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/! -16\ C'est à dire que... [Gae ♥]
##   Mar 21 Juil 2015 - 11:43
Aaron Williams

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Aaron Williams
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Le bout de ma clope luit doucement. Des volutes de fumée s’en échappent, que j’observe d’un œil à demi amorphe. J’essaie de ne pas mordiller le filtre de ma cigarette, ni de la jeter par-dessus la barrière du toit sur lequel je suis appuyé. Je fixe la vue que le lieu me donne depuis une cinquantaine de minutes, grillant clope sur clope pour faire passer le temps, et pour me donner un peu de contenance. Tenter de ne pas penser, c’est plus difficile que prévu quand le sujet que tu aimerais justement éviter te croise dans les couloirs quinze fois par jours et que tu te retrouves à t’en plaindre à tout bout de champ. Notez que j’ai un peu de mal à ne pas me trouver spécialement con.

C’est compliqué quand votre meilleur ami est aussi votre gros crush de l’année. Genre le fuir, ça va bien quelques jours, mais là, ça fait quelques semaines que c’est carrément bizarre. Alors je me suis dit que j’allais le voir, en mode normal, pas de souci, no inquiétude, tranquille quoi ! Sauf que j’me suis pas attendu à le croiser dans les couloirs avant d’arriver à sa salle de cours. Vous savez ce que ça veut dire, freezer ? Ben c’était, à peu de chose près, ce qui est arrivé. C’est facile de faire semblant d’être concentré sur son portable quand on a des écouteurs dans les oreilles, mais quand on se retrouve nez à nez avec durant quelques secondes, ça devient carrément pas normal.

Sérieux, les gens. Je me suis barré. JE ME SUIS BARRE. J’ai baragouiné une excuse en passant à côté de lui, les oreilles putain de brûlantes, j’ai monté les marches quatre à quatre et j’ai désespérément tenté d’oublier que je venais de subir la pire honte de tous les temps.

Un soupir m’échappe et je laisse mon front cogner plusieurs fois contre la rambarde. Je. Suis. Stupide. Sérieusement. Je rêve de sauter, là. Ce serait con, tout de même… Mais bon. Voilà… Tristesse et décrépitude. J’crois qu’il faut vraiment que j’y aille, là.

La sonnerie retentit et je gémis de désespoir. J’écrase ma clope sous ma semelle et descends les escaliers avec la vivacité d’une grenouille écrasée par une voiture. La volonté et moi, c’est une longue histoire d’amour-haine. Surtout de haine, je crois. Mes yeux se ferment alors que j’arrive au bon étage. Une inspiration. J’dois encore plus puer la clope que d’habitude.

Les élèves sortent de la salle d’italien quand j’me pointe, et j’attends à côté, en retrait, que tous soient sortis. Une meuf est en train de taper la discut’ avec le prof mais je ne bouge pas tant qu’elle n’est pas partie. J’entends ses pas se rapprocher et me tends imperceptiblement, nerveux. Avant de finalement lever les yeux vers la fille quand elle passe à côté de moi, et de m’avancer lentement dans la pièce. Avec hésitation. Il est encore en train de ranger ses affaires.

- Hé, salut. Ça va ?

Un sourire un peu confus, les mains plantées dans les poches pour ne pas jouer avec mes doigts.

- Ton… cours s’est bien passé ?

C’est pas tout à fait ça, mais ça viendra ! Je crois… arg…



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Un peu d'amour ♥:


Dernière édition par Aaron Williams le Mer 30 Déc 2015 - 22:41, édité 1 fois
##   Mar 21 Juil 2015 - 11:45
Gaetano Bianchi

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La sonnerie de l'institut retentit et je pousse un petit soupir de soulagement. Enfin une pause dans cette journée de cours absolument interminable.

- Per martedì, fatte l'esercizio cinque, je rappelle à mes élèves en italien.

Puis dans le brouhaha constant ils rangent leurs affaires et sortent de la salle comme des boulets de canon.
En marchant dans le couloir pour aller me prendre un café je songeais que la journée ne pouvais pas devenir plus chiante qu'elle ne l'était déjà… Jusqu'à ce que je tombe nez à nez avec Aaron. Qui m'évite depuis des semaines. Depuis Boston en fait.
En vérité je suis mitigé quand à mon propre comportement lors de cette fameuse soirée. J'ai du mal à savoir si j'ai agi comme un parfait salaud ou si c'était la bonne chose à faire. En revanche ce que je sais c'est qu'Aaron doit faire le premier pas sinon nous ne partirons jamais du bon pied.

Je disais donc être tombé nez à nez avec Aaron. Nous nous sommes fixés pendant quelques secondes en silence avant qu'il ne parte baragouinant une excuse stupide, les oreilles devenues cramoisies. Et j'ai soupiré.
Aaron est vraiment pire qu'un adolescent quand il s'y met. Genre vraiment. Et puis merde. Je ne veux même pas y penser.

Je fini par retourner dans ma salle de classe et l'heure passe. Lentement. Parce que mes élèves sont un peu crétins. Ils sont mignons et sympas. Mais un peu crétins.
A la fin du cours une élève vient me voir pour me rendre un DM en retard et me poser des questions sur le cours qu'elle n'a pas compris. Haha. En vérité elle tente plus de me faire de l'œil qu'autre chose mais je reste totalement hermétique à sa pseudo drague. Mes élèves me font doucement rire parfois. Elle finit toutefois par partir, et je commence mes affaires, pensant pouvoir souffler un peu maiiissss… non. Evidemment. Il faut qu'Aaron entre à ce moment-là, réduisant tous mes espoirs de calme partir en fumée.

Je pose le classeur sur la table et m'adosse à mon bureau pour fixer Aaron qui s'avance, hésitant, vers moi. A vrai dire je ne suis pas sûre de savoir quelle attitude adopter. Lui, en tout cas est clairement gêné.



Il est sérieusement en train de me demander si mon cours s'est bien passé ? Haha… Aaron et la communication. Toute une histoire d'amour. Qu'est-ce qu'il veut que je lui réponde ? Oui, tout va bien, mes élèves sont débiles et toi, comment tu vas depuis qu'on s'est vus à Boston ? Non. Pas vraiment je crois.
D'un autre côté, il faut vraiment qu'on parle et le connaissant, il va retarder l'échéance le plus longtemps possible, tentant de détourner le sujet à chaque fois.

- Ça va ouais, je fini par répondre. Mais ça tu le saurais si t'avais pas passé les dernières semaines à m'éviter comme la peste.

J'ai dit ça en le fixant droit dans les yeux. Voilà. Comme ça c'est fait. Et je paris ce que vous voulez qu'il va éviter la perche que je viens de lui tendre.
Mais j'en ai marre. J'en ai MARRE de cette situation de merde ! Marre qu'il ne sache pas ce qu'il veut alors pour une fois, oui pour une fois, mettons les choses à plat qu'il me dise clairement oui ou non !


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##   Mar 21 Juil 2015 - 11:48
Aaron Williams

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Allez, un peu de courage Aaron ! Il n’y a aucune raison que ça se passe mal, pas vrai ? La preuve, il a déjà l’air passablement saoulé, AUCUNE CHANCE qu’il t’envoie bouler ou te parle comme de la merde ! Bien sûr ! Ahah ! Mais que c’est drôle ! Que c’est drôle ! Sérieux… Est-ce que je vous ai déjà dit que j’avais la poisse ? Maintenant, je crois que c’est vérifié. C’est terrible. Vraiment terrible.

Mon sourire vacille légèrement en même temps que ma détermination lorsque je croise son regard blasé. Rires nerveux dans la salle, quelqu’un, non ? Je tente de garder mon calme, rester un minimum stoïque et de ne pas me concentrer sur ma bouche qui se dessèche alors que je tente de prononcer autre chose que ces merveilleuses banalités qui m’ont échappées. Visiblement ça ne lui a pas plu. Du tout. Genre. Merde quoi. Il est sérieux ?

Toujours dans la même position un peu figée, je le fixe en laissant mes mains dans mes poches. Là, j’aurais vraiment très envie de partir en courant, ou au moins de me jeter sur lui pour essayer de l’étrangler. Je ne fais rien et reste immobile, baisse un peu les yeux en sentant un rire nerveux me secouer. Mes épaules tressautent un instant et j’essaie de garder mon calme le plus possible. Assez compliqué, c’est moi qui vous le dis.

- Eh, j’ai même pas droit à un bonjour ?

Aaron, pitié, tais-toi. Mais c’est la seule chose qui veuille bien sortir. J’ai la gorge qui se serre détestablement et je tente tant bien que mal de ne pas péter les plombs. Au final, c’est vrai que j’ai été con. Mais est-ce qu’il n’en est pas responsable, lui aussi ?

- Puis, tu abuses. J’ai pas-

Je m’interromps net. Pince un peu les lèvres en relevant les yeux vers lui, perturbé. Qu’est-ce qu’il veut que je lui dise, sérieusement ?

- Tu sais très bien que j’avais la tête en bordel. T’espérais vraiment qu’on puisse se parler normalement tant que je me trouvais dans un état pareil ?

Puis, il n’y avait pas que ça. Il y a eu Destan, et tout ce bordel. Ce besoin de réflexion. Il fallait que je pense, que je réfléchisse. Parce qu’au final, tu ne m’as même pas dit ce que tu voulais, Gaetano. Alors qu’est-ce que tu attends de moi, au juste ? Tu sais que je suis pas capable de t’apporter ce que tu veux. Alors quoi ?

Ma main se passe sur ma nuque et je finis par m’asseoir sur une table en fixant le sol, l’esprit vide. Il m’énerve. Il sait très bien que là, je ne peux pas me dérober, même si j’en ai envie. Il m’énerve. Il m’énerve tellement. Rester silencieux n’est pas une option envisageable. Il faut parler et mettre les choses au clair mais, sincèrement, je ne sais pas si j’en ai envie. On m’a déjà dit que j’avais l’droit d’être heureux, mais ça veut dire quoi tout ça ? Pourquoi c’est tellement simple, pour tout le monde ?

- Pour le moment, la situation est difficilement tenable, je lui avoue avec un soupir, puis un sourire tordu. Même pour moi.

Pitié les gens, j’ai besoin de soutien moral, là.



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##   Jeu 23 Juil 2015 - 0:27
Gaetano Bianchi

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Je ne relève pas sa tentative d'humour. Je ne m'en sens vraiment pas l'humeur. Je sais qu'il essaie simplement de détendre l'atmosphère mais là ça ne passe pas. Pas maintenant.
Je voudrais juste pour une fois, que l'on puisse se dire clairement les choses. Et j'ai beaucoup à dire. Trop en vérité. Et pas seulement en ce qui concerne notre... relation ? Amitié ? J'en sais rien. C'est beaucoup trop prise de tête.

Je relève la tête et plante mon regard dans le sien, trop impassible pour que cela augure de bonnes choses. pour nous deux.
Pas quoi ? Qu'il tente ne serait-ce qu'un instant de me dire qu'il ne m'a pas évité pendant les dernières semaines. Haha. Mauvaise excuse.
Il avait la tête en vrac ? Oui bon, ok. Je peux le comprendre. Destan est mort ? Ok. Sur ce point j'admet ne rien pouvoir dire. Je comprend tout à fait qu'il ait eu besoin de temps pour faire le deuil de son ami. Ça ne l'aurait en revanche pas empêché de passer dire dire bonjour lorsqu'il en avait le temps. Sans parler du fait qu'à chaque fois que je l'ai croisé, il a fait un détour de deux mètres pour ne pas me regarder ou m'adresser la parole.

Alors ouais. Ouais j'en ai marre.
Sauf que j'ai encore l'impression de passer pour le méchant dans cette histoire. Il m'a laissé dans le noir complet depuis son retour de Boston. Aucun moyen de savoir si j'ai fait une grosse connerie, s'il m'en veut ou... Rien. Nada. Que dalle !

Je soupire et me pince l'arrête du nez d'un air fatigué.

- Je te demandais pas à se qu'on règle les choses tout de suite. Je sais que t'as eu d'autres chats à fouetter avec la mort de Destan. Je voulais juste...

Nouveau soupir.
Pourquoi ai-je la sale impression que quoi que je puisse dire ça va mal se passer ?

- Tu aurais pu me donner des signes de vie. C'est tout.

J'ouvre la bouche pour continuer, avant de la refermer, incertain.

- J'en ai juste marre Aaron. Marre de te faire des signaux de fumée. Marre de faire un pas et de te voir reculer de quatre. Y a trop de choses qu'on aurait du se dire et qu'on a pas dites. Et je parle pas seulement de ce qui s'est passé à Boston.

A commencé par tout le bordel qui s'est passé à Naples. Je ne lui ai jamais parlé de Primo ou de Luka. J'ai toujours tu mon passé et mon adolescence parce que j'en ai clairement honte. Mais je sens qu'il faudra bien en passer par là à un moment ou un autre.


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##   Jeu 23 Juil 2015 - 0:54
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Ma bouche s'assèche petit à petit et j'étire un semblant de sourire, embarrassé. Il ne réagit pas, il ne veut pas d'échange de civilités. J'm'y attendais un peu, je vous avoue. C'est certainement la raison pour laquelle j'ai eu tant de mal à venir le voir avant aujourd'hui. Évidemment, je ne dis pas que j'ai pu dépasser le truc, juste parce que je suis là ; c'est simplement que... ben je sais pas. Mon meilleur ami me manque un peu ? On se voyait quasiment tous les jours depuis des mois, et puis subitement, plus rien. Ça a de quoi faire un léger choc. Même quand vous êtes à l'origine de cet éloignement.

Il soupire et je me retiens de fermer les yeux. C'est bon, je sais que tu en as marre. Moi aussi j'en ai marre, ne crois pas le contraire. J'ai juste une capacité de stockage particulièrement élevée, j'imagine ? Encaisser, j'arrive. Mais c'est vrai qu'au bout d'un moment, on a juste envie de tout balancer, de hurler, de rire, de pleurer, de tout lâcher. Être honnête et ne plus se mentir. Ne plus éluder. On ne ment jamais, mais on élude beaucoup. On élude toujours. Comme si se dire une fois les choses allait mettre fin au peu de retenue que nous avons. Ou comme si on allait tout perdre.

On ne va pas tout perdre, pas vrai ?

Il me fait une remarque et je relève les yeux vers lui. Donner signe de vie. Les mots employés me tirent un pincement au cœur et un sourire tordu, encore une fois. On s'est revus quand même, deux-trois fois... je crois... Non ?

- Arrête, j'me sens assez nul comme ça, j'soupire à mi-voix, espérant presque qu'il ne m'entende pas.

C'est vrai. J'suis nul comme pote nan ? Sans partir dans des considérations du style "je te plaque contre un canapé pour te rouler une pelle", c'est pas cool. Mais ça arrive, parfois, de prendre un peu de distance, non ? C'est mieux que de tout briser. Tout foutre en l'air. C'est déjà foutu, c'est ça ?

Puis il reprend, et j'arrive pas à rouvrir la bouche. J'retiens à peine un rire nerveux lorsqu'il prononce le mot "Boston". Reprends une profonde inspiration, qui tremblote doucement et manque de me refiler une quinte de toux. J'ai vraiment trop fumé de clopes à la suite. Je ne compterai pas.

- Je... (Stop. Quelques secondes le temps que mon esprit se remplisse. Les mots ne viennent pas.) ... sais pas trop ce qu'on est censés se dire, je souffle. De quoi tu parles ?

Ce n'est pas une tentative de détourner son attention, ou de le faire parler lui. C'est honnête. Je ne sais pas de quoi nous sommes censés parler. Boston, bien sûr. Quoi d'autre ? Quoi d'autre, hein ? Est-ce qu'on est vraiment obligés de tout savoir l'un de l'autre ? Est-ce qu'on a vraiment envie d'exposer nos plaies ? Mais est-ce qu'on a pas le droit de vouloir de l'aide pour les panser, elles aussi ?

Puis mes sourcils se froncent, et je lui lance un regard moins trouble.

- Si tu parles de notre... entraînement, je t'ai déjà dit que ça servait à rien d'en parler et que t'avais pas à t'en vouloir. J'y étais pour quelque chose aussi.

Enfin. Je crois. Je dis ça, mais je ne me souviens pas.



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##   Jeu 23 Juil 2015 - 2:00
Gaetano Bianchi

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Je secoue la tête. Puis ai un rire nerveux. Beaucoup trop nerveux. C'est un peu plus semblable à un croassement de grenouille.
Hum...
Pathétique.
Il se sent nul ? Moi aussi. On se sent tous les deux nuls. Bien. maintenant que nous avons admis ça, nous allons peut-être avancé un peu. Je suppose que c'est un début.
Le problème dans toute cette histoire, c'est que je me sens vraiment pathétique. Et lui aussi je crois. Et je me sens pathétique d'être pathétique. C'est un vrai cercle vicieux. Et j'ai la mauvaise impression de me perdre dans tout ça. De nous perdre.
Il me manque. Et au fond je nous manque. De pouvoir glander, rire et faire le con avec lui sans avoir à me prendre la tête avec quoi que se soit. Même si je crois que je donnerais n'importe quoi pour retourner à cette danse dans ce petit bar de Boston.

D'un geste nerveux je sors mon paquet de cigarettes et en attrape une pour la porter à mes lèvres. Oui. Je sais. Fumer dans une salle de classe c'est très mal et je vais me faire enguirlander si on me voit. Mais honnêtement, là, maintenant, il n'y a qu'Aaron pour m'en faire la remarque, et ce n'est pas de lui qu'elle viendra, vu comme il pu la clope. J'aérerais la salle. Voilà.

J'allume finalement ma cigarette. Au fond, c'est plus l'aspect répétitif et mécanique du geste que je recherche. Plus pour me donner une contenance et me déstresser qu'autre chose.

Il n'a pas totalement tord lorsqu'il affirme ne pas savoir quoi me dire. Mais pour moi, la question n'est pas tellement, que dire mais plutôt comment, et par quoi commencer.
Autre question aussi. Suis-je réellement près à lui parler de mon passé ? Bonne question.

- Je parle pas de... l'entraînement. Enfin pour ça on a tous les deux une part à jouer mais bref. On en a déjà parlé et c'est pas de ça qu'il s'agit.

Je crois bien qu'au point où j'en suis j'ai besoin de parler à Aaron. La seule chose qui me fait peur c'est de savoir ce qu'il en pensera et s'il m'écoutera seulement. Mais pour l'instant, autant parler de ce qu'il s'est passé à Boston... Hum... Enfin... Si tant est qu'il veuille aborder le sujet.

- A propos de Boston...

Là, c'est un peu comme si une alarme "terrain glissant" venait de s'allumer dans mon cerveau. Il faudra bien aborder le sujet un jour où l'autre. Alors autant que ce soit maintenant.

- Je voulais pas...

Je m'arrête, incapable de finir ma phrase. Nan mais sérieux, comment est-ce que je suis censé lui dire ça ?! Désolé, mais en fait je me suis barré parce que je voulais pas qu'on aille plus loin sans que je t'ai dit ce que je ressens vraiment ? Je crois pas. Je peux pas... lui dire comme ça.
Ahhhhh, et puis merde ! J'en ai marre !! Quand c'est pas lui qui recule c'est moi. On va jamais s'en sortir à ce train là.

Je reprend plusieurs bouffées de cigarettes. J'arrive juste pas à mettre les mots dans le bon ordre pour que ça sonne juste. Et c'est vraiment agaçant.

- Et puis merde, je fini par lâcher. J'ai eu peur que les choses aillent plus loin, et je voulais pas que ça arrive, que quoi ce soit arrive avant qu'on se soit dit clairement... Que tu m'ai dit clairement oui ou non.

J'ai l'impression d'être un putain d'adolescent en surchauffe. J'en ai maaareeeeeee !!!


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##   Jeu 23 Juil 2015 - 2:57
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Tiens, un rire nerveux dans la salle qui ne provienne pas de moi ? Étrange, étrange... J'essaie de pas me focaliser dessus et me contente de me concentrer sur le visage de mon vis-à-vis. Oui, voilà, comme ça, c'est très bien. Notre entraînement qui est parti en couilles est un sujet difficile. Comme beaucoup de choses, en fait. Genre, euh. Les scientifiques, Naples, Boston, nos antécédents respectifs, la famille, les animaux de compagnie, les meubles et ma consommation exagérée d'alcool et de substances illicites. En fait, on est en train de se prendre le chou comme des connards mais au final, c'est comme si on était d'jà ensemble... Depuis des années... Vieux couple, vous savez... (Joke, joke...)

Respire Aaron. Respire, allez mon vieux. En face, Gaetano s'allume une clope et ça me démange de faire de même. Vous savez le plus con ? J'ai plus de cigarettes. Tristesse et décrépi-- oui bon ok je vous l'ai déjà faite. Tristesse et paillettes, alors.

Le mot "Boston" me saute à nouveau au visage et j'retiens une grimace. Et je me retiens aussi de lui dire qu'il est pas obligé de le ramener sur le tapis toutes les trois secondes. Mais bon. C'est aussi pour ça que je suis ici. Pour mettre les choses au clair, c'est ce qu'on s'est dit. Un soupir m'échappe alors que je me retiens de me lever pour m'accouder à la fenêtre. J'ai besoin d'un peu d'air.

J'comprends pas pourquoi on réagit comme ça. Pourquoi on refuse d'admettre qu'on s'aime tous les deux et que ça pourrait peut-être marcher. Parce qu'au fond, je suis pas si con. Si j'me dis qu'il est parti après notre soirée uniquement parce qu'il ne m'aime pas, c'est parce que j'me doute un peu que c'est l'inverse et que ça me fait peur. Ce qu'il me dit me le confirme et je m'empêche de détourner les yeux, embarrassé. Puis je m'humecte les lèvres. C'est l'moment de réagir, c'est ça ? Pas le choix ?

D'un geste souple mais un peu lent, je me lève et me dirige vers lui. Je chope sa clope et m'approche d'une des fenêtres ouvertes pour la jeter dehors. Un blanc passe durant lequel je me contente de lui tourner le dos et de fixer le ciel dégagé. Le geste m'apaise. Il fait beau...

- La question n'est pas de savoir si oui ou non. De toute manière, je ne sais même pas à quoi je suis censé répondre. T'as jamais posé de question.

Un nouveau silence, un peu chargé. J'essaie de ne pas montrer que mon cœur ballotte dans tous les sens.

- Je ne sais pas ce que tu attends de tout ça. Moi, j'veux plus vivre de cette manière. J'veux pas non plus qu'il se passe quelque chose qu'on pourrait regretter tous les deux par la suite. J'ai plus envie de me prendre la tête.

Puis, lentement, je me tourne et étire un demi sourire. Un peu las, mais doux.

- C'est un peu loupé pour le moment. T'as un don pour ça, tu le sais ? Trop penser. Mettre les autres dans cet état aussi. J'ai vraiment pas su quoi penser quand t'es parti.

Ce n'est pas un reproche, plutôt une affirmation. Amicale. J'essaie de me reprendre et d'avoir l'air sérieux. Repense à ma discussion avec Ludmila. Puis je m'avance, effleure sa joue du bout de mes doigts un peu chauds à cause du stress. Sa joue est froide, malgré leur couleur très attrayante.

- Si je me méprends, dis-le tout de suite qu'on en finisse. Parce que c'est flippant. Mais j'ai... envie que ça marche, ok ?

Ma voix a des intonations un peu hésitantes sur la fin. Hésitante parce que là, c'est quitte ou double. Je sais pas trop ce que je fais, et j'avais pas spécialement prévu de partir comme ça. Parce que j'ai trop de choses à lui dire. Mais tant pis. Plus tard. Je veux pas y penser.

Lentement, mes doigts retracent un muscle de son cou. Je les fixe pour fuir son regard, et me concentrer suffisamment pour ne pas avoir envie de prendre mes jambes à mon cou comme à mon habitude. Mes lèvres peinent à s'entrouvrir. Le sang pulse à mes tempes. Et sur un ton que j'aimerais plus humoristique que précédemment, je lance avec un demi sourire tordu :

- Alors, juste... Ne me laisse pas m'enfuir, maintenant, d'accord ?

Il faut bien se faire une raison.



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Je vais faire une crise de nerfs. Sisi. Je vous jure. C'est dans ce genre de moments où vous avez envie de vous énerver, de gueuler un truc du style "Mais allez, dis quelque chose !" bon bon coup.Parce que là son silence m'insupporte carrément.

Je l'observe qui s'assoie sur le rebord de la fenêtre.
J'ai jamais posé la question. Oui. C'est vrai il n'a pas tord. Et c'est bien pour ça que je suis en partie responsable de cette situation de merde. Mais comme on dit, pour faire des conneries, faut toujours être deux.

Mon regard se fixe sur le dos d'Aaron, et je ne peux m'empêcher de retracer ses muscles du regard à travers son T-shirt.
Ce n'est certes pas le moment pour ce genre de choses. Vraiment pas. Aussi je ferme les yeux durant une seconde et lorsque je les rouvre, Aaron a saisi ma cigarette entre ses doigts et l'a jetée par la fenêtre. Ok. Oubliez ce que j'ai dit précédemment sur le fait qu'il ne ferait pas chier avec ma clope.

J'ai un petit sourire triste. Tout ce qui sors de sa bouche je le pense aussi. Peut-être pas en ces termes mais cela revient au même.
Je n'ai plus envie de me prendre la tête non plus. Parce que c'est vraiment fatiguant. Je suis même en train de me demander si au final, ce n'est pas moi qui ai tout compliqué. Parce que je refusais peut-être d'accepter mes sentiments ? Je ne sais pas. Non pas tellement. Je refusais juste de lui en parlais de peur de gâcher ce qu'on avait déjà. C'est vraiment con. C'est finalement mon silence qui a tout compliqué.

- Il faut croire, que je pense trop effectivement, je répond un peu gêné.

Et maintenant que j'y repense, mon attitude à Boston me donne presque envie de rire tellement je me parait ridicule. Bon. cela vient peut-être de sa manière de dire les choses mais tout de même.

Je sens ma bouche s'assécher lorsque ses doigts viennent frôler ma joue. Le contact est doux, apaisant même si ses doigts sont légèrement moites. Sans doute à cause du stress. Mon cœur finit par rater un battement.
Je ne demande que ça. Que ça marche. Qu'on arrête de se prendre la tête, qu'on arrête de mettre des tabous sur tout et n'importe quoi.

Un sourire plus doux étire finalement mes lèvres. Je crois que je suis juste... heureux de ce qu'il vient de dire ?
Je frissons quelque peu sous la caresse de ses doigts contre mon cou. Puis doucement, j'attrape sa main et plante mon regard dans le sien.

- D'accord, je répond de la voix la plus posée possible.

Mon cœur bat à cent à l'heure dans ma poitrine et d'une main hésitante je viens caresser ses cheveux.

- Ok Aaron, alors je te pose la question, même si maintenant c'est plus pour la forme. Est-ce que tu veux qu'on soit ensemble ? Parce que moi oui.

Je me sens un peu con, là dans immédiat. Mais ça m'enlève un poids de lui poser simplement cette question. C'est con pas vrai ? Ça prend deux secondes à dire et pourtant ça à mis des mois à sortir de ma bouche.


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##   Jeu 23 Juil 2015 - 4:24
Aaron Williams

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Son corps se tend lorsque je l'effleure. Il réagit tout entier, et quelque part, ça me tire un léger sourire. Je crois que je suis en train de comprendre ce qu'il se passe. Et ça me semble si incongru et si rassurant à la fois que je ne peux m'empêcher de sentir cette bouffée de chaleur me monter à la tête. Parallèlement, Gaetano n'a pas l'air d'en mener bien large lui non plus. En retenant un rire qui n'a rien à faire là, je songe que notre stupidité doit probablement être innée. Ou simplement bien alimentée, dirons-nous. On se reproche souvent de ne rien se dire, ou au moins de ne pas être honnêtes, mais je pense qu'on a tort. Je crois qu'on a jamais été aussi honnêtes que l'un envers l'autre. On ne dit pas toujours tout, mais est-ce qu'il y en a besoin ?

Quand il m'attrape la main, j'me sens à nouveau bête. On échange un regard qui n'a pas l'air de dire grand chose, mais qui signifie beaucoup. Un frisson, son autre main qui se pose sur le sommet de mon crâne pour effleurer mes mèches. D'accord. Il a dit d'accord. Il a juste dit d'accord ?

Ça pourrait paraître indigné - et ça l'est à demi vu l'effort surhumain que j'ai fait pour lui sortir une tirade pareille (oh mon dieu, j'ai fait ça ?) - mais au final, j'attendais juste ça. Ne me laisse pas partir ? D'accord. Il le dit, alors je lui fais confiance. Mes épaules se détendent un peu et s'affaissent dans le mouvement. Je ne partirai pas. Putain. Est-ce que j'aurais encore réellement pu partir ?

J'entrelace nos doigts avec un sourire amusé mais léger. Sommes-nous des adultes responsables ou des adolescents à leur premier amour ?

- La réponse me semble évidente je crois. Tu veux que je te la fasse en mode "Je le veux" ou on passera la réplique ? Je peux, hein, je souffle doucement.

Mes yeux se ferment un instant sous la caresse de sa main. Enfin, je m'approche et dépose un baiser chaste sur ses lèvres, après m'être discrètement hissé sur la pointe des pieds. Rappel aux abrutis : il fait dix centimètres de plus que moi. Moi aussi ça me fait rager, ouaip.

J'ai gardé sa main dans la mienne quelques instants de plus. Pour le moment, je n'ai pas envie de bouger. Le contact me semble naturel pour cette fois. Ce n'est plus cette même impression de mal agir qui me transperce. Plutôt celle d'être à ma place, juste là. Pour une fois. C'est tellement bien, la sérénité. (Même si. Quand même. C'est un poil étrange, nan ? Ça ne choque que moi ?)

Tout ce temps, j'essaie de ne pas penser négativement. De ne pas ressasser toutes les peurs que je me répète pourtant depuis des foutues longues semaines. Pour le moment, j'me dis juste que je m'en fous.

Nos nez s'effleurent lorsque je m'éloigne finalement de son visage, et je pose ma joue sur son épaule. Les souvenirs de notre dernière soirée ensemble me reviennent et je ne me surprends pas à sourire. Un rire m'échappe malgré moi. La libération après tant de jours passés à angoisser. Pour rien, au final. Ou si, peut-être. J'aimerais me dire que ce sont des mirages.

- On est cons. Tu crois vraiment qu'on arrivera à se supporter ?

Moi, je crois juste que je suis heureux. Et c'est pas peu dire. J'espère juste que ce sera toujours le cas.



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##   Jeu 23 Juil 2015 - 14:19
Gaetano Bianchi

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Un petit rire m'échappe qui me semble presque stupide mais au final j'en ai plus rien à faire. Pour la première fois depuis de longues semaines, j'ai la sensation d'avoir enfin fait ce qui est juste. Alors bien sûr, il reste encore beaucoup de choses à dire, des sujets sensibles à aborder mais je me sens vraiment soulagé et mes épaules se sont quelques peu détendues, quelque peu libérées du poids qu'elles portaient.

Nos doigts s'entrelacent et je dois bien avouer que la chaleur qui se dégage de nos paumes et rassurante et apaisante. J'ai l'impression que si je la lâche tout pourrait s'arrêter, c'est con, non ? Parce qu'après tout ce qu'on a vécu, il y a parfois des moments ou l'on se demande si on a vraiment droit au bonheur. Et pour une fois j'ai simplement envie de répondre oui.

- C'est bon, passe la réplique, je répond amusé.

Ses lèvres viennent se poser sur les miennes pour un baiser léger et mes lèvres s'étirent un peu plus. Je ne le dirais pas, de peur de le vexer, mais c'est vraiment amusant de le voir se mettre sur la pointe des pieds. Il est presque mignon quand il fait ça...

Il se recule légèrement et pose sa joue sur mon épaule et dans un geste qui me semble tout aussi naturel, je viens entourer sa taille de mes bras, nous enfermant dans une étreinte chaude, posant mon menton sur le sommet de son crâne.

Je ferme les yeux savourant cet instant qui me semble totalement irréel. Puis la voix d'Aaron me parvient et amusé, je souris.

- Totalement cons, c'est sûr. Enfin... Je suppose qu'on pourra pas savoir si on essaye pas. Et puis on verra bien.

Je veux que ça marche. Vraiment. Mais pour ça... n'y a-t-il pas certaines choses qui devraient être dites ? Je ne sais pas... J'aurais trop peur de briser cet instant de paix. Je sais que nous devrons en passer par là. Mais je suppose que le moment est mal choisi pour aborder de tels sujets.

Je ressens seulement le besoin d'être honnête avec lui. Pour une fois dans ma vie. Je ne dis pas que ce sera facile, et franchement je pense que certaines choses je les garderais pour moi. On ne peux jamais tout dire mais au fond est-ce vraiment nécessaire ? Tant que nous nous faisons confiance ?
Je suppose que cette question est un peu trop vaste et complexe pour que je me risque à l'aborder maintenant.

Je me détache finalement de lui et me recule un peu.

- Tu veux sortir ? Je n'ai plus de cours après de toute façon.


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##   Ven 24 Juil 2015 - 0:30
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Oh, chouette, j'ai le droit de ne pas me taper la honte, merci Gaetano, t'es un chou ! Après, il m'en sait probablement parfaitement capable ; je crois avoir déjà précisé une ou deux fois qu'il n'y avait que peu de choses honteuses qui me faisaient... eh bien, réellement honte. Un sourire m'échappe cependant et je blottis mon nez au creux de son cou, amusé et apaisé à la fois. Ses bras se referment sur moi et je reste dans la position un moment, écoutant avec un amusement non feint ce qu'il me répond. C'est étrange. C'est trop étrange. Pourtant, c'est comme une sorte d'illusion qui deviendrait réalité. Brumeux.

On verra bien. Ouais, c'est pas faux. Vaut mieux pas essayer d'y penser, sinon ça risque de vraiment pas le faire. Je me connais, je calcule tout, sauf les conséquences de mes actes. Et après j'agis de manière stupide et irréfléchie. Je gâche tout, tout le temps. J'aimerais bien ne pas avoir à tout faire foirer de cette manière, cette fois. Ce serait... décevant, je dirais.

Un soupir léger m'échappe alors que je lui rends brièvement son étreinte. La proximité commence à m'embarrasser un peu, parce que cette fois-ci, on ne se cache pas derrière des stupidités. Ce n'est pas l'étreinte de ces moments où on est joyeux et qu'on a envie d'un peu de contact. Le genre de "J't'ai eu ! J't'ai fait peur, hein ?!" qui ressemblent un peu à un jeu, et dont on use constamment pour rire. Là, c'est tout de même différent. J'dirais pas désagréable, mais il y a cette manière de le faire, cette ambiance silencieuse et un peu religieuse qui prouvent beaucoup de choses. Beaucoup de choses qu'on ne s'est finalement pas dites.

Un sourire contre sa peau. Tant pis.

- On verra si on ne s'est pas entretués d'ici deux semaines, tu veux dire ?

Puis je retiens un rire.

- Je blague.

Finalement, nous nous reculons et j'acquiesce lentement, un peu embarrassé et comme pris sur le fait. Un coup d’œil en direction de la porte m'apprend qu'elle est encore ouverte et que n'importe qui aurait pu assister à la scène - je me contente de maudire mentalement tous ceux qui en auraient eu l'audace.

- Ouais, ça me va. Tu veux un café ?

Un sourire mutin, à nouveau. J'effleure sa main au passage lorsque je me dirige vers la sortie de la pièce, comme si de rien n'était. Bâtard je suis, bâtard je resterai.

Peace.

- Oh ! On peut aller prendre une glace sinon. Il fait super beau dehors. J'ai envie d'en profiter !

Sans réellement l'attendre, je m'approche de la fenêtre du couloir et observe l'extérieur de l'institut en attendant qu'il verrouille la porte. Putain. C'est horriblement horrible. Comment c'est possible de passer d'une humeur exécrable à une humeur aussi lumineuse que ce con de soleil en l'espace d'une dizaine de minutes ? Vous y croyez, vous ? J'ai encore un peu de mal à réaliser, là. C'est l'effet Tonnerre, probablement.



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##   Lun 21 Sep 2015 - 21:57
Gaetano Bianchi

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Je me sens un peu con. Oui. Juste là, dans l'instant, à sourire comme un débile alors que je regarde Aaron. Tombez pas amoureux les gars. Y a vraiment rien de pire pour se griller les neurones.
Enfin... Quand je dis sourire... mes lèvres ne s'étirent pas non plus jusqu'aux oreilles mais... disons que pour une fois, on ne pourra pas m'accuser de tirer une tête d'enterrement. Je souffle amusé lorsque les yeux d'Aaron dévient sur la porte laissée ouverte.
...
Tant pis. Si quelqu'un passait par là, j'espère qu'il s'est bien rincé l'oeil à mater ses profs en train de se bécoter. Et dans tous les cas, je me moque bien que quelqu'un nous ait vus.

Ses doigts qui effleurent les miens, son petit sourire en coin alors qu'il se dirige vers la porte me réchauffent un peu plus le coeur. J'ai un peu l'impression de retourner à nos soirées de beuveries, à rigoler et s'envoyer des vacheries à la tête sans se préoccuper d'autre chose. Et c'est grâce à ce genre de réflexion que je me dis qu'on a vraiment été cons. Qu'on a tout compliqué pour rien. Parce que c'est tellement simple.

Je hausse un sourcil avec un sourire un peu pervers. Une glace ?

- Mais bien sûr ! Pas de problèmes ! Comme ça je pourrais te regarder faire des trucs cochons avec ta langue, je lui répond du tac au tac.

Il sort finalement de la salle pour s'accouder à une fenêtre du couloir. Je l'observe quelques instants puis attrape mes clefs, ma veste et ferme la porte derrière moi.
Observant sa position j'ai à mon tour un sourire coquin et je viens m'écrouler sur son dos, passant mes bras autour de son cou.

- T'admire la vue ?

Mais pourquoi est-ce que les choses sont jamais aussi simples putain ? Pourquoi l'humain doit-il toujours se compliquer la vie au point de se créer des problèmes là où il n'y en a pas ? Mouais... Grande question philosophique à laquelle je n'ai aucune envie de m'atteler.

Je fini tout de même par me décoller d'Aaron mais attrape tout de même sa main, l'entraînant à ma suite vers le village. Mission du jour : trouver le glacier.

Mémo du jour : penser à ne plus tomber amoureux. Ça rend vraiment trop con.


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##   Mer 23 Sep 2015 - 21:47
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Pour être honnête, la proposition n'avait rien d'indécente jusqu'à ce que Gaetano y mette son grain de sel. Mes joues s'empourprent un peu à l'allusion absolument pas masquée, et je secoue la tête en riant. Il sourit, et je le lui renvoie avec bonne humeur. Ses réactions ne m'ont pas échappées, cette sensation de chaleur qui se propage dans sa poitrine et qui se répand dans la mienne.

- Ça te plairait, hein ? je lance sur un ton taquin, avant de lui souffler un baiser. Pervers, va.

Alors je l'attends, en songeant doucement, un sourire flottant sur mes lèvres. C'est qu'il prend son temps en plus le saligaud. Ou alors c'est juste moi qui suis un poil trop surexcité, pour le coup ? J'imagine. Y a des raisons, en même temps. J'ai envie de sortir, j'ai envie de faire la fête, j'ai envie de ne plus penser à rien ; j'ai juste envie d'être heureux.

Derrière moi, la porte claque ; les clés tintent et je l'entends verrouiller la salle. Quelques secondes s'écoulent avant qu'il ne s'affale sur mon dos, en enroulant ses bras autour de mon cou. Sa tête se pose sur mon épaule et je ris, amusé par sa réaction, tout en me retenant un peu plus contre le rebord de la fenêtre.

- On prend pas assez le temps de le faire…

Comme un peu trop d'autres choses, au final. J'effleure ses mains sans rien ajouter, joue avec ses doigts un moment en profitant de son contact contre mon dos. Lorsqu'il se détache, il attrape ma main au passage pour m'entraîner à sa suite. Sur le coup, la chose m'a surpris, même si j'évite de lui lancer un regard avec des yeux ronds comme des billes. J'imagine qu'il le prendrait pas mal, mais c'est simplement que… je suis pas habitué à des gestes tendres de sa part. Même si, en y réfléchissant bien, il en a déjà eu. Je repense un peu à ce moment, l'année dernière, lorsqu'on a pris un café après qu'Haley l'ait largué ; c'était pas vraiment tendre, c'était plus dans le jeu. On croyait que c'était dans le jeu, peut-être …? Puis à l'hôpital, lorsque je suis revenu de… bref. Il a chanté. C'était doux. Il l'a pas refait depuis, mais je sais qu'il a une guitare. Ça pourrait être chouette…

En fait, j'me dis que si on avait pas autant été persuadé de jouer un jeu, on aurait pas eu autant de problème. Maintenant, tout paraît simple. Normal - encore un peu perturbant, cela dit. Je ne m'en plains pas. Là, le silence s'étend un peu ; c'est pas un silence lourd comme on en avait assez souvent ces derniers temps, mais plutôt un silence léger. J'crois que j'suis un peu gêné par les regards que nous lancent les rares personnes qui nous croisent pendant qu'on descend les escaliers, et j'essaie de faire abstraction.

- Faudra que tu me redonnes ton numéro, d'ailleurs, je lâche finalement avec un rire nerveux. Mon portable a pris une sale douche, le mois dernier…

Ouais, je choisis toujours super bien mes moments, c'est normal. Mais là j'ressens le besoin de lancer une discussion plus… légère. Même si ça m'embête de lui dire. … J'aurais dû piquer son portable et m'envoyer un message tout seul, je suis teubé en fait.

- Et c'est pas de ma faute ! je m'empresse de me justifier avant qu'il n'ajoute quoi que ce soit. C'est Lud qui m'a balancé dans le lac ! Elle a essayé de me noyer.

Voilà. C'était un attentat ! Un rire m'échappe à ce souvenir. Quand je pense que j'me prenais la tête comme un gros débile… Enfin… J'imagine que j'avais quelques raisons, mais. J'ai un temps d'arrêt. Chasse l'image et souris, encore. Je sais qu'on a encore trop de choses à se dire, mais plus tard. On a le temps. On a tout notre temps, maintenant.

On arrive en vue du marchand de glace et je m'approche en trottinant, tout heureux.

- Tu prends quoi ? je fais à Gae, avant de me tourner vers le vendeur pour lui commander une glace vanille-noisette.



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##   Sam 24 Oct 2015 - 21:14
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Je hausse un sourcil amusé à la mention de la "douche". Dans le lac ? Rien que ça ? Ah, rien que d'y penser, j'aurais bien aimé y assister. Après tout, Aaron et l'eau c'est tout une histoire d'amour. D'ailleurs, après mûre réflexion, c'est peut-être à cause de ça que le courant a eu tant de mal à passer entre nous… Courant, eau… Bref, ma gueule. Faut que j'arrête avec les jeux de mots débiles, je deviens grave. Quand je dis que l'amour rend con…

Décidant de régler son petit problème de numéro, j'attrape mon portable et lui envoie un sms.

"Pour que le courant passe à nouveau <3"

Et je me promets une nouvelle fois d'arrêter les jeux de mots stupides. A croire que ce crétin de Houston commence à déteindre sur moi avec son humour de geek.

Nous arrivons enfin devant le glacier et je lui commande une glace au citron. Je jette un regard espiègle à Aaron tandis que je lèche ma glace. Il faut dire qu'il n'y a vraiment rien de plus suggestif. Et je commence à songer qu'il aurait peut-être dû choisir autre chose. Un bar. Ouais c'était bien un bar. Même si je dois avouer que la situation est amusante. Profitons.
Autant j'aimerais bien mettre certaines choses au clair entre nous deux, autant je sais que ce n'est absolument pas le moment ni l'endroit. Lui parler de Luka, de Primo, des toutes les décisions que j'ai prises de travers. Enfin peut-être pas tout… Je n'ai franchement pas envie que la discussion tourne au mélodramatique. Nous verrons bien en temps voulu.

Glace toujours en main, je m'étire, offrant mon visage au soleil, profitant du beau temps de cette belle journée. Puis mon regard se porte de nouveau sur Aaron et un petit sourire fleuri sur mes lèvres. Je viens finalement de percuter ce qu'il s'est passé plus tôt dans la matinée.
Je suis en couple avec Aaron…
Putain.
Je crois qu'il va pleuvoir.

- Tu veux venir chez moi ? Enfin sauf si tu veux rester dehors…

Aaron me répondant par l'affirmative, nous nous dirigeons donc lentement vers mon appartement. Prenant le temps pour terminer nos glaces, et de profiter du soleil.
Je fini par arriver à la fin de mon cornet que je croque avec énergie puis nous arrivons à mon appartement et j'ouvre la porte. Je me pousse sur le côté et m'incline légèrement, un sourire aux lèvres.

- Si monsieur veux bien se donner la peine…


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##   Lun 26 Oct 2015 - 17:17
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C’est moi ou… il se moque encore ? J’admets, la situation a de quoi être risible, mais j’ai pas spécialement pris plaisir à voir mon portable court-circuiter tout seul. Je lui fiche un coup de coude dans les côtes lorsqu’il sourit en coin et lui tire la langue. On verra bien quand tu te feras jeter à l’eau par une téléporteuse grincheuse ! Il attrape cependant son portable pour envoyer un message et, en entendant mon portable vibrer dans ma poche, je comprends que c’est le mien. Je le laisse où il est, lui souris pour le remercier. Bon, j’aurais presque préféré qu’il fasse une remarque au final, mais on va dire que je m’en contenterai. Gae ne parle jamais beaucoup dans ces moments-là.
 
Quelques secondes plus tard, nous sommes près du stand et un sourire gigantesque se glisse sur mes lèvres alors que j’attrape ma glace. Génial, géniaaal ! Je paie nos parts et lance un regard amusé à Gae. Quoi, tu me cherches ? Moi aussi je peux te fixer avec un air bizarre pendant que je mange ma glace, tu sais. Je suis certain que je ne serais pas le seul perturbé, ici !
 
Nous avançons en silence, continuons à manger. Je le sens un peu renfermé, et essaie de ne pas le brusquer. Ce n’est pas le moment de partir dans des discussions philosophiques sur le sens de la vie et encore moins d’évoquer des sujets sensibles. Juste le temps de marcher, profitons-en pour réapprendre à sentir la présence de l’autre. Même si « réapprendre » est un mot fort, peut-être ; pour ma part, je ne l’ai jamais désappris. J’ai simplement tenté de vivre sans, et je peux vous dire que c’était pas une mince affaire. Si je pouvais éviter de réitérer l’expérience pour le moment, ça m’arrangerait. Disons juste que je me… ressource ? Un peu de soleil, de bonne humeur ; malgré tout ce qu’il s’est passé ces derniers temps, je suis heureux de pouvoir… je sais pas. Je suis heureux. J’aimerais croire que je vais l’être. Pour le moment, le monde a le droit d’être un peu plus beau, juste un peu ; il a le droit de briller, d’être plus lumineux. Moi aussi, j’aimerais pouvoir me sentir dans cet état d’esprit. Seul, j’y arriverais jamais ; mais là… J’essaie, je m’y accroche, un peu comme un enfant s’accroche à la main de sa mère. Pas avec désespoir, mais avec un peu de frayeur.

Coupé dans mes pensées, j'acquiesce lorsque Gaetano me demande si je veux l'accompagner chez lui. Un peu au calme, peut-être ? À l'abri des regards, des oreilles indiscrètes ? Je ne réponds pas vraiment, me contente de reprendre la parole pour babiller des conneries. Je lui parle de Blobby, du fait qu'il bulle très bien dans son aquarium et que Gae lui manque un peu, je lui parle des futures vacances, en lui disant que j'ai prévu une sortie au zoo avec Tomoe et les petits. Je comble les blancs, souris, et me bagarre avec ma glace quand elle commence à me couler sur la main - ça, ça veut dire "mange et tais-toi", c'est un message de l'univers.

Rapidement, on arrive en vue de son appartement. Je le laisse ouvrir les portes, d'abord du rez-de chaussée puis de son appart, et je souris en coin lorsqu'il s'incline.

— Il ne manque que le haut de forme et l'uniforme de majordome, et tu serais très crédible, je ris en chatouillant sa nuque au passage, puis effleurer ses cheveux.

(Trop de mot en "-ome", ça m'a perturbé.)
Je m'étire un peu, dépose mes chaussures dans l'entrée et me dirige vers le salon par réflexe. Avec un petit soupir de contentement, je me laisse tomber sur le canapé de tout mon long. C'est fou comme passer d'un état de stress intense à cet état de béatitude fait du bien. Ça repose…

Je rouvre les yeux, un bras sur le front et un sourire au coin des lèvres.

— C'est bon, t'as de la place ? Sinon, faudra me jarter, là j'ai la flemme.

'Fin sauf s'il a grossi du cul, mais ça, c'est pas mon problème, je lui ai déjà dit qu'il devait faire un régime sans sucre. Mais si, je lui ai dit ça… quand… je lui ai coincé ma bière dans le pantalon… hum… J'ai honte quand j'y repense, tiens.

Je me pousse malgré tout pour lui laisser de la place à côté de ma tête, au cas où il voudrait s'assoir. Puis relève le regard vers lui.

— Tu ne m'as pas dit tout ce que tu avais à me dire, je suppose ? je soupire.

C'est bien ça le problème : on règle les choses les unes après les autres, mais il y a toujours quelque chose qui restera en suspens, derrière. On ne se dira jamais tout. C'est impossible. Pourtant, c'est pas par manque de confiance en l'autre, c'est plus… par manque de confiance en soi ?

Mes yeux se ferment, je retiens un nouveau soupir, puis souris. S'il préfère, je sais que je peux attendre. Mais il ne voulait pas parler que de Boston, tout à l'heure. Ni de l'entraînement. Et cette fois, je ne sais pas trop quoi en penser. Je resonge vaguement à ce qu'il m'avait déjà dit quand on était aux US ; c'est de Naples, qu'il veut me parler. Je sais que ce sera douloureux pour lui, ce sera sans doute aussi douloureux à entendre. Mais cette fois, je suis là, je suis réellement présent dans ma tête. Je ne suis pas parti à dix mille kilomètres. Pour le moment, je veux juste qu'il comprenne qu'il peut me faire confiance. Que je suis là.

Il s'approche et j'attends qu'il s'installe pour poser ma tête sur ses genoux, le fixer. Ma main glisse sur sa joue. Elle est froide, et ça me fait sourire pour une raison que j'ignore.

— On peut laisser ça pour plus tard si tu préfères. Mais si t'en as besoin, j'suis là. Même si je te l'ai pas beaucoup prouvé ces derniers temps, je continue néanmoins, à voix basse.

Comme par peur de briser le silence. Comme par peur de dire une bêtise. Mais aussi parce que j'ai honte.

Il faut simplement qu'on arrête de fuir.



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