C'était un bon petit voyage, j'étais assez contente de ma petite excursion à but purement, mais pas que, touristique. J'avais des affaires à régler au centre-ville, j'ai pu revoir Hortensia à l'aéroport qui m'a fait don d'une boite de nos propres bouteilles. La brave fille avait fait le trajet jusqu'à Tokyo pour me revoir, il faut dire qu'on avait presque grandi ensemble et mon départ soudain l'a un peu laissée en plan. Je n'ai pas pu lui expliquer pourquoi je restais ici, au Japon, de toute manière, elle était mieux dans l'ignorance et focalisée sur nos affaires. J'étais retournée à Terrae, avec une peinture, des fausses lames, quelques pâtes, elles aussi fournies par ma chère Hortensia, avec un peu d'ingrédients pour les accompagner, quelques gâteaux dont certains avaient un assaisonnement particulier.

Alors, une fois revenue comme une fleur et avec un grand sourire devant les portes de Terrae, évidemment que je m'étais faite cueillir. Le gardien n'avait clairement pas l'air content, mais bon, je ne m'attendais pas à un câlin, c'était mieux comme ça. Il passa un coup de fil ... la directrice. Je comptais un peu là-dessus, en fait, tout est mieux dit lorsque les mots atterrissent dans les bonnes oreilles. Quelques minutes plus tard, je me retrouvais devant le bureau de la grande manitou, j'avais intérêt à faire bonne garde, elle avait la même affiliation que moi. Se concentrer sur ce qui importe. Elle me posa la question d'une manière extrêmement sévère, comme si c'était moi qui avais déclenché la bombe qui avait explosé dans l'allée. Avec un visage sérieux, mains jointes, je répondis simplement.

- Je suis partie car je n'en pouvais plus d'être enfermée ici, et je suis revenue parce que je veux rester.  J'avais juste besoin de respirer un peu ... rester ici me force à me pencher sur mon travail et plus je fais ça, plus je m'énerve vite.

Ce n'était pas faux, y avait qu'à voir les répliques que je peux balancer aux autres.

- Il y a certaines personnes ici qui pourront témoigner, je ne suis pas agréable dans ces moments-là.

Je commence à fouiller dans les sacs que j'ai ramenés avec moi.

- Je suis partie parce que j'avais besoin de vacances, il fallait que je respire et pour ça, j'ai visité le centre de Tokyo, j'ai aussi rendu visite à une proche à l'aéroport et, que vous le croyez ou non, je ne suis pas quelqu'un d'ingrat ou d'impoli, alors ...

De mes bagages, je sors une bouteille de vin rouge, et une autre de vin blanc que je dépose sur le bureau devant moi.

- Appelez ça une tentative de corruption si vous le voulez, il n'empêche que je suis sous votre toit et que, pour mon propre bien, j'ai enfreint une de vos règles. Alors les voici, "Merci" et "Pardon". Je sors également une boîte de chocolats haut de gamme. Ca, c'est plutôt un "bon courage" à distribuer à ceux qui ont été touchés par l'attentat. Je ne sais pas de qui il s'agit, mais ... voilà. Ca vaut ce que ça vaut.

Je me redresse et reprends la parole une dernière fois.

- Je n'ai rien fait, là-dehors, j'étais juste une touriste comme une autre. Pour tout dire, j'aimerais bien pouvoir encore sortir dans le futur. En quelque sorte, vous pouvez voir ma sortie comme une mauvaise démonstration de bonne foi, mais une démonstration tout de même.

Et je baissais la tête, mains derrière le dos, comme les pauvres gars qui allaient présenter leurs excuses à mon père. Parfois, c'était mieux de faire preuve d'humilité.

Sortir n'a jamais été interdit ? Je ne serais pas là si c'était vrai, n'est-ce pas ? Forcément il devait y avoir un autre sens à ce qu'elle disait, ou alors on l'avait mal renseignée et là, ça aurait été extrêmement frustrant. Mais nan, elle parlait de cette satanée éclipse. Pourvu que ça s'arrête vite ... c'était la sixième phase ? Plus que trois, alors ? Bon, ça aurait pu être pire alors, mais j'aimerais vraiment pouvoir accéder enfin à mes pouvoirs.

Elle avait l'air ... plus calme. Mieux vaut ne pas fouiller dans sa tête, elle doit sûrement être capable de savoir quand quelqu'un fait ça. Et même si ce n'est pas le cas, il faut que je me fasse bien voir. Espionner les pensées de la directrice n'est certainement pas la meilleure approche. Non, mieux vaut ...

- Je comprends.

La fermer docilement hocher la tête est parfois la meilleure chose à faire, je suis pas là pour faire la maligne. Elle aussi est feu à la base, et les comportements des gens comme nous peuvent parfois être explosifs. Je n'ai pas envie de la chercher, mieux vaut simplement aller sur son terrain. Ce qui m'interpella en revanche, fut la révélation d'un fait dont je ne connaissais pas l'existence.

- J'ignorais qu'il y avait des gens qui connaissaient seulement notre existence, même si je m'en étais doutée. Les pouvoirs font des jaloux ?

Je veux en savoir plus sur ça, s'il y a un conflit entre Terrae et d'autres personnes, je veux en faire partie. Hors de question de laisser ce genre d'opportunité passer, je suis née dans un réseau criminel, comment ne pourrais-je pas m'intéresser à ça ?! Les embrouilles, les petits coups sous la table, les fusillades dont tout le monde connait l'existence mais que personne n'entend, c'est ça mon boulot, aussi !

- Madame, j'avais deux questions à vous poser.

J'inspire bien, j'avais pas intérêt à balbutier pour celles-là, ça doit se voir sur mon visage que je m'apprête à larguer une bombe interrogative. La plus lourde en première.

- D'abord, est-ce que vous me laisseriez vous aider avec les problèmes de ce genre ? Vous avez vu où je vivais, vous avez fait, j'espère, des recherches sur moi et ma famille. Impossible que vous m'ayez confondue avec une simple gosse de riche.

Quoi, ils auraient hébergé une fille de Don sans même s'en douter ? Mais si elle ne le savait pas, je ne lui avais pour l'instant rien dévoilé, ça, ça ne viendrait que si elle a l'air intéressée. Même si j'en doute ... mais maintenant que la bombe est lâchée, je peux revenir sur ma deuxième demande, bien moins lourde.

- J'aimerais aussi apprendre à maîtriser mon pouvoir, mais je n'ai jamais trouvé quelqu'un qui m'a vraiment aidé. J'ai le même don que vous, est-ce que vous voudriez bien m'enseigner ?

Demande moins lourde ne signifie pas forcément plus accessible ... enfin, en l'occurrence si. Seulement, je sais bien que quelqu'un avec autant de responsabilités peut ne pas avoir le temps pour un sous-fifre ou une simple élève. Rien qu'avec mon propre travail je galère, j'imagine pas le sien.

Le sourire qu'elle affiche me rassure pour ma deuxième question, mais la réponse d'Hideko n'en fait pas autant pour ma première. Je m'y attendais, honnêtement et ce n'est pas plus mal, la seule chose qui comptait c'était qu'elle sache que je voulais aider. Que je doive le faire ou non, c'était optionnel. Mais bien sûr que je continue à travailler, je venais de le lui dire.

- Ce n'est pas pour rien que mon nom est écrit sur les deux bouteilles devant vous ... croyez-moi, je travaille encore.

J'avais cette possibilité dont elle évoquait l'improbabilité, ou, du moins, j'avais l'opportunité d'essayer. La mafia de mon père n'était pas seulement employée de la famille, elle était fidèle au nom Delacorte, du moins, d'aussi loin que je le savais, c'était le cas. J'avais des gens parfaitement normaux qui pouvaient très bien agir incognito à mon service sans poser de questions.

De toute manière, le "c'est gentil de proposer" me suffisait largement et au final, son refus (ou demi-refus, je ne sais pas trop) m'arrange presque. Mais ce qui me faisait vraiment plaisir, c'était son accès à ma seconde demande. Je voulais faire des progrès avec mon pouvoir, si je suis ici, c'est avant tout pour cette raison.

- Je comprends. Merci beaucoup. Vous êtes la seule marionnettiste expérimentée que je connaisse et ce n'est pas le feu qui m'intéresse.

La question d'Hideko, j'y trouvais une réponse toute faite, je n'avais pas besoin de réfléchir à ça, c'était l'une des rares problématiques qui me renvoyaient à mes actions passées que je pourrais être susceptible de regretter.

- Je ne pensais pas que c'était nous que vous vouliez protéger.

Je n'ai pas oublié que la première chose maîtrisée et planifiée que j'ai faite avec mon pouvoir, c'était électrocuter un homme jusqu'à ce qu'il en meure. Ce n'est pas une question de remords, mais une question d'évaluation des risques. Moi aussi, si j'étais un gouvernement ou une institution avec l'autorité suffisante, j'enfermerais ces gens qui peuvent être considérés comme des armes.

Je range mes mains, les doigts les uns dans les autres en me tenant aussi droit que possible.

- C'est tout, madame ?

HRP : Je précise que la mafia de Mira n'est pas nécessairement encore la sienne, je pense que dans son développement futur, elle apprendra que ce n'est plus le cas, mais je suis pas encore tout à fait décidé =3

HRP : En vrai, Mira, c'est Veronica Lodge dans Riverdale, avoue.

Je ne dis rien lorsqu'elle confirma qu'elle travaillait bien encore. Je n'étais personne pour lui dire d'arrêter. Terrae lui offrait quelque chose de nouveau, à elle de l'appréhender à sa façon, et de s'approprier cette aide comme bon lui semblait. Tant que ce qu'elle faisait n'allait pas contre nous, et ne nous mettait pas en danger.

J'arquai cependant un sourcil quand elle expliqua que le pouvoir qui l'intéressait le plus était celui de Marionnettiste. Bon, ce n'était pas particulièrement choquant, à vrai dire, vu l'attitude qu'elle adoptait, et le monde dans lequel elle avait grandi. Et au contraire, peut-être qu'après réflexion, cela m'arrangeait. Nous pourrions travailler beaucoup de valeurs derrière ce pouvoir... Il fallait bien revoir les bases.

-Je te contacterai lorsque je serai à nouveau disponible. Je m'excuse par avance du temps que ça prendra.

Je ne répondis pas à sa réflexion sur le fait que c'était eux que je cherchais à protéger. Elle ne savait pas avant -elle ne pouvait pas savoir de toute façon. Mais maintenant elle savait. C'était suffisant, il n'y avait rien à ajouter de plus.

-C'est tout.

Je me permis d'ajouter, pour rendre cette entrevue claire sur le message qui devait y passer :

-Je ne veux plus te voir sortir. Tu seras sanctionnée la prochaine fois, et tu le sais. Lorsque les choses reviendront à la normale, tu comprendras aussi que nous étudierons peut-être un peu plus ton cas si tu demandes une sortie. Et n'oublie pas que toute sortie doit être normalement accompagnée d'un Master, et tu n'y feras pas exception.

Il ne me semblait pas judicieux de la sanctionner là, sachant qu'il s'agissait aussi, en partie, d'un concours de circonstance, sans compter qu'elle était arrivée à Terrae pendant une période particulièrement compliquée. Mais l'épée de Damoclès pesait au dessus de sa tête, il ne suffisait qu'à redonner simplement les règles, qu'elle respecterait à coup sûr, parce qu'elle n'avait aucun intérêt à se mettre à dos notre Institution... Et nous le savions toutes les deux.

- Il te reste des questions, avant que je te libère ?

HRP : Je connaissais pas Riverdale, lawl, déjà qu'on l'a déjà comparée à Blair de Gossip Girl xD

Bon, ça prendra du temps. C'est tout ce que j'ai de toute manière, alors peu importe, elle peut bien me recontacter l'année prochaine que j'en serai satisfaite ... quoique. Le plus tôt le meilleur, accrocher au pouvoir c'était la meilleure chose que je puisse faire, ici et Dieu sait que j'avais envie d'atteindre un niveau que personne n'a jamais atteint. Le truc, c'est que je ne veux pas non plus que l'on remarque que je progresse, je veux garder ça pour moi, ne rien dévoiler. Je veux qu'à chaque fois que l'on me défie à ce niveau que la personne en face n'ait pas la moindre idée de ce dont je suis vraiment capable.

Enfin, en attendant, je suis un peu coincée avec ce pouvoir de télépathe et comment qu'il m'énerve. De toute façon, le gosse au crâne chauve me l'avait un peu expliqué, l'usage est sensiblement similaire et tout ce que ça demande c'est de la concentration. Je ne doute pas qu'une fois accoutumée, j'y serai extrêmement douée.

Le "C'est tout" de la directrice me sortit de mes brèves pensées. Elle enchaîna avec le discours que j'attendais à la base, mais qui finalement, s'était révélée si insignifiant par rapport aux autres sujets abordés, que même pour elle, il s'agit d'une remarque alternative. J'aime bien sa manière de vanter mon intellect, "tu le sais", "tu es suffisamment intelligente", même si je me doute que ce discours de prof est fait même aux élèves les plus débiles. Qui sait, avec un peu de chance peut-être qu'elle le pensait.

Maintenant que tout était dit ... est-ce que j'avais une autre question ? Hm ... j'allais devoir bien réfléchir parce que je n'avais pas nécessairement envie de revenir dans ce bureau. Mais rien ne venait, alors ...

- Aucune, madame.

J'aurais bien répété éléphant rose dans ma tête pour ne pas penser à quoi que ce soit d'autre, mais ça aurait été bizarre. J'vais plutôt me contenter de penser à ce que je veux faire à manger ce soir. Carbonaras-pancetta ? Carbonaras-pancettas.

HRP : J'ai jamais réussi à accrocher à Gossip Girl, mais effectivement ça doit être une bonne comparaison XD

Un mince sourire étira mes lèvres alors que je captais ses pensées en train de chercher vainement une question à me poser. Si j'avais plutôt réussi à ne pas m'immiscer trop dans sa tête pendant cette entrevue, je n'arrivais pas encore à dompter mes pouvoirs à 100% pour éviter cela.

Je hochai la tête à sa réponse, qui signa la fin de cette discussion. Je ramenais mes dossiers devant moi, et, posant mes mains à plat dessus, me préparant déjà à me remettre au travail, je terminai :

-Bon, et bien très bien. Je te laisse donc repartir. Je compte sur toi pour les semaines à venir.

J'attendis que la porte se referme derrière elle pour pouvoir me replonger dans ces dossiers. La dernière réunion Masters me revint en mémoire et je soupirai. Pourquoi fallait-il, vraiment, que cet attentat surgisse à cet instant-là ? Est-ce que nous n'avions pas déjà suffisamment à vivre avec tout ce qu'il se passait avec l'Eclipse, les personnes extérieures à récupérer, la menace du Centre qui planait toujours au dessus de nos têtes...

HRP² : Bon, c'est un peu court, mais j'voulais conclure quand même >< Si tu veux répondre une dernière fois j'te laisse faire, sinon je verrouillerai le topic :D

Avec le geste typique d'une conclusion de professeur, la directrice décide finalement que nous en avons assez dit. Il n'y avait pas grand-chose à rajouter, non, pas de commentaires autres sur ces discussions, si ce n'est qu'un simple :

- Merci. Bonne journée à vous, au revoir.

Cette phrase était machinale, on la répétait sans cesse lorsque l'on s'adressait à des aînés, indépendamment de la situation, quand bien même ils n'ont rien fait pour nous, on les remercie tout de même. Mais là, je lui étais tout de même redevable, son enseignement était probablement le meilleur que je puisse avoir, que ce soit au niveau de la pratique que de la pédagogie.

Prenant la porte, je la refermai derrière moi, tandis que je dévalai le couloir pour retourner à ma chambre. J'emportai évidemment mes sacs avec moi, deux bouteilles étaient bien assez, le reste était pour moi et aussi pour l'hôpital. J'irai ... quand j'aurai le temps ... et l'envie. Après tout je ne connaissais personne de blessé, à moins que Tiago ne se soit aventuré au mauvais moment et au mauvais endroit. Venant de lui, je ne serais même pas étonnée.

Une fois dans les couloirs, je libère la pression mentale que je me faisais pour ne pas penser à ce que j'avais réellement en tête. Ce putain d'attentat avait vraiment refait ma vie ici à Terrae, une simple bouffée d'air peut s'avérer vraiment libératrice. Je ne suis pas mécontente d'être revenue, mais l'appel du travail ne m'attire d'aucune sorte. J'ai simplement hâte que l'éclipse ne s'achève pour qu'enfin je puisse travailler sur mon pouvoir.

HRP : Hop c'est bon pour moi ! Merci pour le rp Tsu <3