## Mer 8 Mar 2023 - 22:45 | ||
Aaron Williams Messages : 3927 Date d'inscription : 28/02/2011 Emploi/loisirs : Prof de maths et papaaaaa ♥ Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ? | All i need is your voice inside as my guiding light J'ai écrit là-dessus, j'sais pas si c'est hyper approprié mais kdo 18 décembre 2022, soir. —Tu dors ? Silence. J’inspire. Je peux moyen faire semblant. —Nan… je réponds finalement, avant de me tourner vers Lou. Elle est tournée vers moi, elle aussi. On se regarde dans la pénombre ; je devine son visage, ses cheveux ; son bras bien sous la couette, pour pas avoir trop froid. Moi j’ai soit trop chaud, soit trop froid depuis tout à l’heure. Puis j’ai des sueurs, j’respire fort, je m’agite. Le coeur qui tambourine fort. Qui me fait mal. Même mes pensées sont pas très claires, un peu floues, désorganisées. La main fraîche de Lou se pose sur la mienne ; ça me fait l’effet d’une brûlure, puis un petit quelque chose d’apaisant. J’respire mal. Elle est presque plus stressée que moi, mais elle a fait de son mieux pour le cacher aux garçons et à Charlotte ces derniers jours. On a passé du temps ensemble, en famille. On a fêté l’anniversaire de Mitsu et le mien, hier. Aujourd’hui, on a profité d’un temps juste ensemble, et on a débriefé les derniers préparatifs. On nous a confirmé la date et l’heure encore une fois. Demain matin, on part. Alors on a passé chacun un moment avec Charlotte, elle a senti qu’on est stressés mais elle nous a juste dit que tout allait bien aller avec un gros câlin, comme la grande fille qu’elle est. Puis on s’est couché tôt, chacun avec la personne qu’on aime. À essayer de pas penser à ce qu’il peut advenir. À ce qu’il se passerait si un d’entre nous revenait pas. Et on pourrait ne pas y aller, objectivement. Perso, j’y vais pas parce que j’ai envie, mais parce que mes gamins y vont. Parce que mes élèves y vont. Parce que mes amis y vont. Parce que j’leur dois d’être là-bas, sinon je sais pas ce que je pourrais penser de moi à l’avenir. Parce que si je suis pas là et qu’ils reviennent pas, qu’est-ce que je ferai ? Qu’est-ce qu’on fera ? On s’est dispatché nos rôles. Les consignes sont claires : on doit essayer de ne tuer personne, mais on est beaucoup à savoir que c’est impossible. On doit aussi ramener le plus de gamins à pouvoirs, si on y arrive. Et puis le reste. Diversion, maintenir l’entrée accessible, récupération du système de brouillage, récupération des gamins ; et Senri, Nana et moi, récupération des données. J’me répète en boucle le plan dans la tête, en sachant pertinemment que je devrai pas hésiter le moment venu. J’ai déjà buté des gars dans les labos par le passé, j’en ai parlé à Lou. C’est pas simple de l’avouer, et c’est pas simple de dire que j’ai peur de ce qu’il peut se passer si ça se reproduit. C’est pas simple non plus de lui dire qu’on risque vraiment de crever, au vu de l’ampleur de l’opération. On est au moins une vingtaine, au bas mot, à être dépêché sur place en plus des anglais. Plusieurs en retrait, prêts à se téléporter et intervenir au besoin. Des soins organisés, dont Lou fera partie à l’hosto. Des entraînements difficiles depuis un moment. On risque de crever. —On aurait dû se marier cette année. Ça m'a échappé. Elle dit rien, mais je sais que ça la touche. On entremêle nos doigts. —Si t’étais pas tout le temps occupé, répond-elle d’une voix mutine, mais un peu enrouée. J’embrasse ses doigts et soulève la couette pour qu’elle se rapproche un peu, si elle le veut. Un soupir meurt contre ses lèvres alors qu’elle pose sa tête contre ma poitrine. Ma joue se pose contre son front, et on reste là un moment à rien dire. —Organisons déjà celui d’Elwynn et Jérémy. Il y avait les papiers pour les garçons aussi… On a attendu suffisamment longtemps, on peut encore tenir un peu, reprend-elle finalement, ses doigts se glissant sur mon bras avec douceur. On a tout notre temps. Je ravale ma remarque inquiète, acquiesçant lentement. Comme je ne réponds pas, elle relance. —Le mariage... ça n’a pas d’intérêt si tu ne reviens pas ensuite. Ah, c'est pas moi qui l'ai dit cette fois. Sa peine et son inquiétude me broient l’estomac. Je ferme les yeux et la serre plus fort contre moi, le souffle bloqué dans les poumons. C’est douloureux. —Je te promets qu’on rentrera tous. Je t’aime, et je te laisserai pas. Moi, les garçons, Elwynn, leurs amis, Mitsu, Aoi, Norah, Senri et Nana. Des collègues proches. Des amis. Je leur fais confiance. Mais en face, on a le Centre… Et c’est ça le plus terrifiant. J’respire et enfouis mon nez dans ses cheveux en lui chuchotant quelques mots doux. Quand j’ai envie de laisser tomber, je pense à Louisa, à Charlotte, aux garçons. Je pense à notre famille, à celle qu’on essaie de construire malgré les tumultes. Parfois, je me dis que ça a pas de sens, mais est-ce que ça n’en a pas justement autant aujourd’hui ? —Je t’aime aussi, elle chuchote, la voix étranglée. Et on s’accroche l’un à l’autre. J’sais qu’y aura une lumière au bout du tunnel, parce que ça a toujours été le cas. J’compte sur nos compétences, notre expérience, notre magie, nos entraînements. Sur la confiance qu’on s’accorde. Mais jusqu’ici, on a eu affaire à des ennemis sous-équipés, et surtout pas une base aussi vénère. Les enjeux étaient importants, mais même les scientifiques… Je sais pas. J’respire. Et s’il se passe quelque chose, et que je la laisse seule… J’ai envie de lui dire de trouver un plan B, d’y réfléchir ; y a de la thune de côté, l’appart de Boston sera à elle et elle pourra en faire ce qu’elle veut, mais… Mais. —Pleure pas… Elle me dit ça, mais j’pleure parce qu’elle pleure t’sais. On s’accroche l’un à l’autre. Ca va aller. Je crois que ça va aller. J’essaie, en tout cas. On respire ensemble, les joues humides et collantes, pendant qu’on essaie de calmer nos cœurs. Pendant qu’on se tient, comme si on pouvait fusionner ensemble. J’me rappelle de cette fois où on a dû se séparer une nouvelle fois, durant l’Eclipse. Cette fois où je l’ai demandée en mariage un peu connement, par impulsivité, mais avec la plus grande sincérité que j’étais capable de rassembler. Est-ce que j’ai manqué à mon devoir ? —Tu m’en veux de repartir ? Ouais. Ouais, elle m’en veut. Elle a pas besoin de me répondre, je le sens. Ca la ronge, mais elle le respecte. Et ça la rassure. J’comprends. J’comprends, j’ressens la même chose par rapport à moi. —Tu m’avais promis. —Je sais. Je… j’suis désolé. Tu sais que je peux pas les laisser y aller seuls. Elle acquiesce faiblement. J'suis sûre qu'elle aurait pas compris si j'y étais pas allé non plus, en vrai. —Si je pouvais, j’aurais sûrement envie de venir aussi. Mais je n’ai ni pouvoir, ni arme, ni compétence de combat spéciale, ironise-t-elle. J’aimerais… faire autre chose que vous attendre ici et me ronger les sangs. —Ils auront besoin de toi à l’hôpital… Un sanglot éclate dans sa gorge, et je me mords la lèvre, conscient d’en avoir encore une fois trop dit. Mais c'est vrai ; elle est infirmière, et elle est douée. Je sais qu'elle se rendra utile comme elle l'a toujours fait, même si elle en doute. Même si elle pense être inutile, parce qu'elle a pas de pouvoirs et machin, là. On a déjà eu cette conversation pas mal de fois, mais là c'est plus fort parce que c'est... une crise, quoi. Je comprends. —Et qu’est-ce que je fais si c’est l’un d’entre vous qui est blessé ? —Si on est blessé, c’est qu’on est encore en vie, je grommelle. Un léger coup sur mon bras me fait grimacer. —Hé. —Dis pas des choses comme ça ! —Lou, c’est pas d’être blessé dont j’ai peur. Elle se redresse sur un coude, et je suppose qu’elle essaie de me fixer dans l’obscurité. Bien sûr qu’elle sait, elle aurait pas lancé le sujet de manière aussi cash tout à l'heure. C’est juste plus simple de pas y penser et d’avancer jusqu’au moment où on sera face à tout ce merdier. Mais j’y ai bien pensé, de mon côté, et j’ai écrit des lettres pour tout le monde. Enfin, pour la famille, sinon ça faisait vraiment trop de monde et j’crois que j’étais déjà en train de tremper le papier de larmes au bout de trois lignes donc ouais. La famille c’était bien déjà, ça me donnait l’impression de faire les trucs correctement. J’me sens épuisé avant même d’y aller. Pourtant demain je sais que je devrai être plus concentré que jamais. Alors tranquillement, je glisse une main sur sa joue. Je crois que le fait d'avoir peur de crever me rend étrangement nostalgique ; j'ai été suicidaire tellement longtemps, j'arrive pas à croire que là j'en suis au point où j'me dis que j'ai pas envie que ça arrive. C'est étrangement à côté de ce dont j'ai l'habitude... et finalement, c'est presque ça le plus rassurant, de me dire que je me battrai pour sortir tout le monde de là, moi avec. —Je reviendrai. J’te promets. J'ai aucune intention de mourir. Mais... Juste. Au cas où, y a des lettres dans- —Non. Je ne lirai pas. Elle subit vraiment mon bullshit juste avant le départ là, hein ? Putain quel cassos. —Ecoute… c’était pour pas laisser de trucs en plan, ou… Juste. Que tu saches ce que je ressens, et-... Même juste pour Charlotte... —T’es un crétin. Je sais ce que tu ressens. Vrai que j’lui dis tout le temps, mais quand même. On chiale encore, c’est marrant. Mon pouce essaie même pas d’effacer ses larmes, juste de caresser sa peau. Ça doit être la dispute la plus apathique qu'on ait eue en cinq ans, c'est presque mignon. On a pas envie de se bagarrer ce soir je crois, mais en même temps, ne pas parler de nos émotions ? Nous ? Woah. C'est mort. Mais ouais. Si je suis plus là, j'aimerais que Charlotte ait un truc au moins... C'est vraiment con. —Y a des trucs que je t’ai pas dit... J'avais envie que tu le saches, au cas où. Si tu veux pas lire la lettre... tu veux au moins que je te le dise ? —Non... Non. Tu me le diras en rentrant. Ma gorge se bloque et j’inspire pour retenir une nouvelle montée de larmes. Et si c'est pas possible ? Et si ça n'arrive jamais ? —Moi aussi, il y a des choses que je t’ai pas dites. —Qu’est-ce que c’est ? —Je te le dirai quand tu seras rentré. Cette femme, cette merveilleuse femme. Je me redresse sur un coude pour chercher ses lèvres. C’est salé. —Ca marche. Quand on sera rentrés, alors. Elle sait pas à quel point ça me donne de la force juste de l'entendre. Juste de la sentir là. Juste de savoir qu'on m'attend. Demain soir, on fêtera notre retour. Y a pas d'autre choix possible. On se recale l'un contre l'autre, pas du tout apaisés, mais au moins on est ensemble. —On pourra manger des lasagnes pour mon anniversaire ? On pourrait les préparer ensemble. —Ce que tu veux. —Oh et. C'était chouette, de fêter avec Mitsu, hein ? C'était une bonne idée. J'aime bien les soirées comme ça. —Vivement Noël, qu'on fasse la fête avec tout le monde, alors. —C'est clair... Va falloir qu'on fasse ça dans la salle de réception j'crois. —Chéri, tu peux pas réserver la salle de réception tous les ans. —Tu déconnes, on invite toujours tout le monde ! Heureusement, j'me suis endormi à un moment donné, sinon j'aurais pu la saouler avec les préparatifs de Noël encore longtemps. Au moins, je l'ai entendue sourire à un moment donné. J'vous jure, elle a souri. Ma merveilleuse, merveilleuse Louisa. Dernière édition par Aaron Williams le Ven 21 Avr 2023 - 19:09, édité 1 fois |
## Jeu 9 Mar 2023 - 22:43 | ||
Aaron Williams Messages : 3927 Date d'inscription : 28/02/2011 Emploi/loisirs : Prof de maths et papaaaaa ♥ Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ? | 19 décembre 2022, matin. Ils sont partis. Elle s’accroche à leur odeur et la chaleur de leurs corps qui s’évaporent trop vite dans l’air. Il lui faut un temps pour se faire à l’idée, une fois la porte passée. La main de Charlotte serre gentiment la sienne, comme un rappel à la réalité. Ses yeux d'argent rappellent à Louisa qu’elles sont encore là, elles. —Tu veux qu’on aille manger le petit-déjeuner ? —Oh oui ! J’ai trop trop faim. La petite la tire jusqu’à la table de la cuisine et finalement la lâche pour ouvrir le frigo, encore un peu grand pour elle ; elle cherche le lait pour son chocolat chaud, sort le beurre, tire le petit marche-pied pour grimper dessus avec application. Elle se lisse sa mèche rebelle en haut de son crâne, souffle sur une autre mèche qui lui tombe devant les yeux, et va chercher le chocolat en poudre sur le comptoir. Puis elle redescend, et récupère son bol préféré dans le placard qu’ils lui ont attribué — près du sol, c’est pratique pour elle et ça évite à tout le monde de se casser le dos en se baissant, mais d’ici quelques années, ils transporteront sans doute le thé et les épices par ici. Quand Charlotte revient vers la table avec une cuillère, cette fois, elle la fixe longtemps. Lou se rend compte qu’elle n’a pas bougé depuis un moment, simplement à l’observer, les bras ballants près de la porte de la cuisine. —Tu veux que je te fasse des tartines ? demande Lou, soudain à nouveau connectée. —Wi, merci. Tu viens pas manger avec moi ? —Si, si… J’arrive, attends. Tu veux de la confiture ? —Non ! Je peux me prendre du chocolat en poudre dessus plutôt ? —Allez. La petite sourit et va préparer son chocolat chaud, pendant que Lou s’installe et s’applique à tartiner de beurre les tranches de pain. Elle l’observe faire du coin de l’oeil, le ventre désagréablement tordu. C’est fouillis dans sa tête. Ça s’agite, et elle a les yeux encore douloureux d'avoir trop pleuré hier. Heureusement, Lou a l’habitude des situations critiques, elle ne travaille pas dans un hôpital pour rien. Elle prendra les choses avec la tête froide, autant que possible, tout du moins. Peut-être qu’à un moment donné, elle n’y arrivera plus ; pour le moment, il faut qu’elle essaie encore un peu. Charlotte fait chauffer son lait au micro-onde et rajoute le chocolat en poudre ensuite. Elle est minutieuse dans ses gestes, elle a l’habitude de faire attention avec Jérémy et Lou qui la supervisent régulièrement en cuisine. Aaron et Nico font toujours les choses un peu vite, dans leur manière un peu vive et trépidante d’exister ; malgré la préciosité avec laquelle ils traitent la petite fille, cette douceur qui est la leur. Plus elle l'observe, et plus elle se rend compte qu'elle a adopté les traits de tout le monde dans cette famille, du moins à sa manière. Quand elle est concentrée, c’est l’air de Jérémy, sauf quand elle est en train de bricoler, alors là c’est plutôt comme quand Nico travaille sur une expérience ou un devoir. Quand elle ne comprend pas quelque chose, c’est la grimace d’Aaron qui fait la compta ou essaie de déchiffrer les réponses d’un élève. Sans doute lui ressemble-t-elle aussi, lorsqu’elle s’interroge et s’émerveille et observe, lorsqu’elle écoute et sourit doucement, lorsqu’elle lui lance un regard en coin complice et mutin ; mais Lou aime surtout retrouver l’air de toutes les personnes qu’elle aime les uns chez les autres. Chacun prend les expressions de l’autre, les habitudes, même leur rire ; ils fonctionnent comme un petit orchestre, qui a l’air désorganisé de l’extérieur, mais qui pourtant ne marcherait pas mieux. C’est un organisme vivant, cette baraque. C’est tout étrange, aujourd’hui, maintenant qu’elle est vide. Et dans son coeur, tout est très froid. Charlotte saute d’un coup sur ses genoux, le corps en travers, et lâche un grand sourire goguenard ; ça tire à Lou un sursaut, puis un rire soufflé. —T’inquiète pas Mam’ ! Ils vont battre les méchants et revenir après. —Qui t’a parlé de ça ? —Tout le monde parle de ça… boude-t-elle, comme si Lou venait de lui dire qu’elle avait fait une bêtise. À l’école, et puis dans les couloirs, et même vous le soir… Lou hausse un sourcil et Lottie grimace en laissant ses bras ballants, toujours étalée sur les genoux de sa mère. —Oui, j’écoutais… des fois, mais pas tout temps hein. Vous parlez fort !! Et puis Maria nous a dit que Tomoe pourrait pas nous garder aujourd’hui et que ce serait elle, et puis Daisuke il a dit que c’était parce que tout le monde allait taper sur des méchants et qu’on allait les taper fort et après j’ai pas tout compris. Inspiration. Bon, évidemment, ils lui avaient bien dit qu’ils allaient devoir s’absenter et qu’ils avaient une mission, mais ils n’allaient pas dire à une enfant de sept ans : on part taper des méchants et on risque de pas revenir. Merci Daisuke, Lou ne t’est pas reconnaissante d’avoir appris ça à Charlotte… Enfin, elle n’est pas stupide. Elle a bien senti que des choses se tramaient… et ça devenait dur de ne pas en parler à Terrae, maintenant, alors concrètement ce n’est peut-être pas si mal que ça se soit déroulé comme ça, malheureusement. La petite bat des jambes, regardant Lou en biais, comme pour jauger sa réaction. Lou finit par poser les tartines, s’essuyer les mains sur une serviette à portée et poser sa main sur le dos de l’enfant. —Il a dit quoi d’autre, Daisuke ? —Euh, pas grand-chose, parce que Maria et Tomoe étaient fâchées et elles lui ont dit de sortir après. Il fait tout le temps des bêtises lui, pff. C’est fou. L’anglaise pouffe de rire et la chatouille un peu. —Et toi tu les écoutes, ses bêtises ? —Maiiiiis euh ! rit-elle en se tortillant pour lui échapper. Il parle touuuut le temps, c’est pas ma faute. —Chipie. Les deux blondes rient ensemble et se lancent un regard, avant que Charlotte ne peine à se redresser en se tortillant comme un asticot. Elle se rassoit sur les genoux de Lou et l’observe, avant de baisser les yeux. —Dis… Il avait raison, Mamou ? —… Oui, il avait raison. Mais tout ira bien ; fais confiance aux adultes, d’accord ? Tout le monde travaille très dur pour ramener de nouveaux amis à Terrae. Ce sont des amis d’Aylan ; tu le connais, non ? —Oh, c’est vrai ?! Woaaahh trop bien ! rit-elle. J’espère qu’ils sont sympa comme lui et puis qu’ils voudront bien jouer. Ils viendront nous visiter dans la classe ? La fillette attrape une tartine pour y ajouter avec application une cuillère de chocolat, et mord ensuite dedans en battant des pieds. —Je ne sais pas, ma puce. On pourra aller demander à Aylan, d’ici quelques semaines. —Oh mais non, c’est long… —Ils seront sûrement fatigués de leur voyage, tu sais. —Ohhh… D’accord, boude-t-elle, avant de terminer d’engloutir sa tartine. L’enfant mange encore goulument, mais en lui montrant bien qu’elle est UN PEU fâchée. Lou sourit et pose son menton sur sa tête. —Tu vas travailler après ? —Oui, mais je te dépose à l’école d’abord. —Rooohhh… Je peux pas y rester avec toi aujourd’hui ? —Tu es inquiète ? —Mais non euh… L’anglaise ferme les yeux et la berce gentiment. Bien sûr qu’elle doit l’être. C’est difficile de protéger une enfant de tous les discours et toutes les inquiétudes des adultes. —Alors tout va bien ; tu verras, ce sera chouette avec Maria aujourd’hui. —Bwi, je l’aime bien. Ils sont trop beaux ses cheveux, ils sont tout roses ! rit l’enfant. Ca donne envie de la faire plein de tresses, comme dans les cheveux à Mymy. Lou ne répond pas et sourit simplement dans ses cheveux incoiffables. —Allez, finis ton chocolat chaud, on doit y aller bientôt. —OH QUOI !! Déjà !! s’agite d’un coup l’enfant, lui donnant un coup de pied par inadvertance (grimace contenue). Vite, vite, je finis ! —Doucement… On a encore un peu de temps. —Pfiouh. J’ai cru qu’on allait y être en retard. Alors ça va. Et elle reprend son temps. Typique Tonnerre, on ne se demande pas qui sont le père et le frère… Quand Charlotte a fini, elle saute d’elle-même des genoux de Louisa et va courir jusqu’à sa veste dans l’entrée. —Pumpkin, ton sac ! —Ah wi ! Elle l’entend déraper dans le couloir et pousse un demi soupir en récupérant le bol abandonné sur la table, pour faire une vaisselle rapide. Elle range derrière le gentil bazar qu’a laissé sa fille — elle est très autonome, mais en met encore un peu partout, normal pour son âge. Et en lavant le bol, les mots d’Aaron la veille au soir lui reviennent. Au moins pour Charlotte… Son regard est comme attiré par la porte du bureau d’Aaron lorsqu’elle va chercher sa veste et enfile ses chaussures. Hésitation. Charlotte n’est pas encore là, alors peut-être qu’elle peut… —Chuis prête ! Lou se recule alors qu’elle allait poser la main sur la poignée de la porte. Prise en faute. —Papou il a oublié quelque chose ? —Oh… Non, ne t’en fais pas. Viens, on va être en retard. —Maiiiis tu as dit qu’on était pas en retard !! La petite se rue sur ses chaussures pour les mettre, ajuste son bonnet (Lou lui remet droit, et elle ronchonne en retour) puis lui sourit et lui tend la main. —Ce serait pus simple si on pouvait voler, quand même. —C’est vrai… souffle Lou, partagée entre le rire et beaucoup d’autres émotions. Des émotions qui n’ont pas leur place dans cette conversation, se rappelle-t-elle. La petite main fraîche l'apaise immédiatement... Tête froide. Le trajet jusqu’à l’institut n’est pas désagréable, mais elle reste pensive — alerte — pendant que Charlotte fait la conversation. Elle lui répond sobrement, l’encourage, lui pose des questions, mais elle n’est pas trop là. Charlotte lui secoue le bras alors qu’elles allaient entrer dans le bâtiment principal de l’institut. —Oh regarde Mam’ !! Il neige ! J’espère trop qu’on va faire des bonhommes de neige à la pause. Ce serait trop chouette. Comme ça, ça fera plein de décors partout partout dehors pour les copains d’Aylan. Cette fois, Lou ne répond pas. Elle se laisse entraîner jusqu’au premier étage, dont Charlotte monte les marches diligemment, avec application. On dirait qu’elle les compte, des fois. Elle la laisse courir — enfin, trottiner — jusqu’à la salle de classe des petits, cartable hyper léger sur le dos, et saluer tous ses copains en souriant et avec un grand geste de la main. Maria sort pour la saluer en se penchant vers elle, lui offrant au choix un câlin, un tope-là ou un signe de la main. Charlotte saute sur place pour taper dans sa main, toute contente, puis se retourne et re-court vers Lou : —Ah !! Bisou Mamou !! —Bonne journée Pumpkin. Lou se penche vers elle et l’embrasse sur le front, avant que la tornade blonde ne rejoigne les autres. Maria lui offre un salut de la tête. “La mission a déjà commencé, ils sont partis il y a peu. Tout va bien se passer, j'en suis certaine.” Lou déglutit et acquiesce. C’est vrai qu’elle est télépathe… Un pouvoir qu’elle n’aime pas beaucoup, malgré la douceur que dégagent habituellement ses détenteurs. “On va tenir les petits occupés aujourd’hui, prends le temps de souffler.” Mais il faut aller à l’hôpital. Yuuna l’attend… et elle a déjà un peu traîné. —Merci Maria, sourit Lou. —Bonne journée. “Bon courage.” Et Louisa s’en va sur un dernier signe de la main, reprenant le chemin en sens inverse. La neige tombe et recommence à coller au sol, comme il y a quelques jours. Un instant, elle fixe ces flocons, une main sur le rebord de fenêtre. Bon courage, hein. Elle inspire et se passe une main épuisée sur le visage, reprenant sa route jusqu’à l’hôpital. Lorsqu’elle rejoint Yuuna, après avoir vérifié l’état des blocs, elles se posent toutes les deux contre le bureau de l’accueil, immobiles et silencieuses dans leurs blouses d’infirmière et de médecin, une main posée sur celle de l'autre. Elles seront informées bien assez vite des morts et des blessés, au moins. |
## Jeu 30 Mar 2023 - 21:05 | ||
Aaron Williams Messages : 3927 Date d'inscription : 28/02/2011 Emploi/loisirs : Prof de maths et papaaaaa ♥ Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ? | 19 décembre 2022, milieu/fin de matinée. tw : bon ça va toujours plus dans le sombre, hôpital, coma, tout ça —Oui… oui, entendu. Vous pouvez demander aux Guérisseurs présents à l’institut de nous rejoindre s’ils le peuvent ? Ils pourront se rendre utile. Le regard de Yuuna se glisse vers Lou, assise à côté d’elle. L’infirmière observe sa collègue et amie, le ventre tordu douloureusement sous l’intensité de ce qu’il s’y passe. Yuuna semble hésiter, mais finalement attire l’attention des collègues et énonce, aussi doucement qu’elle semble le pouvoir : —L’équipe de Mitsuki est blessée : Luna, Tiago et elle. Au moins deux blessures par balle, des brûlures au troisième degré, la Greffe de Mitsuki réagit à ses blessures. Il semble que leurs pouvoirs aient changé, Ryu est en route et Misao a été prévenu, il arrive. L’équipe d’Aaron arrive bientôt pour les rapatrier. Eux aussi sont blessés, ils ont subi des brûlures, des traumatismes dont crâniens et ont utilisé une grande quantité d’énergie. Senri n’est pas du genre à se laisser faire, sédatez-le au besoin. La soldate avec eux n’est pas trop blessée, mais aura besoin d’une auscultation, on peut laisser ça à une Etoile pour l’instant. Son coeur tombe dans son estomac comme une pierre et elle acquiesce lentement, la gorge serrée. Elle inspire, sent ses yeux la piquer un peu mais décide de froncer les sourcils et s’organiser avec le reste des soignants. Ils sont attentifs, il y a comme une tension palpable qui flotte alors que la répartition des rôles est donnée. Il y a comme quelque chose qui manquent — plusieurs collègues, en fait. Norah, Aoi. Sylvia n’est pas là non plus, elle est encore à l’institut. Comment va-t-elle annoncer tout ça aux étudiants ? —Préparez les lits, ils arrivent. Ce n’est pas une équipe qui arrive, c’est Aaron, tout seul, sans son gilet pare-balles, qu’il a visiblement abandonné sur place, pendant qu’ils déplaçaient un nouveau lit pour accueillir les blessés. Il a l’air hagard, les yeux confus, alors qu’il semble chercher à accrocher un regard. Le sien. Ils se regardent. Lou constate le tatouage de sa Greffe, ainsi que son oeil gauche rougeoyant, terrifiants ; le sang sur ses mains, qui goutte juste par terre. Lou ne réfléchit pas et l’enlace, il réagit à peine ; ses mains vont chercher sa tête, le détaillent, ses joues, sa tête ; elle respire pour ne pas s’effondrer ou lui en coller une, ou hurler de joie de le voir là, vivant — mais elle n’a pas l’impression qu’il soit très vivant, tout compte fait. C’est tout décalé comme scène, ce silence de mort avant la tempête. —Tu es rentré… chuchote-t-elle, les larmes aux yeux. Il acquiesce, lentement, respire, lentement, et elle perçoit la fatigue, la fatigue… Elle serre ses mains dans les siennes, heureuse de constater que ce n’est pas son sang. Puis horrifiée de constater que ça n’est pas le sien. Impossible de savoir. Ryu arrive, et elle est forcée de s’écarter ; c'est comme si sa main lui échappait définitivement. Ils reviennent avec Mitsuki, et à partir de là, c’est le branle-bas de combat. Elle ne peut que voir Aaron enchaîner quelques téléportations, et s’effondrer sur une chaise, de loin. Elle comprend. Chacun a son rôle à jouer ; on se concentre. Les opérations durent longtemps, elle fait de son mieux, parce qu’aujourd’hui c’est ça son rôle. C’est celui qu’elle peut avoir ici. On se croirait un peu à la guerre. Et comme toujours, après la guerre, l’horreur du retour. Quand elle ressort, épuisée, de l’enchaînement de soins octroyés aux blessés, des analyses qui ont dû être faites… — elle retrouve Yuuna épuisée dans le couloir, à regarder le plafond, assise par terre près d’une chambre. Elle a beaucoup pleuré, alors elle s’assoit près d’elle, dans le silence… après comme avant la guerre ; à fixer le vide ensemble. Finalement, elles se serrent dans leurs bras, touchées, émues, attristées, puis effondrées — ses amis, les personnes qu’elles aiment, leur famille… Parce qu’après ça, il va falloir enlever les gants, les blouses, nettoyer le sang, rentrer à la maison et essayer de dormir. Expliquer à Charlotte. Attendre que les blessés se réveillent. Attendre qu’il se réveille. On lui a expliqué les détails avant de la laisser entrer dans sa chambre ; d’abord les médecins, puis Ryu directement. Aaron a passé un scanner, il a une commotion cérébrale gratinée, qui aurait pu être pire encore s’il n’avait pas soigné brièvement sa tête. Son niveau d’énergie est particulièrement bas, il aurait trop forcé en donnant de l’énergie à ses collègues et amis. Il a trop utilisé sa Greffe, fait trop d’aller-retours, utilisé trop de cristaux ; bref, il ne s’est pas préservé. Ca ne l’étonne pas ; c’est probablement la première pensée qui l’a traversée, alors qu’elle se passait une main lasse sur son visage plus las encore. Pour le reste : des contusions, des brûlures, ses muscles qui ont pris des coups à cause de l’électricité. Mais il a ramené la clé USB et les précieuses données. Lou lance un regard interdit à Ryu. Elle sait qu’il ne lui a pas dit ça pour la rassurer, mais pour l’informer. Elle s’en fout, honnêtement. Il le sait. Elle sait qu’il sait. Tout va bien entre eux ; ils savent. Ce n’est pas de la faute de l’autre, mais que dire dans cette situation ? Que dire dans cette situation, quand toute sa famille est allongée dans un lit d’hôpital ? On ne sait pas quand il va se réveiller, on ne sait pas s’il va se réveiller. On ne sait pas. On ne sait pas. Elle aussi, elle sait qu’ils ne savent pas, mais ça ne l’empêche pas de vouloir cracher son fiel sur quelqu’un, ce venin qu’elle ne sort pas souvent mais qui lui brûle la langue. —Merci pour l’information Ryu. Je vais aller le voir. Bonne soirée. Pas de discussion possible. C’est intransigeant. Elle ne sourit même pas par automatisme, elle pousse simplement la porte, et le poids de la journée lui tombe encore plus fort sur les épaules. Il a été sédaté, mis sous perfusion, et ses constantes sont stables. Ils n’ont pas pu vérifier si ses fonctions exécutives étaient encore opérationnelles — ce n’est pas la première fois qu’il finit dans cet état, il lui a raconté, elle sait, ça la terrifie. Et si cette fois c’était la fois de trop ? Est-ce qu’il va savoir s’arrêter un jour ? Les larmes coulent et elle est épuisée. Elle veut voir Mitsuki, Aoi et Elwynn, elle veut voir Nicolas et Jérémy, elle veut voir Aaron. Mais il est là, pourtant, allongé dans la pénombre, et sa respiration est calme. Elle espérait juste qu’il revienne, avant ça. Lorsqu’elle s’approche de lui en tirant un siège, trop lourd pour ses bras gourds, elle constate ses longs doigts tout propres. Il n’y a plus le sang. Aucune blessure visible, ou presque, quelques égratignures que les Guérisseurs n’ont pas touchées, pour préserver leur énergie si précieuse. Cette énergie qu’il dilapide, qu’il consomme sans réfléchir. Elle s’endort avec sa main fermement serrée entre les siennes. Réveil en sursaut. Le coeur battant, Lou se redresse et manque de faire tomber son portable, posé sur ses genoux ; il fait nuit derrière les rideaux tirés. Les faibles lumières au-dessus du lit lui font pourtant plisser les yeux. Un coup d’oeil sur l’écran de son téléphone la fait sursauter à nouveau et se lever en trombe. —Oh non, Charlotte…! Elle s’arrête alors qu’elle commençait à sortir, une main sur le fauteuil. Dans la chambre silencieuse, elle reste immobile un instant, confuse sur la marche à suivre. Un goût métallique se glisse dans sa bouche. Quelques larmes s’effacent sur sa manche, et la porte se ferme finalement. Elle presse sa marche dans l’air glacé du soir, avec la neige qui s’est accumulée dans la journée. Sortir lui est presque étrange, décalé et insoutenable après l’agitation à l’intérieur. Bientôt, la silhouette de l’institut se découpe sur le ciel clair d’une Tokyo qui ne s’éteint jamais vraiment. Elle y pénètre vivement, grimpe les marches quatre à quatre jusqu’à rejoindre les salles de classe… évidemment vides. Sa gorge se serre et elle s’empresse d’aller vers le dortoir des petits, où elle espère retrouver Maria… C’est Tomoe qui l’accueille dans le couloir. Elle lui fait signe de ne pas faire de bruit, mais ne la fustige pas pour son retard malgré ses nombreuses excuses. La jeune métisse aux cheveux blonds semble aussi avoir les traits tirés, mais elle garde son sourire habituel, chaleureux mais effacé. —Tout va bien, nous avons couché Charlotte avec les autres. Elle était un peu surprise, mais elle a réussi à manger ce soir. —Vraiment désolée, je me suis endormie et je n’ai pas fait attention à l’heure… balbutie-t-elle. —Est-ce que ça s’est calmé, à l’hôpital ? Lou sent sa gorge la serrer, mais elle acquiesce et se passe une main sur le visage. Elle reprend à voix basse : —Oui, oui… ça s’est calmé cette après-midi. On a eu beaucoup d’équipes à gérer en même temps… —Quelles sont les dernières nouvelles ? —Pas très bonnes, mais… au moins, tout le monde est rentré. Les deux amies se lancent un regard peiné, avant que le silence ne retombe dans le couloir. Les collègues de Louisa et Aaron ont tenus à les présenter lors de l’arrivée de Lou à Terrae, afin qu’elle se fasse son petit réseau de connaissances. Elles ont tout de suite accroché ; Tomoe car elle aime l’énergie posée de Lou, et Lou pour la douceur et la gentillesse de la Voyante. Et puis, c’est l’une des amies les plus proches d’Aaron, la professeure de sa précieuse Charlotte. Parfois, lorsqu’elle voit les deux Masters interagir, elle se surprend à se sentir jalouse de cette proximité, de leurs regards échangés, cette compréhension sans mots qu’ils peuvent avoir. Il l’a aimée, après tout, avant d’abandonner, de passer à autre chose, bien avant Lou. Il lui arrive de se demander si ce n’est pas simplement parce que ses propres amis sont si loin ; cette distance qui l’a longtemps isolée mais dont elle se contente à présent, à défaut d’autre chose. Aujourd’hui, elle se rend compte qu’elle aussi considère Terrae comme sa famille, à présent. C’est étrange, cette proximité qui s’est créée sans qu’elle ne la remarque. Elle essuie ses joues d’un geste embarrassé, presque furieux envers elle-même. —Est-ce que tu veux qu’on réveille Charlotte pour que tu puisses la ramener ? Lou hésite. Réveiller égoïstement la petite… ou la laisser là, et rentrer seule. La perspective de la maison vide lui provoque une bouffée d’angoisse terrible. Elle inspire difficilement et acquiesce. La main de Tomoe prend la sienne, et elle contient de son mieux tout ce qui essaie de monter en elle. —Prends le temps qu’il te faut. Elle le prend déjà trop. C’est bon, ça ira… Elle n’a pas combattu, elle ; elle peut au moins faire semblant d’avancer, ignorer les images de la fin de matinée qui lui reviennent en boucle. —Tomoe… Dis… Ca va aller, pour eux ? La main de Tomoe se fait plus crispée, mais ses yeux ne fuient pas. C’est douloureux, comme question, comprend-elle. Elle n’a pas regardé. Craint-elle ce qu’elle risque d’y voir ? Mais Louisa a besoin de savoir, sinon elle ne dormira pas. Est-ce que ça va aller ? —Non, oublie ça, ajoute-t-elle dans un rire nerveux, replaçant une mèche derrière son oreille. Tomoe secoue la tête et il y a comme un changement dans son regard ; une lueur. Elle déglutit, serre la mâchoire et finalement se détend. Lou lui serre doucement la main en retour, sentant un vertige la prendre. —Ca va aller. C'est promis. La voyante perd son regard sur elle encore un peu… avant de sourire et se détourner, lui indiquant de la suivre puis de ne pas faire de bruit. Elles poussent la porte des dortoirs et s’avancent jusqu’à une petite chambre, où dorment trois enfants ; Charlotte est couchée en travers du matelas inférieur d’un lit superposé, les bras en étoile. Sa posture nonchalante fait soupirer de joie Lou, qui va la réveiller doucement, d’une caresse sur le front. —Désolée de te réveiller si tard, ma citrouille… Rentrons à la maison. Ladite citrouille geint un peu mais l’autorise à la soulever dans ses bras ; elle commence à être lourde, maintenant… Lou respire son odeur, le nez dans ses cheveux, pendant que Charlotte s’accroche à elle, le sommeil encore accroché aux yeux. —Ohhh, Mam… Où t’étais… —Le travail… —T’abuses… —Je sais ma citrouille, excuse-moi. Lou s’éclipse hors de la chambre pour ne pas faire plus de bruit et ne pas réveiller les autres petits. Elle s’arrange pour récupérer la veste que lui tend Tomoe pour rhabiller bien comme il faut sa fille. —Maaaam…. —Il fait froid dehors, on va aussi mettre ton bonnet. —Roh mais nonn… Sur un dernier signe de la main, Lou forme un le mot “merci” du bout des lèvres, avant de soulever à nouveau l’enfant dans ses bras et ressortir. Elle est là, dans ses bras… Tout va bien. Sa main se pose sur ses cheveux aux épis incoiffables… Petite puce… Petite citrouille… Le trajet retour est silencieux, mais moins terrifiant qu’à l’aller. Elles ne parlent pas, toutes les deux, trop épuisées ; Charlotte par sa journée d’écolière, et Lou par tout le reste. Balthazar les accueille d’un air ensommeillé, et même Termicator vient ronronner à ses pieds. Blobby bulle paresseusement dans son aquarium. Enlever la veste. Les chaussures dans l’entrée. Brossage de dents. Pyjama. La maison est trop silencieuse. —Papou, Colas et Mymy sont déjà rentrés ? Tu crois qu’ils sont déjà au lit ? demande Charlotte, une fois au fond de son lit. Ses grands yeux gris brillent de questions ; Lou tressaille. —Non, pas encore… Mais ils sont sûrement déjà au lit, oui. —Bon, alors ça va. La petite sourit et se positionne correctement dans son lit, serrant son doudou requin contre elle. Elle l’observe trop. Elle ne s’arrête pas. —C’était dur le travail aujourd’hui, Mamou ? Un soupir échappe à l’adulte ; elle se penche vers Charlotte et effleure son front d’un baiser, la voix tremblante. —C’était dur, oui. Mais ça ira, ne t’inquiète pas. C’est largement l’heure de dormir, allez. Bien sûr qu’elle s’inquiète, mais Lou ne lui en laissera pas le temps. Elle remonte les bords de la couette et la borde. Il faut préserver son sommeil... —Hmnnn. Bonne nuit Mamou. —Bonne nuit, ma citrouille. Refermer la porte est difficile, elle le fait pourtant et file comme un robot jusqu’à sa propre chambre. Vide. Ca craque. Ca coule. Lou s’effondre dans son lit, roulée en boule, serrant sa couette contre elle, chassant comme elle le peut les pensées, les images, le silence ponctué de sanglots douloureux. La fatigue l’emporte. Plus tard, cette nuit-là, elle se réveille quand une petite crapahute peu discrètement pour rejoindre son lit et se serrer contre elle. Le lendemain, Balthazar couché à leurs pieds, le chat-robot roulé en boule sur la couette. Ils ne sont pas là, mais elle a toujours cette petite main tout près de la sienne qui l'empêche de sombrer entièrement dans ce cauchemar. |
## Sam 22 Avr 2023 - 18:20 | ||
Aaron Williams Messages : 3927 Date d'inscription : 28/02/2011 Emploi/loisirs : Prof de maths et papaaaaa ♥ Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ? | 20 décembre 2022, matin. (promis ça s'améliore après ce post) Le lendemain n’est pas ensoleillé comme elle en a rêvé. Une lumière blafarde les réveille, Charlotte et elle. Louisa serre la petite fille contre elle, caresse sa joue ; elle aimerait rester là, ne pas bouger. Rester pour ignorer la réalité du monde au dehors. Elle aimerait pouvoir dire que cette réalité est trop douloureuse à gérer, que son coeur va finir par s’arrêter tant il a mal — mais c’est bien ça le problème, elle ne sait plus vraiment ce qu’elle ressent. Sa boussole interne s’est brisée. Les bouts de verre lui renvoient son image, une expression éteinte sur le visage. Charlotte et elle se regardent en se tenant la main. Il va pourtant bien falloir se lever et affronter cette nouvelle journée. Alors elles se lèvent. Sortent le chien. Puis se préparent pour la journée. Mécaniquement. Chaque chose après l’autre. Chaque pas après l’autre. Mécanique. Automatique. Louisa s’efforce d’expliquer comme elle le peut la situation à Charlotte, avec des mots qu’une enfant peut entendre. Elle sait qu’elle comprendrait, même si elle expliquait autrement, mais la préserver est important. On lui a envoyé des nouvelles des examens et de l’évolution des blessures des Williams par messages, bien qu’il soit encore assez tôt. Pas de mauvaise nouvelle, mais Aaron ne s’est pas du tout réveillé. Il faut être patient, apparemment. Alors elle lui explique qu’ils sont rentrés, mais ont besoin de repos à l’hôpital. Charlotte veut les voir. Que lui répondre… —On ne peut pas encore leur rendre visite car ils se reposent, mais je te promets que dès que c’est possible, je t’y emmènerai. Je te donnerai des nouvelles régulièrement, d’accord ? Charlotte la fixe tellement longtemps de ses yeux humides qu’elle sent quelque chose finir de se fissurer en elle. Lou serre l’enfant contre elle lentement, le regard dans le vague. —Ils sont très très blessés ? —Ils se sont fait mal, mais ils iront mieux vite, je te le promets. —Je suis obligée d’aller à l’école ? —Oui ma citrouille, je suis désolée. Je dois aller travailler, je ne peux pas t’emmener avec moi. Personne n’aura le temps de te surveiller à l’hôpital. —Je ferai pas de bruit et je dérangerai pas… Mam, s’te plaît… La réponse de l’infirmière meurt dans sa gorge. Elle inspire lentement et recule pour prendre le visage de la petite entre ses mains. Les grosses larmes de Charlotte lui mouillent les paumes. —Si tu as besoin de m’appeler, tu pourras demander à Tomoe. D’accord, Citrouille ? —Je veux pas… Front contre front, elles ferment douloureusement les yeux. —Je te promets que ça ira. On ira faire quelque chose qui te fait plaisir ce soir en rentrant à la maison. —On pourra aller acheter le cadeau de Papou ? Lou se recule lentement, surprise. Glacée. Elle ne répond d’abord pas, puis son sourire s’étire et répond à sa place : —Bien sûr ma chérie. L’état des garçons est stationnaire. De leur côté, ils pourront certainement bientôt sortir, mais ils ont été gardés en observation cette nuit, le temps de se reposer. Ils pourront finir leur convalescence à la maison, tranquillement, dans leur lit. [HRP : si l’état des garçons évolue encore au cours des missions non terminées, je modifierai quelques paragraphes.] L’équipe de Mitsuki, elle, est la plus durement touchée avec celle de Nicolas. Lou passe beaucoup de temps à faire leurs examens, s’assurer qu’ils vont bien, aider à leur toilette pour ceux qui ne peuvent se mouvoir. Et au fond, il faut bien l’avouer, elle se sent complètement inutile. Bien sûr, elle fait son travail d’infirmière. Elle court partout, elle agit ; elle n’est pas assise sur une chaise comme deux ronds de flan, à fixer le vide sans rien dire et à pleurer. Mais elle n’est pas non plus partis avec eux — pas qu’elle eût été utile sur le terrain. Elle est resté là, elle a attendu. Et tout le monde… tout le monde a été blessé. C’est en cela que parfois, elle ressent ce décalage, cette impression qu’elle ne parviendra jamais entièrement à appartenir à ce monde. Cette impression que rien n’avance, malgré son envie. Bien qu’elle imaginait, fut un temps, qu’elle avait trouvé sa place. Une place qu’elle désire, mais qui lui paraît aujourd’hui si lointaine, si décalée. Et en même temps, qu’aurait-elle fait sur le terrain ? Elle n’aurait jamais pu empêcher Aaron, Nicolas ou Jérémy de partir non plus. Elle ne peut que gérer les conséquences ici. Gérer les conséquences. Aaron ne se réveille pas. 21 décembre 2022, matin. C’est l’anniversaire d’Aaron aujourd’hui. Il dort encore. Louisa préfère ces mots-là que “il ne se réveille pas” — c’est la résolution qu’elle a prise, hier soir, en allant se coucher. Elle regarde dans le frigo d’un air vide, les courses qu’ils avaient achetées pour faire les lasagnes qu’il avait envie de manger. La porte du frigo claque… Charlotte l’observe de loin, et Lou croise son regard, se fige, regarde à droite, à gauche, puis sourit. —On va déposer le cadeau à Papa, aujourd’hui ? demande à nouveau Charlotte. Lou n’a pas le coeur de dire non. Elle se déplace jusqu’à Charlotte pour l’embrasser sur le sommet du crâne, jouant avec sa mèche de cheveux. —Oui, on va voir Papa tout à l’heure. —Oh mais on a même pas de gâteau d’anniversaire ! —On pourra en faire un ensemble quand il se réveillera… Qu’est-ce que tu en penses ? —Mais pourquoi il est siiii fatigué ? —Tu sais, c’est très épuisant la magie… La fillette plisse le nez et ronchonne. —Non, je sais pas. Un nouveau coup au cœur. —Je comprends, ma citrouille. Je ne voulais pas le dire comme ça, excuse-moi. —Ci pas grave, ajoute la petite en prenant une cuillère de céréales, une moue sur le visage. Mais s’il est juste très fatigué à cause de sa magie, alors il faut juste qu’il se recharge ! Comme l’ordinateur. —C’est ça, tu as compris. Charlotte finit par sourire… Lou, elle, n’arrive plus à réfléchir. —T’inquiète pas Mamou, quand il se réveillera, on fera des lasagnes et un gâteau. Même si j’aimerais que ce soit aujourd’hui. Silence. —Tu veux qu’on aille mettre des ballons dans la chambre de Papa ? —Oh !!! Oui s’il te plaît !! —Alors finis de manger, et on y va. —Mais, l’école ? Silence. —Peut-être qu’on peut passer la matinée ensemble, pour commencer. Et si tu veux aller à l’école cette après-midi, tu pourras, ok ? —Oooook !! Je mange vite, promis ! Cette fois, Lou arrive à sourire. La matinée passe. Effectivement, elles ont pu décorer la chambre d’Aaron de ballons colorés. Charlotte lui a fait un dessin, et des câlins, mais il n’a pas bougé. Elle a pleuré, aussi, quand elle s’est rendue compte qu’il ne se bougeait pas. Mais il respire, et ce mouvement les apaise. Charlotte s’endort sur sa poitrine, et Lou en profite pour se poser, elle aussi. La matinée passe. Les dessins sont collés aux murs et à la porte. Le corps d’Aaron est chaud quand elle l’embrasse sur le front. Dehors, il neige lorsqu’elles se dirigent vers la maison pour manger en famille. Elles mettent des ballons partout, pour décorer aussi. Penser à autre chose. Et un peu avant la fin de la pause déjeuner, Lou peut laisser Charlotte avec les garçons, qui les ont serrées bien fort contre eux. Elle n’a pas envie de retourner en cours, c’est compréhensible. Lou aimerait éviter de travailler aussi, mais ses gestes mécaniques l’emmènent jusqu’à l’hôpital à nouveau — cette fois pour enfiler sa blouse. Blouse, gants. Elle passe de chambre en chambre. Prend des nouvelles. Sent le creux dans sa poitrine se creuser. Aide à changer les bandages, les pansements, enduire de crème, vérifier les constantes, faire les prises de sang, transmettre les résultats. Au travail elle fonctionne un peu mieux, mais c’est probablement parce que chaque geste est automatisé. Lorsqu’elle croise Yuuna, à la fin de l’après-midi, pour lui donner les dossiers mis à jour des patients, elles échangent à peine, Lou évite les questions. Elle tourne les talons. Yuuna la rattrape. La fixe. La fixe. —Lou, je veux que tu ailles te reposer. —Ecoute, ça va… Être à la maison, c’est compliqué. Je. Laisse-moi rester au travail, au moins je n’ai pas l’impression d’être complètement inutile. Evidemment, sa collègue médecin hésite. —Il va falloir qu’on parle, assure-t-elle. Lou ne comprend pas, mais elle acquiesce, comme un robot. —Ne t’inquiète pas tant pour Aaron… C’est déjà arrivé, quand il épuise sa Greffe, elle le met en veille. Ca ira pour lui. —Ryu m’a expliqué, oui. —Alors… —Alors j’en ai assez qu’il finisse dans cet état-là. Ne pas savoir. Attendre… —Chacun d’entre nous est forcé d’attendre. Même eux, à présent. Ils ont agi parce qu’ils croyaient en ces missions et en la justesse de leur combat. Je ne dis pas que c’est facile, ou même qu’ils ont eu raison… Certains le regretteront. D’autres non. On ne peut qu’être là où on a besoin de nous. Tu as ta place ici, mais aussi auprès de ta fille. Alors si tu veux rentrer, tu le peux. Egoïstement, Lou sait où elle aimerait que sa place soit. Et ce n’est ni au travail, ni vraiment à la maison. Son regard dévie vers les couloirs, en direction des chambres. —De quoi d’autre voulais-tu me parler ? Yuuna ne répond pas. —On en reparle demain. Et elle part. Lou, elle, reste les bras ballants, puis retourne un peu dans la chambre remplie de ballons colorés. Ca ne peut plus durer, elle le sait… quelque chose doit changer. |
## Sam 22 Avr 2023 - 18:32 | ||
Aaron Williams Messages : 3927 Date d'inscription : 28/02/2011 Emploi/loisirs : Prof de maths et papaaaaa ♥ Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ? | 25 décembre. (svp me tapez pas) La semaine passe. Noël arrive, ils le fêtent en comité bien réduit. Il y a maintenant une pile de cadeaux dans la chambre d’Aaron. Son état est stable, les télépathes pensent qu’il se réveillera bientôt. L’activité cérébrale est bonne. Louisa, elle, n’arrête pas de cogiter. Elle se pose régulièrement dans la chambre d’hôpital avec la lettre que lui a écrite Aaron. Elle ne l’a pas encore ouverte, ne s’y résout pas. Le papier tourne encore et encore entre ses doigts. La confusion qui règne dans son esprit est toujours plus forte. Toujours plus pressante. La discussion avec Yuuna, quelques jours plus tôt, résonne encore à ses oreilles. La Master était venue lui reparler, le lendemain de l’anniversaire d’Aaron, et… C’est là qu’elle s’en est rendue compte, que ça ne pouvait plus durer. Que des choses devaient changer, ou qu’elle ne le supporterait plus. Le point de rupture a été violent à atteindre, pas vrai ? Louisa a encore besoin de temps pour réfléchir… De temps. De temps… Toute sa vie risque de changer, encore une fois, et elle n’est pas prête pour les conséquences. Pas encore. Et puis dans l’après-midi, on l’appelle. Ce qui s’était brisé ne se répare pas comme par magie, mais elle trouve la force de sauter sur ses jambes, dire aux garçons qu’elle file à l’hôpital, parce qu’il est réveillé. Son coeur bat à nouveau un peu plus. Elle le prend pas le temps d’intégrer l’émotion, de la vivre. Elle ne prend pas le temps de réfléchir, elle court ; pousse les portes de l’hôpital, parcourt les couloirs, arrive devant la chambre. Il est complètement dans le gaz, ça se voit sur son visage ; Louisa s’effondre dans ses bras et le serre contre lui. Ses cheveux, son visage, ses yeux confus. Ses mains sur ses joues. Louisa pose son front contre le sien. —Bon retour à la maison. —Joyeux Noël, il paraît, répond-il de sa voix pâteuse et rauque. Louisa a eu tout le loisir d’observer son visage ces derniers jours, mais ce qu’elle aime le plus, ce sont ses yeux et l’éclat qu’ils possèdent. Même celui presque aveugle. Ses doigts retracent ses sourcils, ses joues. Il a perdu un peu de poids, mais il respire. —Joyeux Noël. Et Joyeux anniversaire. Il cligne des yeux, puis fronce les sourcils. —Oh… C’est vrai. Elle lui laisse le temps, se contente d’être près de lui. Son cerveau fonctionne un peu mieux, malgré la colère qu’elle a, la tristesse aussi. D’un geste qu’elle veut discret, elle chasse quelques larmes aux coins de ses yeux. —Comment ils vont…? —Jérémy et Nicolas sont rentrés. Ils ont dû subir des soins aussi, mais ils sont en convalescence. Ca ira. Il acquiesce en fermant les yeux, épuisé. —Mitsu…? —Vivante, et en observation. Ca ira, elle aussi. Tout le monde est stabilisé. Tout le monde est rentré en vie. Une larme lui échappe, et à elle bien plus encore. —Tant mieux… Silence. —Charlotte…? —Elle t’attend. Sagement. —Je dois rentrer… —Tu dois dormir. Ses yeux se reposent sur elle, il semble peiner à faire le focus. Comme s’il cherchait à lire en elle, sans y parvenir. —Tu as utilisé trop d’énergie et tu t’es fait une commotion… Mais qu’est-ce qu’il t’a pris d’en faire autant... Aaron grimace. Louisa le fixe. —Toi ? Lou fronce les sourcils d’incompréhension. La main d’Aaron vient chercher la sienne. —Comment tu vas ? Elle n’a pas l’énergie de lui sourire. Elle lâche un soupir… regarde ailleurs. Ailleurs. —C’est dur. Mais je n’ai pas ouvert la lettre. —Je suis là. Elle inspire. —Je sais. Son souffle meurt dans sa gorge, et elle appuie sa tête sur les couvertures, au-dessus de l’homme qu’elle aime, les paumes contre ses yeux et les épaules secouées de sanglots. —Lou… —Je veux plus jamais que tu partes… Mais tu partiras encore et encore et encore, et j’ai pas le droit de t’en empêcher… Alors que peuvent-ils faire, sinon attendre ? Attendre ici… Même là, aujourd’hui, elle est impuissante. Le bras affaibli du Master s’enroule autour de ses épaules, comme en soutien. Qui serait-elle pour lui interdire ? Quelles responsabilités qu’il aurait envers elle peut-elle convoquer, lorsqu’elle sait qu’il a fait cela pour aider ses amis blessés ? Ses amis qui n’auraient peut-être pas pu être évacués autrement ? Mais elle reste là, à l’attendre, toujours en arrière. Aaron ne sait plus quoi dire, il n’en sûrement pas l’énergie. —Aaron… J’aimerais qu’on ait une discussion quand tu iras mieux. Inquiet. Lou renifle et reste appuyée sur lui. —Pour le moment, laisse-moi rester encore un peu. Il n’aurait pas ni voulu, ni pu l’en empêcher. 28 décembre. Il tient éveillé bien plus longtemps, à présent. Les cadeaux ont été ouverts, et Charlotte a pu retrouver son père. Louisa, elle, sent comme un apaisement derrière la montagne de souffrance et de questions qu’elle cherche maladroitement à cacher sous le tapis. Lou arrive après la fin de sa transmission durant la relève, et surtout un aller-retour rapide à la maison pour ramener un livre à Aaron — livre qu’il ne lira sûrement jamais, parce qu’il s’endort beaucoup trop rapidement lorsqu’il ne parle à personne. Elle lui dépose un baiser sur le front et s’installe à côté de lui, sortant les oranges qu’elle aligne sur la table de chevet et posant le livre juste à côté. —Toi, tu te sens comment ? Comment était ta journée ? —Ca va, c’était assez calme aujourd’hui. Pas d’urgence. Tout le monde a failli mourir la semaine dernière, on ne va pas réitérer tous les deux jours, non plus. —Et toi alors, ta tête ? —J’te raconte pas le mal de crâne. —J’imagine. Je suis contente que tu n’aies pas de séquelles. Ils ont tenté de te faire marcher aujourd’hui ? Il grimace. —Bon, demain alors, peut-être ? Quand tu sens que c’est ok. —T’inquiète… J’espère surtout pas devenir fou d’ici là, j’ai vraiment envie de rentrer à la maison. —Ca fait trois jours que tu es réveillé, laisse toi un peu de temps, s’agace Lou en commençant machinalement à lui peler une orange. Elle lui fourre les quartiers dans la main et le fixe jusqu’à ce qu’il accepte de les porter à ses lèvres. Pendant qu’il a la bouche pleine et bougonne, elle ajoute : —Aaron, je veux qu’on parle de cette mission. Il déglutit, et grimace. Acquiesce. —De quoi tu aimerais qu’on parle ? Elle inspire et regarde dans le vide un instant. Elle a tourné cette discussion mille fois dans sa tête, et peu importait le choix… il fallait qu’elle en fasse un, aujourd’hui. Elle ne pouvait plus attendre et laisser les choses telles quelles. Elle le sentait bien depuis un moment, avant d’en arriver au point de rupture ; ce n’était pas la première fois qu’il partait. Qu’il promettait de revenir. Qu’il était blessé. Et qu’elle devait attendre. —Comment tu imaginais notre vie ici, pour le futur ? Aaron lui lance un regard défait, avant de fixer les dessins de Charlotte sur le mur. Sa respiration est lente, il ne répond d’ailleurs pas de suite. —J’ai l’impression que tu essaies de me tendre un piège, là. Je l'imagine avec toi et notre famille. —Ce n’est pas un piège, c’est juste-… Ca ne me convient pas. Je ne peux pas comme ça. Je suis tout le temps inquiète… qu’il vous arrive quelque chose. Je ne veux pas avoir à subir ça, à me demander si tu vas revenir en vie, ou te réveiller parce que ton super pouvoir magique a décidé de te déglinguer le cerveau… Je ne suis pas d’accord que tu ne prennes pas soin de toi. Il ne répond pas. —Et je… Je peux pas t’en vouloir parce que tu as ramené Mitsuki, Tiago et Luna en vie, que tu as protégé tes élèves… Je ne peux même pas t’en vouloir ! Il grimace — elle se rend compte qu’elle a parlé trop fort, et baisse le ton. Machinalement, elle se relève pour aller au petit lavabo et se laver les mains en tremblant, puis essuie ses yeux avec sa manche. —Qu’est-ce que je peux faire pour changer ça ? demande-t-il, le plus simplement du monde. Un moment, Lou a envie de faire volte-face pour lui crier dessus, mais il a plutôt l’air défait. C’est une vraie question, en réalité. Ses épaules s’affaissent. —Prends en compte la valeur de ta vie. Et apprends-leur à faire de même. Il cligne des yeux, ne répond pas. —Des tas de choses me sont passées en tête. Je me suis demandé si j’avais ma place ici, si je devais me contenter de toujours attendre ; si je devais me contenter de m’inquiéter sans rien pouvoir faire… Ou si je devais juste partir. C’est une discussion qu’ils ont déjà eue. Elle peut lire sa peine dans son regard. Elle sent qu’elle a dérapé, ce n’est pas là où elle voulait en venir. —Je… Je te quitte pas Aaron. Mais il faut que je fasse un choix, et je suis terrifiée de ce choix. Elle tortille ses doigts, n’ose pas se rapprocher du lit à nouveau. Lui ne comprend pas. —Il faut qu’on protège cet endroit. Et je veux pouvoir te protéger aussi. Il comprend. —Tout à l’heure, j’irai en salle des Masters pour me faire initier. Finalement, sa décision a été prise dès l’instant où Yuuna lui a parlé de son Vide. |
## Lun 5 Juin 2023 - 21:57 | ||
Aaron Williams Messages : 3927 Date d'inscription : 28/02/2011 Emploi/loisirs : Prof de maths et papaaaaa ♥ Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ? | 29 décembre. Depuis hier soir, j’ai eu le temps de ressasser. Heureusement, mon cerveau ne m’autorise pas une grande réflexion, ni de rester éveillé trop longtemps. J’ai l’impression d’être dans un rêve, même quand Yuuna est venue me voir un peu après le départ de Lou. Y a tout qui est confus, dans le vague, je peine un peu à assimiler toutes les infos qu’on me balance depuis mon réveil. Entre les blessures de Nicolas et Jérémy, de leurs amis, de Nathan, de Norah qui a failli y passer pour protéger mon fils… et plus que tout, Lou qui a pété les plombs et qui va si mal. Déjà, je me demande comment j’ai fait pour ne pas sentir son Vide pulser à mes oreilles, mais j’ai bien compris que mes pouvoirs s’étaient mis en veille, eux aussi. Je ne la perçois pas, et cela me terrifie. J’ai eu peur qu’elle me quitte. Finalement je me demande si ce n’est pas pire, ce qui est en train d’arriver. Lou va se faire initier, et c’est de ma faute si elle a ressenti ce Vide. Oh, pas que, évidemment ; je ne suis pas la cause principale de son mal-être, mais être ici, à Terrae, ça la remue. Avoir vu tous nos proches partir à la guerre aussi. Avoir vu nos fils blessés, et moi alités, c’était certainement la goutte de trop. Je me souviens du moment où elle a finalement craqué, après notre conversation. Du moment où elle a pleuré, parce qu’elle était morte d’inquiétude, mais aussi parce qu’elle ne veut plus jamais qu’on soit blessés. Comment je peux réagir face à cette détresse ? Est-ce que je dois lui promettre de ne plus jamais me mettre en danger, ou alors est-ce que je dois vraiment faire mieux ? Autrement ? Ce n’est pas la seule à me le reprocher, mais je sais aussi qu’il en sera toujours ainsi dans les missions avec des initiés et des étoiles, car c’est notre rôle de les protéger et prendre les coups à leur place. Ca n’était pas le cas quand on partait en mission entre Masters, tout simplement parce qu’on n’avait pas besoin de se retenir et de faire gaffe à l’autre. Mais ici, il n’est pas que question de ça : il est question de Lou, de tout ce qu’elle a enduré depuis qu’on est ensemble, et je me demande si c’est une bonne chose qu’elle reste avec nous, au final. Je dis avec nous, parce qu’il y a aussi le reste de la famille. Il y a Terrae. On l’a fait tellement souffrir, pourquoi elle reste ? J’ai blessé ma future femme à telle point qu’elle en a ressenti un Vide. Une partie de moi ne comprend toujours pas pourquoi elle reste, malgré ses paroles. Malgré son assurance. “Ce n’est pas parce que tu me fais du mal que je ressens ça. C’est parce que je refuse de te perdre.” Elle avait cet air tellement convaincu, tellement intense. Ses yeux verts très fixes, très doux, très forts alors qu’elle me tenait la main en pleurant. Presque soulagée. C’est le même air soulagé que je retrouve lorsqu’elle passe la porte, le lendemain matin, après ma nuit profonde, bien qu’agitée de rêves remplis d’horreurs. Elle est revenue pendant que je dormais — on a des passe-droit à Terrae, tant qu’on ne dérange pas et qu’on respecte les protocoles, les visites sont autorisées — apparemment mais je n’en ai évidemment pas le souvenir. Quand je la vois, elle est rayonnante. Bien sûr, je la sens fatiguée et tourmentée, mais elle sourit, ses joues sont roses, et j’ai l’impression de retrouver Louisa. Cette manière qu’elle a de me fixer dans les yeux sans ciller de ses yeux de biche, un peu par en-dessous, comme lorsqu’elle est heureuse mais embarrassée. Je n’ai pas besoin de ma magie pour la connaître sur le bout des doigts, et cette révélation m’apaise. J’ai quand même envie de pleurer quand on se regarde, et sa main qui rejoint la mienne est la seule capable de me rassurer. —Tu rayonnes aujourd’hui. Ma voix est encore un peu faible. Ses yeux s’agrandissent et elle rit. Elle se penche pour m’embrasser… c’est si doux. Son parfum. Son toucher. Son regard. —Toi, tu as l’air un peu plus réveillé. Tu te sens comment aujourd’hui ? —Eh, je suis pas ton patient. Elle me renvoie un regard noir, puis amusé. —Dis-moi comment ça s’est passé, je souffle. C’est allé ? J’suis à l’agonie, la poitrine compressée. Curieux. J’ai envie de pleurer, parce que j’aurais aimé être là, ou au moins qu’elle me réveille hier. Mais j’suis qu’un abruti incapable de tenir ses engagements. Est-ce qu’elle part, finalement ? Est-ce qu’elle a souffert ? Comment elle s’est sentie ? Lou tire une chaise pour se mettre près de moi, et je me redresse et lui montre que je suis tout ouïe. —C’était étrange… Elle reste ? Pourtant elle ne continue pas à parler, et effleure plutôt mon front doucement. —Tu es inquiet. —Tu es sensitive ?! —T’es bête ou quoi… rit-elle. On sourit, finalement, et on se presse la main. C’est la femme de ma vie. Je veux pas la perdre, j’suis terrifié. J’suis terrifié qu’elle souffre encore. J’suis terrifié qu’elle fasse pas le bon choix. J’suis terrifié qu’elle parte. —Une infirmière guérisseuse, ce n’est pas très original, sourit-elle faiblement. Mais j’en suis heureuse. J'aurais aimé que tu voies ça. Ma gorge est tellement serrée, mais j’crois que je suis déjà en train de pleurer. —Ca te va bien, je coasse. Sa main sur mes cheveux m’apaise. —Lou… Tu ne regretteras pas ? Elle secoue la tête et sourit, replaçant une mèche de cheveux blonds derrière son oreille. —Non. Parce que je sais que c’est là ma place, c’est celle que je souhaite avoir. Auprès de toi, et ici, dans cet hôpital. Sur le terrain, un jour, peut-être. J’ai cru… te perdre. J’ai cru perdre Nicolas, et Norah, et tellement de monde. Et je… je te remercie de ne pas m’avoir posé cette question hier. Je t’en aurais voulu… Je ferme les yeux, ça tourne un peu. —J’m’en veux moi, alors tu sais… —Je sais. Tu n’en as pas besoin. —Tu te sentais tellement mise à l’écart ? —Ce n’est pas… tellement ça. Je sais qu’on m’a fait une place et qu’on m’acceptait. Mais c’est pas… Ecoute, c’est comme ça que je suis. Je me suis sentie tellement inutile. Parfois je me dis que si je suis ici, ce n’est qu’un coup de chance… que je ne mérite pas ma place à Terrae. C’est stupide, pourtant, ajoute-t-elle en regardant ailleurs, un peu perdue dans ses pensées. Ce n’est pas rationnel… Alors… Si je ne peux pas vous changer, si je ne veux pas partir non plus… Il n’y avait que cette décision-là qui s’imposait. Alors j’acquiesce, vaincu. —C'est pas stupide, arrête. Excuse-moi de t’avoir inquiétée… et de pas avoir vu tout ça. (Puis je lui fais un signe d’approcher, et elle se penche un peu pour que je l’embrasse encore sur la joue.) Bienvenue à Terrae. Je sais que tu y feras des merveilles. Je souris, elle sourit en retour ; on se regarde, et plus ça dure, plus je suis ému. J’ai l’impression qu’elle a tout sacrifié pour moi — mais en fait, je me rends compte qu’aujourd’hui, elle s’autorise vraiment à faire ce qui lui tient à coeur. A accepter ce qui lui arrive. A jeter des trucs par la fenêtre, tirer des traits. Elle aussi, elle a un passé qu’elle n’a jamais réussi à laisser derrière elle… et je pensais pas que quelqu’un aurait envie à ce point d’être avec moi. Que ce serait pas être avec moi qui lui ferait du mal, mais de partir. C’est la femme de ma vie. —Je… suis heureux que tu restes. —Ca n’a d’intérêt de rester que si tu es là. Elle sourit davantage. Je comprends que c’était une promesse qu’elle me faisait, et que j’en ai une à lui faire, moi aussi. —Je te promets d’être toujours un endroit où tu pourras rentrer. Et que je rentrerai toujours auprès de toi. Cette fois, elle doit se contenir alors que les larmes l’envahissent. Et c’est là que je la sens, son énergie. Ce courant d’air qui souffle en elle. C’est magnifique. Doucement, je porte ses doigts à mes lèvres pour y déposer un baiser. —Je t’aime tellement. —Moi aussi, tu sais. —Oui, je sais. Son regard se fait si doux, plus encore que tout à l’heure. Il y a encore tellement de choses à construire. Tellement de choses à s’autoriser. Mais peut-être qu’enfin, on peut partir sur une nouvelle base. —J’aurai besoin d’aide pour en parler à Charlotte… hésite-t-elle. —On peut le faire ensemble, si tu veux. Elle acquiesce. Nos mains restent soudées. |
## Mar 6 Juin 2023 - 0:21 | ||
Aaron Williams Messages : 3927 Date d'inscription : 28/02/2011 Emploi/loisirs : Prof de maths et papaaaaa ♥ Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ? | https://youtu.be/_ECLIII0v_8 encore une fois parce que je PEUX et que j'ai plus d'idée, vivement la fin de ce solo j'vous jure J’vous préviens j’ai abandonné la vie en écrivant ce post mdrr hâte que vous vous disiez "tout ça pour CA ??" oui oui. Début avril. Les mois suivants ont été l’occasion pour moi de me remettre… et d’apprendre. Apprendre de mes erreurs, surtout, et essayer de me convaincre que je peux faire les choses autrement si je me bouge suffisamment. Tout le monde m’a bien reproché d’avoir mis ma vie en danger, donc vous inquiétez pas, maintenant j’ai compris la leçon. Lou, elle, s’habitude à sa magie ; c’était un peu difficile au début, surtout qu’elle devait aussi dealer avec son cerveau. Elle a commencé un suivi psy, juste pour parler un peu, et on voit que ça lui fait beaucoup de bien. Charlotte a eu un peu de mal à accepter que sa mère ait aussi obtenu des pouvoirs, on sent que c’était un peu une trahison pour elle ; mais elle était tellement contente qu’on retrouve une vie de famille tous ensemble et de pouvoir découvrir la magie de Mamou avec elle qu’elle a bien vite oublié cet épisode, sans en garder trop de ressentiment, je crois. Ca me rend d’autant plus attentif à ses besoins, et j’avoue que j’ai eu besoin de la retrouver moi aussi, malgré mon état un peu cata du mois de janvier. Quand je parle d’apprendre, c’est surtout que Louisa est vraiment une prof incroyable. Faut dire que j’ai toujours eu tendance à fuir les problèmes, et elle m’apprend qu’on peut construire des trucs, qu’on peut rester… qu’on peut changer de manière de faire, aussi. J’ai eu un peu de mal à intégrer que c’est pas un sacrifice qu’elle a fait en obtenant ses pouvoirs mais que c’est bien ce qu’elle voulait, finalement. Et j’avais aussi raison en disant que ça lui allait terriblement bien. Je me lasse pas de la regarder, et elle adore s’exercer sur mon pauvre crâne malmené. On aurait dit qu’il ne se passait rien, mais c’est comme si elle parvenait à lever un peu le brouillard dans lequel je me sentais ensuqué, durant quelques minutes. Puis, retrouver Nico et Mymy c’était évidemment un soulagement aussi. Eux aussi vont mieux, et on peut s’atteler tranquillement à préparer le mariage de Jérémy et Elwynn. Et plus ça avance, plus je me dis que j’ai pas géré auprès de Lou. Faire les trucs en yolo, ça va bien quoi… Donc maintenant qu’on va mieux tous les deux, je lui ai proposé une sortie. Je la sens un peu nerveuse ces derniers jours, et ça fait longtemps qu’on a pas eu de vraie sortie en amoureux. J’ai demandé une permission pour sortir de Terrae, nous balader l’aprem et manger dehors. Tout ça pour dire, on s’est dirigés vers Chiba, qui est pas trop loin en voiture, pile à temps pour les cerisiers en fleurs. C’était un sacré spectacle, on en a pris plein la vue dans les parcs qu’on a visités ; la côte aussi est magnifique, même s’il fait encore un peu frais quand on se rapproche de l’eau. Et puis, j’ai l’impression de la retrouver — de nous retrouver un peu tous les deux. Son rire joyeux, ses taquineries, ses coups dans les côtes quand je dis de la merde, ses baisers tendres. Pas que ça manquait, mais bon, quand même, c’est pas pareil en rendez-vous amoureux, ok. Par contre au restau, elle redevient un peu préoccupée, et moi j’suis NERVEUX alors j’me dis qu’elle doit clairement lire dans ma tête. J’arrive pas trop à me concentrer sur ce qu’on se dit, et j’me dis que MDR j’vais encore me dégonfler comme un gros débile. On parle de tout et de rien, et finalement quand on sort, il fait à nouveau un peu plus frais… On passe à nouveau par un parc pour retourner à la voiture, je lui refile ma veste pour qu’elle prenne pas froid, elle a une robe trop légère là. Quand on est sur un des ponts, je m’arrête. Y a marqué ultimate cassos sur ma tronche, c’est dingue, mais tant pis. Lou se retourne et me lance un regard interloqué par-dessus son épaule, surprise de constater que je ne la suis plus. —Tu ne viens pas ? —On peut rester encore un peu ? Elle cligne des yeux et finalement sourit, refait quelques pas en arrière sans me lâcher la main. On s’accoude tranquillement à la balustrade, elle dans mes bras, ma joue sur le sommet de son crâne. —Tu es préoccupé. —Merde, j’savais que t’étais sensitive. —Pff… —Nan, j’avais envie de passer du temps avec toi. Puis tu peux parler. Malaise-land le retour, je l’ai déjà connue plus directe hein. AH MAIS C’EST LA PREMIERE FOIS QU’ELLE SORT ALORS QU’ELLE A SES POUVOIRS, J’SUIS CON. —Ca m’a fait plaisir de sortir un peu, ça faisait longtemps, sourit Lou. —Eh bien avec plaisir. Merci d’avoir accepté cet humble rendez-vous, je ris en retour. Son corps est secoué d’un rire ; nous restons comme ça un moment, juste à observer les lumières du petit pont se refléter sur l’eau mouvante. Doucement, je joue avec sa main, celle qui porte la bague de nos fiançailles… et finalement je soupir et m’écarte un peu de Lou. Elle me regarde, j’arrive pas à parler. —Ecoute je sais que j’ai pas été juste avec toi. Tout se fait toujours sur un coup de tête, et tu dois me subir dans mes lubies… —C’est comme ça que tu es, et c’est aussi ce que j’apprécie chez toi, tu sais ? —Non mais-… En face, je la vois hausser un sourcil interloqué, et je détourne les yeux, embarrassé. —Je veux dire, on s’est mis ensemble sur un coup de tête. Je suis venu chez toi avec Charlotte et les garçons sur un coup de tête. On s’est fiancés sur un coup de tête. Bientôt on va aller à la mairie de je sais pas où parce qu’on l’aura décidé le matin-même ! Son sourcil se hausse plus haut, et je la sens clairement moqueuse là. —Tu me fais quoi ? —Tu mérites mieux que de vivre ta vie sur un coup de tête. Sans lâcher sa main, je pose un genou à terre, et je crois que je pourrais m’arrêter de parler là parce qu’elle a compris. Mais j’arrête pas, parce que putain on a dit qu’on était des adultes en fait. —Epouse-moi. Je sais qu’on est fiancés, mais euh je te le redemande. … J’avais pratiqué mon texte mais j’ai oublié. … Arrête de rigoler s’il te plaît, ça me perturbe à fond. Roh mais non pleure pas. Elle rit et pleure en même temps, c’est beau. Je la lâche pas, mais du coup j’souris aussi comme un dingue. —Si tu veux toujours de moi, par hasard hein, j’aimerais bien qu’on se pose et qu’on l’organise encore cette année, ce mariage. Je veux que t’aies une belle cérémonie, qu’on soit avec la famille. Je veux juste qu’on soit ensemble. Où tu veux. Quand tu veux. Sa joie me transperce, j’ai pas besoin de l’entendre parler pour la ressentir, pour la voir même dans la pénombre. J’pensais lui parler pendant le repas, mais y avait trop de monde autour et en fait visiblement je suis pudique, hein. —Tout ça, je sais que ça te fait peur. Mais le danger, il existera toujours, et je veux pas mettre ce qui est important pour moi de côté en même temps. Sinon on passera à côté de tout, et l’année dernière on parlait déjà de réfléchir à des trucs et j’ai envie qu’on puisse en reparler- Je connais plus la fin de mon texte mdr je suis en train de paniquer, elle parle TOUJOURS PAS mais est-ce qu’elle retire du plaisir à me voir comme ça ?! (Oui, sûrement.) —Pitié réponds un truc, ou cligne des yeux deux fois, je sais pas. Elle cligne évidemment deux fois des yeux, et se mord la lèvre pour contenir un éclat de rire. Sa main libre rejoint ma joue, et woah soulagement de la voir bouger. Elle s’accroupit face à moi et m’embrasse. Alors ne vous méprenez pas, je suis heureux hein, mais les mots, Lou, bordel. —J’avais un peu peur avec tout ce qu’il s’est passé ces derniers mois, et tu sors juste de convalescence… Même si on en a déjà parlé, je me disais que tu voudrais peut-être attendre, commence-t-elle. —Le mariage ? —Aaron, je suis enceinte. Je cligne deux fois des yeux. Elle sourit encore, les joues encore humides, les yeux illuminés magnifiquement. J’crois que je l’ai jamais serrée aussi fort contre moi. Bon du coup ça fait un truc de plus fait sur un coup de tête, hein. b y e j'assume pas ce ratio orange/vert |
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