J'étais inconsciente lorsque nous sommes arrivés devant ce portail en fer forgé. La personne qui m'avait porté durant tout ce voyage avait disparue dans un nuage doré.

Je distinguais à présent une personne debout devant le portail. Je m'approchais d'elle discrètement. C'était un jeune homme. Il devait avoir seize ou dix-sept ans, d'après sa carrure et sa taille. La lune se reflétait sur ses cheveux bleu nuit. Mais je ne vis pas tout de suite son visage. Comme je marchais en le décrivant intérieurement, je trébuchai sur un caillou que je n'avais pas aperçu. Je me retrouvais étalée par terre. Le garçon se retourna. Sur le coup, je pris peur car il avait un oeil rouge et un oeil bleu. Mais son regard était paisible et rassurant. Il se précipita vers moi et me tendit la main pour m'aider à me relever :

" Tout va bien ?

- Oui... Merci."dis-je timidement.

Il faut dire que c'était la première fois de ma vie que quelqu'un m'aidait ! Je saisissais sa main chaleureuse et me remettais debout, quand le portail s'ouvrit et laissa passer une jeune fille au visage impassible.

"- Tiens ? je m'attendais à ne recevoir qu'une seule personne.

dit-elle d'un ton neutre en me fixant.

Tu es Myu Climbson. Et toi ? Qui es-tu ?"

Elle regardait le jeune garçon à côté de moi d'un air totalement inexpressif.

- Oui, merci, prit-elle ma main.

La fillette était à la fois gênée et reconnaissante. Elle était si jeune, et ses petites menottes semblaient frêles. Je l'aidai à se relever. Même debout, elle paraissait toujours petite. Quelle âge devait-elle avoir? Cinq ans? Huit ans? Peut-être plus? Il était difficile de savoir au premier coup d'oeil. Autant son corps était menu, autant ses cheveux clairs, presque translucides, étaient longs. Elle me rappelait cet enfant que j'étais aux airs de poupée... Non, il y avait autre chose... Je dirais que ses mouvements étaient sauvages: on ne saurait dire si ses yeux argentés traduisaient sa timidité ou sa méfiance. Je ne m'attendais pas plus à la voir pleurer que mordre. Mais je ne pus m'empêcher de la juger inoffensive. De plus elle avait l'air perdu.

Sa première réaction en me découvrant fut la peur. Ce regard était le même que celui de ma mère avant mon départ... Me voyait-elle comme un monstre? Je ne pouvais que lui donner raison. Puis, elle s'appaisa, sans raison apparante.

-Tiens?! Je m'attendais à ne recevoir qu'une seule personne.

Une jeune fille venait de passer le portail grinçant que je n'avais pas entendu s'ouvrir, perdu dans mes pensées. Elle était plus jeune que moi, de peu, et avait une taille imposante pour une fille de son âge. Le sport devait être sa pratique favorite. Ce qui me surpris d'abord fut la couleur de ses cheveux: un alliage entre le blanc et le gris. Tous les habitants de Terrae avaient-ils les cheveux blacns?! Il ne faisait aucun doute qu'elle venait accueillir la fillette, sur qui toute son intention se porta en premier.

-Tu es Myu Climbson, affirma-t-elle d'un ton neutre. Et toi? Qui es-tu?

La jeune femme s'était alors tournée vers moi. Aucune répulsion devant mes yeux vairons particuliers ne se dégageait d'elle, ni aucune autre émotion d'ailleurs. J'appréhendais de faire usage de ma voix dont je connaissais les capacités. Aussi optai-je pour la réponse la plus courte possible en espérant qu'elle n'insiste pas sur quelque détail insignifiant.

- Naoki Fujiyama.

Pfff quelle journée! J'avais encore été virée de cours deux fois et on m'avait demandé d'aller chercher de nouveaux arrivants au portail.
Mais ceux-ci ne s'étaient pas encore présentés....Peut-être avaient-ils du retard...Quoi qu'il en soit, après avoir attendu pendant une heure devant la grille, je commençais à m'embêter sévèrement et il me fallait aussi terminer quelques exercices supplémentaires grâce à mon attitude de mauvaise élève exemplaire!
Je m'y attelai donc en grignotant quelques biscuits. Lorsque ce fut terminé, je donna à mon sabre son traditionnel rituel d'aiguisage, assise en tailleur au milieu du dortoir, souriant radieusement aux autres filles qui me dévisageaient avec un air effaré.
Mais elles devraient savoir qu'une lame d'une telle envergure demande beaucoup d'entretien! Soit, passons... Une fois le sabre aiguisé, ma toilette terminée et quelques exercices effectués, je me blottis sous ma couette en espérant trouver enfin le sommeil. Rien à faire, le diner me restait sur l'estomac et j'étais encore trop énergique pour fermer l’œil ne serait-ce que dix petites minutes.
Je regardai par la fenêtre, scrutant les cieux à le recherche d'une petite source d'inspiration pour écrire ou même m'inventer une histoire le temps de m'endormir. C'est alors que j'aperçus, en baissant un peu les yeux vers le portail, un jeune homme qui le regardait de haut en bas sans trop oser faire le premier pas. C'était donc lui le nouveau! Sacrément en retard dis-donc! Mais il était de mon devoir d'aller le chercher malgré tout! Je ne pouvais pas rester là et attendre patiemment qu'il entre, seul et en pleine nuit dans sa nouvelle vie! Je m'habillai donc en quatrième vitesse, faisant le moins de bruit possible pour ne pas réveiller tout le monde et dévalai les escaliers en m'étirant. Je trottinai vers le portail avec discrétion (comme à mon habitude).
Mais c'est alors que je le vis se retourner pour aider une petite fille qui venait de tomber derrière lui. Il ne m'avait pas encore remarquée et je me figea à quelques mètres. Ils étaient deux ?!? Première nouvelle ! Je 'approcha doucement et sans bruit, puis, une fois tout près d'eux, de l'autre côté de la grille exactement. Je laissa seulement sortir de ma bouche un petit "bonsoir" en suspension. Ce mot résonna pourtant dans mes tympans... un ton froid et dur, celui que j'employais si souvent et qui était presque devenu ma signature. Quelle impression allais-je laisser à nos deux nouveaux arrivants en ce lieu déjà étrange et intimidant lorsqu'on ne le connaît pas! Quoiqu'il en soit, j'étais là pour les accueillir et non pas pour les effrayer. J'essaierai donc de me montrer "aimable" quelques instants, le temps qu'ils prennent leurs repères et qu'il soient chacun dans leur dortoir respectif. Puis je retournerai vivre ma vie nocturne de mon côté, comme toujours.... Je finis tout de même par dire tout haut ce que je pensais tout bas en ouvrant furtivement le portail :

-Tiens?! Je m'attendais à ne recevoir qu'une seule personne.

Puis mon attention se porta tout de suite sur cette jeune fille fragile aux yeux cristallins qui, d'après moi , devait être la fameuse Myu Climbson. Je lui adressa la parole avec un maximum de pédagogie....minable...du moins venant de moi...Je n'obtenu qu'un ton neutre mais c'était déjà bien !

-Tu es Myu Climbson... Et toi? Qui es-tu?

Après avoir salué la première nouvelle bien frêle à mon gout, je me tourna vers celui dont je ne connaissais rien pour le moment... Il avait de beaux yeux vairons qui n'étaient pas pour me déplaire mais comme toujours je ne laissais filtrer aucune émotion envers lui, ni envers cette petite d'ailleurs. Il me répondit simplement la seule chose que je voulais entendre:

- Naoki Fujiyama.

Je voulais en finir pour pouvoir aller me balader dans les environs et gratter incognito quelques bouteilles d'eau de vie au passage. Je lâcha donc d'un air froid et détaché :

-Bien, veuillez tous deux me suivre, je vais vous conduire en un lieu approprié pour la nuit...

Sur ce, je tourna les talons et avança d'un pas assuré sur le chemin menant aux dortoirs, m'assurant qu'ils me suivaient sans pour autant me retourner.

Après la question de la jeune fille, le garçon répondit immédiatement :

"- Naoki Fujiyama.

- Bien, veuillez tous deux me suivre, je vais vous conduire en un lieu approprié pour la nuit... "

Répondit immédiatement la jeune fille sur un ton que me paraissait pressé. Sans doute voulait-elle se recoucher. Pourtant, elle ne me semblais nullement fatiguée. Elle partit, puis je la suivis. J'étais tellement endormie que je ne regardais même pas si ce Naoki marchait derrière nous.

Le clair de lune l'éclairait à peine, mais je pus détailler son physique. Elle était très grande. En tout cas, par rapport à moi. Il faut dire que ce n'est pas difficile de me dépasser puisque je ne mesure qu'un mètre dix pour mes dix ans... Ces cheveux couleur argent me paraissaient normaux car je n'avais pas vu beaucoup de gens dans ma vie. Cette personne avait un aspect sportif et musclé, mais ou régnait tout de même une grâce et une agilité féminine. Je vis sur son bras droit un drôle de tatouage. Il représentait un cercle séparé en deux pas une espèce de vague.

Nous arrivâmes dans l’institue de Terrae. Il y faisait froid mais je me disais que bientôt je serais dans un vrai lit, avec un matelas, un vrai, pas un sol froid et dur, une couette chaude, pas un minable drap auquel j'avais le droit été comme hiver. Le peu de lumière ne me permettait pas de voir les détails de l'architecture, mais rien que le fait que les couloir soient immence me donnaient une impression de liberté. Oui, j'était libre à présent. Je m'immaginais vivre, dans un champ, endormie, écoutant le piaillement des oiseaux. Je m'immaginais au bord d'un lac (cela serait la première fois de ma vie que je verrais une étendu d'eau) jouant avec ce qui m'entourais. Mais nous n'en étions pas encore là. il me fallait d'abord une bonne nuit de sommeil, un bon bain et des habits propres. Je n'avais aucune idée de ce que pouvait être cet endroit magnifique que l'on nommait Terrae. J'avais apperçu les grilles autour de l'immence portail, mais je ne savais pas à quoi elles servaient.

Ma rêverie fut interrompu par l'arrêt de la fille qui nous avaient acceullit.

Elle ne me demanda pas de préciser mon identité, de quoi être soulagé. Elle nous informa qu'elle allait nous conduire dans un lieu approprié pour la nuit. Certainement pressée d'en finir avec nous, elle nous tourna le dos et se dirigea vers l'institut, sans même prendre la peine de se présenter. Investie de cette mission, à savoir accueillir les nouveaux au milieu de la nuit, la jeune fille ne voulait qu'une chose: aller rejoindre des draps chauds. Je la comprenais...

Ses longues jambes lui attribuaient une démarche gracieuse et sûre, l'écart des ses pas étant impressionant. Myu la suivis, de son petit pas rapide et maladroit, afin de ne pas prendre trop de retard. Je restai à l'arrière. Pourquoi? Pour surveiller Myu, si elle venait à tomber de nouveau je pourrais plus facilement la rattraper. Son visage enfantin révélait le malaise dont nous étions la cause. Notre présence la perturbait.

L'institut de Terrae était un ensemble d'architecture ancienne composée de plusieurs bâtiments, tous de dimension extravagante. L'image de Poudlard s'imposa à moi. Ce n'était pas une référence, mais cela s'en rapprochait. Un chemin bordé d'arbres conduisait au coeur de l'institut. Myu semblait encore plus petite à côté de l'immense porte qui menait au hall d'entrée. La fraîcheur de la nuit s'évanouit lorsque que nous passâmes la grande porte, déjà ouverte. Le chauffage n'était pas une priorité, apparemment. C'était... indescriptible. Vaste, haut, long, large, gigantesque, magnifique... et j'en passe. Je ne connaissais pas le nom des différentes sortes de pierres utilisées, mais l'ensemble était superbe. Non, mon carnet de croquis resta dans mon sac avec tous mes efforts!

Notre chef de file disparut dans un couloir adjacent au hall d'entrée. Nous lui emboîtèrent le pas. Elle commença alors à zigzager dans le bâtiment, passant de couloir en couloir, tourant à gauche et à droite. Le Petit Poucet ne pourrais pas retrouver son chemin même en y semant des galets, vous pouvez me croire! Enfin, elle s'arrêta et nous fit face. Son expression était restée la même que devant le portail.

Elle semblait sur le point de nous donner quelques explications sur Terrae...

- ...

Il ne fallait pas que je traîne trop longtemps dans les couloirs sinon j'allais encore me faire avoir par les surveillants.
Qui, depuis le temps que je sortais en douce le soir, devait se douter de quelque chose je pense... Je marchais vite et avec assurance, sentant l'appel vivifiant de la nuit et du froid.
Je fis plusieurs bifurcations dans les couloirs, maintenant devenus un jeu d'enfant pour moi à force de les parcourir en long en large et en travers pour échapper à la surveillance et m'arrêta tout d'abord devant le dortoir des filles car la petiote semblait vraiment à bout de force. Je me retourna avec la même présence qu'au portail, sentant bien la certaine pression que j'exerçait à ce moment précis et m'adressa au deux afin de leur faire un petit topo avant qu'il n'aillent s'écrouler sur leurs oreillers pendant ma petite escapade nocturne.
Les transperçant du regard avec une mine sérieuse et posée :

-Bon, nous y voilà, ici, c'est le dortoir des filles, Myu (me penchant vers elle), c'est ici que tu vas dormir dans un bon lit bien chaud! Mais avant, je vais vous expliquer à tout les deux ce qu'est Terrae....Ici, vous n'aurez plus à craindre les moqueries de personnes qui vous trouvent différents car eux aussi le sont, ici,vous n'aurez plus besoin de vous cacher pour vivre votre passion, ici, vous allez prendre un nouveau départ, avoir droit à une deuxième chance....Terrae n'est pas seulement un institut, c'est tout un village avec des loisirs, un parc, une forêt, des commerces et tout plein de choses...même une arène ! Car ici, que vous me croyez ou non, vous allez recevoir des pouvoirs....Ne me demandez pas lesquels cela dépendra de vous. Vous allez être la plupart du temps à l'institut, enfin surtout toi Myu...cours obligent.....et pour vous repérez vous regarderez le plan à l'accueil s'il vous plaît car je ne suis pas très forte pour ce genre d'explications...Voilà, merci d'avoir écouté attentivement ce que j'avais à vous dire, Myu, après toi jeune fille!

J'eu un petit sourire presque indécelable et lui tint la porte. Je me tournai vers Naoki en lui disant directement mais sans méchanceté aucune (je vais pas l'agresser non plus!):

-Attends moi ici le temps que je lui montre où elle va dormir s'il-te plaît, merci !

Sans même attendre de réponse car je voyait bien que la petite grelottait, je referma la porte et lui porta son sac jusqu'au pied de son lit et lui descendit une couverture de l'armoire dans laquelle elles étaient entreposées. Je me tourna vers elle et ne put m'empêcher de la couvrir d'un regard protecteur, la mine un peu adoucie :

-Voilà, mais toi à l'aise et ne fais pas trop de bruit pour ne pas réveiller les autres, demain tu as une grosse journée qui t'attend, tu vas devoir prendre tes repères et peut-être rencontrer tes professeurs je pense... Je te souhaite une agréable soirée et sûrement à demain. Je vais accompagner Naoki jusqu'à son dortoir. Dors bien Myu...

Je détourna la tête et tourna les talons pour rejoindre la porte derrière laquelle m'attendait le jeune homme....

Nous étions donc devant le dortoir des filles. Je me sentis mal à l'aise, comme si je n'étais pas à ma place (ce qui étais le cas!) et je baissai les yeux par réflexe. Malgré ce malaise, le fait que la moquerie envers notre différence n'existait pas me soulageait. Toutefois, je préférais garder mon secret pour le moment... Quand à ma deuxième vie, elle avait déjà commencé depuis mon arrivée devant cette immense portail, mais l'entendre de vive voix m'aida à en prendre conscience. Pourrais-je un jour appeler Terrae "ma maison" ? Cet endroit avait l'air des plus paisible, idéal pour mes siestes au grand air! Même si le mot "arène" fissura légèrement l'illusion d'ataraxie qui s'installait peu à peu en moi. Mais ce qui la brisa fut cette phrase dont je n'avais entendu qu'un seul mot... Des pouvoirs ?! Mon premier livre avait été Harry Potter à l'école des sorciers, j'avais cinq ans ; la première image qui me vint fut le jeune homme que j'étais aujourd'hui faisant tournoyer une baguette en bois dans tous les sens sur un balais volant. Pas très convaincant... Puis, cela me parut clair: notre différence commune, à tous les habitants de ce village isolé, était cette aptitude particulière. Nous allions donc réellement avoir des pouvoirs ! Myu ressemblait plus à une créature surnaturelle avec sa peau et ses cheveux blancs que moi, qu'elle disparaisse comme un fantôme ne m'aurais pas surpris ! Moi qui désirait être comme tout garçon de mon âge, me voilà avec une autre "bizarrerie". Et je n'avais pas le choix, mes pouvoirs se manifesteraient d'eux-même.

La jeune fille eu ce sourire... maternel! ... lorsqu'elle invita Myu à lui servir de guide jusqu'à son lit. Son visage changea entièrement, on ne la reconnaissait plus ! Ses bonnes paroles sur Terrae lui avait peut-être redonné de l'énergie? Seulement, son expression redevint aussi neutre qu'auparavant en se tournant vers moi. Une féministe? Un bref souvenir de l'enfant en robe aux longs cheveux coiffés en nattes passa dans mon esprit...

- Attend moi ici le temps que je lui montre où elle va dormir s'il-te-plaît, merci !

Deux formes de politesse mises l'une à côté de l'autre traduisaient généralement le sentiment d'agacement. Avec elle, c'était difficile à dire. Cependant, attendre ici ne me dérangeait pas. Et j'aurais tout le temps nécessaire pour lui poser quelques questions à propos de Terrae qui me passaient par la tête.

Le voile blanc formant la chevelure de la petite fille disparut derrière la porte, puis la même chose se produit pour notre guide. La porte se ferma et je me retrouvai seul avec moi-même. Seul... pas tout à fait. Je sentais une présence. Il y avait quelqu'un. Mon regard parcourut discrètement le couloir. Personne. Cette présence était bien là ! Je la sentais et j'en étais certain! Un parfum flottait dans l'air. Je ne réussis pas à l'identifier. La présence sembla se rapprocher. Comme une ombre souhaitant m'engloutir dans ses ténèbres. C'était ridicule ! La paranoïa de ma mère avait fini par m'atteindre ! Soudain, un souffle chaud m'arracha un frisson. Je me figeai. L'ombre imperceptible par ma vue me frôla, elle était si proche...

Je voulus faire un mouvement quand la porte derrière laquelle avaient disparu les filles s'ouvrit dans un grincement aigu. L'ombre n'était plus là. Qu'est-ce que c'était ? Je mis cette illusion sur le compte de la fatigue. Le trajet de Sapporo jusqu'ici avait été long et épuisant. Je repris rapidement mes esprits. La guide me fixait à présent. Elle ne devait pas m'apprécier. Je ne pouvais pas lui en vouloir.

- Vous avez laissé entendre que Myu aurait plus de cours. Quel différence il y a entre nous ? Nous sommes tous les deux novices et j'ai encore l'âge d'étudier.

Une question parmi d'autres...

Lorsque la fille s'arrêta, elle nous transperça de ses yeux aux reflets de glace. Je soutenais
courageusement son regard, car je ne voulais plus vivre l’existence que j'avais vécu jusqu’à maintenant. Je voulais être comme eux, ces deux personnes qui m'avais aidée alors que je ne les connaissaient à peine. Je voulais être comme eux : grande et forte. Mais ce n'était pas gagné : j'étais petite, faible, fragile, peureuse, timide... La liste serait longue. Je me disais que j'avais toute ma vie devant moi, alors pour commencer, je la regardais dans les yeux. mais l'expérience étant nouvelle pour moi, mes joues s'empourprèrent bien vite... Je baissais la tête.

-Bon, nous y voilà, ici, c'est le dortoir des filles, Myu, dit la fille. C'est ici que tu vas dormir dans un bon lit bien chaud ! Mais avant, je vais vous expliquer à tout les deux ce qu'est Terrae...

Elle marqua une pause.

- Ici, vous n'aurez plus à craindre les moqueries de personnes qui vous trouvent différents car eux aussi le sont, ici,vous n'aurez plus besoin de vous cacher pour vivre votre passion, ici, vous allez prendre un nouveau départ, avoir droit à une deuxième chance...

Ces yeux se posèrent sur Naoki.

- Terrae n'est pas seulement un institut, c'est tout un village avec des loisirs, un parc, une forêt, des commerces et tout plein de choses...même une arène !

Le regard de Naoki s'assombrit alors qu'elle prononçait le dernier mot. Mais la demoiselle ne semblait pas l'avoir remarqué. Moi si. Je pouvais ressentir les émotions des autres, et là, c'est de la tristesse que je perçu. Elle repris :

- Car ici, que vous me croyez ou non, vous allez recevoir des pouvoirs...

Je relevais la tête. Chaque nuit, j'y pensais. C'était comme une prophétie, un rêve, mais je croyais que jamais il ne se réaliserait... Mais je devais continuer à suivre les explications.

- Ne me demandez pas lesquels cela dépendra de vous. Vous allez être la plupart du temps à l'institut, enfin surtout toi Myu... Cours obligent... Et pour vous repérez vous regarderez le plan à l'accueil s'il vous plaît car je ne suis pas très forte pour ce genre d'explications... Voilà, merci d'avoir écouté attentivement ce que j'avais à vous dire.

Elle ouvrit la porte et m'invita à y entrer :

- Myu, après toi jeune fille !

Je passais le pas de la porte. Quand j'entrais, la pièce était sombre. Mais, à entendre les bruits de respirations multiples, je devinais un grand dortoir où dormaient beaucoup de monde.

- Attends moi ici le temps que je lui montre où elle va dormir s'il-te plaît, merci ! dit-elle à l'attention de Naoki avant de refermer la porte derrière elle.

Elle me prit la main et m’entraîna vers une des couchettes. Elle posa sur moi des yeux que je ne reconnu pas : des yeux emplit d'amour. Sa voix aussi était douce. Voila la personnalité, la vrai, de cette femme. Son ton maternel me rappela qu'il fallait que je dorme. Un long bâillement franchit mes lèvres.

-Voilà, mais toi à l'aise et ne fais pas trop de bruit pour ne pas réveiller les autres, demain tu as une grosse journée qui t'attend, tu vas devoir prendre tes repères et peut-être rencontrer tes professeurs je pense... Je te souhaite une agréable soirée et sûrement à demain. Je vais accompagner Naoki jusqu'à son dortoir. Dors bien Myu...

- Bonne nuit... dis-je en m'endormant déjà. Je n'entendis même pas la porte se refermer.




[Rp non fini]

Je referma la porte doucement derrière moi et porta mon regard sur le jeune homme qui était resté planté là sans broncher.
Il devait être fatigué par son voyage je pense, sa patience m'était reconnaissable.
Il me demanda presque directement :

- Vous avez laissé entendre que Myu aurait plus de cours. Quel différence il y a entre nous ? Nous sommes tous les deux novices et j'ai encore l'âge d'étudier.

J'eus un petit air amusé....encore l'âge d'étudier...hu hu hu....un élève studieux...nous étions faits pour nous entendre....plus ou moins....
Je lui dis pour clore ce sujet qui ne me plaisait pas vraiment(les cours...) :

-Hum...je disais ça parce que tu as moins d'obligations que Myu vis-à-vis des cours....'fin toi tu peux faire ce que tu veux et tu es moins.....enfin moins petit quoi! Je ne saurai t'expliquer en détails et maintenant la différence de maturité entre une petite fille de dix ans et un grand garçon de dix-sept ou dix-huit ans......

Je marqua un temps d’arrêt et lui dit en soupirant sur un ton détendu et cette fois relativement sympathique:

-Bien...je suppose que tu aimerais poser tes affaires et te reposer à présent, merci d'avoir patienté, je vais te conduire jusqu'à ton dortoir....et hum...tu ne m'en voudras pas si je n'entre pas avec toi..

Je rigolais doucement et me remis tranquillement en route en essayant de ne pas aller trop vite pour qu'il puisse me suivre, même si mes grandes jambes me trahissaient en voulant toujours accélérer.
Je me mis donc plutôt à sa vitesse et entama un semblant de conversation pour briser le silence pesant et peut être le connaître un peu mieux....je suis curieuse malgré mon détachement prononcé avec les gens que je ne connais pas encore.

-Tu connaissais Terrae avant? Il paraît que c'est plutôt connu malgré la tranquillité de l'endroit....Moi je ne connaissais pas avant d'arriver mais ça a été plutôt rapide pour que je prenne mes repères. Je pense que tu les prendras vite toi aussi....

Je marqua une pause, pensive, le fixant toujours en attendant sa réponse.
Je ne savais pas trop comment m'y prendre avec suffisamment de délicatesse et pas trop d'hypocrisie à la fois.
Mais malgré moi, ses yeux vairons m'intriguaient et me fascinaient beaucoup.
J'essayai de ne pas le dévisager et de lui parler de sujets divers et variés pour contourner mon engouement pour les yeux dépareillés.

Ma question parut l'amuser. Encore une fois son visage changea considérablement. Son sourire révélait une autre facette de sa personnalité, même le plus petit suffisait à me tromper, j'aurais pu croire qu'elle avait une sœur jumelle distincte. Avait-elle un caractère lunatique? Elle balaya l'air d'un geste bref, comme si la réponse était évidente.

- Hum... je disais ça parce que tu as moins d'obligations que Myu vis-à-vis des cours... 'fin toi tu peux faire ce que tu veux et tu es moins... enfin moins petit quoi! Je ne saurais t'expliquer en détails et maintenant la différence de maturité entre une petite fille de dix ans et un grand garçon de dix-sept ou dix-huit ans...

Ces explications l'ennuyaient et elle ne le cachait pas. Pourtant elles étaient capitales pour moi. Je n'avais jamais vraiment aimé l'école, même si j'étais bon élève, je ne la détestais pas non plus. Mais je regardais souvent par la fenêtre et pensais à diverses évasions possibles alors que j'étais sur ma chaise à simuler mon intérêt pour le cours qui n'avait déjà plus aucun secret pour moi. On envie la plupart du temps les personnes « intelligentes » alors qu'elles rêvent de sortir de ce perpétuel ennui dont elles sont las. Ce n'était que depuis le commencement de mon processus de socialisation que j'écoutais les professeurs, et les gens en général...

Le visage de la guide changea une fois encore et se voulut détendu et amical.

- Bien, soupira-t-elle, je suppose que tu aimerais poser tes affaires et te reposer à présent, merci d'avoir patienté, je vais te conduire jusqu'à ton dortoir... et hum... tu ne m'en voudras pas si je n'entre pas avec toi...

Elle rigola et je fus presque soulagé qu'elle ait le sens de l'humour. Ce n'était pas donné à tout le monde de l'avoir contrairement à ce que l'on pourrait penser! Il est plus facile de parler à quelqu'un qui pouvait rire lorsque l'occasion le demande. Je répondis à sa plaisanterie: il est vrai que je ne désirais pas particulièrement qu'elle me suive à l'intérieur des dortoirs, car j'étais si fatigué que mon corps fonderait à la vue du premier lit. Elle reprit sa marche de tout à l'heure, ses longues jambes effectuaient des pas rapides et contrôlés. Je pris mon sac et lui emboîtai le pas.

Tandis que nous arpentions à nouveau les couloirs, je ressentis cette même ombre que devant les dortoirs des filles. Je n'avais donc pas rêvé. Cette fois, elle était à une distance raisonnable. Me suivait-elle? Qu'un tel château abrite des fantômes ne m'aurait pas surpris! La guide ne devait pas l'avoir remarqué, elle poursuivait toujours sa marche, imperturbable. Et si c'était quelqu'un... Quelqu'un possédant des pouvoirs? Voilà peut-être ce dont la guide nous parlait un peu plus tôt... Le pouvoir de se transformer en ombre... Rien que d'y penser cette idée me paraissait étrange. Et pourquoi étais-je le seul à l'avoir senti?

Soudain, la jeune fille ralentit jusqu'à ma hauteur. Elle imitait le rythme de mon pas afin de ne pas prendre de l'avance. Sa voix quelque peu embarrassée, oui je dis bien embarrassée! Me fit prendre conscience de l'atmosphère qui pesait du à l'installation du silence.

- Tu connaissais Terrae avant? Il paraît que c'est plutôt connu malgré la tranquillité de l'endroit... Moi je ne connaissais pas avant d'arriver mais ça a été plutôt rapide pour que je prenne mes repères. Je pense que tu les prendras vite toi aussi...

Elle marqua une pause révélatrice de son état de doute. Le fait qu'elle me posait des questions me rendait heureux... Enfin... le mot est un peu fort. Disons que j'avais le sentiment qu'elle cherchait à me rassurer et à faire ma connaissance. Son regard voyageait entre mes yeux, ses mains, mes yeux, un détails quelconque du sol... Je me demandais si l'ombre était aussi intriguée par mes yeux que les autres. Je calmai sa petite angoisse:

- Tu peux me regarder dans les yeux, je suis habitué. En revanche il te faudra un temps avant de t'y accoutumer. Regarde moi comme tu regarderais un ami et tu ne feras plus attention à mes yeux... spéciaux.

Je rencontrai son regard pour l'aider. L'ombre choisit ce moment pour effleurer mon bras gauche. Je ne trahis rien de ce geste bref. Je décidai d'ignorer totalement l'ombre qui se tenait à présent derrière moi. Elle finirait bien par se lasser de ce jeu...

-Je les trouve très beaux tes yeux....et sache que je regarde tout le monde de la même façon, amis y compris. C'est ainsi que j'ai été élevée....beaucoup n'aiment pas cette façon que j'ai de m'exprimer mais c'est la seule que j'ai. En fait, je crois que le fait qu'ils soient différents me met plus à l'aise encore....

Elle trouvait mes yeux beaux? Je les lui aurais offert sur le champ sur je savais comment faire pour les enlever! L'image était un peu glauque tout de même... Que mes yeux la mettaient à l'aise me surpris, c'était la première fois que quelqu'un réagissait comme ça. C'est vrai qu'elle était franche, et je pensais que c'était une qualité. Elle m'avait d'une fille solitaire et des amis, elle ne devait pas en avoir beaucoup, tout comme moi. Après tout je n'en avais eu qu'un dans ma vie, un qui compte réellement, et je l'avais perdu... Retour à la réalité!

- Pour répondre à ta question, oui je connaissais déjà Terrae, seulement de nom et ce qu'on en dit dans les journaux, donc pas grand chose. Il y a eu une grosse polémique dans ma ville car beaucoup d'enfants avaient subitement quitté leur école et les parents se taisaient sur l'endroit où ils étaient partis. Recevoir le messager de Terrae revenait à devenir un monstre selon les croyances de ma ville... Je préfère être ici et être avec des gens qui me ressemblent plutôt que de vivre avec le mépris de mon entourage. Merci de croire en moi pour mon intégration.

J'étais sincère. Elle aurait très bien pu me conduire aux dortoirs sans m’adresser la parole et m'abandonner dans ce nouvel environnement déboussolant! Il y avait une raison à ma venue ici, pas uniquement l'image que ma mère avait de moi, mais également une raison qui m'échappait. Comment dire...? J'avais le sentiment de devoir me trouver là à cet instant précis. On pouvait dire: Comme si j'étais guidé par le vent.

Je m'étais encore perdu dans mes pensées! J'étais irrécupérable! Je portais toute mon intention à ma guide cette fois, l'ombre toujours derrière.

Voyant que mon regard alternait sans cesse entre ses yeux et ailleurs, il me dit gentiment:

- Tu peux me regarder dans les yeux, je suis habitué. En revanche il te faudra un temps avant de t'y accoutumer. Regarde moi comme tu regarderais un ami et tu ne feras plus attention à mes yeux... spéciaux.

Je souris légèrement, de façon à l'embrouiller sur mes intentions une fois encore car je n'aimais pas beaucoup que l'on essaye de me déchiffrer et encore moins qu'on y parvienne. Je lui dit doucement:

-Je les trouve très beaux tes yeux....et sache que je regarde tout le monde de la même façon, amis y compris. C'est ainsi que j'ai été élevée....beaucoup n'aiment pas cette façon que j'ai de m'exprimer mais c'est la seule que j'ai. En fait, je crois que le fait qu'ils soient différents me met plus à l'aise encore....

Je le transperçait du regard cette fois, de façon à maintenir son attention et à pouvoir discuter avec lui plus facilement.
Mais j'avais comme une sensation bizarre au même instant qui ne semblait pas venir de lui. Un frisson me parcourut l'échine. Ce devait être l'obscurité qui voulait nous tenir compagnie, je décidai de ne pas trop y prêter attention. Il poursuivit:

- Pour répondre à ta question, oui je connaissais déjà Terrae, seulement de nom et ce qu'on en dit dans les journaux, donc pas grand chose. Il y a eu une grosse polémique dans ma ville car beaucoup d'enfants avaient subitement quitté leur école et les parents se taisaient sur l'endroit où ils étaient partis. Recevoir le messager de Terrae revenait à devenir un monstre selon les croyances de ma ville... Je préfère être ici et être avec des gens qui me ressemblent plutôt que de vivre avec le mépris de mon entourage. Merci de croire en moi pour mon intégration.

Je haussai un sourcil. Des monstres? C'est donc comme ça que nous voyaient les personnes de sa ville.... Ça ne devait pas être très facile à vivre pour lui.... Quelque part je savais ce que c'était d'inspirer la crainte à l'entourage. Mais je me jouais bien des peurs des autres en abordant une allure plus folle et plus énigmatique encore dès que je les sentais un peu mal à l'aise. Je comprenais bien qu'il soit heureux de ne plus être vu comme "un monstre". Mais voilà qu'à présent il me remerciait de croire en lui.....il devait vraiment être déprimé et manquer d'assurance......j'eu un peu pitié de lui malgré moi et sourit un en posant une main sur son épaule :

-Bah c'est normal que je crois en toi va! Tu t'en sortiras très bien je pense! Et puis si t'as un souci, tu peux me demander de l'aide, Luna Shitsu chi à ton service!

Je fis une petite courbette en guise de "présentation officielle de ma personne " car je venais de me rendre compte que, voulant être mystérieuse jusqu'au bout, j'avais carrément oublié de lui dire comment je m'appelai.....pathétique jusqu'au bout.... décidément!

Elle posa une main sur mon épaule. Ce contact me parut étrange. C'était comme si la barrière qu'il y avait eu jusqu'à présent tomba à ce moment. Elle avait l'air disposé à tenir une conversation avec moi. Ce sourire qui m'avait surpris d'abord se trouvait être ses vrais sentiments. Attendez! Ses mains étaint propres, hien? Le contrôle de soi est une chose vraiment difficile à maîtriser, surtout quand votre même vous a enseigné la politesse envers les filles! Inspérer, expirer, inspirer... Une main bienveillante ne pouvait être que propre...

-Bah c'est normal que je crois en toi va! Tu t'en sortiras très bien je pense! Et puis si t'as un souci, tu peux me demander de l'aide, Luna Shitsu chi à ton service!

Tout en me donnant son nom, elle fit une courbette à la manière d'un chevalier devant son roi, de quoi être gêné. Un rire nerveux m'échappa. Luna se redressa. Elle était soit vexée soit perplexe. C'était vraiment mal poli de rire ainsi, si ma mère avait été présente elle m'aurait réprimandé sévèrement! Ma guide en mode chevalier servant avait de quoi être drôle. Je la suspectait d'avoir fait exprès pour détendre l'atmosphère. Je m'éclaircis la voix.

- Je préfère me débrouiller d'habitude, mais je n'hésiterais pas à faire appel à toi en cas de besoin. Tu me trouveras sans doute à la bibliothèque ou quelque part... ailleurs... si tu ressens le besoin de me parler ou si tu as simplement besoin d'aide.

Un éclair traversa mon esprit:

- Tout à l'heure tu as parlé de pouvoirs, de quel genre s'agit-il?

Cette question me trotait dans la tête depuis qu'elle l'avait mentionné. Le messager à cape noire n'avait pas fait référence à de quelconque pouvoir. Il avait juste dit que j'étais spécial, je n'avais pas osé lui demander des explications. Je ne suis pas timide, en revanche parler à des gens suspects que je ne connais ne faisait pas parti de mes habitudes. J'avais eu le droit, enfant innocent, à la phrase culte: "Ne parle pas aux inconnus, d'accord!". Luna n'était plus vraiment une inconnue, même si nous nous étions rencontrés depuis moins d'une heure. Une connaissance? Peut-être un trop fort, je ne connaissais rien d'elle à part son nom. Une rencontre convenait mieux.

Mes questions l'ennuyaient sûrement. Je m'excusai intérieurement. C'est que cette histoire de pouvoirs m'intriguait sérieusement, et s'il existait d'autres choses de ce genre il fallait mieux que je sois au courant.

Spoiler:

Je me redressa, entendant son rire nerveux qui laissait autour de lui une tension palpable. Je riais intérieurement en le voyant stresser pour une courbette et en profita un peu, lui lançant un regard de reproche alors que cela ne m'atteignait pas vraiment puisque c'est ma façon de me présenter et il est vrai qu'elle sort un peu de l'ordinaire et en met plus d'un mal à l'aise, je m'attendais donc à une réaction de ce genre. Il resta un instant songeur puis se racla discrètement la gorge avant de relancer:

- Je préfère me débrouiller d'habitude, mais je n'hésiterais pas à faire appel à toi en cas de besoin. Tu me trouveras sans doute à la bibliothèque ou quelque part... ailleurs... si tu ressens le besoin de me parler ou si tu as simplement besoin d'aide.

Besoin d'aide? Hum....non..... Mais pour discuter pas de soucis!
Puis une lueur traversa ses yeux et il reprit avec curiosité avant que je n'ai le temps d'en placer une:

- Tout à l'heure tu as parlé de pouvoirs, de quel genre s'agit-il?

Il avait vraiment l'air intrigué par cette histoire de pouvoir. Mais je n'en savais pas vraiment beaucoup plus que lui à ce sujet puisque j'avais surtout entendu les filles du dortoir en parler et remarqué quelques personnes les utiliser....
Je lui répondis franchement:

-Je sais qu'on passe ce qu'ils appellent l'"initiation" et qu'ensuite on a des pouvoirs qui varient en fonction de notre tempérament. Je ne suis pas ici depuis suffisamment longtemps pour t'en dire plus...je ne les ai pas encore reçus moi non plus...Je pense que tu devrais en parler et poser des questions autour de toi, les gens qui sont ici depuis un bon moment pourront sûrement t'en dire plus.

Sur le moment je me sentais un peu dépassée...lui dire d'aller chercher des réponses auprès des autres alors que moi-même je n'allais jamais vers les gens...manque de réflexion ou réplique stupide de ma part?
Je me réprimandai toute seule intérieurement.
Je savais bien que le qualificatif "sociable" ne me convenait pas du tout! Mais peut-être qu'il en sera autrement pour lui....
Je réfléchis quelques instants et lui dit avec le plus de diplomatie possible:

-Hum... je pense que tu trouveras ailleurs des personnes plus disposées à te répondre. Pour ma part, je sais que Terrae est une sorte de vaste village avec un institut, protégé par des grilles pour que les scientifique ne viennent pas s'amuser à faire des expériences sur nous quand on aura nos pouvoirs et que si on est ici c'est pour recommencer une nouvelle vie....c'est une deuxième chance en quelques sortes...c'est même carrément ça!
Ici, on t'accepte avec tes différences, tes défauts, tes qualités...on t'aide à tourner la page, à changer d'horizon....

Je me rendis compte que je parlais vraiment comme-ci c'était de mon histoire qu'il s'agissait. Et c'était le cas!
Mais, ne voulant rien laisser paraître, je me ressaisis vite et le regarda avec l'air de dire "satisfait?" en souriant un peu pour ne pas le mettre mal-à l'aise.

-Je sais qu'on passe ce qu'ils appellent l'"initiation" et qu'ensuite on a des pouvoirs qui varient en fonction de notre tempérament. Je ne suis pas ici depuis suffisamment longtemps pour t'en dire plus...je ne les ai pas encore reçus moi non plus...Je pense que tu devrais en parler et poser des questions autour de toi, les gens qui sont ici depuis un bon moment pourront sûrement t'en dire plus.

En fin de compte, elle était comme moi, elle était nouvelle et ne savait que ce qu'on avait jugé utile de lui dire. D'après ce qu'elle m'avait exposé, tous les élèves passaient par un genre de rituel officiel appelé "initiation". Initiation à quoi au juste? Et s'il nos pouvoirs dépendaient de notre caractère, quel serait le mien? Combien de temps avant qu'ils ne se manifestent? Toutes sortes de questions surgissaient, mais je décidais d'écouter Luna et de les garder pour quelqu'un de plus "expérimenté".

Luna regardait distraitement sur le côté. L'ombre? Pas possible, elle était toujours derrière moi... Je m'étais promis de ne plus y penser! Ma guide pousuivit:

-Hum... je pense que tu trouveras ailleurs des personnes plus disposées à te répondre. Pour ma part, je sais que Terrae est une sorte de vaste village avec un institut, protégé par des grilles pour que les scientifique ne viennent pas s'amuser à faire des expériences sur nous quand on aura nos pouvoirs et que si on est ici c'est pour recommencer une nouvelle vie....c'est une deuxième chance en quelques sortes...c'est même carrément ça! Ici, on t'accepte avec tes différences, tes défauts, tes qualités...on t'aide à tourner la page, à changer d'horizon....

C'était ce pour quoi j'avais accepté l'offre du messager. Je souhaitais réellement repartir de zéro, arriver à me construire une nouvelle vie où personne ne connaîtrait ni mon passé ni les secrets qu'il referme. Certes, j'étais déjà différents par mon physique - mes yeux ne passaient pas inaperçu - mais les personnes de Terrae que j'avais rencontré jusque là étaient toutes "spéciales". Finalement, j'allais peut-être me trouver une place ici et normalement. Enfin, quand je dis normalement je parle de me faire des amis, de faire des trucs que font les garçons de mon âge... Vous me comprenez... Je ne connaissais pas mes qualités, peut-être la gentillesse? Quant à mes défauts, le monstre de mon passé suffisait à lui seul. Mon monstre est né lorsque j'ai appris que j'étais un garçon, ou plutôt que j'avais toujours cru être une fille. Ensuite, il n'a pas cessé de grossir quant je me suis séparé de Noah.

- Merci, Luna. Même si tu ne peux pas répondre entièrement à mes questions, je suis content de t'avoir rencontré.

Je pris conscience que mes mots ressemblaient à un "adieu". Ce n'était pas le cas, car j'espérais les revoir, Myu et elle, mes deux premières rencontres à Terrae. Deux filles, d'ailleurs... Y avait-il plus de filles ques de garçons? Je n'ai pas forcément l'habitude de quotoyer des filles tous les jours. Une épreuve pour moi! Avec de le chance, je serais avec des personnes que je connaissais.

- Tu es dans quelle classe? Je ne sais pas si le système est le même que dans tout le pays, alors je vais plutôt te demandé: serons-nous dansla même classe?

Spoiler: