Sa dernière rencontre avec Ys l'a laissée confuse et perdue. En ce moment, absolument rien ne va. Tout le monde s'enfonce. Il n'est pas question qu'elle s'enfonce, elle aussi. Il n'est pas question qu'elle laisse ses amis seuls. Il n'est pas question qu'elle laisse qui que ce soit de côté. Pas même Ys.

Bien sûr, elle ne sait pas comment gérer tout ce qu'elle a appris à son sujet. Elle est allée voir Hideko pour la prévenir du comportement étrange d'Ys, malgré son hésitation, parce que c'est ce qu'elle doit faire. Elle est préfète, elle doit prendre ses responsabilités. Pourtant, elle a tu le début de bagarre avec Zola… pas question de mettre l'un ou l'autre dans la panade. Dans tous les cas, Hideko n'avait pas l'air surprise. Ca l'a encore plus dépitée.

Au final, dans sa lignée des peluches qu'elle fait à tout le monde, elle en a fait pour Ys aussi. C'est un dragon rouge, mais il sourit. Elle serre la peluche contre sa poitrine après avoir sonné, un sac avec des petits gâteaux dedans. C'est un peu comme une offrande, hein-… Et puis, maintenant, il paraît qu'il habite seul, et c'est trop bizarre.

Lorsque la porte s'ouvre, elle se râcle la gorge et tend le sac en tissu avec les gâteaux :

—J'ai fait des biscuits. Salut. Euh. Ca va ?

Super.

Accueil très chaleureux, digne d'un Ys grognon mis au ban de ses responsabilités ; rien de très étonnant, donc. Elle s'attendait presque à plus de véhémence de sa part. Lorsqu'il la voit, il semble la fixer quelques secondes sans rien dire, avant de commenter avec un truc un peu débile. Oh. Bah. C'est qu'il va pas si mal que ça, alors, s'il arrive à blaguer, loul-

Au moins, il ne la repousse pas, alors elle lui envoie un petit sourire (vaguement en pls) par-dessus le sachet.

—Oui, mais c'est le mien bientôt, tu oserais pas me refermer la porte au nez, quand même ?

Bon, ok. C'est dans un mois. Un mois. Mais. C'est court un mois, à l'échelle d'une vie ! Toujours est-il que l'ancienne rouquine (aux jolis cheveux bleus, nous rappelons) garde ses yeux plantés dans ceux de son ami. Elle ne sourit pas autant qu'à l'accoutumée, mais il sait très bien pourquoi. Ca ne l'empêche pas d'être soulagée de voir qu'il n'a pas encore claqué la porte.

—Je peux entrer ? Ce sera plus confortable pour les manger ! Tu peux même rester en caleçon si tu veux, je dirai rien. Proooooooooomis.

Autant y aller franco avec lui, sinon il trouvera encore une feinte pour s'extraire de la situation, elle le connaît.

Hrp> PTDR il est en bermuda!!! x'DDD
Petite vicieuse >.>


Regard sceptique quand la jeune femme use des dates d'anniversaire pour excuse. Chérie, je sais que c'est dans un mois. Mais ils savent tous qu'il s'agit là uniquement d'une excuse pour pouvoir entrer. N'être qu'ensemble.
Ensemble? Jetant un regard au dessus d'elle, Ys se décide néanmoins à s'appuyer contre le coin de la porte pour la laisser passer. La vue dégagée après son passage, il peut mieux observer les alentours avant de refermer la porte.

"Il est pas venu avec toi l'autre, Zo-truc?"Lance-t'il tout en enfilant un bermuda qui traîné sur le sol.

Il a effectivement fais exprès de ne pas retenir son nom. Disons que leur dernière rencontre est le plus mauvais speed dating connu. Sans accorder un regard à la demoiselle, Ys attrape une chaise couchée qu'il relève.

"Tiens, assis toi là."

La pièce est assez en désordre, elle n'est que d'une première nécessité. Dormir. Recherche. Manger. Dormir. Pendant ce temps, peu ravi de la voir, il préfère s'éloigner pour fumer une cigarette près de la fenêtre.

HRP : OUPS PARDON J'AI MAL RELU MDR C'ETAIT TROP HAUT DANS LE POST- déso— ma faute X'D
J'avoue j'voulais voir ton boule bb (déso-)



Ys a l'air de regarder au-dessus d'elle (c'est pas difficile vu sa taille de naine) et lui pose la question la plus stupide de la journée. Haussant deux sourcils, elle prend son menton entre ses doigts, regarde derrière elle ; à droite, à gauche, elle prend son temps, puis pose ses poings sur ses hanches, une fausse mine surprise sur le visage :

—Oh, bah non ! C'est vrai qu'on est toujours collés ensemble, de vrais jumeaux maléfiques, nos corps sont soudés l'un à l'autre ! En réalité, il est invisible à côté de moi, mais chuuut. C'est un secret, il aimerait pas que je te le dise.

Et elle lui envoie un sourire. Un sourire qui est tout sauf un sourire ravi, mais ça, il le sait sans doute. … De toute manière il est déjà rentré, avec son bermuda, et lui tire une chaise. Elle a pas envie de savoir pourquoi elle était par-terre, mais bon, elle va pas se faire prier et le suit rapidement, refermant la porte derrière elle.

Des cartes tapissent les murs. Elle fronce les sourcils, observe le décor en posant le sachet et la petite peluche sur la table, essayant d'assimiler les infos, et surtout le décor de maniaque. Elle s'éclaircit la voix et se rapproche d'Ys, s'accoudant à la fenêtre elle aussi, sortant une des cigarettes qu'elle s'est roulé plus tôt dans la journée en l'allumant du bout de l'index.

—Ta planque fait peur, je t'avoue, mais au moins t'as l'air de faire les choses à fond ! C'est fou. Pense à aérer, par contre, c'est important pour le cerveau. Tu manges correctement, au moins ? Des légumes, un peu de viande, tout ça ?

Elle l'observe du coin de l'oeil. Elle ne va pas lui faire de reproche, ça sert à rien. Elle veut juste lui faire comprendre qu'elle s'inquiète. Que l'état de sa piaule l'inquiète. Que son état physique l'inquiète.

Evidemment, Ariana pourrait se lancer dans le cinéma. Elle est bonne actrice, et tout le monde pourrait y croire, si seulement elle y mettait réellement du sien. C'est facile de se faire passer pour ce qu'on n'est pas, mais actuellement, ce n'est pas ce qu'elle fait. Elle ressent de la colère, bien sûr ; et l'ironie est le moyen le plus calme et sain de la gérer actuellement. Elle pourrait tout aussi bien l'exprimer clairement, mais quelle importance lorsque la personne face à vous y est totalement hermétique ? Si l'actuelle invisible a bien compris quelque chose au cours des derniers mois, c'est que se débattre dans le vent amène assurément à l'épuisement.

Sa clope au coin des lèvres, la jeune femme le regarde sans sourciller, toujours accoudée à la fenêtre.

—Je dirais bien oui, mais j'ai beaucoup de boulot et j'aime paaas vraiment faire la lessive... Si t'as besoin d'aide pour tes repas, par contre, pourquoi pas. J'aime bien manger !

Et surtout, si ça peut lui tenir compagnie, peut-être qu'il perdra moins la boule. Elle souffle un nuage de fumée, reportant son regard vers l'extérieur.

—Tu sais bien que je joue pas… (Elle soupire, relève les yeux vers lui, réellement inquiète, mais aussi prise dans son conflit intérieur.) Je m'inquiète pour toi, j'avais besoin d'avoir de tes nouvelles pour voir dans quoi tu t'es encore fourré. Je comprends même pas ce que tu fais dans cet appart… Pourquoi tu as déménagé ?

Elle n'évoque pas encore la dernière fois. Ça peut attendre.

—Oh, tout de suite… Je m'appelle pas Ys Ochikawa ! J'ai jamais craché dans la nourriture à personne ! Mais fais attention, ça peut t'arriver ! réplique-t-elle en pointant son index juste sous son nez, lâchant un demi rire.

Mais il se tend davantage lorsqu'elle lui signifie qu'elle ne joue pas. Bien sûr, à quoi s'attendait-il ? Bientôt, il répond lui-même à cette question… Ariana fronce les sourcils, soupirant en restant accoudée à la fenêtre pour terminer sa cigarette. Elle lui jette un coup d'oeil en biais, l'observant sortir des bières du frigo. La bouteille qu'il lui tend est un peu comme une offrande de paix, quelque part. Elle écrase sa cigarette dans le cendrier et l'attrape en le remerciant d'un signe de tête.

—Si j'ai apporté des cookies, c'est pas pour partir.

Cette fois dos contre le rebord de la fenêtre, elle hausse un sourcil en l'observant.

—Je me doute bien que tout Terrae te fait constamment la morale, et je sais aussi que tu es la personne la plus bornée que je connaisse ! soupire-t-elle finalement, avant de secouer la tête, réellement lasse. Qu'est-ce que tu voudrais que je te dise, de toute manière ? Sincèrement ?

Elle fait la moue. Lui dire "c'est pas gentil d'être méchant" ? Lol. Evidemment qu'elle ne l'approuve pas. Evidemment qu'elle est en colère. Et ce n'est certainement pas la seule, si elle interprète sa présence ici. Est-ce que Mitsuki l'a mis à la porte ? C'est tellement compliqué, ces derniers temps…

—J'étais honnête, la dernière fois, tu sais. J'aimerais vraiment pouvoir t'aider. Et si te tenir un peu compagnie t'aide, alors, bah… ça me va.

Et elle tend sa bière vers la sienne, comme pour trinquer.

Un rire échappe à l'ancienne rouquine, qui incline la tête pour mieux regarder Ys. Elle hausse un sourcil provocateur et prend une gorgée de sa bière.

—La raison pour laquelle je l'ai pas fait c'est que j'peux pas actuellement, mais c'est sur ma wishlist, t'inquiète pas. Vous aurez droit à un joli spectacle. J'attends vos suggestions.

Alors qu'Ys revient se poser près d'elle pour reprendre sa cigarette, elle s'appuie contre l'encadrement de la fenêtre pour être en face de lui, même s'il reste de profil. Elle sirote sa bière, expliquant son point tranquillement. Du moins, aussi tranquillement qu'elle le peut. Ses sourcils se froncent aux paroles d'Ys… Elle ne peut pas ? Elle sent déjà la colère monter en elle, qu'elle réprime, qu'elle écrase, qu'elle étouffe. Comme un brasier qu'on avait mal éteint et qui reprend de plus belle avec le moindre souffle d'air. Ses doigts se serrent autour de sa bouteille, presque au point de blanchir.

—La dernière fois ?

Et il s'attend à ce qu'elle accepte bien gentiment de discuter de tout et de rien après lui avoir jeté ça au visage ?

—Pourquoi est-ce que tu décides tout seul de ce que les autres peuvent ou ne peuvent pas faire ? Pourquoi est-ce que ce serait la dernière fois ?

Evidemment, elle s'attend à ce qu'il parte. Bientôt. Mais pas aussi tôt. Elle détourne les yeux, inspirant légèrement. Ses yeux la piquent, aussi croise-t-elle les bras pour se donner une contenance.

—Tu comptes partir mourir tout seul ? Je peux pas faire comme si de rien n'était, Ys. Pas si tu me balances ça comme ça...

L'ancienne morphe continue à prendre quelques gorgées de sa bière, espérant qu'elle la détende un peu. Ca ne risque cependant pas d'arriver au vu de la conversation qu'ils sont en train d'avoir. Evidemment qu'Aria aurait aimé profiter de ce moment. Être capable de sourire, de rire. Mais pas s'il fait comme si de rien n'était. Elle aimerait qu'ils soient honnêtes, tous les deux. Ils sont amis depuis des années, depuis qu'elle l'a rencontré au restaurant, depuis qu'ils étaient collègues, tous les deux. La gorge comprimée, elle ne quitte pas Ys des yeux. Son revirement d'attitude la fait ouvrir de grands yeux, alors qu'elle prend ses mots comme un coup de poignard en plein coeur.

Tu es une gêne, Aria.

Elle s'arrête de respirer un temps, elle ne s'énerve pas, elle ne pleure pas ; elle ne réagit juste pas.
Evidemment, elle est surprise ; évidemment, elle est blessée. Evidemment. Evidemment.

Ce regard, ce qu'elle lit en eux, elle ne l'a jamais vu chez lui. Plus que ses mots, c'est ça qui la détruit. Elle veut répliquer, mais il reprend. Un nouveau coup de couteau. Et un dernier. Ses petits doigts se serrent à nouveau sur sa bouteille. Ses dents se serrent… Elle baisse les yeux. Pendant un temps, elle se fait toute petite, presque à se recroqueviller. Et d'un coup, elle se redresse, elle se rapproche, elle laisse sa colère éclater. Ses yeux rougeoient, son menton est haut. Malgré sa toute petite taille, elle reste plantée devant lui et ne recule pas. Elle ne parle pas lentement, mais elle parle distinctement, avec une emphase particulière. Pour que chaque mot s'imprime dans son cerveau. Peu importe ce qu'il pense d'elle, peu importe ce qu'il pense qu'elle fait avec Zola. C'est pas sa priorité.

Maintenant, elle s'énerve.

—Ce que je fais et avec qui te concerne pas, pas plus que les problèmes auxquels je m'intéresse. Tu comptes faire la guerre tout seul, c'est ça ? Bah, ok, d'accord, je t'en empêche pas. Tu es le grand gagnant de cette histoire, tout le monde t'acclamera à ton retour et le monde sera plus beau grâce à toi, c'est évident !

La jeune femme ne cille pas, elle serait même tentée d'applaudir. Elle n'a pas peur de lui. Elle n'a pas peur de son ami. Elle a simplement peur de ce qu'il peut se faire à lui-même.
Pas à elle.

Elle fait un pas en avant.

—Sans déconner, tu peux me voir comme une gêne, tu peux me voir comme une épine dans ton pied… j'en ai absolument rien à faire ! s'exclame-t-elle comme pour le couper s'il essayait de la contredire, sourcils froncés. Je sais que t'en pense pas un mot. Là, tout ce que tu fais, c'est essayer de fuir. Tu te crois un combattant, mais en réalité, si tu règles tout par les insultes et la violence, c'est juste parce que t'es un lâche. T'es terrifié.

Et sans doute pas assez réfléchi pour trouver une autre solution, visiblement.
Relevant encore le menton, Ariana lui lance avec une grimace qui se mue en sourire provocateur:

—Pourquoi tu veux que je parte en claquant la porte, hein ? Est-ce que t'as peur de moi ? T'as peur que je réussisse à te faire changer d'avis, c'est ça ?

Elle n'est pas arrogante au point d'y croire. Mais qu'il ne pense pas réussir à la manipuler comme ça. Sa réaction de la dernière fois le prouve bien.

Tout lui déverser lui fait un bien relatif. Un peu essoufflée, elle garde le poing serré… Et finit par poser sa bière lorsque le regard de Ys se durcit, puis qu'il se met à applaudir en riant. C'est un visage las et agacé que lui renvoie l'ancienne morphe. Son regard se fait de braise lorsqu'il mentionne Allen pour la seconde fois. Elle secoue la tête lentement de gauche à droite ; pas pour le contredire, mais par dépit, par colère, par abattement.

Son sourcil se hausse. Venir avec lui ? Qui a parlé de ça ? Qu'est-ce qu'il croit, là, tout de suite ? Evidemment qu'il se joue d'elle. Mais il va tellement loin, encore. Il parle encore de violence, de force, de casser des choses, des os, des gens, il parle encore de sang. Parce qu'actuellement, c'est la seule chose qui l'intéresse. Mais c'est un test. C'est un test, et elle ne doit pas échouer.

Elle ne doit pas non plus lui donner ce qu'il attend. Pourtant, elle se tend, elle reste face à lui, impossible ici de lui tourner le dos, comme cette fois lorsqu'il voulait s'en prendre à Zola. Sa mâchoire se contracte… Et ses yeux s'élargissent lorsqu'il tire ce couteau du mur. Son corps tout entier se tend. Est-ce qu'il se rend compte de ce qu'il fait ? Est-ce qu'il se rend compte d'à quel point il débloque ? Quand est-ce qu'elle a dit qu'elle tuerait qui que ce soit pour lui ?

Elle n'arrive pas à retirer sa main ; il la maintient, la force à tenir ce couteau, à le pointer sur Ys. Et elle lutte, mais contre sa force, elle n'arrivera à rien juste en tirant.

—MAIS FERME LA !! Tu débloques complètement ! Je n'ai rien à te prouver ! Ni à toi… ni à personne d'autre !

Ses flammes recouvrent ses mains pour faire lâcher le couteau au Master tout en parlant. D'un geste brusque, elle plante l'arme dans le rebord de la fenêtre, sans enlever sa main du manche. Elle a failli renverser la bouteille, mais c'est le cadet de ses soucis.

Aria reste face à lui, furieuse, les iris écarlates comme des flammes. Elle ne reculera pas face à lui, c'est hors de question. Elle n'est plus une petite fille ; malgré ses yeux brillants et sa voix qu'elle essaie de maintenir.

—Tu crois que tu m'impressionnes à me hurler dessus ? Tu crois que tu m'impressionnes à me rabaisser ? siffle-t-elle. Alors je veux t'aider, c'est vrai. Je veux t'aider à pas faire de connerie. Je veux t'aider à aller mieux. Je veux t'aider autant que je peux le faire. Mais contrairement à toi et à beaucoup trop d'autres personnes ici, j'ai pas besoin de la violence pour régler mes problèmes.

Elle a une inspiration tremblante ; colère, peur, tristesse. Comment, comment, comment ils en sont arrivés là ?! Quelques larmes coulent, mais elle ne bouge pas, son expression furieuse ne fuit pas, son ton ne s'allège pas.

—Refais plus jamais un truc pareil.

Parce qu'en essayant de protéger ceux que t'aimes, tu vas forcément finir par les blesser. Et eux aussi ont le droit de se défendre, tu sais.