"Tu ne te vengeras pas, et tu ne garderas pas de rancune contre les enfants de ton Peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même, je suis l'Eternel". Tu ne te vengeras pas. Tu ne te vengeras pas. Cette phrase résonnait, comme tournant autour du même échafaudage, revenant aussi vite qu'elle s'en allait. Elle partait, pour mieux retourner à la charge. C'était une obsession, un appel, un impératif, peut-être une formalité, si je n'en faisais pas tant une affaire personnelle. Mon père n'a jamais été trahi par sa mafia, c'est parce que c'est moi, sa fille qui n'a jamais fédéré qui a reprit les rennes, qu'ils ont perdu leur respect pour la famille Delacorte.

L'ordre passe par le respect, le respect passe par la peur, la peur, par la rétribution, la rétribution, par la vengeance. Je mettais mes convictions en parallèle avec mes motivations, elles n'avaient plus rien de commun. Mon respect de la Bible avait toujours été question d'interprétation, des millions de personne m'auraient traitée d'extrémiste qui tord les propos à son avantage. Mais maintenant, je n'ai plus aucune parole à donner, tout ce que je peux abandonner, désormais, c'est ma foi. De toute manière je pense n'y avoir jamais vraiment cru, on a juste tous eu besoin d'un guide, un jour. Mon seul problème est d'avoir gardé le mien pendant trop longtemps.

J'arrête le tapis roulant, et commence la récupération. A peine dix minutes de course ... je suis mauvaise en endurance. Tu m'étonnes que je m'épuise vite avec mes pouvoirs, je n'ai aucun cardio. La clope m'a détruit les poumons, aussi. Et j'ai toujours ce problème inconnu avec mes toux ensanglantées. Je n'ai pas plus envie d'aller aux urgences que la dernière fois, j'ai toujours peur du résultat. Autant oublier, ça passera sûrement. Je m'essuie le visage et sort de la salle de sport, presque deux heures d'exercice au total, malgré la médiocrité de ma durée de course. Je supporte plutôt bien le reste.

Et après ... je crois que je me balade pendant de très longues minutes tout autour de l'institut, toujours dans mes affaires de sport. Là où je vais, est-ce important ? Parfois, c'est mieux de ne pas savoir. Je passe devant le lac, je me sens bien là-bas, mais j'y vais un peu trop souvent et j'y fais souvent des rencontres que je regrette. Je préfère aller voir du côté des enfants, parce qu'il y en a qui sont encore assez insouciants dans cet institut pour avoir droit à des cours. De toute façon je passe dans le coin pour rentrer à ma chambre et ça fait trois jours que je n'ai pas dormi. Heureusement, je n'en ressens toujours pas la moindre envie. Dormir prend trop de temps.

Alors je passe dans le collège ... ou le lycée. Les deux ? Je m'en fous. Surprise, il n'y a rien d'intéressant à faire dans le coin, les conversations sont stériles, la maturité, risible et la plus dure drogue que ces gosses ont prise, c'est sniffer leur pot de colle. Autant directement rentrer dans ma chambre, pour prendre une douche. Je passe par la salle commune, sans vraiment faire gaffe à ce qui m'entoure, et pourtant, par miracle, je remarque la banderole noire qui se baladait il n'y a pas si longtemps dans mon appartement et qui était bien trop jeune pour boire ... elle n'a pas l'air en grande grande forme. Tout le monde déprime ici, en ce moment.

- Hey Catwoman. Tout va bien ?

Fade au possible. Ca se voit que je suis par non plus dans mon assiette.