## Mer 30 Aoû 2023 - 18:13 | ||
Invité | On l’avait conduit aux dortoirs dès son arrivée, mais il n’avait pas résisté plus de deux jours avant de rechercher la tranquillité. La plupart des nouveaux arrivés étaient jeunes : une panoplie d’adolescents plus perdus les uns que les autres, en quête d’eux-mêmes – du moins était-ce ce que pensait Yahya en les découvrant. Et le dortoir lui était étouffant, trop dense et bruyant, trop rempli de visages inconnus. Son ancien lui l’aurait certainement supporté, mais il n’était plus le même depuis qu’il avait ressenti le vide. On lui avait assuré qu’il retrouverait ce qu’il avait égaré, alors il tentait de voir le verre à moitié plein. Il avait fini par traîner sa carcasse et son âme presque vide dans les couloirs de l’institut, à la recherche d’une paix relative – extérieure, mais en aucun cas intérieure. Il avait erré un moment avant de s’arrêter dans la cour, ce carré de verdure entouré de bâtiments. Il y avait peu de monde, aussi n’eut-il aucune difficultés à trouver un banc libre, près d’un arbre qui étendait son ombre. Yahya s’assit, puis finit par fixer le vide. Avant, il ne se serait pas réduit à une telle attitude. Il aimait les balades solitaires, certes, mais il préférait celles qui étaient accompagnées de ses amis. Et ces quelques pas l’avaient vidé de son énergie, lui qui ne pouvait pas passer une journée sans une activité sportive. Ne serait-il plus que l’ombre de lui-même ? On lui avait dit que ça prendrait un peu de temps, pour se retrouver. Son cœur désirait que cette durée se réduise tant qu’elle n’en deviendrait qu’un grain de poussière, avant d’être emporté par la brise et disparaisse dans l’oubli. C’était peut-être l’air nippon qui le faisait penser ainsi. A cette pensée, l’ombre d’un sourire se manifesta dans un soupir. Il y avait peut-être un espoir que son souhait se réalise. |
## Ven 1 Sep 2023 - 17:49 | ||
Ewen Cabrero Messages : 130 Date d'inscription : 27/07/2023 | Ce matin, Ewen a été forcé de se lever. A 11h. Une heure qui peut paraitre déjà bien avancée pour la plupart des gens, même pour les plus laxistes d'entre vous qui connaissent la longue histoire d'amour entre les adolescents et les grasses matinées jusqu'aux premières heures de l'après midi. Mais pour Ewen, à cette heure-ci, il est encore au beau milieu de sa nuit. Enfin, de sa journée qu'il passe à dormir. Bref, vous voyez l'idée. Mais cette fois, ça y est. Après l'avoir laissé tranquille les premiers jours, un master spécialisé dans l'encadrement des plus jeunes ne lui a pas laissé beaucoup d'autre choix. Après tout, il fallait aborder un sujet d'importance majeure. La reprise des cours et pour Ewen, la reprise de sa scolarité. Rien que ça. Pas très bavard, le jeune homme s'est contenté d'écouter ce qu'on avait à lui dire. Les cours vont bientôt reprendre. Uniforme obligatoire pour ces heures spéciales. Et l'intégration d'une classe en dessous de celle qu'il aurait normalement dû intégrer à son âge. Eh bah, ils sont tous bien optimistes ici. Comme si j'allais réussir à suivre ces cours alors que je ne comprenais déjà plus rien quand on m'a fait arrêter l'école... Sur ces pensées moroses en sans avoir pris la peine de récupérer quoi que ce soit à manger (il faut dire que c'est un peu compliqué niveau thunes encore), Ewen descend les escaliers sans but précis. La fatigue encore bien présente (autant parce qu'il a été coupé au beau milieu de sa "nuit" que par ce qu'il vient d'entendre) ne lui donne pas un air particulièrement avenant. Son sac à dos enfilé sur une épaule, ce sont finalement les rayons éblouissants du soleil qui réussissent à le sortir de la bulle dans laquelle il se trouvait jusqu'alors. Il reste quelques instants à observer les personnes présentes. Pas grand monde, mais suffisamment pour que certaines idées germent dans son esprit. Spoiler, c'est le genre d'idée qui lui attirent généralement des ennuis. Mais nous n'y sommes pas encore. Quand il repère un petit groupe de trois personnes (toutes bien habillées) particulièrement enjouées, Ewen se rapproche, essayant de se donner un air moins nonchalant. Pas évident, mais c'est avec cet air timide qui lui donnerait un côté presque mignon qu'il arrive à s'approcher pour prendre la parole. - "Heu, bonjour... Dites, j'essaie de m'entrainer pour faire des tours de magie, mais, sans vraie magie... Est-ce que vous seriez d'accord pour me dire ce que vous en pensez... ?" Tout en faisant cette demande de sa voix la plus innocente, Ewen sort un paquet de cartes de son sac pour bien imager ses intentions. Ses interlocuteurs qui s'intéressent subitement à lui paraissent très motivés par cette proposition, et c'est avec une grande attention qu'ils observent désormais le spectacle. Le garçon bat ses cartes d'un geste aussi habile que précis, signe évident qu'il n'est plus un débutant en la matière. Si les premiers instants se passent bien, ses démonstrations provocant les applaudissements de son public restreint, tout se complique lorsqu'il entame la deuxième phase de son plan. Celui qui consiste évidemment à se payer pour son dur travail. Pendant qu'il continue à attirer l'attention sur une partie de ses mouvements qui battent, coupent, tirent des cartes, le tout animé par un discours qu'il connait à la perfection, il profite d'un moment d'interaction avec son public pour retirer habilement un portefeuille qu'il avait déjà repéré depuis un bon moment, dépassant légèrement d'une poche de pantalon. Sauf qu'il n'avait pas anticipé que certains ici savent lire dans les pensées. S'il cache facilement ce que font ses doigts, c'est bien plus difficile avec ce qui se passe dans sa tête. - "Eh !" Ne s'attendant pas à être démasqué aussi facilement, la surprise est totale pour Ewen quand cette fille qu'il pensait alléger facilement de quelques grammes le repousse violemment, ses mains aussi dures que de la pierre, l'envoyant bouler quelques mètres plus loin sans la moindre difficulté. - "Espèce de sale voleur, rend moi ça !" Si la fille se rapproche d'Ewen, désormais les fesses par terre, pour lui arracher des mains le portefeuille qu'il n'a pas lâché dans la bataille, ses potes ne manquent pas de l'aider à trouver de nouvelles insultes, attirant rapidement les regards alentours par le ton qui monte. C'est finalement une bourrasque un peu trop violente qui renvoie le jeune philippin voler et s'écraser un peu plus loin pendant que ses victimes/agresseurs tournent déjà les talons. S'il est habitué à se faire taper dessus, encaisser ce genre de coup n'a strictement rien à voir avec ce qu'il a connu chez lui. C'est donc péniblement qu'il se redresse, essayant d'ignorer aux mieux les chuchotements alentours. Si seulement il pouvait disparaitre comme il semble possible de le faire ici... |
## Sam 2 Sep 2023 - 18:47 | ||
Invité | Yahya finit par suivre du regard trois adolescents qui marchaient et discutaient gaiement. C'était machinal, parce que tout autour de lui était statique, à part ces trois corps lointains qui poursuivaient lentement leur trajectoire. Mais leur marche s'arrêta quand un jeune garçon qui devait avoir à peu près le même âge vint les aborder. À la mine du trio, ils ne devaient pas le connaître. Yahya continua de suivre la scène du regard, un peu comme quand on regardait un film, une série, ou même une publicité sans réellement se concentrer dessus, défilé d'images qui ne servaient qu'à occuper les yeux sans nourrir l'esprit. Le jeune avait sorti des cartes et faisait son petit jeu, les autres en avaient l'air ravis. Soudain, quelque chose changea dans l'atmosphère. La jeune fille bouscula violemment le garçon. Sale voleur ! Ça résonna dans toute la cour, puis tout alla trop vite, trop vite pour Yahya version Vide, celui qui traînait à peine sa carcasse et pouvait tout juste se concentrer pour fixer un paysage. Les trois continuaient de s'acharner sur lui, l'insultant à grands renforts de cris. Yahya éprouva de la pitié pour ce garçon. Il en avait rencontré beaucoup qui étaient comme lui. Des enfants, des adolescents qui se perdaient dans leur existence, car persuadés que le vol, la drogue, les délits les mèneraient vers la richesse, comme s'en vantaient ces chanteurs à la télévision, à la radio ou dans des vidéos clips sur internet. Peut-être lui-même aurait-il pu en faire partie si sa famille ne l'avait pas recadré au bon moment. Il avait pu en ramener certains à la salle, pour leur apprendre les bonnes valeurs, leur permettre de se défouler, de se libérer du poids de leur colère et de leur peine. Il se souvenait de ça, maintenant. Il parvint à se lever de son banc et à se traîner vers le groupe – Putain qu'c'est lourd, un corps humain – mais les ados étaient bien plus vifs. L'un d'eux envoya une bourrasque au petit, le faisant valser comme une feuille morte un jour d'automne. Après un arrêt de quelques secondes, secoué par cette manifestation élémentaire à laquelle il n'était pas habitué, Yahya dévia sa trajectoire comme il put pour se rapprocher de lui. Le gamin arriva à se redresser, c'était déjà ça. Mais lorsqu'il fut arrivé à sa hauteur, Yahya entendit les bourdonnements gênants autour du garçon. —Vous n'avez vraiment rien d'autre à faire de vos journées ? lança-t-il d'un ton agacé à un groupe qui les regardait. Cela suffit à en calmer certains, mais d'autres voix persistaient à murmurer dans ce coin de parc. Yahya préféra s'enquérir du petit. —Tu n'as rien de cassé, petit ? Puis il ajouta : —Ça te dirait de marcher un peu ? La cour est grande, il doit y avoir un coin plus calme. Ils avaient bien de la chance que le petit était là, sinon il n'aurait pas chuchoté ce qu'il pensait de ces rats. |
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