La pièce retomba dans ma main sans un bruit, si ce n'est le "pof" étouffé que fit le métal en frappant ma paume. Instinctivement, comme pour me vider l'esprit, tenter d'y voir plus clair, peut être aussi pour en profiter pour me concentrer et prier de ne pas devenir cette... chose, je n'arrêtais pas de jeter la pièce dans les airs, la rattrapant au vol. Finalement, je levai les yeux vers le ciel, et observai un instant les nuages qui se déplaçaient lentement. Le soleil était presque tout en haut dans le ciel... Mon heure allait arriver.
Depuis ce matin, mon ventre se tordait de toute part ; un mélange de stress, de peur, d'angoisse, de bonheur, de fierté et de frénésie. Allais-je y arriver ?
J'étais la première de ma promotion, la première de cette génération a passé Master. Le méritais-je plus qu'un autre ? Je ne pense pas. En tout cas ce n'était pas ce que j'imaginais. Depuis les anciens Masters, plus personne n'était passé. C'était d'ailleurs étrange... L'école avait fermé pendant un temps ? Fixant un oiseau qui virevoltait à l'horizon, j'en déduisis que ce n'était peut être pas indispensable d'avoir la réponse maintenant.
Je levai les yeux vers le soleil. Il ne devait rester plus que quelques minutes...
Fermant les yeux, j'inspirais une longue bouffée d'air. Je fis le vide en moi... Et j'apparus instantanément dans l'arène.
Mes cheveux voletèrent un instant autour de mes épaules, avant de retomber dans mon dos. La téléportation pris finalement fin, et je rouvris les yeux. Au loin, j'aperçus des personnes entrer dans l'arène, et s'installer dans les gradins. Je sentis mes jambes se défiler sous moi. Oh non... Non, pitié. C'était juste... Affreux. Horrible. Je n'avais pas envie qu'on me voit... Mais en même temps... Les Masters étaient obligés de tous être présents, dans ces gradins spéciaux qui leur étaient réservés. La raison ? Et bien... Une fois le soleil à son zénith... J'allais choisir le Master que j'allais affronter. Et tous étaient.. "éligible".
Et puis, concernant les élèves... Il s'agissait de la première masterisation depuis des années. Moi, je sais que la curiosité m'aurait attirée ici !
M'enfin, la chance était de mon côté. Peu d'élèves étaient là.
Et moi, je n'avais qu'à attendre un Master, et le zénith, pour débuter mon combat... Même si j'estimais n'avoir aucune chance.

J'avoue ne pas avoir dormi de la nuit. J'ai stressé comme un gosse la veille de son exam ; genre THE exam' : tu t'loupes, t'es dans la merde pour l'avenir. Sauf que c'est pas moi qui le passe, donc je devrais plutôt dire que je me suis senti dans la peau de ces papas poules qui attendent un résultat formidable de la part de leur enfant, avec une banderole derrière et le popcorn. Ah, merde. Je pourrais p'tetre même pas tenir la banderole. Ahah. C'est merveilleux. Il est où mon popcorn ?

J'ai passé un long moment à me préparer psychologiquement, et j'y suis parvenu notamment grâce à l'intervention de Tomoe, lorsque je suis revenu de Boston. « Promets-moi que tu seras sérieux. » Ahah, ahah... Trop drôle.

Pourquoi j'ai comme l'impression que ce sera pour ma poire ? Envolée, mon assurance de la veille ! Bonjour l'angoisse...

Je me lève tôt, et tourne en rond dans ma chambre comme un lion en cage. Je sais pas quoi faire pour m'occuper, et je sens que ça va tourner à la crise de nerfs si je le fais pas. Que ce soit moi ou pas qui serai choisi pour le défi, c'est Mitsuki qui aura à subir le plus d'obstacles. J'avoue que la Masterisation est un peu barbare... Tout comme l'Etoilisation, d'ailleurs, quoiqu'un peu moins.

Mes paupières s'abaissent, et je reprends mon souffle. Pas envie de penser, ça me fous les nerfs en pelote. J'ai juste à penser à ce qui attend le public dans cette arène pour retrouver un semblant de sérénité.

Mitsuki y arrivera, c'est évident. Pourtant, j'ai les entrailles nouées par l'attente de ce spectacle. Par la fierté évidente qui suinte de tous les pores de ma peau.

Hé. C'est pas moi qui suis la star, aujourd'hui.

L'heure a bientôt sonné, et comme la moitié de Terrae, je me dirige vers l'arène, un léger sourire aux lèvres, mais le cœur bien battant. Je croise Tomoe, qui m'envoie un regard appuyé que j'essaie d'ignorer de mon mieux. M'ouais. Reste avec Sasuke, je crois que c'est pas le moment de me parler. J'arriverai à reprendre définitivement mon calme qu'après tout ça. Ou au moins après l'annonce de son adversaire.

La poisse.

Je grimpe dans les gradins, m'installe auprès de mes collègues, essayant de paraître le plus décontracté possible. Essayez d'avoir l'air décontracté dans une situation pareille, vous. Tch.
Puis, soudainement, un éclat argenté apparaît au centre du terrain. La commissure de mes lèvres se surélève, alors que je réalise enfin.

Alors, qui vas-tu choisir, petite Étoile ?

Accompagnée par Ryu, qui tenait Daisuke, je m'étais rendue à l'arène. Le réveil avait été... Stressant. C'était la première à repasser le test de Master depuis des années... Et j'avais tellement peur que ça se passe mal ! Mais en même temps... Aaron était si sûr de lui... Je ne pouvais que lui faire confiance.
J'arrivais dans l'arène, remarquant la jeune fille au centre, la pièce en main. Je sentis un instant sa puissance. Et je me dis que peut être, oui... Aaron avait raison.
Je partis m'asseoir dans les gradins des Masters, en compagnie de Ryu. Je posai mon regard sur Aaron, un sourire doux étirant mes lèvres. Il semblait tellement inquiet pour sa petite protégée...
Finalement, je fermai un instant les yeux, respirant calmement. A mon avis, Aaron était mille fois plus stressé que moi... Alors si moi aussi je me montrais à deux doigts de craquer, ça n'allait pas être bon pour l'image renvoyée par les Masters !
Je rouvris les yeux, et posai mes yeux bleus sur la jeune Mitsuki, au centre de l'arène.
Allez ma puce... Tu peux le faire. Tu vas y arriver. Montre-nous ce que tu as dans le ventre...

La pièce s'envola pour la dernière fois dans les airs. Je regardai l'ensemble de l'arène une dernière fois, flanchant sous le regard de la directrice, observant Aaron avec une légère anxiété. Et si je le décevais...?
Sous la chaleur, le stress, la peur, je fus prise d'un léger vertige. La pièce retomba dans ma main alors que le soleil était à son zénith. Mes dernières pensées furent alors toutes dirigées vers la même personne. Et là, ce fut... Comment dire ?
Je me mordis la langue sous le choc, et plissai un oeil sous la douleur, avant d'afficher une légère grimace d'affliction, tandis que je fixais la pièce, puis... Aaron. Oh non. J'ai pas fait ça. Là, j'ai encore deux fois plus de chance de le décevoir ! Et de mourir. Et heu... Heu...
Je déglutis avec peine, et me redressai, droite, tandis que la pièce disparaissait de mes mains. Ce constat acheva de me voler mes derniers instants de déconcentration. Je serrais ma main désormais vide, et regardai Aaron arriver dans l'arène, pour me rejoindre au sol. Je fermai les yeux, et inspirai longuement. Je rouvris les paupières. Et maintenant...? Il se passait quoi ?

Ce long temps d'attente, je le passe presque à l'agonie. La respiration faible, presque coupée, le regard fixé sur cette silhouette debout au centre de l'arène. Elle transpire l'inquiétude par tous les pores de sa peau, jouant avec la pièce que lui a remise Hideko sans même la voir.
Mes yeux se lèvent vers le ciel, et je plisse les yeux à cause du soleil. Le moment de vérité.
Le silence se fait. Un frisson me parcourt d'abord l'échine. Puis le reste du corps. Un puits semble s'ouvrir sous mes pieds et une boule se former au creux de mon estomac, alors que je ressens à nouveau cette étrange mais pourtant si habituelle sensation. Un Appel, terriblement puissant, qui me force à me camper sur mes jambes et à me diriger vers Mitsuki, qui irradie de mille feux. À chaque pas, cette force augmente en intensité, et je réalise soudainement la raison de ma présence ici.
La naissance, peut-être, d'un nouveau Master. Non... Pas « peut-être. » Elle le deviendra. J'en suis convaincu. Elle sera bientôt des nôtres.
Je me plante face à elle, à un petit mètre de distance. Mon visage n'exprime rien ; pourtant, je suis tellement fier, mais aussi terriblement inquiet. Puis, me laissant doucement aller, je laisse un sourire, doux et rassurant, fendre mes lèvres.

– Mitsuki.

Le rubis rencontre l'améthyste scintillante. Je lève mon bras dans sa direction, lui ébouriffe gentiment les cheveux. Puis, lentement, je glisse deux doigts sur son front, et me concentre un instant. Il y a bien longtemps que je rêve de pouvoir faire ça.
Un grésillement, une douce lumière. Puis, dans le creux de ma main, un cristal couleur de foudre. Le sien.

– Pour gagner ta place parmi nous, je n'ai qu'un défi à te lancer, je lance, suffisamment fort pour que ma voix résonne doucement contre les murs (du moins je l'espère.) Tu dois me faire sortir de l'arène, par quelque moyen que ce soit, je m'en fous un peu. La seule condition de victoire est de me faire toucher le sol à l'extérieur.

Je me recule d'un pas, lance doucement la pierre dans les airs avant de la récupérer et de la lui exposer, arborant cette fois un sourire mutin. Adieu, téléportation longue distance !

– En revanche, je suis désolé de t'apprendre que la majorité de ton pouvoir de téléporteuse se trouve entre mes mains. Donc... Faudra l'attraper si tu veux me téléporter.

Au pire, elle peut toujours essayer de me faire sortir par un autre moyen, mais bon, vu le colisée que c'est... elle risque surtout d'en péter une bonne partie. Ça tombe bien, j'ai jamais aimé la déco' style Rome antique... Désolé Hideko, hein.
Je mets nonchalamment une main dans la poche de mon pantalon, en profite pour y glisser son cristal, qui semble palpiter contre ma cuisse.

– C'est quand tu veux ma belle. J'attends plus que toi, je reprends, un peu plus bas, pour que seule elle soit en mesure de l'entendre.

Un léger vertige, comme la perte de quelque chose d'important. Puis, ses deux doigts quittèrent mon front, et il s'éloigna. Je le regardai un instant, comme avec un mal de tête naissant dans mon crâne. J'écoutai les conditions de mon passage au rang de master. J'acquiesçai et souris doucement. Alors il fallait que je le fasse sortir. Facile... J'avais peut être une chance de m'en sortir alors ! Est-ce qu'il avait fait ça par pitié pour moi ? Pour ne pas que je me ridiculise ?
Ma tête sembla tourner de nouveau. J'avais de plus en plus peur d'être malade. Ça m’ennuierait pas mal, pour être honnête... Mais bon, je me forcerai de faire avec.
Je fermai les yeux, pris une inspiration, avant de rouvrir les yeux, sentant quelque chose, à quelques mètres de moi à peine, m'appeler. C'était pas bien grand, un petit truc, mais pourtant, je m'y sentais comme attirée. C'était...
Je baissai les yeux sur sa main qui me présentait un cristal doré, éclatant. Mon cristal. Je compris que je devais mettre une croix sur la téléportation, en tout cas à grande portée. Impossible de le faire sortir de l'arène sans ça... A moins de le récupérer. Ou de tout casser. Mais même si jamais j'en étais capable, est-ce qu'il me pardonnerait d'avoir abîmé son beau visage ? Bah. Dans tous les cas, je crois bien que c'était perdu d'avance. Je m'étais toujours tellement servi de la téléportation ! Elle faisait partie de moi, et je ne vivais que par ça ! Alors maintenant, comment j'allais faire, hein ? Je comprenais bien ce vide qui s'était installé en moi, et cette légère sensation de froid au moment où il avait posé ses doigts sur mon front. Il m'avait pris une partie de moi. La seule sur laquelle je comptais pour sortir d'ici vivante...
Je sentis mon coeur se serrer, sachant que d'ici quelques minutes, je serais ridiculisée à jamais.
Je fermai les yeux, et c'est là que Papa et Maman me revinrent à l'esprit. J'inspirai longuement. Je serrai les poings, et expirai. Les dés étaient lancés. Et de toute façon, perdu pour perdu... J'étais bien décidé à donner le meilleur de moi !
Rouvrant les yeux d'un air décidé, je fis voler dans sa direction une dizaine de petites sphères électriques, de la taille d'une balle de ping pong, espérant qu'au moins une le toucherait, ou le déstabiliserait assez pour que j'ai le temps de véritablement élaborer un plan. Il allait falloir que je me base sur la contre-attaque... Je devais l'attraper à son tournant. Et récupérer mon cristal...
Mon honneur, ma fierté... Et avant tout, l'image même que je pouvais avoir de moi, et que Papa et Maman pourraient avoir en dépendait.

Les quelques secondes qui suivent mes déclarations semblent se passer dans l’incompréhension la plus totale pour ma chère élève. Je souris en coin, amusé de la voir perplexe face à mes agissements, puis plus encore lorsque je sens qu’elle… avait enfin compris ce que tout ça signifiait. Le désespoir, en quelque sorte. C’est un défi digne d’elle, pourtant. Je sais parfaitement qu’elle gèrera sans son pouvoir de téléporteuse au complet. Parce qu’elle est elle. Parce qu’elle est Mitsuki Hojitake, et que je sais qu’elle est plus forte que ce qu’elle ne montre. Bien plus. Elle-même ne s’en doute probablement pas – c’est parce qu’elle est trop humble, qu’elle n’a pas assez confiance en elle.
Mitsuki, aies confiance en moi.
Le regard empli de détermination qu’elle me lance me tire un sourire plus large encore. Je compte pas la ménager cette fois. Ni me retenir. Ni rien.
C’est un combat pour devenir Master. Un combat durant lequel elle devra briller, ou s’éteindre…
Brille ; brille, ma petite Mitsuki.
Une dizaine de billes électrifiées sont lancées dans ma direction, et j’en évite la plupart, fait exploser les autres contre des sphères de la même taille ; j’en lance quelques autres dans sa direction, sans vraiment avoir espoir de la toucher dès le départ. Le souffle des explosions ne me tire pas la moindre réaction, pas même une grimace. Le visage lisse, je me remets sur mes pieds et fait apparaître sous une impulsion des dizaines de filaments au ras du sol, qui courent tout autour de nous afin de quadriller la zone de combat dans sa totalité, et notamment autour d’elle, et restreindre ses mouvements. Leur taille est réduite, mais leur voltage élevé ; même pour une tonnerre, ça risque de lui faire sacrément mal si elle s’aventure dessus. À vrai dire, même pour moi, si je cesse de me concentrer dessus, ça risque d’être contraignant. (Disons les choses comme ça.)
Bon, j’ai pas vraiment de plan. Soit. Mais autant lui rendre la tâche le plus difficile possible, sans pour autant partir dans des délires de bourrins. Les délires de bourrins seront pour la fin, voyons… On dévoile pas toutes ses cartes dès les premières secondes de jeu, sinon c’est pas drôle.
Je reste à une distance plutôt respectable, histoire de l’obliger à bouger un peu. Eh, c’est pas moi qui doit récupérer mon cristal, hein ! Qu’elle se déplace elle-même ! Surtout que je doute pas qu’elle commencera à le faire plus tôt que prévu. Dans le même temps, j’observe ses mouvements pour anticiper ses attaques ; mon pouvoir de sensitif est poussé à son maximum pour intercepter la moindre de ses réactions, le moindre tic, le moindre changement d’état d’esprit. Je ne laisserai rien passer.
Allez, viens, je t’attends.

A cet instant... Juste avant qu'il n'esquive et explose mes sphères... Lorsque mes yeux croisèrent les siens, je compris. C'était fini les gamineries. Fini les pitreries. J'allais enfin avoir en face de moi le véritable Aaron. Celui qui mérite et bien plus que certaines autres personnes son titre de Master.
Je ne pus réprimer un rictus. C'était loin d'être joué d'avance, ce combat.
Il esquiva donc mes billes électriques et fit imploser les autres sans la moindre difficulté apparente. En même temps, je ne m'attendais pas à le toucher, pas dans la première attaque, alors qu'il est encore en pleine forme et totalement libre de tous ses mouvements.
Il lança ensuite quelques sphères dans ma direction, et tandis que j'en esquivais une -l'esquive étant mon dernier atout dans ce combat, désormais privée de ma téléportation-, je vis apparaître quelque chose au sol, à quelques centimètres à peine de là où je venais de poser mon pied. Je me pinçai la lèvre en apercevant la sphère que je venais d'esquiver se perdre dans ces filaments et exploser à leur contact. Hum. Je crois que c'était plutôt conseillé de ne pas m'en approcher.
Je me redressai et aperçus que tout autour de moi était désormais semblable à un terrain miné. Je laissai un sourire naître sur mes lèvres. Bien... Maintenant que ma téléportation m'était enlevée, mes possibilités de déplacement l'étaient aussi... Et en outre, mon dernier atout. Je sentis une boule se former dans mon ventre. Il me retirait tout, là ! Qu'est-ce qu'il attendait de moi ? Que je me surpasse ? Que je montre aux autres ce que j'étais capable de faire lorsqu'on me retirait ce sur quoi j'avais toujours compté depuis des années ? Depuis l'âge de 8 ans, j'avais été entraîné à esquiver, à me faufiler ici et là ! Je n'avais pas été entraînée à encaisser... Ce que j'allais devoir faire ici.
Je croisai un instant son regard. Il savait, pourtant, ce qu'il se passait quand...
Je sentis un frisson me parcourir l'échine.
Quand je perdais le contrôle.
Je serrai les poings. Non. Non, non, non ! Mitsu cette fois, la lamentation, c'était bon ! On ne t'avait pas demandé de venir dans l'arène pour nous rejouer le classique de l'héroïne tragique dans les pièce de théâtre antique ! Tu étais là pour prouver que tu étais capable d'être parmi ces gens... Ces divinités, à mes yeux. Ces personnes hors du commun, qui semblaient vivre et évoluer dans un monde parallèle ou tout semblait plus simple et plus logique. Ou toute question avait une réponse.
Ou tout problème avait une solution.
Et je devais trouver la solution de ce problème-ci.
Mon air déterminé revint à la surface. Je créai dans ma main deux grosse sphère électrique, que je laissai grésiller quelques instants avant de lancer dans sa direction.
Non... Trop facile.
Les deux sphères venaient à peine de partir dans sa direction que je laissai un éclair matériel se former dans ma main. Je fermai les yeux. Allez, Mitsu. Une, deux. Inspire, expire. Tu dois avoir confiance en toi. Il t'a supprimé la téléportation à longue distance, mais pas celle à courte distance. Il faut que tu aies confiance pour ne pas flancher. Allez. Si tu n'as pas confiance, Aaron jouera avec ce sentiment... Je n'ai qu'une moitié de seconde pour me téléporter deux fois.
Je rouvris les yeux, apparaissant au dessus d'Aaron, à 3 mètres à peine du sol. Je lançai l'éclair sur lui, et me re-téléportai immédiatement après, apparaissant derrière lui. J'électrifiai mon corps, et levai ma jambe dans sa direction, balayant tout l'air sur ma droite avant d'ancrer mon pied sur lui.

J'admets que je fus déçue de le voir s'en sortir sans la moindre petite éraflure. Mais en même temps, à quoi je m'attendais, hein ? C'était pas un entraînement. Il n'allait pas avoir pitié de moi ! Il allait juste... Et bien juste être lui-même. Pour que je puisse me surpasser.
Qu'est-ce que je croyais, hein ? Que j'avais choisi la mauviette de Terrae ? Haha. Cette remarque souleva un rire interne. Idiote. C'était pas les restes d'un Master que j'avais face à moi. C'était un véritable Master. Et il était clairement en train de me le prouver.
J'inspirai longtemps, dés électrifiant mon corps. Désormais à quelques pas de lui, éloigné encore davantage par la distance qu'il avait réinstauré, je le vis créer une multitude de sphères, comme... A l'infini. Il était devenu sérieux.
Tandis que j'esquivai les premières sphères, mon pied heurta par inattention l'un de ses filaments électriques qui jonchaient le sol, et je pestai, ramenant immédiatement mon pied vers moi, me téléportant de justesse pour éviter une nouvelle sphère qui fonçait vers moi. Comment faisait-il pour déployer tant de pouvoirs différents en même temps ?!
Je m'accroupis pour tenter de constater les dégâts sur mon pied. Agissant très rapidement, je constatai que ma chaussure continuait à brûler. Je pestai, et la retirai rapidement, la jetant sur le côté, provoquant une légère explosion. Hey...Je souris, et retirai mon autre chaussure en la lançant vers Aaron, mais... En direction de ses propres filaments.
Jolie diversion, Mitsu. Je créai plusieurs sphères électriques, que j'allongeai, leur donnant une forme plate et ovale que j'envoyai sous forme de frisbee dans sa direction. Plus rapide, plus tranchantes... Sifflant dans l'air et volant dans sa direction à une vitesse folle. Il ne fallait plus que les sphères qu'il avait créées autour de lui pètent pour que ma dernière attaque, après ces deux diversions, fonctionne. Je croisai les doigts.
Je croisai mes mains devant moi, sentant mes poumons se gonfler d'air chaud. J'inspirai lentement, et expirai, tandis que j'écartai mes mains pour créer une sphère électrique de la taille d'un... ou plutôt de deux ballons de basket réunis. Je la lançai dans sa direction.
Je fermai les yeux, me concentrant sur tout ce qu'il y avait autour de moi. C'était Maman qui m'avait appris à faire ça, mais pour le combat à mains nus. Je n'avais qu'à l'appliquer pour les combats magiques...
Je me concentrai, le plus rapidement possible. Allez, ma jolie sphère, explose.
Mes yeux, dorés, se rouvrirent sur un visage souriant. Des milliers de sphères venaient de naître de l'explosion de ma sphère, à 2 mètres d'Aaron, fonçant dans sa direction.
C'est là que je me rappelai de quelque chose, alors que je ressentais ce léger sentiment de fierté face à ce qui me semblait être un exploit dans ma maîtrise de l'électricité.
Aaron était sensitif. Et tout sentiment, poussé à l'extrême, pouvait entraîner ma perte.

Garder un visage lisse. Rien n'est plus compliqué, surtout lorsqu'on se retrouve face à sa petite élève et qu'on doit se résoudre à lui mettre sur la gueule. L'image est pas très élégante mais bon, c'est ça, un combat de Master, faut pas chercher plus loin.
Les actions s'enchaînent, toutes plus rapidement les unes que les autres ; je sais parfaitement qu'on en est encore qu'au début de nos peines. Je dis nos, parce qu'à la connaître, je commence à savoir qu'elle peut être sacrément ingénieuse. Et même carrément flippante quand elle s'y met.
Je l'observe éviter mes sphères, toujours aux aguets ; plus concentré sur ma vision « sensorielle » que sur ma vue en elle-même, j'essaie de capter le moindre afflux d'énergie pour pouvoir me défendre au mieux. Mon œil gauche est un sacré handicap, et je m'en rends pleinement compte à présent. D'autant plus que si j'en viens à utiliser ma greffe, ça risque de pas être joyeux à voir. Autant ne pas y penser, et rester parfaitement stoïque. Elle n'est pas sensitive, mais elle peut tout aussi bien anticiper mes réactions...
Elle s'appuie par inadvertance sur les filaments électrifiés qui quadrillent la zone de combat, et je ressens un pic de douleur monter en elle, tandis qu'elle se téléporte pour ne pas finir en poulet mongol. Je fronce néanmoins les sourcils lorsqu'elle m'envoie son... sa... sa chaussure.
Punaise mais elle a pas trouvé mieux ?
Je m'écarte sur le côté en balançant une sphère sur la chaussure, la faisant exploser contre le sol plusieurs mètres plus loin. Je suis presque tenté de lui grogner dessus que les chaussures, généralement, ça sert à marcher et pas à être envoyé dans la tête des honnêtes gens, mais suis malheureusement interrompu dans mon œuvre par des disques électrifiés, tournant sur eux même et filant avec vitesse sur... ben sur moi, forcément. Je rassemble les sphères tournant autour de moi pour me protéger, comme pour former un rempart à son attaque. Plusieurs bonds en arrière m'aident à me mettre momentanément à l'abri pendant que les sphères entrent en collision et explosent, laissant un écran de fumée me barrer la vue quelques instants.
Je serre les dents en constatant le sursaut de fierté qui étreint le cœur de Mitsuki, fronçant les sourcils en sentant son énergie s'accumuler dans ses mains et grossir, grossir... Ça me dit rien qui vaille.
Et effectivement. Voir une grosse sphère exploser en une multitude d'autres petites sphères qui foncent droit sur toi, ça n'a rien de très encourageant. Surtout qu'elles sont super proches, là...
Je ne peux que compter sur mes réflexes, sautant d'un côté et de l'autre, m'appuyant tantôt sur un pied, tantôt sur une main pour les éviter, et éviter de m'auto-tuer en m'électrocutant sur mon quadrillage. Heureusement que j'ai eu la bonne idée de le faire moins dense de ce côté du terrain, sinon j'étais cuit. (Cuit, cuit, archi-cuit~ J'ai un truc avec les poulets rôtis depuis le début du combat, je crois...) Dans le même temps, je laisse plusieurs projectiles aller à la rencontre des siens, me sauvant parfois de peu. L'un d'entre eux m'effleure soudainement la tête, enflammant une mèche.
Mes cheveux BORDEL !
Je fais plusieurs bonds vers l'arrière, assez énervé, laissant une immense vague d'énergie quitter mon corps pour aller frapper les sphères restantes, les faisant joyeusement exploser tout autour de moi. Je suis forcé de mettre un genou à terre et de me protéger le visage, après avoir enfin pu éteindre le feu qui menace de me rendre chauve – mes cheveux, merde quoi...
Je me redresse, le bras gauche légèrement à vif, et le t-shirt fumant, laissant entrevoir çà et là des traces de brûlures. L'air crépite toujours autour de moi, et de la poussière s'est encore soulevée. Je me concentre plus pleinement sur Mitsuki, crissant des dents rien qu'à l'idée de ce que je vais faire. Mais voilà ; un combat est un combat. Je prends de côté son angoisse et la multiplie, tout comme la douleur qu'elle ressent suite à sa blessure précédente. Je profite de la gêne occasionnée pour enchaîner des tirs d'éclairs dans sa direction, sans rester statique ni la perdre de vue, continuant à exercer cette pression mentale. Mes attaques se font pressantes, vives, et laissent de jolis trous dans le sol.
Elle a délibérément attenté à ma vie cette espèce de tarée !