Pour ce RP je suis Feu Marionnettiste :D

Mon regard se perdit un instant dans la contemplation de l'eau qui continuait à stagner dans mon évier. Je soupirai, avant d'aplatir à nouveau ma main dessus avec volonté, la totalité de l'eau finissant par s'évaporer à une vitesse éclair. Je soupirai.

Visiblement, la température de mon corps ne semblait pas vouloir diminuer. Et visiblement, je ne pouvais plus rien toucher sans risquer de le brûler au premier contact.

Feu... C'était l'affinité que j'avais lorsque tout ça avait eu lieu. C'étaient ces flammes qui avaient envahi la salle des Masters, épuisé toute mon énergie dans la greffe d'Aaron, puis s'étaient éteintes lorsqu'Ys avait disparu derrière la porte qui s'était refermée avec fracas.

A l'aide de mon avant-bras, j'essuyais la sueur qui perlait sur mon front, avant de reposer mon regard sur mon reflet dans le miroir. Je me pinçais les lèvres, essayant de contenir ces larmes qui n'avaient même pas le temps de rouler sur mes joues avant de disparaître elles aussi sous l'état de vapeur d'eau. Mes yeux se posèrent sur mes mains qui ne cessaient de me donner du fil à retordre depuis une heure. J'avais déjà fait fondre mon tabouret de salle de bain, brûlé les serviettes, et complètement asséché la plomberie de la maison. Je n'allais quand même pas passer le reste de la journée à me tenir debout ici, sans rien pouvoir faire de mes deux mains... Sauf qu'aucun lieu ne semblait véritablement adapté pour m'accueillir.

... Aucun lieu, à part la salle d'entraînement, équipée spécialement pour lutter contre les pertes de contrôle de nos pouvoirs. Et puis, quelle chance, ayant décidé de travailler directement de la maison aujourd'hui, j'étais déjà habillée presque en tenue de sport ! Bon, mon pantalon de pyjama ample contrastait avec mon débardeur moulant, mais ça ferait bien l'affaire.

Je pris donc la direction de l'Institut, après avoir eu terriblement peur de faire du mal à Balto quand il s'approcha de moi pour me saluer avant que je parte. Je m'éloignai dans les rues, pieds nus, et après quelques longues minutes de marche, j'arrivais finalement devant la porte du hall. J'attendis un peu que quelqu'un sorte pour pouvoir profiter de la porte ouverte, et me glissais à l'intérieur du couloir, gagnant ensuite assez rapidement la salle d'entraînement. Lorsque j'entrais par la porte fort heureusement entrouverte, j'entendis les plaintes d'une fille. Je n'eus pas tant de mal que ça à la repérer, vu le boucan qu'elle faisait en tapant sur son sac de frappe... Et peut-être aussi que c'était plus facile car elle était seule dans la pièce. Ca jouait pas mal.

-Journée difficile ?

Je ne sus pas bien pourquoi j'avais engagé la conversation en m'approchant d'elle. Je devais avoir besoin de contact humain plus que je ne le pensais.
Cachant mes mains dans mon dos, je continuais à essayer de me détacher de cette chaleur étouffante, sans grand succès.

Sa première réponse me prit de court. Mon corps se tendit et je posai un regard surpris sur elle. Elle... pensait à moi ?

Mon coeur se serra un peu à la mention de l'hôpital, et je sentis mes pouvoirs qui m'échappaient. Je reculai de quelques pas pour m'éloigner d'elle, mes mains s'enflammant dans mon dos. Elle s'éloigna pour aller prendre de l'eau, et je la suivis du regard, interdite.

Je... ne connaissais pas cette fille. J'étais quasiment sûre de ne pas la connaître ; peut-être l'avais-je déjà croisé, mais je ne la connaissais pas. Alors pourquoi pensait-elle à moi ? Pourquoi évoquait-elle l'hôpital, comment pouvait-elle être au courant de quoi que ce soit ?

Mon coeur s'affola un peu dans ma poitrine, légèrement paniqué. Qui était cette personne, au juste ?

Je me mordis la lèvre inférieure, baissai le regard sur mes pieds alors qu'elle évoquait le parcours d'Akkiko. En quelques mots, elle m'avait complètement perdue. Je croisai mes bras en position défensive sur ma poitrine, oubliant les flammes qui s'échappaient de mes mains. Elles ne me brûlaient pas, de toute façon, et visiblement, la chaleur ne m'atteignait pas non plus. Je reposai mon regard sur elle, une fois encore, les sourcils légèrement froncés. J'aurais pu dire qu'elle me confondait avec quelqu'un. Il y a finalement plusieurs personnes qui ont les cheveux blancs ici, ça aurait été carrément possible. Mais non. Non, elle parlait bien de moi, elle savait parfaitement qui j'étais. Comment pouvait-elle me connaître ?

-Qui es-tu ?

La question s'échappa de mes lèvres avec une spontanéité un peu crue. Je m'humectai les lèvres, ce qui n'eut pas grand effet avec la chaleur ambiante, et secouai ma tête. Je baissai mes yeux vers mes mains et me souvins enfin de leur état. Je m'empressai, maladroitement, de les replacer dans mon dos pour les cacher, bien que ce soit un peu stupide maintenant.

-Je... Je cours beaucoup, j'essaie d'évacuer mon hyperactivité comme je peux. Avant d'arriver à Terrae je touchais un peu à tout, tir à l'arc, combat au corps à corps, escalade... Mais je ne me suis jamais entraînée ici, j'ai surtout suivi mes envies et je faisais ce que j'avais envie de faire à l'instant T. J'ai surtout continué la course, pour me dépenser c'était suffisant. Mais du coup oui, le parcours d'Akkiko était vraiment chouette !

J'étais Feu aussi, d'ailleurs, lorsque je l'avais testé... Il faut croire que cette affinité me colle à la peau.

Je relevai mon regard vers elle.

-Tu pratiques des sports de combat ? demandai-je en désignant le sac de frappes sur lequel elle s'entraînait quand j'arrivais.

A la mention d'Ys, mon coeur reprit sa course folle dans ma poitrine. Je levais le regard vers elle, les yeux écarquillés, en proie à l'incertitude. Ys lui avait parlé de moi...

J'eus une lueur d'espoir. Peut-être l'avait-elle revu ? Peut-être qu'elle continuait à lui parler en ce moment ? Comment allait-il ? Que faisait-il véritablement de ses journées ? Peut-être qu'il n'avait pas vraiment perdu pied, peut-être que c'était autre chose. Peut-être qu'il avait pris peur, peut-être qu'il s'était dit "Oh non, je ne suis pas prêt pour le mariage, je devrais m'en aller, je ne suis pas prêt à l'accepter.". Peut-être qu'il allait bien, qu'il n'allait pas faire du mal aux autres. Peut-être que ça avait été une erreur cette fois-là avec cette fille et Akihiko ; peut-être qu'il n'avait pas pensé à mal, peut-être que le Dragon avait simplement cédé à la panique. Peut-être que tout allait enfin rentrer dans l'ordre...

Elle me raconta qu'elle avait commencé à apprendre à frapper ici, à Terrae. J'écoutais d'une oreille distraite, mes lèvres brûlant d'envie de lui poser une question à propos d'Ys. Elle évoqua Senri, que je savais être un boxeur, Atumane, que je ne connaissais que parce qu'il avait été évoqué à de nombreuses reprises en salle des Masters.

Et puis, quand elle marqua une pause, je me dis que j'allais pouvoir poser ma question. Sauf qu'elle me devança en me volant ma question.

Je tombais de trop haut cette fois, l'espoir étant monté beaucoup trop vite pour que je le gère correctement lors de sa chute. Mon diaphragme se comprima et je détournai le regard, mes yeux s'embuant de larmes. Elle se confondit en excuses, sembla gênée, mais je ne comprenais pas. Pourquoi est-ce qu'elle s'excusait ? Pourquoi semblait-elle si troublée par sa propre question ?

Mes mains s'éteignirent enfin, sans que je ne comprenne véritablement le mécanisme de mes pouvoirs aujourd'hui, et je croisai à nouveau mes bras sur ma poitrine douloureuse.

-Je... Je n'sais pas à quand remonte la dernière fois que tu l'as vu mais je...

Je chassais les larmes de mes yeux d'un revers de la main.

-Je peux pas t'en dire plus. Je... Je n'l'ai pas vu depuis deux mois maintenant.

J'essayais de repousser les larmes, fixant une feuille qui voletait devant l'une des fenêtres de la pièce. Je me pinçai la lèvre inférieure, serrai mes bras croisés entre mes doigts.

-J'ai... j'ai testé beaucoup de disciplines parce que mon père voulait que je sois douée pour un peu tout. Mon entraînement a été un peu particulier, mais si tu veux je pourrais te montrer quelques bases de différents trucs un jour, tentai-je comme diversion.