Ok. C'est parti. Je prends mon courage à deux mains, carnet dans mes mains, un stylo dans ma poche pour prendre des notes au cas où. Je suis en jupe et en épais collant, mais je ne vais pas loin... Je vais vers la porte et je me tourne vers Roda par habitude. Sauf qu'elle est restée dans son panier. Elle dort beaucoup en ce moment, elle est fatiguée après ses ballades... Alors je souris doucement et je la laisse se reposer.

Récemment, je me suis décidée à faire quelque chose de plus de mes pouvoirs... La détermination de Chiri à toujours vouloir s'améliorer à un peu déteint sur moi faut croire... Mais je dois le faire à ma manière... je ne suis pas une combattante de toute façon. Mais il faudra bien que je me sers de l'Air pour autre chose qu'à déplacer des objets, plier mes vêtements, fermer des portes à distance et mettre mes bocaux de nourriture sous vide (c'est ultra pratique btw, j'aurais voulu apprendre à faire ça en premier !).

Sauf que je ne connais pas beaucoup d'Air, et ceux qui m'entourent, je n'ose pas bien discuter de ça... Les gens évoluent si vite j'ai l'impression, j'ai passé tellement de temps Novice... Du coup, je me tourne vers une personne que je pense... j'espère... ne pas déranger avec ça. Le Préfet des Guérisseurs. Je l'ai déjà croisé, souvent quand je finissais tard à l'infirmerie... Il a l'air (ptdr) gentil, calme, doux. En gros, je m'étais gonflée à bloc, attendant la nuit avant d'y aller quoi.

Sauf qu'après avoir toqué à la porte, je m'attendais pas à tomber sur un homme étant l'opposé du Préfet Mathéo. Plus grand, cheveux chaotiques noirs, énergie électrique... Oh. C'est le Master dont m'avait parlé Chiri, l'ancien Préfet Sensitif. :

-Euh. Je. ...viens voir Mathéo Runon ?

-Ah ! Oui, il arrive. il retourne à l'intérieur, laissant la porte entrouverte Moonshine, une demoiselle vient te voir. J'te laisse travailler ce soir, on se rappelle plus tard si tu veux.

J'entends le surnom étrange mais dit sur un ton à l'opposé de l'apparence du porteur, si doux. Je vois l'échange d'un bref baiser et d'une caresse qui me fait aussitôt détourner le regard, rougir jusqu'aux oreilles et décaler du passage pour laisser partir le Master. P-.... Pourquoi je suis gênée ?! C'était qu'un baiser ! Ok on se concentre... J'inspire profondément. :

-Bonsoir. Excusez-moi de vous... déranger. Je- J'aimerais vous poser des questions à propos des pouvoirs... des Airs......

Intro parfaite. J'veux déjà disparaître. Youpi.


HRP : ......j'avais pas d'idée pour le titre.

Je retins un léger bâillement alors que je m'éveillais doucement au bruit du réveil. Non pas que j'en eu nécessairement besoin, Nicolas étant nettement plus efficace. Il avait pris l'habitude de venir passer une partie de la journée avec moi pendant que je dormais et, si cela m'avait ennuyé pour lui au début, je devais admettre que ce n'était pas déplaisant. Il s'était habitué au changement de rythme jour/nuit et moi, je m'habituais à son énergie, sa toute nouvelle énergie. Depuis son passage master, mes sens étaient littéralement irradiés par son aura et cela provoquait toujours une vague d'apaisement en moi. C'était rassurant de le sentir n'importe où maintenant.

Une petite demi-heure plus tard, alors que je sortais de la salle de bain, une serviette sur la tête, de petits coups attirèrent mon attention. Curieux, je sentis une petite énergie, celle d'un initié, inconnue devant ma porte. Je ne pus m'empêcher de sourire en entendant l'hésitation dans la voix de la jeune fille lorsque la porte s'ouvrit sur Nicolas.

Ah ! Oui, il arrive. Moonshine, une demoiselle vient te voir. J'te laisse travailler ce soir, on se rappelle plus tard si tu veux.

Je hochai la tête pour lui montrer que j'avais suivi, tout en souriant au surnom qu'il utilisait pour s'adresser à moi.

-Très bien, à plus tard, dis-je en l'embrassant furtivement.

Je le raccompagnai à la porte, que j'ouvris en grand cette fois pour accueillir mon invitée. Elle avait très bien choisi son moment qui plus est, la nuit était tombée donc je serai beaucoup plus libre de mes mouvements.

-Bonjour! Excuse-moi pour la confusion, j'espère qu'il ne t'a pas fait trop peur, dis-je gentiment, amusé. Mais entre, je t'en prie!

Je m'effaçai de l'embrasure pour la laisser entrer et lui fis signe de s'installer où elle voulait. Je rangeai les quelques vêtements sur le lit d'un mouvement d'air et renvoyai de la même manière la serviette dans la salle de bains, tout en secouant mes cheveux encore légèrement humides à la manière d'un chien qui s'ébroue.

- Tu veux boire quelque chose ? J'ai du jus de fruit et des sodas si tu veux, expliqué-je tout en sortant une bouteille de jus d'orange dont je me servis un verre.

Je restais près du frigo, tourné vers elle, en attendant qu'elle passe sa commande. Je réalisais alors que je ne lui avais même pas demandé son nom.

-Comment tu t'appelles dis-moi? demandé-je avec douceur, et que puis-je faire pour toi ?

Le Préfet m'invite à entrer et je le suis, mes bras tenant toujours fermement mon carnet. Il s'excuse pour la confusion et je me me mets aussitôt à bafouiller. Je voulais pas donner une telle impression ! J'ouvre et ferme ma bouche plusieurs fois avant d'avant réussir à trouver les  bons mots pour articuler ma pensée. :

-Je-... Non je n'ai pas eu peur, c'est... Comment dire ?... Ce qu'il dégage n'a rien à voir avec ce qu'il... présente... Ça... doit être un truc de Sensitif...

Parce qu'étrangement, il m'a rappelé Chiri. Je me souviens encore de son regard brûlant de colère quand on s'est rencontré. Oui bon, quand je l'ai percuté. Sous ses airs de gros dur qui joue les caïds, il est juste adorable... Et je me demande si tous les Sensitifs ne sont pas un peu de cette veine là ?... Ce qu'ils dégagent en premier et l'exact opposé de leur complexité intérieure ?... Je. Dois raconter de la merde. :

-Oh ! Du jus d'orange. S'il-vous-plaît.

Je m'étais perdue dans mes réflexions et dans la façon dont il utilisa brièvement ses pouvoirs... Il avait rangé des vêtements d'un courant d'air, comme je le faisais moi-même et quelque part, ça me rassurait. J'utilisais pas mes pouvoirs n'importe comment quoi. Je m'assois sur une chaise, plus droite qu'un piquet, lissant ma jupe d'un geste nerveux. :

-Je m'appelle Chrys. Chrys Suede. Ça fait trois ans que je suis à Terrae et... j'ai reçu mes pouvoirs à cause de l'Éclipse. Je travaille à l'infirmerie, pour m'exercer à la Guérison mais je ne sais plus quoi faire pour avancer avec l'Air... ...Alors Norah m'a encouragée à venir vous voir.

A ses mots, mes paupières s'ouvrirent de surprise. Je ne m'en rendis compte qu'au moment où elles battaient et les refermai bien vite pour ne pas faire peur à la demoiselle. Un large sourire s'épanouit sur mes lèvres, tandis que ma poitrine était doucement secoué par quelques rires retenus.

-Un truc de sensitif hein... Je crois voir ce que tu veux dire. Ils sont plutôt déroutants n'est-ce pas? demandé-je, taquin.

Une telle remarque signifiait certainement qu'elle avait eu maille à partir avec un ou une sensitif/ve elle-même. Je n'y avais jamais réfléchi auparavant mais, maintenant que j'y pensais, c'est vrai que les sensitifs avaient un côté très mystérieux, comme si le fait de jouer sur les émotions rendaient les leurs plus troublantes... voire moins accessibles. J'y réfléchirai à l'occasion.

Je hochai la tête en entendant sa commande, le sourire toujours aux lèvres. J'attrapais un second verre, dans lequel je versai une généreuse quantité de jus d'orange puis me déplaçai jusqu'à elle pour le lui tendre.

- Tiens! J'espère qu'il te plaira, je n'aime pas le jus avec pulpe...

De nombreuses personnes appréciaient les jus avec la pulpe il se trouvait. Je préférais un véritable jus, sans accrocs à manger mais je ne savais pas dans quel camp se trouvait mon invitée. Chrys apparemment. Etrange, je ne savais pas que ce nom était mixte. Peut-être est-ce une particularité d'une autre région du monde que je ne connais pas!

Je fis venir une autre chaise jusqu'à moi et la posai en face de Chrys donc, de sorte à ce que nous puissions discuter sans problèmes. J'écoutais son histoire, hochant la tête par moments puis laissai échapper un rire lorsqu'elle mentionna le nom de Norah.

-Oh ? Alors c'est Norah qui t'envoie ? La cachottière, marmonné-je, amusé.

De tous les guérisseurs qui s'occupaient de mon cas, Norah avait toujours été la plus impliquée, au point qu'une réelle amitié s'était forgée entre elle et moi. Ravie que je me sois enfin trouvé quelqu'un, elle n'arrêtait pas pour autant sa croisade pour que je me fasse de nouvelles connaissances et que je ne reste jamais enfermé chez moi plus de deux jours : "ça fait vieux garçon" comme elle aimait à le répéter.

-Ca me fait plaisir que tu sois venu me demander de l'aide, assuré-je gentiment, malheureusement, tout comme toi, je suis bien plus à l'aise avec la guérison qu'avec l'air.

Je laissai durer le suspens un court moment puis, toujours souriant, je poursuivis mon explication.

- Mais rassure-toi, je crois pouvoir t'aider quand même, ajouté-je. Est-ce que tu sais ce que tu aimerais apprendre ? Ce qui te semble nécessaire ?

S'il y avait bien une chose que ma condition m'avait appris, c'était un contrôle précis de l'air pour pouvoir m'en sortir. Peut-être alors pourrais-je l'aider, de la même façon que Ryu m'avait aidé moi ? De plus, s'il avait reçu ses pouvoirs durant l'éclipse, ce n'était pas si étonnant qu'il ait plus de difficultés.

Je ne comprends pas pourquoi il rit. Parce que les Sensitifs sont déroutants ?... J'ai un flash-back du baiser que j'ai aperçu plus tôt et je sais que je rougis. J'ai juste... chaud d'un coup. Déroutant... Chiri. ...EUH. :

-Hm. Euh. Oui ? En tout cas, mon ami l'est. Et... il est très bien. Comme il est.

...P-... Pourquoi je parle de Chiri avec-... Je-... C'était... ...Où va mon cerveau ?! Je sais pas mais j'ai la sensation d'avoir forcé l'extinction pour le reboot à la sauvage, comme un ordinateur récalcitrant. Alors quand Mathéo me tend le verre de jus d'orange, je sursaute légèrement sur ma chaise avant de poser mon carnet sur mes genoux et m'en emparer de mes deux mains. :

-Merci... Moi aussi je préfère sans pulpe.

Je préfère le dire comme ça plutôt que dire que je n'aime pas le jus avec pulpe. Parce qu'au final c'est du jus d'orange aussi, ça m'est juste moins agréable quand il y en a... Et que je vais fatalement en laisser au fond du verre. Est-ce que je me concentre un peu trop sur le sujet du jus d'orange pour éviter de penser à autre chose ? Je sais pas, j'ai reboot et j'ai pas sauvegardé ma page Word [Néo-note : oof this is meta].

Je ne savais pas que Norah et Mathéo se connaissaient bien... Enfin, aussi bien que ce que la remarque laissait deviné. Dans ma tête, elle m'avait innocemment guidée vers mon Préfet... Certes. Quelle cachotière. Surtout si elle sait que Mathéo préfère lui aussi la Guérison à l'Air. Je me sens m'effondrer à l'intérieur... Je suis pas déçue ! Je suis désolée de l'avoir dérangé. Mais avant que je puisse m'excuser, il enchaîne en me disant qu'il peut aider quand même... pour m'achever directement avec les questions qui me hantent le plus. ...Ok c'est le moment où je dois m'avancer sinon je vais juste passer la conversation à reboot en fait ?... Oh geez... :

-Je me disais... maintenant que je travaille à l'infirmerie... maîtriser l'Air pourrait m'aider à soulever des choses plus lourdes... déplacer les patients sans les blesser plus. Peut-être me défendre... mais j'aime pas me battre... je ne saurais pas faire...

J'ouvre mon carnet... Il y a pleins de dessins de papillons sur la première page, un croquis de Peter Pan qui s'envole, les bras ouverts,... Je souris. :

-Quand j'ai su que j'allais être Air, je me disais que j'aurais la chance de pouvoir voler... mais au final, je n'ai jamais essayé.

Je ne sais pas pourquoi. Peut-être que je n'avais pas le temps... ouais, c'est sans doute ça.

J'étouffai un nouveau rire en l'entendant. Je ne pouvais pas la voir rougir, pourtant, au son de sa voix, j'aurai été prêt à parier que c'était le cas. Les petits tremblements, l'hésitation, les balbutiements... Elle me faisait penser à moi lors de mes premiers pas à Terrae, avant que Ryu me pousse à m'endurcir un peu. Enfin, malgré toutes ces années, il parvenait toujours quand même à me faire rougir s'il le souhaitait.

-Bien sur, ça fait partie de leur charme aussi, dis-je avec simplicité.

Sentant toutefois que le sujet la gênait, je pris le parti de détourner la conversation pour la libérer un peu. J'écoutai attentivement ce qu'elle me racontait tout en réfléchissant. Elle parlait de choses diverses et variées quant aux capacités de l'air : soulever un patient, des choses lourdes, se battre, se défendre, voler... Elle faisait un tour complet des possibilités offert à notre affinité. Un fin sourire étira mes lèvres.

-Tu ne t'es pas trompée. Les Airs ont effectivement la possibilité de voler. Regarde, dis-je, amusé.

Je me mis aussitôt à léviter au-dessus de ma chaise et m'arrêtai pile avant que ma tête ne heurte le plafond. Je redescendis avec douceur avant de poursuivre mes explications.

-L'Air te permet en effet de lutter contre ton propre poids, autorisant ainsi le vol pour toi et pour d'autres. Malheureusement cela demande une énergie et une concentration très élevées au début, à tel point que seuls les étoiles en sont capables, dis-je, une pointe de tristesse dans la voix. Il te faudra donc attendre pour pouvoir réaliser ce genre d'exploit.

Initié, nous maîtrisions pas assez la subtilité de l'air pour nous permettre ce genre d'exercices. Notre perception est encore vaste, grossière, impropre à la capacité de voler ou de faire voler qui réclame une très bonne connaissance du fonctionnement des particules d'air et, surtout, une maîtrise certaine de ses pouvoirs. J'essayai quand même de la rassurer.

-Mais rassure-toi. Le fait de ne pas en être capable pour l'instant ne veut pas dire qu'on ne peut pas s'y préparer, ajouté-je avec entrain.

Les exercices de Ryu me revenaient en tête. C'était exactement ce qu'il lui fallait si son objectif était d'attaquer le vol une fois son passage étoile assuré. Un entrainement basé sur la perception infime de l'air.

-On pourra également essayer le combat ou la défense, comme tu veux, si tu y tiens. Je ne suis pas un spécialiste, mais je peux te guider un petit peu quand même, affirmé-je.

Lame d'air, masse d'air, bouclier ou mur d'air... Selon ses préférences, le choix était varié et plus ou moins simple, encore une fois selon ses capacités. Je me levai de ma chaise et me dirigeai droit vers ma commode où étaient entassés mes vêtements. J'ouvris le premier tiroir, celui des T-shirts et des pulls.

-Accepterais-tu de me montrer ce que tu sais faire pour l'instant ? J'aimerais voir comment tu te débrouilles avec l'air actuellement. Je désignais d'une main le tiroir rempli d'habits. Essaie de faire voler un maximum d'habits hors du tiroir puis de les remettre à leur place.

Pendant ce temps, j'élargis ma perception pour pouvoir observer sa maîtrise des particules.

Mathéo m'explique que les Airs peuvent effectivement voler... Je n'en doutais pas mais le voir me faire une démonstration a réanimé mes rêves d'enfants, presque violemment. Petit Chrys qui court dans les prés sauvages pour faire s'envoler les papillons et les coccinelles, qui lève ses bras au ciel pour les rejoindre et dépasser sa condition de petit bonhomme... Je n'avais pas encore souffert que je savais déjà que j'allais perdre... Parce que les humains ne peuvent pas voler. Mais Mathéo le fait, dépasser l'état des choses, les lois de la réalité, entraînant le chaos dans l'ordre. Et je me sens trop petite pour le rejoindre, que j'en sois capable ou pas pour le moment, je ne pourrais pas voler.

Pourtant j'écris dans mon carnet. Voler, c'est lutter contre son poids, concentration et énergie... Comme si me concentrer sur ces faits allait un jour m'aider à les dépasser. Le ton joyeux de Mathéo me disant que l'on peut se préparer à ça, me fait lâcher un sourire...

-Ok. répondis-je simplement, avant de reprendre la conversation à propos du combat. Et pour le combat... je ne me sens pas prête de toute façon. J'y ai vaguement pensé...

Parce que je suis moi et rien que les regards des autres me font peur alors imaginez ce qu'il se passe dans ma tête quand ils s'approchent avec tout sauf de la tendresse dans les yeux. Yeaaah...

J'étais en train de me demander si je devais pas en parler d'ailleurs mais Mathéo s'est levé pour ouvrir un tiroir et désigner les vêtements pliés à l'intérieur. Et il me demande d'en faire voler. Un maximum. Ahah. :

-J'ai pas l'habitude de déplacer plusieurs choses en même temps mais... je vais essayer.

Je me lève à mon tour, observant le contenu de la commode. ...On va s'occuper des t-shirts hein. Je toussote, et d'un geste de la main, j'encourage l'air a délicatement soulever le vêtement sur le haut de la pile. Je le décale un peu, sans pour autant le rapprocher de moi... Il flotte à bonne distance, comme la plupart des choses que j'arrive à maîtriser... Je tente de prendre un autre t-shirt mais je remarque que le premier perd un peu d'altitude. :

-Hm. Zut.

Je me concentre en fermant les yeux, respirant calmement. L'Air est impalpable mais j'ai toujours la sensation nette qu'il est vivant. Dans chaque mouvement, le vent est juste la respiration de la Terre. Alors la mienne peut porter le reste. Je rouvre les yeux et arrive à décaler les deux t-shirts pour tenter d'en prendre un troisième... et le premier tombe d'un coup au sol dans un "flop" ridicule. Je prends une inspiration paniquée, rangeant les vêtements qui flottaient encore pour courir ramasser celui à terre. :

-Ah excusez-moi... j'ai été déconcentrée.

'fin... non techniquement j'ai juste ouvert les yeux.

Je hochai la tête à sa remarque. Tout le monde n'était pas prêt pour le combat. Tout le monde n'aimait pas ça non plus d'ailleurs, moi le premier. Je n'avais fait qu'un seul réel combat, contre Ys alors... Contre Huo aussi maintenant que j'y pensais, les deux seuls personnes en qui j'avais suffisamment confiance pour me lâcher un peu, essayer de nouvelles choses. Je n'avais pas particulièrement aimé ça.

-Même si beaucoup de Terraens semblent apprécier de pouvoir se battre avec leurs pouvoirs, ce n'est pas une obligation, dis-je avec un doux sourire.

D'un mouvement de doigt, le carnet d'écriture que je gardais sur ma table de chevet et le crayon qui allait avec se mirent à voler. A la façon d'un maitre d'orchestre, je faisais jouer mes doigts d'une telle façon que le carnet s'ouvrit et le crayon commença à danser le long des pages pour écrire divers messages.

-Je suis avant tout créateur, doublé d'un incorrigible pacifiste malgré les efforts de mes amis de me motiver, ajouté-je avec un sourire. Je préfère m'amuser avec mes pouvoirs.

Je cessai ma démonstration lors de mon chemin vers la commode pour lui laisser la place de briller. Attentif et curieux, j'observai la manière dont elle s'y prenait pour manipuler mes vêtements. Un air de surprise passa sur mon visage. Je me serais attendu à ce qu'elle fasse voler tous mes vêtements d'une bourrasque pour les trier pêle-mêle mais elle prend les vêtements un par un. Alors que je me disais que son niveau était plus avancé qu'elle ne le pensait, les choses commencèrent à cafouiller lorsqu'elle tenta de prendre plusieurs vêtements d'un coup. Les particules d'air, jusque là stables, commencèrent à osciller puis finir par perdre leur équilibre. Un nouveau sourire s'épanouit sur mes lèvres, s'élargissant davantage lorsque Chrys se précipita pour ramasser mon T-Shirt. Je la rassurai d'un geste.

-Ne te culpabilise pas voyons, ce n'est qu'un T-shirt et je connaissais les risques, assuré-je, taquin.

Je me penchai à mon tour pour ramasser les deux autres, tout en réfléchissant.

-Tu as beaucoup de talent tu sais. Normalement, les airs débutants se contentent de créer de grand coup de vent pour créer un déplacement de masse, sans distinction. Or toi, tu arrives déjà à cibler un objet en particulier, et c'est justement lorsque le nombre s'accroit que tu ne suis plus. C'est intéressant, très intriguant surtout, dis-je, tout sourire.

D'un mouvement de la main, les T-Shirt volèrent pour se mettre à leur place, pliés comme il le fallait.

-Tu sens l'air, tu sens les particules qui le composent. J'ai bien senti cela lorsque tu as commencé à user de tes pouvoirs. Mais encore une fois, tu n'es pas vraiment une débutante n'est-ce pas ? demandé-je, de nouveau amusé. Tu as des années d'expérience, cela explique tes facilités. Je ne sais si je peux t'apprendre grand-chose, mais je crois pouvoir t'aider.

En réalité, même si je ne l'avais pas ouvertement formulé ainsi, j'étais ravi que quelqu'un vienne me demander de l'aide. Je n'en avais jamais été la cible, c'était même plutôt moi qui demandais constamment l'aide de quelqu'un d'autre. Je sentais peser sur moi toute la responsabilité du préfet et, étrangement, cela me comblait de joie.

-Est-ce que ça te dit que l'on commence la leçon dehors ? Je ne suis pas sorti de la journée et il a l'air de faire bon dehors. Qui plus est, cela facilitera largement l'usage de l'air, affirmé-je.


Hrp: Je n'avais pas vu ta réponse, sorryyyyyyyyy

Voir Mathéo écrire avec ses pouvoirs, de loin, pendant qu'il se décrit comme un créateur, m'émerveille profondément... Y'a une partie de moi qui dit "quand je serais grande, j'veux être comme ça" et qui me fait doucement rire au fond. Je galère déjà avec ce que je suis aujourd'hui alors j'imagine pas demain, dans un an, dans dix ans...

Ma gestion catastrophique des t-shirts me confirme cette idée, mais Mathéo sourit. Il connaissait les risques... Je- oui m'enfin... J'aurais pu faire plus attention, je suis sûre, ce ne sont pas mes vêtements après tout. Il ramasse les deux autres en m'expliquant que d'habitude, les Initiés ont plus tendance à faire de grosses bourrasques pour déplacer les objets. Il a compris que je ne voyais pas l'Air comme une masse et ça l'intrigue... et ça me fait rougir. :

-Je sais pas si je- enfin j'ai-... Ça m'arrivait au début, de faire des courants d'air trop gros... alors au début, j'ai surtout déplacé des feuilles. C'est plus léger... et ça m'a fait penser aux abeilles. Comme quoi leurs ailes ne sont techniquement pas faites pour pouvoir soulever leur poids... mais c'est parce qu'on ne prend pas en compte le battement complexe de leurs ailes. Ça créé des flux dans tous les sens parce que... l'Air c'est plus vivant que ce que l'on croit.

J'explique tellement mal, mais en même temps, j'y connais rien en aérodynamique... Je ne parle que de ce que j'ai compris à force de les observer... Sur le coup, j'ai eu peur de le déranger pour rien. S'il me dit qu'il ne peut pas m'aider plus, peut-être que je me fais des idées sur mes pouvoirs ?... Pourtant, j'ai l'impression de stagner depuis si longtemps alors quand il propose de s'entraîner dehors j'ai un moment court de blanc... :

-Euh... non ! Si ça vous dérange pas. Je dois... chercher un manteau par contre.

Je reprends mon carnet où j'ai du coup, pas noté grand chose, avant de sortir, précisant que j'en avais pas pour longtemps... et c'est vrai. Je sais pas ce qu'il se passe mais je me sens euh... c'est pas pressée... je saurais pas dire, j'ai l'impression que ça fait longtemps que j'ai pas eu autant envie d'apprendre en tout cas.

Dans ma chambre, je pose mon carnet sur ma petite table, prends mon manteau long et l'écharpe de mon frère en observant Roda... Elle dort déjà... enfin, elle a remué la queue en me voyant mais elle n'a pas bougé de son panier... ...Je dois la laisser se reposer. Je repars dans le couloir pour y croiser mon Préfet. Je ne sais pas quoi dire pour entamer la conversation, j'ai peur d'être intrusive ou de poser des questions bêtes comme souvent, alors je me cache dans mon écharpe en attendant la suite.