Je me décide à rentrer quand j'entends sa voix. Sauf que j'ai oublié d'écouter. Je tombe sur Camil, dans le même attirail que celui dans lequel je me trouvais plus tôt. Je rougis un petit peu.

- Oups, désolé.

J'acquiesce quand il me dit de m'asseoir quelques part. Je vais m'asseoir sur le bord du lit, les mains sur les genoux. Je suis un petit peu perturbé. Mais en même temps, contente. C'est qu'il est vraiment beau.

Il repasse dans la chambre pour prendre des vêtements. Je souris et papillonne un peu des yeux. J'attends un petit peu, je fais un tour sur mon téléphone pour voir quand le ciel sera le plus intéressant à observer.

Visiblement il va y avoir un peu de nuage qui vont passer avant qu'il y ait une éclaircie. J'en profite pour ranger mes lunettes dans leurs étui, et je sors un miroir de poche pour mettre mes lentilles. Si je dois manipuler un télescope je préfère le faire sans lunettes, les verres me gênent.

Il ressort, tout apprêté. IL EST SI BEAU. Je me redresse pour qu'il m'embrasse. Je pose mes mains contre ses flanc durant le temps du baiser. Je souris à son compliment.

- Toi aussi, tu es très beau.

J'ai un peu tiré sur son tee-shirt par réflexe.

Rapidement, on récupère le tiramisu et on de met en route. Je lui dis que le ciel sera un obstrué au début, mais qu'après ça va s'éclaircir. On grimpe jusqu'au cinquième étage, je sors les clé de la salle d'astronomie et la déverrouille. Elle est totalement vide et commence à s'obscurcir. Je file vers le télescope que j'avais préparé et l'embarque.

- On peut passer dans l'observatoire ! C'est la porte, juste là !

On peut y rentrer depuis la salle d'astronomie. Une fois a l'intérieur, la salle est plongé dans la pénombre. J'ouvre les stores et lentement, elle se remplit de la lumière du soir. Je vais jusqu'à mon spot préféré, et met en place le télescope. J'ai pris un modèle que je connais bien, je passe quelques instants à le régler, oscillant entre les réglages et la lunette.

- Je crois que c'est bon ! On voit déjà un petit la lune qui se dessine ! Dans pas longtemps on verra aussi les premières étoiles si les nuages sont bien placé !

J'amène une chaise pour lui et lui fait une petite révérence pour l'inviter à s'asseoir.

Katsuyo reste très zen malgré son entrée dans ma chambre un peu inattendue. Elle patiente les quelques instants qu'il me faut pour m'habiller et coiffer mes cheveux. Puis je ressors de la salle de bain et dépose un baiser sur ses lèvres en guise de récompense pour avoir été aussi patiente. J'adore sentir ses mains sur mes cotés quand je l'embrasse. Je la complimente, son maquillage est vraiment super sympa. Déjà que je suis dingue de ses yeux, là je vais avoir du mal à m'en détacher. Et du coup elle me complimente aussi. Je rougis.

- Pourtant je n'ai pas vraiment fait d'efforts comparé à toi... Je proteste.

Elle tire un peu sur mon t-shirt et ce petit geste anodin me fait sourire. On dirait un vrai petit couple qui s'apprête à sortir en date. Même si notre date est déjà bien avancé. J'embarque le tiramisu dans un petit sac glacière et prends deux cuillères avec puis nous sortons de ma chambre, direction la salle d'astronomie. Pendant tout le trajet, je garde la main de Katsuyo dans la mienne. La douche m'a à la fois fait du bien, et à la fois m'a un peu déprimé. Je m'efforce de garder un air joyeux sur le visage.

La salle est sombre, ça m'angoisse un peu mais j'y entre après Katsuyo et la laisse récupérer son télescope. Puis elle m'indique une porte que j'ouvre. Je la lui tiens le temps qu'elle passe avec l'appareil. Une fois dans l'observatoire, il fait encore plus sombre. Nous sommes plongés dans la pénombre, seule la lumière de la lune nous éclaire. L'ambiance est calme et feutrée, mais dans mon cerveau elle est synonyme de danger. Pourtant, je fais comme si de rien n'était et m'assois sagement sur la chaise avec un sourire.

- On va pouvoir voir quelles constellations ce soir ? Je demande, à la fois par curiosité et pour ne pas laisser le silence s'installer.

Le silence, c'est mon pire ennemi. Il laisse la place à mon cerveau pour tourner en boucle, alors que le but maintenant c'est d'admirer les étoiles et de se détendre.

Je souris quand il me dit qu'il n'a pas fait autant d'effort que moi.

- Heureusement ! J'ai du mal à m'imaginer que tu sois encore plus beau ! Ta beauté est déjà tellement lumineuse, je sais pas si on va voir les étoiles...

C'est moitié une phrase de feu, moitié une phrase d'astronome, c'est terrible mes disquettes. On se rend main dans la main - HIIII - jusqu'à l'observatoire.

Une fois là-bas, Camil me tient la porte, je lui adresse un sourire. Avant de terminer de faire les réglages. Je n'ai presque pas remarqué qu'on était dans le noir, je suis tellement habituée à ce genre d'appareil, maintenant. Et puis je ne sais pas, la pénombre, c'est un peu comme l'invisibilité, j'ai l'impression de m'y sentir plus à l'aise.

On croirait pas que je suis solaire, haha. Mais en même temps, l'invisibilité tient plus du soleil, en réalité. Puisqu'on peut se dire que ça prend en compte la réflexion de la lum-ROH JE ME SAOULE.

Je suis sortie de mes pensées par sa question.

- Hm, c'est un petit peu nuageux pour le moment, mais ça va s'éclaircir, et on pourra surtout voir la constellation de Lyre et de l'Aigle. Celle dont on avait parlé, tu sais le tanabata, tout ça...

Je suis parti, là.

- Mais en fait, les étoiles ne bougent pas vraiment, enfin, si bien sûr, mais comme la lune et le soleil, elles vont bouger au fur et à mesure de la nuit. Mais, en réalité, le ciel changent assez peu au cours de l'année, l'on voit toujours plus ou moins le même ciel. Après, en fonction des saisons, on peut observer des différences, mais c'est assez mineur. Non, là où le ciel changent vraiment, c'est quand on change d'hémisphère.

J'ai aucune idée de si je suis assez clair ou pas. Puis, soudain, je me souviens qu'on est dans le noir, parce que j'ai du mal à voir son visage. Enfin. Dans son entièreté, je veux dire. Je ne vois qu'une partie de son visage qui est dessinée à travers les quelques rayons de lune, et ça me fait rougir très fort. Je me racle la gorge, pour reprendre contenance.

- Tu veux que j'allume ? Pour manger le tiramisu ce sera plus pratique ! En vrai, on a pas vraiment besoin d'obscurité quand on observe les étoiles, surtout avec un télescope comme lui. Regarde, y a un petit cachet pour justement que ton œil épouse complètement la lentille !

Je lui ai montré du doigts et une petite flammèche est apparu, et l'air d'en rien, j'augmente son rayonnement.

Ok, j'avoue je me suis entraînée à faire ça.

Katsuyo me sort une nouvelle disquette digne des plus beaufs d'entre nous mais je sais pas pourquoi, de sa part, ça me fait rougir. Mais je vais pas me laisser démonter !

- C'est gentil, mais si moi je cache les étoiles, toi c'est la lune que tu assombris.

Et paf.
On va à l'observatoire et je lui tiens la porte. Quand celle-ci se referme derrière nous, nous plongeant dans une obscurité angoissante, je m'assois et laisse Katsuyo faire ses réglages en silence. Je sais que je n'ai plus besoin de craindre l'obscurité. Les punitions, c'est fini, même celles-ci. Pourtant je ne peux pas m'empêcher de m'entourer de mes bras avec un frisson d'inquiétude. Et quand je n'y tiens plus, je pose une question pour briser le silence. Même si je ne la vois pas bien, la voix de la Feu me parvint avec clarté, ce qui a pour effet de me rassurer presque immédiatement. L'anxiété reflue un peu et me permet d'écouter ce qu'elle me dit. C'est super intéressant, même si je ne comprends pas tout. Puis une info que j'ai lue récemment me revient en tête.

- Ah mais oui. J'ai lu quelque chose... Comme quoi, c'est pas le ciel qui bouge la nuit. Genre les étoile tournent pas dans le ciel quoi. Mais c'est la rotation de la terre qui donne cette impression.

Je parle vite et fort, comme pour contrer l'angoisse que je sens monter petit à petit. Je vois un mouvement, et j'ai moi-même un mouvement de recul. Mais c'est juste Katsuyo qui s'est tournée vers moi. Quand elle me propose d'allumer, je sens mes yeux me piquer. Je ravale mes larmes de soulagement et force un sourire.

- On peut rallumer oui, c'est mieux pour manger le tiramisu. Pour la suite...

Une flammèche apparaît dans la pénombre et vient éclairer le visage de Katsuyo d'une lumière chaude et dansante. C'est à la fois tellement sexy et tellement captivant que je m'interromps dans ma phrase, complètement subjugué.

- Ouah... Je sais ce que ressentent les papillons de nuit maintenant.

J'ai vraiment dit ça ?
...J'ai vraiment dit ça.
Je rougis violemment et pour m'éviter de bafouiller, je fais semblant de m'intéresser au télescope. OH. MY. GOD.

Roh mais nos disquettes, là. Ca devrait être interdit.

Une fois à l'observatoire, Camil semble assez intéressé par ce que je raconte, ça me fait plaisir, parce qu'en vrai, j'ai pas trop l'occasion d'en parler. Sauf avec mon père, et en ce moment, c'est pas le meilleur moment. J'acquiesce à sa réponse.

- Oui ! En vrai, tout ce qui est dans l'espace est dans un mouvement perpétuelle, mais les étoiles sont tellement éloignées, que leur lumière nous parvient "en différé", donc elles ne bougent pas du tout comme on a l'impression qu'elles bougent ! Ça me fascine ! Parce que ça veut dire, que le concept de réalité, est faussé par notre perception ! Je trouve ça à la fois génial, mais aussi un peu effrayant.

En revanche, Camil à l'air étrange, il parle un peu plus fort, et vite. J'arrive pas trop à comprendre ce qui se passe dans sa tête. Je lui propose de rallumer et il a l'air d'accord. Mais avant je fais une petite flammèche, et alors que je vois son visage dans la lueur orangée de mon pouvoir.

Vous vous souvenez des disquettes ?

Je rougis d'un coup. La flamme se met à danser, presque de contentement ??? Ca fait ça du feu ???

- Je... Oui... Mais, euh, attention hein, les papillons, ça va pas contre les sources de lumière ? Ahahah, fais attention, hein te brûle pas.

Ok, je suis incapable de parler. Je me lève et je deviens invisible. Lorsque je reprends possession de mes esprits, j'ai pressé l'interrupteur et suit redevenu visible. Woah ça m'a aveuglé.

Je cligne un peu des yeux, avant de revenir vers lui. L.es joues cramoisies, mais un sourire sur le visage.

- On dit que les feux sont des loveurs, mais toi, tu les bats tous.

Je me suis pas rassise, je me suis approché de lui, et j'ai pris ses mains pour les mettre autour de ma taille. Mes bras, quant à eux, s'enroule autour de son cou.

- Les réglages du télescope te vont bien ?

EH mais !! Je marque une pause, gonfle un peu les joues.

- T'as pas fais de commentaire, sur le fait que j'ai enlevé mes lunettes !!

J'écoute Katsuyo me parler avec passion des étoiles et de l'espace, et malgré mon angoisse montante, elle rend tout magique. Tellement que j'en oublie un peu ma peur.

- Ah oui ! C'est pour ça que même si une étoile meurt, on ne le voit pas tout de suite. J'ai juste ? Je demande.

Mon ton est forcé mais ma supposition vient réellement de mon intérêt. Cependant quand Katsuyo me propose de rallumer, mon soulagement prend le pas sur le reste. Je manque même de pleurer. Heureusement je suis distrait juste après par la jolie Feu et l'utilisation qu'elle fait de ses pouvoirs. Voir son visage en ombres et en lumière dans la flamèche dansante est une spectacle qui, je crois, vient de s'imprimer à jamais sur mes rétines. Quand je laisse échapper une phrase sous le coup de l'émotion, la flamme se met à danser de plus belle pendant que Katsuyo bredouille une phrase. Un sourire apparaît sur mes lèvres.

- Si c'est sur ta flamme que je me brûle, je suis sûr que ça ne me dérangera pas.

Ouah c'est disquette-land ici. Oh le beau télescope !
La lumière s'allume et je dois cligner plusieurs fois des yeux pour m'y habituer. Mais la lumière artificielle me fait le même effet qu'un soleil de printemps après un long hiver. Je me détends presque instantanément. En levant les yeux je remarque Katsuyo qui s'avance, les joues rouges. Et les miennes prennent des couleurs avec ce qu'elle me dit. Moi, pire que les Feux..? Je sais pas si c'est un compliment ou autre chose. En tout cas je crois que j'ai envie de continuer, parce qu'elle est adorable quand elle rougit.

Elle s'approche et place mes mains sur sa taille. J'espère avoir arrêté de trembler mais je n'en suis pas sûr du tout... Ses bras s'enroulent autour de mon cou et nos lèvres se retrouvent tout près l'une de l'autre.

- Je crois... Je n'en ai jamais utilisé et je suis un peu myope alors... Je souffle, prêt à l'embrasser.

Mais avant que je n'amorce le mouvement, Katsuyo gonfle ses joues dans une moue et je sens mon coeur descendre dans mon estomac quand elle me dit que je n'ai pas remarqué qu'elle n'avait plus ses lunettes. Je perds mon sourire. J'étais tellement obnubilé par ma propre peur que je n'ai pas pensé à ça ! Je n'ai pas remarqué !

- Pardon ! Je... Tu es magnifique sans lunettes aussi. Vraiment. Je dis pas ça pour me rattraper.

Je me sens mal. J'aurais dû remarquer. Je suis un imbécile. Je sens mes mains qui tremblent un peu.

- Désolé... Tu es toujours sublime à mes yeux. Je dis, partagé entre mon compliment honnête et la culpabilité que je ressens.

- C'est ça !

J'ai acquiescé quand il m'a parlé de la lumière de nos étoiles qui nous parvient, alors qu'elle n'en produisent plus. Je lui propose d'allumer et les disquettes qui fusent. Je suis toute rouge. Ca le dérange pas de se brûler contre mes flammes. C'est mignon, mais, euh fais attention à toi Camil !!

Quand je reviens vers lui, mes joues sont toujours aussi rouge. Il me révèle qu'il est myope. C'est vrai que la loupe, avec la myopie c'est horrible. J'ai des loupes spéciales sur mon télescope, mais j'ai surtout appris les réglages pour avoir le meilleur rendu possible. Mais du coup je ne l'ai jamais vu avec des lunettes !!

Et alors, que je fais ma diva en lui disant qu'il n'a pas remarqué que j'avais retiré les miennes, son visage se décompose. Je sens mon coeur qui se fend. Visiblement, ce genre de remarque n'est pas à faire avec lui. Mes doigts passent doucement sur son visage, alors que j'approche le mien pour l'embrasser.

- Je plaisante, ce n'est rien. Je suis contente que tu me trouves jolie, avec... Et sans, aussi.

Je suis contente qu'il me trouve jolie, tout court. Je reste un moment comme ça, son visage entre mes mains. Et j'essaie d'embrayer sur un sujet plus léger. Je perçois comme un malaise venant de lui...

- Tu es myope aussi du coup ? Je ne t'ai jamais vu avec des lunettes ! Tu n'en as pas besoin ? J'suis sûr que tu dois être trop beau avec !

Ok, dans ma tête, c'est "sexy" le premier mot qui m'est venu mais chhht. Je m'écarte un peu pour aller prendre la glacière avec le tiramisu.

- Si tu veux, je pourrais te prêter mes lunettes, mais j'ai une très grosse correction, donc tu verras peut être pas grand chose !

OMG OMG EST CE QUE MES LUNETTES SONT PROPRES ??

Je sens ses doigts frôler mon visage comme à travers un épais voile. J'ai du mal à gérer mes émotions... La panique m'a complètement envahi un instant, et je me sens légèrement étourdi. Le baiser de Katsuyo m'aide à reprendre mes esprits. Elle plaisantait, bien sûr. Entre le noir et les derniers jours, j'ai réagi comme je l'aurais fait il y a bientôt deux ans... Je me détends. Tout va bien. J'attire Katsuyo pour la serrer doucement contre moi l'espace d'un instant. Elle est comme une bouffée d'air frais pour moi... Ironique pour une Feu non ?

Je rebondis très vite sur ce que dit Katsuyo à propos de ma myopie. Ne pas laisser le passé s'installer, pas ce soir. Plus tard, ça attendra plus tard. Alors à la place, je souris à nouveau, même si mon sourire est moins large, moins enjoué que d'habitude.

- Haha je suis un peu myope oui. C'est arrivé petit à petit ! Et si, j'ai des lunettes mais elles me dérangent la plupart du temps, comme je n'en ai pas l'habitude. Alors je les mets rarement. Mais promis, je les mettrais la prochaine fois. Je dis en embrassant la jolie Feu à mon tour.

Quand elle me propose de me prêter ses lunettes j'éclate de rire en imaginant ma tête avec ses lunettes.

- Oulà, je crois que ce serait pire ! J'y verrais encore moins haha ! Et j'aurais l'air d'une vraie femme avec !! Enfin, il me manquerait encore une ou deux choses, mais là, j'aurais droit au "madame" à tous les coups. Il faudrait essayer un jour !

Avec elle, je n'ai plus autant honte de mon apparence androgyne. Je frotte mon nez contre le sien avant de m'écarter. Je me penche sur le télescope et réessaye de regarder dedans. Cette fois les étoiles apparaissent. C'est beau, beaucoup plus précis qu'avec mes pauvres yeux d'humain. J'y reste un instant, fasciné. Pendant ce temps, Katsuyo est allée chercher la glacière, alors je me redresse et m'assois en tailleurs au centre de la pièce.

- C'est parti pour la deuxième partie du picnic héhé.

Je prends la glacière et prépare le tiramisu. J'avais glissé un coulis de chocolat noir dans la glacière pendant qu'elle ne regardait pas et en mets sur sa part avant de lui tendre son assiette.

- J'espère que ça va être bon. Je dis avec un nouveau sourire.

Je m'assois un peu sur lui quand il me tire. En souriant, et en continuant de toucher son visage. Les doigts de l'une de mes mains passent derrière sa nuque pour remonter contre son crâne. Je souris, toute contente à l'idée de le voir avec des lunettes.

- Hihi trop hâte !!

Puis, à la mention de mes lunettes, il se met à rire, disant qu'on le prendrait vraiment pour une femme. Bon, je suis flatté, parce que ça veut dire que mes lunettes font meuf sérieuses, mais...

- Boh, je trouve pas que mes lunettes soit si genrée ! C'est la monture à fleurs ??

Mais je me reprends, en le regardant dans les yeux.

- Tout mon étage, qui n'est pas déjà sur toi, le serait, du coup !

Oui, je pense essentiellement à Tiago quand je dis ça. On continue de discuter un petit peu, jusqu’à ce qu'il regarde dans le télescope et j'en profite pour aller chercher le tiramisu. On reprend place au milieu de la pièce. Visiblement, la vision du ciel à l'air de lui plaire, hihi !!

Et moi, c'est la vision de ce tiramisu sur lequel il met du coulis de chocolat qui me plaît. J'écarquille les yeux et mets les mains devant la bouche. Avant de relever la tête vers lui.

- Mais tu me gâtes vraiment trop !!! Deux picnic et des choses aussi jolies que bonne, je vais mourir de bonheur !!

Je n'attends pas plus pour prendre une bouchée, et c'est incroyable. Vraiment, je suis trop contente. Ca fait vraiment du bien.

- Merci Camil. Je passe une très bonne soirée, et j'en avais besoin. J'espère que toi aussi, ça va.

Il y a eu un silence, avant que je le brise, pendant lequel on mangeait assez silencieusement. Là, d'un coup, ma phrase est un peu plus lourde de sens. Presque amer. Mais un doux amer, parce qu'il est là. Il rend tout plus doux, Camil.

Katsuyo a l'air toute contente à l'idée de me voir porter des lunettes. Je n'ose pas lui dire qu'il s'agit d'une monture fin en métal argenté tout ce qu'il y a de plus basique. J'ai peur de lui casser son enthousiasme. Par contre l'idée d'essayer les siennes me fait rire. Plus qu'à laisser mes cheveux détachés et entre mon style vestimentaire et les lunettes, on me donnera du "Madame" à tous les coups. Katsuyo les défend et ça me fait sourire. J'ébourriffe doucement ses cheveux.

- Je plaisante. Elles te vont très bien tes lunettes. Je pense que c'est parce que je te vois souvent avec que je les ai associées au genre féminin.

Parce que Katsuyo est très féminine, encore une chose que j'adore chez elle. Elle est énergique, enthousiaste mais elle reste très féminine dans ce qu'elle fait. Je me retrouve sans y faire attention à la regarder dans les yeux quand elle me sort une nouvelle dinguerie.

- Pfff mais non ! Je suis un twink, ça n'intéresse pas grand monde ce genre de gens.

Même si je suis très heureux d'avoir réussi à intéresser Katsuyo. Je prends le temps de regarder à nouveau dans le télescope avant de venir m'asseoir avec Katsuyo. Je prépare le tiramisu et la réaction de la jeune femme ne se fait pas attendre. Je souris en lui tendant sa part.

- Ah non vas pas me claquer dans les pattes maintenant ! Penses aux pancakes demain matin.

Est-ce que je l'appâte avec de la nourriture ? Totalement. Je la laisse commencer à manger et prends une bouchée aussi. Le café, le chocolat, la crème et les biscuits, tout est équilibré, le goût est intense mais pas agressif. C'est délicieux. Et je crois que Katsuyo apprécie aussi, puisqu'elle me remercie.

Puis vient la fin de sa phrase. Je sens que je perds mon sourire, mon regard part dans le vague un instant. Je peux bien lui avouer à elle... J'hésite, je ne veux pas gâcher la soirée avec mes histoires. Mais je sens que si je peux me confier, c'est à elle. C'est dur, le silence s'éternise un instant pendant que je cherche mes mots.

- Ça... Va. Ces derniers temps, j'ai du mal à me détacher de mon passé. Il s'est aussi passé certaines choses, notamment avec une petite nouvelle. J'ai fait des erreurs et ça a réveillé des peurs et des anxiétés en moi. Mon...

Je prends une inspiration. Je ne peux pas le taire toute ma vie. Il fait que je trouve comment l'exorciser.

- Mon père me hante pas mal, depuis la mission. Il est toujours là, même à présent qu'il est parti. Et c'est parfois difficile à contenir.

Je me rends compte en levant les yeux que j'ai tout lâché comme ça. Sans prévenir, sans filtre. Brut.

- Mais je m'en sors ! Ne t'en fais pas pour moi, ça va. Je conclus avec un sourire que je sais être bien pâle comparé à d'habitude.

J'acquiesce quand il me dit qu'il a assimilé mes lunettes à la féminité. Avec un sourire, c'est pas grand chose, mais je ne sais pas, dans son regard, il y a quelque chose qui me fait plaisir quand il dit ça. Mais je ne peux me retenir de pouffer quand il se définit comme un twink, et qu'il n'intéresserait pas grand monde.

- T'es mignon, mais quand même très naïf, t'as aucune idée d'à quel point tu es séduisant.

Et je FILE. Pour qu'on puisse enfin manger ce tiramisu. Il est vraiment excellent. Quand je dis que je vais mourir, il me fait miroiter des pancakes.

- Roooh, les kilos que tu vas me faire prendre !! Mais j'ai trop hâte.

Il va falloir que je reprenne le sport. Mais en même temps, il cuisine trop bien, j'y peux rien, moi je suis faible. Néanmoins, quand je lui dis que je me sens bien, et que je lui demande, d'une certaine manière, si lui aussi ça va. Je sens l'ambiance changer. Un silence difficilement soutenable s'installe, alors qu'il a l'air de chercher ses mots.

Et il se confie à moi. Mes yeux tombent un peu, alors que j'écoute ce qu'il me dit. Puis quand il parle de son père, je comprends. Et je me sens très conne. Vraiment, j'ai une petite couronne avec marquée "reine des imbéciles". Son père est pas juste loin. Mes problèmes me paraissent soudain lointain. Il mentionne les événements du Centre, il n'était pas dans les différentes équipes, j'ai appris la compositions de chaque équipe par coeur, d'angoisse. Mais, je réalise au combien, cette merde nous a tous touché.

Puis, il conclut en disant que ça va. Avec ce sourire. C'est un sourire de menteur, un sourire que je connais bien, pour avoir appris à l'effacer. Je pose mon assiette sur le côté, elle tinte un peu. Je me met sur les genoux, pour m'approcher de lui.

- Camil.

J'ancre mon regard dans le sien.

- Tu es quelqu'un d'incroyable. Tu fais attention, à tout, à tout le monde. T'as l'air de porter le monde sur tes épaules.

Je bafouille un peu, je suis pas terrible pour réconforter les gens.

- Mais, t'es spécial pour moi. Et c'est pour ça, que je veux pas que tu me caches quand ça va mal. On a tous notre passé, et ce qui se passe en ce moment est très anxiogène, alors, avec moi, ne cache pas tes sentiments. Parce que, je compte pas te cacher les miens.

Et de toute façon, le cristal de morphe cesse bien vite de faire effet. Mes cheveux changent un peu, ça ne se voit pas beaucoup, d'ordinaire, avec les extensions, mais là, quand la magie s'estompe, ça se voit, j'ai des mèches plus courtes, qui encadrent mon visage, derrière ma nuque, quelques mèches se tortillent et viennent briser la régularité de ma chevelure.

- Je m'en fais pour toi, parce que, je pense que je comprends beaucoup de tes craintes.

Les parents, ce qui se passent hors des murs de Terrae et qui nous atteints quand même.

J'ai même pas le temps de répondre qu'elle s'enfuit déjà. Non mais ! Je referme ma bouche et on s'installe pour le tiramisu. Quand elle menace de mourir (de bonheur, ouf !), je l'appâte avec des potentiels pancakes demain matin et sa seule répartie se base sur les kilos qu'elle va prendre à cause de moi. Je hausse un sourcil.

- Hé ! Comment c'est injuste c'est ton anniversaire, c'est pas le moment de compter les calories. En plus, les pancakes c'est super sain ! Tiens, pour la peine demain ils seront aux myrtilles.

Et toc !
Malheureusement, l'ambiance change peu après. Elle espère que je vais bien. Je ne veux pas la décevoir mais la vérité est toute autre... Je cherche mes mots puis me confie enfin. Je ne veux pas qu'elle pense que c'est grave, ça ne l'est pas, ça passera. Alors je conclus, en essayant d'avoir l'air naturel, que ça va. Et bien sûr, avec Katsuyo, ma perspicace Katsuyo, ça ne prend pas. Je le sais dès qu'elle prononce mon prénom. Comme un aimant, ça me fait lever les yeux. Et je rencontre son regard vert que j'aime tant. Pendant qu'elle parle, je vois son apparence changer. Je ne sais pas si c'est ses mots ou les mèches visiblement coupées ou brûlées qui me font monter les larmes aux yeux.

Je tends une main, sans vraiment savoir quoi en faire. Elle reste un instant en suspens avant de se poser sur la joue de Katsuyo. Je n'ai pas envie de lui cacher mes sentiments. Je n'ai pas non plus envie de la plomber avec... Trouver le bon équilibre est dur d'habitude, mais là, avec mes émotions juste sous la surface, je ne sais pas si j'y arriverais. Mais je dois essayer.

- Je ne veux pas t'accabler avec mes problèmes... Tu as déjà les tiens, et ils ont l'air d'être bien assez lourds. En plus, c'est ton anniversaire, tu es censée être heureuse. Je veux que tu passes la meilleure soirée possible.

Ce n'est pas assez...

- Mais je sais que tu es là pour écouter si j'ai besoin. Et je suis là aussi. Tu peux même m'appeler au milieu de la nuit, toquer à ma porte à pas d'heure. Peu importe, parce que tu es très importante à mes yeux. Et si tu souhaites qu'on discute de ça, alors on peut. Mais seulement si tu t'en sens capable.

J'ai parlé très sérieusement, d'un ton doux que je n'utilise que rarement. C'est tellement important pour moi.

La promesse de pancake aux myrtille, c'est quelque chose qui me plaît. Je me raccroche à cet élément quand l'ambiance change et que je vois son regard s'humidifié, le miens aussi, par la même occasion. Sa main s'approche de mon visage, et dans ce moment de flottement où je ne la sens pas contre ma peau, je n'aime vraiment pas. Parler de ses sentiments, s'ouvrir, ça peut faire peur, effrayer.

Mais, je n'ai pas envie que notre relation se soit ça.

J'écoute ces paroles, je me love un peu plus contre sa joue. Avec un sourire triste.

- On est pas obligé d'en discuter maintenant, si tu ne veux pas ou quoi. Mais je n'ai pas envie que tu fasses semblant que tout va bien.

Je marque une pause, quand il a dit que mes problèmes avaient l'air lourds, j'ai eu un petit voile qui m'est passé dans les yeux.

- Moi aussi, ça a été un petit peu compliqué. Mais être avec toi, me fait beaucoup de bien, ça m'empêche d'y penser trop. Mais... Je me laisse aller à ce bonheur, et j'ai peur de ne pas voir quand ça ne va pas, toi.

Oula, ça prend une drôle de tournure, un peu non ?

- Enfin, je veux dire, je veux que tu me dises les choses sans détour. Tu me plais beaucoup, mais, j'ai envie de découvrir le Camil de tous les jours.

Je me suis penché en soufflant ses mots et j'ai déposé mon front contre le sien.

L'ambiance a radicalement changé, on est tous les deux émus, on se fait face en se mettant un peu à nu. C'est difficile de rester le Camil joyeux et enthousiaste que j'affiche d'habitude. D'autant plus avec le discours de Katsuyo. J'ai envie de me laisser aller, de pleurer un bon coup, de tout décharger. Mais je veux m'assurer qu'elle tiendra le coup, qu'elle n'endossera pas mes soucis en plus des siens. Les dernières traces de mon sourire disparaissent en même temps que ses premiers mots.

- En parler ne me dérange pas. Et... Je ne fais pas vraiment semblant. Avec toi, je me sens bien, tu me rends heureux.

Je suis honnête dans ma réponse. Oui, je vais pas le mieux du monde, mais à ses côtés, je vais bien. À la mention de ses problèmes, je vois son expression changer, et immédiatement j'ai peur d'avoir fait une erreur. Mais elle prend la parole. Je crois que ça a dû être plus qu'un "petit peu" compliqué. Je suis heureux d'être à l'origine de son bonheur. Qu'elle puisse se détendre avec moi est vraiment mon objectif. Et cette fois ce n'est pas par peur du rejet, enfin, un peu, comme toujours, mais c'est majoritairement par un véritable altruisme. Je l'aime énormément et je veux la rendre heureuse. Puis elle reprend la parole et mon sourire s'efface de mon visage. Je suis touché mais les doutes emplissent mon esprit.

- Et si tu n'aimais pas le Camil de tous les jours ?

La question est sortie sans que je m'y attende, et une expression de surprise teinte un instant l'air angoissé qu'avaient pris les traits de mon visage. Je retire ma main de son visage et baisse les yeux.

- Pardon, je... C'est sorti tout seul.

Je prends une grande inspiration.

- J'ai... Peur de ne pas plaire. Je suis terrifié à l'idée qu'on puisse me détester, ou juste ne pas m'aimer. Alors je fais tout pour, je crois que je me suis construit un personnage pour ça. Et si... Si tu n'aimais pas le vrai "moi" ?

J'ai l'impression de me livrer complètement, c'est une sensation à la fois étrange et angoissante. Sans m'en rendre compte, je retiens ma respiration en attendant sa réaction.

Mon coeur gonfle un peu quand il me dit qu'il est heureux auprès de moi. Mais ne pas voir de sourire sur son visage me fait mal. Je souris à ces mots, en caressant doucement son visage, je ne répond pas. Tout ce que je dirais pourrait être superflu, et j'en ai suffisamment dit, je crois.

Il finit par réellement s'ouvrir, et je l'écoute, d'abord silencieuse. Sa peur du rejet, sa peur d'être détesté, qu'il ne me plaise pas quand il est naturel. Je prends un peu de temps pour répondre. Pendant ce temps, je me réinstalle, en tailleurs.

- Je pense que j'ai déjà pu apercevoir le "vrai" Camil.

Je jette un regard à la glacière.

- On ne prépare pas un pique-nique comme ça juste pour plaire.

Je ne pense pas non plus que tous les moments qu'on passe ensemble sont tous le fruit d'un mensonge. Le fait qu'on apprécie tous les deux, ça prouve bien qu'il y a de nous dans ces moments.

- Je comprends que ça fasse peur, mais, jouer un rôle tout le temps, ça va sera trop pesant pour toi. Je suis sûr que le vraie Camil me plaira. Je sais qu'il me plaît déjà. Tu es là dans les moments difficiles, tu m'écoutes et tu t'ouvres à moi. C'est suffisant pour me convaincre que tu me plais.

Je jette un regard vers les fenêtre de l'observatoire, la lune est ronde et haute, et les étoiles se mettent à briller.