Je regardai l'heure sur ma montre, légèrement impatiente. Je n'étais là que depuis quelques minutes, et pourtant, je n'arrêtais pas de gesticuler sur place. C'était la première fois qu'une élève dans ce cas-là arrivait. La toute première fois. Et même si j'avais renoncé à l'idée d'aller la chercher moi-même en pensant à Daisuke et au fait qu'il fallait que je m'occupe de lui, je mourrais d'envie de la voir, cette jeune fille.
Nous n'avions pas eu le temps de préparer une chambre, ou quelque chose de ce style-là pour accueillir la jeune fille et son bébé, et la laisser dans un dortoir avec tous les autres novices étaient impensable. Je vis finalement arriver au loin une voiture. Le Master en sortit et partit ouvrir la porte de Makiko avant de se diriger vers le coffre pour en sortir les quelques affaires qu'elle avait pu emporter. J'observai, sur le pas de l'entrée, la jeune fille, et posai mes yeux sur son enfant. Une légère boule se forma au creux de mon ventre. Elle était si jeune... Et elle avait déjà un enfant. Qui en était le père ? Mon coeur se noua un instant. D'une certaine façon, ça me rappelait l'histoire de Daisuke. A la différence que je lui avais trouvé un père. Un vrai. Qu'il était en vie. Et surtout, j'étais légèrement plus âgée que Makiko. Accompagnée du Master, ils s'avancèrent vers l'entrée, et j'offrai finalement un sourire doux à la jeune fille.

-Bienvenue à Terrae, Makiko...

Je lui soufflai ces quelques mots, avant de pencher mon regard vers le bambin.

-Je m'appelle Hideko. Ravie de faire ta connaissance.

Je jetai un coup d'oeil au Master, qui hocha la tête. Il devait aller chercher son nouvel ordre de mission : un nouvel élève à aller chercher. Il posa les affaires de la jeune fille à côté de moi, et s'éclipsa, après un dernier sourire et un salut en direction de Makiko, lui adressant quelques derniers mots.

HRP : Pas de souci ! Excuse-moi surtout pour le retard ><

-Merci madame. Ravie de même. Excusez moi de ne pas me courber.

Elle désigna l'enfant dans ses bras. Je lui souris, et fis non de la tête, lui indiquant que ce n'était absolument pas grave. Son regard regarda l'ensemble de l'institut.

-Alors... C'est ça, Terrae...

Je suivis son regard, et hochai la tête, reportant mon regard sur elle. C'est à ce moment que le Master décida de partir et la jeune fille le remercia, avec une légère pointe d'amertume apparemment. C'est vrai qu'avec son passé... Ca ne devait pas être simple. Et ça devait surtout être compliqué d'apprécier les hommes. Elle reporta son regard sur moi.

- Je me nomme Makiko. Makiko Yui, d'Ozaka. Voici Aikô, ma fille. Je suis désolée de vous imposer notre présence ici...

Un léger rire m'échappa. Je fis 'non' de la tête et lui souris doucement.

-Tu t'excuses alors que c'est nous qui sommes venus te chercher... Vraiment, Makiko. Tu n'es là que depuis quelques minutes et tu t'es déjà excusée deux fois.

Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Tu n'as absolument pas à te sentir responsable de tout comme ça. Sache que peu importe ce que tu as vécu, ici rien ne sera plus jamais comme avant. Tu n'as pas à te sentir coupable pour n'importe quoi.

Mon regard se posa sur la petite, qui dormait dans les bras de sa mère.

-Elle a fait bon voyage ? demandai-je d'une voix douce.

Apparemment, j'avais vu juste quand j'avais prévu qu'elle allait encore s'excuser. Relativement fière de moi, je souris face à sa réaction, et je commençai à avancer, accompagnée de notre nouvelle "élève". Je l'écoutai ensuite répondre au reste de mes paroles, prononcées plus tôt.

-Pour répondre à votre question, je ne sais pas pourquoi je ne serais pas une bonne mère. Peut-être une intuition... Fausse je l'espère. Enfin... On a le droit de douter, n'est-ce pas?

Je repensai à mon propre passé. A mes propres intuitions. A tous ces cauchemars que j'avais pu faire et qui m'avaient réveillé en sursaut la nuit, trempée de sueur. Oh oui... Combien de fois avais-je rêvé qu'il se passait quelque chose d'horrible, que je perdais mon enfant, par ma faute ? Je ne pourrais jamais le compter. Mais dans un sens, je la comprenais. Toute mère doute à un moment ou à un autre de son aptitude à être une bonne mère. Mais si moi j'avais réussi, pourquoi pas elle ?

-Je suis sûre que tu seras une mère merveilleuse. N'en doute pas un seul instant.

Je lui souris, et regardai Aikô qui avait encore ses paupières fermées, dormant encore à poings fermés.

-Et puis, tout le monde sera là pour toi, à Terrae. Tout le monde tentera de t'aider, ne t'en fais pas.

On arriva dans la cour de l'institut, et je continuai ma route en direction du village, où se trouvait ma maison.

-A propos, Makiko... Est-ce que tu souhaites reprendre des études ? J'imagine que tu n'as jamais pu finir les tiennes... Alors souhaites-tu les reprendre ici ?

Son envie de reprendre ses études me fit plaisir. Pas parce que je voulais des nouveaux élèves ou quoi. Elle aurait très bien pu travailler au village à la place, ou quelque chose de ce genre-là. Mais je trouvais plus important de reprendre des études. D'avoir des bagages. Qui nous garantit que Terrae existera à jamais ? La première Terrae a fermé, les pouvoirs avaient disparus. Pourquoi ça ne pourrait pas le faire ici ? Un jour nous perdrions tout... Et même si c'était horrible, ce serait mieux d'avoir une formation. Quelque chose qui pourra nous aider à avancer dans un monde sans magie. Même si cette pensée me pince le coeur. Allez, pensons à autre chose !

- J'aimerais beaucoup les reprendre. Vraiment. Je pourrais ici?

Je lui souris et hochai la tête.

-Bien sûr que tu le pourras.

La question du bébé, bien sûr, était importante. Puisque si elle allait en cours, il faudrait quelqu'un pour la garder. Et vu son rapport avec les hommes... Même si je savais pouvoir compter sur Ryu, car c'est tout de même lui qui s'occupe de Daisuke, je ne pouvais pas l'imposer à Makiko. Et puis, c'était surtout le soir que j'avais besoin de lui. Et Makiko, sauf les fois où elle sortirait, pourrait s'occuper d'Aikô. Aussi, me souvins-je du parc pour enfant que j'avais installé dans mon bureau pour garder Daisuke la journée, lorsque Ryu n'était pas disponible.

-Lorsque tu iras en cours, tu pourras laisser Aikô dans mon bureau, si tu le souhaites, et passer la récupérer après. Même si je sais que je peux compter sur Ryu, qui s'occupe de mon enfant, je ne veux pas te l'imposer, alors je te propose cette solution. Ca te va ? demandai-je dans un sourire.

Nous passâmes la cour et commençâmes à avancer dans le village. Ma maison n'était plus très loin.

Je souris à la jeune fille et hochai la tête après sa commande. Elle me dit aussi qu'elle allait avoir besoin de coucher la petite. Je souris. Elle n'avait pas tort. Je m'approchai d'elle et lui indiquai du doigt l'escalier.

-Alors... Tu montes à l'étage, et tu prends la première porte à ta droite quand tu arrives en haut. C'est là que tu dormiras, avec Aikô. Il y a déjà un berceau, et quelques affaires pour t'occuper du bébé. Si tu as besoin de quoi que ce soit en plus, n'hésite pas à me le dire.

Je la laissai donc y aller, et me dirigeai vers la cuisine. Je sortis deux verres, et pris dans le frigo une bouteille de jus de fruit. Je remplis les deux verres, et rangeai la bouteille, avant d'aller poser les deux verres sur la table basse, dans le salon. Attendant que Makiko revienne, j'allumai la télé, laissant le son relativement bas pour ne pas réveiller sa fille. Je zappai rapidement pour m'arrêter sur la chaîne d'info en continu. Mais enfin... A part la déclaration de guerre de la Corée, il n'y avait pas grand chose d'intéressant. J'attendis donc patiemment, ne touchant pas encore à mon jus d'orange avant que la jolie Makiko ne soit revenue. J'espérais que la chambre lui plaise.

La réaction de Makiko à son retour dans le salon me fit éclater d'un rire léger. Je me tournai vers elle avec un large sourire, observant avec amusement l'éclat qui brillait dans ses yeux. Et bien ! J'avais l'impression de lui avoir offert un palace ! J'avais rarement vu quelqu'un d'aussi heureux pour quelque chose d'aussi simple. Ce constat me fit sourire. Je penchai légèrement la tête sur le côté, attendrie par sa réaction.

-De rien, de rien Makiko, c'est normal ! Je t'ai dit que pour l'instant tu allais avoir à vivre ici en attendant que tout soit prêt pour toi et ton bébé, alors c'est normal que tu aies un endroit où dormir... Je n'avais pas prévu de vous laisser toutes les deux dans la baignoire, tu sais.

Je lui souris, et lui tendis son verre.

-Tiens. Et assieds-toi, n'aie pas peur, déclarai-je en tapotant la place à côté de moi. Je te ferais visiter la maison après, histoire que tu ne te perdes pas.

Je regardai l'heure sur ma montre. Ca va, il me restait une heure avant de devoir retourner au bureau.

-J'espère vraiment que tu te sentiras bien ici, et que tu ne regretteras pas d'être venu.