Quelle galère. Entre mon job au bar, celui au club de science et mes cours que j'ai pu reprendre grâce à Misao (quel homme, merci à lui), je suis un peu sous l'eau. J'ai peur de perdre pied des fois. Mais bon, je suis hyper bien entouré, avec les filles. J'ai déjà émis l'idée que je devrais peut être passer à temps partiel, et justement, on a une espèce de réunion ce soir pour discuter un peu de l'avenir du bar.

Parce qu'on veut aussi se lancer dans la brasserie et l'exportation de bière. Et c'est un projet de DINGUE. On a commencé à regarder les normes et tout ces trucs et wah, C'est effectivement compliqué.

Du coup, aujourd'hui, avant l'ouverture on va discuter de tout ça. Je suis arrivé un peu plus tôt, j'ai arrosé les plantes, placer les narguiller, j'ai vite fait regarder les stock. Et je me pose sur le bar. C'est un vraiment un bel endroit. Ca me rend limite triste de passer en temps partiel, j'ai presque l'impression de trahir les meufs, et ce bar quoi. Il est juste trop bien.

Je suis prise d'un peu de nostalgie quand je me rappelle de tout ce qui est s'y passé. Les différentes fêtes, les soirées animés où on arrêtait pas de courir. Mon premier cocktail et LE FAIT QUE J'AI KEN SUR CE BAR.

J'y ai rencontré Camil, aussi.

Fin bref, j'attends les meufs. Et je crois aussi qu'on va employer quelqu'un d'autre, mais j'ai pas eu plus d'info là dessus.

__–Alors. Gros projets. J’ai sorti mon classeur plein de notes et de tableaux et de schémas et de formulaires des grands jours, là.
__–Quel bordel c’est, d’ouvrir une brasserie, les enfants, sans déconner. Un matin on se lève, on prend son petit café du matin, sa petite taffe, on dit bonjour à sa sœur, on caresse son chien, on prend une tartine, on se poste à moitié à poil devant la fenêtre à regarder les gens plus matinaux aller et venir devant l’Institut, on se dit qu’on ajouterait bien un peu de lait dans son café, on ouvre la porte du frigal, on prend une bouteille de bière qui gêne pour accéder à ce qu’il y a derrière, on se dit que, ce serait marrant ça, de la bière avec des céréales le matin au p’tit dej, on se dit que, quand-même, on ne va pas tomber si bas, puis là, paf.
__–La main invisible du marché, le monocle haut de forme des capitalistes, le gros dollar vert, ce que vous voulez, qui vous touche comme ça d’un coup et là paf, c’est l’illumination. Bière. Bière importée. Et si. On en. Exportait. Après tout, pour faire de la bière, il faut quoi ? Du feu, de l’eau, des plantes ? Est-ce que c’est pas, genre, littéralement la description de notre bar ?
__–Bon enfin, il s’avère que c’est un poil plus compliqué que ça, mais niquez pas mon enthousiasme, merde.
__–Puis je le sais, j’ai fait beaucoup de recherches. Je dois présenter le résultat aux filles aujourd’hui, avant l’ouverture.
__–Et apparemment, Katsuyo aurait un truc à nous annoncer, rapport à ses études, à un temps partiel, j’ai pas bien tout saisi, j’ai juste noté qu’il faudrait recruter du personnel et posté une annonce.

__–Bref, j’entre, avec ma canne, Bob au bout d’une laisse, tout content de revoir Katsuyo, mon gros classeur dans mon sac à dos. Hé ben. Ça fait plaisir d’entrer et tout est déjà prêt et nickel. Je lui fais coucou, lâche Bob, qui va gambader un peu dans la salle et pose mon sac sur le zinc.
__–« Salut Katsu ! Comment va ? Merci beaucoup d’avoir tout préparé, tu gères, pouah. Kaiko devrait pas tarder j’pense… »