Cela avait été une courte nuit pour Gretchen. Dormir dans les transports n’avait jamais été son fort, et si plusieurs heures d’avion avait de quoi en assommer plus d’un, le fait est que, avec tout ces changements ajouté à la nouveauté du voyage aérien, fermer l’oeil c’était révélé ardu. A plusieurs reprises, elle s’était réveillée aux côtés de la personne en noir, apparemment insensible aux charmes de Morphée, et avait même à deux occasions échangé quelques mots. Elle se demanda à un moment si sa voix si envoûtante était l’oeuvre d’une quelconque magie, mais elle n’avait osé formuler son doute, préférant ce laisser bercer par le doux son harmonieux. Mais toujours elle se réveillait.

Son état somnolent avait continué en voiture. Elle n’avait fait attention ni à la marque, ni au chauffeur, et n’aurait su dire combien de temps le véhicule avait roulé, trop occupée à résister aux affres du sommeil, désormais peu recommandé avec son arrivée proche. La pensée lui était venue de mettre son uniforme, mais elle n’avait aucune idée d’où était passé ses bagages. Elle avait même un instant douté d’avoir reçu un uniforme ; comment ce faisait-il qu’ils avaient prévu des vêtements pour des gens de son âge ? On l’avait rassurée que ce n’était pas là un cas exceptionnel, et que même certains étaient de 4 ans son aînée, mais tout cela lui semblait tellement étrange... Comme si elle était, depuis plusieurs jours, plongée dans un rêve, et dès qu’elle aurait regagné un peu d’énergie, tout cela disparaîtrait en fumée.

Si c’est le cas, j’espère ne jamais me réveiller.

On l’avait déposé à proximité de l’entrée, avec sa valise, puis laissée seule. Les derniers pas devaient être sa propre décision. Un instant il lui vint l’idée de fuir, de ne jamais poser pied à l’Institut et continuer sa vie à Tokyo, après tout, elle avait cette puce traductrice et était intelligente, elle avait ses chances. Mais c’était stupide ; si la communication orale pouvait se faire, elle n’avait aucune idée de comment lire ces alphabets étranges, ni des us et coutumes à respecter. Et puis, elle ne connaissait personne ici. Non, son choix était fait.

Pour un endroit sensé être sécurisé, il était surprenant de constater à quel point il était facile d’entrer ; c’était sans compter les terres et bâtiments qui s’étalaient à perte de vue. Immense. Comment était-elle sensée se repérer ici ? Sa tête lui faisait déjà mal d’imaginer devoir parcourir tout ces bâtiments à la recherche des dortoirs...

Je me baladais à moitié endormis après cette lonnnngue nuit blanche passé dans les sous-sols. Je commençais à regretter de mettre levée au milieu de la nuit et surtout d'être allée me balader à droite à gauche jusqu'à me perdre dans cette endroit sombre et humide. Malgré le fait que j'ai mis un moment pour m'en sortir, je m'y était sentie à l'aise. surement parce que j'était seul. C'est vrai qu'en y repensant je me suis toujours isolée dans des lieux sombre de sorte que tout le monde me foute la paix. Mais en même temps, depuis que je suis venu ici, j'ai l'impression (et la petite aussi) d'être plus enjouée et surtout plus curieuse à se qui m'entour. Avant je n'y prêtai pas attention et j'en avais quasiment rien à faire.

Enfin bref. Je recommençais à faire le tour (histoire de mémoriser le lieu et d'éviter de me perdre la prochaine fois) avec en tête mon problème d'orientation. C'est pourquoi j'y suis allée de jour cette fois-ci de sorte à se que quelqu'un me trouve en cas de problème. Cette fois il fait jour et je me dirigeais vers l'entrée. Bizarrement je l'ai bien mémorisé ce chemin. J'écoutais ma musique tranquillement en marchant tout doucement pour éviter un réveil brutal. Arrivée à l'entrée, le portail était grand ouvert. Je restais un moment à le fixer sans m'en rendre compte quand, au même moment, le fameux réveil brutal que je voulais éviter arriva. Ma musique passa au hardstyle avec un son beaucoup plus fort à m'en briser les tympans.

Je retirais mon casque à moitié sonnée quand j'aperçu une fille devant l'entrée. Comme moi, elle n'avait pas l'air réveillée....et pas l'air d'ici non plus. Elle avait des bagages avec elle, j'en déduit donc qu'elle est toute nouvelle. Pleine de bonne volonté, je me lançais vers elle bien réveillée (à qui la faute).

"Bonjour" dis-je d'une voie plutôt enjouée (ce qui ne m'était pas arrivée depuis longtemps)

La boxe anglaise est un sport où l’on reçoit une quantité importante de coups à la tête ; c’est pourquoi les gens comme Gretchen ayant une mauvaise vue ne peuvent porter ni lentilles ni lunettes et doivent se baser autant sur leurs autres sens et leur instinct pour éviter les coups rapidement. Pour la jeune femme qui possédait autant d’années d’expériences en la matière, ne pas remarquer que quelqu’un s’approchait était un signe de plus de la fatigue accumulée.

Le “Bonjour” la surpris donc, et elle tourna vivement la tête, avant de replacer une mèche folle qui lui barrait la vue. Une élève, plutôt jeune. Combien d’années de différences ? 3 ? 4? Cela ne l’empêchait pas d’avoir une taille similaire. Gretchen posa les yeux tour à tour sur les longs cheveux noirs, le casque audio et les boucles d’oreilles, puis resta un instant la bouche ouverte, comme hésitante. Cette personne était effectivement très différente de celles qu’elle avait eu l’occasion de rencontrer. Oui, elle était bel et bien loin de son pays.

Mais une paire de boucles d’oreilles ne faisait pas forcément quelqu’un de mauvais, alors en porter 4 ou 5 ne ferait certainement pas une grande différence. Elle-même n’avait pas les oreilles percées, mais avait connu plusieurs personnes dont c’était le cas. Kätlin. Elle s’était déjà battue lorsqu’une discussion avec un homme au sujet de combien la longueur d’une jupe ne faisait pas d’une femme une prostituée avait mal tournée, il serait fort malvenu de sa part de critiquer quelqu’un pour un choix esthétique à cause de quelques stéréotypes. Et, ma foi, si elle appréciait la musique au point de vouloir s’encombrer d’un casque volumineux, n’était ce pas tant mieux pour elle ? De plus, la musique adoucit les mœurs, et il semblait effectivement que la jeune fille soit guillerette.

Gretchen passa donc sa langue sur ses lèvres sèches et abimées et pris le ton le plus clair qu’elle était capable en son état :

“Bonjour.”

Une pause, le temps de trouver les bons mots, puis elle reprit d'une traite :

“Je suis désolée de vous déranger, comme vous pouvez le constater, je viens d’arriver, et j’ai bien peur de ne pas connaître les lieux... Si cela ne vous dérange pas, puis-je avoir la direction des dortoirs ?”

Une autre pause. Un froncement de sourcils.

“A moins que je ne doive passer quelque part auparavant ? Je ne crois pas me souvenir d’une quelconque démarche, mais ma mémoire est mauvaise pour ce genre de choses... Il y a-t-il une étape obligatoire pour les arrivants, avant de s’installer ?”

Tout cela articulé le plus clairement possible, en essayant de limiter son accent. Elle n’avait aucune idée de comment ces puces traductrices étaient sensées marcher. Est-ce qu’elle avait employé des formulations trop polies ? C’était effectivement quelque chose que l’on reprochait aux Estoniens. Mais il s’agissait d’une demande de services entre deux inconnus, surement que cela ne serait pas vu comme inconvenant.

“Bonjour"

une pause se fis

“Je suis désolée de vous déranger, comme vous pouvez le constater, je viens d’arriver, et j’ai bien peur de ne pas connaître les lieux... Si cela ne vous dérange pas, puis-je avoir la direction des dortoirs ?”


Me déranger? En quoi? Pourquoi elle me dis ça?
La direction des dortoirs? Tout droit je dirais. Comme je le pensée, elle est bien nouvelle. Cela me rend un peu nostalgique, comme quand je suis arrivée ici pour la première fois. La seul différence, c'est que moi j'étais pas seul. J'avais un mini GPS avec moi. Et oui, ma petite cousine possède un don pour retrouver son chemin (en même temps, à force de me perdre elle à du apprendre vite).
La nouvelle venue commençait à froncer des sourcils.

“A moins que je ne doive passer quelque part auparavant ? Je ne crois pas me souvenir d’une quelconque démarche, mais ma mémoire est mauvaise pour ce genre de choses... Il y a-t-il une étape obligatoire pour les arrivants, avant de s’installer ?"

Je réfléchis. C'est vrai que je me suis jamais posée la question. A mon arrivée je suis directement allée m'installer dans les dortoir avant de m'y isoler un moment. Vu que personne ne m'a convoqué ni fait de remarque, je pense que non. Je lui répondit donc avec un grand sourire.

"Non je ne pense pas que tu es besoin de passer quelque part avant. Par contre, pour les dortoirs, il te suffit de suivre la route et normalement c'est le premier bâtiment que tu croise."

Voilà qui est dit. J'espère l'avoir aidée un peu et surtout ne pas m'être gouré de direction (je ne me fait pas DU TOUT confiance).
Cette fille avait l'air intelligente. Penser à tout ça dés son arrivée... Moi je ne pensée qu'à m'isoler au plus vite et même sans ça, j'aurais jamais pensée à passer quelque part avant d'arriver.

C’était inhabituel, de voir quelqu’un sourire comme ça. Pas une habitude des gens du Nord. Mais, quelque part, c’était... réconfortant ? De voir un visage amical en arrivant.

"Non je ne pense pas que tu aies besoin de passer quelque part avant.”


Tutoiement. Ça aussi, c’était étrange. Tant de petites choses aussi simples qu’il allait falloir réapprendre. Un mode de vie différent. On lui avait dit que Terrae avait des coutumes principalement japonaises, mais avec les gens des quatre coins du monde à s’y installer, cela devait être tout de même un beau mélange. Cela rendait sa tête lourde que de penser à tout ces changements, ces petites habitudes qu’il allait falloir oublier ou au contraire commencer.

Mais c’était aussi ça, vivre avec les autres. Le seul moyen de vivre dans un monde où tout se modifiait pour son bon plaisir était de se cloîtrer dans sa bulle. Gretchen avait choisi de prendre la main qu’on lui avait tendu alors qu’elle était misérable par ses choix de vie, mais si elle ne changeait pas, ça ne servirait à rien. Elle tenta donc d’imiter son interlocutrice et étira ses lèvres en un mince sourire pendant que la jeune fille parlait.

“Par contre, pour les dortoirs, il te suffit de suivre la route et normalement c'est le premier bâtiment que tu croises."

Assez simple à retenir, à priori. Pourtant, elle semblait hésiter. Tout les novices, l’avait-on informé, dormaient-là bas. Donc, même si elle n’y logeait plus, elle devait tout de même y avoir passé plusieurs nuits. A moins qu’elle soit tout aussi fraichement débarquée qu’elle. C’était dur de se rappeler cela, mais effectivement, elle n’était pas un cas à part. Au moins, cela lui donnait tout de même une direction où commencer. Et si, à tout hasards, le bâtiment n’était pas le bon, elle y trouverait certainement quelqu’un pour lui indiquer la bonne direction.

“Je vois. Merci de votre aide.”

Elle s’abstint au dernier moment de lui souhaiter une bonne journée. C’était déplaisant, d’avoir cette impression d’être inutilement polie. Mais non, c’était tout à fait normal, c’était... ce n’était pas vraiment la faute de cette fille, ni même de son éducation, elle devait tout simplement venir d’un endroit où il est normal d’être familier, même quand il s’agit de s’adresser à quelqu’un de plus âgé que soit. D’ailleurs, il n’était même pas dit que ce soit le cas : si ça se trouve, la jeune fille était en vérité une femme qui ne faisait juste pas son âge. Et si ça la titillait tant que cela... Elle était une adulte, elle pouvait très bien poser la question. Elle avait dépassé l’âge où l’on n’ose pas demander quelque chose de peur pour sa réputation.

“Hm... Excusez-moi...”

Demander ainsi la contrée d’origine ou l’âge d’une personne n’était pas convenable. Et si elle demandait si c’était phénomène courant d’être aussi familier envers un inconnu, cela pourrait être mal interprêté. La meilleure chose à faire était encore de demander son nom. C’était une question courante, et cela pouvait reveler beaucoup de choses sur le pays d’origine ou la génération d’une personne.

“...Votre nom... c’est...?”

Gretchen se mordit néanmoins les lèvres de ne pas avoir réfléchit cela plus tôt. Cela lui laissait un impression désagréable lorsqu’elle s’appercevait à mi-chemin qu’elle avait mal formulé sa phrase.

“Je vois. Merci de votre aide.”

La jeune femme avait l'air d'hésiter. Peut être que je lui faisais peur.... Enfin bon, je ne pense pas être si terrifiante que ça. Non, je pense plutôt qu'elle est encore perdu et ne sait pas quoi faire. Après tout, elle viens juste d'être arrivée et je pense que c'est normal d'être dépaysé quand on vient de loin.

“Hm... Excusez-moi...”


Encore en train d'hésiter. Peut être n'ose-t-elle pas me demander quelque chose, peut être que c'est quelque chose de gênant. Non je ne pense pas, après tout je suis encore une inconnue pour elle. Le soleil tapé fort et malgré le fait que je n'était toujours pas réveillée, mon corps commencé à se réchauffer. La jeune femme continua.

“...Votre nom... c’est...?”

Effectivement, je ne m'étais pas présenté. Peut-être que c'est ça qui la gêne depuis tout à l'heure. Les coutumes de son pays doivent-être comme ça, se présenter directement quand on rencontre quelqu'un.

"Je m'appelle Ambre.... Je suis encore novice." dis-je suffisamment fort mais gentiment.

Je me suis présentée mais en y repensant, elle non plus ne s'était pas présenté. Je me lancé donc.

"Et toi, comment tu t'appelle? Tu n'es pas de ce pays?"

Je lui posé cette question quand mes cheveux me tombée sur le visage. Je les remontés donc et les coincés avec mon casque. Je réfléchis un moment et me rendis compte qu'elle était un peu plus âgé que moi. Elle était donc ma "sempai". En y repensant, je ne l'ai pas vouvoyée et c'est pourtant une marque de politesse envers ses "sempai". Peut-être était-ce ça qui lui faisait hésiter tout à l'heure...