Deux larmes roulent le long de mes joues et finissent leur course sur la lettre que je tiens à la main. Mes doigts se crispent sur la papier qui se froisse légèrement alors que mon bras retombe le long de mon corps, inerte.

Amy est partie.

Je savais que son entrevue avec sa belle-mère l'avait secouée, et je savais qu'elle avait mal vécu son étoilisation. Apparemment je n'avais pas saisi à quel point... J'ai voulu aller la voir à l'hôpital, mais les infirmières m'en ont empêché ; la blonde avait bien insisté qu'elle ne voulait voir personne, pas même moi... Je lui ai envoyé quelques messages, qui sont restés sans réponse eux aussi. Je n'ai pas insisté, je lui ai laissé du temps. Peut-être était-ce une erreur ? Sans doute, même. J'aurais du être là pour elle, comme je le lui avais promis. Peut-être que les choses auraient été différentes, peut-être même qu'elle n'aurait pas choisi de quitter Terrae... Est-ce de ma faute, si elle est partie ?

Je me sens abandonnée. C'est égoïste, je sais, il est normal qu'elle décide de prendre du recul et de s'occuper d'elle-même, après ce qu'elle a vécu. Mais ce trou béant dans ma poitrine m'empêche de relativiser. Je m'étais promis de ne plus refaire la même erreur qu'avec Renji, de ne plus garder mes sentiments pour moi mais au contraire de les partager, avant qu'il ne soit trop tard. Mais cette fois encore, il est trop tard, et ce nouvel échec me laisse un goût terriblement amer. Est-ce de ma faute, si tous ceux que j'aime s'en vont ?

Je me laisse glisser au sol, le dos contre mon lit, et serre le bout de papier contre ma poitrine. Tous ces abandons me reviennent les uns après les autres, vivaces et douloureux. Mon père, qui est parti avant même d'avoir l'occasion de me connaître. Ma mère et ma grand-mère, qui sont mortes en me laissant seule. Matt, qui m'a trahi. Akito. Renji. Et maintenant Amy. Tous partis. En me laissant désespérément seule. Ma tête tourne, je me sens mal et je ferme les yeux, comme si cela pouvait m'aider à repousser cette solitude qui m'enserre comme un étau. Je ramène mes genoux contre ma poitrine et enfouis ma tête dedans, laissant mes larmes couler sur le tissu de mon jeans.

Je suis seule. Encore, toujours. Désespérément seule...

Mon estomac se contracte et j'ai du mal à respirer, comme si je venais de prendre un énorme coup dans le ventre. J'essaye de faire le vide dans mon esprit pour me calmer, mais mes pensées continuent de tourbillonner dans ma tête, comme un disque rayé qui tournerait en boucle les moments les plus noirs de mon existence.

Et soudain, ce tourbillon prend vie. Une tornade dont je suis l'épicentre, indomptable, qui grandit et grandit à mesure que j'essaye de la résorber, entraînant tous les meubles de ma chambre sur son passage. Je ne maîtrise plus rien. Je ne comprends plus rien. Je suis si fatiguée, à quoi bon lutter ? Je ne peux que regarder tout ce que je possède danser dangereusement autour de la pièce. Est-ce que ça aussi, c'est de ma faute ?

La porte se referme derrière moi et je pousse un long soupir en m'appuyant contre. Je frotte mes yeux, comme pour me réveiller d'un long rêve, et inspire une longue bouffée d'air. Les séances chez le psychologue ont vraiment avancé, et j'en ai clairement conscience, mais tout ça reste toujours aussi épuisant. Ce qui est terriblement étonnant, c'est de constater à quel point c'est épuisant physiquement de travailler sur tout ce qui peut ne pas aller dans notre tête.

Je finis par me décoller de la porte et me diriger vers la sortie. Mes pas me mènent machinalement sur le chemin du retour à l'Institut, et je ne fais pas grand chose pour faire le vide dans mes pensées qui se bousculent un peu trop rapidement dans mon esprit. Finalement, depuis l'Eclipse, il s'est passé bien plus de choses que ce que je veux bien admettre. Je passe probablement trop de temps à nier, à dire que mon quotidien est vide de vie, mais enfin. C'est bien pour ça que ma psy est là, pas vrai ? Haha.

Je glisse mes mains dans mes poches en pensant à Aria. Que je n'arrive toujours pas à me convaincre d'aller voir. Parce que c'est difficile. Parce que c'est compliqué. Parce que j'ai juste l'impression que si un mur nous séparait avant, c'est maintenant un fossé qui se trouve entre nous, et je me sens bien incapable de le traverser. Je sais que c'est parce que je suis lâche. Je sais aussi que c'est parce que je suis un gros froussard qui n'arrive pas à assumer ses choix. Parce que même si c'est moi qui ai demandé à faire une pause, je n'arrive juste pas à accepter encore le fait qu'on ne soit plus ensemble. Parce que je voulais une pause. Je voulais souffler. Le temps de me reprendre en main. Et maintenant on en est là.

Je me pince la lèvre inférieure et sors une main de ma poche pour pousser la porte du hall. Un peu flemmard, je décide de prendre l'ascenseur, espérant qu'il fonctionnera correctement. Quelques instants plus tard, j'arrive à l'étage des Airs. J'arrive jusqu'à la porte de ma chambre, et me stoppe en posant ma main sur la poignée. Mon sang se glace et mes sens s'aiguisent. J'suis pas Master, c'est clair, mais ce que je ressens, là, c'est pas juste quelqu'un qui s'énerve calmement dans sa chambre. Croyez-moi, j'ai bien appris à faire la différence avec l'Eclipse. Non, là, ce que je ressens, c'est des pouvoirs qui s'emballent et quelqu'un qui perd le contrôle. Et si ça ne venait pas de la chambre de Pandora, je crois que je ne serais pas aussi inquiet.

Rapidement, je me retrouve devant sa porte de chambre que je tambourine avec hâte.

-Pandora ? Pando, ça va ?! C'est moi Allen, laisse-moi entrer ! Pando ??

Je peste en sentant cette puissance faire trembler la porte de sa chambre, et je grince des dents avant de reposer ma main à plat sur le bois de la porte.

-Pandora, j'entre...

Sauf que porte verrouillée ou non, je suis bien incapable de le faire, tant la pression de l'air à l'intérieur de la pièce est forte.

-J't'en supplie Pandora, réponds-moi, qu'est-ce qui ne va pas ?!

Pourquoi est-ce que je n'ai rien vu venir...?

[DESOLEEEE OMG ce sujet était complètement passé à la trappe ! Mdr comment j'ai pu oublier ma propre étoilisation :'D]


Je reste immobile, recroquevillée contre mon lit, incapable de calmer la tempête qui fait rage aussi bien dans ma chambre que dans mon coeur. J'ai conscience que les deux sont liés, mais plus j'essaie de penser à autre chose, et plus les pensées noire m'assaillent avec violence, ce qui ne fait qu'empirer les choses. Alors je reste là sans rien faire, témoin muette et inutile du carnage.

J'entends soudain quelqu'un frapper vigoureusement contre la porte de ma chambre et sursaute légèrement. L'inquiétude dans la voix d'Allen me sort de ma léthargie, je me lève pour me diriger vers la porte, évitant tant bien que mal les débris qui volent autour de moi. Je vois la poignée s'abaisser sans que rien ne se passe. J'essaie de tirer de mon côté pour ouvrir, mais je n'y arrive pas non plus. Il ne peut pas rentrer, et moi je ne peux pas sortir, prisonnière de cet enfer.

"Allen, je... Je maîtrise pas, j'arrive pas à..."

A me calmer ? A arrêter de penser à toutes ces personnes qui m'ont tourné le dos et abandonnée ? Non, non je n'y arrive pas. Mes larmes, que je croyais taries, recommencent à couler le long de mes joues.

"Pourquoi tout le monde part, Allen ? Qu'est ce qui tourne pas rond chez moi ?"

Je serre le poing et frappe violemment contre la porte avant d'y appuyer mon front. J'aimerais être énervée plutôt que triste, mais dans le fond, je ne peux pas leur en vouloir... Dans le fond, le problème vient de moi, pas vrai ? Les gens que j'aime me quittent parce qu'il n'y a rien à aimer en retour. Je n'en vaux pas la peine, voilà la dure vérité. J'ai envie de crier, hurler ma peine à plein poumons pour la faire sortir, mais cette boule dans ma gorge m'empêche de produire le moindre son. C'est trop, juste trop, je ne peux pas le supporter, je sens que je vais éclater...

Une rafale encore plus violente que les précédentes s'échappe de moi et s'écrase contre la fenêtre, qui se fracasse en mille morceaux sous l'impact. Vidée de mon énergie, je ferme les yeux, et mon corps glisse lentement le long de la porte, au même rythme que le vent se calme, jusqu'à me retrouver étendue au sol, à moitié inconsciente.

HRP : Mdrrr j'me disais aussi que tu avais l'air d'avoir zappé xD Pas grave t'inquiète !

Lorsque j'entends la voix de Pandora qui me répond, je sens mon coeur se serrer. Mon corps réagit avant que je n'aie eu le temps de lui en donner l'ordre, et je continue à tourner nerveusement la poignée dans l'espoir de parvenir enfin à ouvrir cette porte, en vain.

"Pourquoi tout le monde part, Allen ?"

Mes doigts se crispent sur la poignée et je ferme les yeux un instant, une boule comprimant mon estomac. Il y a quelques temps, Amy m'a appris qu'elle avait besoin d'une pause, d'un temps pour se retrouver, hors de Terrae. Et elle est partie.

Une conversation que j'ai déjà eue avec Pandora me revient en tête et je serre les dents en rouvrant les yeux. Oui, pourquoi, hein ? Pourquoi faut-il que les gens partent toujours en la laissant derrière ?

Je sursaute en entendant le coup qu'elle assène à la porte, et je pose mon front contre le bois, espérant que la tempête cessera bientôt pour que je puisse entrer.

-Il n'y a rien qui ne tourne pas rond chez toi, Pandora, je murmure.

Mes yeux se ferment à nouveau alors que je sens son énergie qui se déchaine une nouvelle fois. J'entends la fenêtre se briser, et petit à petit, le vent se calmer. J'ouvre la porte pour retrouver au sol une Pandora complètement épuisée. Je sens déjà la colère monter alors que je m'accroupis à côté d'elle. Pourquoi faut-il toujours que le monde s'acharne sur ceux auxquels je tiens ? Pourquoi faut-il toujours que la vie soit si cruelle ?

Je m'agenouille à ses côtés et la force à se redresser un peu pour déposer sa tête sur mes genoux.

-Ca va aller Pandora. Moi, je ne partirai pas...

Même si j'ai parfaitement conscience que c'est différent. Que moi, justement, je ne suis pas eux.

-Ne te jette pas la pierre. Tu n'es responsable de rien. Tu es une fille formidable. Et je le pense vraiment.

Ce sont eux qui ne te méritent pas. Même si ce n'est certainement pas ce que tu as envie d'entendre en ce moment...

Je sens les mains d'Allen derrière mes épaules m'aider à me redresser légèrement, juste assez pour qu'il vienne caler ma tête sur ses genoux. Je garde les yeux fermés alors qu'il murmure des paroles rassurantes, et je pose doucement ma main sur son avant-bras pour lui faire savoir que je l'entends, même si je ne réponds rien. Je n'ai juste pas la force d'ouvrir la bouche, ni même les yeux d'ailleurs. J'ai l'impression de flotter dans le noir, et après le chaos que je viens de vivre, c'est assez reposant.

Je sens les larmes perler à nouveau aux coins de mes yeux. J'aimerais bien ne pas me jeter la pierre, mais ce n'est pas si facile. Au fond de moi, je sais que chacune des personnes qui est sortie de ma vie avait une bonne raison de le faire... Mais est-ce possible d'être aussi malchanceuse, en amour comme en amitié ? Après tout, le seul dénominateur commun à tous ces départs, c'est moi... Alors comment ne pas penser que j'y suis, au moins un peu, pour quelque chose ? Et quand bien même, que j'en sois la cause ou non, le résultat reste le même. Ils sont tous partis, et moi je suis toujours là, laissée loin derrière...

"Je suis si seule Allen..."

Cette solitude que j'ai portée toute mon adolescence comme une cape pour me protéger du monde extérieur, et qui aujourd'hui me comprime la poitrine avec une telle force que j'en ai du mal à respirer. J'aimerais pouvoir l'accueillir à bras ouverts, comme une vieille amie depuis longtemps perdue, mais je ne peux pas, je ne peux plus. Plus maintenant que je sais ce que ça fait, d'être entourée, de se sentir importante, aimée. Toutes ces sensations que j'avais perdues à la mort de ma mère, et que j'avais fini par oublier jusqu'à mon arrivée à Terrae... Pourquoi faut-il que je sois renvoyée si brutalement à la case départ ?

Je me tourne légèrement jusqu'à reposer sur mon flanc, la tête toujours sur les genoux d'Allen, et ramène mes jambes contre moi en position foetale. Je dois avoir l'air bien pathétique là, roulée en boule sur le carrelage de ma chambre, le corps secoué de sanglots. Mais ça m'est complètement égal. Mon coeur et mon corps sont bien trop douloureux que pour être capable de me préoccuper de quoi que ce soit d'autre à ce moment précis.

"Je... Je suis... Désolée."

Je parviens à articuler entre deux sanglots. Parce qu'il est là, lui. Il l'a toujours été, d'ailleurs. Le dernier rempart contre cette vague sombre qui menace de m'engloutir toute entière. Et je ne veux pas qu'il pense qu'il n'est pas "assez"... Mais là, tout de suite, ça fait juste... Trop mal.

Mes yeux se ferment de nouveau et je dépose moi aussi une main sur l'avant-bras de Pandora, glissant mes doigts du haut vers le bas dans un mouvement que j'espère réconfortant. Mon estomac se tord encore quand elle m'avoue se sentir seul. C'est terrible ce sentiment, pas vrai ? Je me souviens, il y a un paquet d'années maintenant, avant que je sois déposé de force en cure, moi aussi, je m'étais senti seul. Moi aussi, j'avais eu l'impression de n'avoir plus personne. Et pourtant ils étaient là. C'était moi qui les avais rejetés, parce que nous vivions à des années lumières. Parce qu'ils ne pouvaient pas me comprendre.

Si la situation était différente, le sentiment de solitude reste là. On ne peut pas comparer, mais on peut ressentir.

Alors, quand Pandora s'excuse après s'être replacée sur le côté, mes yeux se rouvrent et je serre les dents. Mon coeur s'alourdit face à cette vue, et je déplace ma main pour la glisser dans ses cheveux que je commence à caresser machinalement.

-Ca devrait être interdit de s'excuser quand on ne va pas bien.

Pourquoi les gens persistent-ils à le faire ? Pourquoi faut-il qu'on considère, encore, toujours, que c'est mal de ne pas aller bien, et qu'il est de notre devoir de s'en faire pardonner, comme s'il s'agissait d'une faute grave ? Est-ce qu'on est obligés de se sentir comme un poids pour les autres ? Est-ce qu'on ne peut pas, une fois, rien qu'une fois, accepter le fait que nos amis puissent être là pour nous, et qu'ils veulent l'être sans attendre rien en retour ?

Pendant une fraction de seconde, je revois Aria, je me revois, en salle d'astronomie, alors que les larmes dévalent ses joues et que son coeur s'ouvre. Pendant une fraction de seconde, je revois toute cette peine qui anime les traits de son visage, et je sens son besoin de se faire pardonner qui me met en colère.

Mon coeur se serre et je souffle un coup pour essayer de faire retomber la colère qui monte en moi.

-Ce serait plutôt à eux de s'excuser de t'avoir blessée.

Je hausse faiblement les épaules à sa remarque. C'est un réflexe, de m'excuser quand je montre mes faiblesses. Parce que je déteste ça, et aussi parce que j'ai l'impression qu'il recolle les morceaux un peu trop souvent, et ce n'est pas correct de ma part de me reposer sur lui à chaque fois. Mais dans le fond, je n'ai personne d'autre sur qui me reposer, il n'y a que lui ici, que je considère comme un véritable ami.

Alors je me laisse aller, je pleure sur ses genoux pendant qu'il caresse doucement mes cheveux. Et lentement, je me calme. Je rouvre les yeux et fixe les moutons de poussière que je vois sous mon lit. La tornade ne les a pas emportés, ceux-là ! Je secoue doucement la tête lorsqu'il me dit que ce sont plutôt tous les autres, qui devraient s'excuser de m'avoir fait du mal.

"Je ne peux pas leur en vouloir... Ils ont juste fait ce qu'il y avait de mieux pour eux..."

Et le mieux pour eux, ce n'était pas de rester avec moi. J'aurais aimé, juste une fois, une seule fois, être la bonne personne, la réponse à leur solitude à eux aussi. Mais il faut croire que je ne mérite pas cette chance.

"Tu sais... Je n'ai jamais connu mon père. Il est parti quand il a appris que ma mère était enceinte..."

Je ne sais pas si je le lui avais déjà dit, je ne suis pas sûre... Mais c'est déjà un mauvais début dans la vie, de se faire rejeter alors qu'on n'est encore qu'un oeuf dans un utérus. Mais au moins, maman m'aimait de tout son coeur. Et moi aussi...

"Et puis elle est morte, quand j'avais 10 ans. Mon monde s'est écroulé pour la première fois, avant même que je sois assez grande pour le comprendre vraiment."

Je l'ai rebâti comme j'ai pu, en me protégeant des autres. Parce qu'aimer quelqu'un, c'est lui donner l'opportunité de nous détruire, même sans qu'il l'ait voulu. Je n'ai accordé ma confiance qu'à deux personnes, pendant cette période... Ma grand-mère, qui est morte elle-aussi, et Matt, qui a fini par me trahir. Et de nouveau, mon monde s'est écroulé. Puis il y a eu Terrae, Renji et Akito qui sont devenus mes piliers... Avant de s'évaporer comme de la fumée entre mes doigts, encore. Et aujourd'hui, Amy, le coup de grâce. On dit que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, mais c'est faux. On survit, avec un morceau de nous-même en moins, et chaque personne qui part est un autre morceau qui se détache, jusqu'à ce que notre âme et notre coeur soient si creux que plus rien ni personne ne puisse les réparer.

"Ca fait combien de fois déjà, que mon monde s'écroule, Allen ? J'ai plus la force d'essayer de recommencer, encore et encore. A chaque fois, c'est plus douloureux, plus difficile à laisser derrière et avancer. J'ai tellement peur d'être à nouveau seule, mais j'ai l'impression que quoi que je fasse, ça finit toujours par arriver..."

Ce même putain de schéma qui me colle à la peau, et contre lequel je ne peux pas me battre. Parce que je n'ai aucune prise sur ce qui m'arrive, je ne peux que subir les décisions que les autres prennent. Qu'ils prennent pour eux-même, mais qui ont tout de même un impact redoutable sur ma vie à moi. Peut-être que je ne m'entoure pas des bonnes personnes ? Ou peut-être que je ne devrais juste plus m'entourer du tout. Je suppose que c'est plus facile d'être seule par choix, que parce que tout le monde nous abandonne...

"Je ne sais plus ce que je suis sensée faire..."

Parfois, j'ai vraiment du mal à comprendre comment fonctionne cette histoire de deuil. Ce foutu schéma, qu'on te sort à toutes les sauces quand tu vas pas bien parce que quelqu'un est mort, mais évidemment aussi quand on t'a trahi, quand on t'a abandonné, quand on t'a quitté, quand on t'a volé ta gomme. Nan mais faudrait me l'expliquer ! Pourquoi on te sort autant d'étapes pour qu'en grande partie (ok, p't'être juste les gens comme moi et Pando, mais ça fait bcp quand même non ?!), les personnes qui ont été blessées s'arrêtent à "Je suis triste, ça me fait mal, je souffre, mais je ne peux pas leur en vouloir, ils ont fait ce qu'ils devaient faire, et j'accepte leur décision."

Pourquoi faut-il toujours souffrir, en fait ? C'est fou comme j'ai l'impression que c'est injuste en plus, comme j'ai l'impression que la vie sourit toujours aux mêmes personnes pour tourner le dos aux autres...

Je pestai mentalement, ne souhaitant pas en rajouter pour Pandora, mais n'en pensant pas moins. Je sais bien que j'suis de mauvaise foi, et que chacun souffre à sa manière, pour différentes choses et situations, mais c'est rageant quand même.

Quand Pandora m'évoque son père, puis la mort de sa mère, je sens mon coeur qui se serre. Quand je dis que la vie s'acharne, hein... Ca fait pas déjà beaucoup ? C'est pas possible que la vie se calme un peu pour elle et qu'on la laisse un peu être heureuse ?

-Déjà trop de fois, si tu veux mon avis... je réponds quand elle me demande combien de fois son monde s'est écroulé.

Je serre les dents et essaie de me calmer. Elle n'a pas besoin que je sois en colère. Que je le sois la gênera juste, et ne l'aidera en rien. Mais pourtant, qu'est-ce que ça me démange !

-Et pourtant, la seule chose que je trouve à te dire, c'est que si tu arrêtes de vivre pleinement comme tu l'as toujours fait, tu ne seras plus toi... Et un monde sans Pandora, c'est pas un vrai monde. J'ferais comment, moi, si tu deviens aussi aigri que moi ?

Mes doigts glissent hors de ses cheveux pour dessiner les contours de son visage, étirant amicalement lèvres en un sourire forcé.

-Moi j'ai besoin de ta bonne humeur pour supporter les clients au magasin... Et le monde a besoin de ton sourire rayonnant.

Qu'est-ce que je peux dire d'autre, hein ? Que le temps fera son travail, comme d'habitude ? Qu'il faut attendre que ça passe et que ça aille mieux ? Qu'il faut pas abandonner, même si t'as déjà été détruite autant de fois que ça et que le schéma se répète encore et encore ? Pff...

-Deviens pas comme moi, Pandora. Moi j'ai rejeté tout le monde, parce que j'ai considéré que m'attacher n'était pas une bonne idée. Et même si maintenant ça va un peu mieux, j'ai bien conscience que j'ai un problème dans mes relations avec les autres. Toi t'es une fille pleine de vie... J'peux pas te laisser t'éteindre. Tu mérites mieux que ça.

C'est terrible, hein, d'avoir déjà tant vécu à un âge si jeune.

[HRP : OMG je meurs, j'ai jamais vu Allen aussi chou <3]


Allen m'écoute en silence et je le sens se tendre légèrement à l'évocation de mes parents. Peut-être que je ne lui en avais jamais parlé, finalement. C'est vrai que je n'évoque ma mère que très rarement, 15 ans sont passés depuis qu'elle est partie, mais la blessure ne s'est jamais vraiment refermée...

Les doigts de mon ami quittent mes cheveux pour venir doucement étirer mes lèvres en un sourire. Son geste me fait légèrement sourire sans forcer, ses mots aussi d'ailleurs. C'est vrai ça, si je baisse les bras, qui sera là pour le taper gentiment derrière la tête quand il se dévalorise ?

"Bah, au moins on ferait la paire..."

Je hausse les épaules, mais dans le fond, il a raison, ce ne serait plus vraiment moi. Mais est-ce que j'ai encore envie d'être vraiment moi ? Parce que pour le moment, ça n'a pas vraiment l'air de me réussir... J'ai appris à m'ouvrir, à être plus sociable, souriante et disponible pour les autres. Et pour être honnête, je crois que pas mal de gens m'apprécient... Mais pas assez. Du moins, pas ceux qui comptent vraiment.

Allen reprend d'une voix douce, m'explique sa propre expérience en concluant que ce n'est pas la solution, de rejeter les autres. Que je mérite mieux que ça. Une larme roule à nouveau le long de ma joue. Qu'est ce que je mérite alors ? D'être heureuse ? Sans doute, mais apparemment je fais quelque chose complètement de travers...

"Tu ne m'as jamais rejetée, moi. T'es pas aussi pire que tu le penses, Allen !"

J'essuie mes larmes et me relève lentement pour m'asseoir en tailleur à côté de mon ami. Parfois, je me dis qu'on aurait fait un super couple, tous les deux... Pourquoi je ne tombe jamais amoureuse des personnes qui me correspondent ? Je laisse tomber ma tête doucement sur son épaule avec un soupir.

"Je vais essayer. De pas baisser les bras... Mais c'est bien parce que tu serais perdu sans moi, hein !"

Je laisse échapper un filet de rire, rendu un peu rauque par ma crise de larmes.

"Plus sérieusement... Je sais que tu dis ça dans mon intérêt, parce que même si pour le moment, me refermer comme un huître me semble la meilleure solution, au fond ça ne fera qu'empirer les choses."

Il est sans doute la personne qui me connaît le mieux, et la meilleure chose à faire pour le moment, c'est de l'écouter, de lui faire confiance. Moi, je ne sais plus trop ce qui est bon pour moi, mais lui, il sait... Au moins, c'est rassurant de voir que même dans un moment pareil, j'ai encore la tête sur les épaules ! Je lâche un nouveau soupir.

"Mais je crois qu'il va me falloir du temps, cette fois... Pour réussir à voir à nouveau les rayons de soleil au travers des nuages..."

HRP : Moi aussi il me surprend quand il devient comme ça, mais j'crois qu'il est pas si nul que ça pour remonter le moral des autres en fait !

-Et tu prendras tout le temps qu'il te faudra.

J'adressai un léger sourire à l'intention de mon amie, le coeur tout de même lourd de la voir essayer d'être si forte alors qu'elle se sent si mal. Certaines personnes sont si courageuses. Je sais que le dire ne servira à rien ; ce serait répéter encore et encore les mêmes paroles réconfortantes bateau qu'on sert toujours sur un plateau aux personnes qui nous entourent pour leur remonter le moral quand ça ne va pas. Et pourtant, je sais que Pandora l'est réellement. Parce que si faire de l'humour peut être une stratégie d'évitement, c'est aussi parfois une chose que l'on met en place et qui nous permet réellement de nous relever.

-Pense pas à moi dans un moment pareil. Soit égoïste un peu. C'est probablement ça qui te manque le plus !

Tu donnes toujours tant aux autres, pour au final te faire remercier par des départs. Pense à toi Pandora. Tu le mérites plus que jamais aujourd'hui, et tous les jours qui suivront jusqu'à ce que tu finisses enfin par aller mieux. Et comme je l'ai dit, tu prendras tout le temps dont tu auras besoin.

-Je me dévoue, je supporterai tes crises de nerfs à l'avenir. Mais attention, n'abuse pas de cet acte de générosité de ma part, hein !

Je repassai une main dans ses cheveux, un sourire plus doux sur les lèvres.

-Et relâche la pression un bon coup là ! Arrête d'avoir la tête sur les épaules. Lâche prise et fais nous une vraie petite crise ! Bon, même si j'comprendrais que là tu n'aies plus beaucoup d'énergie... Comment tu te sens ?

Un faible sourire se dessine sur mes lèvres lorsqu'Allen me dit de prendre tout le temps qu'il me faudra. J'aimerais bien pouvoir me le permettre, mais malheureusement le monde continue de tourner, et je n'ai pas envie de perdre mon job en plus du reste ! Je pense prendre quelques jours de congé quand même, mais bon...

"Ca m'aide de me concentrer sur les autres... Je pense moins à ce qui m'arrive !"

Mais bon, il a raison, il ne faudrait pas que je m'oublie non plus... Penser aux autres pour éviter de penser à moi-même et à tout ce qui ne va pas, ce n'est pas une solution, c'est juste un moyen de fuir, et je ne peux pas fuir éternellement. Il est grand temps que je prenne un peu soin de moi...

"Tu as raison, je vais prendre un peu de temps pour moi ! D'ailleurs, je n'avais pas encore eu l'occasion d'utiliser le bon que tu m'as offert pour mon anniversaire, mais je crois que c'est le bon moment là ! Et puis... Je pourrais peut-être aller chez le coiffeur ?"

Changer de tête pour prendre un nouveau départ, c'est quelque chose qui se fait assez souvent, non ? Je pourrais peut-être m'offrir un nouveau tatouage, aussi ? Et commencer à regarder plus sérieusement à ce projet de reprendre mes études, histoire d'avoir l'impression que ma vie suit une direction... Et puis il y avait aussi cette idée de commencer à donner des cours particuliers de piano ou de guitare ?

... Ou alors je peux juste prendre le temps de faire mon "deuil" correctement avant de me lancer dans d'autres projets. Quand je vous dis que j'ai tendance à me focaliser sur autre chose pour fuir la réalité ! Mais cette fois, je ne veux pas prendre le risque d'enfouir ma peine au fond de moi et espérant qu'elle disparaisse. Parce qu'elle ne disparaîtra pas, et c'est le meilleur moyen que ça me saute à la figure comme une bombe à retardement ! Il suffit de voir ce qui s'est passé aujourd'hui...

"Ca va, je note ! La prochaine fois, je viendrai foutre le bazar dans ta chambre, tiens ! La crise devra attendre, parce que là... Je suis juste lessivée."

Et dire que je dois remettre ma chambre en ordre avant de pouvoir me reposer. Ou alors je peux juste me rouler en boule dans mon lit, fermer les yeux et prétendre que tout est retourné à sa place comme par magie.

"Qu'est ce qui va se passer maintenant ? Est-ce que... Je ne sais pas, il faut que je parle à quelqu'un de ce qui s'est passé ?"

Un Master, ou même la directrice ? Je ne suis pas sûre de ce que ça implique au juste, de passer Etoile...

C'est tellement facile de penser aux autres avant soi-même... Ce qui est probablement la cause de ma deuxième dépression. Allen, 26 ans, a déjà traversé deux dépressions, les deux étant fortement liées tout en traitant des sujets légèrement différents. L'angoisse en fait. Jamais j'l'avoue à mes gosses.

J'déconne, je sais qu'il faut justement parler de ce genre de choses pour éviter d'en faire un tabou...

Je souris délicatement et hochai la tête. Pointe d'humour ? Pas pointe d'humour ?

-Je veux absolument que tu testes cette nouvelle coiffure... Tu sais, celle où tu n'avais plus de cheveux, quand tu as été Morphe...

Je lui adressai un sourire taquin et replaçai une de ses mèches de cheveux, la laissant partir un peu dans ses pensées. Ca fait beaucoup à gérer d'un coup et j'en ai bien conscience. J'ai pas prévu de m'immiscer plus qu'elle n'en voudra de moi, alors bon. Je décidais de rester quand même un peu, histoire de m'assurer qu'elle finissait par aller mieux avant de la laisser, bien que je sois content que le "mieux" soit pas vraiment objectif dans la situation actuelle...

Je relevai les yeux pour regarder un peu l'état de sa chambre quand elle sous-entendit qu'elle allait donc faire le bordel dans la mienne la prochaine fois. Ouais, bon, j'avoue que ça coûte cher de subir ses crises... Avec tout ce qui est tombé, y a quand même quelques petites choses qui seront pas récupérables je pense... Rien qui ne lui tenait trop à coeur j'espère.

-Normalement non. Quand j'ai révélé mon potentiel d'étoile... Enfin, les deux fois, j'ai été convoqué en salle des Masters peu de temps après pour re-fixer mon sceau qui avait été brisé. Les Masters le sentent, quand on s'étoilise. Beaucoup d'énergie et de puissance sont déployés alors... J'imagine que ça ne passe pas inaperçu.

Je lui adressai un nouveau sourire, plus doux, et lui désignai le lit.

-Tu peux aller te reposer si tu veux. Je vais ranger un peu si ça te va, pour que tu puisses juste penser à toi. Promis je fouille pas, je ramasserai juste les choses qui envahissent tout le sol de ta chambre.

La pointe d'humour d'Allen m'arrache un léger sourire, et je lui envoie un petite tape sur le bras. Non mais il rêve ! Je n'aurais jamais du lui raconter cette mésaventure, je sens qu'il ne me laissera jamais oublier ! J'en ai encore des cauchemars...

"Je pensais à quelque chose de moins radical, quand même ! Le look tête d'oeuf, c'est pas hyper sexy hein..."

Ce n'est pas comme si j'avais encore quelqu'un à qui plaire, mais bon... Enfin, si, à moi-même quand même, c'est important aussi ! D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours porté mes cheveux longs... Il est peut-être temps que ça change.

Je me perds dans la contemplation du chaos de ma chambre pendant quelques instants. J'ai l'impression d'être un peu à l'ouest... J'ai souvent cette sensation après une grosse crise de larmes, comme si tous mes sentiments s'étaient évacués par mes yeux, pour ne laisser qu'une coquille complètement vide. Au moins, je ne me sens plus aussi mal... Je ne ressens juste plus rien du tout, en fait. Seulement une immense fatigue.

"Mh d'accord, bon j'attendrai sagement qu'on me convoque alors ! J'suis jamais plus retournée en salle de Masters depuis mon Initiation..."

Enfin, en même temps je n'en ai jamais vraiment eu besoin, jusqu'à présent j'ai toujours réussi à régler mes soucis sans devoir en arriver jusque là ! Allen me propose ensuite de me reposer pendant qu'il range un peu, et je me tourne vivement vers lui pour refuser. Non mais, j'suis un peu à plat c'est vrai, mais quand même !

"Mais non, dis ! J'vais pas te laisser ranger MA chambre pendant que je dors quand même ! On peut le faire ensemble par contre, ça ira plus vite... Bon, je vais chercher des sacs poubelles, je crois qu'on peut commencer par trier ce qui est récupérable et ce qui ne l'est pas..."

Je soupire en me remettant sur mes pieds, et me dirige vers la salle de bain pour récupérer un rouleau de sacs poubelle. Bon, au moins cette pièce-ci a été épargnée, et tant mieux d'ailleurs, c'est déjà assez la catastrophe comme ça !

De retour dans la chambre, je tends un sac à mon ami et en garde un avec moi. Mais avant de commencer à ranger, il faut quand même que je vérifie le plus important ! Je trouve rapidement l'étui de ma guitare et celui de mon violon, les pose sur mon lit et les ouvre avec appréhension. Pitié, la journée a déjà été assez dure...

"Ouf, ça va, les étuis sont cabossés mais les instruments n'ont rien ! Par contre je crois que le synthétiseur a pris cher..."

Il est tombé de son socle, et je vois qu'il manque des touches... Il faudra que je le branche pour tester quand même, mais c'est moins grave, ça se remplace facilement. Le violon était celui de ma mère, et la guitare un cadeau de ma grand-mère, j'y tiens énormément ! Mais ils ont survécu à la tempête, au moins une bonne nouvelle aujourd'hui.

Je souris délicatement quand un soupçon de sourire naquit sur les lèvres de Pandora après ma petite pique amicale. J'avais un peu peur de mal faire, peur de la brusquer, peur de me prendre un mur du style "nan mais tu crois que j'ai envie de rire là ?", qui serait à vrai dire tout à fait légitime. Une preuve encore que Pandora est vraiment une chouette fille...

Lorsque je lui expliquai la marche à suivre pour la suite, je hochai la tête. Quelque part, tant mieux que tu n'y sois jamais retournée. Pour ma part, je suis là depuis longtemps, c'est sûr, mais je trouve que j'y suis déjà allée trop de fois, dans cette salle des Masters. Qui passe Etoile deux fois déjà, hein ? Le boulet de service c'est clairement moi ici. Une chance que personne n'ait grillé ma couverture je crois...

-Comme tu veux.

Je suivis Pandora du regard qui se redressait, refusant visiblement avec autorité que je range sa chambre pendant qu'elle se reposait. Bon, au moins elle acceptait que je l'aide quand même. Je tendis la main pour prendre le sac poubelle qu'elle me tendait en revenant, et me relevait à mon tour pour faire le tour de la pièce, essayant de repérer les objets cassés pour les jeter.

Je tournai la tête vers elle quand elle reprit la parole, l'observant glisser ses doigts sur ses instruments.

-C'est déjà ça de pris ! Avec un peu de chance, ça va le faire pour le synthé... Et puis, si jamais il a été abîmé, il est peut-être réparable ! Je pourrais en parler à Mitsuki si tu veux, on sait jamais.

Et moi qui demande un service à Mitsu, j'crois que c'est un exploit. Si on se reparle et qu'on a repris un peu notre amitié comme avant (bien que différemment et avec plus de distance), je crois n'avoir pas un seul souvenir où c'est moi qui lui demande de l'aide...

Je terminai de ramasser les objets qui traînaient au sol de mon côté de la pièce et me tournai vers Pandora pour voir où elle en était. Je posai le sac que je refermai plus ou moins sur le lit, et ramassai quelques vêtements qui traînaient là et qui devaient probablement se trouver ailleurs avant que la pièce se transforme en centrifugeuse géante.

-Tu veux que je te mette ça où ? demandai-je en terminant de replier un pantalon.

Hé, il est là le mec qui bosse dans un magasin de fringue ! Un pliage de qualité je crois !

Allen n'insiste pas quand je refuse qu'il range à ma place, et attend sagement que je lui donne un sac poubelle avant de commencer le tri avec moi. Je ne sais même pas par où commencer tellement c'est le carnage ! Enfin, si je sais par où commencer en fait ; les instruments ! Qui n'ont rien, Dieu soit loué, à part mon pauvre synthétiseur qui gît dans un coin de la pièce. Je le récupère et le pose sur le lit en attendant, je le brancherai plus tard pour voir ce qu'il en est.

"Ah oui, c'est une bonne idée, tu crois qu'elle saurait réparer ça ? Sinon, je pensais demander à Athéna... Enfin, il me semble qu'elle travaille à l'atelier bien souvent, non ?"

Je ne la connais pas trop, on a juste fait une mission - un peu désastreuse - ensemble, mais elle est plutôt cool je crois. Et habile de ses mains à ce que j'ai compris ! Enfin, ce n'est pas la priorité pour le moment, on va déjà ranger un peu tout ce foutoir et je verrai plus tard pour les détails hein...

Je ramasse les bibelots brisés au sol, que j'enfouis dans le sac les uns après les autres, en mode automatique, pour éviter de m'appesantir plus que nécessaire sur les pertes. Ce n'est pas comme si j'avais grand chose de valeur, mais c'est quand même triste de voir le contenu de ma vie étalé au sol de cette façon... Je pose sur le lit les objets qui ne sont pas cassés, mais la pile sur mon édredon est quand même beaucoup moins grande que celle qui s'entasse dans le sac poubelle... Je regarde du côté d'Allen et constate que c'est la même chose. Bon, ce sera l'occasion de refaire la déco, je suppose ? Une pensée me traverse alors soudain l'esprit.

"Oh, mais j'y pense ! On ne reçoit pas une autre chambre quand on passe Etoile ? Genre, plus grande ?"

Je ne sais plus où j'avais lu ça, ni même si c'est encore d'actualité ! Mais je dois avouer que ce serait chouette... D'avoir plus d'espace, déjà, mais aussi et surtout de pouvoir laisser tous les souvenirs douloureux liés à cet endroit derrière moi, et recommencer à neuf.

"Mmh tu peux le laisser sur une chaise... Enfin, s'il y a encore une chaise décente ?"

Celle qui était à côté de mon lit a perdu son dossier à ce que je constate... Mais on dirait que celle de mon bureau a tenu le coup ! J'ouvre la porte de ma penderie, que je referme aussitôt avec un soupir. Les planches se sont affaissées et tout est éparpillé à l'intérieur, mais on va faire comme si je n'avais rien vu, hein ! Le grand tri des fringues sera pour une prochaine fois...

"Tu peux m'aider à remettre le bureau à sa place s'te plaît ? Il est un peu lourd !"

Heureusement d'ailleurs, il a juste bougé mais n'a pas décollé du sol. Une fois fait, je transfère tous les objets de mon lit à mon bureau pour libérer l'accès, et termine par remettre la table de nuit à sa place. Bon, c'est pas glorieux, mais au moins on peut marcher sans se casser la gueule sur des débris. Ca fera l'affaire pour aujourd'hui...