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Gentle Earthquake • Lola
##   Sam 17 Déc 2022 - 22:34
Lola Ortega
Lola Ortega
Terre au pouvoir lunaire
Messages : 96
Date d'inscription : 17/12/2022

Carte d'identité.
Gentle Earthquake • Lola Jble

Prénom : Lola
Nom : Ortega y Montero [Père & Mère]
Âge : 12 ans (23/08/2010)
Affinité et pouvoir : Terre Lunaire (Titanide)






Apparence.

Courte sur patte, elle commence enfin à rattraper la moyenne des filles de son âge vers le mètre cinquante. Il faut dire qu'un an et demi en arrière, elle n'était pas tout à fait dans la norme, presque trop petite. Elle garde le visage encore un peu rond de l'enfance, comme si les dix centimètres qu'elle avait pris en si peu de temps n'avaient pas encore eu d'impact sur le reste de sa morphologie. Pourtant, elle a perdu du poids, et peut-être déjà gagné un peu de muscle sur ses bras tout maigres.

Cheveux courts et débraillés, roux foncés. Plutôt châtains cuivrés, dirait-elle, parce qu'on l'a traitée de poil de carotte durant toute l'école primaire, même s'ils n'étaient pas si oranges. Elle s'en plaignait beaucoup, à l'époque, mais au final, l'environnement n'était pas si détestable.

Les yeux ? Toujours fixes ou fuyants. Quoi, la couleur ? Elle a oublié de regarder depuis un moment. Sûrement quelque chose de vert. Ou de marron. Marron-vert, peut-être. Les couleurs, ce n'est pas trop son truc, même si elle aime bien en porter ; elle ne sait surtout pas les assembler, et confond encore le noir et le bleu foncé. Elle a quelques tâches de rousseur sur son nez, pas beaucoup, mais suffisamment pour que ça se remarque. Et des lunettes, parfois, parce qu'elle ne voit pas bien de loin.

Des vêtements amples, pas trop près du corps. Des t-shirts larges, des pantalons de sport ou treillis, des rangers (hm, ça c'est plus récent), des baskets. Sa seule extravagance, ce sont les sweats qu'elle porte, et des shorts qui s'arrêtent juste au dessus des genoux. Il faut que ce soit confortable ; à part ça, elle n'a pas vraiment d'exigence. Mais elle aime bien les blousons, peut-être qu'un jour, elle en achètera un en cuir. Si elle laisse Liz l'habiller, elle arrivera peut-être à avoir des fringues correctes.

Elle a souvent un casque pour sa musique autour du cou, et plus probablement sur les oreilles. Elle n'a pas pu emmener celui qu'elle avait avant de partir, alors elle espère pouvoir en racheter un bientôt. Elle n'a pas peur de se salir les mains pour avoir un peu d'argent.

Avec tout ça, on ne la remarque pas trop quand elle se déplace. Sa dégaine est assez soignée, elle y tient : elle passe du temps à plier ses affaires, les ranger, les déplisser lorsqu'elle les met. Très rigide, dos droit, peu de mouvements inutiles, car elle connait sa maladresse. Pourtant, elle a un peu l'air d'une scout, ou d'une sauvageonne quand elle traîne un peu dehors, mais elle risque de se fâcher si on le lui fait remarquer...



Caractère.

Lola a toujours beaucoup aimé parler, mais on ne l'écoutait pas trop. Ses copains de l'école trouvaient qu'elle la ramenait trop et qu'elle était une insupportable je-sais-tout ; pourtant, elle a toujours adoré partager ses découvertes avec les autres et le faisait avec calme et douceur, sans s'emporter. Elle a fini par moins parler là-bas et plutôt à observer. Comment les autres communiquent, comment ils bougent, comment ils se comportent ; quand parler, quand rire, quand sourire. La communication est une danse particulière que l'on ne peut pas pratiquer seul, et qui semble bien plus facile pour les autres qu'elle. Mais elle a appris, à peu près, et arrivait quand même à se faire des copains, si elle réfrénait un peu ses passions.

C'est la copine responsable du groupe. Celle qui te regarde en te jugeant parce que tu as fait tomber du ketchup sur ton t-shirt alors qu'elle t'avait dit "fais attention, tu vas te tâcher" juste avant, mais qui est quand même assez sympa pour te tendre un mouchoir et t'accompagner à la fontaine à eau pour te montrer comment enlever la tâche. Parce qu'elle a toujours des mouchoirs dans son sac. Elle a toujours ce qu'il faut, du moins le minimum vital pour une enfant de primaire ; enfin, de collège, maintenant. On reviendra à cette histoire d'école plus tard.

Elle abhorre le retard ou l'indiscipline, le bruit, le manque de respect. Elle suit les ordres et fait comme on le lui demande, parce que c'est comme ça qu'elle a appris à être. Ses modèles parentaux travaillaient dur et lui ont toujours appris la politesse, même si maintenant elle a appris à dire "merde", littéralement. En même temps, il faut pas trop lui en vouloir, tout le monde jure comme un charretier, là où elle est.

Alors elle travaille dur. À l'école, elle a toujours de bonnes notes, mais parfois elle oublie de se coucher, le soir, ou s'endort sur ses devoirs. C'est qu'elle a de hautes attentes envers elle-même, comme si c'était suffisant pour rattraper... elle ne sait pas bien encore. Un peu de reconnaissance, peut-être, ou de satisfaction. Mais ce serait mentir que dire qu'elle n'étudie que pour les autres ; elle étudie aussi parce qu'elle aime la stimulation intellectuelle. Mais sans travail, pas de résultats. Ceux qui glandent et ont de bonnes notes l'énervent un peu ; pas parce qu'elle est jalouse, enfin un peu, mais parce qu'elle aimerait qu'ils prennent conscience du potentiel qu'ils ont.

Même si elle ne sait pas toujours comment réagir, même si elle n'est pas toujours gentille, elle préfère quand les gens vont bien près d'elle. Alors elle tend la main, doucement mais fermement, pour aider les autres à se relever. Ne pas se sentir trop seuls. Rassurer. Elle est encore toute petite, mais ce qu'elle veut être, c'est un pilier sur lequel se reposer. Ce n'est pas grave si elle travaille dur et que les autres glandent, ce n'est pas grave s'ils ne l'écoutent pas vraiment.

Avec ceux qui l'aiment vraiment, elle n'a jamais trop eu besoin de parler, de toute manière. Et parfois, elle leur sourit même.



Gouts.

Pour une petite fille si calme, il est toujours surprenant de découvrir qu'elle aime particulièrement le hard rock, avec une préférence pour les groupes des années 70. AC/DC est son groupe préféré, Scorpions ajoute une petite touche de nostalgie, et puis tous les autres, forcément ; c'est du bon son. Du coup, elle aime bien tout ce qui bouge un peu. Il faut dire que ça s'agite dans sa tête, ça fourmille d'idées et de questions ; et parfois, un peu de musique lui évite de s'égarer trop loin. Ca lui évite aussi, surtout, de trop entendre le bruit extérieur ; elle n'a jamais trop aimé ça, mais depuis qu'elle a quitté la maison, c'est pire. C'est l'angoisse, sûrement, mais elle est encore un peu jeune pour s'en rendre compte.

Au primaire, elle avait souvent un livre dans les mains. Ca pouvait être des romans, mais elle a toujours eu une certaine fascination pour les livres généraux et les encyclopédies illustrées : papillons, biologie en règle générale, dinosaures, volcans, système solaire ; bref, elle engloutit ce qu'elle trouve et stocke ça dans un coin de sa tête. Elle aura sûrement une préférence pour les cours de physique-chimie et SVT, même si les chiffres lui rendront la tâche compliquée à la fin du collège. Ses pouvoirs, qui la rapprochent de la terre, l'amènent à s'y intéresser de plus près ; si elle avait eu l'occasion de jardiner, elle aurait sans doute planté un potager quelque part. Mais être enfermée dans des salles aseptisées connectées par des couloirs sans fin n'est pas l'environnement idéal pour cela. Être trimballée de camp en camp non plus. Parfois, elle se plaisait à faire pousser quelques fleurs, comme une preuve de son passage, mais que l'on piétine souvent devant elle. Depuis, elle a arrêté.

Elle n'a jamais été très sportive non plus, mais ça lui permet de ne pas devenir complètement folle et amorphe. Ce n’est pas non plus comme si elle avait le choix.

Le bricolage est un de ses plaisirs coupables. Celui-là ne vient pas d'elle, mais elle a appris à imaginer et construire des objets avec ses pouvoirs. Sculpter le bois, l'argile, la terre ; assembler des objets entre eux, comprendre comment ils fonctionnent. Ca, au moins, elle pouvait faire.

Niveau nourriture, elle est plus salée que sucré. On lui a dit qu'elle avait un risque de développer un diabète pendant toute sa vie, alors on lui a toujours interdit de trop en manger ; puis elle n'a pas vraiment le palais pour. Généralement, elle mange un bonbon pour le plaisir, ça lui suffit et elle refile le reste à ses copains, qui peuvent s'en goinfrer jusqu'à en être malades -- elle les aime bien, mais c'est des crétins. Elle adore particulièrement à peu près tout ce qu'on peut manger durant un apéritif, et elle vendrait son meilleur copain pour un paquet de chips ou de cacahuètes grillées, ou de pistaches, ou... Bref, vous avez compris. Exceptions faites pour les bonbons qui piquent, les chewing-gum et les snikers. Mais c'est parce qu'il y a des cacahuètes dedans, alors... La seule chose sucrée qu'elle aime bien, c'est un peu de lait avec du miel ou les tartines avec du cacao dessus, ça lui rappelle les goûters de son enfance.

En y repensant de plus près, il lui reste assez peu de hobbies de sa vie d'avant. Les jeux de poupées sont révolus depuis longtemps, les sorties en famille aussi. Même le chat qui a grandi avec elle n'est plus qu'un souvenir un peu vague, perdu dans la brume.

Comme si elle avait voulu oublier.



Histoire.

Attention, contenu évoquant de la violence psy et physique faite sur des enfants. Le propos n'est pas graphique.

Sa mère biologique n'a pas voulu d'elle.

Ce n'est pas ce qu'on lui a dit, mais c'est ce qu'elle a retenu. On ne lui a jamais caché qu'elle n'était pas la vraie fille de ses parents — ils se fâchaient dès qu'elle disait ça — mais en même temps, ce n'était pas difficile de le comprendre. Ils avaient les cheveux sombres et marrons, et elle était super rousse. Juste pour ça, elle se disait qu'elle devait en vouloir à ses vraisparents qui l'ont abandonnée, parce qu'on n'a pas arrêté de se moquer d'elle à ce sujet. On lui disait qu'elle était adoptée (c'était vrai), qu'elle ressemblait à tel ou tel fruit ou légume, jamais quelque chose de gentil ; bref, un jour, elle a failli se couper les cheveux très courts, mais sa mère (sa maman, celle qui l'a élevée, celle qu'elle aime) a réussi à lui enlever les ciseaux à temps et la rassurer pendant qu'elle pleurait.

Ses parents ont toujours été gentils, mais ils étaient aussi très occupés. Maman travaillait à un poste haut-placé, dans un cabinet d'avocats ou avec le juge, elle n'a jamais trop compris. Et papa travaillait dans une grande entreprise, mais aujourd'hui elle ne se souvient plus exactement dans quoi. Ça remonte à loin, tout ça.

Ils l'ont choyée, comme on choie une enfant unique, attendue pendant longtemps. Ils ont essayé d'avoir d'autres enfants avant, mais maman lui a expliqué que la graine n'avait pas réussi à pousser jusqu'au bout à chaque fois. Elle était toujours un peu triste en le disant, mais ajoutait qu'elle aimait beaucoup sa Lolita (elle déteste ce surnom), et que c'était tout ce qui comptait. Jamais ils ne lui ont caché ses origines ; ils lui ont expliqué très tôt que sa mère biologique n'avait pas pu la garder, parce qu'elle était très jeune. Et grâce à elle, ils pouvaient former une vraie famille tous ensemble. Même si ça la rassurait de l'entendre dire comme ça, une partie d'elle se demandait si ce n'était pas un peu de sa faute, si sa mère ne voulait pas la garder. Si elle était défaillante, mauvaise, ou juste bonne à jeter.

Heureusement, ses parents l'aimaient, et elle aimait ses parents. Maman cuisinait bien, Lola aimait particulièrement sa paella et quand elle préparait du calmar. Elles s'occupaient du jardin ensemble en bavardant et faisaient des gâteaux. Papa, lui, était plus réservé mais lui racontait souvent des histoires le soir. C'était toujours elle l'héroïne, alors parfois elle pouvait choisir comment la protagoniste allait réagir. Elle croit se souvenir que leur chat se collait toujours à ses jambes ; une compagnie douce et agréable, qui lui tenait chaud. C'est eux qui lui ont donné le goût de la musique et du rock, les bons sons de leur enfance à eux. Ils avaient de grandes discussions sur la vie, sur l'avenir, sur comment était le ciel et ce qu'on pouvait faire pousser dans la terre.

En hiver, ils faisaient des bonhommes de neige ; au printemps, ils se promenaient et ramassaient des fleurs, plantaient des graines dans le potager ; en été, ils sortaient au lac, parfois l'emmenaient à la mer, un peu plus au Sud de Grenade ; et durant l'automne, sa saison préférée, ils profitaient de la forêt et des coins de montagne pour chercher des champignons et profiter de l'air calme. Quand ils revenaient, elle avait droit à un chocolat chaud et lisait des histoires avec maman sous un plaid, près du feu.

Et puis avec le temps, papa et maman s'entendaient moins. Elle n'était pas encore au primaire quand les premières disputes ont commencé. Ça criait parfois, mais après, tout semblait aller mieux. Mais pas très longtemps.

À l'école, de toute manière, elle avait d'autres choses à apprendre et gérer. On la trouvait gentille, mais un peu bizarre. Parfois on se moquait d'elle et ça l'énervait. Quand elle a su lire, elle avait du mal à décrocher. Ça, elle s'en souvient bien, de ces récréations passées avec ses copains ou à lire dans un coin. Elle prenait moins de place, petit à petit, à force de voir les autres en prendre toujours plus. Ça ne la dérangeait pas, elle aimait bien écouter et observer ; leur apprendre des choses sur ses passions, et, quand elle voyait que ça ne les intéressait pas, se taire et les suivre dans leurs jeux. Elle a toujours un peu été placide, facile à vivre ; une enfant qui sourit avec bonheur, qui fait peu de bruit, qui a de bonnes notes ; une enfant qui joue un peu de tout, qui est parfois un peu mise à l'écart mais qui ne se débine pas. Qui joue autant avec les garçons, un peu brutaux, qu'avec les filles, un peu facétieuses. Finalement, on l'aimait bien, même si parfois elle se disputait avec les autres, ou qu'ils lui faisaient la tête. Comme des enfants.

Mais surtout, on l'aimait bien quand elle ne parlait pas trop.

À la maison aussi, à cause des disputes, et sûrement la fatigue du travail, papa et maman étaient souvent de mauvaise humeur. Elle essayait de les faire sourire, de les aider au mieux, en cuisine, dans le jardin, avec le ménage. Elle était encore petite, mais elle travaillait sans se plaindre ; finalement, là-bas aussi, elle parlait de moins en moins. Quand elle pleurait, c'était rare, mais c'était toute seule dans sa chambre. La majorité du temps, elle observait, inquiète, le nouvel éclat de voix de papa. La nouvelle contrariété de maman. Ce moment où, si elle ouvrait la bouche, elle saurait qu'on lui répondrait sèchement, lui crierait dessus pour rien, ou lui dirait que ce n'était pas le moment. Parfois ça arrivait, alors elle rentrait la tête dans les épaules et ne bougeait plus. Ça se passerait bien, si ça n'arrivait pas si souvent.

Papa aidait moins à la maison, et ça irritait maman. Elle devait venir la chercher à l'école, se libérer tous les soirs, et lui ne le faisait jamais. Quand Lola était malade aussi, ça l'énervait, parce que c'était à elle de prendre un jour de congé. Une fois, elle l'a reproché à papa, qu'il travaillait trop, qu'il ne prenait pas de temps pour elles, et ils se sont remis à crier. Elle dépensait trop d'argent, lui n'était pas assez là. Elle se plaignait tout le temps, lui ne l'écoutait pas assez. Il y avait des histoires avec la maman de papa, et la famille de maman, et des reproches sur la manière dont ils se parlaient, et des reproches sur trop de choses. Et ça continuait, et ça continuait. Une fois, papa a jeté un objet par terre et a bazardé une chaise, puis il est sorti en claquant la porte. Maman lui a couru après, il lui a mis une claque.

Il s'est excusé, mais depuis, maman évitait de lui faire les mêmes reproches, même si elle les gardait coincés dans sa gorge.

Voilà. C'est de ça qu'elle se souvient à propos d'avant. Il y a eu de bons moments, encore, mais elle se souvient surtout des disputes. Elle se souvient aussi du jour où maman est partie de la maison, parce qu'elle n'en pouvait plus et qu'elle avait besoin de réfléchir. Elle est restée quelques temps dans sa famille, et elle manquait beaucoup à Lola. C'était à la fin de l'automne 2019, elle avait 9 ans.

C'est là qu'elle a commencé à ressentir le Vide. Et sitôt après, la magie.


Oh, cette magie, comme elle l'a détestée. Elle devait la cacher, faire doucement, se contrôler lorsqu'elle angoissait et avait envie de pleurer. C'était de pire en pire. Elle cassait les choses qu'elle tenait dans ses mains, et parfois la terre bougeait sans qu'elle ne la touche. Puis sa magie a changé, et elle s'est mise à entendre les pensées de tout le monde dans sa tête. Elle a fait de son mieux pour que ça ne se voit pas, même si elle entendait tout le mal, innocent, qu'on pouvait penser d'elle. Il y a eu des accidents inexpliqués à l'école, ou sur le chemin du retour... Personne n'a vraiment compris. Elle non plus. Elle savait simplement qu'elle était terrifiée.

Finalement, maman est revenue à la maison en s'excusant, elle aussi. Papa était fâché, mais content de la revoir. Ils sont restés un peu ensemble, et Lola, un peu fragilisée par cette absence, espérait vraiment que le fil tiendrait. Elle entendait les pensées secrètes de sa mère, toutes ces craintes qu'elle avait, à peser sans cesse le pour et le contre. Lola se sentait agitée en continu, comme fébrile de fièvre. Contenir. Retenir. Ne rien dire. Serrer les dents. Essayer de faire changer les pensées de ses parents.

Et puis le fil s'est cassé à peine quelques semaines après ; maman a décidé de quitter papa. Ils se disputaient encore plus fort que d'habitude, et maman voulait emmener Lola avec elle. Elle la tirait par le bras, et Lola ne voulait pas résister — parce qu'elle savait qu'elle pouvait lui faire mal. Elle n'avait pas forcément envie de quitter papa, mais elle ne voulait pas quitter maman non plus ; et le choix qu'on lui demandait était impossible. Elle s'est mise à pleurer et s'est roulée en boule.

La terre s'est mise à trembler autour de la maison, et une fissure est apparue. Des ronces en sont sorties. Elle se souvient qu'une partie du mur s'est affaissé, et qu'elle est tombée en voulant rejoindre sa mère, qu'elle s'est cogné la tête. Le reste, elle l'a oublié, ou au moins enfouie très loin dans un coin de sa tête. Au réveil, dans une infirmerie lugubre, on lui a dit qu'il y avait eu un accident, qu'elle avait des pouvoirs, et que c'était de sa faute. Ses parents ? Morts. Comment ? L'accident. Pourquoi ? Par sa faute.


La réalité est légèrement différente. Suite à l'apparition de sa magie, les quelques incidents en dehors de la maison ont attiré l'attention sur elle, mais pas celle de Terrae. Lors de l'accident, le Centre était déjà sur ses traces et n'a eu besoin que de la cueillir. Ses parents ont sûrement fini avec le cou rompu, mais par des mains plutôt que par un tremblement de terre. Ce n'était pas plus de sa faute que de la leur, malgré leur responsabilité dans son état.

Des vies gâchées bêtement, mais cela n'émeut pas les agents du Centre pour autant, spécialisés dans la collecte et la revente d'informations ainsi que dans le terrorisme. Lola n'est pas la seule enfant qu'ils ont récupérée durant l’Eclipse à être passée sous les radars. Un peu hagarde, elle est bien forcée de croire les mensonges qu'on lui sert, dans une tentative de la convaincre que leur combat est le bon, qu'elle ne pourra plus jamais vivre une vie normale. Car ici, elle aura un avenir.

Un bel avenir, pour sûr.



Ses premiers temps passés au Centre ont été mis à profit pour lui expliquer le principe de sa nouvelle vie de paria. De Terrae, l'un de leurs ennemis. De ses pouvoirs.

Ses pouvoirs.

Après l'accident, ils la terrifiaient. Elle ne s'autorisait pas vraiment à réfléchir, ni à pleurer — elle avait tué ses parents. Maintenant, elle devrait vivre avec, et expier à jamais cette faute. Elle gardait tout enfermé, sans jamais rien dire, rendue plus mutique que jamais. On lui laissait l'accès à des livres, beaucoup de livres ; mais il fallait aussi qu'elle s'entraîne, elle n'avait pas le choix. Malgré ces pouvoirs changeants. Il suffisait de lui mettre des armes entre les mains, et de lui montrer comment s'en servir.


Elle a d'abord rencontré Aylan. Comme elle ne parlait pas, les adultes ont cru bon de lui mettre cet énergumène excité dans les pattes très vite. Il l'agaçait beaucoup, au début, parce qu'il parlait trop, l'envahissait lorsqu'elle avait besoin de calme ; mais il était gentil, rassurant, bête mais pas stupide. Il connaissait les adultes, il connaissait l'endroit comme sa poche, alors elle pouvait le suivre sans crainte. Au début, elle se cachait beaucoup derrière lui ; elle le pouvait encore, ils faisaient à peu près la même taille à cette époque. Il lui a appris plein de langues, ou du moins des morceaux, pour comprendre les adultes, mais aussi pour qu'elle puisse le comprendre lui, et comprendre les livres qu'on lui prêtait. Bientôt, c'est par les signes qu'ils communiquaient, bien plus simplement et facilement que ce qu'elle aurait été capable de faire.

Il l'écoutait, lui, même si elle ne parlait pas. Il n'avait pas besoin, il regardait son visage et semblait deviner ce qu'elle voulait lui dire. C'était facile... Il lui a donné du courage, Aylan. Grâce à lui, elle pouvait se relever, elle pouvait tenir, et elle pouvait devenir plus forte. Ce n'est pas qu'il la poussait en avant, ou l'assistait, ou la tenait par la main — bien qu'il la tienne parfois bien dans la sienne. Il souriait, s'entraînait, lui montrait, lui expliquait, et il n'abandonnait pas. Alors elle arrivait à croire, à espérer ; et c'était quelque chose de précieux, là-bas. Il faisait des bêtises, aussi, et ça l'attendrissait un peu, parce qu'elle avait l'impression d'être vraiment une enfant dans ces moments-là. Puis ça l'effrayait, car elle savait qu'il pouvait lui arriver quelque chose, un jour ; qu'il pourrait être torturé, tué peut-être. Elle s'est mise à veiller sur lui, tranquillement, sans rien dire, ses yeux le cherchant toujours. S'il le fallait, elle lui servirait de rempart. C'est arrivé. Elle ne veut pas en parler ; elle ne regrette pas.


Très vite, elle a aussi rencontré Miguel. Miguel parlait la même langue qu'elle, mais avec un accent d'ailleurs. Elle a appris bien vite qu'il était Mexicain. Cadré, ferme, chaleureux et doux. C'est lui qui lui a appris ce qu'il fallait pour devenir ce rempart, pour garder le regard fixe malgré la peur et l'envie de pleurer, pour rester droite quand on la frappait, pour appuyer sur la détente quand il le fallait. Il lui apprenait des tas de choses, aussi ; des langues, des concepts trop difficiles pour une enfant, quelle arme pourrait le mieux convenir à quelle situation. Il lui a appris à ne pas avoir peur de ses pouvoirs, à les utiliser à son avantage. A contenir sa frustration, puis sa colère, puis sa rage. Il la contenait pour elle, quand elle n'y arrivait pas seule, quand elle devait exploser, quand elle avait envie de faire s'effondrer le bâtiment entier. Elle pouvait pleurer, parfois. Elle s'y autorisait, mais seulement avec lui. Sa confiance envers lui est pleine et entière, ça n'a pas changé. Elle l'écoute. L'observe. Il est son modèle, ce qu'elle aimerait devenir plus tard pour cette famille cabossée qu'elle s'est construite au Centre. Un pilier. Une présence. Une assurance.

C'est la main qu'elle n'a pas peur de serrer, parce que lui n'a pas peur de sa force. Elle ne pouvait pas toucher les autres, ne l'osait pas, ou pas davantage que serrer le coin d'un vêtement. Il y a eu un accident ou deux, mais rien qui n'ait changé leur relation. C'est le Centre qui les a obligé à changer, à le détester un peu. A avoir peur. De hermano, Miguel est passé maton. Il distribuait les punitions et les coups. Au début, il en prenait surtout à leur place. A la place de Brad, surtout, puis à la place d'Aylan, et à la sienne, quand elle s'interposait ou osait enfin lever la voix.

Elle lui fait confiance, mais son corps a enregistré les coups. Il n'est pas rare qu'elle frémisse et se tende à son approche. Diviser pour mieux régner. Terroriser pour dominer.


Plus tard est arrivée Lizbet. Liz était plus petite qu'elle et toute triste lorsqu'elle a débarqué. Demandeuse en affection et tactile, mutine lorsqu'elle s'y mettait. Une enfant, une vraie. Charmante, sûrement plus taillée pour l'espionnage que pour la guerre, deux grands yeux lumineux qu'elle peut se faire remplir de larmes lorsqu'elle le désire. Elle sait quoi dire, quand faire une farce. Elle a toujours le bon timing, derrière son joyeux sourire un peu faux.

La découverte de son pouvoir définitif est d'abord passé discrètement, puis elle a été vue comme une opportunité pour le Centre de s'enrichir encore plus. Une Voyante, c'est précieux, dans les renseignements. Tant mieux, grincerait Lola de colère. Ils n'auraient aucun intérêt à l'envoyer sur les fronts les plus dangereux, si petite et menue, si précieuse à sa manière. Les premiers éclats de voix de Lola, les premiers rappels secs et menaçants : vous voulez vraiment blesser Liz ?

Ils n'essayaient pas. Ils avaient sûrement d'autres plans pour la briser plus tard, d'autres endroits où l'envoyer, d'autres missions sur lesquelles la former. Heureusement, Liz n'avait pas encore trop grandi. Elle n'était pas encore une adolescente, mais ça ne tarderait pas. À l'abri des oreilles et des regards, elle répétait à tout va qu'ils retrouveraient Aylan, que c'était certain. Elle l'avait vu, elle savait. Tout irait bien. C'est la seule chose à laquelle elle se raccrocherait ; cet espoir, fragile.


Pas longtemps après, il y a eu Brad. Brad… Un idiot, de ces garçons qui veulent montrer qu’ils sont les plus forts, mais qui chouinent et pleurent. Il est attachant, malgré tous ses défauts, et heureusement, il est marrant — il aurait sûrement été quelqu’un qu’elle aurait apprécié, s’ils s’étaient retrouvés dans la même classe et pas dans la même base militaire. La peur l’affecte trop, l’envahit. Il joue au dur, au macho, mais en a-t-il vraiment besoin ? Peut-être a-t-il bien compris comment cet univers fonctionne, davantage qu’elle, par ailleurs. C’est sa grande force, celle de savoir survivre et de fermer sa gueule au bon moment et face aux bonnes personnes. La technologie, ça le connaît ; il aime bidouiller et apprendre aux plus jeunes à faire de même.

Lui aussi les protège, à sa manière un peu stupide et impulsive. Il ne sait pas se contenir, va trop vite, trop loin, trop fort. Il se brûle les ailes avant même de s’être envolé, décide avant d’avoir réfléchi, agit avant d’avoir compris. Ça l’enrage, la met hors d’elle. Plus encore depuis que Leona a réussi à s’enfuir. Plus encore depuis que Brad l’a empêchée de fuir avec elle, et qu’ils ont passés deux jours difficiles à ramper pour éviter de se faire attraper par des narcotrafiquants.

Elle a été sévèrement punie après sa tentative de fuite, elle en garde encore les marques dans son dos. C’est pas tellement de savoir qu’elle a été frappée plus violemment que lui à leur retour qui l’enrage, mais le fait que la porte de sortie était si proche, si près. Il lui a enlevé ça, et c’est intolérable. Après une phase de désespoir et d’apathie, où chaque pas lui semblait plus lourd que le précédent, c’est la rage qui s’est installée, définitivement, alors qu’on les changeait encore de pays.


Elle ne sait plus à quel moment elle a cessé de croire au Centre. Elle ne sait même plus si elle y a vraiment cru un jour. Sûrement depuis qu’Aylan est parti, peut-être un peu avant, dans les murmures qu’ils se glissaient et les regards de peur qu’ils se lançaient. Ce n'était pas normal, ce qu'ils vivaient ; même si elle avait fini par s'y faire. Appuyer sur la détente était de plus en plus simple, et parfois de plus en plus satisfaisant.

Mais oui, c’est dur depuis qu’Aylan a été changé d’unité — tout le monde sait qu’il a été récupéré par Terrae grâce à Liz, mais ils font semblant pour qu’on leur casse pas les pieds. De toute manière, il lui manque tout pareil, où qu’il soit, et l’équipe est partie en couilles. Miguel les corrige au moindre manquement, Liz tremble de plus en plus d’effroi le soir et Lola a envie de fracasser Brad dès qu’elle voit sa gueule d’ange. Même elle ne se reconnaît plus. Ni dans ses crises de larmes, ni lorsqu’elle s’imagine se frayer un chemin hors de cette base militaire avec ses seuls poings.

Elle en tremble au fond d’elle : de ne pouvoir agir, de ne pouvoir partir, de ne pouvoir se sortir de là, comme un animal qui aimerait se débattre dans un piège qui s'est déjà refermé depuis longtemps. Alors elle échafaude, elle fantasme, elle imagine. Elle s’organise, avec l’aide de Liz et le peu de visions qu’elle parvient à avoir ; le regard fixe et droit, le menton haut, son souffle bloqué dans sa gorge, dans l’attente de ce moment qui, elle le sait, viendra bientôt. Alors ils pourront retrouver Aylan et, peut-être, le sommeil.

Ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’ils fassent sauter cet endroit.


Entretien chez le psy.

Mutisme sélectif, comportement inhibé. Possibles séquelles traumatiques. Accepte de me revoir, préfère le support papier ou utiliser la langue des signes. Refuse un interprète.




Codes du règlement.


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À propos de vous...

Vous êtes...? ^o^ : Aaron / Aria, encore oué. Pour ceux qui me connaissent pas trop : dans la vie je suis psy auprès d'ados, je vais sur les 27 ans l'an prochain, j'écris souvent en majuscules (déso), j'ai la mémoire d'un p'tit pois (ça veut dire de pas hésiter à me rappeler les trucs) et je me disperse beaucoup. Des fois j'suis admin ici-
Comment avez-vous découvert le forum ? : Bah.
Votre avis dessus ? : BAH.
J'suis désolée j'ai abusé à fond pour la taille de l'histoire, on ne m'arrêtait plus- J'ai beaucoup hésité à faire ce perso, vu mon peu d'activité des dernières années, mais c'est un personnage que j'ai imaginé en... 2016 je pense ? Et ça doit faire 5 ans au moins que j'me dis que j'aimerais la ramener sur Terrae ne serait-ce qu'en PNJ, donc ouaiiiis.
Je savais pas où l'écrire comme c'est du point de vue de la p'tiote et qu'elle en a rien à cirer (chaud) mais Aria c'est bien sa mère biologique du coup, bises.
##   Sam 17 Déc 2022 - 22:54
Huo Zhang

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Huo Zhang
Master Feu Lunaire
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Emploi/loisirs : Photographe, fouineur, emmerdeur
Humeur : Ca va, ça vient... Et quand ça vient, ça va très bien~

Omg omg omg tu le sais déjà mais Lola est incroyable et je l'aime et j'ai si hâte de faire un rp avec.
Et c'est jamais trop long à lire quand c'est si bien écrit et amené vraiment c'était génial ❤


Merci à Camil pour l'avatar ♥
##   Dim 18 Déc 2022 - 15:25
Hua Feng

Personnage ~
► Âge : 20
► Doubles-comptes ? : /
► Rencontres ♫♪ :
Hua Feng
Air au pouvoir solaire
Messages : 68
Date d'inscription : 24/11/2022
Age : 30

Wow, sacré présentation ! Et ça ne m'étonne pas si ça fait autant d'années que tu l'as en tête. :D Dire bienvenue est inutile du coup, mais bienvenue à Lola !
##   Dim 18 Déc 2022 - 17:57
Ariana Vicente

Personnage ~
► Âge : 30 ans
► Doubles-comptes ? : Aaron W, Aoi, Misao, Lola
► Rencontres ♫♪ :
Ariana Vicente
Etoile Eau Lunaire
Messages : 2508
Date d'inscription : 29/05/2015
Emploi/loisirs : Couturière, café maid, préfète des Morphes !
Humeur : YOLO !!!!!

Ohhhh merci vous deux ♥ Merci Hua ♥ Je me suis donné du mal aha, je suis contente qu'elle t'ait plu :pleading_face:


S'émerveille en #E7654D
##   Lun 19 Déc 2022 - 11:42
Mitsuki Hojitake

Personnage ~
► Âge : 30 ans (Apparence : 26 ans - Master)
► Doubles-comptes ? : Allen & Hideko
► Rencontres ♫♪ :
Mitsuki Hojitake
Master Tonnerre Lunaire
Messages : 4465
Date d'inscription : 23/01/2011
Emploi/loisirs : Surveillance & robotique
Humeur : EXCELLENTE !

Juste pour l'information, après la dernière chanson que tu as mise pour l'histoire, mon Youtube a enchaîné avec "I will survive" et j'me suis dit que c'était parfait pour Lola, pour sa fin au Centre et son arrivée à Terrae omg

Sinon MAMA cette fiche !!!!! Tu m'avais dit mille fois "Mais c'est looooooooong" mais en fait c'est aussi bieeeeeeeeeen. J'ai été prise dedans du début à la fin... Et j'ai juste eu tellement envie de faire un Allen/Lola (sans qu'il sache que c'est la fille d'Aria, ce serait encore mieux-) et un Mitsu/Lola quand t'as parlé de bricolage (faut que j'arrête de faire que des RPs comme ça avec elle, cela dit).

EN TOUT CAS JE L'AIME et j'suis si heureuse d'en apprendre plus sur elle comme ça, ça m'a tellement permise de la comprendre wallah

J'aurais aimé te valider tes codes mais bon tant pis

T'attends quand même ma validation officielle, alors ça m'va

ENJOY

(PS : J'l'ai tellement imaginée Air aussi parfois, avec sa capacité à se mettre en retrait, mais en même temps je l'imagine trop réviser à fond, et puis être toute douce là (enfin au début en tout cas bien sûr loul))

(PS² : Omg mtn c'est "Running up that hill" qui passe sur mon YouTube et juste WALLAH j'me suis littéralement fait le film de la tentative de fuite ratée de Brad et Lola, j'suis transportée)


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