La façon dont il se raidit en ma présence me fit un effet assez euphorique. Je n'aurais jamais pensé que quelqu'un puisse réagir de cette façon, même dans mes plus grands rêves, surtout si il s'agit de quelqu'un qui est censé être avantagé sur moi. Faire peur, ça je sais faire, mais mettre une telle distance alors que je m'avance aussi désinvolte... Une aiguille vient me titiller le cœur. Encore un cadeau de mon très cher père, l'aisance naturelle du manipulateur politique que je hais tant mais qui est imprégné jusqu'au plus profond de mon être. Lui aussi se comporte comme tel, il ne dois pas y être inconnu. Je suis toujours impressionné de la manière dont ce milieu bouffe les âmes des gosses dès qu'on leur annonce le statut social de leurs très chers parents... 
ON A DIT QUE J’ÉTAIS DE BONNE HUMEUR ! Pas le moment de disserter sur ma fucking famille, je suis en face d'un réel adversaire capable de jouer avec les mots comme moi et d'analyser une situation pour en tirer le meilleur parti. Houlala, je sens que je vais pas échapper à des stratégies qui m'ont été inutiles trèèèèèèèès longtemps !
Il ne bougea pas, trop concentré à barricader ses émotions derrière un masque froid. Je préfère l'imitation en tout genres (je suis super doué en tout, de toutes façons ♥), ça fait plus sympathique, même si j'en pense pas moins ! (hahaha, sans blague...)
Il me salut et me fait un croche patte. Je réussis à sauter in extremis pour pas m'étaler au sol (ce qui à mon avis n'était pas son but, vu son geste élégant) et me réceptionne en reculant.

- Danseuse étoile. Et toi, chieur professionnel ? Tu fais dans le mi-temps ou le complet ? 

Vous voyez je vous disais, un maître des mots ! D'ailleurs y'a un truc à l'instant qui me dérange... PUTAIN C'EST VRAI LE DANSEUSE ETOILE ?! J'y ai pas cru dans un premier temps mais... Il a l'air tout à fait sérieux. Ce qui me fait ROYALEMENT CHIER, c'est que ça nous fait un point commun en plus. Tout le monde se foutais de moi quand je disais que mon sport favori c'était le plongeon... Et la petite touche d'humour sérieux aussi...
Ha mais merde, j'arrive toujours pas à le cerner, fais chier ! Il se débrouille bien ! (Par contre j'oublie pas le croche patte, je suis rancunier, niark !)
J'esquisse un sourire pincé. Entrons dans son jeu et parlons personnel, sans en révéler trop, bien sûr !

_ Mi-temps seulement, l'autre je le passe à déprimer.

Ce qui a un gros fond de vrai en ce moment et qui ne me fais en vrai absolument pas rire. Je sais que d'ici peu mes crises s’accéléreront et que je deviendrais progressivement fou. Merci papa et maman, vous avez vraiment des supers cadeaux !
Et l'autre qui zigzague gentiment. Vieux con, tu te la pètes c'est ça ?!? Attendez, il est pas censé être plus jeune que moi ? Ho putain, ce mec... m'énerve ? AAAAAAAARG ! [Michigan se prend la tête pour rien, il a pas encore compris que c'est moi qui décide... ^^] TOI, TA GUEULE !

- A moins que tu ne viennes essayer de te trancher les veines avec le patin cette fois... Dans ce cas-là, je suis là pour venir une nouvelle fois te soigner. J'aimerais éviter de finir devant les tribunaux juste pour toi.

Là je ne peux m'empêcher d'éclater d'un rire franc. Pragmatique, le jeuno ! Encore loin de la vérité, mais pas con ! Je vous disais qu'il savait défendre ses intérêts et analyser la situation, pas comme... Heu, j'ai le droit de mettre 5 exemples ? Non, trop long, on passe. Je sautille élégamment sur mes patins. et lui adresse un clin d’œil malicieux (oui c'est toujours Michigan au bout du fil, juste en mode gros joueur, quoi !)

_ Non t'inquiète, je préfère la strangulation ! Je suis ici pour un tout autre objectif...

e laisse théâtralement ma phrase en suspend. Si il est si malin, pas besoin d'y aller par quatre chemin. Je vais te manger, mon petit ♥ ! (PAS DE CONNOTATIONS PERVERSES DANS CETTE PHRASE, OK ?!?) J’exécute un saut à 180 degrés en souriant.

_ Patiner, bien sûr...

Sergueï étouffa difficilement un petit ricanement en voyant que ses zigzags agaçaient Michigan.  Sa première réponse n’avait rien de drôle en revanche, mais bon, au vu de l’individu, il ne savait pas si c’était du lard ou du cochon. Lui, déprimer ? Remarque, ça devait être possible, hein, puisqu’il a quand même essayer de se suicider. Il décida de ne pas s’arrêter à ça, préférant se concentrer sur autre chose comme pourquoi cet individu l’agaçait déjà : de un, il ressemble à Dan. Oui, oui, à Dan. Pourquoi ? Cette façon de se la péter est insupportable. Et Dan le fait TOUT le temps, surtout pour se foutre de lui, donc logiquement l’albinos en déduisit que Michigan faisait pareil. Deuxièmement, il a un air carnassier sur le visage qui ne lui inspire rien de bon. C’est le genre de mec à se fourrer dans les ennuis la tête la première, et avec le sourire s’il vous plait ! Rien de bon à en tirer. Enfin, pas si on veut une petite vie tranquille et bien rangé. Et troisièmement… Bah, il lui rappelait les Ushiromiyas, c’était déjà un mauvais point pour lui.

L’entendre rire franchement surprit l’albinos, qui ne put s’empêcher de laisser paraître son expression. Qu’est-ce qu’il avait dit de drôle déjà ?

_ Non t'inquiète, je préfère la strangulation ! Je suis ici pour un tout autre objectif…

« Laisse-moi deviner… Me faire chier peut-être ? Non ? Oh, je comprends, après tout, c’est ton boulot hein, faut bien que tu l’exerces un peu. Ce serait bête de tout perdre par manque de pratique, pas vrai ? » furent les mots qui brûlèrent les lèvres de Sergueï, mais qu’il réussit à contenir. Non, ne pas rentrer dans son jeu ! Pas tout de suite quand même, il faut savoir faire attendre les bonnes choses. Il stoppa ses mouvements, se redressant à nouveau dans un maintien impeccable, attendant la fin de la phrase, qui vint après un saut pas trop mal exécuté :
 
_ Patiner, bien sûr...

Et on va le croire, lui, bien sûr. Juste… Patiner. Haussant un sourcil circonspect, Sergueï donna un coup de patin dans sa direction et s’arrêta à quelques centimètres de lui en lui lançant une gerbe de glace. N’y voyez surtout pas un geste de provocation, non… D’une voix presque moqueuse, il lui proposa alors :
 
- Eh bien, si tu es venu patiner, libre à toi. Regarde, la patinoire est vide. Mais tu veux peut-être que je t’apprenne à avancer déjà ? A moins que tu ne saches t’aider du bord bien sûr.
 
Du foutage de gueule ? Noooon, ce n’est vraiment pas le genre de Sergueï… A peine. Disons qu’il trouvait amusant de rentrer dans ce garçon si sûr de lui. Et qui sait, il est peut-être capable de vraiment patiner, alors on pourrait avoir un défi intéressant, non ?

Le coup de patin de Michigan valait le coup d'oeil ( et non, bande d'esprits mal tournés, ce n'est pas de ce genre de patin dont je parle !). En revanche, ses remarques il pouvait se les garder. Sergueï, bien que désarçonné par ce garçon, savait par expérience que s'il changeait d'expression maintenant, il aurait en quelque sorte perdu. Finalement, les Ushiromiyas avaient peut-être une utilité... Ils lui auraient au moins permis de se forger une patience quasi-légendaire.Que Michigan avait effectivement fait sauter en cinq minutes top chrono la dernière fois, oui. Même un ange peut avoir ses limites.

Avec sa réserve habituelle, Sergueï hocha la tête puis se mit en position de départ, prêt à participer à son défi. Ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas tout simplement amusé sur une patinoire. S'il sortait vainqueur de ce défi, se débarasser de Michigan ne devrait pas être très difficile... Et il ne pouvait pas décemment se laisser traiter de merde, n'est-ce pas ? Sa fierté de jeune homme russe en prendrait un coup ! Se faire battre par un américain... Non ! D'ailleurs, en parlant de lui, Sergueï avait plusieurs questions à son sujet : tout d'abord, une toute simple, d'où venait-il ? Finalement, parents anglais indignes ? Parents américains trop patriotiques ? Ou alors australiens pris dans le rêve américain ? Ce n'était pas très important mais cela l'amusait de savoir. La suivante, déjà plus intéressante, était de savoir d'où lui et Alexander se connaissait. Il avait oublié de demander à son Anglais après l'incident et cela lui était sorti de la tête. Troisième et dernière question, à laquelle il n'aurait sans doute jamais de réponse sans demandé au principal concerné : qu'est-ce qui à pu le pousser à... ça ? Sergueï, bien malgré lui, ressentait une certaine empathie avec Michigan. Et comme c'est dans sa nature d'aider les gens... Reprenant pied dans la réalité, le Russe eut juste le temps d'entendre :


_ 5 tours,start !

Comme Sergueï s'y attendait, Michigan démarra immédiatement, sans perdre de temps. Le Russo-allemand eut un sourire amusé alors qu'il donnait lui aussi un nouveau coup de patins pour prendre de la vitesse. Il se retrouva alors près de son adversaire et il lui tira la langue, l'air de finalement s'amuser. Il l'attrapa soudainement par le bras et l'entraîna avec lui, lui redonnant encore de la vitesse. Avec un sourire un peu moqueur, il ajouta :

- C'est comme ça qu'on patine en Amérique ?

Le laissant gracieusement lui échapper, Sergueï prit la tête et termina son premier tour en un temps record. Il esquissa pour le plaisir (et aussi pour la frime) une figure difficile à exécuter avant de retourner dans la course, en tirant la langue à son adversaire.

hrp: J'ai enfin répondu, hallélujah !!

Michigan vient de sourire. Il. Vient. De. Sourire. Ça en serait presque flippant si Sergueï ne savait pas qu'il n'allait strictement rien lui faire de mauvais. Il y a quelque chose qu'il sait désormais repérer chez les gens, il ne sait pas si c'est grâce à son pouvoir de Guérisseur, mais... En attendant, le résultat reste le même. Les gens qui ont comme une cicatrice béante dans l'âme dégagent une aura qui leur est particulière : c'est amer, parfois même pourri, on dirait un voile de grisaille qui les entoure, on pourrait presque sentir le goût des larmes. Célia en a une aussi. Voilà que celle de Michigan lui apparaissait désormais clairement maintenant ! Le Russe sentit son visage se crisper en voyant l'aura vibrer. On aurait dit qu'elle respirait en même temps que son porteur. Quelque chose de noir, qui pompe la vie... Il n'avait fait que l'apercevoir lorsque Michigan avait tenté de sauter du toit, trop occupé à le sauver malgré lui. Il devrait peut-être trouver un Master Air Solaire pour en apprendre davantage. Pourrait-il soigner ces sortes de blessures ? Était-ce seulement possible ?

Il fut soudainement bousculé par le Michigan en question, qui prenait par l'intérieur en ricanant doucement. Il lui tira à son tour la langue, ce à quoi Sergueï eut envie de répondre par une grimace qui horrifiait sa sœur lors de leur enfance. Les yeux qui louchent et la langue qui touche le nez. Mais bon, comme ça donne une tête de crétin parfait, le Russe décida de s'abstenir. Il n'allait peut-être pas se faire passer pour un gars bizarre devant quelqu'un qu'il connaissait à peine. Il le vit se baisser dans un geste fluide et poser sa main sur la glace pour la faire fondre derrière lui. Eh ben, heureusement que cet imbécile ne s'était pas trompé de main en le poussant ! Il lui en aurait voulu de se retrouver avec la marque de ses doigts imprimés sur ses vêtements, voir sa peau ! Au lieu de s'énerver, Sergueï s'amusa de voir la course se corser un peu à cause de sa tricherie. Il n'avait pas souvent l'occasion de s'amuser vraiment avec ses pouvoirs, il préférait s'entraîner sérieusement. Mais c'est souvent par le jeu qu'on découvre ce qu'on est capable de faire !

Michigan accélère, Sergueï ne peut plus voir que son dos. Un sourire s'étire sur ses lèvres, et l'albinos prend de l'élan. Habilement, il prend appui sur la glace encore solide et saute. Aidé par le vent qui le fait légèrement léviter, il évite l'obstacle, retombe sur la glace en bon état. Le vent se fait plus violent, le garçon se sent des ailes pousser dans son dos. Il a envie de s'amuser, il décide donc de faire profiter aussi Michigan de ce regain de vitesse. Alors qu'il va le dépasser, celui-ci se dirige subitement vers le centre de la patinoire au grand étonnement de Sergueï, qui était lancé à fond dans la course. Utilisant une nouvelle fois le vent pour freiner son élan, il s'arrête et regarde son adversaire, tout curieux. Celui-ci a l'air subitement bien sérieux et lui redemande ce qu'il remportait comme prix s'il finissait premier. Légèrement moqueur, Sergueï lui répond :

- Ah la mémoire... C'est au bout de deux tours, toi, que tu oublies tout ? Remarque, c'est déjà mieux que le poisson rouge. Si tu gagnes, tu restes. Si je gagne, tu restes quand même. Mais je rajoute une condition : si je gagnes, tu danses la macarena en patinant, histoire d'avoir l'impression que je remporte un truc quand même.

En se rapprochant, il continua :

- Pourquoi tu t'arrêtes d'ailleurs ? On n'était qu'au deuxième tour !