She calls out to the man on the street
"Sir, can you help me?
It's cold and I've nowhere to sleep
Is there somewhere you can tell me?"

Tu n'es pas à la hauteur. Tu n'es qu'une petite fille. Regarde malgré tes seize ans tu ressembles à un sac poubelle et tu es plate comme une sole ! Tu n'es qu'une enfant, tu as l'apparence d'une enfant, tu as la maturité d'une petite fille est ce comme ça que je t'ai élevé ? Tu ne seras jamais une femme ! Tu es la clef, tu étais la clef et tu as tout gâché tout ! Pour la peine tu resteras une enfant à vie !

Pricie se réveilla en sursaut, un peu pâteuse.

« Juste un cauchemar... » murmura t'elle. Elle se leva. Elle venait de dormir et pourtant elle était fatiguée. Elle observa le lac devant elle en silence. Sa surface brillait au soleil. Il y avait des pétales de cerisier dans le vent, c'était un beau mois d'avril.

Elle s'approcha du lac et y observa son reflet, sa poitrine quasi inexistante, son visage à l'air enfantin. Pricie ne faisait pas ses seize ans. Et pourtant elle voulait être grande et forte pour protéger Luna pour protéger tout le monde. Et puis il y avait Minoru...

Il l'aidait beaucoup à réviser depuis quelques mois  et le japonais de Pricie avait progressé , elle aimait sa compagnie, comme un ami.

« Juste un ami ! »  affirma Pricie avec conviction  et pourtant sans savoir pourquoi cette remarque lui fit mal.

Elle s'accroupit face au lac et se passa de l'eau sur le visage.  

«  C'est ridicule qui apprécierait une planche à pain ? » chuchota t'elle.

Elle se leva et alla sous un arbre, elle s'assit, posa la tête contre l'écorce et ferma les yeux, elle aurait aimé être en symbiose avec les plantes comme grande-sœur Luna mais elle n'était pas terre elle était eau. Et l'eau semblait beaucoup plus trouble que les plantes.

Elle sortit son appareil photo de son sac à dos et prit en photo le lac étincelant au soleil comme une étoile terrestre. Un oiseau se posa non loin sur une branche basse, son chant était doux. Ses plumes blanches et rouges ( était ce un rouge-gorge?) s'ébouriffaient légèrement sous le vent bien que de là où elle était Pricie ne voyait que la branche se balancer doucement. L'arbre, un cerisier, était en fleurs. Ses pétales s'envolaient par centaines avant de se déposer sur le lac étincelle.

Elle fit quelques pas de danse agiles mais hésitant sous les pétales de cerisiers puis poursuivit les pas en riant, elle voulait oublier son mauvais rêve et il n'y avait qu'elle au lac en ce dimanche matin, les autres faisaient soit la grasse matinée soit étaient autre part, la timidité n'avait donc pas sa place en cet instant.    

Elle finit par s'arrêter de danser sous les pétales roses et elle vit Minoru debout non loin à attendre, elle rougit depuis combien de temps était il là ? L'avait il vu danser ? A cette pensée elle se mit la tête entre ses mains.

Je devais avoir l'air d'un canard à danser avec autant d'hésitation pensa t'elle. C'était faux, elle était plutôt agile et sa danse aussi. Mais Pricie ne voyait que mal ses qualités.

Elle secoua la tête pour tenter de se reprendre et elle s'approcha de l'adolescent d'une année de plus dans : « Alors Minoru prêt pour l’entraînement ? » Ils avaient prévu d’entraîner leurs pouvoirs ce matin.

Pricie sourit à Minoru.

Suite du RP avec Pricie en Novembre et de... euh, un autre RP qui pour certaines raisons n'est pas sur le forum. Désolée pour l'intro inutilement longue

Avril 2023.

Un mois était passé. Avec lui, les examens étaient devenus des souvenirs et la rentrée un énième moment à essayer d’enterrer le plus profondément possible.

Malgré ses doutes, Minoru était toujours à Terrae. Plus étonnant que ça, il était… dans un état toujours un peu compliqué à exprimer, mais pas significativement pire qu’en début d’année, quoi que très différent malgré tout. La période des examens avait rouvert une plaie qui n’avait jamais vraiment totalement été fermée et qui ne l’était toujours pas, mais il avait lentement commencé à rebondir sur d’autres aspects de sa vie.
Déjà, il y avait ce petit boulot à la bibliothèque ; cet exutoire qu’on lui avait offert quand il était au plus bas était peu à peu devenu une habitude à laquelle il s’attachait et à travers laquelle il arrivait désormais à occuper une partie de son temps libre sainement.
À côté de ça, il y a avait Karen, et maintenant ses enfants, qui malgré le caractère étrange et ambigu à de très nombreux égards de leur relation, avaient pris plus d’importance dans sa vie qu’il ne l’oserait jamais le lui avouer. Parfois, il arrivait à se convaincre que c’était au moins un tout petit peu réciproque, au moins amicalement… il fallait dire qu’entre le second prénom de son enfant, leurs échanges de cristaux et de nombreux moments qu’ils avaient passé ensemble, il devenait difficile de croire qu’elle le fréquentait pour le harceler ou tuer le temps, malgré tous les efforts que Minoru entreprenait régulièrement pour se dévaloriser.

Enfin, il y avait les cours avec Pricie. Cela faisait depuis… Novembre, se rappelait-il, qu’il voyait de temps en temps l’adolescente — dont il avait découvert entre temps qu’elle n’était en réalité pas si jeune que ça par rapport à lui — pour l’aider à améliorer son japonais. Minoru n’estimait toujours pas être un si bon senpai ; il s’était renseigné pour faire les choses au mieux et adaptait son approche à ce que préférait Pricie, mais il lui était arrivé de s’embrouiller, voire carrément de bloquer, ce qui lui avait valu plusieurs soirées d’anxiété. Cela étant, son élève s’améliorait et semblait apprécier son aide, ce qui l’avait fait plus d’une fois rentrer chez lui avec une pointe de douceur dans le cœur et une vocation qu’il ne s’avouait pas encore tout à fait. Qui plus est, bien qu’il soit supposé lui apprendre des choses, lui-même en ressortait avec le sentiment de mieux comprendre, ou de comprendre différemment, le japonais en tant que langue.

Au-delà de ça, il appréciait ces échanges avec Pricie et le petit lien qu’ils avaient commencé à nouer. Puisqu’il arrivait mal à se rapprocher des autres, elle était toujours l’un de ses seuls contacts en-dehors des cours et l’une des rares personnes avec lesquelles il arrivait un petit peu à sortir de sa réserve. Il ne parlait, certes, toujours pas autant qu’elle — ce serait impossible. Cependant, il avait fini par oser lui partager son centre d’intérêt pour les plantes et avec lui son admiration pour Luna (bon, il avait omis le passage sur le vol d’alcool), puis s’était parfois intéressé plus sérieusement à ce dont elle lui parlait et avait ainsi appris plus de choses encore que celles qu’il lui avait enseignées. Il lui avait aussi quelques fois amené de quoi goûter voire déjeuner pendant qu’ils révisaient ; rien de bien sophistiqué en tant que tel, mais il prenait toujours un certain plaisir (plus si dissimulé) à voir que de petites choses comme ça pouvaient satisfaire les gens.

Du reste, il n’avait pas vraiment osé lui parler de la période des examens, ou même de tout ce qui pouvait le traverser de négatif en général. Il excluait parfois même du positif, puisque si Pricie savait très bien qu’il travaillait à la bibliothèque, le japonais avait à peine évoqué Karen, de peur qu’elle ne le juge — ou ne la juge — sur… beaucoup de sujets.

Cela étant, c’était bien — au moins en partie — à cause de (ou grâce à ?) Karen que Minoru voyait Pricie ce jour-là. En effet, le début du mois d’Avril lui avait permis d’apprendre à créer ses premiers cristaux de Morphe et d’Eau, qu’il avait offert à la blonde lors d’un après-midi dans le parc. L’expérience avait été fascinante à de nombreux égards et avait réveillé l’entrain de Minoru pour la magie (en plus de lui donner envie de devenir Tonnerre Sensitif, mais résumer ce qu’il avait expérimenté en découvrant les pouvoirs de Karen serait trop long), à tel point qu’il avait eu du mal à attendre les entraînements hebdomadaires.

C’est pourquoi il avait fini par oser demander à Pricie de le rejoindre pour une petite séance entre Eau, aux abords du lac de Terrae. La proposition avait été hésitante et formulée de manière un peu détournée, tant il avait peur de ce que représentait le fait, pour un garçon, de demander à une fille de son âge de faire quelque chose en tête-à-tête en week-end… mais contre toute attente (pas réellement), Pricie avait accepté avec plaisir.

Il la rejoignait donc avec autant d’entrain que d’anxiété ce dimanche matin, après avoir soigneusement rempli son sac de quelques cristaux, victuailles et feuilles volantes pour prendre en note ce qui pourrait émerger de ce petit entraînement, à côté de toutes les idées qu’il avait répertoriées. Il marchait doucement dans cette forêt qu’il n’avait finalement que peu exploré, émerveillé par une nature qu’on avait peu l’habitude de voir quand on avait grandi dans la mégalopole japonaise et bercé par le fin bruissement des pétales qui tombaient avec le calme de la neige.

Quand il l’aperçut, dansante à côté de la surface de l’eau, ce fut comme si la nature lui offrait un autre spectacle. Celui d’une Pricie plus rayonnante encore qu’il ne la connaissait, qui dansait entre les fleurs avec habileté et grâce. Quoi qu’il n’ait rien de l’acuité qui lui aurait permis de juger de la qualité du mouvement, Minoru avait tout pour être impressionné par cette fille qui semblait avoir tant de loisirs, de compétence et d’énergie pour s’y consacrer.

Il la contempla donc avec admiration, avant que — seulement quelques instants plus tard — leurs regards ne se croisent et qu’avec lui le spectacle ne s’interrompe brusquement. Gêné, le japonais détourna un peu la tête puis s’avança en la saluant timidement, avant d’attraper très volontiers la perche qu’elle lui tendait pour changer de sujet.

« Oui ! s’empressa-t-il de répondre, avant de reprendre le ton plus réservé qu’elle lui connaissait d’ordinaire. J’ai pensé à quelques idées… Enfin d’abord… »

Il inspira et commença à chercher ses mots. C’était difficile, de ne plus être dans la posture de celui qui devait enseigner. Il avait craint plus d’une fois que Pricie ne le trouve ennuyeux et incompétent en magie, ou qu’elle regrette d’avoir perdue son temps et son énergie à s’entraîner avec quelqu’un qui était loin d'avoir son niveau.

« Je me demandais… Je ne connais pas très bien ce que tu peux faire avec l’Eau, et ce que tu voudrais essayer d’améliorer ce matin…  »

Il l’avait sans doute déjà croisée lors des entraînements de pouvoirs, mais le groupe était finalement assez vaste et Minoru avait tendance à rester sans son coin à défaut d’oser interagir avec les autres. De fait, il fallait qu’il en sache plus, pour s’assurer de ne pas lui faire perdre son temps…

L'eau, Pricie s'y était entrainée elle pouvait guider l'eau qu'il y a autour mais elle ne pouvait presque pas en faire naître et ses cristaux étaient si petits qu'ils disparaissaient très très vite.

«  C'est difficile à dire comme ça... » rougit Pricie avant de tenter d'expliquer : «  Grande-soeur Luna m'a appris que l'eau était une partie de moi. Que je pouvais la guider comme un de mes membres mais cela reste très aléatoire et dépend beaucoup de comment je suis émotionnellement. »

L'adolescente avait un peu honte de cette instabilité  elle se mordit la lèvre sans un mot de plus. Un silence embarrassant s'installa. L'adolescente ne parlait jamais de son passé à Minoru il ne lui demandait pas. Peut-être pensait il que son extrême émotivité était dû à un caractère excentrique et rien d'autres ? Pricie se demandait comment il ne pouvait pas faire le lien pour l'attentat, tant l'avaient fait par le passé. Et si en l'apprenant il ne voulait plus être son ami ?

Elle déglutit plus si sûre d'elle que ça avant de se reprendre, l'heure n'était pas aux confessions, elle verra plus tard comme toujours.

Elle retrouva le sourire et lança pour se redonner courage : «  Je sais je vais te montrer ce que je peux faire ce sera plus parlant ! »

Elle s'approcha du lac et respira un grand coup elle leva le bras une petite gerbe d'eau jaillit du lac elle ferma les yeux et imagina l'eau tourner autour d'elle. Elle fit tourner son poignet et une nouvelle petite gerbe d'eau jaillit du lac cette fois en tourbillonnant quand elle rouvrit les yeux, elle s'amusait à présent vraiment ! Elle souriait détendue enivrée de bonheur elle fit jaillir des petites gerbes d'eau du lac à plusieurs reprises en fredonnant un air joyeux de son invention :

« Come on little sun,
Come on and shine shine shine !
The rain ran away,
The sadness is no more,
Come on little sun,
Listen this happy song !
A sky full of star,
A hope,
The birds sing,
Do you hear it ?
 Come on little sun,
Come on and shine shine shine !
Just Shine shine shine !  »

Elle finit son petit spectacle essoufflée quelques minutes plus tard. Puis elle se retourna vers Minoru avec un sourire ensoleillé retrouvé : «  Je peux manipuler l'eau mais je n'arrive pas à en créer ou juste une vraiment minuscule goutte en sommes rien  pas plus que mes cristaux sont vraiment viables. » Elle secoua la tête ne réussissant pas à perdre son entrain malgré sa gêne : «  Je crois que j'ai un peu peur de créer de l'eau c'est que... »

Mais elle ne finit pas sa phrase à voix haute.

Je ne m'en sens pas digne, j'ai peur d'outrepasser les limites divines, est ce que j'ai le droit de la créer au moins cette eau ?  La secte des Karasus diraient que non mais je ne suis plus avec eux alors...alors je veux dépasser mes peurs ! Pensa t'elle dans un soupir intérieur mais elle ne le dit pas à voix haute et persista tout sourire : «  Mais tu te débrouilles en cristaux Minoru je crois ! Tu veux bien qu'on le travaille ? Et toi tu veux travailler quoi ? »

Pricie aimait Minoru, elle l'aimait vraiment fort et elle avait peur de ce qu'il pourrait penser d'elle s'il savait tout, elle l'aimait et elle cachait son passé, par manque de confiance en elle autant qu'aux autres, elle avait grandi dans une secte en soit pas l'endroit le plus stable niveau sécurité et confiance affective. Mais pour le moment Minoru n'avait pas besoin de savoir selon elle, elle voulait juste réussir à dépasser sa peur et lui offrir son premier cristal valable.

Ne pas penser à ses cauchemars et tout ira bien. C'est tout ce que voulait Pricie. Juste passer un bon entrainement et apprendre de Minoru et lui apprendre aussi même ! Être plus fort ensemble en soit.

Pricie souriait à Minoru attendant sa réponse. Elle était un peu fatiguée de sa démonstration mais cela allait encore. Elle avait ressenti un tel amusement et un tel bonheur en jouant avec l'eau, qu'elle en avait presque oublié ses peurs.

Presque.

À voir Pricie décrire ainsi l’eau comme une partie de son corps, Minoru hocha vivement la tête, galvanisé par le sentiment que son amie avait compris et exprimé avec des mots très juste quelque chose qui lui était particulièrement cher. Il se sentit encore plus compris lorsqu’elle termina sur les fluctuations émotionnelles, qui lui semblaient aussi étroitement liées à sa capacité à manier la magie.

Puis il y eut ce silence, qu’il n’osa pas trop meubler lui-même, car il ne savait pas trop comment s’exprimer sur un sujet aussi intime et ne voulait pas empirer le malaise apparent de l’adolescente.

Heureusement, la gêne fit vite place à une démonstration des plus éblouissantes, dont le japonais ne loupa pas une seconde. La magie de Pricie était dansante et joyeuse, exactement à son image.

« C’était incroyable ! la félicita-t-il, enjoué, avant de reprendre plus timidement. Le mouvement était très fluide… et c’est impressionnant comme tu arrives à lui faire prendre autant de forme tout en bougeant… »

Il hésita à la relancer sur la phrase qu’elle n’avait pas fini, tant il avait l’espoir de la voir mettre les mots sur un blocage qu’ils partageaient peut-être, mais puisqu’elle avait enchaîné rapidement, il fut happé par sa question.

« J’ai tout juste commencé à faire des cristaux, rectifia-t-il. Une personne les a essayés… mais ils ne font pas grand chose… »

Alors qu’il repensait aux réflexions qui avaient précédé sa venue, il commença lui-même à s’approcher du lac, au-dessus lequel il se pencha lentement.

« Ce que je pensais travailler, ce serait plutôt par rapport à… »

Il plongea la main dans l’eau. Quand il la ressortit, le liquide c’était enroulé autour de lui, et remontait doucement jusqu’à son coude. Il se releva ensuite, puis étira son bas d’eau vers l’avant, avant de relâcher le liquide.

« J’ai du mal à la faire vraiment aller… Enfin, à la contrôler si elle n’est pas collée à moi. »

Un peu gêné par l’écart de niveau qu’il connaissait mais venait de rendre encore plus évident, il remonta sa manche trempée avant de finir :

« Et je ne sais pas créer de l’eau non plus. Donc on peut peut-être travailler ça… »

C’était du moins l’option qui risquait de faire perdre le moindre de temps à Pricie. Ou les cristaux, puisqu’elle semblait encore mal maîtriser le procédé.

L’eau, comme une forme de vie ?

Quand Pricie avait lâché ça parmi tant d’autres choses, Minoru était resté songeur quelques instants. Pas au point d’ignorer complètement ce qu’elle avait dit ensuite, mais bien assez pour manquer l’occasion d’y réagir et se faire surprendre lorsqu’elle avait soudainement attrapé sa main.

Certes, il était devenu coutumier des interactions plus tactiles… Mais pas au moins de ne ressentir aucune forme de malaise quand une fille de son âge l’approchait ainsi en rougissant.

Il hocha donc timidement le regard, sans oser lui dire non. Puis avec elle s’assit, ferma les yeux et tenta tant bien que mal de percevoir autre chose que ce contact et ses émotions qui s’affolaient.

« Je vais essayer… » marmonna-t-il, pour montrer qu’il suivait.

Il inspira ensuite. La méthode qu’employait Pricie ne lui était pas totalement inconnue — son psychologue lui avait conseillée la même pour gérer son anxiété — mais l’idée de l’appliquer à la magie ne lui étant, en revanche, jamais venue. Heureusement pour lui, son aînée d’Eau prenait le temps de répéter l’exercice, ce qui lui permit de renforcer petit à petit sa concentration, puis de la faire glisser lentement vers les frissons de l’eau quand elle le lui demanda.

Vinrent ensuite les instructions plus compliquées. Oublier que l’eau n’était pas collée à lui… plus facile à dire qu’à faire. Il sentit ses pensées gigoter à nouveau, tenta aussitôt de les calmer, inspira à nouveau, expira pour détendre ses muscles. Puis revint vers le bruit de l’eau.

Les yeux fermés, il l’entendait certes, mais il la sentait surtout, et ce bien plus nettement qu’à l’accoutumée.

En cet instant, Pricie avait raison. Ce n’était pas juste une extension de lui.

C’était un être vivant et calme, qui existait bien au-delà de lui.

Il songea alors que ce n’était pas l’eau qui devait l’étendre, mais lui qui devait étendre l’eau.

Poussé par cette idée, quoi qu’encore incertain, il essaya de concentrer son attention, sa magie et sa perception de lui-même vers l’extérieur, pour les fondre avec cette grande créature qu’il sentait tapie juste à côté de lui. C’était une sensation étrange, qui renversait une bonne partie de ce qu’il avait l’habitude de faire…

Il finit par sentir un tout petit bras, qui poussait non pas au bout du sien, mais à la surface du lac.

Il voulut l’approcher de lui, manqua, entendit Pricie hurler, sursauta et se retourna vers elle avec un air paniqué.

« C—C’est m-moi qui suis d-dé…désolé, marmonna-t-il, c’est moi qui ai mal… Et ce n’est pas grave pour l’eau, je… »
Il balbutia encore quelques excuses, inutiles puisque l’adolescente se levait. Il insista toutefois :
« Ce n’est vraiment rien, c’est moi qui ai bougé cette eau au départ et qui t’ai fait peur… Et puis, c’est normal d’être mouillé en s’entraînant, et ta méthode était efficace… enfin je crois que j’ai réussi à faire quelque chose… »

Il passa sa main contre son visage. Un peu d’eau s’y accrocha, quoi que pas tout à fait de quoi le rendre sec. Un Eau plus expérimenté comme Afya aurait probablement su récupérer jusqu’à la moindre goutte, mais ce n’était clairement pas de son niveau.

« Je vais réessayer un peu de faire comme tu m’as montré, pour être sûr d’avoir compris… Si tu as peur, tu peux rester éloignée… » osa-t-il finalement lui dire, avant de se retourner vers le lac. « Et juste après, bien sûr, je peux te montrer pour les cristaux, même si je ne suis pas très bon… »

Quand il fut assuré que Pricie était revenue (ou ne l’était pas pour éviter d’être trempée), il ferma à nouveau les yeux et tâcha de reprendre le fil de sa concentration. Il inspira quelques fois, retrouva la sensation de l’eau et, encore quelques instants plus tard, essaya à nouveau de faire pousser un bras à l’Eau et de l’étirer lentement vers lui.

Puis, alors qu’il se sentait réussi, fut gagné par une pointe d’impatience qui accéléra grandement le processus… Et se pris son propre jet d’eau à la figure, ce qui le fit sursauter et à moitié tomber en arrière.

Il toussa trois fois, puis laissa échapper un léger rire en se retournant vers Pricie.

« Je crois que j’ai bien compris le truc… » s’amusa-t-il, avant d’aller quérir, soit vers l’adolescente soit vers son propre sac, de quoi sécher un minimum le liquide qui avait autant envahi sa face que sa chemise. Quand il put ouvrir les yeux sans les plisser, il les planta dans ceux de Pricie, puis les détourna « Merci encore… Je bloquais depuis longtemps là-dessus, et le fait de faire comme ça… (Il grimaça, se sachant trop mauvais pour expliquer ce qu’il avait ressenti) C’est comme si je comprenais un peu mieux. »

Une partie de lui avait envie de recommencer jusqu’à épuisement, mais ce serait malpoli d’avoir fait venir Pricie sans qu’elle ne tire rien de leur entraînement. Aussi enchaîna-t-il :
« Pour les cristaux… (Il approcha de son sac et en sortit une petite boite dans lequel il en avait déjà fait deux, qu’il économisait pour en redonner à Karen) Je suis la méthode qu’on a appris pendant l’entraînement… Mais ce qui m’aide le plus… »
Enseigner le japonais était une chose. Transmettre le peu qu’il savait de la magie en était clairement une autre. Il se résolut donc à tenter d’en construire un en même temps qu’il expliquait, pour que la démarche soit un peu plus nette.
Il ouvrit sa bouteille d’eau, fit tomber un peu d’eau dans la paume de sa main gauche, la joignit avec la gauche, puis se concentra quelques instants.
« ...C’est d’imaginer la forme qu’il aura, je crois… Enfin d’y penser précisément, et d’essayer de tout concentrer dans cette forme… Et parfois aussi de penser à pour quoi ou pour qui je le fais... »

Il rouvrit les mains, puis extirpa de l’eau une pierre en forme de goutte d’eau, qu’il tendit à l’adolescente. C’était probablement la forme la plus banale qu’on pouvait donner à son cristal, mais c’était ce qu’il était, banal, après tout, alors ça lui convenait bien.

« Je ne sais pas si ça peut te servir… » marmonna-t-il enfin, se doutant que Pricie devait déjà savoir tout ça.

Pricie revint dans un : «  Ne t'en fais pas ! Je n'ai pas eu peur de suite ! » Elle voulait l'entendre dire, c'était important. Elle s'approcha de Minoru qui refaisait l'exercice. Expirer, inspirer, Pricie était tant attentive qu'elle le faisait en même temps que Minoru. Écouter le clapotis de l'eau et là un filet d'eau s'extirpa du lac vers Minoru. Le cœur de Pricie battait à la chamade. Il s'arrosa de l'eau au dernier moment et bascula un peu sans vraiment tomber, toussa et rit un peu. Pricie jubilait intérieurement ! Minoru prit la serviette que lui tendait Pricie soulignant sa réussite.

Il la remercia dans les yeux avant de détourner le regard. Pricie avant envie de le prendre dans ses bras, de lui dire à quel point il était génial de sautiller de bonheur de cette réussite mais elle se retint juste à temps pour ne pas l'embarrasser.

Pricie le regarda créer un cristal sous la forme d'une goutte d'eau puis lui donner avec des conseils. Penser à sa forme...penser à la personne à qui on voulait le donner...

Elle prit dans ses mains le cristal goutte d'eau brillant au pâle soleil il est beau pensa t'elle. Alors que Minoru marmonnait son hésitation sur l'utilité de ses propos.

« Je peux le garder ? » hésita t'elle avant de selon la réponse le ranger dans sa poche ou le redonner à Minoru.  

« Je vais essayer ! » Lança ensuite Pricie. Elle se baissa,  prit un tout petit peu d'eau du lac dans sa main et ferma les yeux en se redressant, elle se concentra et pensa à Minoru, il aimait les plantes, l'eau aussi aimait les plantes, il était un pétale de fleurs pour Pricie si doux et gentil, si de terrae, le cœur de Pricie se serra avait elle au moins le droit de lui créer ce cristal ? Autrefois Camil lui avait dit qu'elle était ici à sa place, ou quelque chose comme ça mais si en fait Ys avait eu raison de dire que cette place elle l'usurpait ? Qu'ils allaient se rendre compte oui tous se rendre compte de qui elle était vraiment.

Elle inspira fort pour ne pas pleurer. Elle tenta de se reconcentrer, elle imagina la forme du pétale de fleur, y mit tout son amour pour Minoru  dans cette goutte d'eau, avec elle voulait le faire sourire ! Oui juste le faire sourire ! Cela ne lui apporterait pas un don qu'il a déjà mais si ce petit cristal pouvait lui apporter du bonheur, même rien qu'un peu cela suffirait à Pricie.

L'eau commença à se modeler doucement, elle mit plusieurs minutes à prendre la forme d'un minuscule pétale dans la main de l'adolescente. Pricie rouvrit les yeux et le contempla fiere . Il était vraiment très petit son pétale d'eau mais il était là. Elle rougit  et leva une main avec le V de la victoire dans un : «  J'ai réussi ! Pour la première fois mon cristal ne redevient pas eau juste après s'être formé ! » Elle posa le cristal dans la main de Minoru et elle dit un peu plus rapidement en refermant de sa main les deux mains de Minoru sur le cristal : «  Ce cristal je l'ai créé pour toi qui est aussi doux et gentil qu'un pétale de fleur ! » Ele rougit un peu plus  dans un doux sourire : « Tu veux bien le garder alors Minoru ? »

Le ventre de Pricie se serra, elle n'avait pas le droit de lui demander cela mais elle le faisait malgré sa peur. Car tu sais Minoru moi parfois j'ai très peur, en vrai moi je suis juste terrorisée de tout et je fais juste la forte car il faut bien non ? Pensa t'elle mais elle ne réussit pas à le dire.  

@Minoru Saikawa

Elle voulait le garder.

« O.. oui, bien sûr. » bredouilla Minoru, qui n’avait pas prévu une telle requête de sa part. Pricie connaissait tant de gens à Terrae qui pouvaient lui fournir des cristaux infiniment plus puissants et jolis que le sien, quel intérêt pouvait-elle bien avoir à garder un petit cristal d’initié ?

Bon, il fallait avouer que, quoi qu’il en soit, ça lui faisait plaisir.

Il regarda ensuite — avec un silence religieux — sa camarade de pouvoir s’essayer à l’exercice. Par rapport à sa joie et son énergie habituelles, il la découvrait calme, concentrée… et peut-être même un peu triste. Avait-elle peur d’échouer ? Ou peur de ce qu’on penserait d’elle ?

Peut-être que même les gens comme Pricie étaient…
En cet instant, il avait envie d’y croire même s’il savait qu’il se faisait probablement des idées.

Puis il chassa sa supposition, alors qu’il regardait l’eau lentement se mouler entre les doigts de Pricie. C’était un spectacle fascinant, même exaltant, qu’il s’interdit de commenter avant la toute fin pour ne pas briser sa concentration.

« Bravo ! la félicita-t-il, en tapotant des mains. Tu as vraiment fait exactement comme il fallait ! »

Il n’était pas très bon avec les compliments même quand il était sincère. La cause principale était, évidemment, à trouver dans son propre vécu : il n’en avait jamais reçu beaucoup, et ne savait donc pas trop à quoi cela ressemblait. Ses parents en avaient été avares les rares fois où ils en avaient fait, et il n’avait jamais rien fait qui puisse les mériter par ailleurs, si ce n’était être sage et poli — ce qui était rarement récompensé en tant que tel.

C’est pourquoi il fut complètement abasourdi quand ce fut Pricie qui le complimenta, avec la franchise et la force qui lui étaient si habituels. Sa peau vira instantanément au rouge du tengu et sa température corporelle à celle d’une source chaude en plein été.

« Je… » marmonna-t-il, complètement incapable de lui répondre dans un premier temps.
Il tourna la tête, puis la baissa, pour focaliser son regard sur le petit cristal.
« B.. bien sûr, j… »
Puis mentalement, se donna un coup de fouet pour se ressaisir.
« C— C’est un honneur que tu me confies ton premier cristal, j’en prendrai soin ! » s’exclama-t-il avant de rougir encore un peu plus à cause de son ton trop formel et de noyer son stress dans la recherche frénétique d’une petite boîte qu’il avait dans son sac pour joindre ses paroles à l’acte en montrant à Pricie qu’il respectait son présent.

« Désolé… » s’excusa-t-il par réflexe, sitôt qu’il eut finit. « E… en tout cas, ça me touche… »
Mais alors qu’il déposait soigneusement la petite pierre dans la boîte, il se sentit titillé.
« Même si je ne suis pas… »

C’était dur à dire. Trop intime pour ses habitudes. Mais il se sentait coupable de donner une fausse image de lui à quelqu’un qui semblait le respecter.

« E—Enfin, je ne suis pas vraiment… (il n’osait pas répéter “doux et gentil”) …comme ça, alors je ne sais pas si je le mérite… »

Il avait dit ça sans regarder une seule fois Pricie. Toujours angoissé et en sueur. Il avait envie de fuir loin d’ici, mais à défaut espérait que l’adolescente répondrait une banalité et changerait très vite de sujet.