J'aime bien cette phase. Bon, soyons honnête si un jour je redeviens Marionnettiste je vais clairement pas cracher dessus. Mais là je suis plus télépathe. J'apprécie. Bon je sens que ja vais regretter ça très vite dès que je me retrouverai Sensitif genre au prochain changement mais en attendant ouais j'apprécie.

J'suis un peu soulagé qu'Aoi ait décidé de se faire bloquer ses pouvoirs aussi. Les deux phases précédentes ont honnêtement été des cauchemars. J'suis content que ça semble se tasser un petit peu. On a décidé de profiter du calme relatif pour aller faire un tour vers les boutiques.

Il nous manque encore quelques trucs pour le bébé. Genre. Des choses. J'ai une liste. Ma mère m'en a fait une aussi. Elle m'envoie tellement de mails, on a jamais communiqué autant. Bon je lui dit pas tout hein. Genre elle regarde les infos elle est pas stupide non plus mais je préfère pas lui dire que c'était compliqué le mois dernier.

Là l'objectif c'est détente sans Kumiko, juste nous deux en amoureux. Heureusement qu'on est pas du genre shopping tous les deux donc ça devrait être relativement efficace. Je lui tiens la main alors qu'on arrive vers la boutique.

— Tu crois que c'est de mauvais goût si on trouve un set de pyjamas à motif flammes et vent ?

Depuis que j'ai demandé à Hideko de me retirer mes pouvoirs à moi aussi, suite au dérapage en salle des Masters avec Ys et Mitsuki, j'admets que je me sens un petit peu mieux. Le petit a l'air de plus en plus agité, cela étant ; on peut sentir quand il est réveillé et endormi, et me donne de vilains coups de pieds quand il ne peut pas sentir son père, la nuit… Du coup, il m'empêche parfois de dormir correctement, mais je ne lui en veux pas. C'est un moment tellement magique, qui me permet un peu de m'enfermer dans cette bulle-là et ne pas me concentrer sur tout ce qui se passe à Terrae en ce moment.

J'admets que je ne me sens pas bien, mais c'est toujours mieux qu'il y a un mois, vous me direz. Depuis l'attentat, je suis suivie par la psychologue de l'institut… On ne peut pas dire que c'est parfait, mais au moins ça me fait du bien. Norah m'a mise à pied (meh) et je me sens réellement, mais alors réellement inutile dans ma vie. Il paraît que ce n'est pas mauvais pour une femme enceinte, mais j'aime bien ne pas me sentir aussi désoeuvrée, dans ma vie.

Aujourd'hui, on a décidé de faire une sortie en amoureux dans les boutiques - il y a quelques vêtements de bébé, mais honnêtement pas grand-chose de foufou, donc je ne sais pas si on va trouver grand-chose… Ariana m'a dit qu'elle allait me faire un ou deux body, mais je sais aussi ce que ça représente pour elle, alors je préfète me débrouiller. Et comme on ne peut pas vraiment sortir hors de Terrae pour les emplettes, on doit se débrouiller avec ce qu'il y a… Je sens que la sortie va être courte.

Mon sourcil se hausse à la remarque d'Huo, et je lui lance un sourire en coin.

—Oui.

Non mais, vous voulez que je réponde quoi de plus ?

—Si je vois une seule chose dans la chambre de notre fils qui rappelle les différents éléments de Terrae avant la fin de tout ce fatras, je te jure que j'y mets le feu, je continue, sans me départir de mon sourire en coin, mais parfaitement sérieuse*. Enfin, il faudrait déjà que ça existe, et ce n'est pas sûr qu'on ait autant de choix !

Je t'aime chéri, mais j'ai besoin de temps où on ne parle pas de Terrae, pas de pouvoirs, pas de Masters, pas de responsabilités ; j'aimerais juste qu'on choisisse des vêtements avec des nounours et j'accepte même les licornes si tu te sens d'humeur pailletée. Mais pitié, pour le moment, on peut parler d'autre chose ?


*Moi qui pensais qu'elle avait pas d'humour avant, mais en fait, tu vois, y a toujours pire mdr-

J'admets, la blague était de mauvais goût un peu. Maaiiis je me disais que sur un malentendu… Non ? Bon bah non alors. Fallait tenter. Je suis pas difficile en vrai, je veux dire c'est des vêtements de bébé. Il va les porter pendant un mois grand maximum avant qu'ils soient plus à sa taille.

— C'est noté, Princesse, je fais en levant ma main libre d'un air innocent. On verra bien ce qu'on trouve dans tous les cas.

En vrai les marinières et les motifs neutres c'est bien aussi. Comme ça personne questionne vos choix. Déjà que les gens ont toujours une opinion sur le prénom… Je pousse la porte de la boutique et lâche sa main pour lui tenir la porte.

— Si Madame veut bien se donner la peine, je la taquine.

Haussement de sourcil. Je sais à quoi tu penses, c'est non. S'il te plaît, ne m'inflige pas ça ! Sa mine innocente me tire un rire qui secoue mes épaules, alors que je lui jette un regard en coin amusé.

—Déjà je serais surprise qu'il y ait des vêtements de bébé ici, mais j'imagine qu'Hideko habillait bien les siens quelque part. Tu crois qu'ils vendent les stocks hors de Terrae quand il n'y a pas d'achats, comme ça ça permet de renouveler ?

Ces questionnements existentiels débiles, wow. Il faudrait que je demande à Allen, cela dit ! Je souris à Huo quand il me tient la porte et lui fais un bisou sur la joue au passage — l'avantage qu'il soit petit, c'est que je n'ai pas besoin de me hisser sur la pointe des pieds pour ça, héhé. On se console comme on peut !

—Quelle galanterie ! Je devrais être enceinte plus souvent, je me moque gentiment.

Un regard rapide m'apprend qu'Allen ne travaille pas aujourd'hui, dommage. J'aurais rêvé le voir essayer de conseiller des vêtements à Huo, ils seraient devenus fous tous les deux — et c'est mon passe-temps préféré numéro deux depuis quelques temps, le premier étant évidemment de manger. … Ce qui me rappelle…

—On pourra aller se prendre un truc à manger en sortant ? je lâche timidement.

Oui, déjà. Je. On a pas pris de dessert. J'ai de nouveau faim, d'accord !!

Eh, au moins mes blagues nulles et pas drôles la font sourire. Bon, ok, je sais que j'ai un humour naze mais j'essaye ! Y a plein de gens qui se donnent même pas cette peine.

— Surement oui ? Fin doit bien y avoir une mode pour les bébés.

Ou pas ? Quoi que quand j'y pense les motifs et les couleurs des fringues de bébés étaient pas du tout les mêmes avant. Comme pour la mode normale en fait. Donc c'est probable que la mode des bébés suis la mode classique. En quelque sorte.

— Dis pas des trucs comme ça, tu serais capable de nous maudire, je rigole. Et je suis toujours galant !

Non parce que si on se retrouve avec un autre accident de pilule après la naissance du petit, là je vais me poser des questions. Je soupire presque de soulagement en remarquant que Allen est pas là. J'avais pas pensé à vérifier mais ça m'arrange. Beaucoup.

— Tu as déjà faim ?

Je retiens un rire. Sérieux je savais que les hormones et la grossesse influaient ces choses là mais parfois je me demande où est-ce qu'elle met tout ça...

Ce n'est quand même pas comme s'il y avait énormément de bébés dans le coin… Mais il n'a pas tort. Au pire, il suffira de commander sur internet. Ca perd un peu de son charme, mais quand on est confinés à Terrae avec l'apocalypse version magie, on peut difficilement faire autrement.

—Comment ça de nous maudire ? je peste en lui pinçant gentiment le bras, un sourire en coin. J'aimerais bien voir ça !

Mon plus gros souci, actuellement, c'est cette espèce de faim atroce qui revient de manière fort irrégulière en ce moment. Et toujours à des moments inadéquats. Comme par exemple : une heure après avoir fini de manger…

—Oui, je soupire simplement. Oh, regarde ça, c'est mignon ! je lâche en prenant un body coloré dans les mains. C'est tellement petit !….

Et en même temps, c'est tellement grand. Il va avoir cette taille à la fin.....…? Gloups…

Je rigole avec un air innocent absolument faux-jeton quand elle me pince. J'avoue que vu le contexte d'en ce moment, l'idée d'un autre bébé après le premier c'est un peu trop. Quand celui-là aura grandi un peu, on en reparlera, hein...

— Oh… Oui c'est joli.

Par contre petit… Fin taille bébé ? Je me rend compte qu'en fait quand le petit bout va naitre, il va tenir dans le creux de mon coude. Genre vraiment. Je lance un regard à la circonférence d'Aoi.

— Vaux mieux qu'il soit pas trop grand au départ quand même, je plaisante.

Je jette un oeil aux autres vêtements sur le portant. Oh, un pyjama avec des lapins. Je le décroche et le montre à Aoi.

— Pourquoi les fringues pour bébés sont toujours si choupi ? Un bébé c'est déjà mignon...

Je lance un regard moqueur quoiqu'un peu stressé à Huo avant de me détourner pour regarder le reste du rayon, faussement boudeuse.

—Tu pourrais au moins faire semblant de me rassurer, au lieu d'en rajouter une couche.

Je fais mine de l'ignorer un peu avant de ne plus y tenir et me pencher vers le body qu'il me tend. C'est vrai que c'est mignon... J'ai un sourire attendri, imaginant ce que notre bout'chou pourrait donner en vrai, une fois qu'il sera à l'air libre.

—Je saurais t'expliquer pourquoi l'évolution a fait des bébés quelque chose de mignon, mais pas pourquoi on cherche à les rendre encore plus chou qu'ils ne le sont déjà, je ris. Il est joli, celui-là... Tu veux le prendre ?

On a presque déjà fait le tour, le reste c'est pour des bébés un peu plus grands déjà.

—D'après ce que j'ai lu, c'est mieux de ne pas en prendre trop en taille 0-2 mois, comme ils grandissent vite. Enfin, tu me diras, il devrait pas être trop grand a priori, vu nos gênes... je rajoute en jetant un oeil à mon ventre, un sourire au coin des lèvres. C'est difficile de se projeter tant qu'il n'est pas là, tu ne trouves pas ?

Je savais qu'elle pourrait pas résister au pyjama trop mignon. En vrai je suis aussi un peu stressé par toutes ces histoires donc j'essaye de détourner ça en en rigolant. Mais je me suis renseigné, les possibilités de complications lors d'un accouchement, bah y en a beaucoup en fait. Et ma Princesse bah j'y tiens.

— Hmm, je le trouve cool, ouais. Ca doit être un méchanisme de défense renforcé. Genre tu rends encore plus chou pour renforcer le mignon en cas d'échec de la stratégie évolutive.

Oui, bon je ricane un peu mais en même temps y a aussi des bébés moches. Imaginez, notre bébé est pas beau ? Bon, je sais que dans tous les cas pour moi ce sera le plus beau bébé du monde, mais imaginez !

— Eh, on sait pas hein ! Si il prend de ton côté niveau génétique pour la taille il sera peut-être super grand.

Mais ouais, bien sur… On y croit Huo.

— C'est vrai que ça va changer beaucoup de choses dans notre quotidien.

J'effleure son ventre doucement. Quelque part j'ai hâte aussi. J'ai envie de rencontrer mon fils, de le voir grandir et devenir une personne.

Je pouffe de rire puis m'arrête, fixant longuement Huo, avant de lâcher, un peu inquiète :

—Tu crois qu'il sera moche ???

Non mais on dirait pas comme ça, mais c'est un handicap, quand même. Je sais que je l'aimerai quand même, mais woah, je serai obligée de défoncer les gamins qui l'insultent... Enfin, ça arrivera probablement dans tous les cas, les enfants sont cruels après tout. Je serre le petit pyjama entre mes doigts, pensive... puis hausse un sourcil moqueur.

—A part mon père qui faisait deux mètres de haut, le reste n'est pas très grand, donc il y a peu de chance. Mais qui sait...

J'ai une pensée pour ce grand homme, que je n'ai vu qu'une fois dans ma vie. Et à Math, mon demi frère... son fils adoptif. Je me demande où il se trouve, aujourd'hui, et s'il va bien. On ne s'est pas entendus, à l'époque, mais j'aurais aimé qu'il fasse partie de cette famille un peu étrange.

Sans rien dire, je pose ma main sur celle d'Huo, pour qu'il la garde un peu plus longtemps contre mon ventre bien rond, maintenant. Je devrai faire une croix sur certaines parties de mon travail aussi, et bien qu'il me manque parfois, je pense que c'est aussi pour le mieux. On pourra passer du temps ensemble, tous les trois, avec ce petit garçon plein de pouvoirs.

—Tu ralentiras aussi au niveau des missions et du travail, hein ? je lui demande, incertaine.

On n'en a jamais trop parlé, mais c'est vrai que c'est une inquiétude pour moi, de me retrouver seule à la maison à l'élever. Je sais qu'il ne va pas partir, mais j'ai trop souffert de l'absence de mon père pour que ça ne soit pas une question qui me traverse, même durant un court instant.

J'essaye de me retenir de rire à sa question inquiète en me mordant la lèvre mais je dois juste avoir l'air idiot. En même temps, c'est quoi cette question ?!

— Bien sûr que non, puisque ce sera notre bébé !

Notre bébé, moche ! Et puis quoi, encore ? Y a que des gens beaux, ici. Je souris en coin en pensant que c'est presque sûr que notre fils sera pas très grand au final. Enfin je sais pas mais niveau génétique si on fait la moyenne de nos tailles… Comment ça, c'est pas comme ça que ça marche ?

— On peut toujours rêver, eh.

Peut-être qu'il aura mes yeux, peut-être les siens ou ceux d'un de ses grand-parents. Peut-être qu'il sera roux, ou brun, ou blond. Dans tous les cas, je l'aimerai de tout mon cœur.

Je souris tendrement et passe mon pouce sur le ventre d'Aoi avec douceur quand elle pose sa main sur la mienne. Ça va chambouler notre vie d'être parents, je le sais. Quelque part, j'ai hâte.

— J'avais pas prévu de te laisser seule avec bébé.

J'ai envie d'être là, envie de prendre notre temps et de profiter de voir notre fils grandir parce que ça n'arrivera qu'une fois.

— De toute façon, il faut bien que je sois là pour prendre le plus de photos possibles.

Il me maudira surement une fois ado tellement j'aurai de trucs potentiellement embarrassants à montrer à ses potes.

Il me rassure. De toute manière, s'il avait répondu autre chose, je crois qu'il aurait fini avec une Aoi qui boude en face. Enfin, je dis ça, mais Huo a le don de me faire sourire avec ses bêtises, je me vexerais pas pour si peu quand même. Un bébé, c'est jamais très beau à la naissance. (Je dis ça pour me rassurer, oui.)

J'ai un rire, puis lâche finalement la question qui me pèse un peu. C'est vrai qu'on est occupés tous les deux, moi particulièrement à l'hôpital et lui en dehors de Terrae ; mais parfois, ça me fait peur de me dire qu'il peut lui arriver quelque chose, et qu'il puisse ne pas rentrer. À l'hôpital, c'est pas ma vie qui est en danger tous les jours. Et je sais qu'il fait de la diplomatie, mais une balle dans la tête c'est vite arrivé, ok. Souriant en coin à sa répartie, j'attire plutôt mon fiancé à moi pour lui faire un câlin, un peu stressée et émue.

Ma joue contre son épaule, un peu en biais, je ferme les yeux. On est dans un magasin, et je m'en fiche. C'est pas moi qui aurais fait ça il y a quelques années.

—Bon, alors ça va. Je prends pas les photos aussi bien que toi, mais il en faut aussi où tu es de l'autre côté de l'objectif. Tu accepteras de me laisser en prendre aussi ?

Je veux toujours pouvoir me souvenir de nous comme ça.

Je sais qu'elle s'inquiète. Elle s'inquiète toujours. Je lui rend son câlin avec un sourire et embrasse ses cheveux. On est en publique, eh ! J'vais pas bécoter ma fiancée au milieu d'une allée de magasin. J'ai plus de classe que ça et elle me pardonnerait pas de l'afficher comme ça, je le sais.

— Hmm, on peut négocier une garde partagée de l'appareil à la limite.

Je rigole un peu et caresse son ventre doucement.

— J'suis heureux de construire ça avec toi, Princesse.

Je t'aime.

Un soupir de contentement m'échappe alors que je me laisse enlacer, toute heureuse.

—Ok, vendu. Sinon j'ai mon téléphone, mais les photos seront pas aussi belles…

Mon sourire se fait plus attendri. Attendez qu'Allen nous trouve en train de nous faire des câlins sur son lieu de travail, aha.

—Moi aussi je suis heureuse.

Même si ça fait peur, même si on ne sait pas encore faire. On apprendra ensemble, comme on l'a toujours fait. Et juste de savoir ça, qu'on est deux à vivre cette aventure, c'est ce qui me fait le plus plaisir. Je reste encore un peu comme ça, me laissant bercer par sa respiration, puis me recule avec un nouveau sourire.

—Bon ! C'est pas tout, mais on a des courses à faire. Allez, viens.

Et je lui tends la main pour que nous puissions continuer à regarder les rayons, dans ma bulle de bonheur.

Je profite du câlin, sourire dans un coin de ma tête parce que si Allen débarque et nous voit comme ça, il va encore faire une tête très marrante. J'adore le voir quand il nous prend à faire des gestes affectueux devant lui. Il fait toujours des expressions très intéressantes.

— Seulement si on prend celui-là.

Je brandis le pyjama à motif lapin que j'ai gardé avec un petit rire. Je l'aime bien en vrai.