Je saluai Pandora, lui souhaitant de bien terminer la journée, et quittai la boutique de vêtements. Je ne travaillais pas cet après-midi, ce qui était... Tant mieux, car j'étais sensé recevoir les résultats de mes examens de l'année précédente aujourd'hui. Mes anciens camarades de classe m'avaient déjà partagé leur passage en deuxième année, mais ayant dû terminé l'année en changeant mes modalités d'inscription pour passer en full cours à distance, mes échéances avaient été décalées, et je ne reprendrais les cours à distance que la semaine prochaine, en fonction de mes résultats... Aujourd'hui.

Une fois dehors, je sortis mes lunettes de soleil de la poche de ma veste pour me protéger du-dit soleil, ne m'attendant pas à autant de lumière d'un coup, et glissai mes mains dans mes poches, décidant de traverser le parc pour prendre la direction de l'hôpital où j'avais décidé de me rendre pour décaler mon rendez-vous de la fin d'après-midi à un autre jour, à cause principalement de mes résultats.

Sauf qu'une fois arrivé en face du parc, je bloquai. Nan mais sans déconner, ils ont vraiment fermé le périmètre pour remise à neuf là ?! Qui est-ce qui a décidé de niquer la fontaine à ce point pour nécessiter une rénovation immédiate ?

Je poussai un soupir, me disant que j'allais peut-être essayer de passer quand même en influençant peut-être deux trois péquenauds avec mon pouvoir de Sensitif (visiblement j'étais devenu un pro après cette fin de journée jeu en compagnie de Jean-Pierre), quand mon regard tomba sur Afya, la meilleure amie d'Aria. Ah. Oui, non, on ne va peut-être pas traverser quand même, et on va faire le tour comme c'est demandé... Même si ça fait faire un grand, grand détour.

-Ah, tiens, salut ! m'exclamai-je, la voix un peu tremblante, alors que je venais de croiser le regard de l'ivoirienne.

Bon, ben t'es repéré gros.

Bien évidemment, certains jours tout se passe bien, mais ces jours semblent ne pas être très nombreux dernièrement. En réalité ils sont même plutôt rares depuis le début de l’éclipse… Et pourtant c’était le cas aujourd’hui pour l’ivoirienne. Elle s’était portée volontaire sitôt qu’elle avait réussi à maîtriser à peu près son pouvoir de titan et de terre pour aider aux travaux dans le parc. En réalité elle avait déplacé des gravas toute la matinée et ça lui avait assez vidé la tête pour qu’elle se sente assez bien. Elle n’allait pas tarder à rentrer pour le déjeuner, même si elle réussissait plutôt pas mal à maîtriser ses nouveaux pouvoirs, elle n’aidait plus en cuisines pour la période car après avoir cassé une quinzaine d’assiettes en faisant la vaisselle, le cuisinier en chez et elle s’étaient mis d’accord sur l’inutilité de sa présence. Elle reviendrait donc après le repas.

Elle était en train de dire au revoir au chef de chantier et de s’en aller quand son regard tomba sur… Lui. Son sourire se figea. Elle espérait ne pas le croiser depuis… Depuis qu’il avait traitreusement largué sa meilleure amie, lui faisant immensément mal.

« Salut. »

Si elle avait pu elle lui aurait cassé les genoux pour le mal qu’il avait fait à l’espagnole. Seulement elle s’était contenue, elle savait que son amie l’aimait trop pour ne pas lui en vouloir si elle lui avait dégommé sa tête de lâcheur. D’autre part peut-être qu’il y avait un mal entendu et qu’il se remettrait un jour avec son amie, elle ne pouvait donc pas simplement l’écraser avec son tout nouveau pouvoir… Et puis il l’avait aidée par le passé, et avant qu’il ne fasse du mal à Ariana elle l’aimait bien en plus. Ca la faisait chier de devoir lui casser la gueule.

«  Comment tu vas ? » ouai. Non. Elle aurait mieux fait de se taire. Putain.

Je restais là. Pourquoi je restais là ? J'aurais pu partir après l'avoir salué, ça aurait été bien plus simple. Mais visiblement, les normes sociales veulent qu'on échange tout de même quelques mots de cordialité quand on se croise au hasard dans la rue... Du coup j'suis resté. Et après mon salut et son salut, ben j'ai rien dit. Parce que j'savais pas quoi dire. "Ca va ?" peut-être ?

Ah ben voilà, c'est elle qui sera la plus polie de nous deux.

Me passant une main dans les cheveux avec malaise, je détournai le regard. Si ça va. C'est une bonne question. Oui et non. Ca dépend des moments, ça dépend des jours, ça dépend presque de ce que je vais manger à la cafét' alors on peut dire que ça dépend vraiment...

-Ca va. Et toi ?

Je désignai maladroitement le chantier derrière elle du menton.

-Tu as aidé aux rénovations ? Ca doit être épuisant !

La tension est palpable.

Ah mais en plus il répond ? Mais ok. Il aurait pu faire comme s’il n’avait rien attendu, incliné du chef et disparaître au coin de la rue. Enfin, du parc. Non. Il avait décidé de répondre. Elle se demanda s’il disait la vérité, car a dire vrai, larguer une meuf comme Ariana ça devait se regretter dans la demi-seconde suivante… Et maintenant ce n’était plus parce qu’elle avait défoncé votre porte en se transformant en rhinocéros… Non, c’était parce qu’elle serait toujours la meuf la plus géniale qu’il ne fréquenterait jamais. Mentait-il ? Non, elle se moquait de la réponse. Elle ne pouvait pas être dans le cas d’Ariana et ne pas avoir envie de le détester.

« Ah non ça va je suis titan. » dit-elle d’un ton presque morne.

C’était, semblait-il, le moment se séparer. Alors ni vu ni connu, on oublie tout, même qu’on s’est croisé et les torchons seront bien gardés ? C’était l’idée. Sauf que bien sûr, les choses ne se passent que rarement comme on le voudrait, et que lorsqu’une question vous brûle les méninges et à fortiori les lèvres depuis plusieurs semaines, c’est très dur de ne pas la laisser s’évader…

« Pourquoi tu l’as plaquée ? »

Elle ne précise pas de qui elle parle. Elle sait qu’elle n’en a pas besoin et de toute manière elle est trop stupéfaite d’avoir posé la question.

Les secondes s'étiraient. Pourquoi est-ce qu'on ne se contentait pas de partir chacun de notre côté ?

Parce que la question lui brûlait les lèvres. Et que j'avais trop envie de répondre.

-Je ne l'ai pas plaquée.

Non, tu as fait quoi Allen ? Tu n'as juste pas été capable de verbaliser le besoin de faire une pause. Non, tu ne voulais pas la quitter, ça c'est sûr. Mais tu as quand même été trop lâche pour t'exprimer clairement sur tes intentions. Et tu as ridiculement fui la conversation en tentant encore et encore, misérablement, de sauver les meubles, simplement parce que tu n'osais pas prendre ton courage à deux mains pour dire véritablement les choses.
Donc, non, tu ne l'as pas quitté, elle est partie. Mais tu n'as certainement aucun honneur à le relever, parce que tu es bel et bien responsable de cette séparation.

Le coeur lourd, je repris :

-Je... J'avais besoin d'une pause.

Honteux. C'est tout particulièrement honteux. Mais quoi ? Tu sais bien qu'elle s'en fiche de savoir que tu es ensuite allé voir ton psy deux fois au moins par semaine. Tu sais bien que ça ne sert à rien d'autre qu'à te trouver des excuses. Tu allais mal, oui, mais alors ? Ariana allait mal aussi, elle a juste été plus courageuse que toi. Toi, t'as gardé pour toi, et t'as explosé.

Elle ouvre grand les yeux… Il ne voulait pas la plaquer ? Il est en train de se foutre un peu de sa gueule ? Elle avait récupéré sa meilleure amie dans un sale état parce que justement SI IL L’AVAIT LARGUEE. Elle n’arrive pas à garder un visage neutre, en une phrase il a réussit à l’agacer.

« Tu y es bien arrivé quand même. »

C’était froid, c’était blessant, mais en même temps il le méritait tellement. Elle n’aimait pas quand le comportement d’Ariana changeait brusquement comme elle l’avait fait. Elle s’était surinvestie dans pleins de trucs pour arrêter de passer, et ça l’ivoirienne l’avait compris. Elle parlait le ariana couramment depuis plusieurs années maintenant, et elle savait que son amie n’allait pas bien et c’était de sa faute à lui. Alors non elle ne lui épargnerait pas les commentaires acides.

« J’espère au moins que cette pause t’a fait du bien... »

C’était faux, elle espérait qu’il regrettait énormément et qu’il allait se rendre compte qu’il n’était qu’un connard et retourner auprès d’Ariana. Elle l’aimait encore bien trop et quand il jouait pas au canard il était un bon p’tit copain quand même.

Je méritais un peu ces mots, il fallait le dire. Et puis bon, entre nous, c'était la meilleure amie d'Ariana, elle allait pas me faire un câlin en apprenant ça.

Même si quelque part. Quelque part, ça veut dire qu'elle ne le vivait peut-être pas aussi bien que ce que je pensais ?

Parce que oui, évidemment que j'ai été le parfait crétin. Mais quelque part, je me suis dit que c'était mieux pour elle, parce que justement, enfin, elle se débarrassait de moi. Et j'ai été assez centré sur le besoin de me faire du mal pour me dire que tout ce qu'elle partageait sur les réseaux sociaux prouvaient qu'elle allait bien mieux maintenant qu'elle ne me voyait plus.

Je pestai mentalement, tournant la tête vers elle quand elle me dit qu'elle espérait que cette pause m'avait au moins fait du bien. Fallait pas être devin pour savoir qu'elle en avait rien à cirer. Mon pouvoir de Sensitif récemment acquis jugea bon de m'informer de ce qu'elle ressentait, parce qu'il faut croire que ce n'était pas assez évident comme ça, et je me contentai de détourner le regard. Encore, pour changer, parce qu'après tout on se débarrasse pas de la lâcheté si facilement !

-Comment elle va ?

« D’après toi ? »

Non mais elle n’allait pas faire le cheminement à sa place, il avait clairement merdé et là s’il en prenait conscience ça ne serait pas plus mal. L’ivoirienne avait encore quelques cartes à abattre pour le motiver à aller voir comment allait son amie… Et plus si affinité, et que ce soit clair si Ariana lui pardonnait, ce dont Afya ne doutait pas vraiment, ce ne serait pas son cas. Elle tenait trop à la rouquine aux cheveux bleus pour ne pas rester vigilante pour deux. Si elle devait casser un ou deux genoux pour qu’elle aille bien, elle le ferait.

D’autre part elle se doutait qu’Allen savait qu’il aavait fait de la merde. Sérieusement, quitter Ariana ? Mais c’était un choix qu’on regrettait toute sa vie. Il fallait qu’il se remette les neurones en place, il ne pouvait pas en être autrement !

Elle était définitivement partagée entre plusieurs sentiments, elle lui en voulait très fort, mais en même temps elle voulait qu’il revienne, et s’il pouvait le faire en lui donnant la certitude qu’il ne blesserait plus jamais sa meilleure amie, le monde serait parfait.

-Mieux ?

Est-ce qu'on va vraiment se contenter de se répondre en se lançant des questions chacun à tour de rôle ? J'étais sensé allé voir le psychologue pour décaler mon rendez-vous, mais plus le temps s'écoule, et plus je me dis juste que je devrais plutôt le rallonger, et bien y aller aujourd'hui et pas un autre jour.

Visiblement, non, elle va pas bien. Non, elle va pas mieux. Si j'ai été stupide de croire que ce qu'elle affichait sur les réseaux ne correspondait pas à ce qu'elle ressentait vraiment ? Bien sûr. Mais tout le monde sait que je réfléchis rarement correctement. Je reportais mon regard sur Afya, ne sachant pas vraiment quoi dire. Quoi ? Elle me manque ? Oui, elle me manque. J'ai envie de la voir ? Oui, terriblement. Si je regrette ? Je sais pas ? Peut-être que oui, quelque part, je regrette de ne pas avoir parlé avant de tout ce que j'accumulais, mais peut-être que j'ai accumulé aussi sans m'en rendre compte parce que justement, je ne me rendais pas compte qu'il fallait parler. Enfin, je ne vais pas encore expliquer les choses, mais clairement... Ouais. Ouais, j'suis pas fier de cette situation. Mais je ne peux tristement rien faire pour la changer, parce que ce serait encore pire pour elle. Parce que je peux pas avoir agi comme je l'ai fait et retourner la voir, ce serait encore pire. Elle ne m'appartient pas, et je ne peux décemment pas jouer avec son coeur comme si c'était un jouet pour gosse qu'on jette mais qu'on reprend quand finalement il nous manque un peu.

-J'suis désolé. J'voulais pas lui faire de mal.

Non. Et pour une fois, je suis honnête. Parce que si on avait continué, je lui aurais probablement fait encore plus mal. Parce que plus on attend, plus on retient, et pire c'est...

Regard lumineux et pourtant dur. Pierre sélénite. Lourde et pesante. D’une question, il s’était attiré le reproche de ses yeux. D’un silence elle lui avait répondu. Mieux ? Ce n’était sans doute pas faux, mais c’était loin d’être vrai. Ariana dégustait, elle dégustait à chaque fois qu’elle était obligée de se trouver une nouvelle activité pour ne pas penser à lui. Elle dégustait à chaque-fois que quelqu’un essayait de l’aider en lui rappelant qu’il était parti. Elle dégustait quand l’on interférait avec son chagrin, quand on lui imposait ses sentiments, quand on lui enlevait le choix de choisir.

« C’est loupé. »

Elle pourrait être plus expressive, elle pourrait lui dire qu’il n’est qu’un idiot et qu’il devrait retourner auprès d’elle. qu’ensemble ils sont plus forts que séparément… Si l’ancienne voyante sait bien une chose, c’est qu’on ne peut forcer le destin. Les choix quand ils ne sont pas libres changent l’avenir, et celui-ci risquerait de le faire dérailler.

« Elle t’aime encore, même si t’as été un gros con. »

C’était le seul indice qu’elle pouvait donner. Elle avait songé un instant à lui dire que s’il laissait la place trop longtemps vacante quelqu’un d’autre s’y engouffrerait… Mais elle ne pensait pas que cette épée de Damoclès le motiverait.

Beaucoup trop d'émotions se mirent à danser à l'intérieur de moi.

Le bonheur. Parce qu'évidemment, rien que savoir qu'elle m'aimait encore suffisait à me rendre heureux.

La honte. Parce que j'étais heureux d'un sentiment qui, dans l'état actuel des choses, lui faisait mal.

La tristesse. Parce que je l'avais blessée.

Et évidemment, la colère. La frustration, même, plutôt. Parce que je ne pouvais rien changer à cette situation merdique. Et que j'étais obligé d'encaisser. Et que je n'aurais de toute façon pas dû prendre de ses nouvelles. Parce que si elle m'obsédait déjà avant, ça allait être encore pire maintenant, je le savais. Et encore une fois, je risquais de rechuter, parce que je risquais d'agir pour essayer de lui faire retrouver le sourire, sans prendre le temps de me reconstruire avant ; sans prendre le temps de me retrouver, et d'apprendre à ne plus reproduire encore et encore ces vieux schémas.

Je remarquai mes poings serrés alors que j'allais reprendre la parole, et les cachai dans mon dos.

-Il faut qu'elle m'oublie.

« T’es vraiment trop con. »

Au delà de la colère, il y avait un océan de tristesse. La jeune femme ne pouvait en rien être certaine des sentiments actuels du nippon, mais elle l’avais assez longtemps vu interagir avec Ariana pour savoir qu’elle le rendait heureux aussi. Est-ce qu’il avait oublié leurs sourires ? Leur complicité ? Cela lui paraissait invraisemblable, comment quand l’on possédait un si précieux cadeau pouvait-on juste décider de tout envoyer en l’air ? Visiblement oui.

Elle aurait pu argumenter, elle aurait pu se mettre en colère, elle ne le fit pas. Le froid avait gagné ses traits et son attitude. Il était stupide, et c’était infiniment triste. Elle aurait aimé le blesser à la place d’Ariana, lui dire qu’il n’avait pas à s’inquiéter, quelqu’un prendrait sa place rapidement. Son amie avait du succès. Énormément de succès, et cela même malgré elle. Ces derniers temps nombre étaient ceux qui désiraient tenter leur chance. Elle sourit.

« Essaie de l’oublier toi déjà, après on en reparle. »

C’était bien loin de toute la colère et de la tristesse qu’elle ressentait face à cette situation. Elle aurait aimé le secouer comme un poirier, lui faire réaliser qu’il passait à côté de la meuf la plus géniale de la terre pour des conneries. Elle ne savait même pas par où commencer. Alors elle ne dit pas rien.

Un mince sourire vint étirer mes lèvres et je détournai le regard à sa réflexion. Bien sûr que je suis con... Qu'est-ce que tu veux que je te dise, hein ? Je ne peux qu'acquiescer. Et peut-être que les problèmes viennent aussi du fait que justement, ouais. Ouais, j'assume beaucoup trop le fait d'être un con...

Sa réflexion suivante me fit relever le regard vers elle. J'arquai un sourcil. D'accord. Alors l'oublier moi, c'était pas vraiment possible. Et ça ne changerait rien pour elle...

D'accord. Il me fallut quelques secondes pour que l'info fasse véritablement sens. Je détournai le regard, un peu honteux, et me passai une main sur la nuque avant de glisser mes mains dans les poches de ma veste.

-Désolé.

Ce désolé complètement inutile, qui n'a clairement pas sa place dans cette conversation. Je me raclais la gorge.

-J'sais pas quoi te dire de plus. Mais tu sais aussi comme moi que revenir vers elle ce serait encore pire. Parce que j'vois pas en quoi je mériterais la moindre considération de sa part.

« Si tu ne fais rien vous aurez perdu tous les deux. Alors ouai, c’est merdique comme situation, ouai ça sera jamais comme avant, mais si ça a fini comme ça c’est qu’avant c’était pas bien non ? Si t’essaie pas, si tu laisses courir, rien ne s’arrangera jamais. Le monde ne change pas si on ne tente pas de le faire changer.  »

Elle n’était plus aussi calme qu’elle aurait aimé l’être. Elle lui donnait bien trop de clefs, il ne les méritait pas vraiment il avait blessé Ariana. Il méritait sans doute cent damnations pour cela, mais elle savait qu’il pouvait aussi rendre l’espagnole heureuse. Elle veillerait bien entendu au grain s'il le fallait, pour que plus jamais il ne la blesse mais si elle avait estimé qu'il aurait mieux fallu qu'il disparaisse de la vie de son amie elle n'aurait même pas cherché à engager la conversation.

Je serrais un peu les dents, agacé par la direction que prenait cette conversation. Je sentais mon coeur battre dans ma poitrine, mon regard fuir le sien, mon corps se tendre.

-Ecoute, j'suis désolé Afya...

Ma voix se brisa et je luttais un peu contre ma gorge nouée.

-J'peux pas, d'accord ? Je peux pas retourner vers elle. J'vais pas... assez bien pour retourner auprès d'elle. Et j'refuse de lui infliger ça. Parce qu'il y a de fortes chances qu'il y ait régulièrement des rechutes, et elle mérite juste pas d'endurer ça.

Et là, tu lui retires juste la liberté de faire ses propres choix, Allen.

-J'peux décemment pas me mettre avec elle si tous les trois mois il faut que je fasse une nouvelle pause pour me recentrer sur moi. Et peut-être que d'ailleurs, oui, c'est mieux qu'elle soit partie, et que nous soyons vraiment séparés, et pas juste... En pause.