Je ne sais pas ce que je fais ici. Déjà, c'est un film que je n'ai absolument pas envie de revoir, parce que je sais que ça me la rappellera elle. Ensuite, clairement, j'ai plein de choses à faire pour les cours en ce moment, parce que ça va déjà bientôt être la fin du semestre, alors bon, on va pas s'leurrer, faut que j'bosse si je veux valider. Et enfin, je sais qu'en plus de penser à elle ben... Ben elle sera là en fait, c'est sûr.

Mais du coup, ben, ouais. Ouais, en fait, je sais très bien pourquoi je suis là. Parce qu'ils ont décidé de repasser quelques disney, exceptionnellement, sur des soirées et horaires précis, au ciné de Terrae. Parce que je sais que le soir où ils diffuseront Raiponce, elle sera là. Parce que si elle est pas là, je m'inquiéterai, et que d'une certaine manière, sans avoir le droit de prendre de ses nouvelles pour ne pas interférer dans sa vie, je saurais si elle va bien ou non et je serai rassuré. Parce que j'ai juste besoin d'elle, et qu'elle commence à me manquer beaucoup trop, et que ce vieux film c'était la seule excuse que j'ai trouvé pour la voir, autrement qu'en regardant ses posts sur les réseaux sociaux.

Par contre, dans l'idée c'est toujours plus facile qu'en pratique.

J'étais là, comme un con, dans la file d'attente pour payer ma place, pliant et dépliant nerveusement mon billet entre mes doigts. Lorsque ce fut mon tour, ce fut presque comme si je m'étais senti obligé de prendre une autre voix pour ne pas qu'elle m'entende, si jamais elle ne m'avait pas vu. Parce que oui, oui, évidemment qu'elle était devant moi dans la file d'attente, et que je n'avais regardé qu'elle.

Ma place en main, je m'avançais vers le stand de pop-corn. Pas que j'ai particulièrement faim, c'est juste que ça me permet de faire quelque chose d'autre que ne fixer qu'elle et être pris pour un psychopathe. Puis disons qu'avec un kg de pop-corn sur les genoux, ce sera plus facile de me cacher si jamais elle passe à côté de moi en cherchant une place dans la salle. J'ai même pas regardé si elle était accompagnée, tiens ! Nan mais parce que clairement ouais, je n'ai regardé qu'elle.

J'arrivais donc au stand de pop-corn en me répétant en boucle des trucs comme "t'es vraiment con" et "arrête de penser qu'à elle t'es un fou, imagine le télépathe de la pièce qui t'a repéré et te juge de ouf là" ou encore "tiens le sensitif de la pièce doit s'faire plaisir avec moi, déso". A l'instant où je postais devant le comptoir pour prendre ma commande, la vendeuse fit volte face en appelant son collègue.

-Michael, on n'a plus de pop-corn et j'arrive pas à relancer la machine, ça déconne sévère !!

Je tournai leeeeenteeeemeeeeeeent la tête à côté de moi. Parce que ouais. Bien sûr que j'ai reconnu son odeur. Vous m'avez pris pour un novice ou quoi. J'la sentirais n'importe où à côté de moi. Que ce soit son odeur, son aura, et même juste parce que j'ai reconnu sa petite main posée délicatement sur le rebord du comptoir.

-Salut...

Ouais, j'suis vraiment minable lol c'est honteux mais bordel c'que mon coeur bat la chamade là. Il a intérêt à s'calmer parce que dans quelques minutes c'est l'arrêt cardiaque là en fait.

Noël arrive bientôt ! Après l'année chaotique qu'ils ont passée, les terraens ont bien mérité de lâcher un peu de lest. La reconstruction de l'institut a bien avancé et de nombreux projets sont nés, fruit de la collaboration des élèves et des Masters : sans vraiment savoir si elle peut parler pour les autres, Ariana dirait que les temps sont moins incertains et beaucoup plus sereins depuis le retour officiel de leurs pouvoirs. Malgré tous les changements que cela a induit chez certains de leurs amis, qui ont complètement changé d'affiliation ! Aria, elle, se sent un peu moins stressée depuis les dernières semaines ; l'effet de sa thérapie se fait enfin ressentir, ses questionnements sont plus contrôlés, moins anxieux. La vie lui paraît toujours aussi étrange, mais quelques perspectives percent au loin ; il lui faudra du temps... Et comme souvent à cette période de l'année, la Morphe est bien trop concentrée sur tous les cadeaux à créer et offrir à ses nombreux amis pour avoir le temps de s'apitoyer.

Heureusement, par ailleurs ; la période anniversaire de la perte de ses pouvoirs, en novembre de l'année dernière, lui a retourné l'estomac pendant quelques jours. Alors lorsqu'elle apprend que le cinéma de Terrae compte passer quelques dessins animés pour la période des fêtes, et surtout l'un de ses préférés de tous les temps, Raiponce, elle ne peut pas laisser passer l'occasion ! Elle a proposé à plusieurs de ses amis s'ils souhaitaient le voir avec elle, mais tous étaient mystérieusement occupés à autre chose. Quel complot !! C'est injuste, elle ne peut même plus passer autant de temps qu'elle le voudrait avec ses amis : ils travaillent tous, avec des horaires parfois improbables, ou alors sont occupés avec leurs études ! Bon, elle les comprend. Faut dire que c'est pas avec Terrae fermée l'année dernière qu'ils ont pu étudier correctement, et le retard s'est pas mal accumulé. La vie est presque redevenue trop normale ; trop normale, et un peu vide. Elle n'aime pas trop y penser, mais elle sait bien qu'il lui manque toujours quelque chose dans sa vie, et ce n'est pas ses sorties occasionnelles qui lui procureront ce dont elle a besoin.

Résultat, aujourd'hui, c'est ciné-Raiponce. Elle compte s'empiffrer de bonbons et de popcorn (et de soda, mais ça faisait beaucoup de "et" déjà) pour compenser le fait qu'elle aille au cinéma seule. Tellement la honte !! Peut-être qu'elle devrait se déguiser pour y aller ? Comme ça elle est sûre de voir personne qu'elle connaît ! Oui, bon, c'est peut-être optimiste, étant donné qu'elle est quasi certaine que 100% des gens la connaissent maintenant qu'elle est préfète mdr mais c'est ok. Elle survivra à son humiliation. Pour le bien de RAIPONCE !!!!! (Elle va encore pleurer. Note : mettre des mouchoirs dans le sac à main.)

Et au pire peut-être qu'elle pourra draguer une nana mignonne, qui sait. QUI SAIT !!!

C'est un peu stressée mais beaucoup trop enthousiaste pour la majorité de la planète qu'Ariana arrive au cinéma. La queue est beaucoup trop longue !! Ca prend trop de temps !! Omg !! Pourquoi ça prend autant de temps ?! Woahhhh mais c'est long... Est-ce que ça irait pas plus vite de se transformer en souris et aller s'infiltrer dans le cinéma en mission commando ? Non !! C'est mal !! Il faut payer ces braves personnes qui lui donnent l'opportunité de se ruiner en regardant un film qu'elle a sur son ordinateur avec des bonbons qu'elle peut acheter dans le commerce et qui sont dix fois plus chers au cinéma !!! Mais c'est si frustrant. Si long. Ahhhhhhhh..........

(Note 2 : il faut vraiment qu'elle pense à parler à sa psy de ses impatiences, elle lui avait demandé de les noter parce qu'elle parlait d'un problème d'attention ou quoi, mais elle voit pas en quoi elle a des problèmes d'attent- AH C'EST A ELLE C'EST A ELLE ELLE VA POUVOIR ACHETER DU POPCORN !!!!)

Son billet bien au chaud dans sa poche, la plus-vraiment-rouquine sautille presque jusqu'au stand de nourriture du cinéma pour baver sur les vitrines de bonbons. Plusieurs minutes plus tard, elle revient avec un gros sachet rempli (son diabète ne la remercie pas) et s'appuie contre le comptoir où il n'y a encore personne qui fait la queue, sentant comme quelque chose de chaud contre son coeur :

—Bonjour, j'aimerais un moyen popcorn avec mes bonbons s'il vous plaît !
—Oh, attendez, je crois qu'on... Une minute s'il vous plaît ! (La vendeuse se retourne.) Michael, on n'a plus de pop-corn et j'arrive pas à relancer la machine, ça déconne sévère !!

Le visage d'Ariana s'affaisse comme si on venait de lui annoncer que Norbert son petit dragon imaginaire s'était fait rouler dessus par un tractopelle. Plus... Plus de popcorn ? Poussant un soupir à fendre l'âme, la rouquine pose son paquet de bonbons rempli sur le comptoir et tourne tête vers le côté. Quelque chose se tord dans sa poitrine. AH.
Ah.
Alors.

La bouche soudainement sèche et le coeur battant à toute vitesse dans sa poitrine, Ariana se rend compte que la chaleur qu'elle a sentie tout à l'heure contre sa poitrine est le cristal pendu autour de son cou qui reconnaissait son propriétaire.

—Salut Allen...

C'est dingue, même après des mois passés à l'éviter le plus possible, à prendre des détours incroyable, et même à se fondre dans le mur tel un caméléon, elle en arrive à être contente de le croiser, qu'il lui ait adressé la parole. Heureuse de voir son visage, ses jolis yeux, son sourire un peu hésitant, et comme à chaque fois, elle ressent l'impulsion, le besoin de se rapprocher. Il lui a parlé ! Elle esquisse un pas en avant par réflexe, puis en fait deux autres en arrière. Mais est-ce qu'elle a le droit de lui parler ...?

Putain c'que ça fait mal. Elle a tellement mal qu'elle pourrait en pleurer. Elle sourit, à la place ; un peu paniquée, il faut bien le dire.

—Woahh, c'est marrant, qu'est-ce que tu fais ici ?! (C'est un ciné, Aria, qu'est-ce que tu crois qu'il fait là ?) T'es venu voir quel film ?! (Ils ont, genre, une seule salle. Quel film il est venu voir à ton avis ?) Moi je suis venue voir Raiponce aha j'ai trop hâte de le revoir en grand écran, ça fait trop longtemps, je l'aime trop !

Et sa voix s'est un peu éteinte sur la fin, alors qu'elle fuit délibérément son regard, cherchant du soutien auprès des vendeurs de popcorn qui s'agitent sans les voir derrière le comptoir. Le visage écarlate, elle bouge les mains vivement en parlant, comme toujours.

—Tu deviens quoi depuis-

Depuis un moment.

—Enfin, euh, comment tu... vas ?

La boule dans sa gorge est grosse comme un parpaing, est-ce qu'elle arrive réellement encore à parler ? Mais la question lui a échappé sans qu'elle n'arrive à la rattraper. La question qu'elle se posait depuis des mois, après tout. C'est légitime.

Elle a simplement besoin de savoir, et après, elle le laissera tranquille.


HRP : la moitié du RP c'est Aria qui raconte sa life-

Alors que son regard croisât le mien, je sentis mon coeur se serrer. Je détournai presque automatiquement le regard, terriblement mal à l'aise. Qu'est-ce qu'il m'a pris d'engager la conversation ? Bien sûr qu'elle n'a pas envie de m'adresser la parole. Et bien sûr qu'elle va se demander ce que je fous ici. J'ai rien à faire ici, c'est Raiponce qu'ils projettent, et j'ai toujours râlé ouvertement quand elle me proposait de regarder l'un de ces films.

Je sentis mes jambes se dérober sous moi et je posai mes mains sur le comptoir pour trouver un semblant d'appui. Le ton qu'elle employa me fit plus mal que prévu, même si j'aurais dû m'y attendre, et la nervosité qui s'empara de sa voix par la suite me fit culpabiliser. Ouais. J'aurais vraiment pas dû engager la conversation. J'aurais dû partir et c'est tout. Me contenter de l'observer de loin.

Maladroitement, je me dis que je me devais bien de lui répondre alors, le coeur lourd, je pris finalement la parole.

-Raiponce aussi.

Etait-ce utile de justifier ? J'étais déjà suffisamment minable comme ça. Je sentis mon estomac se tordre et je serrai mon poing sur le bord du bar, agacé par mon propre comportement. Comment je vais ? Je ne peux absolument pas répondre à cette question. Parce que soit je mentirai, soit je parlerai trop et tu n'as pas besoin de savoir tout ça, Aria...

-Et toi, comment tu vas ? Tu dois être contente qu'ils repassent Raiponce pour Noël ! C'est l'un de tes films préférés, non ?

Comme si nous étions des étrangers. Comme si je ne le savais pas. Comme si nous ne nous étions pas vu depuis des années. J'ai envie de vomir.

-Tu es venue accompagnée ?

Il fallait bien que je le demande. Même si je n'assumerais pas la réponse si c'est "oui".
Par pitié, faites que cette machine à pop-corn soit vite réparée.

Son coeur s'est arrêté, maintenant, c'est sûr. Est-ce qu'il a toujours eu ce regard ? Ce visage ? Cette moue ? Elle se souvient d'autres expressions chez lui, d'autres sourires, d'autres timbres de voix. Mais en même temps, entendre sa voix après tellement longtemps à le fuir, ça fait étrange. Ariana essaie tant bien que mal de garder son sourire intact, même si ses yeux se détournent sans qu'elle le veuille. Pourtant, elle s'efforce de les relever vers les siens, c'est plus poli.

Et puis peut-être aussi parce que ça lui manque, elle va pas se mentir. Quand est-ce que ça arrivera à nouveau ?

Raiponce aussi, donc. Forcément. Ils vont être dans la même salle, c'est un peu gênant… Mais Ariana met quelques bonnes secondes à se rendre compte de ce qui cloche. Ca sort tout seul alors qu'il répond à ses questions :

—Tiens, c'est marrant, tu aimais pas trop ce film pourtant !

Sa voix manque de s'éteindre quand elle prononce ces mots ; peut-être que c'est juste qu'il n'aimait pas l'enthousiasme d'Aria devant l'écran ? Puis elle a un rire gêné, se tortille les doigts et se balance d'un pied sur l'autre. C'est terrible, elle se souvenait pas que c'était si difficile de prononcer des mots !!!

—Oui, hm… Oui je suis super contente, ça faisait longtemps ! Puis comme ils ont fini toute la série animée, ça me fait plaisir de me replonger dedans après avoir tout fini, tout ça !

(Et chialé sa vie, évidemment.)
Détournant à nouveau les yeux, elle se rend bien compte qu'Allen n'a pas répondu à sa question. Pourtant, elle a vraiment envie de savoir comment il va. Pourquoi il ne lui répond pas ? Est-ce que c'est trop tôt ? Est-ce qu'ils ne peuvent pas faire semblant d'être de lointains amis ? Ils sont obligés de faire comme si de rien n'était, de faire comme toujours, de se défiler chacun ? Mais quel enfer, quel enfer…

La voix d'Allen la sort à nouveau de ses pensées. Une question qui la choque, presque physiquement. Pourquoi veut-il savoir ça ? Est-ce qu'elle est censée avoir une once d'espoir, là encore ? Elle avait fini par abandonner, pourquoi il revient lui poser des questions de ce type comme ça ? Est-ce qu'elle doit dire non ? Est-ce qu'elle doit lui dire que ça ne le regarde pas ? Est-ce qu'elle doit faire semblant de rien ? Une bouffée de colère remonte dans sa poitrine et la fait s'empourprer, mais heureusement, ça peut tout aussi bien passer pour de la gêne.

—Ahh, oui, bien sûr que je suis accompagnée ! Je vais pas venir au ciné toute seule..… Quelle idée aha ! Tu es venu avec des copains toi ?

Il faut qu'elle se calme, peut-être que c'est juste parce qu'il veut savoir si elle doit rejoindre des amis. Ca n'avait peut-être pas vocation à savoir si elle était….. "accompagnée"…. Ahhhh mais qu'elle est bête, maintenant elle a dit oui !!!! Toussotant, elle relance un sourire, morte à l'intérieur. Le personnel du ciné n'a pas l'air de réussir à relancer la machine de suite…

—Et du couuup… Tu deviens quoi ?

OUI ELLE VEUT UNE REPONSE OK.

Même si c'était évident qu'elle dirait ça, c'est si douloureux de l'entendre prononcé avec le son de sa voix.

Mon regard vide se fixa sur les employés du cinéma qui se battaient avec la machine à pop-corn. Ouaip, c'est vrai, j'ai dit ça. J'ai dit ça de tellement de films que toi tu affectionnais, alors que dans le fond, il n'y en a jamais eu que j'ai réellement détesté. Bien sûr que je suis chiant. Bien sûr que j'ai dit ça pour t'embêter. Alors pourquoi est-ce que ce qu'il reste c'est simplement un "Tu aimais pas trop ce film pourtant !".

Je tentai de détendre mon poing et ramenai mes mains dans les poches de mon pantalon pour tourner la tête vers Aria, tentant la maîtrise de soi. Je lui offris un sourire maladroit, haussant une épaule. Ouais, j'ai envie de balancer un truc badaud, mais ça ne sort pas, c'est con, hein. Pourtant, c'est pas difficile à trouver, y'a plein de phrases qui me viennent en tête comme "Parfois les goûts changent !" ou "Y'a qu'les cons qui changent pas d'avis", mais non, rien. Rien...

Je détournai beaucoup trop vite le regard à mon goût quand elle me confirma qu'elle était venue accompagnée. Mon coeur se serra brusquement et je sentis une boule se former presque quasi instantanément dans mon estomac. Cette putain de machin à pop-corn va jamais se réparer en fait ?! Quand elle me renvoya la question, la réponse m'échappa presque trop rapidement.

-Non.

Venir avec des copains. Avec quels copains ? J'ai des copains moi ? Je suis proche de Pando. Avec Mitsu on s'est réconciliés. Et voilà. Emballé c'est pesé, pas la peine de chercher plus loin.

Je grimaçai à sa question suivante. J'abandonne le pop-corn, je survivrai sans.
... Sauf que je ne peux pas partir sans lui répondre. Je ne peux pas partir en la laissant seule. Je ne peux pas l'abandonner. Peu importe ce qu'elle me demandera. Peu importe ce qu'elle fera. Pourquoi est-ce que c'est si dur de la laisser partir ?

-J'ai validé ma première année en socio, j'entame donc la deuxième. Les cours se passent bien et... Ca se passe plutôt bien au travail aussi. Bien mieux depuis que les pouvoirs ne changent plus toutes les minutes.

Je me passai une main dans les cheveux, les ébouriffant nerveusement.

-Et toi ?

Le temps a l'air de passer beaucoup trop lentement, c'est presque angoissant. Le coeur battant à tout rompre dans sa poitrine, la petite Eau aurait bien envie de disparaître dans le sol. D'autant qu'elle ne comprend même pas vraiment ce qui l'a poussée à répondre ça à Allen... Ahhh, mais pourquoi elle a menti ?! Evidemment qu'elle est venue toute seule, tous ses amis sont occupés à cette heure-ci !! Elle est vraiment la seule à ne plus avoir de job, tous les autres sont occupés avec leur travail ou leurs études. Enfin, généralement c'est même leur travail ET leurs études, comme si faire un seul des deux était pas assez compliqué de base. Le genre de choses qui fait pas du tout culpabiliser quand on a lâché subitement son job six mois plus tôt...

"Non." Ok. Bon. Euh. La réponse est peut-être un peu brusque pour elle, mais en même temps, ça la rassure un peu. Ses épaules auparavant un peu crispées se détendent subrepticement. Alors il est venu seul... au cinéma... Pourquoi est-il venu seul au cinéma ????! Il pouvait être quasiment sûr de la croiser, alors pourquoi il s'inflige ça ?!

Son coeur se serre subitement. Quasiment sûr de la croiser ? Nooonnn... Aucune chance. C'est juste un hasard. Allen qui va voir Raiponce sans y être traîné par personne. Un hasard. Hmng.

—Ah, d'accord !

Le visage soudain écarlate, Ariana se détourne à demi et fait mine de se hisser sur la pointe des pieds pour observer où en sont les employés du cinéma. HMMMMNGG.

Heureusement qu'il répond à sa question ensuite, elle n'aurait pas survécu au silence terrifiant qui s'en serait suivi. Les yeux soudain grands ouverts, elle sent son coeur s'emballer et esquisse un grand sourire :

—Oh, mais c'est génial ! Bravo, tu peux être- Enfin, tu dois être très content de toi, j'imagine...

Aria détourne les yeux, gênée de cet éclat. Elle ne sait pas trop comment elle doit se comporter : il lui fait peut-être la conversation pour être poli, et il a peut-être pas très envie de lui parler ? Donc être trop enjouée comme ça, est-ce que c'est pas trop ? Est-ce qu'elle abuse ?

—Je suis contente que ça se passe bien, reprend-elle, encore embarrassée, avant de jouer fébrilement avec ses doigts. Moi, ça va ! Je pète la forme ! J'ai arrêté le travail il y a quelques mois, ça me plaisait plus trop.

Pas le travail de rêve, il faut dire. Puis tout était différent dans sa vie : elle avait besoin de voir ses proches, de faire des choses qui lui plaisaient davantage, de trouver un nouveau sens suite à tous les changements qu'elle subissait dans sa vie. Un travail épuisant, c'est pire quand on se sent seule. C'est pire aussi quand on se souvient que l'un de ses amis les plus proches, ancien collègue à ce même travail, est devenu un psychopathe assoiffé de vengeance.

Même si elle regrette parfois de ne plus être occupée aussi souvent, son départ du restaurant est l'une des meilleures décisions qu'elle ait prise ces dernières années.

—De mon côté, j'essaie de lancer ma boutique en ligne pour de vrai, maintenant, du coup. Mais euh, c'est. C'est seulement un projet, ça prend du temps.

"Pour de vrai". Elle aimerait bien dire que c'est le cas, qu'elle va vraiment la mettre sur les rails bientôt avec un vrai site professionnel, plutôt que juste vendre des trucs sur Instagram, mais elle traîne encore la patte. Cela étant, ce n'est pas le genre d'information qu'Allen lui demande, alors... Oui. Autant lui montrer que tout va bien. Qu'elle va bien. Qu'il n'a pas besoin de s'inquiéter comme avant.

Se râclant la gorge, l'ancienne rouquine jette un oeil sur son téléphone.

—Tiens, c'est marrant, Afya a du retard, tu penses qu'elle a un empêchement ? J'espère qu'elle arrivera à temps pour le film...

Quelle menteuse. Mais quelle foutue menteuse. Terrible. Ca doit se lire sur son visage, encore plus écarlate qu'avant.

Un sourcil se releva imperceptiblement sur mon visage, tandis que mes yeux s'écarquillaient un instant en apercevant les joues subitement rouges d'Ariana. Je restai quelques secondes interdit avant de reprendre mon expression neutre, retrouvant un semblant de sang froid. Quand elle reprit la parole, s'arrêtant en plein milieu de sa phrase pour la tourner différemment, je sentis mon coeur se serrer à nouveau et je baissai les yeux, serrant le tissu des poches de mon jeans pour essayer de garder contenance. Je la gênais. J'avais tellement l'impression d'être gênant. En même temps, je n'avais absolument rien à faire ici.

Pourtant, quand elle m'annonça qu'elle avait quitté son travail, je relevai le regard vers elle, de nouveau surpris. Les souvenirs de notre séance photo pour ses vêtements, cette séance photo où j'avais encore merdé d'ailleurs, me revinrent en mémoire et je détournai le regard.

-Je suis sûr que tu vas t'en sortir et que ce sera très bien ! Félicitations pour cette grosse décision, du coup...

Je lui adressai un mince sourire, impossible de donner plus pour le moment, et tournai la tête pour regarder où en étaient les employés du cinéma avec la machine à pop-corn. Visiblement, elle ne va pas être réparée.

Mon attention fut de nouveau happée par Aria qui se râclait la gorge avec gêne, un oeil sur son téléphone, soulignant l'absence d'Afya. Ouais. Il était préférable que je la laisse maintenant, elle attendait son amie, je la gênais. Elle était bien trop polie pour mettre fin à la conversation d'elle-même. Aussi, un beau sourire, qui fut terriblement douloureux à produire, se dessina sur mes lèvres.

-Elle va arriver, c'est certain. T'en fais pas. Il faudrait être fou pour te poser un lapin ! Je te souhaite une bonne soirée, alors. Profite bien du film ! Visiblement la machine à pop-corn va pas re-fonctionner, alors t'embête pas trop à attendre ici ! A la prochaine.

Et faisant volte-face, je m'avançai vers la foule qui attendait l'ouverture de la salle de cinéma, une énorme boule dans l'estomac. C'était beaucoup trop douloureux de la re-croiser. Bien sûr qu'elle n'allait pas m'attendre pour continuer à vivre, hein...

Qu'est-ce que ça lui avait manqué… Ces encouragements-là, malgré la gêne qu'il semblait ressentir. Le coeur comprimé, Ariana aimerait juste lui dire "s'il te plaît, est-ce qu'on peut parler ?", mais en même temps, la peur de mal faire, de mal dire, de le mettre dans une position qu'il ne contrôle pas et n'apprécierait peut-être pas, tout ça l'empêche de concrétiser cette envie. Et puis il fuit son regard, et Ariana sent sa gorge se comprimer elle aussi. Les mots se bloquent d'autant plus fort. Quand sont-ils devenus des étrangers l'un pour l'autre ?

Ils sont… des étrangers ?

—Ahah… Merci…

Est-ce que ça avait toujours été aussi bizarre entre eux ? Sans doute. C'était peut-être pour ça qu'il refusait de la revoir, de lui reparler. Qu'il était si mal à l'aise en sa présence. Forcément.

Elle prend son téléphone pour se redonner contenance, essayer de lui faire comprendre qu'elle a envie de discuter, qu'elle ne veut pas qu'il parte maintenant. Et durant un moment, elle croit vraiment qu'il a compris, qu'il veut bien rester un peu. Elle a un petit sourire timide, mais très content, qui s'efface bien vite lorsqu'il lui souhaite une bonne soirée. Son coeur s'agite. Un éclair de panique passe dans son regard.

—Hein, oui, euh… Non mais-… Attends-, bredouille-t-elle, alors qu'Allen s'en-va, bien trop rapidement à son goût.

Une immense tristesse la submerge toute entière, et elle doit faire appel à tout ce qu'il y a de plus courageux en elle pour ne pas pleurer. Puis l'étincelle de colère en arrière-plan se fait plus visible ; de flammèche, elle devient brasier. Suivant Allen en serrant les poings, le visage crispé par la peine et l'irritation, elle réitère :

—Allen, attends !

Est-ce qu'ils ne vont faire que fuir ?
Elle inspire longuement ; une grande inspiration, une grande expiration.

—Tu voudrais qu'on l'attende ensemble ?

Elle a terriblement envie de pleurer. Elle s'est retenue très fort pour ne pas lui attraper le poignet. Tant mieux ; elle aurait eu du mal à lui expliquer son geste…

—Enfin, sauf si tu… ne veux pas, tu dois peut-être vouloir choisir tes places, mais…

Elle regrette immédiatement, et cette fois, c'est contre elle-même qu'elle est en colère. Pour autant… Pour autant elle a vraiment envie de lui parler, vraiment, pas juste quelques mots. Savoir ce qu'il fait. Ce qu'il devient.
Pourquoi il est là.

L'intonation et les expressions qui traversent le visage d'Aria m'anéantirent. Je me tournai vers elle après qu'elle m'ait appelée et laissai mon coeur s'emballer, formulant des désirs inavoués. Et puis elle me proposa de l'attendre avec elle.

Si je n'avais pas l'image, si je n'avais pas le ton, je crois que mon cerveau aurait imaginé qu'elle faisait ça simplement pour ne pas être seule dans l'attente. Mais la lueur dans son regard me prouvait bien le contraire. Bien que je sois pourtant incapable d'analyser réellement ses pensées. Tout est bien trop mélangé dans son regard, dans son corps ; de la colère et de l'irritation, de la tristesse et du regret. Depuis quand sommes-nous ainsi ?

Mon estomac se serra alors que je revis cette scène où elle s'était mise en colère, où elle avait quitté ma chambre ; ce moment où nous étions passés d'un "nous" à un "toi et moi".

-Ou alors on peut déjà s'installer dans la salle tous les deux et Afya t'y rejoindra directement. Comme ça tu lui réserves une bonne place malgré son retard.

Ma parole et mes sens décidèrent de ne plus répondre à mon cerveau et je devins soudainement spectateur de cette scène.

Ma main se leva et mon doigt désigna l'entrée de la salle.

-Ils ont ouvert les entrées, on peut aller s'installer, alors autant en profiter non ?

Mon coeur s'emballa et ma raison me quitta. Quelque part au fond de mon cerveau, une petite voix me siffla que je faisais n'importe quoi. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir lui dire, hein ? Nous n'allions pas rester côte à côte en silence en attendant le début des bandes annonces. S'il y avait des bandes annonces. C'était une rediffusion, je n'avais jamais été à une rediffusion. Alors quoi, nous allions parler de quoi, hein ?

-Alors ? Tu viens ?

Et la situation acheva de m'échapper.

Il se retourne ; voilà, c'est fait. Elle l'a rappelé, elle a osé, elle a prononcé ces mots qu'elle avait eu envie de lui dire il y a plusieurs mois. "Allen, attends !" Pourtant, c'est elle qui est partie, qui a franchi la porte, qui lui a tourné le dos. C'est sa faute ? Elle a envie de pleurer, de lui dire comme il lui a manqué. Et en même temps, est-ce que ce serait sain de se faire souffrir comme ça ? S'il n'est jamais retourné vers elle, c'est qu'il devait savoir que ça ne marcherait jamais — au fond, il n'y a jamais eu de raison pour que ça fonctionne. Ils n'ont jamais su communiquer...

Quand il lui répond, en revanche, Ariana sent ses yeux s'écarquiller. Durant un temps, elle ne comprend pas ce qu'il lui propose ; est-ce qu'il l'invite vraiment à venir s'installer dans la salle avec lui ? Tous les deux ? "Tous les deux"...?

Elle ouvre la bouche, alors qu'il termine de parler, et ne sait vraiment pas quoi répondre durant quelques s'entendre. Lorsqu'il reprend, elle s'entend répondre, un peu trop spontanément peut-être :

—Oh, oui, bien sûr, j'arrive !! T'as raison, c'est une bonne idée !

Des mots balbutiés, qui s'entrechoquent un peu. Whaaaaaaaat mais qu'est-ce qu'elle fait ? Elle va au ciné ? Avec Allen ? Allen qu'elle n'a pas revu depuis des mois ? Alors qu'ils font semblant de s'ignorer dans les couloirs quand ils se croisent ? Comme s'ils étaient des inconnus ? Est-ce que c'est un rencard, lol ? Elle a même pas le coeur de plaisanter face à la catastrophe de ce qui est en train d'advenir. Ce serait vraiment bien si Afya se libérait, d'un coup, en fin de compte.

Et elle le suit jusque dans la file. S'il vous plaît, si un télépathe est là, qu'il se mette à tousser s'il la soutient. Quelqu'un tousse un peu plus loin. Putain gars (c'est un bb de 12 ans genre, lol- il a l'air de se faire chier avec ses potos, il traîne sur son portable), merci, tu sais pas à quel point ça compte pour elle WLLH DIS LUI QUE CA VA BIEN SE PASSER. Quinte de toux. CA VEUT DIRE QUOI LA QUINTE DE TOUX ??????? Ptn.

—Et j'aurai même des bonbons pour nous faire patienter, ça compensera le fait qu'on a pas de popcorn, hein ? Aha...

Aha. Ahahah. AHAH. C'EST SI DROLE, EVIDEMMENT. /sarcasme
Inspirant et expirant tranquillement, Aria se demande s'il va faire une réflexion sur son diabète ou pas. NON MAIS MEC TELEPATHE, TU VEUX PAS L'AIDER POUR DE VRAI ?
"Mais trouve un sujet de conversation !!"
Qu- Le gosse de 12 ans ???
"J'en ai 13, ok ?!!! TROUVE DE QUOI PARLER LÀ C'EST TROP LE MALAISE, LA MEGA LOOSE."
MAIS DE QUOI JE PEUX PARLER WLLH C'EST MON EX COMMENT TU VEUX QUE JE QHFVSHFBSJK OK OK JE RESPIRE JE RESPIRE
"Si j't'aide t'arrêtes de crier dans ta tête ? Parce que tu penses vachement fort, quand même."
...... ui ? ok ?
"Bon, un classique : et sinon, le boulot ? ET RESPIRE TU VAS DEVENIR BLEUE."

—E-et...... Et sinon, le boulot ? Tu t'ennuies pas trop ? Comment va Pandora ?

Conseils de drague par un ado de 12 ans qui a pitié d'elle, check.
"J'en ai 13, hein."



HRP : j'ai paniqué, j'ai lancé un dé

Si j'étais pas bien, je crois que le malaise s'évapora quand je réalisais qu'Ariana avait l'air dans un pire état que moi. Je la fixai quelques secondes sans comprendre avant de détourner le regard, gêné. Ouais, nan, c'est flippant de la fixer comme ça sans rien dire. Mais elle arrête pas de gigoter aussi ! C'est quoi son problème omg ?! Pourquoi elle fait ça ?!

Quand elle reprit la parole, je sursautai, ne m'y attendant pas vraiment, et surtout totalement perdu dans mes pensées. Je levai une main pour la passer dans mes cheveux et la laisser se poser ensuite sur ma nuque quelques secondes avant que mon bras ne retombe contre mon corps. Ouais. Ca devient un peu gênant cette conversation.

-Oui, bonne idée !

Bonne idée ? Bonne idée ?! BONNE IDEE ?! MAIS QUOI C'EST UNE BONNE IDEE LES BONBONS ?! Nan mais en même temps, qu'est-ce que je pouvais répondre ?! C'est gênant. Il faudrait vraiment que je trouve un truc pour relancer la conversation. J'peux pas lui demander comment ça se passe au travail, elle a démissionné. Et les copains ? Nan mais on va pas s'mentir, j'en ai rien à foutre de ses copains et de ce qu'elle fait avec eux ; limite j'en suis jaloux alors on va pas pousser non plus ! ON PARLAIT DE QUOI AVANT EN FAIT ?! POURQUOI C'EST SI DUR DE RELANCER UN SUJET DE CONVERSATION ?! Probablement parce que ça a toujours été elle le moteur de conversation. Genre elle parle elle parle elle parle et elle lance des idées et des activités et elle me traîne avec elle et moi je baisse la tête et j'obéis. Sauf que là c'est genre. Moi. Qui lui ai proposé de venir s'asseoir à côté de moi. MDR pour une fois que tu prends une décision Allen, c'est la pire quoi.

-AH !

Ouais, elle a repris la parole et j'étais pas prêt.

-Le boulot, ça va. Il y a plus de monde depuis que l'Eclipse est terminée et puis... 'fin y'a eu les fêtes, alors les gens sont plus venus, on a fait des offres, tout ça. Fallait relancer l'économie. Pandora va...

Mal ?

-... bien. C'est toujours agréable de travailler avec une amie. Et euh... Toi, du coup ? Tu fais quoi de tes journées, du coup ?

Et dire qu'on a failli dire "concrètement" omg. A quelques mots près c'était la catastrophe du jugement. Alors que je juge zéro. Juste. Je sais pas quoi dire ok ?!

C'est l'enfer. C'est CARREMENT l'enfer.
"Meuf mais détends toi."
C'est vraiment carrément trop l'enfer. Allen a l'air d'autant mourir à l'intérieur de lui-même qu'Aria, sauf qu'Aria elle a un garçon de 12 ans dans sa tête. 13 ANS 13 ANS OK ELLE A COMPRIS C'EST BON WSH LÀ.

… COMMENT CA "AH !" ? Avec l'exclamation en plus ??? Ca veut dire quoi ? MONSIEUR DE 13 ANS, QU'EST-CE QUE CA VEUT DIRE ????
Inspirer. Expirer. Tout baigne.

—Oh bah tu m'étonnes ! lâche Ariana à la mention de la fin de l'Eclipse, plus pour meubler qu'autre chose.

Ca doit aider, de plus détruire complètement tout ce qu'on touche ou de plus risque de détruire les bâtiments dans lesquels on rentre, j'trouve !! Bon, et la dépression, c'est clair que ça donne pas envie de dépenser.

Pandora va..........… Va ? Elle va quoi ? POURQUOI IL HESITE ? ILS COUCHENT ENSEMBLE C'EST CA ?????!!!!! Non ok on se détend oulalah ça va plus du tout on se détend, pfff, puis elle s'en fiche de s'ils couchent ensemble, franchement, c'est, oui, bah, ça va ?

Bien. Bien. Elle va bien. Mouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii non Allen ment. Elle le connait par coeur. Ca va pas. Ou alors il sait pas quoi dire. IL LUI CACHE UN TRUC ET ELLE DETESTE CA. Non ok on se détend on a dit qu'on s'en fichait. NON MAIS ON S'EN FICHE PAS. Non si un peu mais- Non ok on s'en fiche pas. AHHH.
"Dur."
Juste tg omg elle se juge très bien toute seule.

—C'est sûr, ça doit être bien de bosser avec des copains ! Aha ! Euh, bah…

Ouais, elle vient d'repenser à Ys, qui était son ancien partenaire de travail, genre, l'ami avec qui elle aimait bien travailler, vous voyez ? Lololol.

—Bah écoute, je créé des projets de couture, je m'entraîne et j'aide un peu les nouveaux initiés avec leurs pouvoirs… C'est compliqué de trouver un rythme correct, mais j'ai plutôt bien avancé ! Enfin, y a des moments où ça bloque un peu, forcément…

Et là elle vient de se souvenir qu'elle parle à Allen, donc elle devient silencieuse d'un coup. Elle a failli rajouter "Et toi ?" mais elle lui a déjà posé la question. Putain. Fais un effort, Alle- AH ILS PEUVENT ENTRER DANS LA SALLE ILS PEUVENT ENTRER !!! Elle sautille vers le mec du cinéma et lui tend son ticket. Ses yeux sont remplis de "SAUVEZ MOI SVP DITES UN TRUC" mais il semble pas comprendre. Du coup ils entrent. Dans un silence bien malaisant.

Ca….. Ca va être très long, pas vrai ???

Je vois à son regard qu'elle a TOUT sauf envie de continuer cette conversation, et c'est d'un malaise ! Ptn mais j'dois gérer ma panique, j'vais pas réussir à gérer encore là !!!

Elle me répondit donc avec toute l'aisance dont elle était capable que ses projets avançaient au niveau couture, et qu'elle passait aussi du temps avec les nouveaux arrivants pour les aider avec leurs pouvoirs. C'est vrai que maintenant que j'y pense, elle est préfet... Au moins, depuis qu'elle est plus au restaurant, elle a plus de temps pour ça ! Franchement, j'suis bien content d'avoir refilé le bébé à Pandora, entre mes études et le travail à la boutique, j'aurais jamais été capable d'être utile en que préfet. Et j'en aurais même pas eu envie, d'ailleurs... Faut des gens motivés pour ça. Raison tellement essentielle que je ne comprends toujours pas comment j'ai pu être "élu" préfet...

Comme je ne savais pas trop quoi répondre de plus qu'un "Ok, ben c'est cool ! Tant mieux !" je fus BIEN HEUREUX quand la salle ouvrit enfin et que l'employé du cinéma commença à faire avancer la foule pour qu'on s'installe. Je lui tendis mon ticket avec nervosité. Nan mais Afya est toujours pas arrivé en vrai. Moi j'peux pas passer tout le film juste à côté d'elle, c'est beaucoup trop le malaise ! POURQUOI J'AI DIT CA EN FAIT. Encore une idée à la con, mais bordel faut que j'arrête de PANIQUER TOUT LE TEMPS. C'est l'ANGOISSE.

Une fois dans la salle, je suivis Ariana qui était passée devant moi pour m'asseoir à côté d'elle. Lol. Lol lol. Les bandes-annonces s'il vous plaît. VITE. COMMENT CA Y A PAS DE BANDES ANNONCES POUR LA REDIFFUSION ?! C'EST QUOI CE CINEMA TOUT POURRI.

-J'espère que le film ne va pas trop tarder à commencer !

Joli. Joli joli, on te décerne la médaille gros.

-En tout cas c'est sympa de te croiser.

Lol. "sympa" et "croiser" mais je rêve.

Le malaise continue, et malheureusement, soit l'ami télépathe d'Ariana est trop loin pour pouvoir l'entendre et communiquer avec elle, soit il a juste abandonné la vie et a décidé qu'elle devrait se débrouiller toute seul. Lâche. Monstre !!

Petits coups d'oeil vers Allen, juste comme ça, discrétos, alors qu'ils s'installent… Nan mais c'est tellement chelou comme situation, ils sont vraiment assis côtes à côtes dans un cinéma mdr ? Elle prend son portable pour regarder l'heure… Pfiouh, heureusement, c'est bientôt l'heure du début du film !! Allen semble autant à l'agonie qu'elle, faut dire. Elle se met à regarder frénétiquement autour d'elle… Nan mais c'est pas grave, on va dire qu'elle cherche Afya !!!…. Putain il va vraiment finir par se rendre compte qu'elle a sorti un méga bobard.

—Mais grave ! lâche-t-elle avec trop de spontanéité. C'est. Parce que j'ai hâte !!

Elle a entendu quelqu'un se facepalmer. Elle a. Entendu. quelqu'un se- NON MAIS MONSIEUR DE 13 ANS VAZY, LÀ, T'ABUSE !!! Elle s'éclaircit un peu la gorge avant de fourrer des bonbons dans sa bouche pour s'éviter de parler davantage, tendant le sachet à Allen sans le regarder. Bien mal lui en prend, car elle s'étouffe à moitié avec son dragibus quand Allen reprend la parole. Et rougit. Et fait des gestes bizarres avec les mains. On dirait Marinette qui parle à Adrien, là, c'est pitoyable !

—Ah, euh, oui, c'est- c'est sympa de te croiser oui ! Ca me fait plaisir d'avoir de tes nouvelles…

Au moins, elle est honnête sur la dernière partie de la discussion, par contre ça a foutu un sale silence plombant. Horrible. Elle toussote. Le film commence enfin après un temps INTERMINABLE MAIS QUELLE HORREUR. Elle fond de plus en plus dans son siège.

—C'est marrant mais Afya est pas encore arrivé, ça lui ressemble pas d'avoir du retard comme ça…… Tu crois que j'devrais voir où elle en est ?!

Ouais, et partir en courant, du coup ???

Je sursautai un peu face à l'entrain d'Aria, un peu perturbé par son agitation. Bon, après, y'a de l'agitation dans la salle aussi, les gens sont encore en train de rentrer et de s'installer, et visiblement, contre toute attente, "Raiponce" en tête d'affiche de rediffusion ça attire les foules, MAIS QUAND MÊME ELLE GIGOTE BEAUCOUP SUR SA CHAISE LA OMG. ET ELLE VA S'ETOUFFER AVEC SES BONBONS OU QUOI LA. Je la regardai avec des gros yeux, parce que je savais pas s'il fallait que je réagisse ou pas (elle me ferait un signe si elle arrivait plus à respirer, hein ?), et repris tant bien que mal mon calme quand la crise sembla être passée.

Face à ma remarque hyper sincère et pas du tout décalée (nan mais j'reste sur le "par hasard" j'y peux rien), elle s'empressa aussi de répondre, avant de recommencer à s'agiter sur sa chaise.

Puis le film commença. Puis elle me tendit une perche. Et j'avais presque l'impression qu'il y avait un piège dedans. Nan mais elle me tend peut-être même pas une perche, elle est peut-être juste réellement inquiète. J'eus envie de lui proposer d'aller voir moi-même, mais quoi ? Quoi ??? Je pouvais pas m'enfuir après ! C'était stupide de lui avoir proposé de s'installer ensemble si j'étais pas capable de gérer, bordel ! Qu'est-ce que je m'en voulais.

-Heu... Ben tu peux si tu veux oui... Tu... lui as envoyé un message ?

Je m'enfonçais dans mon siège pour lui laisser la place de passer si jamais elle décidait d'aller voir. Je. ne. sais. absolument. pas. quoi. faire. C'est horrible.