Mon cri résonna à travers la brume du petit matin et je tremblai en arrêtant. Mais j'avais tout lâcher. J'avais finis de pleurer. Je n'avancerai plus mais je mourrai c'était une certitude mais au moins avais-je enfin su extérioriser la douleur. Je sanglote silencieusement, détruite, regardant le sol, bien des mètres plus bas. Tout est flou et pourtant, je n'ai jamais vu aussi clairement. Je vais mourir et pourtant, je n'ai aucune peur. Aucune crainte. Je vais mourir. Délivrance bienvenue, liberté inattendue, sourire revenue. Mais il fallait jouer la comédie car jamais ils ne me laisseraient partir, par conscience ou par culpabilité, nul ne le sait.
Je sentis une main sur mon épaule et je séchai mes larmes, me tournant, souriante vers Ipiu. Faible sourire que j'avais là et pourtant, je souriais. Fièrement. Parce que si Ipiu croirait que j'avais compris, moi, je savais que je souriais à ma fin prochaine. Personne ne le saurait jusqu'au jour où je sauterais. Un pas en avant, deux en arrière, ce jour là, la chute ne serait pas vaine.

« On descend. »

On est redescendue et elle a essuyé ma dernière larme, me souriant. Je lui ai rendue son sourire parce que malgré tout, j'étais heureuse d'avoir ce moment privilégié avec elle, pour lui dire au revoir. Je ne l'aurais pas forcément avec les autres.

« Allez p’tit déj miss. As-tu encore besoin de moi ?»

Non Ipiu je n'avais plus besoin de toi. Mais j'avais envie d'un vrai au revoir, pas d'un qui serait bâclé au bon plaisir d'un dernier sourire.
J'ai approuvé d'un mouvement de tête.

- Besoin non. Mais j'aimerai... Enfin... On pourrait peut-être rester un petit moment ensemble non?

C'était la première fois depuis l'incident que je demandai à rester dehors avec quelqu'un. Blue aurait été fière de moi. Même si c'était la perspective de la retrouver qui me donner sourire aux lèvres.

Le dégout sentiment doux amer que m’impose ton sourire. Tu sais gamine, on ne change jamais de masque trop vite. Il faut des demi-teintes. Sauf que des demi-teintes tu ne maitrises pas. Ton personnage est incomplet gamine. Assez incomplet pour que je vois à travers. Je connais les masques j’en ai porté toute ma vie. J’en porterais toute ma vie.

Je ne peux qu’être un masque. Un masque qui n’a même pas de nom. Je joue un personnage qui n’a jamais existé, alors oui. Je sais que tu veux me cacher quelque chose. Sauf que je n’imagine que trop bien le secret que tu veux me cacher. Je le devine et n’en dis rien. C’est ton choix. Le choix de la lâcheté. Non Ipiu. Tu te trompes.

Elle n’a pas le courage de surmonter sa peine et de changer le monde qui lui a pris sa sœur. C’est une lâche. Elle a fait son choix, toi mieux que quiconque devrais pouvoir comprendre. Ce n’est pas forcément qu’elle est lâche, mais quand on ne supporte plus la douleur, la mort peut être une délivrance. Elle est faible. C’est tout. Quand bien même ? Son choix reste sien. Tu n’es en nul droit de le jouer. Empêche la ! Non. Sa liberté est la seule chose qui lui reste.

Tu vas la laisser mourir ? Si c’est son choix je n’ai nul droit d’interférer. Je ne la connais pas assez. Je pourrais la surveiller, l’empêcher un moment mais je ne resterais pas toute sa vie sur son dos. Elle a fait un choix irrévocable. Tu es cruelle. Je place la liberté avant tout. C’est le seul bien que je ne possèderais jamais. Je n’ai nul droit de la retenir. Tu veux qu’elle meure c’est ça ? Non. Je ne le veux pas.

« Désolée Lude, mais ne me demande pas de jouer la comédie du bonheur. T’as fait tes choix, je ne vais pas créer l’illusion que je les accepte. Tu les assumeras seule. »

Je ne souris plus. Vraiment plus. Je me détourne sur ces rudes paroles. Je ne la retiendrais pas. Je ne cautionnerais cependant pas. Je ne suis pas en colère contre elle. Je suis seulement déçue. Non pas déçue. Blessée. Ca fait mal putain. Mais ça. C’est pas son problème et je le sais. Quand on décide de mourir, après tout, c’est bien qu’on se fout des autres…

Egoïste. Est-ce un mal ? Quand tu fais souffrir les autres c’est toujours mal. Tu dois toujours être forte pour les autres. Tu l’as compris toi. Mais ce n’est pas vraiment exister. mourir c’est être mort tout à fait. Vaut mieux vivre par procuration que pas du tout. Dès lors que l’on passe sa vie à souffrir, ce n'est plus réellement une vie tu sais ?[/i]

« Désolée Lude, mais ne me demande pas de jouer la comédie du bonheur. T’as fait tes choix, je ne vais pas créer l’illusion que je les accepte. Tu les assumeras seule. »

Ipiu ne souriait plus du tout, et cette perspective me plaisait bien. Je préférais qu'elle me haïsse plutôt que je ne la déçoive c'est vrai mais au final quelle importance puisque j'allais partir? Parti sans un regard en arrière. Le seul qui aurait vraiment le droit de m'en vouloir, c'était Rin finalement. Je lui avait mentis plus qu'au autre, affirmant que oui, ça irait. Il allait m'en vouloir et moi, m'en voudrai-je ou n'en aurai-je pas conscience? Je n'en savais rien mais qu'importe, il comprendrait, comme les autres. Et il referait sa vie comme je l'y ai tant poussé une nuit, sur un toit vide de monde alors que je le voyais alors pour la première fois.

- Tu vois Ipiu, si tu avais compris ça il y a quelques heures, tu nous aurais évité des au revoir bien triste. Tu as peut-être réussis à accepter qui tu es, mais ne crois pas que moi, je le pourrais, ce qu'il sait passé ce jour-là, tu n'en connais pas le tiers, tu n'étais pas là.

J'ai marquais une pause, ne sachant pas vraiment comment continuer. Mon sourire s'était perdu dans les méandres d'un souvenir et je ne savais comme lui dire au revoir.

- Je te remercie d'avoir tenté de me remonter le moral et de me prouver que cela vaut la peine de se battre mais j'ai tout perdu Ipiu. Plus que ma raison de vivre ou mon bonheur, ce jour-là, je me suis perdue. J'ai perdu plus que de raison, j'y ai perdu ma vie. Alors non, mon choix ne te convient pas, et sûrement que comme d'autre, tu me diras lâche mais je ne peux plus vivre ainsi. Sur ce, adieu Ipiu.

Et je me retournai. J'ai courus jusqu'à ma chambre. Quand je sauterai, je ne le savais. Mais j'allais en finir. Un jour. Quand j'aurais achevé ma tâche ici. Quand j'en aurais finis avec la vie.

Ton regard n’est malheureusement pas étonné. Elle s’en prend à toi croyant te blesser. Tu étais elle il n’y a peu. Déteste moi te crie-t-elle du fond de son âme. Tu détestes les masques et son masque est tombé. Son choix elle l’a fait et tu l’y as poussé. Tu ne voulais la laisser incertaine sur le chemin de l’existence la voilà qui chevauche sur le chemin du trépas.

Elle essaie de t’atteindre, n’y réussit guère. Déjà tu t’es égarée dans ton chagrin. Dans ton incompréhension. Elle pense que t’es acceptée et au fond elle se trompe. Tu ne t’accepteras jamais car tu es impardonnable. Tu as fait le choix de continuer malgré tout, toujours droite. Te redressant. Tu as fait ce choix et tu en portes chaque nouveau jour la culpabilité. Alors oui vous serez à jamais différente, car continuer à vivre était ton dernier renoncement.

Tu poses ton regard vide su elle et la regarde partir. Elle pense t’avoir déçue, elle a tort. Tu t’es déçue et tu ne sais plus quoi faire, figée que tu es au pied de cet arbre. Ta main s’accroche à son écorce comme un dernier rempart pour garder ton équilibre. Tu ne pleures pas les larmes ne soulageraient pas ton cœur. Tu ne peux rien pour l’oiseau qui fauché par le vent a luté trop longtemps dans la tourmente. Fatigué il a cessé de se débattre. Fatigué il s’est laissé aller.

Tu t’effondres sur le sol, petite boule de douleur. Des sanglots silencieux montent et tu sais que tes larmes sont inutiles. Alors tu te redresses. Tu te redresses et te presse contre cet arbre qui pour toi est chargé de souvenirs. Tu es blessée. Ecœurée. La vie encore une vois te broie et te recrache te montrant qu’elle ne veut pas de toi et que tu lui es inutile. Pourtant tes poumons continuent à s’emplir de cet air.

Cet air qui empoise tout ce qu’il touche et le promet à une mort certaine. Tu te tends vers l’arbre essayant de capter la vie en lui, mais les signaux qu’il transmet sont trop lents pour que tu les entendes. Nathanaël le pourrait lui.

Nath…

C’est une envie. Non. C’est un besoin. Je dois le voir.