Ça fait quoi, deux jours qu'ils sont rentrés du mariage de El' et Jérémy ? Tout le monde a eu le temps de digérer et dessoûler, probablement. Du coup direction le bar hein, oui, logique. Mais il entre pas tout de suite, il passe un coup de fil à sa meilleure amie avant. :

-Hello Sunshine ! Tu as du temps libre là ? Je suis au bar de Luna et j'me disais que ce serait cool qu'on en profite pour discuter.

Oui parce qu'il se souvient qu'elle s'inquiétait au mariage hein, c'pas faute d'avoir essayé de fermer sa mouille.

Dessoûler a été très, très long. Pas qu’elle avait particulièrement beaucoup bu, mais elle avait bu pendant longtemps et elle ne possède pas la constitution de certains de ses amis, sachant qu’elle a arrêté de boire pendant un moment quand elle était avec Allen. Et puis, ça l’empêchait de se concentrer sur le fait qu’elle avait très envie de danser avec Tina et qu’elle était surtout très inquiète de l’attitude de Nicolas, qu’elle connait trop bien pour sa propre santé mentale. L’évitement des discussions, la fuite, le regard dans le vague, une humeur un peu nulle pendant quelques temps ? Soit elle avait fait un truc de mal (ELLE EST EAU, OK), soit il lui était arrivé un truc.

Bon, faut dire que ça lui avait surtout rappelé cette période désagréable où il avait commencé à sortir à fond la caisse et se droguer puis se renfermer mais tout va bien lolol, elle est pas traumatisée par le fait que son meilleur ami ait- enfin vous voyez quoi. Du coup, Ariana s’inquiète, toujours très vite, toujours très fort.

Et en plus, il l’appelle pour lui demander de venir picoler alors qu’ils ont passé une demi semaine à boire. SUPER.

—Coucouuuuuuu oh bah oui écoute ! Euh…

Est-ce qu’elle évoque le fait qu’elle ait encore mal au crâne et que boire c’est pas ouf dans ces moments-là ??

—Non mais j’arrive t’inquiète ! A TOUTE.

Et elle raccroche. POURQUOI IL VA PICOLER TOUT SEUL bon sang. Du coup il sera pas TOUT SEUL et elle pourra surveiller qu’il prenne rien d’illégal et euh- Calmons-nous, et enfilons une robe, hein.

L'hésitation le surprend... Il est sur le point de demander si au pire ils pouvaient se voir plus tard mais Aria confirme qu'elle arrive. D'un coup. Et raccroche. Nicolas regarde son téléphone comme s'il pouvait lui expliquer ce qui venait de se passer mais y'a rien... Juste sa photo de fond d'écran, Mathéo en train de le serrer dans ses bras, qui le nargue. ...Faut vraiment qu'on le change. OUI MAIS- Pas tout de suite ok... Son sourire est trop beau sur cette photo, merde hein.

Nicolas soupire et entre dans le bar. Il demande à la serveuse une pinte d'ambrée et une limonade pour Aria -parce qu'on demande toujours aux copains s'ils veulent boire de l'alcool, la limonade n'engage à rien et oui. Une fois servi, il va se mettre à une table un peu plus isolée entourée de lianes et d'autres plantes grimpantes histoire que ça paraissait un poil plus confidentiel... Et il sirote sa bière en fixant la porte.

Sa robe est enfilée plus vite que l’éclair. On l’a déjà dit, mais elle aurait fait une bonne Tonnerre si son trait de personnalité principal n’était pas de se demander comment elle peut déborder d’amour sur ses potes en non-stop, puis de regretter de l’avoir fait parce qu’elle a peur de déranger. La dualité de l’Eau, tout ça.

Bref, elle se maquille rapidement, un truc un peu sobre, et SAUTE PAR LA FENETRE non j’déconne, elle se transforme d’abord en oiseau avant de le faire. La fenêtre est encore grande ouverte, elle pourra rentrer par le même biais au moins.

Elle s’arrête devant le bar, se retransforme, rentre, salue ses copines au bar, qui lui indiquent où est son Sensitif de service… AH ! Il est là ! Un sourire s’étire sur ses lèvres et elle trottine vers lui, contente d’être débarrassée du poids de devoir organiser le mariage. Elle fait un gros câlin à sa tête (oui) en arrivant.

—Coucou !! Comment tu fais pour boire de nouveau, on vient à peine de rentrer !!

Enfin, “à peine” quoi. Puis elle remarque la limonade, s’installe, renifle…

—C’est sans alcool, merci mon dieu ! souffle-t-elle. Enfin, merci mon dieu, sourit-elle en coin en levant son verre vers Nico.

…

Aria déboule rapidement -évidemment- et après avoir dit bonjour à tout le monde -évidemment- vient le rejoindre et lui dire bonjour en l'étouffant dans sa poitrine -évidemment. Nicolas s'en fout complet et la prend brièvement dans ses bras. C'est court mais c'est que ça suffit pour lui faire du bien -le câlin, pas les seins de sa meilleure pote hein. :

-Hey... Comment ça rentr- Oh. il fixe sa bière. Je sais pas, je me sens pas malade et puis j'me suis dit-... J'en prends qu'une si ça te rassure.

Ça le fait rire un peu, tout doucement. Qu'Aria le daronne, c'est rigolo, même s'il comprend clairement d'où ça vient, alors il reste sage. :

-De rien ma chère fidèle... répond-il à la prière d'Aria en faisant une légère révérence. Oh non... L'église m'a matrixé, berk !

L’avoir dans ses bras, c’est toujours quelque chose qui la rassure, qui lui fait du bien. Surtout quand il est pas bien, c’est tangible, parce qu’il l’autorise à être là. Elle lui renvoie un sourire en coin alors qu’ils s’installent.

—Fais comme tu le sens, te rends juste pas malade justement !

Puis elle pose sa main sur son propre front quand il répond à sa blague, rieuse.

—Oh non ! Tu ne vas jamais t’en remettre ! J’ai été surprise que tu ne prennes pas feu en y mettant le pied, tu me diras.

Elle lui tire la langue et glousse, attrapant sa limonade pour trinquer, tout sourire.

—Tu voulais qu’on discute genre papoter ou tu voulais qu’on discute genre parce que ça fait des semaines que tu fais semblant que tout va bien ?

Ce qui est terrifiant, quand une Eau prend de l’assurance, c’est que ça donne ça.

-Alors figure-toi que, pour la blague, j'avais demandé à Jérémy de me prêter un cristal Feu... mais il m'a dit d'aller me faire voir ! Mon propre frère !

Inconcevable. Il ne peut que compter sur sa meilleure amie pour s'amuser ! Elle, au moins, lui autorise à boire tant qu'il ne se rend pas malade -il hoche la tête en disant un "Noté capichef !"... C'est fou ça...

Enfin bref... On entame le vif du sujet. :

-Roooh pfff des semaineuuuh...

Non mais si. Des semaines Nico. Fais pas genre, je suis au courant quand même hein alors s't'eu-plaît enchaîne. Il soupire, dessine une étoile dans la condensation de son verre. :

-Mathéo et moi, c'est fini.

—Je crois qu’on aurait été obligé de te faire taire à coup de tsunami……. Jérémy t’en aurais trop voulu, rigole-t-elle en se prenant la tête entre les mains en même temps.

Un homicide involontaire dans une église parce qu’il a fait la mauvaise blague, ça aurait été un peu trop poussé quand même.

Puis du coup elle pose sa question, celle qui lui trotte dans la tête, mais peut-être qu’elle abuse et que finalement ça va hein mais bon ? … “pfff des semaineuh” ??????

—Oui des semaines, boude Aria.

Nan mais ok, oui, c’est bon, elle a pas halluciné. Elle le laisse faire mouliner son neurone un petit peu, le temps qu’il trouve le courage de lui avouer ce qui lui pèse… et ok, oui, c’est des briques qui lui tombent dans l’estomac. Elle lui renvoie un regard d’abord surpris, puis triste et dépité… Ce n’est pas de la pitié, c’est vraiment de la compassion.

—Oh non, Nirolas…

Elle se relève sans même réfléchir et revient faire un câlin à sa tête, joue posée dessus, yeux fermés. Son coeur tambourine fort, mais elle espère qu’il sent l’amour qu’elle lui porte à cet instant.

—J’suis trop désolée. T’as envie qu’on en parle un peu ?

Tout l'humour qu'il aura fait avant va clairement ne plus servir à rien donc... On va passer outre "l'homicide" -alors que siii c'est rigolooo.

D'abord boudeuse, son émotion change directement en apprenant la nouvelle. Surprise, sincèrement triste,... et profondément touchée pour lui. Il accepte le deuxième câlin facilement... ferme les yeux en écoutant le cœur d'Aria battre, en inspirant son odeur de soleil, frottant son nez contre sa peau. Sa voix est un peu atténuée de là où il est fourré... :

-Ui... Je sais pas quoi te dire mais oui... S'il-te-plaît.

Son coeur se brise pour lui, alors elle le serre contre lui un moment, sans trop savoir quoi lui poser comme question, quoi lui dire. Elle sait que Nicolas aime profondément Mathéo, alors il ne sait pas si Mathéo l’a quitté, si c’était plutôt sa décision, ou une décision commune, ou une tromperie-… Peut-être même que Mathéo a décidé de partir de Terrae, ou bien sa maladie a pris le dessus… Les hypothèses fusent en même temps que son cerveau tourne en boucle là-dessus. Nicolas a l’air d’avoir tellement mal, comme un enfant qui souffre et qui s’accroche. Alors elle le berce un peu, gentiment, sans rien dire pendant un moment. Ils parleront, mais pas pendant le câlin, sinon ils vont rien comprendre !!

Après un moment à caresser ses cheveux, et tire sa chaise pour se mettre à côté de lui plutôt qu’en face, sa jambe contre la sienne, et la main tendue s’il veut la prendre.

—C’est arrivé comment ?

Elle vient se poster devant lui, attrape directement sa main dès qu'elle est offerte. :

-Commun accord. On se voyait plus, trop de boulot... Et puis ça ne lui a pas plu... Mon état... Quand je suis rentré.

Thémis, sous-entendus. Il souffle. :

-C'est mon ami encore, mais c'est dur... Je l'aime toujours tu sais ?... J'me sens fatigué... et quand j'y pense trop, j'ai froid. Comme s'il me manquait un truc.

Comme le Vide. Il secoue la tête. :

-Désolé si j'ai rien dit avant. On voulait pas gâcher le mariage alors on s'est promis de n'en parler à personne.

Bon ça, il a foiré.

Ils se serrent les mains, comme ils se sont serré les coudes durant l’hiver. Cette grande main dans la sienne lui paraît plus froide qu’à l’ordinaire, comme vidée de vie. Justement, il en parle… Elle porte sa main à sa joue, comme si elle pouvait lui transmettre un peu de chaleur, attristée par ce qui lui est arrivé. Evidemment, personne n’a apprécié qu’il rentre ainsi, mais ce n’est pas comme s’il l’avait voulu. Il ne pouvait rien y faire…

—Tu aurais rien gâché du tout, lui assure-t-elle. On t’aime, tes sentiments c’est important. Il y aurait eu de la place pour toi et pour le mariage tout à la fois.

Elle presse un peu plus sa grande main dans la sienne, comme pour l’inviter à puiser en elle un peu de réconfort.

—C’est vraiment nul que ça se soit passé comme ça… Je sais que vous vous aimez beaucoup. (Sa gorge est un peu serrée.) C’est normal que tu te sentes pas bien, que tu te sentes triste… C’est toujours un peu comme ça…

Vide, un peu. Comme une absence près du coeur, là où on penserait que cette personne resterait toujours. Ca lui fait mal, à elle aussi, d’y repenser, à ce trou qu’elle avait, mais qui s’est un peu colmaté de bien des manières.

—Mais je te promets que ça passera. Même si on remplacera jamais Mathéo, on sera là. Je serai là. Promis. Mais pour le moment, t’as aussi le droit d’être triste, ou dégouté. Eh, t’as vu le temps que ça m’a pris, avec Allen ?? Prends tout le temps qu’il te faudra.

Une main sur sa joue. Nicolas s'y penche à peine, mais c'est clairement le mouvement d'un homme qui en a plus que besoin. C'est lent mais il s'y jette presque, sans pudeur, le geste guidé par l'unique envie de ne plus être seul, désespérément. On sourit à ses mots ; elle dit vrai, elle ne ment pas, ne cache pas que ce sera difficile... sans oublier que pourtant, c'est possible. Soigner mes blessures sans mon Guérisseur. :

-Merci Ariana.

Ok j'en avais besoin aussi. Je n'ai plus cette personne avec qui et pour qui je voulais tout bâtir. Il est toujours là dans la meute, mais il n'a plus la même place. Place froide. Aah.

Il attire Aria contre nous, assise sur ses genoux. Muet. Je ne sais pas quoi ajouter, comment décrire l'indescriptible... Alors je me fonds, là, dans les mots rassurants de ma meilleure amie et j'attends le soleil de demain qui réchauffera cette place.

Elle n’aime pas le voir comme ça, il a l’air tout perdu dans sa tête. Pourtant, elle sait aussi qu’elle ne peut rien faire de plus qu’être là, le soutenir. C’est vrai qu’il n’y a peut-être pas grand-chose à dire, dans ce genre de situation. A part être entouré, ne pas se laisser engloutir… ou alors se laisser engloutir un peu, mais pas trop, et remonter après. Il faut remonter, sinon après on se noie. Elle connaît bien ça, elle n’en est pas passé si loin.

Elle lui caresse la joue du pouce et, finalement, la lui tapote gentiment. Ariana… C’est toujours drôle quand il l’appelle comme ça, parce qu’elle sait instantanément que c’est Loup. Et Loup est super tactile mdr. Aria se laisse faire tranquillement, s’asseyant sur les genoux de son ami pour s’appuyer contre lui, contente. Elle s’amuse avec ses doigts contre sa barbe piquante. Les deux célibataires du groupe, là, tsssk.

—T’auras envie qu’on se prévoit des petites vacances ou pas du tout ?

Je me laisse faire, bercé, câliné... En vrai je suis presque bien là, je veux que ça s'arrête jamais... Mais la petite Eau me ramène quand même sur terre, me propose un truc pour me changer les idées. :

-Naaan... Je vais pas pouvoir, cette année je dois repasser des stages pour valider mon Master... et puis après y'a le mariage de 'Pa aussi... et après j'ai mes examens... En plus, là, faut que je fasse le tour de la Cool Patrol. T'es techniquement la première à qui j'en parle là.

Techniquement. Je ne peux pas mentir, Nicolas.