Là haut, sur le toit d'un immeuble, Akira veille... Ou pas !

Il reluque plutôt ses mains, sa peau est sèche et aussi rêche que l'écorce d'arbre. Il a beaucoup moins de temps pour prendre soin de lui, il a même dû renoncer à prendre sa douche ce matin. Ys l'a pressé, ils n'avaient plus le temps de squatter ce taudis qui leur servait de piaule... sinon Terrae pouvait les rattraper.

C'est donc ça une vie de héros ? Non, c'est une vie de putain de fugitif !

Akira râle, il en a déjà marre de cette vie inconfortable où il ne peut plus se la couler douce et faire ses petites coquetteries.

– Tsss, on vit comme des clodos... Pourquoi j'ai suivis ce trou-duc' moi ?

Pour sauver dans l'ombre une menace qui plane sur Terrae ? Aider un psychopathe à assouvir sa vengeance ? Le choix est compliqué.

Et tandis qu'il retire on ne sait quelle saloperie de ses cheveux, Akira se rappelle de ce qu'il a dit à monsieur Ys Ochikawa lorsqu'il lui expliquait son petit stratagème.

– C'est de la merde ! Lui avait-il dit ce matin. C'est tellement de la merde qu'un bousier n'en voudrait même pas ! Et que les mouches crèveraient dedans !

Oui, la vie en colocation avec Akira est faite de poésie...

Là, il parle tout seul et critique encore ce plan foireux.

– "La gamine qui s'fait enlever dans une ruelle sombre", c'est un putain de cliché de film américain ! Grogne-t-il du haut de son toit. Ça va jamais marcher. En plus, elle est naze sa chanson ! J'vais aller lui foutre une branlée et le livrer dans du papier cadeau à Terrae... Comme ça, ils me filent une médaille et j'suis un héros.

Ça aussi un plan de merde, car revenir à Terrae après une longue absence en mode "J'ai fais semblant d'être son pote pour mieux vous le ramener" ça ne marchera jamais ! Jamais vous dis-je ! Tout comme le plan de ce fils de p..!

– Putain ça marche !

Akira se redresse brusquement. Ses yeux suivent ces gars qui capturent la gamine et la jette dans une camionnette noire... Un cliché de film américain ouais, Akira vous l'avait bien dit !

Et maintenant c'est à lui de jouer.

Le japonais se déchausse et relève les manches de son pantalon. La camionnette démarre en trombe, tandis que lui commence à courir le long du toit. C'est un vrai parcours d'obstacle qui l'attend.

Il se sert des pouvoirs de feu qu'il concentre au niveau de ses pieds pour courir plus vite, sauter plus haut et ralentir sa chute lorsque cela est nécessaire. A l'abri des regards, ou presque, il passe de toit en toit et arrive à tracer la camionnette... Jusqu’à ce grand carrefour où ses pouvoirs ne lui permettront pas de passer d'un bâtiment à l'autre.

– Fait chier ! Peste-t-il.

Il voit la camionnette qui s'éloigne petit à petit. Il n'a plus le choix, pour traverser ce carrefour il doit utiliser le cristal de téléportation que lui a donné Ys. C'est donc à désarroi qu'Akira utilise ce pouvoir qui n'est pas sien.

Akira a beau ne plus vomir lorsqu'il est téléporté, il déteste toujours cette sensation de disparaître pour se retrouver ailleurs, de perdre de vue son panorama pour en voir un nouveau. Là il n'a pas le choix, c'est donc avec cette téléportation et ses pouvoirs de feu qu'il arrivera à destination, près de cet entrepôt désaffecté.

La camionnette s'arrête, la fille y est sortit de force et emmenée à l'intérieur.

– Pourquoi c'est toujours dans les endroits tout pourris qu'ils se cachent ces cons ?

Le moteur cesse et des agitations indiquent clairement qu'ils sont arrivés. Toujours aveuglée, l'enfant est descendue par ses ravisseurs du van et dirigée vers l'intérieur de l'entrepôt. Des voix s'élèvent tandis qu'une personne l'installe sur une chaise pour la ligoter. Ayant le sac sur la tête, elle peut seulement entendre leur conversation malgré l'inquiétude qui règne dans cette pièce.

"Il nous reste encore trois à trouver avant le rendez vous."

"On gagnerait du temps si on allait directement dans un orphelinat."

"Non, ça ferait trop de bruit. Et Ray ne l'acceptera pas. Faut continuer à rester discret."

Dans l'agitation, la petite fille tourne la tête de droite à gauche, comme pour trouver une vision, une idée de l'endroit même où on l'a emmener de force. Puis soudainement, la lumière l'éblouit. Un homme lui rend la vue tout en continuant de discuter avec ces collègues. Comme si cette enfant n'avait été rien d'autre que du bétail, attendant sagement qu'on vienne la découper en morceaux.

"En attendons, va falloir travailler celle là. Qui s'y colle?"

"Pas moi... Je dois partir tôt ce soir. Ma femme nous a préparé un repas en famille, je sens déjà l'odeur de son ragoût."

"Petit veinard!"S'exclame l'homme en frappant amicalement l'autre.

Sur sa chaise et délaissée, l'enfant balaye la pièce, observe et écoute. Son regard s'attarde sur deux autres hommes dans un coin, proches d'une table. Ils préparent quelque chose mais il est impossible à la petite d'en voir plus. Elle peut seulement les entendre.

"Allez courage. Cette fois, c'est la dernière."

"Ouais je sais... après ça j'arrête. Une fois l'argent empoché, je pourrais reprendre mes études."Soupire-t'il alors qu'il vérifie si la seringue éjecte correctement le liquide qu'elle contient.

Ces deux là paraissent plus jeunes. Ils paraissent tous différents. Des âges différents. Des nationalités différentes. Ils sont sept ravisseurs. Les détaillants de ses grands yeux flamboyants embués de larmes, la petite cible est aussitôt tirée de ses rêveries quand un homme se positionne en face d'elle, lui arrachant même un hoquet de stupeur.

"Allez le toubib. On n'a pas toute la soirée."

Le même homme à la seringue se rapprochent d'eux, l'air dépité. Il s'agenouille aux côtés de la petite, tâte au niveau du cou, juste un peu en dessous de son oreille tandis que l'autre homme dévisage l'enfant.

"Ca va être rapide, tu verras. Puis après on s'occupera de tes autres petits copains les monstres." Relevant les yeux, l'enfant croise son regard et l'expression de son visage change peu à peu. Il parait plus ferme, moins apeuré, comme si ces paroles avaient emporté tout désespoir, toute tristesse. "Vivement qu'on se débarrasse de cette espèce!"

Toute la répugnance qu'émet cette enfant et les siens est ressentie dans son regard, dans le ton de sa voix. Il doit probablement prendre du plaisir à exterminer ce qu'il appelle "cette espèce". Et tandis que le calme règne de nouveau, attendant tous l'instant où ils pourront reporter toute leur haine et leur mépris sur ce petit corps, une fine voix ferme s'élève.

"C'est exactement ce à quoi je pensais..."Marmonne l'enfant quand soudainement des jets éclairs jaillissent de l'endroit même où l'étudiant en médecine s'apprêtait à piquer.

Hurlant de douleur, celui ci recule, maintenant sa main brûlée. Dans un réflexe de panique et puisque le protocole le permet lorsque la situation leur échappe, l'homme en face de l'enfant sort son arme à feu en jurant avant de tirer dessus.
On peut entendre le tir résonnait dans l'entrepôt mais sous leurs regards ébahis, lorsque la fumée se dissipe, ils découvrent que la balle reste en suspend dans les airs.
La petite fille fixe toujours son ravisseur, impassible, sourcil froncés, et étrangement calme. Puis soudainement la balle change de direction et reprend sa vitesse folle. Elle transperce le poumon de cet homme armé qui s'étale sur le sol.

Réalisant leur erreur, les autres ravisseurs saisissent une arme et tirent sur l'enfant. Dans un élan, la gamine se renverse en arrière. Dans l'impact, grâce à la surcharge d'énergie sur un même point et en grosse quantité, sa chaise explose et ses liens sont détruits. Aussi rapidement, l'enfant part se mettre à couvert derrière d'énormes caisses...

Pendant ce temps, du coté d'Akira :

– Heh mec, t'as pas 50 Yen ?

Mains dans la grande poche ventrale de son sweat, capuche sur la tête, le blond est devant le gars qui surveille l'entrée de l’entrepôt. Il se fait passer pour le clochard du coin pour l'approcher.

– C'est une zone sécurisée, alors dégage le gueux !
– Aller fais pas ton crevard, juste 50 Yen quoi...
– Dégage, j'ai pas de monnaie !
– Une clope alors ? ...
– Non !
– Un sourire au moins... ça fait chaud au cœur.

Akira n'avait pas besoin de faire ce cinéma. Là, il se venge sans raisons de tous ces mendiants qu'il a pu croiser dans les transports en commun. Mais il joue un peu trop avec la patience du garde, alors ce dernier sort un taser et commence à le menacer.

– Ça aussi ça va te réchauffer le cœur si tu dégage pas.

Akira regarde les arcs électriques qui s'échappent du gadget d'un air impassible.

– C'est bizarre, t'as pas une dégaine d'agent de sécurité... surtout avec ta salopette là.
– Qu'est ce que ça peut te foutr... !

Et soudain, un coup de feu retentit. Le garde se tourne brusquement vers le sas d'entrée, prêt à intervenir.

– 'Tain il a commencé sans moi. Grogne Akira.

Quelques instants plus tard les portes vitrées de l'entrée éclatent, le Feu est entré de force et il n'y est pas allé de main morte. Le garde est projeté contre un mur, une brûlure béante orne son torse,

– Monstre, Dieu te punira !
– C'est ça, cause toujours.

Et c'est après l'avoir assommé d'un bon coup pied dans la mâchoire, qu'Akira prend le porte-feuille du garde pour jeter un coup d’œil à l'intérieur.

– Il avait vraiment pas d'monnaie ce con...

Oui, comme d'habitude Akira prend son temps. Mais il va accélérer le pas dès qu'il entendra de nouveaux coups de feu.

Il traverse un couloir dans lequel il rencontre une jolie jeune femme. Celle-ci, après avoir joué comédie, brandira une lame et se jettera sur lui... Un échec, car on la verra quelques secondes plus tard servir de bélier pour défoncer la porte qui mène dans cette salle, celle où les balles cingles vers Miss Ochikawa.

– Salut les tocards ! S'exclame Akira.
...
Il grimace, ce langage lui rappel ce débile de Senri, alors il crache par terre comme pour se laver la bouche.

Un terroriste, qui visait Ys à la base, braque soudainement son arme sur Akira.

– Crève démon !
– Et ça recommence...

L'adversaire s'apprête à presser la détente de son revolver et... rien ne se passe.
En fait, Akira utilise son pouvoir de marionnettiste de manière très simple, il empêche l'index de son antagoniste de bouger. Cela suffit à troubler le tireur et à laisser assez de temps au blond pour venir au contact et lui coller une boule de Feu en plein visage.

Il est un peu dépité par le manque de puissance de son feu (merci le sceau de l'initié qui a fait son grand retour), mais ce n'est pas sa première préoccupation à ce moment là.

– J'suis déçu... Vous êtes Monsieur-Tout-le-Monde et Madame-Personne. J'm'attendais à voir des cagoules pointues, des croix gammées... ou un truc dans le genre !
Vous faites comment pour vous reconnaître ?

Étonnamment Akira ne se contente pas de rentrer bêtement dans le tas. Il ne frappe pas pour tuer et il fait même le job d'Ys en cherchant des indices. S'ils veulent gagner cette guerre, ils ne devront pas seulement faire tomber les Pions de ce jeu d'échecs, mais surtout le Roi.

Hrp:

Les yeux écarlates d'Akira fixent un instant ce gars qui le tient en joue. Le regard de l'ennemi est terrorisé, il transpire à grosses gouttes, ses tremblements l'empêchent de tenir correctement son arme. On voit clairement qu'il n'a jamais tué et qu'il n'a pas l'intention de le faire. Ses mimiques parlent pour lui. Il ne sait plus où donner de la tête, d'un coté ses collègues se font massacrer par Ys, de l'autre Akira qui ne montre aucune forme de peur lorsqu'une arme à feu est braquée sur lui.

– Ne.. ne bouges plus monstre !
– Pose ça, tu vas te blesser...

A la place de combattre, le blond est aller voir cet homme à terre qui suffoque, sa main est appuyée sur sa blessure au poumon qui saigne abondamment.
Akira s'accroupit à coté ce dernier, regarde rapidement sa blessure et soupire en faisant "non" de la tête. Il n'y a rien à faire pour celui-là, ses minutes sont comptées.

La main libre du blessé vient à saisir les vêtements d'Akira. Sa poigne est forte. Et tandis que l'autre main lâche sa blessure, elle se glisse dans sa veste pour y sortir... un petit pendentif ouvrant. A l'intérieur, il y a photo de famille.

– Di.. dites à ma femme et ma fille... que je les aimes.

Akira pousse un nouveau soupir et répond sincèrement :
– Désolé vieux, mais je ne pourrais satisfaire ta dernière volonté.

Une larme se met à couler sur la joue de l'homme, sa poigne se relâche et son regard s'éteint. Il est mort. Akira remet le pendentif dans la main de son propriétaire et passe la doigts sur son visage pour abaisser ses paupières.

Ces gens ont beau être des terroristes, ils ont une vie, une famille comme les autres… c'est pour cela qu'Akira cherche à faire tomber celui qui tire les ficelles de cette secte et non ses marionnettes.
Ainsi, Akira se relève, les mains tâché du sang d'un homme tué par Ys. Un de plus. Le bilan de cette première mission est de 3 morts, 3 blessés... et 1 terrorisé qui commence à brandir une croix en récitant sa prière.

– Argh non, une croix ! S'exclame Akira en faisant semblant d'être repoussé par la force divine. On ne peut plus l'approcher, mais que faire ?!

C'était Akira et son piètre jeu d'acteur...

Le Feu arrête ses bêtises et son pied vient brusquement frapper la main du docteur pour se débarrasser de cette croix. Puis, du coin de l’œil, il regarde Ys. Il ne le reconnaît plus.

– Mouais... je dirais plutôt que, vu le peu qu'ils sont, ils se connaissent bien.

Puis son regard s'abaisse sur ce corps qui se vide de son sang, aux pieds du Master déchu.

– Et si tu pouvais éviter de foutre du sang partout ça m'arrangerait. Ajoute-t-il sèchement.

Les pratiques d'Ys lui déplaisent... mais il ne l'arrêtera pas. Aujourd'hui, il vaut mieux être avec lui que contre lui.

Après ça, il s'avance vers l'imbécile qui n'a rien trouvé de mieux à faire que de les maudire.

–  On s'en tape de ton repos éternel !

Akira attrape le docteur par le col de sa blouse, le fait se relever de force et le pousse contre un mur. Son avant-bras vient ensuite faire pression sur sa gorge.

– Bon, on va faire simple. Je pose les questions et tu y répond.
Tout d'abord, tu vas me dire où est-ce-que vous comptiez emmener la gamine.
– Je.. peux plus... respirer... Suffoque-t-il.

Akira le relâche et le laisse tomber sur les genoux.

– Alors ?
– Je ne vous dirais rien démons !

Un magnifique crochet du gauche arrive en plein dans l'arcade de l'interrogé.

– Mauvaise réponse !
Où est celui qui vous embauche ?
– Même si je le savais, je ne vous le dirais pas !

Il le frappe à nouveau. Le sang éclabousse les murs.

– Mauvaise réponse !
...
Ce petit manège dura un temps, jusqu’au moment où Akira perdit patience.

– Bon Ys, j'ai posé les questions... du coup cette fois, c'est toi qui lui coupe les couilles.

Bien sûr ils n'ont jamais fait ça auparavant, c'est juste du bluff.

Hrp:

Finalement, cet interrogatoire s'avère inutile. Ys a déjà trouvé les réponses qu'il souhaite. Grâce à ses pouvoirs, le Master Tonnerre peut communiquer avec l'électronique par la volonté, lire dans un appareil comme dans livre ouvert et y extraire les données qui lui plaise. Cela, Akira l'avait oublier -En même temps on voit rarement un Tonerre se servir de cette capacité- et il regarde son camarade avec une mimique dépitée voulant dire très clairement "Tu aurais pu me le dire plus tôt".

La suite, qui dure pourtant plusieurs minutes, se passe si vite aux yeux d'Akira. Il n'a pas eu le temps de broncher, ni même de lever le petit doigt. Il assiste au dialogue... et à un crime de plus au compteur d'Ys.

Puis vint le moment où Ys lui demande de faire le ménage, de tout brûler pour ne laisser aucune trace. Akira fronce les sourcils, il n'est pas d'accord car il reste dans cet entrepôt trois ennemis qui respirent encore, dont une à l'entrée qui, il l'espère, a reprit connaissance et s'est enfuie.

Mais Ys est le chef de cette opération, alors Akira obéit.

– Tsh ! Lâche-t-il pour montrer qu'il le fait à contre-cœur.

Sa main gauche s'enflamme et glisse sur une table, une chaise... et toutes sortes de meubles qu'il croise sur sa route. Le tout s'embrase doucement.  
Cependant, tandis que le feu grandit, Akira ne quitte pas tout de suite les lieux. Il s'empare d'un flingue et d'un chargeur près d'un cadavre, loge le chargeur plein dans sa poche et regarde celui qui est à l'intérieur de l'arme. Il reste 3 balles. Juste assez pour finir le travail.

Il s'approche d'abord de cette femme qu'il a utilisé pour défoncer la porte, lui colle le pistolet contre le front...

– Non, pitié.

... et envoie une partie de sa cervelle décorer les murs.

Puis c'est au tour de cet homme, qu'il a brûlé au visage en arrivant dans cette pièce. Il  se tient devant lui un instant, le regarde et l'achève d'une balle entre les deux yeux.

Le blond a dit avant son départ qu'il ne tuerais que si c'est nécessaire... et c'est ce qu'il fait. Pour que Ys ne le fasse pas de sang-froid et pour ne pas que ces gens souffrent d'avantage en étant brûlé vifs.

Nos deux "justiciers" tournent donc le dos à ce bain de sang et se dirigent vers la sortie. Les flammes affamées, quant à elles, engloutissent doucement chaque salle de l’entrepôt et réduisent en cendre tout ce qu'elles peuvent.

En sortant, ils peuvent voir le garde blessé, qui titube et se dirige tant bien que mal vers la rue. Le souffle d'Akira en dit long, il sait ce qui attend ce gars alors il dépose l'arme à feu dans les mains d'Ys pour qu'il termine le travail.

– Désolé mais j'en butterais pas un de plus aujourd'hui... Lui dit-il.

Et le blond reste en retrait en laissant au rouquin "la joie" d'utiliser la dernière balle du chargeur.

Cela laissera un peu de temps à Akira pour prendre une bouffée d'air frais, se faire assourdir par les sirènes hurlantes des pompiers et de la police qui approchent, et de vomir son pauvre repas de ce midi dans une poubelle.

Il attendra ensuite le retour de son camarade, se rincera la bouche avec de l'eau qu'il a gardé dans son sac à dos et lui dira :
– J'espère que tu regretteras tout ça un jour...

Et ce n'est que le début.

Nouveau bilan de la mission : 7 morts, aucun survivant.

Ys a raison sur un point : L'attitude d'Akira leur fera défaut un jour.

Épargner l'ennemi, c'est lui donner l'occasion de se relever, c'est risquer de se faire prendre par surprise et lui offrir une autre chance de te tuer...
Aujourd'hui, nos "justiciers" se sont confrontés à des ennemis inexpérimentés. Qu'en sera-t-il lorsqu'ils feront face à un groupe qui sera préparé à leur intrusion ?
... L'erreur n'aura plus sa place.

Mais Akira n'est plus celui qu'il était. Peu à peu, sa soif de vengeance et sa haine se sont évaporés.
Vivre paisiblement, rencontrer l'amour, s'assagir... Tout cela l'aurait rendu "faible" ?
Non, bien au contraire, sa force réside dans sa lucidité et son sang-froid. Ce que le rouquin semble perdre quand il s'approche de son but.

Akira doit veiller à ce qu'ils ne deviennent pas plus dangereux que ces terroristes. Heureusement, l'entrepôt qu'ils viennent de brûler est au beau milieu d'un sentier inhabité. L'incendie n'ira blesser personne d'innocent.

Le blond ne répond donc pas à son camarade qui tente de le prendre par les sentiments en parlant de Leya, il se contente de baisser les yeux et de regarder son poing se fermer.

C'est alors qu'Ys lui propose de célébrer cette victoire autour d'une bonne bouteille de saké. Le regard d'Akira se pose un instant sur le bâtiment en feu... Pour lui, c'est plutôt un crime qu'ils vont fêter ce soir.

Son regard montre son désarroi, mais lorsqu'il se tourne vers le Tonnerre il cache cela. Il est de marbre à l'extérieur, mais fragile à l'intérieur.

– Un bon saké ça ne se refuse pas... Dit-il avec un sourire en coin.

En espérant que l'alcool lui fasse oublier le visage de ceux qu'il a tué aujourd'hui...

– Mais c'est moi qui choisis l'endroit.

Il sort son cristal de téléportation et s'amuse à le lancer et à le rattraper comme si ce n'était qu'un jouet.

Nos petits justiciers se retrouvent à Shinjuku, l'un des nombreux arrondissements de Tokyo. Ils sont dans une petite ruelle, éclairée par les nombreux néons colorés qui ornent les boutiques.

Akira s'avance en chantonnant gaiement, pousse sans attendre les portes d'un bar qui se nomme "Le Temple" et ouvre en grand les bras.

– IRasSHaiMAse !!

Une flopée de demoiselle sexy viennent l'accueillir.

Oui, Akira a emmené Ys dans un club à hôtesse, celui qu'il fréquentait souvent par le passé.

La patronne (ou le patron, à vous de voir), est un transsexuel vêtu d'une robe moulante avec un beau décolleté qui laisse voir les poils de son torse. Elle reconnait Akira et lui fait immédiatement la bise.

– Akichou ça faisait si longtemps mon grand ! Fait-elle avec sa voix mi-grave, mi-aiguë.
– Salut Maria-chan je viens boire un coup dans ton petit Temple. Répond Akira, avec le sourire.

Le bras du blond vient amicalement tordre cou d'Ys pour l'approcher de lui.

– Et j'amène un ami ! Il est un peu timide mais t'inquiètes il est sympa. Il s'appelle Ys.
– Oh il est trop chou ! Bienvenue Yssounet

Et c'est une petite bise claquante et piquante que reçoivent les joues d'Ys.

– Tu sais ce qui me ferait le plus plaisir là, maintenant ?
– Une petite pipe !
– Avec une bouteille de saké !
– Oh tu n'as pas changé mon Akichou

Ainsi Akira entre dans le club en compagnie des jeune filles et d'Ys qu'il traîne derrière lui.

L'endroit est cosy, l'ambiance est chaleureuse et la lumière est tamisée. Sur le grand bar, Maria-chan pose une belle bouteille de saké, un cendrier et deux pipes japonaise accompagné de son petit cocktail de feuilles de tabac de choix, émietté avec soin.

Akira rejoint le bar, saisit la pipe et la remplit de tabac, avant de la tendre à la patronne pour qu'elle lui allume avec un briquet.

– Aaah rien ne vaut une bonne pipe. Souffle avec satisfaction ce cher Akira.

Vous vous attendiez à quoi ?

– Amène toi Ys et goûte moi ce tabac ! Tu verras, c'est dix fois mieux que les clopes de merde que tu fourre dans ton bec !

Hrp:

Akira tire une bouffée sur sa pipe.

– Tu marque un point.

Evidemment fumer la pipe demande d'avoir un sac toujours sur soit. Il faut la pipe, le sachet de tabac à rouler et de quoi la nettoyer. Il vaut mieux fumer ça quand en toute tranquillité, comme ils le font maintenant.

Akira enchaîne sur un petit verre de saké. Il jette un petit coup d’œil dans le verre avant de boire. Ce sont toujours ces vieux verres en porcelaine dans lesquelles on peut découvrir la photo d'une femme nue lorsque le verre est plein.

Il sourit.

– Tiens je l'avais jamais eu celle-la.

Et se délecte d'une gorgée.

Puis il pose son verre en riant lorsque Ys se moque de sa relation avec Maria.

– On a déjà essayé mais ça n'a pas marché... Il observe sa réaction et ajoute. Je blague.
Maria-chan était un peu comme ma deuxième mère à l'époque. Elle me gardait toujours une petite place lorsque je voulais fuir les réunions de famille. J'ai toujours eu une relation assez... tendue avec mon père.

– Tu es trop mignon Akichou . Mais tu devrais penser à aller voir tes parents, ils s'inquiètes pour toi tu sais.

– Mouais...

Il boit une nouvelle gorgée de saké et tend son verre à la patronne qu'elle le remplisse.

Le blond tourne ensuite la tête vers Ys qui lui rappel qu'il a toujours son droit de retrait pour cette mission.

– Pour rester planquer toute ma vie, vivre d'un petit boulot et faire choper par Terrae un jour ou l'autre ? Non merci.
La tranquillité a ses avantages, mais je savais dans quoi je me lançais en te suivant. J'ai juste eu tort de croire que je ne ressentirais rien en prenant la vie de quelqu'un.

Les oreilles de Maria-chan traînent toujours les parages, elles écoutent tout. Et pendant qu'Ys demande on ne sait quoi à une hôtesse, la patronne fusille Akira du regard.

– "Prendre la vie de quelqu'un" ?!
– J'ai dis ça moi ? Je voulais dire... "Partager ma vie avec quelqu'un", hahaha !
– Ne me dis pas que..!

Akira amène rapidement un autre verre de saké à ses lèvres pour cacher au mieux un tique qui pourrait le tromper.

– ... que toi et Yssounet allez vous MARIER !!

C'est tellement inattendu qu'Akira en recrache son saké par le nez.

– Laisses moi deviner ! Si tu es revenu après toutes ces années c'est pour me demander que je sois ta demoiselle d'honneur Moooh c'est trop chou

– Tou... tout à fait... Répond difficilement Akira à cause de tout cet alcool qui lui brûle les sinus.

Nos deux camarades apprennent qu'ils ont un point commun, ce qui suscite la curiosité d'Akira au sujet du passé d'Ys. Il aimerait en savoir plus, cela lui permettrait surement de mieux cerner son camarade.
Mais ils reviendront là dessus une autre fois, en tête à tête. Là, ils ont la comédie du couple gay à jouer.

Akira voit clairement la provocation d'Ys et répond à celle-ci par un regard dépité. Cependant, il n'aime pas perdre, alors il joue le jeu.

– C'était pas rose, c'était Fuchsia ton truc ! Dit-il en tapant du du plat de la main sur le bar. Et je t'avais dis que je préférais le bleu, donc ce sera bleu !

Et tandis que Maria s'extasie devant cette dispute de vieux couple (elle a des kiffs bizarre), Akira fait semblant de bouder et tire un grand coup sur sa pipe. Il va ensuite tapoter le fourneau de l'objet sur le rebord du cendrier pour y extraire les cendres.

Il croise les bras, lève le menton et relâche une épaisse fumée au dessus de sa tête. C'est alors qu'Ys récupère sa mystérieuse commande et envoie un sachet de comprimés au blond. Des somnifères.

Akira regarde un instant le contenu du sachet et le range dans sa poche. Il ne dit pas non. Puis il s'appuie de ses deux mains sur le bar pour quitter son siège et s'approcher d'Ys.

Il arrive dans son dos, son bras vient tendrement entourer son camarade et il dépose un petit bisou tout mignon sur sa joue.

– Merci mais tu peux garder les tiens. La drogue et l'alcool ça ne fait pas bon ménage tu sais... mon petit poussin.

Et il ricane pour le provoquer à son tour.

Un baiser et un surnom tout pourri, voilà un combo parfait pour chatouiller les nerfs du rouquin.

– Vous êtes trop mignons S'exclame Maria-chan.


Les verres s’enchaînent, ils trinquent avec les hôtesses, continuent les coups bas dans leur petit jeu de couple. Mais vient un moment où Akira est sur le point de craquer.

– J'avais une petite nouvelle à te présenter Akichou. Elle est un peu sauvage, ça t'aurais plu. Dommage tu sois en couple maintenant...

Et là, les hormones de ce cher Akira s'agitent. Il n'a pas eu de relation sexuelle depuis longtemps... et avec Leya ça prend du temps. Là, ça fait plus d'un mois qu'il suit Ys et qu'il vit comme un moine.

– Hein ?! M.. mais... On est un couple libre tu sais ! Ys voudra bien me laisser ce petit plaisir....

Sa main vient se poser sur celle d'Ys et il la serre si fort qu'il la broie sous sa poigne.

– N'est-ce pas Yssounet ...?

Il lance un rictus assez flippant à son acolyte pour lui faire comprendre le fond de sa pensée :
« Dis oui ou j'te bute ! »

Il faut dire que le maxi cornet double boule est bien garni, il a bien besoin de quelques coups de langues.