## Ven 28 Juin 2024 - 18:40 | ||
Nana Ayako Messages : 1646 Date d'inscription : 03/11/2011 Age : 27 Emploi/loisirs : Videuse/Serveuse à la boîte de nuit + Vagabonde à ses temps perdus + disciple du club de self-défense (LA BAGARRE) Humeur : ╰(▔∀▔)╯~~~ | [HRP : Le 1600e message sur le fofo youhou~] Timeline : Hiver 2024 avant le départ de mission Un manteau sur le dos, capuche fourrée sur la tête, j'erre dans la cour enneigée, cigarette au bec. La journée est froide, mais ma chambre me paraissait un peu trop étouffante. Pas forcément à cause de la chaleur du radiateur, plutôt à cause de la décision que j'avais enfin décidé de prendre pour jeter un œil vers le passé. J'ai refusé pendant des années, mais aujourd'hui, je prendrais mon courage à deux mains. J'avais toute la journée pour moi, pas de boulot ce soir, Erik est au travail, pas d’entraînement ni de cours. Juste moi et ma décision. J'avais abandonné le cas Maxime depuis un moment car sa ligne téléphonique est rendue complètement morte. Il fallait arrêter de courir après un fantôme et j'ai ma propre vie à gérer. S'il veut me contacter, il n'aura qu'à le faire lui-même quand ça le tentera. J'ai pas que ça à foutre. Après avoir fait quelques recherches sur les réseaux sociaux, j'ai pu trouvé quelques collègues de travail qui sont encore à l'armée avec elle. Elle n'y a aucune trace d'elle sur les réseaux. Après plusieurs échanges, parfois difficiles, pour avoir leur confiance afin d'avoir des infos, je l'avais enfin trouvé. Trouver le numéro de téléphone d'un militaire, c'est compliqué. Ça fait plus d'une dizaine d'années au moins qu'on ne s'est pas parlées, depuis l'arrivée des Masters dans ma vie. Les communications n'étaient pas possible à l'époque et puis il y a eut la disparition, l'ouverture de Terrae, beaucoup de choses. Le passé s'est enfoui dans une boîte à l'arrière de mon esprit et de mon cœur. Maintenant, il est temps de réparer tout ceci. J'enchaîne quelques cigarettes sous les flocons qui tombent délicatement. Après avoir fais les cents pas, j'ai composé le numéro. Ça sonne une première fois, aucune réponse. Je tente à nouveau ma chance, et cette fois-ci, ça décroche. « Ici Générale Yuki Ayako » Sa voix est sèche et ma gorge s'est resserrée subitement, l'air passe à peine. Les traits de mon visage se serrent, mais mon regard s'illumine, Ils se sont pas foutus de ma gueule, c'est le bon numéro. Putain elle est plus Commandant, elle est devenue Générale... « Il y a quelqu'un? » Le son de sa voix me fige complètement, mais je finis par ouvrir la bouche. « ...Maman? » Cette fois-ci, le silence est de l'autre côté. C'est lourd. Je suis à deux doigts de raccrocher, ou de m'attendre à ce qu'elle le fasse. Mes muscles se crispent, je soupire tout en plaçant mon doigt au dessus du bouton rouge, les yeux humides. « Nana? C'est vraiment toi? » Sa voix s'est adoucie pendant que la mienne est devenue tremblante. Une larme s'échappe. « Oui... Est-ce qu'on peut se parler? » |
## Mar 2 Juil 2024 - 16:49 | ||
Nana Ayako Messages : 1646 Date d'inscription : 03/11/2011 Age : 27 Emploi/loisirs : Videuse/Serveuse à la boîte de nuit + Vagabonde à ses temps perdus + disciple du club de self-défense (LA BAGARRE) Humeur : ╰(▔∀▔)╯~~~ | Silence radio. Encore. Ma respiration s’alourdit pendant que la fraicheur hivernale s’incruste dans mes poumons. « Euh…Allô ? » Est-ce que c’était une erreur ? Est-ce qu’elle pense que je ne suis qu’un scam fait par une IA ? J’ai entendu que ça se fait maintenant par les ordinateurs… Pitié dis quelque chose… Un mot. Je comprends que ça fasse longtemps, mais réponds, réagis. Finalement c’est un long soupir qui résonne de l’autre côté de la ligne. Elle souffle, mais de soulagement. « Oui on peut se parler, ma réunion stratégique n’est que dans quelques heures. » J’imagine qu’elle ne sait pas trop comment réagir, tout comme moi. Ce n’est pas une reprise de contact organisée, c’est soudain, ça prend au ventre, c’est à la fois plaisant, mais difficile. En même temps, par téléphone comme ça… c’est un peu distant. J’écrase un nouveau mégot avant de retirer brièvement un tas de neige du banc le plus proche pour pouvoir m’asseoir. Le manteau me couvre l’arrière donc je ne risque de pas trop geler. « D’accord euh, oui, par quoi je commence... » Bonne question. J’avoue ne pas avoir préparé une liste de choses à dire, j’ai appelé à chaud, par espoir, par envie. Je veux juste reconnecter un peu avec elle, avec ma famille. Ma mère attend patiemment pendant que je respire un peu plus fort, à la recherche de mes mots. Peut-être des excuses… ce serait pas mal. « Je sais que j’ai disparu il y a longtemps et- -Tu es partie sans dire un mot, me coupe-t-elle un peu sèchement. » Je déglutis difficilement. « Je suis vraiment désolée à ce sujet, je n’ai pas eu le droit de te contacter pendant longtemps et, pour ma part, ce n’est que dernièrement que… j’ai cette ouverture. Je suis à Tokyo, tu sais. Et je vais bien. J’ai fouillé pour trouver ton numéro et pouvoir enfin prendre contact avec toi. C’est une longue histoire et je préférerai te le dire en face à face, est-ce que tu travailles encore dans les alentours ? -Je suis en déplacement dans la préfecture d’Okinawa, mais je pourrais revenir d’ici quelques semaines. -Super, on s’organisera en fonction de ton agenda alors, je m’arrangerai de mon côté pour être disponible à ton retour. » J’ai pris le temps de me rallumer une nouvelle cigarette en attendant une réaction. Quelque chose. Je ne peux pas lui en vouloir de ne pas être forcément en train de pleurer de joie parce que je l’appelle, il y a un temps pour process. La fumée quitte doucement mes narines et c’est après m’être raclée la gorge qu’elle prend enfin la parole. « Très bien, elle marque une pause, je ne pensais pas t’entendre de nouveau un jour et en toute honnêteté, je me suis demandé si tu n’étais pas… -Oui je comprends maman. Je suis profondément désolée de t’avoir imposé cela, et je ferais le nécessaire pour rattraper les choses. -Après ton père quand tu as disparu ça a été un coup dur tu sais. Je me suis encore plus enfermée dans le travail pour tenter de passer tout ça, je ne pouvais pas me permettre de me laisser tomber au vu de ma branche. Ça fait 13 ans, Nana. 13 ans. Je ne te cacherai pas que… je suis contente de t’entendre. » Quelques larmes viennent perler mes joues avant de pouvoir répondre, la voix à moitié coupée par mes sanglots. « Moi aussi maman… Beaucoup de choses ont été difficiles et tu me manques vraiment beaucoup… » Quelques petits reniflements se font entendre à l’autre bout du fil, mais sa voix reste normale. « Tu m’as manqué, mon petit soldat. » Mes sanglots se font un peu plus fort et malgré ma main plaquée contre ma bouche, je ne peux pas m’empêcher d’être bruyante. C’est un soulagement complet qui se fait dans mon corps, mes muscles, mon esprit, mon cœur. Je me laisse aller, enfin, après avoir longtemps contenu les choses et ça fait du bien. Je me laisse de longues minutes… « Est-ce que tu es bien, là où tu es ? Ta vie à Tokyo ? -Oui, je renifle bruyamment, tout va pour le mieux, j’ai un travail, des amis, un petit-ami et je fais des missions de type… militaire disons. Je ne peux pas vraiment en parler, mais je travaille fort. Et c’est grâce à toi, tu sais, ce que tu m’as appris quand j’étais jeune. -C’est bien, je suis fière de toi, mais tu me dois des explications quand même, jeune fille. -Promis à notre rencontre, je t’expliquerai ce que je peux. Il y a des choses que je ne peux pas révéler, mais je ferais au mieux… -Est-ce que tu as visité ton père depuis…? » J’essuie du revers de la main les larmes restantes, la cigarette à moitié éteinte au bout des doigts. Une ombre passe dans mon regard qui se perd sur le sol. C’est une réponse difficile à fournir. « Non… Je n’ai pas pris le temps d’aller le voir, en France, au cimetière. J’aimerais le faire cette année. Et toi ? -J’y vais une fois tous les six mois, j’ai pris en charge le traitement de son emplacement… Tu devrais y aller, quand tu peux. Ça lui ferait plaisir. » Un léger sourire étire le coin de mes lèvres. « C’est prévu. Dès que je vais pouvoir, cette année, je vais y faire un tour. Peut-être revoir un peu de famille s’il y en a encore dans les parages. » Sûrement après la mission, ou pendant l’été… Il faudrait que je me renseigne pour les autorisations, si je peux demander à un master de me TP ou si je serais une simple touriste qui prend l’avion, c’est un long vol tout de suite, et beaucoup d’organisation. Je tiendrai informer Erik au passage, ou qui sait s’il veut profiter de faire un tour en même temps. « En parlant de famille… J’imagine que ton cousin Max a disparu de la même manière que toi ? -C’est… oui, mais il a ensuite disparu de façon étrange sans rien dire, c’est… -Compliqué ? Tu sembles remontée contre lui… -Oui. -Ta tante et ton oncle seront ravis de savoir que leur fils est en vie quelque part au moins. -On peut dire ça… » La conversation a débuté difficilement, mais devient de plus en plus confortable malgré l’étrangeté que ça me procure dans le cœur. Sa voix n’a pas changé, ses réactions sont un peu plus différentes, mais au vu de la situation, c’est bien normal… « Et toi, maman ? Ta vie, de quoi ça a l’air maintenant, Commandant ? » C’est une légère douleur au ventre qui apparaît par mon inquiétude d’apprendre le foutoir que j’ai pu lui imposer dans une vie sans moi, son seul enfant, après la mort de son mari, papa. |
## Mar 16 Juil 2024 - 17:47 | ||
Nana Ayako Messages : 1646 Date d'inscription : 03/11/2011 Age : 27 Emploi/loisirs : Videuse/Serveuse à la boîte de nuit + Vagabonde à ses temps perdus + disciple du club de self-défense (LA BAGARRE) Humeur : ╰(▔∀▔)╯~~~ | « Tumultueuse, disons. » Je n’en ai aucun doute. J’ai simplement lâché un petit un ‘’hm’’ en réponse, sans savoir quoi dire de plus, sans vouloir entendre la décision de définir sa vie ainsi. Je le sais, au fond de moi, la réponse. Quelque part, dans mon flux d’émotions, il y a cette micro-voix qui me souffle que je suis une vraie déception pour mes parents. Cette voix, c’est la mienne, par manque de confiance. Je n’ai jamais regretté être partie pour Terrae, mais je comprends la trace que ça laisse derrière, pour les autres, l’entourage. La vie aurait eu un goût différent sans le Vide, la mort de Papa, les pouvoirs, tout. S’il y a bien une chose que je tente de garder en tête, c’est de continuer à avancer, à vivre, de me laisser ressentir les émotions qui me traversent, m’étourdissent, me font sourire ou pleurer. J’essaye tant bien que mal, et surtout, d’accepter, de moins regarder en arrière ou alors si je le fais, ce n’est pas pour m’enfoncer sous terre par les regrets. Ma mère prend de longues minutes à me résumer point par point des bouts de sa vie, personnel ou alors professionnel. J’écoute sagement tout en observant les flocons qui viennent s’échouer par terre, sur ma tête, sur les arbres dénudés. Je secoue ma jambe droite en continue, il m’est impossible de vouloir rester immobile, au moins, quelque chose chez moi bouge, est encore en vie en cet instant. C’est un soulagement qu’elle ne m’ai pas raccroché au nez, tout n’est pas perdu, mais rien n’est gagné encore. Il y a une nouvelle confiance à bâtir entre nous et je compte bien faire mon maximum pour ne pas gâcher la possibilité de pouvoir revenir complètement dans sa vie. Elle travaille beaucoup via ses voyages, mais ça ne l’empêche pas de travailler autour de Tokyo dans son bureau. Notre conversation dure, malgré nos incertitudes lorsque l’on se parle, quelques petits rires arrivent à se faufiler et je remercie le ciel de m’avoir donné la force de reprendre contact. Ma mère continue d’aimer Papa, mai ça ne l’empêche pas de reconstruire sa vie, d’avoir des fréquentations. Elle a travaillé fort pour avoir un meilleur grade dans l’échelle, je n’imagine pas le bond que mon cœur fera lorsque je l’apercevrais face à moi. Je lui laisse mon numéro de téléphone, elle me laisse le sien, son personnel. Elle l’a changé à plusieurs reprises et je comprends mieux pourquoi lorsque je tentais d’appeler auparavant, la ligne était morte. Depuis l’adolescence j’ai gardé en mémoire les chiffres, mais désormais, ils ne servent plus à rien. Il n’y a que ça de disparu au moins, j’ai espoir que l’amour de ma mère soit encore là. Je me suis coupée longtemps, j’ai appris à dealer toute seule, mais depuis ma dernière évolution, la maturité, ce n’est plus le cas. Je m’ouvre, enfin, comme une fleur millénaire qui se permet enfin de rencontrer la lumière dans son cœur. « Je te laisse, mais je reprendrai contact avec toi dès mon retour sur Tokyo. -Hm… -Tu ne comptes pas disparaître à nouveau je l’espère ? » Ma gorge s’est serrée brusquement. « Non, mais je pars en mission, prochainement, je ne sais pas quand encore. -Si jamais je ne rentre pas avant ton départ, reviens en un seul morceau alors, s’il te plait. -Copy. » Mes lèvres s’étirent lorsqu’elle rit discrètement. Quelques mots encore puis ça raccroche. L’appel est terminé, mais je ne décolle pas tout de suite le téléphone de mon oreille. C’est un véritable choc ce qui vient de se passer, une claque irréelle. Sa voix résonne encore dans ma tête et ce sont des larmes qui viennent rouler sur mes joues, sans que mes muscles bougent à l’exception de ma jambe qui n’a jamais arrêté de trembler. C’est fait. C’est fait. C’est fait. C’est fait. C’est fait. Il n’y a plus qu’à attendre désormais, à savoir si la mission arrivera avant notre rencontre, ou si ce sera le contraire. Je souffle bruyamment et observe la condensation dans l’air qui s’envole à chaque fois. Je me pousse à enfin baisser le bras, à glisser le téléphone dans ma poche. Les bras croisés sur la poitrine, je me laisse un moment pour vivre mes larmes, rien à foutre des passants. Les yeux bouffis et le bout du nez rouge, je finis par enfouir mon visage dans le creux de mes mains, juste pour quelques instants. J’écarte mes majeurs et mes annulaires pour regarder à nouveau la neige. C’est doux, silencieux, réconfortant. Lorsque je me sens enfin apaisée, ou du moins un peu plus calme, je me lève enfin. Est-ce une bonne idée de rentrer tout de suite pour s’enfermer… Pas tant. Un petit tour de l’Institut s’impose, pourquoi pas aller voir le lac gelé. Pas de TP, juste de la marche. Je m’allume une dernière cigarette et lève la tête pour laisser quelques flocons embrasser mon visage. C’est froid, mais pas désagréable. Finalement, l’autre bout du fil, ce n’est pas si mal. FIN |
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