Ce fut épuisée que je rentrai chez moi, les cheveux en pagaille et une odeur de sueur persistante se dégageant de moi. J’avais passé tout le matin et une partie de l’après-midi à m’entraîner avec Helm et Mitsuki. Comme ça ne me tentait pas trop bien qu’on l’avait prévu à l’avance, je m’étais beaucoup plaint (c’est vraiment duuur de se retenir pour moi). Heureusement, on avait fini tout ça sur une bonne note en allant manger une glace.

Aussitôt arrivée, je me précipitai dans la douche. Je brossai ensuite ma chevelure pour qu’elle retrouve un aspect plus acceptable et changea de vêtements. Je ne savais pas si j’allais sortir de nouveau dans ma journée, mais je décidai de ne pas me mettre tout de suite de pyjama. J’enfilai alors une tenue légère. J’écoutai un peu la télévision, continuant l’anime Kakegurui que j’avais commencé, puis fit quelques tik toks comme je me sentais mignonne (j’avais toujours du mal à croire que j’avais maintenant 30k abonnés ?!! J'étais loin de ce nombre sur tumblr et YouTube !).

Puis, quand vint le soir et que le soleil avait presque fini de se coucher, on cogna à ma porte. Je l’ouvris et découvrit Aria de l’autre côté, rayonnante, comme toujours. Elle me salua si je me sentais en forme ce soir, avant de me complimenter sur mon apparence. Je baissai un peu les yeux, embarrassée. Je n’avais toujours pas réussi à me débarrasser du petit crush que j’avais sur elle. Au moins, j’avais su dès le départ qu’elle avait un copain… *insérer ici un emoji qui pleure*.

— Salut ! Je vais bien. Qu’est-ce qui t’amènes ?

À voir sa tête, on aurait dit que j’aurais dû savoir ce qu’elle faisait là. Réfléchissons, réfléchissons… AH ! Voilà que je me souvenais qu’elle m’avait proposé de sortir ce soir. Je n’avais pas répondu oui, mais je n’avais pas refusé non plus… Et puis j’avais oublié de lui en reparler. Et il semblerait que dans son cas, elle avait juste assumé que l’on sortait réellement.

— Ah oui, c’est vrai ! J’avais oublié...

Elle m’avait invité à cause de ma peur de la nuit. Je lui avais expliqué d’où elle venait et du fait que je ne pouvais m’empêcher d’être paranoïaque. J’évitais d’être à l’extérieur quand il faisait noir et si je sortais, c’était pour aller dans des endroits éclairés. Des fenêtres, je pouvais regarder la lune et les étoiles d’une distance plus confortable. Je m’ennuyais du temps où je sortais mon télescope quand j’étais petite pour aller regarder le ciel étoilé. Mon télescope qui traînait dans le garde-robe dans ma chambre de Terrae. J’aurais pu le laisser en France, mais je l’avais amené. À cause d’un espoir que je pensais vain, mais qui restait un espoir.

Je ne sonnai certainement pas très enthousiaste. Ce n'était pas parce que je n'avais pas envie de sortir avec Ariana, mais ma phobie et l'idée de devoir l'affronter qui m'avait fait adopter ce ton. Elle déclara que je n'étais pas obligée, qu'elle ne voulait pas me forcer, mais que si je souhaitais tenter le coup on irait à mon rythme. Puis, elle me montra ce que contenait son sac, c'est à dire une couverture et des provisions. Je souris en voyant ça : elle avait vraiment pensé à moi et ça me touchait. Elle m'assura qu'elle était préparée et qu'elle saurait me protéger.

Émue, je ne pus m'empêcher de m'approcher d'elle pour l'enlacer. Je ne croyais pas toujours valoir la peine qu'on se soucie de moi comme ça alors... Je me séparai d'elle après quelques secondes et laissa s'échapper un petit rire.

— Tu vas me protéger avec tes gros muscles ? plaisantai-je.

Une image d'une Ariana extrêmement musclée et irréaliste passa dans mon esprit, me faisant rire de nouveau. J'enfilai alors mes souliers et me demandai si j'apportais un sweatshirt. Mais je me rappelai que j'avais vu la météo ce matin et qu'il ne prévoyait pas faire particulièrement froid ce soir. Et au pire, la rouquine s'était munie d'une couverture. Je pris une grande respiration.

— Ok. Je suis prête. Je crois...

Je me retournai vers mon lapin pour lui dire au revoir, oui non je m'en fous qu'il ne me comprenne pas, et ouvrit la porte. On se dirigea ensuite vers la sortie du bâtiment.

Je souris en voyant Ariana lever le bras pour montrer ses muscles (spoiler : elle n'en avait pas vraiment), puis éclata de rire lorsqu'elle utilisa son pouvoir pour donner l'illusion qu'elle était une meuf qui allait au gym tous les jours. Mais qui ne soulevait des poids qu'avec un seul bras, hein. Elle s'exclama qu'il fallait bien que ses muscles servent à quelque chose et que si ça ne fonctionnait pas, elle pouvait se transformer en tigre.

— Génial, j'ai toujours rêvé d'avoir un tigre de compagnie comme Jasmine.

C'était vrai, en plus. Seulement, je n'avais jamais pu concrétiser ce rêve. En tout cas, elle semblait bien déterminer à me protéger en cas de danger. Une fois mes chaussures enfilés, ce fut le moment de se diriger vers la sortie. La rousse me dit des mots d'encouragement alors que nous progressions dans le couloir. Elle me demanda si je voulais qu'on décide d'une heure maximum.

— Ok ok... et si on disait 22h30 ?

Après cette heure-là, pour moi, c'était la vraie nuit. Et la vraie nuit, ça faisait encore plus peur. J'eus alors un flash et tournai la tête derrière moi. Et si..? Je posai mes yeux sur Ariana, hésitante quant à ce que j'allais déclarer.

— Je vais chercher un truc dans ma chambre, ok ? J'te jure, je me dégonfle pas... je reviens dans une minute.

Ouais bon parce que clairement, ça pouvait sonner comme si j'avais décidé d'abandonner et d'aller m'enfermer. Je rebroussai chemin et ouvrit mon garde-robe pour m'emparer de l'objet que je convoitais. Un gros sac que je balançai sur mon épaule avant de sortir de la pièce. Je revins alors vers mon amie.

— C'est mon téléscope... Ça fait longtemps que je ne l'ai pas utilisé mais c'est le moment, pas vrai ?

L'idée d'avoir quelqu'un qui m'accompagnait me calmait dans cette épreuve. Je n'avais pas sorti mon téléscope depuis des années à cause de ma phobie. Il me semblait bien l'avoir utilisé une ou deux fois, à l'intérieur, après l'incident. Mais l'expérience n'était pas la même et ça m'avait fait mal de ne pas me sentir capable d'aller dehors pour voir les étoiles de plus près.

L'agitation d'Ariana face à mon téléscope me fit sourire. Elle tapa dans ses mains en s'exclamant qu'on allait trouver un bon endroit pour l'utiliser. Elle me demanda si j'avais besoin d'aide pour le transporter. Je hochai de la tête, il fallait dire qu'il était plutôt lourd. Le sac avait d'ailleurs été pensé pour pouvoir être transporté à deux : en plus de la grande anse principale, elle y en avait deux plus petites. Je lui pointai donc la anse de son côté.

— C'est mes parents qui me l'ont donné en cadeau. C'est un téléscope de débutant mais c'est un peu dispendieux, oui.

Apparemment, la rouquine n'en avait pas utilisé d'autre que celui à l'observatoire. Il me semblait bien que, après tout, peu de gens possédaient leur propre téléscope. Disons que j'avais eu de la chance d'avoir des parents assez fortunés et généreux pour m'en acheter un. Elle me demanda si j'étais déjà allée à l'observatoire et si des cours d'astronomie pourrait me plaire.

— Non, je n'y suis jamais allée. Après ce qui s'est passé, j'ai presque totalement laissé tomber l'astronomie. Pour ce qui est de cours... ce serait sûrement sympa. Même si je ne sais pas où ça pourrait me mener.

Je ne savais même pas ce que faisait un astronome, en fait. Je doutais que son métier consiste uniquement à observer le ciel. Puis vint le moment de sortir.

— Bon... alors... je te suis ?

Elle avait dit avoir pleins de choses à me montrer alors elle avait probablement un itinéraire en tête.

Oui, il s'agissait probablement du cadeau qui lui m'avait fait le plus plaisir de toute ma vie. À l'époque, j'étais vraiment une fanatique des étoiles. Ariana s'exclama qu'Allen aimait aussi regarder les étoiles. Petit pincement au coeur. Mais bon, je sentais que je saurais passer à autre chose, un jour... Juste pas là, maintenant. Sinon, j'étais heureuse qu'elle ait un copain avec qui elle semblait bien être.

Puis, elle dit qu'on n'avait pas toujours besoin de savoir où on allait, dans la vie. Elle n'avait pas tort, mais j'étais du genre à aimer tout planifier et quand j'improvisais, je perdais mes moyens. Je la suivis jusqu'à l’ascenseur et une fois dans le hall d'entrée, elle me révéla notre destination. Apparemment, la vue était sublime au champ de fleurs. Juste avant de sortir à l'extérieur, elle sortit des bracelets luminescents. Omg sérieusement ? Elle était trop choue !!

— Aaaw c'est génial, merci !

J'en pris quelques uns et les craquai afin de les activer, avant de les mettre autour de mes poignets. Quand Ariana eut fait de même, je la laissai pousser la porte de sortie. Dehors, le soleil avait terminé de se coucher et l'obscurité s'était installée. Je regardai autour de moi par réflexe, car on ne sait jamais quand le danger peut surgir, surtout la nuit. Personne aux alentours. On se mit donc en route pour se rendre au champ de fleurs.

Je me tenais près d'Aria, plus détendue que je ne l'étais quand j'étais seule. Mes pas étaient pressants, puisque j'avais l'habitude de me dépêcher quand il faisait noir. Mais, voyant qu'Ariana avait un peu de mal à suivre la cadence, je ralentis.

— Oups, pardon.

Je n'étais pas seule. Tout allait bien. Ouais bon, mon cerveau avait du mal à recevoir le message puisqu'il bougeait mes yeux dans tous les sens.

— Dommage que je ne puisse pas nous téléporter ! Maintenant que j'y pense, il me convient plutôt bien ce pouvoir, vu ma paresse légendaire ! déclarai-je.

Ok je faisais beaucoup plus d'exercices physiques qu'avant, mais j'avais quand même souvent la flemme de simplement me lever ou de me rendre quelque part même si c'était tout près.

Apparemment, Ariana aimerait bien être téléporteuse, elle aussi. Bien qu'il semblerait qu'elle ne serait pas prête à échanger son pouvoir de morphe contre celui-ci. Elle me fit penser que, d'ailleurs, il pouvait également se révéler utile pour les déplacements puisqu'elle pouvait se transformer en animal plus rapide.

— Oui, je n'avais pas pensé à ça ! Je t'envie tellement de pouvoir te transformer en oiseau, j'ai toujours voulu voler comme tu le sais !

Mon regard déviait souvent sur les oiseaux dans le ciel. Je volais souvent dans mes rêves, mais la véritable sensation devait être encore plus spectaculaire. Ariana s'exclama que ce serait chouette que l'on soit seules au champ de fleurs.

— Oui, on verra bien...

Nous continuâmes à marcher en discutant, jusqu'à ce que nous arrivions à destination. Il n'y avait personne en vue ! Je levai les yeux vers le ciel et constatai qu'Aria avait dit vrai : la vue était très dégagée. On sortit le téléscope du sac et j'ajustai le trépied. Mon coeur débattait dans ma poitrine. J'étais excitée et effrayée à la fois. Après avoir correctement installé le téléscope, je jetai un coup d'oeil à l'intérieur pour m'assurer que tout fonctionnait. Je le pointai d'abord sur la lune, à moitié visible ce soir-là.

J'avais oublié ce sentiment. Comment une sphère blanche avec des cratères pouvait-elle être aussi magnifique ? Pourquoi j'avais du mal à en détacher mon regard ? Je souris et me retournai vers Ariana.

— Viens voir, la lune est sublime.

En fait, j'avais quasiment oublié l'existence des cristaux. Sûrement parce que j'avais été trop focusée sur la pratique de propre élément ! Mais sans aucun doute, j'allais en utiliser un jour.

Malgré le fait que je lui ai déjà dit d'approcher, elle me demanda si elle pouvait prendre ma place. Je souris et m'écarta pour qu'elle puisse regarder dans le téléscope. Même si je ne pouvais pas très bien voir son visage, je sentis qu'elle était en totale admiration. Elle me demanda ensuite si je connaissais les constellations et si je voulais partager mon savoir avec elle.

— Je crois me souvenir, oui.

Je me positionnai de nouveau devant le téléscope et me mit à chercher. Rapidement, je repérai la Grande Ourse, qui était facile à trouver.

— Voilà la Grande Ourse. J'imagine que tu la connais, celle-ci. Elle a la forme d'une casserole.

Je la laissais observer avant de repartir à la chasse.

— Et là, Cassiopée. Elle a une forme de W.

Je crus en voir une autre près d'elle, mais je ne me souvenais plus de son nom. Il fallait dire que cela faisait des années que je n'avais pas regardé les constellations. Et puis, de la pratique avait été nécessaire pour que j'arrive à les identifier, bien que c'était beaucoup plus aisé avec un téléscope qu'à l'oeil nu.