• Prénom : Roman
• Nom : Giani
• Âge : 27 ans
• Affinité et pouvoir : Terre Lunaire, Titan Air Lunaire, Sonore.

J’ai tendance à dire que j’suis banal mais on m’reprend souvent : je suis grand. Je mesure à peu près  1m90, donc je baisse la tête pour parler à pas mal de personnes, et donc apparemment, ça se remarque. En dehors de ça, j’essaie de rester discret. Je sais que j’ai pas mal de muscles, j’ai pas trop le choix, mais c’est ces formes de muscles relativement fines qu’on voit pas si les vêtements moulent pas. Donc je porte des t-shirt proches du corps et des hoodies ou des vestes amples. Comme ça on devine juste que je suis assez naturellement large d’épaules. Bon ça, j’y peux rien.

Un autre truc qu’on m’a pas mal dit aussi euh, j’suis souriant. Parait-il. Enfin ça me surprend pas, je souris facilement à un peu n’importe qui dans un peu n’importe quelle situation. Sinon je suis brun. Châtain foncé. Enfin dans l’idée. J’ai eu une période les cheveux longs et je les attachais tout le temps, mais ça fait de longues années que je les porte relativement courts. Ils sont un peu ondulés, y a des jours c’est facile de les coiffer, d’autres non ! J’ai les yeux marrons classique, un nez droit bien européen là, et en ce moment j’ai décidé de porter la barbe. Décidé… bon disons en tout cas que je porte une barbe. Pas super longue. Juste histoire de.

On m’a souvent dit que j’ai des grandes mains, et c’est vrai qu’en comparaison, j’ai souvent des grandes mains. J’ai pas mal de cicatrices sur le corps, j’aime moyen mais bon j’y fais plus trop attention. J’en ai une très grosse au genou droit, une sur la joue droite qui se voit donc des fois je mets du fond de teint pour la cacher. Ouais je mets du fond de teint des fois. Mais maintenant avec la barbe, ça se voit plus, c’est tout aussi pratique.

Comme signes distinctifs, j'ai deux tatouages, un à l'arrière de la cuisse, un petit soleil, et un autre sur l'omoplate gauche qui remonte sur l'épaule, c'est une sorte d'aile d'oiseau. Beaucoup de plumes quoi. Rien de fou.

On me décrit souvent comme « le mec sympa ». J’ai peut-être pas vraiment eu un entourage normal mais c’est comme ça qu’on me décrit. J’aime bien être avec les autres, sans forcément prendre beaucoup de place, mais discuter, écouter les conversations sans forcément y prendre part, juste, les autres, j’aime bien. J’aime bien faire rigoler les gens aussi, les réconforter, être là pour eux, même si je le fais pas de manière… Évidente ? Je veux dire par-là que j’essaie de pas être trop envahissant. Donc des fois, je rate le coche. J’agis pas toujours comme il faut quand il faut. Mais j’essaie d’être vraiment sympa et de pas laisser tomber les potes.

Autant j’ai pas de problème avec le fait de ressentir des choses, autant je cérébralise beaucoup un peu tout. J’ai tendance à essayer de tout anticiper tout le temps. Va savoir pourquoi. J’ai l’habitude de toujours tout organiser, que rien ne m’échappe. J’aime tenter des nouvelles choses, vraiment, je suis très curieux, mais toujours bien organisé. Ou alors, en solo, comme ça, c’est moi gère à ma vitesse. Mais j’apprécie évoluer dans un cadre donné, dans la mesure où on peut discuter si ça va pas, ça me va.

J’ai un souci avec l’injustice, en même temps j’ai l’impression que c’est un trait assez commun de façon générale. Mais disons que même je réagis pas sur le coup pour les raisons que j’ai pu expliqué auparavant, ça peut me foutre en rogne pour les 6 mois à venir. Et comme j’ai pas particulièrement peur de la confrontation quand j’suis pas dans l’inaction, j’y vais. En évitant d’être violent. Et d’en recevoir. Mais confronter, c’est ok. D’ailleurs, j’y vais aussi concernant ce qui est positif. J’aime beaucoup dire aux autres ce que je ressens, pense d’eux. J’ai encore une fois peur que ce soit mal pris mais c’est souvent quelque chose qui m’échappe. Je suis très tactile aussi, je me bride pas mal mais dès que j’ai l’autorisation, j’aime bien être très proche physiquement des autres. Rien d’ambiguë, même sans aller jusqu’à l’étreinte, j’aime bien être assis épaule contre épaule, avec les jambes croisés, tenir la main, les bras.

Par quoi commencer… J’adore manger. C’est peut-être idiot mais j’ai pas toujours eu toute la bouffe que j’aurais voulu, alors, j’adore manger, surtout quand c’est bon, mais je préfère largement la quantité à la qualité. Que voulez vous ! J’avoue que là-dessus j’me prive pas d’excès, j’ai la chance d’avoir un métabolisme assez sympa avec moi pour l’instant. Par contre j’essaie d’éviter pour tout ce qui est drogue. Bon euh, disons qu’on est pas dans la dépendance grave, mais on peut pas ignorer qui y en a pas une. La vraie addiction de ma vie restera la clope heh, quelle plaie.

J’adore me dépenser. Courir, nager, grimper, sauter… J’adore danser, j’adore la gymnastique, les sports collectifs me font beaucoup envie (on m’a souvent dit de jouer au volley ou au basket parce que j’suis grand), mais c’que je préfère c’est le parkour. Si y a un truc qui m’fait me sentir vivant et heureux, c’est bien ça. J’suis content avec pas mal de choses simples sinon. Genre euh. Boire un truc chaud quand il fait froid, tenir la main des gens que j’aime, l’odeur du savon, surtout ceux qui sentent les épices...

J’ai vécu des choses pas super sympas, comme un peu tout le monde ici je crois ? Et j’ai encore beaucoup de mal avec. J’ai du mal à supporter quand on parle de deuil, et j’ai un gros souci avec la violence. Pas que je ne la pratique pas, justement, parce que je l’ai pratiquée longtemps, de très près. Et dans des proportions qui… Me dégoûtent. Je ne vais pas m’investir dans de la violence verbale, mais surtout physique si je peux éviter. J’veux pas éviter le conflit, juste la violence.

J’ai 6 frères et sœurs. 4 frères, 2 sœurs pour être précis. Je suis le deuxième né dans une famille d’origine italienne très modeste. Je précise l’origine parce que tout le monde pense que je suis directement italien mais je vous avoue n’y avoir jamais mis les pieds. J’aime bien être précis quand je raconte les histoires importantes. Et dans ma famille, l’important, c’était l’honneur. L’honneur, c’était un bien grand mot, et j’ai compris un peu plus tard que sa signification varie drastiquement pour tout le monde. Pour mon père, c’était bien paraître pour les autres, que ses fils deviennent des personnes importantes, que ses filles trouvent une bonne situation, que sa femme resplendisse et que lui-même soit fort, respecté, réputé. La seule chose que mon père n’avait pas bien calculé là-dedans, c’est qu’on était pauvre. Et que quand on est pauvre, on nous laisse pas d’honneur. On nous laisse pas grand-chose. Très vite, on a compris avec ma sœur aînée qu’il allait falloir qu’on se débrouille seuls, et qu’on aide la famille au mieux qu’on pouvait. On a commencé à voler dans les magasins du coin. Rien de bien grave. Juste de quoi avoir un goûter de temps en temps. A l’école, on a appris très vite à marchander avec les autres élèves, à faire devenir précieux le moindre caillou un peu étrange trouvé pour récupérer à manger, ou des pièces jaunes. Rien de bien méchant, des jeux d’enfants, ces jeux où l’on a compris une partie du monde des adultes, et qu’on répond à nos propres envies et besoins d’enfants par nos propres moyens. Évidemment, seule Elina et moi étions au courant. On a continué comme ça jusqu’au collège. Là, Elina a excellé. Elle était brillante, et rès vite, elle devenue la meilleure de sa classe, et a commencé à penser pouvoir aider la famille en travaillant tôt et bien. Elle s’est petit à petit focalisée sur ses études, et aider les petits à la maison comme elle pouvait en faisant ses devoirs, ses révisions… J’étais le plus heureux pour elle. Je l’encourageais comme je pouvais, mais moi, j’étais pas bon à l’école. J’amusais la galerie, je continuais de gagner les faveurs des autres ados, au détriment de mes notes et de l’appréciation des professeurs. Si je pouvais, je séchais pour aller récupérer un peu de quoi manger, de quoi troquer. Mon père se mettait régulièrement en colère contre moi, j’essuyais sans rien dire. Ma mère quant à elle, essayait de m’encourageait comme elle pouvait, mais elle avait bien assez à faire entre s’occuper des enfants, aider Elina, s’occuper du foyer entier et d’elle-même quand elle avait le temps.

Et puis un jour, un type m’a abordé dans la rue. Il m’a demandé si j’avais envie d’avoir de l’argent. J’avais à peine 13 ans, je voulais aider au même niveau que ma sœur, alors j’ai dit oui. C’est là que j’ai commencé les petites missions de deal. Rien d’extraordinaire. J’avais un endroit où récupérer la marchandise, un endroit où la livrer, un somme à récupérer, et voilà. Oh, il a bien fallu faire quelques pirouettes, s’échapper un peu quand y avait des types malhonnête, négocier un peu plus avec les plus crédules… Mais les sommes que j’engendrais était bien au-delà de ce que je pouvais espérer en volant tout seul de mon côté. J’ai donc jonglé entre ce taff et le collège, je m’entraînais comme un fou en sport et j’écoutais uniquement en SVT. C’était les deux seules matières qui me plaisaient vraiment. Et puis un jour, le type qui m’avait recruté m’a emmené à son espèce de QG. On était plusieurs de mon âge à dealer et réaliser des petites missions de mon type. Les gars du gang nous avaient repéré et voulait nous faire passer au « niveau supérieur ». Vendre plus, mieux, et pas que  notre marchandise habituelle.

C’est là que j’ai rencontré la fille dont j’ai été fou amoureux. Pendant longtemps. Nina était pas que d’origine italienne, elle venait de là-bas. Dans sa famille, on avait toujours été un peu mafieux. Plus ou moins. Et elle voulait faire ses preuves par elle-même. Bornée comme pas deux, déterminée à être la meilleure de nous tous, acerbe et charmeuse, elle était incroyable. Je voulais absolument pouvoir l’approcher, qu’elle me voit. Alors j’ai tout donné : j’ai vendu, bossé au collège pour avoir des connaissances pour l’impressionner, même si j’ai pas eu des meilleures notes pour autant. Elina s’est vite rendue compte que je trainais en dehors de la maison beaucoup trop. Elle m’a prévenue de faire attention à moi, de ne pas traîner dans des affaires d’adultes. Mais Elina et moi, on pouvait compter que sur nous, et elle le savait. Elle ne m’a jamais empêché de faire quoique ce soit. Et elle est restée là pour s’occuper de la famille. Moi, j’avais que Nina en tête. J’suis devenue super bon en tant que dealer. Meilleur que bon, je tirais des infos aux clients sur nos concurrents, que je revendais aux supérieurs. J’arrivais à les faire parler, à discuter longtemps, me faire apprécier d’eux. Jouer la comédie. Et ça m’a fait gagner encore plus de galon. Jusqu’à ce qu’il faille choisir quelqu’un pour gérer une petite équipe de plus jeunes. J’avais 16 ans. Nina était incroyablement douée aussi. Elle ramenait plus de clients que la moitié d’entre nous réunis. Elle vendait toujours pour plus, dénichait des marchés qui allaient en grossissant. Et bien sûr, ils voulaient qu’on choisisse entre nous deux. J’ai eu une très très longue discussion avec elle ce jour-là. Elle était folle de rage de se faire piquer la place. Et moi, j’voulais pas l’embêter. Et puis on a fait ce qu’on savait faire tous les deux : on a fait parler l’autre. Elle m’a raconté d’où elle venait, pourquoi elle voulait tant réussir. Et moi, pourquoi j’avais besoin de ces tunes. Elle l’a compris, et s’est révélée beaucoup plus résiliente. J’ai totalement perdu mes moyens, elle était trop géniale pour moi, alors j’ai cédé et laissé ma place. Elle m’a proposé qu’on dirige l’équipe ensemble. Après tout, on avait chacun nos atouts, nos zones de chalandises, nos clients, et maintenant : on se connaissait un peu. J’ai accepté très très vite. Elle a accepté très très vite de sortir avec moi aussi. Elina s’est bien foutu de ma gueule tiens. Mais j’étais le plus heureux.

Les affaires roulaient, pendant 2 ans, on était les rois du monde avec Nina. On avait notre petite affaire, les supérieurs étaient sympas avec nous. On nous avait appris à nous défendre, à nous défendre sérieusement. Je savais me débrouiller avec des petites armes à feu, et des armes blanches simples, Nina excellait avec, et elle était une excellente tireuse. J’étais meilleur en tout ce qui touchait à la mise au point de nos plans de vente, des possibles échappatoires. On avait le droit d’aller au QG régulièrement, au milieu de tous ces adultes qui géraient des bails autour desquels on fouinait un peu. On était tous les deux bien trop curieux. Mais notre recruteur aimait bien ça, alors il nous laissait faire. La première fois que j’ai vu le boss, Ed, c’est quand il s’est fait tirer dessus. Personne pensait ça possible. Et encore moins d’une gamine sortie de nulle part. J’ai jamais vu quelqu’un d’aussi enragé de ma vie. Elle était là, debout, au milieu de tous les adultes, son arme au poing, et elle avait tiré deux fois, sans aucune hésitation, calme au milieu de sa colère, elle savait très bien quoi faire.

Elle allait se faire éclater, tuer en retour, c’était sûr. Et ça a pas manqué. On était pas trop présent là où elle était gardée, mais on l’a entendu plusieurs fois. Nina l’admirait pour son geste, pour son courage. Elle était venue prendre en une seule décision tout le pouvoir qu’avait le boss. Il en a fait baver tout le monde pour asseoir son autorité. J’connaissais ça, mon daron fait pareil à la maison quand mes frères lui en font voir de toutes les couleurs et pointe une faiblesse chez lui. Nina était trop maline pour laisser passer ça. Elle s’est positionnée comme étant l’une des plus compétentes, des plus obéissantes, elle a fait du charme à Edward et ça a fonctionné du tonnerre. Moi j’étais tout juste encore en cours, fallait quand même que mon daron se doute de rien. Elina avait bien compris, et elle m’en parlait pas, elle allait partir faire ses études, elle était toujours aussi brillante. J’étais fière d’elle, fier de moi aussi, j’apportais ce qu’il fallait pour que les plus jeunes puissent avoir une chouette adolescence, profiter comme ils voulaient. J’étais avec la plus incroyable fille de la terre, et on avait des missions incroyables. J’m’impliquais à fond et bientôt on nous promettait de nouvelles missions. Plus… Délicates. On a commencé à trainer dans les pattes de très gros clients. Qui achetait pas que de la drogue. On devait récupérer l’argent, des informations, entrer dans leurs cercles, négocier les contrats, les infos… Et puis de la négociation, on est passés au menaces. C’est Nina qui a tué en premier. Moi j’étais là, abasourdi. Elle avait tiré sur le type. Bon il avait commencé à lui hurler dessus, et on risquait tout aussi bien de le marave, mais elle a tiré. Pointé, tiré. Paf. Elle a rangé son arme avec un calme immense. J’l’a soupçonne d’avoir déjà vécu des scènes comme celle-là avant. Elle s’est tournée vers moi en souriant, m’a pris la main.

On s’casse Roman, tu viens ?

J’ai rien su dire. J’l’ai suivie. Et à partir de là, c’est devenu ma réalité. J’ai tué aussi. Le moins possible, mais ça m’arrivait. Je ne devais pas hésiter, je ne pouvais pas mettre Nina en danger, mon travail, mon argent, ma famille, ça m’était totalement impossible. Et puis environ 7 mois plus tard, le temps pour Nina et moi de faire nos preuves, de monter en grade, la petiote qui avait tiré sur le boss s’est fait enrôlé dans le gang. J’ai appris plus tard que ça n’était pas un choix, mais bien pour sa survie à elle aussi. Avec Nina, on n’a pas eu besoin de consulter pendant très longtemps et on a décidé très vite de demander à ce qu’elle vienne travailler dans nos équipes. On l’admirait tous les deux, elle était jeune et en colère contre le monde entier, boudeuse, taiseuse. Mais c’était la meilleure qu’on puisse vouloir sous nos ordres. Elle savait déjà se déplacer rapidement dans la ville, marcher comme une ombre. Elle savait se battre mieux que moi à son âge, et elle était, d’apparence, sans crainte. Elle a tué très vite, s’en remise aussitôt, et a recommencé autant de fois qu’il fallait.

On est devenus très proches tous les trois, très vite. El’ s’est ouverte à nous, c’était notre protégée. Et un an après son arrivée, on a été promu au stade ultime. On allait former une équipe d’élite. Fini le deal, fini les surveillances, on était de l’infiltration, de ceux qui restent longtemps sur le terrain, ceux qui tuent, torturent, attaquent, détruisent, récupèrent. C’était même plus de la fuite, c’était du grand art quand ça nous arrivait. Tout était prévu. On avait des membres on ne peut plus compétents sous nos ordres. J’ai quitté la maison, comme Elina, continué à envoyer de l’argent comme elle. Mes parents s’en sortaient mieux, mes frères et ma sœur s’en sortait bien à l’école, tout roulait. Et moi, j’pouvais pas partir, laisser Elwynn et Nina derrière. J’les aimais trop. Et puis, je dois avouait qu’on s’marrait bien ensemble. Malgré l’horreur, malgré la souffrance, malgré tous mes regrets, on rigolait, on se soutenait, on s’laissait jamais tomber. On était toujours là pour protéger El’, elle était toujours là pour prendre sur elle toute la haine qu’on aurait pu recevoir Nina et moi. Une aprem banale, alors qu’on jouait aux cartes avec El’, Nina s’est ramenée dans notre chambre, l’air pas très sereine, et elle a expliqué à Elwynn qu’Ed allait essayer de l’atteindre. Elle a rigolé, évidemment, ça faisait des années qu’elle était avec nous, qu’Ed la détestait mais qu’il n’arrivait jamais à rien. Elle avait peur de rien. Surtout pas de lui. Et comme un con, j’ai rien vu venir. Un collègue nous envoie Nina et moi récupérer du stock un matin, rien d’inhabituel, rien de particulier, on s’est pas assez méfiés. .. Quand on s’est retrouvés enfermés à plus pouvoir sortir, on a même pas paniqué directement. On a appelé, une fois, deux fois, personne ne nous répondait, on a décidé d’attendre un peu jusqu’à ce que Nina ouvre grand les yeux, paniquée.

ELWYNN !

J’ai compris directement, j’ai frappé la porte, hurlé, Nina tambourinait sur la porte, on hurlait comme des demeurés, on pleurait, on a essayé de défoncer la porte mais ils avaient dû prévoir le coup. On nous a laissé crever de faim pendant 3 jours. Vers midi, la porte s’est enfin décidé à bouger. On est sortis en furie, Nina a failli buter le mec qui nous a ouvert, moi j’suis parti en courant pour rejoindre le QG. Quand j’suis arrivé, ils attendaient, ces rapaces de merde. Ils étaient là, à attendre nos réactions. Ed était même pas là, il s’en foutait t’façon, il avait bien eu ce qu’il voulait. Je me rappelle pas bien mais je crois que je suis resté sans bouger pendant longtemps. C’est les hurlements de douleur de Nina qui m’ont réveillé. J’ai baissé les yeux, elle était à côté de moi, elle hurlait, elle pleurait. Ils avaient buté Elwynn ces enfoirés.

Depuis ce jour, Nina était devenu le fantôme d’elle-même. Il fallait la connaître pour le voir, mais elle ne souriait plus pour de vrai, ne prenait plus plaisir à rien, même avec moi elle ne s’ouvrait plus, elle n’avait plus rien. Elle exécutait ses missions avec encore moins de réflexion, en prenant encore moins le temps. Elle faisait tout vite fait, bien fait, et moi je la suivais, je faisais comme je pouvais. Je lui parlais, essuyais ses pleurs, prenait soin d’elle. Je prenais toutes les missions qui ne lui plaisait pas. Je l’ai laissé viré chaque personne qu’on nous a présenté pour remplacer Elwynn. Il lui fallu 3 ans, 3 longues années avant de commencer à reprendre du poil de la bête. Elle aurait peut-être pas dû. Elle a commencé à provoquer Ed. En m’embarquant plus ou moins avec elle. Sur le coup je m’en foutais, défier Ed c’était un détail à côté de sa santé. Je voulais qu’elle aille mieux. Moi, ça allait. J’avais réussi à faire mon deuil dans mon coin. Ca m’avait pris du temps, énormément de temps. Ils avaient volé ma sœur, plus que ça même. Elle avait été une de mes raisons de survivre, de continuer à vivre comme je le faisais. Pendant que Nina commençait à réellement se mettre dans le pétrin avec ses attaques multiples, j’ai commencé à avoir envie de raccrocher. Retourner chez les parents. Voir les petits. Je n’avais plus de nouvelles d’Elina. Elle vivait une vie normale, heureuse je crois. C’était clairement pas l’intention de Nina. J’ai compris trop tard qu’elle voulait absolument se venger. Ça a duré 2 ans et j’ai rien su voir, j’ai pas compris qu’elle avait clairement l’intention de fumer Ed. Et de récupérer tout ce qu’il avait. Elle avait pas voulu m’impliquer trop non plus, juste assez pour pas éveiller de soupçons. Edward n’est pas le genre de type à être patient, et quand il en a marre de quelque chose, il la fait sortir de sa vie.

Sauf qu’il aimait bien Nina. Et que comme c’est un connard, doublé d’un lâche, il a décidé qu’il allait pas confronter Nina. Qu’il lui laisserait aucune chance, mais qu’il ferait rien lui-même. Il l’a envoyé dans une mission piège, et j’ai rien pu faire. J’suis partie pour la rejoindre à l’instant où j’ai compris et que ça sentait mauvais, et j’suis arrivée trop tard, elle était étendue par terre, elle bougeait plus, et ils étaient tous partis. Je l’ai serré contre moi pendant… Je sais même pas combien de temps j’suis resté là pleurer, à vouloir quitter cette vie de merde, à vouloir tout changer, tout abandonner, tout recommencer. J’ai fait en sorte qu’elle soit dignement enterrée, sans que les autres de sachent. J’ai fait en sorte de revenir, de fermer ma gueule. J’ai rien dit, j’ai enduré, j’ai demandé un temps avec des missions faciles à assumer, ça a été accepté.


J’ai passé 3 mois à beaucoup retourner à la maison. Tout se passait bien. Elina est rentrée deux fois pour me parler de ses projets, de sa famille à venir, elle attendait des jumelles. Elle était ravie de me voir, mais elle m’a bien fait comprendre que ce n’était plus pareil qu’avant. Elle ne m’a posé aucune question sur ma vie, de toute façon je n’aurais rien pu lui répondre. Elle n’avait pas besoin de moi. Les petits non plus. Mes parents non plus. Je suis rentré au QG un soir. Je me suis assis et j’ai regardé le mur en face de moi. J’étais seul dans la chambre où on aurait dû être trois. J’ai pris ma tête entre mes mains. Et j’ai pleuré. J’ai pleuré longtemps cette nuit-là. Je voulais en finir, de toute façon, ça n’avait aucun sens de continuer seul. Je n’avais jamais voulu que tout aille aussi loin. Tard dans la nuit, ou plutôt, assez tôt le matin, ma porte s’est ouverte tout doucement. J’ai tourné la tête. Ils étaient 3. Mais surtout, elle était là.


J’avais jamais cru aux miracles jusqu’à aujourd’hui.