets de Gabriela près de la rivière… On a supposé qu'elle était partie en laissant tout sur place."

Sur le sol sont visibles plusieurs traces de pas. On devine qu'il y a eu du mouvement. Malheureusement, ce n'est pas distinct, car entre temps beaucoup de monde est passé là, et les traces correspondent aussi bien à celles de personnes adultes comme à celles d'enfants.

Je m'avance dans la pièce au moment où elle ouvre, la remerciant d'un hochement de tête, prenant bien garde à contourner le môme. Je regarde un peu partout dans la pièce, faisant le lien avec ce qu'elle me disait. Ok, donc tous les gars dorment dans cette chambre. Je pose un regard neutre sur l'ensemble des couches et du petit mobilier.  Un petit sourire étire le coin de mes lèvres. C'est loin, très loin de notre confort moderne, surtout de mon appart mais, franchement, ça ne me choque pas. Je pourrais m'y plaire qui sait ici. Mon attention est attiré, de force, vers le rongeur qui me désigne le lit de Fernan... avant de se mettre à chialer. Argh! Pitié pas ça! Je me recule comme si je me brûlais à une flamme et me protège derrière le lit de Fernan dont je fais l'inspection au passage. Rien. Nada. Par contre... Un détail me parvient enfin au cerveau! Je me dirige vers le pleurnicheur et, avec autant de précaution qui si je manipulais une cuve d'acide, je m'accroupis pas trooop loin de lui.

-Dis bonhomme, c'est vraiment toi qui dort à côté de lui ? C'est chouette ça. Tu as vu ce qui s'est passé la nuit où il a disparu ? Ou t'as noté un truc bizarre ?

Je lui souris ouvertement, me rappelant que les humains de cette taille réagissent mieux au sourire. Je fais tous les efforts du monde pour qu'il ne paraisse pas crispé mais je garantis pas le résultat. Le temps que le gamin réponde, les autres sont revenus de leur vadrouille et me font part de leur découverte. Ok, des traces de pas, de toutes tailles... vu le temps qui s'est écoulé depuis la disparition de la gamine, pas sûr que ce soit une piste viable. N'empêche, je garde ça dans un coin de mon esprit. La partie des jouets restés sur place après sa disparition ajoute une autre pièce au puzzle que je fais mentalement. C'est clair, ya baleine sous caillou là!

-Les gars, je vais avoir besoin de vous. Je vais vous laisser seuls à nouveau pour surveiller l'orphelinat le temps que je m'absente -je vais aller cuisiner les autorités, ajoutais-je en chuchotant pour que eux seuls m'entende. Je serai de retour avant la nuit, vous inquiétez pas... On pourra mettre en place un stratagème.

Je n'en dis pas plus mais Abe et Erika ont sûrement compris à quoi je faisais allusion. Le temps d'écart concorde, il y aura une autre disparition ce soir à tous les coups. Et nous allions être présents. Les filles surveillerait les filles pendant que je me chargerais des garçons. En clair, sûrement une bonne nuit blanche en perspective. Chouette...
Je quitte la chambre en même temps que tout ce beau monde jusqu'à me retrouver dehors. J'explique à la dame qui m'accompagnait jusque là que je vais faire un tour dans les environs et que je reviendrais le plus vite possible dans la soirée.  Je m'éloigne rapidement de la bâtisse, en profite, une fois hors de vue, pour vérifier ma carte et mes infos. Ok, la ville n'est pas si loin... Si j'arrive en plus à utiliser l'air comme il faut pour accélérer, du moins tant que je suis dans la cambrousse, ça ira encore plus vite.
Je jette un coup d'oeil autour de moi. Personne. Alors c'est PARTI!

J'arrive finalement au poste de police, un peu essoufflé par la longue marche, légèrement accélérée tout de même. Côté positif, ça me fait un super entrainement pour la fac! Je pénètre à l'intérieur, après avoir remis mes vêtements bien comme il faut, et me présente au guichet. un policier, l'air de visiblement se faire chier, vient de raccrocher le téléphone d'un geste mou. C'est vrai que la chaleur aide pas, et il n'y a pas vraiment d'activité dans le coin... Le poste est quasi désert et seule une tranquille indolence flotte dans l'air. Charmant.

-Je peux vous aider ?

C'est à moi qu'il parle. Je m'approche, très sûr de moi, sans oublier de sourire pour autant.

-Bonjour monsieur. Je me présente : Akihiko Eiji, journaliste représentant de la dépêche Terraenne, je viens vous voir car je souhaiterai avoir des informations sur les disparitions d'enfants qui ont eu lieu à l'orphelinat depuis une semaine.

Je m'approche un peu plus pour être sûr qu'il ne puisse pas m'échapper et emploie toute la richesse de ma voix de master, que je couple avec le pouvoir sonore que je possède actuellement pour le pousser à parler.

-Savez-vous quelque chose au sujet de cette histoire ?

L'enfant releva le garçon vers le jeune homme qui s'était accroupi en face de lui. Il réfléchit un instant avant de répondre.

-Je crois qu'il est parti aux toilettes pendant la nuit, mais je suis plus sûr. J'ai entendu bouger mais j'ai pensé que c'était dans ma tête vu que j'ai plus entendu bouger après.

Il se tourna vers l'éducatrice, afin d'être sûr qu'il ne disait pas de bêtises, et elle hocha délicatement la tête. Il pouvait tout dire, tout raconter, cette personne était là pour les aider, et pour retrouver Fer'. Alors il fallait l'aider du mieux possible.

-Nan mais si je crois qu'il est vraiment parti aux toilettes, parce qu'il m'a demandé si je voulais bien l'accompagner vu qu'il avait peur du noir. Et j'ai dit non, et je me suis moqué de lui, du coup il est parti tout seul...

La femme replaça délicatement les cheveux du garçon pour le féliciter d'avoir parlé, avant de relever le regard vers le chef de l'équipe qui semblait faire le tri parmi toutes les informations qu'il avait eues jusqu'à présent. Elle observa les deux autres membres de l'équipe alors qu'ils revenaient dans les dortoirs, lui faisant part de ce qu'elles avaient trouvé.

L'homme aux cheveux bleus indiqua ensuite qu'il allait aller au commissariat pour comprendre pourquoi aucune aide n'était apportée à l'orphelinat, et elle hocha la tête quand elle comprit que les deux autres filles allaient rester avec elle pour l'aider à s'occuper de l'orphelinat en attendant.



L'agent releva le regard quand cet homme étrange aux cheveux bleus s'adressa à lui. Il vérifia qu'il avait bien raccroché le combiné du téléphone avant de pousser un soupir. Sauf que l'homme en face avait l'air d'insister... Il haussa une épaule alors que sa voix forçait la barrière de ses lèvres.

-Ecoutez monsieur, j'ai absolument aucune idée de ce dont vous parlez, on ne nous a rien signalé du tout. Je ne sais pas ce que vous cherchez encore à faire, vous autres de Terrae, mais je n'ai rien pour vous, je ne sais même pas de quelles disparitions vous parlez. Il n'y a eu aucun signalement, ou alors je n'ai pas été informé.

Lorsque le poulet se met à table, je ne peux retenir un froncement de sourcils. Bizarre... J'ai bien utilisé mon pouvoir pourtant ? Je sais que je suis pas sonore de base mais quand même, je m'en suis déjà servi et je suis pas teubé à ce point. Je réitère une ou deux questions en changeant la formulation, mais les mêmes réponses ressortent. Aucun signalement. Je le remercie distraitement tout en sortant du commissariat. Là... l'affaire devient étrange. Soit je me suis effectivement trompé dans l'utilisation de mes pouvoirs, mais trois fois d'affilées... cela me semble peu probable. Soit... On m'a mené en bâteau. Je repense aux propos qu'a tenu le gamin avant que je parte  et aux circonstances de sa disparition, puis aux deux autres. Ils étaient isolés. L'une a laissé ses jouets, comme ça, l'autre allait aux toilettes seul, malgré sa peur du noir... à l'intérieur de l'orphelinat lui-même. Et là, on me sort que jamais ces affaires n'ont été rapportées... Une autre possibilité, à laquelle je ne préfère pas croire serait que le gars que j'ai interrogé est nouveau ou trop en bas de la hiérarchie et qu'il se fait carotter par un supérieur... Une chose est sûre : je dois vite retourner à l'Orphelinat.

Je parviens dans la cour de la bâtisse au moment alors que la soirée est bien entamée. J'ai accéléré à nouveau, quitte à me fatiguer davantage, pour rentrer plus vite. Cela m'a permis de réfléchir en chemin. C'est l'heure du repas on dirait. Je regarde de loin les enfants en train de manger au réfectoire où j'ai été accueilli et fais discrètement signe à mes deux camarades de me rejoindre pour leur rapporter les faits.

-Ca sent pas bon cette histoire... Rien concorde dans les récits qu'on nous fait.

Nous restons silencieux un moment. Ils partagent les mêmes doutes que moi. Je suis tenté de croire le policier. Il n'aurait pas pu me mentir. D'ailleurs... si mes souvenirs sont bons... la dame fut la première a mentionner que les policiers ne se soucient pas des orphelins ici. Je fronce les sourcils. Quelque chose est définitivement louche. Et puis... j'ai été sympa ne la rassurant... mais la vérité, c'est qu'elle a vraiment mis du temps à nous appeler. Pourquoi ne l'a t-elle pas fait dès le début de l'apparition des pouvoirs de tout le monde ? Pourquoi nous appeler maintenant ? Ces deux femmes... les deux éducatrices... Plus j'y pense, moins elles me paraissent nettes.

-On colle au plan. Si mes suppositions s'avèrent exactes, elles savent déjà ce que j'ai fait et ce que j'ai découvert. Pas besoin de leur en dire davantage. On reste sur le principe du "je suis cerner les alentours". Ce soir, il y a de fortes chances pour que le phénomène se reproduise. Abe, Erika! Vous serez en charge des filles! Vous irez dormir dans le dortoir avec elles... Enfin dormir... passer une merveilleuse nuit blanche plutôt. Quant à moi, je me charge des gars!

Elles hochent la tête et nous retournons à l'intérieur. Je les laisse prévenir les responsables du plan, qu'elles ne soient pas surprise de nous diriger vers le dortoir avec les enfants. En attendant, je repère le gamin de tout à l'heure avec ses potes et m'approche de lui, surveillant du coin de l'oeil que les deux éducatrices sont occupées avec mes deux compères.

-Salut.... toi. Merci pour tes infos, ça m'a été drôlement utile! Dis moi, tu maîtrises bien l'eau hein ? je t'ai vu faire le... hum... super dragon tout à l'heure! Tu verrais pas aussi des choses par hasard ? Genre des évènements qui ne se passent pas au moment où tu regardes ni où tu es ?

Le gamin prend l'air pensif (en fait il a juste la bouche pleine et me regarde comme un veau qui a trouvé une tronçonneuse mais je préfère croire qu'il réfléchit... J'essaie de lui accorder un peu d'humanité) puis me fait non de la tête.

-Non m'sieur! Moi je deviens un grooooooooos cochon! Mais Pablo lui il fait ce que t'as dit! Il a même dit qu'un gars bizarre aux cheveux bleus allait venir!
-Ah cool! Merci c'est... exactement ce que je cherchais.

Sale gosse!! Bizarre! Bizarre! Tch... Vous remarquerez que je n'ai pas réagi au cochon non plus, pourtant ça me brûlait les lèvres. Je repère donc le fameux Pablo qu'il m'a montré avec la discrétion d'un touriste qui gueule en pleine montagne et m'approche gentiment de lui, toujours en gardant l'oeil sur nos hôtesses. Il me confirme qu'il m'avait bien vu, que j'avais des cheveux cools (merci!) mais coiffés bizarrement (...).

-Géniale ta vie! Tu sais quoi ? J'ai un petit jeu à te proposer ! ... Le min... ton copain là-bas m'a dit que t'étais ultra courageux!! Ca te dit de relever un défi ? Quand je toucher ton épaule, tu vas avoir qu'un liquide coule sur toi. Ton but ultime c'est.... de ne pas frissonner! Même pas de bouger! C'est super dur, même moi j'y arrive pas! Mais toi t'as l'air d'être fort, renchérisais-je en abusant du sourire, avant d'ajouter, je pourrais aussi retrouver tes amis comme ça... Tu veux bien ?

Il comprend pas tout. Rien. Que dalle même. Mais il hoche la tête. Ok... je me suis fait chier pour rien, visiblement lui c'est pas le couteau le plus aiguisé du tiroir. Enfin, tant qu'il hurle pas la mort quand je le toucherai. Je pose alors doucement ma paume sur son épaule et intervertis nos pouvoirs. Dès que je ressens le pouvoir familier du voyant, je déclenche aussitôt une vision pour plonger dans le futur proche...