L’initiation avait eut lieu il y a peu de temps et Senri n’était pas encore bien acclimaté à sa nouvelle vie. Notamment la partie qui consistait à partager les émotions d’à peu près chaque personne qu’il croisait. En l’espace de deux jour, il avait expérimenté un chagrin d’amour, l’euphorie d’un nouveau travail, l’angoisse d’une santé faiblarde et j’en passe. Tout ça pour dire que cette capacité à ressentir un peu tout et n’importe quoi était plus qu’énervante.

Pour pallier à ce petit problème, Senri avait réagi comme il réagissait à chaque fois qu’il était dans une situation difficile ; par l’abus de sport. Il courrait, boxer, taper dans un ballon jusqu’à suffisamment perdre haleine pour ne penser à rien d’autre qu’à ses côtes qui menaçaient d’exploser. Sauf que depuis son altercation avec Tiago, son corps semblait fragilisé et l’énergie consommée par la réception d’émotion couplée au manque de sommeil n’arrangeait rien.

Si jusque là, il avait ignoré les conseils avisés d’une des infirmières de l’institut, lorsqu’il s’était écroulé jusqu’à perdre connaissance quelques instants et que ses jambes avaient refusées de l’aider à se redresser, son professeur de sport lui avait expressément fait comprendre qu’il devait aller à l’infirmerie. Sous peine d’être exclu des cours de sport pendant le reste de l’année. Ce chantage avait évidemment eut un effet immédiat sur Senri.

Il avait même accepté d’être accompagné jusqu’à l’infirmerie par un camarade. Camarade que Senri avait eut envie d’encastrer dans le mur. Il ne faisait rien de particulier, mais sa simple présence suffisait à intensifier l’irritation de Senri. Ainsi, il l’avait pratiquement menacé pour qu’il le laisse seul dans la salle d’attente de l’infirmerie.

L’adolescent était donc assit sur l’une des chaises, les bras croisés, la mine renfrognée. Il portait son pantalon de sport et la veste de son uniforme de sport par-dessus un tee-shirt blanc imbibé de transpiration. Son front était également moite et son visage anormalement pâle. Le pantalon du garçon était remonté jusqu’à son genou droit tandis que sa jambe était tendue. C’était elle qui lui faisait le plus souffrir. Dès qu’il la pliait, il avait l’impression que ses muscles allaient se scinder en deux. Par rapport à ça, son autre pied dont la cheville semblait être en miette était le cadet de ses soucis.

Malgré tout ça, Senri parvenait à grommeler dans sa barbe, ronchonnant comme un enfant. Il était convaincu que tout allait bien et que tout le monde s’inquiétait pour rien.

-Tch, je manque les heures le plus intéressantes. J’espère au moins qu’on me laissera aller au club de combat ce soir.

C’était ça, sa plus grande crainte. Qu’on le prive de son rendez-vous hebdomadaire.