Quelques vêtements étalés sur le sol, deux verres et une bouteille de whisky entamée sur la table, il n'a rien fallu de plus entre Pandora et Lloyd pour passer le temps depuis qu'il a frappé à la porte de l'appartement, deux heures plus tôt. Après l'insoutenable frustration de la séance de sport interrompue juste avant que les choses ne deviennent intéressantes, il aurait été miraculeux qu'ils en restent là, et l'australien n'a pas tardé à vouloir se rattraper de son départ précipité. Son initiation le matin même a servi de prétexte, quoi de mieux qu'une promotion à célébrer, et le gage qu'il devait encore donner à Pandora était le moyen parfait de se faire inviter chez la brune sans attendre que le hasard les fasse se rencontrer à nouveau.

Seulement la raison officielle de la venue du rouquin n'a pas eu le temps d'être abordée, ni l'un ni l'autre n'ayant trop envie de se perdre en discussions stériles tant qu'ils n'auraient pas d'abord rattrapé le temps perdu. Et même après ça, les échanges sérieux ont été réduits au minimum pour ne pas entraver la bonne marche de leurs rapports plus que chaleureux car à ce niveau-là, c'est certain, ils se sont bien trouvés. Lloyd ne se rappelle plus lequel des deux a voulu remettre le couvert en premier et même les détails de leurs ébats commencent à s'embrouiller, l'inconvénient de ne prendre des pauses que pour s'imbiber d'alcool fort. Cette fois au moins, il prend la peine de remettre caleçon et pantalon avant d'aller leur servir un verre à chacun et revenir vers le lit.

"Voilà pour toi... un petit remontant, pour patienter."

Il adresse un clin d'oeil complice à sa partenaire, mais il commence tout de même à accuser le coup. Ils n'ont pas arrêté et le pauvre bougre n'a toujours pas réussi à lui montrer son nouveau pouvoir, constamment vidé de toute forme d'énergie. A vrai dire, ce n'est de toute façon pas ce qu'elle a envie de voir, mais maintenant qu'ils ont fait tout l'itinéraire touristique ils pourraient peut-être s'autoriser quelques digressions. Avant de rejoindre Pandora sur les draps, le barman prend le temps d'aller récupérer son débardeur et lui tend en reprenant sa place, profitant du mouvement pour revenir poser la main à sa hanche.

"Je pourrais me faire à une chambre comme ça... tu m'as dit que celles des initiés sont plus petites, c'est ça ? J'aurais la mienne que demain, mais je me sens déjà à l'étroit."

Il laisse un sourire songeur s'installer sur ses lèvres, sans lâcher des yeux les prunelles bleues de Panpan. Il hésite à arriver là où il veut en venir, ne sachant trop comment la brune verra la chose.

"Tu crois que tu pourrais envisager de rentrer plusieurs fois avec le même rouquin, même si c'est contre tes principes ? Je ne me vexerais pas si tu refuses, je compte bien tirer le maximum de cette occasion unique dans tous les cas... mais tu es déjà au courant."

A vrai dire il ne sait pas trop ce qu'il demande, sans doute parce qu'il ne sait pas trop ce qu'il veut. Certainement pas de relation, mais quoi. Un plan cul ? Un endroit plus confortable à vivre que son futur studio minable, avec l'avantage non négligeable de pouvoir jouer collé-serré avec sa colocataire ? Il y a de ça... il se trompe peut-être sur sa prestation, mais gâcher une telle alchimie en s'arrêtant à une seule nuit de débauche relèverait du crime.

Allongée sur le lit, je reste un instant immobile, profitant encore des vagues de chaleur et de plaisir restantes de notre dernière étreinte. Lloyd se lève et se rhabille partiellement, aussi j'enfile mon shorty tout en l'observant nous servir un verre - il fait ça si bien ! Depuis qu'il a passé la porte de ma chambre, quelques heures plus tôt, nous n'avons rien fait d'autre que boire et tester le confort des différentes surfaces de la pièce - pour notre plus grand plaisir à tous les deux. Je me sens bien, j'ai la tête qui tourne légèrement, résultat du whisky mélangé aux efforts physiques répétés ; imbibée et joyeuse sans être ivre non plus, un état d'entre deux bien plaisant, qui invite à la conversation. Le temps de recharger un peu nos batteries, car si je me sens éreintée, j'imagine sans peine que le rouquin lui est complètement vidé - dans tous les sens du terme !

"Merci bien ! Au fait, tu veux manger un truc ? On peut commander, ou sinon j'ai des chips..."

J'attrape le verre qu'il me tend, et le pose sur la table de nuit le temps d'enfiler mon débardeur. Il n'est même pas encore 22h, et si on veut tenir la distance, il faudrait quand même penser à se remplir l'estomac ! Moi du moins, je ne sais pas si l'australien a eu le temps de manger avant de passer me voir... Mais personnellement, j'avais l'esprit fixé sur autre chose, donc je n'y ai même pas pensé, mais la faim se fait sentir à présent.

Lloyd reprend sa place sur le lit, proche de moi, posant sa main sur ma hanche tout en gardant son verre dans l'autre. Je bois une gorgée tout en hochant légèrement la tête à sa question. Ah, il n'a donc pas encore vu sa chambre ! Il va être déçu...

"La moitié de la taille de celle-ci environ... Peut-être un peu plus, mais c'est quand même nettement plus petit, oui. Il faut bien quelques avantages à prendre du gallon, quand même ! Mais j'ai survécu 3 ans dans ma petite chambre avant d'acquérir ce palace, donc tu devrais t'y habituer, ne t'en fais pas !"

Ou peut-être pas, en fait. J'avais à peine 22 ans quand je suis arrivée, et passer d'un minuscule appartement londonien à un studio ne m'a pas vraiment changé la vie. S'il était habitué à plus de confort, la transition risque d'être désagréable... Je sens un frisson me parcourir, il ne fait plus si chaud maintenant que nous sommes immobiles. D'un léger geste de la main, j'attire mon gilet qui flotte dans notre direction jusqu'à venir se poser sur mes jambes. S'il avait encore un doute sur mon affinité, ça devrait régler la question !

Sans lâcher mon regard, le rouquin me demande ensuite avec sérieux si j'envisagerais de le revoir, et un sourire en coin un peu trop large se dessine sur mes lèvres. On ne va pas se mentir, c'est un super coup, probablement l'un des meilleurs de ma vie - mais je ne vais quand même pas le lui avouer si facilement ! J'esquisse une légère moue, et réponds d'une voix faussement hésitante, faisant mine de ne pas céder trop facilement.

"Mmmh... Je pourrais éventuellement envisager de faire une entorse au règlement... Tu t'es montré plutôt convaincant dans tes arguments."

Je me redresse en position assise et pose une main sur son torse, que je laisse glisser lentement sur sa peau tout en rapprochant dangereusement mes lèvres des siennes. Je m'arrête dans mon mouvement, une pensée me traversant soudain l'esprit. Si on doit se revoir, il serait probablement de bon ton de mettre les choses au clair directement...

"Par contre... Qu'est ce que tu proposes exactement ? Je serais plus que ravie de passer du bon temps avec toi, mais... Hum, je suis... Je ne suis vraiment pas prête, disons, pour entamer quelque chose de sérieux pour le moment. Je préfère qu'on soit bien en phase là-dessus..."

Un jour, dans un futur indéterminé, que ce soit avec lui ou un autre, ou même une autre, oui. Je ne demande rien de mieux, même... Mais il s'agirait d'abord de remettre en ordre le gros bordel qu'est ma vie. Je commence seulement à accepter de me faire aider pour sortir la tête hors de l'eau, donc clairement, je suis émotionnellement instable et indisponible. Et je ne suis pas du genre à utiliser les gens non plus, je ne ferai pas de lui ma relation-pansement ! L'honnêteté, il n'y a que ça de vrai.

Une gorgée de liquide ambré, et Lloyd se sent tout de suite requinqué. La chaleur du whisky qu'il sent se distiller dans sa tuyauterie contraste parfaitement avec le coup de froid qui suit la fin de leur dernière étreinte, et à en juger par le niveau de la bouteille les chocs thermiques ont été nombreux. L'australien ne va pas s'en plaindre, loin de là, il ne cherchait pas mieux en s'invitant chez la brune que de mettre à l'épreuve de la réalité un certain nombre de ses fantasmes, et elle s'est montrée plus que coopérative dans l'exercice. Il en devient difficile d'imaginer autre chose quand il pose les yeux sur elle mais maintenant qu'il a posé la question qui pourrait décider de leurs futures rencontres, il veut savoir ce qu'elle en pense et se tient à carreaux en attendant la réponse.

Une chose est sûre, Pandora ne fera pas carrière dans l'immobilier. Elle lui vend tellement mal la chambre d'initié qu'il se demande si elle ne le fait pas exprès pour lui donner envie de passer la voir plus souvent. A moins qu'il ne garde que ce qu'il a envie d'entendre, ce qui n'est pas à écarter. En tout cas, passer trois ans dans un cagibi pour avoir enfin le droit à la chambre qu'il vient de découvrir, ce sera trop. Quand on s'est fait à un certain confort, on a tendance à ne pas vouloir faire un trop grand pas en arrière et même si Lloyd a très vite dit adieu à son ancien style de vie, il y a des limites qu'il n'a pas l'intention de franchir.

"Je suis pas sûr d'être aussi patient que toi, Panpan. J'ai besoin de place pour m'exprimer."

Il lui lâche un autre de ses sourires en coin, jamais à court de sous-entendu. Pourtant tout à l'heure, il lui a montré à maintes reprises qu'il pouvait très bien se débrouiller dans des périmètres réduits... mais bref. La brune fait son petit numéro pour récupérer son gilet, et Lloyd se souvient avoir abordé le sujet de son pouvoir, mais il était à ce moment là occupé à tout autre chose et n'a pas vraiment écouté ce qu'elle lui a dit sur le moment. Au moins cette fois il retiendra, c'est une Air. En retenant un rire, le rouquin comprend mieux la performance du gymnase, mais aussi la tendance de son amante du soir à s'exprimer vocalement.

Sa réflexion s'arrête cependant dès l'instant où Pandora reprend la parole pour donner son verdict. Le grand sourire qu'elle cache ensuite sous un air songeur trahit un peu trop vite l'intérêt qu'elle porte au barman, mais il la laisse tout de même poursuivre son petit jeu en se contentant de balader sa main le long du shorty. Son mouvement se stoppe lorsqu'elle s'assoit et s'apprête à l'embrasser, mais elle s'arrête juste avant que leurs bouches ne s'unissent et elle devient soudain plus sérieuse. C'est bien la première fois ce soir que Lloyd la voit résister à la moindre de ses envies, mais il comprend pourquoi en l'écoutant. C'est vrai qu'après coup, il se rend bien compte qu'il n'a pas été très clair et elle fait bien de remettre les choses à plat.

"Qui a parlé de sérieux ? Ce que je t'ai dit quand on s'est vus au bar la première fois est toujours valable, je ne suis pas au top en ce moment, loin de là. J'ai des choses à régler avant de songer à entraîner quelqu'un avec moi, tu vois. Donc..."

Un léger silence s'installe, il ne sait pas vraiment ce qu'il veut dire. Si, il le sait, mais pour une fois avec Pandora, ça a du mal à sortir.

"Je crois que ce que je propose, c'est une coloc avec certains avantages. Je vais forcément péter un plomb dans mon placard à balai, et pas besoin d'être devin pour savoir que tu préfères éviter de dormir seule. Autant se tenir compagnie quand on a besoin, tant qu'on s'entend aussi bien sous la couette... Pas de sentiments, juste deux adultes qui trompent la solitude de la meilleure façon possible. T'en penses quoi ?"

Il ne voulait pas donner l'impression de s'imposer, mais il ne croit pas non plus se tromper en pensant qu'elle ne sera pas contre. Il faut juste espérer qu'elle n'ait pas épuisé tous ses "oui" quand elle était penchée sur la table, deux orgasmes plus tôt, et qu'il se soit montré à la hauteur pour mériter de l'entendre à nouveau.

"Oh, et je crève de faim, je valide la commande de bouffe !"

Je laisse échapper un léger rire à la remarque de Lloyd, qui n'a visiblement pas hâte de découvrir son nouveau chez lui. Non mais j'ai mal vendu le truc, mais c'est pas non plus si dramatique que ça !

"Mais t'inquiète, il m'a fallu 3 ans pour passer Etoile, mais c'est parce que je suis lente aussi ! Ca ira peut-être plus vite pour toi..."

J'me suis laissé vivre et j'ai stagné pendant un bon moment, mais il me semble que la plupart de mes connaissances ont passé l'étape un peu plus rapidement. Je ne sais pas trop s'il y a une moyenne d'ailleurs, ça dépend beaucoup d'une personne à l'autre, et surtout de l'élément déclencheur...

La conversation prend soudain un ton un peu plus sérieux lorsque le rouquin me propose de se revoir. C'est clairement tentant, mais je ne voudrais pas qu'il se fasse de fausses idées sur les termes de notre... "Non relation" on va dire. Il semblerait toutefois qu'on soit sur la même longueur d'ondes, et que je ne sois pas la seule de nous deux à avoir des choses à régler avec moi-même. En même temps, il est arrivé récemment donc ce n'est pas si étonnant... Je suis quand même légèrement surprise et hausse un sourcil quand il aborde le sujet d'une potentielle colocation ; ah oui, il n'y va pas par quatre chemins lui !

Je recule mon visage et le scrute un long moment en silence, buvant une gorgée de whisky sans le lâcher des yeux. Je me mords encore les doigts d'avoir refusé la proposition d'Allen, quelques semaines plus tôt, même si je suis toujours convaincue que c'était la bonne décision. Une seconde offre du même acabit en si peu de temps, c'est inespéré ! Et Lloyd, lui, il est totalement détaché de ma vie, de mes problèmes, donc il y a beaucoup moins de risques que je m'accroche à lui comme à une bouée de sauvetage. Sans compter le fait qu'on travaille en horaires décalés, donc j'aurai encore mon temps libre. Et puis on ne va pas se mentir, les avantages en nature ne sont pas négligeables non plus. Les yeux toujours plantés dans les siens et l'air sérieux, je finis par reprendre la parole.

"T'es pas le seul à avoir des choses à régler en ce moment, donc voilà y'a des jours où je suis déprimée et pas marrante, t'es prévenu. J'dors assez mal aussi, je fais beaucoup de cauchemars et j'ai des insomnies, du coup j'espère que t'as le sommeil lourd... Je déteste qu'on se mêle de ma vie privée sans y avoir été invité. J'suis bordélique et j'aime pas faire la vaisselle. Je joue de la musique, beaucoup. Genre, vraiment beaucoup en fait. J'fume un joint avant de me coucher quasi tous les soirs. Et... C'est déjà pas mal. Si tu penses que tu peux supporter ça, alors ça marche."

Je tends la main vers lui pour sceller notre accord de façon officielle. Eh ben on va encore avoir autre chose à fêter ce soir on dirait ! Mais d'abord, la bouffe... Je me lève pour me rendre à mon bureau, où une pile de dépliants traîne au milieu d'autres papiers. Revenant vers le lit, je les tends au barman avec un sourire. Il y a un peu de tout, l'avantage d'être au centre de Tokyo c'est qu'on trouve autant de cuisine européenne qu'asiatique !

"Tiens, j'te laisse choisir ! Traîne pas, j'ai vraiment la dalle... Sinon, c'est toi que j'vais devoir bouffer !"

... Encore. Je lui envoie un clin d'oeil lourd de sens avant de me coller contre son dos, jetant un oeil aux flyers par-dessus son épaule. Non mais en vérité, je ne commande pas si souvent que ça donc je ne connais pas les menus par coeur hein !

Tout en continuant de siroter distraitement son whisky, Lloyd peut presque voir les rouages s'actionner dans le cerveau de Pandora à mesure qu'elle réfléchit à sa proposition. Son expression change plusieurs fois sans qu'il y arrive à y lire quoi que ce soit, si ce n'est la réalisation tardive qu'il aime beaucoup ses yeux bleus. Jusqu'à présent, ce n'est pas sur son visage qu'elle essayait d'attirer son regard et il s'était facilement laissé emporter à ne remarquer que ses atouts les plus évidents, mais force est de constater qu'elle est diablement jolie en plus d'être bien faite. Enfin, le temps n'est pas à l'admiration, et le rouquin repose son verre désormais vide sur la table de nuit alors que la brune arrive finalement à une conclusion.

Mais avant qu'elle ne rende son verdict, elle prend le temps au préalable de dresser une liste exhaustive de tous ses travers en tant que colocataire, et l'australien ne peut empêcher un sourire grandissant de s'installer à ses lèvres. Il a du mal à tout suivre, déjà occupé à se demander si tout ça posera un quelconque problème au quotidien et réfléchissant sans le vouloir à ses propres défauts, mais il note surtout qu'à aucun moment elle ne refuse sa présence, ce qui est plus qu'encourageant pour la suite. Au final, elle lui remet la décision sur les bras, ce qui va l'obliger à faire un speech à son tour qu'il n'a pas du tout eu le temps de bien préparer, mais il sait par où commencer et ce qu'il ne doit surtout pas dire, alors il se lance sans la quitter des yeux.

"Il me semble que tu bosses la journée, non ?"

Il attend la confirmation de Pandora qui ne tarde pas, avant de reprendre sur le ton de la conversation.

"Je crois que ça va déjà régler pas mal de problèmes. Je passe mes soirées au bar, tu auras donc tout le temps de jouer de la musique pendant que je bosse, quand tu ne viens pas vider mes bonnes bouteilles. Ca veut dire aussi que je peux dormir la journée, si tu es vraiment perturbée à ce point. On aura peut-être un souci avec la vaisselle, parce que j'en fais assez au bar pour pas vouloir en rajouter derrière, mais si c'est le seul point de discorde on devrait quand même être assez intelligents pour trouver une solution. J'oublie quelque chose ?... Ah oui, pour ce qui est de tes humeurs et de ton sommeil, tout l'intérêt est justement que ma présence t'aide un tant soit peu à surmonter ça, et je suis persuadé de pouvoir te faire passer de bonnes nuits si j'y mets du mien. On verra déjà ce que ça donne tout à l'heure, si on décide de faire une pause."

Son sourire s'est fait plus malicieux sur les dernières phrases, en évoquant les inévitables corps-à-corps qui seront compris dans le loyer, et il serre finalement la main tendue de Pandora. Voilà une bonne chose de faite, non seulement il n'aura pas à subir la cellule de prison de l'initié, mais en plus il sait qu'il pourra passer du bon temps en compagnie de la brune. Et maintenant que la décision est prise, il a tout loisir de la regarder se lever et aller chercher des prospectus sans rater une miette de son déhanché envoûtant. A petite dose, parce qu'il faudra quand même tenir jusqu'à ce que la bouffe arrive sans lui sauter dessus encore une fois. Lloyd récupère la poignée de flyers mais il relève la tête en entendant les paroles de Pandora. Elle ne s'arrête jamais de faire des allusions, et il n'est jamais à court de répartie.

"Mais je suis pas contre Panpan, c'est toi qui veut pas avaler..."

Le rouquin se met à rire à sa propre blague, avant de jeter un coup d'oeil plus sérieux aux choix qui s'offrent à eux. Il faut quelque chose qu'ils puissent manger au lit, et qui puisse à peu près se manger froid... pour ça, il a déjà une préférence.

"Pizza, ça te va ? C'est pratique, et ça nous tiendra jusqu'à demain matin. Si tu m'as pas épuisé avant, et là dessus je promets rien."

En faisant mine de chercher son téléphone pour appeler le restaurant élu, Lloyd pose la main derrière lui sur la cuisse de Pandora et l'y laisse faire sa vie, appréciant de la sentir aussi proche dans son dos. Ne pas recommencer avant la commande va se révéler plus difficile que prévu, l'australien va devoir déployer des trésors de volonté pour ne pas succomber. Aussi il finit par se relever pour passer son coup de fil, loin de la tentation constante, et ne tarde pas à raccrocher après avoir commandé une reine et une quatre fromages. Autant faire classique, l'important étant surtout de reprendre des forces. Puis il fixe à nouveau son regard sur sa partenaire, les mains sur les hanches.

"Bon, ça arrive dans trente minutes... Tu veux faire quoi, en attendant ?"

Au moins si elle lui dit qu'elle veut réviser ses gammes encore une fois, ce ne sera pas lui le responsable de leur débauche. Même s'il y participera de très bon cœur et avec toute l'intensité dont il est encore capable.

Après avoir prononcé ma sentence, le rouquin semble réfléchir quelques instants tout en pondérant mes mots. Je hoche la tête à sa question, c'est vrai que je connais son job mais on n'a pas encore parlé du mien il me semble.

"Oui effectivement, je bosse à la boutique de fringues..."

Ce qui implique non seulement que nos horaires sont décalés, mais aussi que nos jours de repos ne seront pas souvent les mêmes - enfin, les miens varient d'une semaine à l'autre, mais je ne travaille jamais le dimanche alors que lui si. Plus j'y pense, et plus je me dis que ça peut vraiment marcher en fait. Une présence réconfortante mais pas trop encombrante. L'assurance de ne pas me réveiller seule le matin, sans pour autant devoir rendre des comptes à qui que ce soit. Et des parties de jambes en l'air enflammées en veux-tu en voilà ! Mon sourire s'allonge alors que Lloyd serre finalement ma main, scellant notre colocation.

"S'il y a bien une chose sur laquelle je n'ai aucun doute, c'est que mes nuits dans tes bras seront bonnes... Du moins, avant que je ne m'endorme, pour le reste on verra bien ! Je te promets de ne pas jouer de guitare au saut du lit, et je peux même faire un compromis sur la vaisselle si j'y gagne quelques verres à l'oeil quand je viens te voir au bar... Aucun travers de ton côté ? J'aurais du mal à y croire."

Je pourrai survivre s'il laisse traîner ses chaussettes ou cuisine comme un pied. Tant qu'il ne m'annonce pas être fan de Mariah Carey ou posséder un élevage de tarentules, ça devrait aller... Je me lève ensuite pour aller chercher les prospectus, incapable de retenir un petit sous-entendu adressé au rouquin, qui ne me manque pas d'attraper la perche. Une fois de retour contre son dos, je laisse mes mains glisser vers son entrejambe tout en l'embrassant dans le cou.

"Mmh mais non, c'est toi qui ne m'a pas encore laissé y goûter !"

La main du barman se retrouve rapidement sur ma cuisse, mais avant que les choses n'aient le temps de déraper, il décide de se lever pour s'éloigner de moi. Sage décision, sinon on ne mangera jamais - et j'étais sérieuse en disant que je meurs de faim ! Je hoche la tête à sa proposition de commander des pizzas, et un sourire s'étire sur mes lèvres lorsqu'il passe le coup de fil et opte pour une reine et une quatre fromages - ma préférée, sans même avoir eu besoin de me consulter, si ce n'est pas un signe ça !

Mon regard glisse sur le corps de mon amant alors qu'il prend la pose, et je me mords la lèvre de façon suggestive, un éclat qu'il doit déjà bien reconnaître au fond des yeux. Ce mec, c'est la tentation incarnée, ou du moins ma tentation personnelle incarnée ! Mais je m'en voudrais te ternir cette soirée jusqu'ici parfaite avec un duo en-deçà de nos précédentes performances. Non, il faut vraiment qu'on se sustente avant de penser à remettre le couvert ! Je me dirige à regrets vers ma garde-robe, attrapant un pantalon de jogging et un t-shirt XL que j'utilise généralement pour dormir, et lui lance ce dernier.

"Tiens, enfile ça va, ou sinon on ne va jamais réussir à se retenir !"

Enfin, moi du moins. J'en profite pour passer le pantalon, cachant mes jambes à sa vue, diminuant encore un peu le potentiel de dérapage de la prochaine demi-heure. Une fois ainsi couverts, je me rapproche finalement de lui avec un sourire taquin sur le visage. Comment passer le temps autrement, mmh ?

"Je te propose une petite variation du classique "apprendre en s'amusant" ; à savoir "apprendre à connaître son coloc en s'amusant avec ses pouvoirs". J'vais te donner des petits défis simples en relation avec ton affinité, pour t'entraîner un peu. Si tu réussis, tu peux me poser n'importe quelle question, mais si tu rates c'est à moi que revient le privilège, ça marche ? Et en prime si tu es bon joueur, je te promets une démonstration de mes pouvoirs digne des X-Men à la fin !"

Il faut bien l'admettre, Lloyd prend le plus grand plaisir à être dévoré de la sorte par le regard intense de son amante. Se savoir l'objet du désir d'une femme aussi sexy qu'elle, et l'être encore après être déjà passés à l'acte maintes fois a quelque chose d'extrêmement rassurant quand à son image. Un boost d'ego est toujours bon à prendre, surtout quand est globalement en manque d'estime de soi, et Lloyd devine à l'éclat de malice présent dans les yeux bleus que Pandora est toute aussi prête que lui à repartir pour un tour. Si le livreur traîne, le rouquin devra se forcer à garder ses distances le plus possible pour éviter toute rechute.

Et justement, la brune lui tend un t-shirt des moins érotiques pour se couvrir, signe qu'elle retrouve aussi un semblant de raison. A en juger par la taille Lloyd parierait sur un vêtement oublié par une précédente conquête, mais il ne s'en formalise pas outre mesure, il savait dans quoi et chez qui il s'engageait. Reste à espérer que les proies ne se succèdent pas autant qu'elle lui a laissé penser, sinon son sommeil risquerait de s'en trouver grandement troublé. Le plus simple est encore de lui laisser une assez bonne impression pour qu'elle préfère sa présence plutôt que celle du premier venu. D'ailleurs, il n'oublie pas qu'avant de vouloir jouer avec ses pouvoirs Pandora lui a plus ou moins demandé ses propres défauts, ou du moins les manies agaçantes qui pourraient entraver la bonne marche de leur petit arrangement.

"Merci pour le t-shirt, même si c'est plus pour toi que pour moi. Avant que tu me décortiques comme un cobaye, je dois quand même te prévenir. Je passe beaucoup de temps sur mon ordi, déformation professionnelle, je ne suis pas non plus toujours un rayon de soleil même si je crois qu'on n'aura pas de mal à se rendre... plus joyeux, on va dire. Oh, je passe l'aspi sans problème, mais je déteste la serpillère ! Et il m'arrive de passer un temps fou sous la douche, même seul."

Rester sage, ça ne veut pas non plus dire qu'il faut laisser tomber toutes les allusions graveleuses, et en l'occurrence ils n'ont pas encore essayé le carrelage de la salle de bains, un manquement que Lloyd compte bien rattraper dès qu'il aura mangé à sa faim. Mais pour le moment, sa partenaire a de quoi les occuper en attendant les pizzas, et même si Lloyd a d'abord cru qu'il devrait encore accomplir des gages plus osés les uns que les autres, il ne s'agit là que d'en apprendre plus sur l'autre. Vu ce qu'il lui reste d'énergie après toutes ces galipettes, il craint tout de même que la brune ne connaisse toute sa vie rapidement.

"Ok, ça me va...et me demande pas des trucs trop compliqués, si tu veux tes verres gratuits."

Il lui adresse un clin d'oeil, résistant à l'envie de passer la main autour de sa taille pour l'attirer contre lui. Il en faudrait peu pour qu'il ne la déshabille aussi vite qu'elle s'était couverte.

"Alors, on commence par quoi ? Je suis prêt !"

Une fois totalement rhabillés, et les pizzas commandées, Lloyd revient sur le sujet des petites manies agaçantes. Un sourire en coin se dessine sur mes lèvres lorsqu'il mentionne que le t-shirt est plus pour moi que pour lui, il n'a pas tort... Je hoche ensuite la tête alors qu'il liste ses petits défauts, qui me semblent tout à fait supportables.

"Tu passes autant de temps que tu veux sur ton ordi, je ne vais pas me plaindre d'avoir le contrôle de la télé ! Pareil pour la douche hein, tant que tu me laisses te rejoindre de temps en temps..."

Je lui lance un clin d'oeil entendu, avant de penser à un détail important ; l'intimité. Oui parce que bon, je suis prête à partager plein de trucs, mais pas tout quand même !

"En parlant de douche... Y'a pas de verrou sur la porte de la salle de bain. On va dire que porte entrouverte c'est bon, porte fermée ne pas déranger ?"

Je n'ai jamais vécu en coloc en fait - à part dans les dortoirs à mon arrivée à Terrae, mais c'était il y a longtemps et ça n'a pas duré - aussi je ne suis pas trop sûre des règles à adopter pour que les choses se passent bien. Je suppose qu'on le découvrira au fur et à mesure, mais... Mmhh.

"Allez, juste une dernière chose avant le début des hostilités ! Je ne sais pas si c'est utile de le préciser, mais dans le doute... Tu découches quand tu veux, moi pareil. A la rigueur un p'tit message histoire d'éviter de s'inquiéter pour rien... Mais par contre, ici ça reste chez moi quand même, donc j'préfère que tu évites d'y ramener tes conquêtes. Je ne le ferai pas non plus évidemment..."

Respect de base ! Même s'il n'est pas mon mec, je ne vais quand même pas m'envoyer en l'air avec quelqu'un d'autre dans ces draps qui vont bien vite prendre son odeur. De toute façon, tout le monde a sa propre chambre à Terrae, donc ça ne devrait pas poser de problème ! Une fois les précisions faites, je plaque mes mains l'une contre l'autre avant de les frotter avec un sourire malicieux.

"On va commencer facile ; fais-moi voir une jolie étincelle !"

Je lui laisse le temps de se concentrer... Une minute... Deux minutes... Ok, bon, on dirait que ça ne vient pas. Ca commence mal, c'était super facile ça quand même ! J'esquisse une petite moue avant de reprendre la parole.

"Boooon, on va dire que c'était le coup d'essai hein ! Question facile parce que je suis fair-play ; mais t'as quel âge au fait ? Parce que tu ne me l'as jamais dit !"

Alors que lui sait que je viens d'avoir 26 ans, donc ça me semble la moindre des choses d'être à égalité, hein ! Je m'assieds sur la table et tire une chaise pour y poser mes pieds avant de croiser les bras sur ma poitrine.

"Bon, ce coup-ci on joue pour une vraie info ! Bois un coup, fais le vide dans ta tête, et essaye encore, juste une petite étincelle !"

Bien, Lloyd et Pandora sont sur la même longueur d'onde en ce qui concerne les écrans et la douche, c'est déjà un bon début. Tout ça promet des soirées tranquille et des matinées enflammées, les jours où leurs horaires leur permettront de se croiser un minimum. Par contre l'absence de verrou fait tiquer le rouquin, il ne s'attendait pas à ce genre de détail, mais il acquiesce avec un sourire à la solution de la brune. L'avantage d'aborder ça maintenant, c'est que la demie-seconde où il s'est imaginé un scénario gênant a suffi à refroidir un peu ses ardeurs, un exploit à ne pas négliger en ces temps troublés.

Apparemment, la nouvelle colocataire de Lloyd a encore quelques petites inquiétudes à soulever avant de se mettre au jeu, puisqu'au lieu de lui dire quoi faire elle enchaîne plutôt sur le chapitre des coucheries qu'il pourrait avoir. Et de celles qu'elle aura sûrement, puisqu'il serait étonnant qu'un homme seul suffise à étancher ses pulsions débordantes... elle a quand même l'air de surestimer les besoins de l'australien en la matière, ou de sous-estimer la faiblesse de sa volonté quand il s'agit d'elle. Toujours est-il qu'il n'aura aucun mal à la rassurer à ce niveau là, d'autant qu'il a déjà une idée à lui soumettre pour que tous deux se facilitent grandement la vie.

"Alors effectivement c'est chez toi, mais quitte à te voir les quatre fers en l'air, j'aime autant que ce soit moi derrière. De toute façon t'auras pas envie que je t'interrompe en rentrant du taf. Par contre t'as pas à t'inquiéter, à moins qu'on finisse par s'ennuyer tous les deux, je crois pas que j'aurais besoin d'aller voir ailleurs très souvent... j'ai franchement pas une libido débridée en temps normal, là c'est un cas de force majeure. Dans tous les cas il y a ma chambre d'initié pas loin avec un lit et des draps propres, je propose qu'on s'en serve en cas de besoin, j'avais pas prévu de la louer de toute façon. Je laisserais les clés ici."

C'est une solution comme une autre, un baisodrome privé pour faire ses petites affaires, et s'ils sont un minimum respectueux il n'y a pas de raison que ça se passe mal. Mais trêve de palabres, il est grand temps de commencer ce fameux jeu, à vrai dire Lloyd est assez impatient de tester ses pouvoirs un peu plus qu'il n'en a eu l'occasion jusqu'à maintenant. Pour ne pas avoir l'air trop ridicule en se concentrant comme un forcené, il préfère aller s'asseoir sur une chaise et attend sagement la première, qui ne tarde pas à être énoncée par son hôte.

"Bon, ça, je devrais y arriver..."

Il a eu le temps de souffler un peu, et la tâche semble facile, aucune raison qu'il se plante. Sauf qu'il a beau essayer de rassembler tout ce qu'il peut d'énergie au bout de son doigt, tendu de façon tout à fait grotesque devant son visage, rien ne sort. Pas la moindre petite étincelle, et le temps passe dangereusement... elle lui a vraiment fait la totale, pour qu'il soit à ce point incapable de produire le plus minime des résultats. Il a Pandora dans son champ de vision, il sait quelles courbes se cachent sous les vêtements amples, c'est sans doute ça qui le déstabilise... c'est en tout cas cette excuse là qu'il prévoit d'utiliser, parce que là c'est clairement la honte.

"Merde, ça veut pas... je te jure que c'est la première fois que ça m'arrive."

Sa propre blague le fait rire, et la sentence ne l'inquiète pas trop. Il a beaucoup moins de mal à parler de lui qu'à se mettre à poil dans un lieu public, comme... n'importe qui, en fait. La question qui suit lui tire un nouveau sourire, visiblement la brune n'a toujours pas digéré qu'il récupère quelques précieuses informations par hasard et veut rattraper son retard.

"J'ai trente ans, voilà ta curiosité satisfaite. Et si tu veux tout savoir, j'allais parfaitement bien avant ça, enfin aussi bien qu'on peut aller quand on est dans sa routine, mais dès l'instant où j'ai passé la barre fatidique, j'ai eu l'impression que tout était à refaire, qu'il me manquait trop de choses... et maintenant me voilà ici."

Elle doit être contente, elle en a obtenu bien plus que ce qu'elle voulait. Ce qui ne l'empêche pas de lui redemander la même foutue étincelle, et Lloyd se remet en position de concentration. Boire un coup ne l'aidera sûrement pas à avoir l'esprit plus clair, et la position de Pandora non plus à vrai dire.

"Si tu veux que j'y arrive, je vais te demander de pas serrer les bras sous ta poitrine comme ça, parce que ça me donne envie de plein de choses, mais pas d'utiliser mon pouvoir. Les mains le long du corps, et tu restes sage !"

Encore un petit rire, qui laisse rapidement place à une grimace concentrée. Allez, cette fois c'est la bonne, il sait le faire, il l'a déjà fait plein de fois, il suffit de... non, ça veut pas. Qu'est-ce que cette sorcière lui a fait, à la fin ? Et ces pizzas, elles arrivent ?

"Je comprends pas, ça marchait très bien tout à l'heure... ne t'approche plus de moi, succube, et pose ta question !"

Avec les gros yeux et l'air fâché, peut-être qu'il aura un peu plus de crédibilité que quand il essaie de jouer aux Watchmen.

Je donne les dernières précisions qui me viennent en tête pour tenter de commencer notre colocation sur des bonnes bases, et Lloyd embraye avec une réponse qui me fait hausser un sourcil dubitatif, croisant les bras en le regardant de haut en bas, un sourire en coin sur les lèvres.

"Ah oui, t'as clairement l'air d'avoir la libido dans les chaussettes, j'ai bien vu ça tout à l'heure..."

Mais ma foi, s'il se contente de nos nuits torrides, je ne vais pas non plus le forcer à aller voir ailleurs hein ! Même si je trouve ça un peu bizarre ; vivre avec une personne et ne s'envoyer en l'air qu'avec elle, ça commence à ressembler beaucoup à un couple, non ? Enfin, c'est son problème, moi en tout cas je ne vais pas me gêner si l'occasion se présente, et avoir une chambre à disposition peut s'avérer utile.

"D'accord, ça me va ! Allez, c'est bon avec les discussions reloues là, fais-moi voir ce dont t'es capable plutôt !!"

Je lui demande une simple étincelle pour commencer, et malgré la confiance qu'affiche le rouquin dans un premier temps, il semblerait... que rien ne vienne. J'esquisse un sourire amusé face à ses excuses mais me retiens de l'accompagner de moqueries, je ne voudrais pas qu'il se vexe quand même ! Je me contente d'une question simple, à laquelle je reçois une réponse... compliquée. Je le regarde en silence un moment, surprise de cette révélation inattendue sur la cause de son Vide, avant de retrouver mon sourire et poursuivre la conversation par une phrase un peu bateau pour alléger l'atmosphère.

"T'es plutôt bien conservé pour un vieux..."

Je lui envoie un clin d'oeil avant de m'asseoir sur la table, réitérant la même demande de voir une étincelle. Ca ne sert à rien d'aller plus loin s'il n'est même pas capable d'en produire une, c'est la base de la base quand même ! Avec un léger rire face aux mots du barman, je décroise mes bras et pose mes mains sur la table, de part et d'autre de mes fesses. Je le laisse se concentrer, observant le bout de son doigt... mais toujours rien ne se passe. Décidément, c'est difficile on dirait ! Un nouvel éclat de rire m'échappe à sa réaction d'une grande maturité, et je lève les bras devant moi d'un air innocent.

"C'est pas moi, j'ai rien fait j'te jure !! Bon alors, une question... Tu dis que tu as réalisé qu'il te manquait trop de choses... Mais après quoi tu cours ? L'argent, le pouvoir, l'amour ?"

Je balance les trois premiers clichés qui me viennent en tête, même si j'imagine bien que la réponse sera beaucoup plus complexe que ça. Je me demande souvent ce qui motive les autres à se lever tous les matins, leur moteur dans la vie... S'ils sont comme moi, à courir après quelque chose sans vraiment savoir quoi, ou s'ils ont un réel but.

"Bon, on n'ira pas loin si tu ne sais même pas faire une étincelle... Je m'approche, mais c'est pour t'aider ok, rien de fourbe ! Lève-toi, et ferme les yeux."

Je me lève de la table et passe derrière son dos, résistant à l'envie de me coller contre lui pour poser mes mains sagement sur ses épaules. J'approche mon visage du creux de son cou pour lui murmurer doucement à l'oreille.

"Détends-toi, relâche tes épaules... Voilà, c'est mieux. Garde les yeux fermés et essaye de visualiser ton pouvoir. Donne-lui la forme que tu veux, quelque chose qui aie du sens pour toi. Maintenant, imagine-le parcourir tes veines, ressens-le sur ta peau, partout autour de toi... C'est une extension de toi à présent, dont tu peux prendre possession à ta guise."

Je fais courir mes doigts doucement le long de ses bras à mesure que mes mots se déversent en murmures apaisants, espérant que les frissons qui parcourent sa peau l'aideront à ressentir l'électricité statique qui l'entoure. J'ai vraiment très envie qu'il prenne possession de moi plutôt que de son pouvoir, mais ce n'est pas le moment là, pas avant d'avoir vu une fichue étincelle...

"AAHHH ben voilààà ! On dirait presque que je suis une bonne prof ! Allez, t'as mérité de me poser une question... Et pour le prochain défi, on va tester un peu la téléportation hein ! Pas d'objectif particulier, essaye juste de te téléporter n'importe où dans la chambre..."

Je suis super sympa avec mes défis quand même, mais franchement je sais que la maîtrise des pouvoirs peut être compliquée au début, et je ne veux pas le dégouter ou le braquer d'entrée de jeu...

Les déboires de Lloyd ont tôt fait de lui attirer les rires de la brune, mais il ne se vexe pas pour autant. C'est sans doute sa réaction faussement outrée qui a fait le travail plus que son manque de réussite, et quand bien même elle se serait réellement moquée de lui ce ne sont pas ses performances en matières de pouvoir qui l'intéressent. Tant qu'elle ne trouvera rien à redire à sa façon de la combler, si ce n'est en redemander, il conservera tout son amour propre. Et puis les Masters l'avaient prévenu, il y aurait des phases au début où il ne contrôlerait absolument rien, surtout dans un tel état de fatigue. Par contre, si Pandora avait gardé une certaine retenue sur sa première question, la deuxième rentre tout de suite dans le vif du sujet et laisse l'australien un peu perplexe.

"Grande question, Panpan... je crois que j'ai accepté de venir ici pour le découvrir, voir s'il y a un sens caché qui m'a échappé pendant trente ans ou si je me suis juste perdu en route. Je me suis fait assez d'argent pour vieillir sereinement, je ne recherchais pas spécialement le pouvoir... quant à l'amour, je n'ai pas pris le temps de me demander si ça changerait quelque chose. Rassure toi, c'est pas prévu au programme, même si tes pipes me rendent tout chose."

Il ne peut s'empêcher de lui décocher un sourire des plus aguicheurs, mais ce n'est pas en pensant à ça qu'il va pouvoir sortir la moindre étincelle, alors il chasse cette envie aussi vite qu'elle est venue. De toute manière, Pandora semble décidée à l'aider pour que le jeu ne devienne pas une simple séance de thérapie à sens unique, et le barman est tout prêt à se laisser faire si cela peut l'aider à progresser. Il ne s'était pas vraiment imaginé comme un héros de Comics, à vouloir à tout prix maîtriser son nouveau don, mais maintenant qu'il le possède il aimerait bien que ce ne soit pas juste une ligne de plus sur son CV de mutant. Qui sait, il pourrait finir par lui trouver des utilisations plus érotiques pour que Panpan ne se lasse pas.

"Ok, je me laisse faire."

Pourquoi l'ambiance devient-elle aussi électrique quand elle s'approche, alors qu'ils font tout pour ne pas se chauffer l'un l'autre. Lloyd obéit à la consigne, repoussant sa chaise en arrière pour laisser la place à la brune de le manipuler comme elle le souhaite. Une inversion des rôles après l'entraînement d'Ultimate qui ne manque pas de le faire sourire, même s'il espère qu'elle se montrera moins tactile qu'il l'avait été à ce moment là. La frontière entre la bienséance et Pandora nue sur la table reste infime, quoi qu'ils fassent...

Etrangement, les mots de son amante glissés à son oreille l'apaisent au lieu de l'émoustiller, tout comme sa façon de lui toucher les bras comme si elle tentait de faire circuler l'énergie en lui... et ça fonctionne. Une boule d'énergie statique logée dans son coeur s'impose à son esprit, d'abord traversée d'éclairs déchaînés puis plus tranquille à mesure qu'elle lui parle, avant qu'il ne la sente se déliter pour s'insinuer dans tout son corps. Ce n'est plus du sang qui parcourt ses veines mais ce rayonnement liquide, et lorsqu'il parvient enfin à ses extrémités des étincelles jaillissent des doigts du rouquin avant même qu'il n'ait ouvert les yeux pour observer le résultat.

"Wow, ça c'était une expérience... j'admets, tu es une excellente maîtresse. Je sens qu'on va bien s'amuser, tous les deux, quel que soit le domaine. Par contre, ta question va attendre un peu..."

Elle lui a déjà proposé son prochain défi et Lloyd veut battre le fer tant qu'il est chaud, histoire de ne pas retomber dans le ridicule juste après avoir réussi la première étape.

"Je visualise encore le truc, je veux essayer maintenant... j'ai pas encore réussi la téléportation depuis l'initiation."

Une petite grimace de déception apparaît sur le visage du rouquin, vite remplacée par une mine résolument concentrée, les yeux fermés pour ne pas être perturbé par Pandora... la boule d'énergie, la circulation... mais cette fois il essaie de tout garder au centre, d'en retenir un maximum pour créer une sorte trop-plein jusqu'à avoir l'impression que tout va exploser. Il se sent presque partir, mais une douleur intense au niveau du front le fait brusquement revenir à la réalité. Juste avant le déclic, il a pensé un millième de seconde à Pandora sous un jet d'eau, et il n'est presque pas surpris en rouvrant les yeux de constater qu'il est dans la douche de l'appartement, après s'être cogné la tête contre le pommeau.

"Ah putain, quel con !"

En se frottant le crâne pour faire passer la douleur, l'australien revient à pas bruyant dans le salon, en priant pour qu'il ne se soit pas en plus transporté au mauvais étage chez un inconnu. Mais non, Pandora l'attend toujours sur la table... et maintenant que le plus dur est passé, il retrouve très vite une expression victorieuse.

"J'ai réussi, haha ! Me dis pas que la salle de bain compte pas, j'ai géré ! Et j'ai envie de fêter ça..."

Un éclat de malice se fixe dans son regard alors qu'il vient se poser devant Pandora, l'attrapant par les hanches sans trop se soucier des pizzas qu'ils sont sensés attendre.

"Alors... pour la première question, je veux savoir ce qui t'as poussé vers la musique. Et pour la deuxième, mais on va dire que tu n'es pas obligée de répondre puisque je n'ai réussi qu'à moitié... t'as toujours été aussi fêtarde, ou c'est pour combler quelque chose ?"

Je me sens presque coupable d'avoir posé cette question en entendant la réponse de Lloyd ; c'est quand même sacrément indélicat de venir retourner le couteau dans la plaie comme ça... Mais il n'hésite cependant pas à partager ses pensées, me laissant silencieuse et pensive. Nos circonstances sont différentes, mais il semblerait que le résultat ne soit pas si éloigné... Il termine sa tirade par une réflexion salace qui a le don d'alléger directement l'atmosphère, me tirant un rire amusé. Je tends le bras pour lui envoyer une légère tape sur le front.

"Ahah, t'es con ! Mais attends... T'es en train de me dire que t'as jamais eu de relation sérieuse en fait ?!"

Ou alors j'ai mal compris ce qu'il vient de dire, mais je dois avouer être sur le cul. Il est hot as hell, c'est un super coup, et il a l'air plutôt marrant aussi. Totalement le genre de mec à faire tomber les filles comme des mouches, ça me paraît étonnant qu'il n'ait jamais essayé de se poser avec l'une d'entre elles. Mais bon, tant que j'y pense, moi non plus je n'ai jamais vraiment été avec quelqu'un... Même si je suis tombée très amoureuse, pour le coup, mais que j'ai juste été trop aveugle pour le comprendre avant qu'il ne soit trop tard. Deux fois. Oui je suis un bon gros boulet quand même...

Je chasse bien vite mes pensées pour me reconcentrer sur le rouquin que j'ai décidé d'aider un peu. Non mais ce n'est pas drôle si y'a pas du tout de défi quand même ! Je me place derrière lui et essaye de le guider comme je le peux, accompagnant ma voix basse de gestes doux et légers. Et il semblerait que mon conseils fassent leur petit effet, car des étincelles s'échappent bien rapidement du bout des doigts de l'Australien. Quelle pédagogue, je m'impressionne ahah !

"J'ai beaucoup galéré avec mes dons de Sonore au début, ça m'a bien aidé de les visualiser dans ma tête ! J'le fais toujours d'ailleurs mais c'est devenu bien plus instinctif... Ok, ça marche, enchaîne direct tant que t'as chopé le truc !"

Je me recule légèrement pour lui laisser de l'espace et il ne tarde pas à se dématérialiser sous mes yeux. Ce pouvoir, comme l'Invisibilité d'ailleurs, est toujours aussi surprenant même en sachant ce qui va arriver !  Un sourire m'étire les lèvres face à sa réussite, et je n'ai pas le temps de me demander où il est réapparu, que je l'entends pester dans la salle de bain. Un rire m'échappe alors qu'il revient vers la pièce principale en se frottant le front.

"Mais oui, la salle de bains compte, ça fait toujours partie de ma chambre !! Félicitations, tu tiens le bon bout ! On va pouvoir passer à plus compliqué... Mais allez, balance tes questions d'abord !"

Lloyd s'approche de moi et m'attrape par les hanches pour m'attirer à lui en soulignant qu'il aimerait fêter sa réussite. Au diable le livreur et ses pizzas, il n'avait qu'à pas prendre autant de temps ! Un sourire en coin se dessine sur mes lèvres alors que je pose mes mains dans son dos pour les descendre lentement jusqu'à ses fesses... Mais ses questions me coupent dans mon élan. C'est de bonne guerre vu ma propre indiscrétion un peu plus tôt, mais je pense que mes réponses risquent de refroidir un peu l'ambiance... Je retire mes mains de son dos et les passe sur le torse du rouquin pour le pousser vers une chaise, m'asseyant perpendiculairement sur ses genoux. Je me penche en arrière jusqu'à ce que mes coudes reposent sur le bord de la table, puis entreprend de répondre à ses questions.

"Ma mère ! Elle était prof de violon et de piano, elle m'a transmis son amour de la musique dès le berceau. Elle est morte quand j'avais 12 ans, mais quand je joue, c'est un peu comme si elle était toujours avec moi."

Un sourire un peu plus triste orne mes lèvres alors que je parle d'elle. Malgré les années qui s'écoulent, il ne se passe pas un jour sans que je pense à ma mère. Elle a été mon unique point de repère durant toute mon enfance, si douce et aimante, et je pense qu'elle n'arrêtera jamais de me manquer. La perdre a probablement été la cause initiale de mon Vide, même s'il a mis des années et bien d'autres épreuves avant de vraiment me déchirer de l'intérieur... Ce qui amène à sa seconde question. Je me passe une main dans les cheveux et pousse un profond soupir avant de répondre. Je lui sortirais bien un énorme mensonge, mais l'Australien a été honnête avec moi, je lui dois au moins de retourner la politesse.

"Tu vas avoir du mal à le croire, mais y'a pas si longtemps, j'étais du genre coincée. Toujours sérieuse, toujours droite dans mes bottes. Pas super marrante mais fiable... Mais ça ne m'a pas trop réussi d'être une fille bien."

Mes yeux se perdent dans le vague alors que je repense à Renji, Akito, Amy... J'ai beau les avoir aimés et soutenus depuis le premier jour, ils ont quand même décidé de me tourner le dos. Même si c'était pour leur bien et que je n'ai été qu'un dommage collatéral et non la cause de leur départ... Il n'empêche que l'histoire s'est répétée un peu trop souvent pour que j'arrive juste à "vivre avec".

"La vérité, c'est que ça fait presque 4 ans que j'suis là, mais mon Vide est toujours aussi présent, si pas plus, qu'avant. Mais p'têtre que si j'bois assez, j'arriverai à le remplir, qui sait... Enfin bref ! Prochaine tâche ; éteins la lampe. Sans bouger de là où tu es !"

Je suis bien là sur ses genoux, je ne vais nulle part !

Alors que Pandora est sur le point de céder à l'envie de célébrer la réussite de son élève par une nouvelle séance de culbute, les questions de ce dernier semblent la refroidir instantanément. Il est vrai qu'il n'y est pas allé avec le dos de la cuiller, on ne peut pas vraiment parler d'entrée en matière très subtile, mais d'un autre côté elle ne s'était pas gênée pour lui poser des questions personnelles dès le départ. C'est de bonne guerre, et tant mieux si cela leur permet de gagner du temps avant l'inévitable rechute. Cela dit, Lloyd n'est pas déçu par la façon dont la brune s'assoit sur ses genoux, lui laissant tout loisir de poser une main sur ses cuisses et d'y balader les doigts en écoutant ce qu'elle a à lui dire.

Le première requête du rouquin était plutôt innocente, mais à en juger par la réaction de Pandora il s'est débrouillé pour toucher une corde sensible. Impossible de ne pas remarquer le voile de tristesse qui habille son visage lorsqu'elle parle de sa mère et de son lien musical avec elle, quelque chose qu'il n'a pas connu. La seule connexion qu'il a avec la sienne, c'est l'aversion progressive qu'ils ont éprouvée pour son père et ses absences, mais on ne peut pas dire que Lloyd ait bénéficié d'une empreinte parentale profonde qui ait marqué ses passions. Instinctivement, il resserre les doigts sur la jambe de son amante comme pour compatir à sa perte, mais elle enchaîne sur la deuxième question avant qu'il ait le temps de répondre.

Alors ça, ça le laisse sur le cul. D'accord, il se doutait bien qu'elle n'avait pas toujours été aussi... ouverte, mais de là à l'imaginer totalement prude et bien sous tout rapport, il y a une grosse marge. Heureusement qu'il l'a rencontrée après sa transformation, ils n'auraient peut-être pas eu tant de choses à se dire, ou plutôt à partager s'il avait fait sa connaissance plus tôt. Non pas que Lloyd soit exclusivement attiré par les chaudières en mal de compagnie, mais il est certain de n'avoir aucun goût pour l'ennui. Mais ce n'est pas le sujet, et la brune ne s'arrête pas là. L'australien comprend ainsi qu'elle lutte encore avec son Vide après plusieurs années, et que son comportement n'y est pas étranger... cela dit, quelque chose le gêne dans ce discours, sans qu'il arrive encore à mettre le doigt dessus.

"Désolé pour ta mère... j'ai perdu mon père à peu près au même âge, j'étais un peu plus vieux que ça, mais on n'a jamais été vraiment proches alors je ne peux qu'imaginer ce que c'est. C'est bien qu'elle t'ait laissé quelque chose, c'est pas toujours le cas."

Le rouquin adresse un léger sourire à Pandora, être réconfortant n'est pas nécessairement son point fort mais il fait de son mieux. Aborder des questions aussi personnelles avec quelqu'un qu'on connaît finalement très peu, tout en étant dans une position qui ne pourrait être plus intime, est assez étrange. Mais pas désagréable, loin de là.

"Et hum si je peux me permettre, je crois pas que ton problème ce soit l'alcool. Ou le sexe, ou juste de décider d'être une fille bien."

Pandora toujours sur ses genoux, Lloyd se redresse quelque peu sur la chaise en réfléchissant à la meilleure façon de formuler ce qu'il essaie de dire. Il n'a pas envie d'être trop indiscret ou de donner l'impression qu'il sait ce qu'elle traverse, puisqu'il n'en a pas la moindre idée, et il ne voudrait surtout pas que son analyse médiocre vienne gâcher une soirée si bien débutée.

"Je pense qu'il faut prendre le problème dans l'autre sens... t'éclater t'aide à tenir en attendant de trouver ce qui comblera le Vide, je ne vois en quoi c'est une mauvaise chose. Quand tu sauras ce qui te manque, le reste suivra et tu ne garderas que ce qui fait de toi... la vraie toi, si ça a du sens. Et je précise pour la forme que de mon point de vue, t'es très bien comme ça !"

Surtout penchée en arrière vers la table avec les seins tendus vers lui, mais il n'est pas assez stupide pour ruiner son discours avec cette petite précision. Assez parlé de sujets sérieux, il a une nouvelle tâche à accomplir, et il a gardé dans un coin de sa tête la remarque sur ses relations sérieuses. Dans un sourire plus franc, il observe l'ampoule au dessus d'eux avant de revenir sur la brune.

"Ok, ça se tente... si je rate, je te parlerais de mes anciens amours. Si j'y arrive, tu me raconteras ton souvenir de soirée le plus humiliant."

Voilà une sentence plus légère, elle a suffisamment donné de sa personne pour avoir droit à une pause. Encore faut-il que Lloyd parvienne à remplir sa mission, et contrôler l'électricité à distance lui paraît quasi impossible avec ses compétences actuelles. Il ne risque rien à tenter le coup de toute manière, et lève les yeux pour se concentrer sur l'objectif tout en essayant de retrouver l'image mentale de son pouvoir. Voilà, ça vient comme tout à l'heure, et le rouquin ne peut s'empêcher de tendre une main vers l'ampoule comme pour s'aider à diriger sa volonté correctement. C'est peut-être d'avoir la brune presque collée contre lui qui le rend si efficace, mais à peine quelques secondes plus tard ils sont tous deux plongés dans l'obscurité.

"Woohoo, je deviens bon !!! Alors... qu'as-tu fait que tu n'oses raconter à personne, Panpan ?"

C'est peut-être l'euphorie du succès, ou le fait qu'ils n'y voient plus grand chose, mais la main de Lloyd remonte dangereusement le long de la jambe de Pandora.

Lloyd m'écoute sans m'interrompre en me caressant doucement les cuisses. Etrangement, même si on se connaît peu, je n'ai pas trop de mal à lui parler du désastre qu'est ma vie. Je crois que j'ai accepté les choses en fait, et puis peut-être aussi qu'il me met à l'aise. Le fait que nous étions nus sur cette table une demi heure plus tôt doit aider un peu, c'est comme des confidences sur l'oreiller au final - mais sans l'oreiller.

J'esquisse une légère moue quand le rouquin me parle de son père, qu'il a perdu lui aussi en étant jeune. Même si ça ne semble pas l'avoir grandement affecté... Ce qui est sans doute encore plus triste, au final. Perdre une personne qu'on a aimée est douloureux mais laisse en contrepartie une foule de souvenirs heureux. Perdre une personne dont on était sensé être proche sans avoir réussi à l'être... Ca doit juste être frustrant et laisser un goût vraiment amer.

"Désolée pour ton père aussi... Pour le coup, je n'ai jamais connu le mien donc j'ai beaucoup pris de ma mère, oui... A tous les niveaux d'ailleurs, je lui ressemble comme deux gouttes d'eau ! Avec les tatouages en plus quoi..."

J'me demande parfois si elle aurait désapprouvé mon choix de dessiner ma vie sur ma peau. Sans doute, c'est un peu le rôle d'une maman de désapprouver ce genre de choses ! Ma grand-mère n'était clairement pas très fan.

La remarque suivante de l'Australien me laisse un peu perplexe, et je hausse un sourcil en tournant la tête vers lui, attendant qu'il continue. Un sourire en coin se dessine sur mes lèvres à mesure qu'il parle, c'est un point de vue intéressant et relativement différent du son de cloches habituel ! Et je dois admettre être assez d'accord avec lui - j'ai quand même décidé d'arrêter la drogue, parce que ça c'était vraiment tomber dans l'abus, et puis je l'ai promis à Allen surtout. Mais je ne me vois pas arrêter complètement de sortir et faire la fête... Parce que ça me change les idées mine de rien, et ce ne serait pas tellement plus constructif de rester à me morfondre dans ma chambre soir après soir hein.

"J'aime bien ta vision des choses, c'est un appel à la débauche ! Non mais... Ouais. J'ai promis de faire attention quand même, parce que j'avais commencé à déconner sévèrement, mais je compte pas redevenir une ermite pour autant. Et j'ai commencé à suivre une thérapie, pour essayer un peu de démêler tout ça. On verra bien ce qui en ressort !"

En soi, la cause de mon Vide, je pense l'avoir plus ou moins cernée, un bon gros mélange de peur de l'abandon et de solitude. Par contre, comment réussir à surmonter tout ça et remonter la pente, je n'en ai aucune idée. Et j'espère bien que mon psy pourra m'aider à y voir plus clair, parce que sinon je ne sais pas du tout vers qui me tourner pour trouver une solution...

Une fois les confidences terminées, le prochain défi est lancé et je commence à songer à mes pires souvenirs de soirée, au cas où il réussirait son coup. Il y en a eu beaucoup, des moments peu glorieux, mais rien qui ne soit non plus vraiment humiliant. Je n'ai même pas le temps d'y penser plus en profondeur que nous nous retrouvons soudain dans le noir. Alors ça, je ne m'attendais pas à ce qu'il réussisse aussi rapidement ! Je lâche un rire amusé devant son enthousiasme, qui meurt bien vite au fond de ma gorge alors que ses doigts remontent lentement le long de ma jambe. Autant j'adore m'envoyer en l'air dans la lumière et profiter pleinement du spectacle... Autant l'obscurité possède cette aura de mystère et de sensualité qui rend les choses tout aussi excitantes. Et puis bon, c'est Lloyd... A tâtons, je cherche son visage du bout des doigts et dessine le contour de ses lèvres avant d'y poser les miennes, descendant mes mains pour les passer sous son t-shirt. Il est de trop celui-là, je ne sais même pas pourquoi je lui ai demandé de l'enfiler !

*toc toc toc*

Je sursaute aux coups frappés à la porte, m'arrêtant à mi-chemin avant d'avoir fini d'enlever le haut du rouquin. Mais quel timing parfait, c'est génial !

"Putain, les pizzas ! Rallume la lampe !! On y voit rien !"

Oui, c'était le but en même temps... Je me lève prestement pour aller ouvrir, mais dans la confusion, me prend les pieds dans une des chaises avant de finir la tronche sur le carrelage.

A l'évocation des tatouages de Pandora, Lloyd se fait la réflexion qu'il ne s'y est pas vraiment intéressé jusqu'à maintenant. Il était plutôt occupé à regarder autre chose à vrai dire, même si les dessins d'encre ne gâchent en rien le paysage, mais il est vrai que ce genre de pratique revêt généralement une signification particulière et il se promet d'en faire sa prochaine question. Seulement la brune rebondit sur sa remarque suivante, et le sérieux du sujet lui fait oublier le reste. Elle voit un psy, et le rouquin comprend alors que ses tendances festives sont peut-être plus marquées que ce qu'il avait imaginé. Ce qui ne change rien à sa réflexion, si c'est de ça dont elle a besoin pour se sentir mieux sur le court terme en attendant un déclic plus profond, grand bien lui fasse.

Pas le temps de s'attarder là dessus encore une fois, l'ambiance devient plus électrique une fois la lumière éteinte, et ça n'a rien à voir avec les pouvoirs de Lloyd. Elle a l'air elle aussi de trouver que l'obscurité se prête à une reprise des hostilités, et le provoque d'un baiser sans même daigner répondre à sa question. L'australien s'en fout complètement, il a déjà oublié ce qu'il avait demandé, tout ce qui l'intéresse est de vérifier que les cuisses de son amante sont toujours aussi accueillantes mais le destin en décide autrement. Évidemment, il fallait que le livreur arrive à ce moment précis, trop tard pour que la tension soit supportable, et trop tôt pour qu'ils soient dans le feu de l'action et décident de le laisser frapper jusqu'à l'abandon.

Moitié frustré et moitié amusé, Lloyd entend les jurons de la brune et la sent se relever pour tenter d'aller jusqu'à la porte, mais elle a visiblement la sale manie de ne pas réussir à tenir sur ses jambes. Déjà deux fois qu'elle se vautre en trois rencontres, le rouquin va finir par croire qu'il lui fait trop d'effet. Il ne peut s'empêcher d'éclater de rire dans un premiers temps, mais se remet vite de ses émotions en se rappelant qu'elle ne s'en était pas sortie au mieux la dernière fois.

"Ça va, tu t'es pas fait mal ?"

Il a beau se concentrer de toutes ses forces, son esprit n'est plus capable de fournir le moindre pouvoir, il était déjà passé à des considérations plus physiques et l'ampoule refuse de s'allumer. Il va devoir s'y prendre à l'ancienne et se lève à son tour, tâtonnant dans le noir du bout du pied pour éviter de marcher sur Pandora.

"P'tin je vois que dalle... bouge pas je vais rallumer."

Ah, cette chose molle ressemble à s'y méprendre à une fesse, le rouquin l'enjambe donc et parvient dans le couloir, où il caresse les murs à la recherche de l'interrupteur alors que de nouveaux coups sont donnés sur la porte. Une indication sonore bienvenue, et c'est sur la poignée que se referme la main de Lloyd avant qu'il ne tire le battant pour faire entrer la lumière du hall.

"Bonsoir, désolé pour l'attente, souci d'ampoule !"

Au moins, il peut enfin voir l'interrupteur et Pandora ne lui en voudra sûrement pas de l'actionner. Le temps de relever la tête cependant, il voit que le regard du livreur fixe une zone qu'il considère habituellement comme intime. Déjà prêt à hausser le ton, le rouquin prend tout de même le temps de baisser les yeux vers ses jambes et lorsqu'il les relève, un mélange de gêne et de surprise déforme ses traits.

"Euh j'vais prendre ça, merci. A plus !"

Il semble que l'ambiance tamisée et les lèvres de sa partenaire lui aient fait plus d'effet que prévu, et Lloyd s'empresse de faire disparaître la bosse qui tend son pantalon derrière la porte après s'être emparé des pizzas comme un forcené. Ça manque de classe à tous les niveaux, mais comme on dit ça ne se commande pas.

"Bon ben je crois que celui là ne reviendra plus... à moins qu'il ait apprécié le spectacle."

Avec un petit rire, même s'il est le seul à comprendre ce qu'il vient de dire, Lloyd retrouve sa nouvelle colocataire dans le salon et dépose les pizzas sur la table où ils avaient failli craquer quelques minutes plus tôt. Mieux vaut ne pas tenter le diable et s'asseoir sur une chaise voisine, avant d'ouvrir le premier carton d'où s'échappe une odeur alléchante.

"Tu veux commencer par laquelle ? Moi je m'en fous... et n'oublie pas que tu dois me raconter ton souvenir. Ou ta pire aventure, si tu préfères, je ferais pas le difficile."