Je sentais le ventre de Hero vibrer doucement sous l'effet, je le savais, d'un grondement très bas. Je ne pouvais pas l'entendre mais je savais qu'il grondait. La voix de Joyce claqua :

Non mais c'est quoi cte question conne là?! Bien sûr que je viens t'aider! Dis moi ce que je dois faire!

Elle sourit tout de suite après, me rassurant au passage. Ouf, j'ai cru que je l'avais remise en colère. Elle me posa un baiser sur la joue, ce qui eut pour effet de me faire rougir. Ça me rappelait une certaine Lindsey, qui s'amusait à me taquiner à ce sujet... Je fus sorti de mes pensées par Joyce.

Et cesse de t'inquiéter, il va s'en remettre Liam.

Je haussais un sourcil. Elle était trop gentille, de me rassurer comme ça. J'espère qu'elle avait plus de défense que ça, sinon elle allait se faire avoir. Pas par moi, je suis loyal, mais par quelqu'un d'autre. Et la trahison est la pire chose qui puisse arriver... Je me ressaisis et me secouais les puces :

J'espère bien. Il a survécu à des descentes de police, et une attaque de lion, il a pas intérêt à me claquer entre les mains, ou je compte bien le ramener par la peau du cou pour lui faire la leçon !

Je ne plaisantais qu'à moitié.

Bon, je vais le porter jusqu'à la chambre. Là-bas, je l'enfermerais dans la salle de bain et je prendrais ce qu'il me faut dans la salle de bain. Il n'osera pas te mordre, alors il faudra que tu le soigne pendant que je le tiendrais. Comme ça, c'est à moi qu'il s'attaquera. (J'inspirais un coup en pensant à la scène qui allait se dérouler) Ne te préoccupe pas de moi, et ne sois pas effrayée s'il se met à hurler. Il proteste toujours beaucoup mais tu devras être implacable. Et engueule-le s'il fait mine de t'attaquer.

Voilà, tout était dit. Je posais le loup sur mes épaules, le tenant aux pattes. Un peu comme le ferais un berger pour un agneau. Ce devait être hilarant à voir, mais c'est comme ça que je pourrais le porter sans qu'il ne subisse trop de secousses. J'allais me mettre en route lorsque Joyce prit la parole :

Excuse moi pour tout à l'heure... Non en fait... Excuse-moi pour aujourd'hui. J'ai tout fais de travers mais... Tu sais... Enfin... Quand je t'ai appelé je... Enfin... J'avais plus vraiment conscience de ce que je faisais... Et puis après... C'est pas facile pour moi d'avouer que j'ai fais une boulette... Encore moins quand on me crache au visage mes quatre vérités... Enfin bref... J'ai pas assuré désolée Liam... Et désolée Héro... C'est un peu ma faute si t'es aller dans cette arène, je te promets que si je retrouve ces fous, je leur fais la peau.

Le regard que lui lança Hero était tout sauf sauvage. Il semblait presque lui sourire. J'eus une bouffée de jalousie qui passa comme elle était arrivée. Puis je souris à le jeune fille :

J'ai merdé aussi, et pas qu'aujourd'hui... Mais si tu veux bien, une fois que nous aurons soigné Hero, tu pourras me raconter ce qui t'as mise dans cet état. Ce n'est pas de la curiosité déplacée, je veux juste t'aider, parce que c'est ce que je ferais toujours pour n'importe qui.

Je disais la vérité. Et si elle ne voulait pas m'en parler, je n'insisterais pas.

J'espère bien. Il a survécu à des descentes de police, et une attaque de lion, il a pas intérêt à me claquer entre les mains, ou je compte bien le ramener par la peau du cou pour lui faire la leçon !

J'ai ris d'un rire nerveux, stressé.

Bon, je vais le porter jusqu'à la chambre. Là-bas, je l'enfermerais dans la salle de bain et je prendrais ce qu'il me faut dans la salle de bain. Il n'osera pas te mordre, alors il faudra que tu le soigne pendant que je le tiendrais. Comme ça, c'est à moi qu'il s'attaquera. Ne te préoccupe pas de moi, et ne sois pas effrayée s'il se met à hurler. Il proteste toujours beaucoup mais tu devras être implacable. Et engueule-le s'il fait mine de t'attaquer.

Moi effrayée? Liam me connaissait peu. J'avais peur de peu de chose. De la colère des gens en faîte. L'une de mes rares peur, d'où mon recul tout à l'heure. Mais j'ai rien dis, je me suis tus et j'ai acquiescé .
La façon dont il a prit le loup m'a fait rire doucement. J'avais pas beaucoup rit depuis le matin en vrai. Mon rire semblait déplacé alors j'ai arrêté.
Lorsque l'animal me regarda, on aurait qu'il était amusé de ma réaction. Je l'ai caressé doucement, faisant attention. Il ne me ferait pas de mal. Je le savais sans en être sur mais j'avais confiance en lui.
Je sentis Liam un peu jaloux et j'ai souris. Sans rire et sans moquerie. Et puis il reprit la parole.

J'ai merdé aussi, et pas qu'aujourd'hui... Mais si tu veux bien, une fois que nous aurons soigné Hero, tu pourras me raconter ce qui t'as mise dans cet état. Ce n'est pas de la curiosité déplacée, je veux juste t'aider, parce que c'est ce que je ferais toujours pour n'importe qui.

Pour n'importe qui? Ca m'avait refroidis sans que je comprenne vraiment pourquoi. Raaaah fierté mal placé et doutes infondés!

- Mmh...

Ouhouh à croire que je voulais pas arranger la situation. Fierté mal placé, quand tu parles, tout le monde se tait. N'importe qui... tssss. Maladroit ou franc? Bonne question. Oui j'étais un peu refroidis. Après tout, il avait refusé pas mal de mes initiatives aujourd'hui. Raaaah je me haïssais! Une envie de me frapper la tête contre un mur me prit mais je ne dis rien.

- Disons simplement que le terme de "folle" m'a un peu blessé.

Mon ton était sec, froid et dur. Frustrée, je redevenais celle qu'avant, j'étais. Distante avec le reste du monde, en particulier avec ceux auquel j'étais attaché. Zut!

Je vis Joyce changer peu à peu. Elle arrêta de rire, puis même de sourire. Avais-je fait quelque chose de mal..?

Mmh...

Il semblerait que j'ai dis quelque chose de mal, effectivement. Et mes excuses avaient du mal à passer apparemment. Je baissais les yeux sur mes baskets, penaud. Cette fois-ci, je ne voulais vraiment pas la blesser... Avais-je été trop brusque ? Peut-être qu'elle n'avait pas apprécié quelque chose que j'ai dis. Je cherchais dans mes paroles quelque chose qui aurait pu la vexer. Je l'avais prévenue de ne pas avoir peur. Pensait-elle que je la prenait pour une trouillarde ? Oui, ça devait être ça... Oh là là, comment m'excuser sans qu'elle se mette en colère..? J'allais surement tout foutre en l'air à nouveau ! L'angoisse me tordit l'estomac. Je me mis en marche et Joyce me suivit. Elle reprit :

Disons simplement que le terme de "folle" m'a un peu blessé.

La culpabilité se mêla à l'angoisse et je me recroquevillais à nouveau :

Excuse-moi... Je ne voulais pas te blesser... Tu es quelqu'un de bien et je suis attaché à toi, c'est pour ça que j'ai eu très peur en écoutant ton message. Et ça m'a mit dans un tel état que ma parole a dépassé de loin ma pensée. Alors je suis désolé.

J'évitais de croiser son regard et enchainais très vite :

Et ne crois pas que je te prenne pour une trouillarde ! Je veux dire, tu es courageuse, et je m'incline volontiers devant toi pour être aller voir ces brutes toute seule dans l'arène. Ce que je voulais dire par "ne sois pas effrayée" c'est que Hero est très impressionnant et je ne voulais as que tu sois surprise... Enfin, euh... Ce que je veux dire c'est... Euh...

Je finis en bredouillant un truc incompréhensible et glissais un regard craintif à Joyce. L'avais-je encore mise en colère ?

J'ai vu Liam baisser la tête, l'air penaud. Oops, je crois que je l'avais un peu trop laisser voir à quel point ses paroles me touchaient. Me blessaient. Je ne sais même pas pourquoi. Sans me regarder, continuant d'avancer, il a prit la parole, d'une voix pleine de culpabilité.

Excuse-moi... Je ne voulais pas te blesser... Tu es quelqu'un de bien et je suis attaché à toi, c'est pour ça que j'ai eu très peur en écoutant ton message. Et ça m'a mit dans un tel état que ma parole a dépassé de loin ma pensée. Alors je suis désolé.

J'ai stopé net. What?! Il avait dis quoi là? Un petit sourire triste s'est dessiné sur mes lèvres. Rarement je les avais entendu ceux-là. Rarement. Jamais depuis six ans.
Je le voyais trop mal, limite craintif. Non carrément craintif. Pourquoi?

Et ne crois pas que je te prenne pour une trouillarde ! Je veux dire, tu es courageuse, et je m'incline volontiers devant toi pour être aller voir ces brutes toute seule dans l'arène. Ce que je voulais dire par "ne sois pas effrayée" c'est que Hero est très impressionnant et je ne voulais as que tu sois surprise... Enfin, euh... Ce que je veux dire c'est... Euh...

Il m'a glissé un regard en coin alors que je revenais à sa hauteur. Hero devait profiter de la balade tiens!
Attendez, il croyait vraiment que je lui en voulais pour ça. Un petit rire m'a glissé entre les lèvres et j'ai pas eu le temps de le retenir.

- T'affoles pas Liam, je t'en veux pas. T'as pas à t'excuser. Ni pour aujourd'hui, ni pour la dernière fois. J'ai merdé c'est tout, ça arrive et je ferai en sorte de plus le faire. J'apprécierai pas de te perdre comme ça.

On a continué à marcher mais une question me brûler les lèvres. Autant la lui poser, quitte à le gêner.

- Dis Liam... Pourquoi t'es aussi craintif? T'as peur de moi ou quoi?

La queue de Hero me battait doucement l'épaule, mais son grondement ne s'était pas arrêté, signe qu'il était de mauvaise humeur à cause de ses blessures. Oh je le comprenais. Mon avant-bras m'élançait douloureusement. Je me vengerais. Un jour peut-être. Ou pas, on verra bien. Je regardais discrètement Joyce, pas très sûr de moi. Elle laissa échapper un rire et je me sentis un peu mieux.

T'affoles pas Liam, je t'en veux pas. T'as pas à t'excuser. Ni pour aujourd'hui, ni pour la dernière fois. J'ai merdé c'est tout, ça arrive et je ferai en sorte de plus le faire. J'apprécierai pas de te perdre comme ça.

Je lui lançais un regard reconnaissant. Elle faisait des efforts pour moi, j'allais devoir faire de même. Surtout, je ne voulais pas la décevoir, ce serait la pire des choses pour moi ! Nous marchâmes en silence. Celui-ci était quelque peu gêné mais il ne contenait aucune colère. J'en fus rassuré. Joyce prit la parole :

Dis Liam... Pourquoi t'es aussi craintif? T'as peur de moi ou quoi?

Surpris, je laissais échapper un aboiement, presque un rire. Moi, peur d'elle ? Mais elle est bien plus petite que moi et parait presque frêle ! Je lui sourit :

Je ne suis pas spécialement craintif... (je réfléchis un instant) En fait, je le suis, mais seulement quand il s'agit de me battre. Je n'aime pas ça. Pour ce qui est de choisir mes mots, je ne suis pas craintif, juste extrêmement prudent. Je ne veux pas te vexer, mais tu me fait l'impression d'une bombe à retardement. Je ne sais pas ce qui te fera exploser, et je ne veux pas te mettre en colère ou te blesser. Ni te rendre triste.

J'espérais qu'elle comprendrait. Nous entrâmes dans le bâtiment des chambres.

Je ne suis pas spécialement craintif...  En fait, je le suis, mais seulement quand il s'agit de me battre. Je n'aime pas ça. Pour ce qui est de choisir mes mots, je ne suis pas craintif, juste extrêmement prudent. Je ne veux pas te vexer, mais tu me fait l'impression d'une bombe à retardement. Je ne sais pas ce qui te fera exploser, et je ne veux pas te mettre en colère ou te blesser. Ni te rendre triste.

Ce qui est bien, c'est que quand je parlais à Liam, j'avais l'impression de pouvoir m'exprimer librement et sans retenue. Bien sûr je choisissais mes mots mais au moins, je savais qu'il jugerait pas. Je l'appréciais aussi pour ça.
J'ai réfléchis un instant. Il m'avait déjà mise en colère. Il m'avait déjà blessé et m'avais déjà rendu triste. Alors pourquoi je restais comme une idiote? Attachée et prise d'affection pour lui, je restai... Why?

- Une bombe à retardement? Moi? Arrête je suis douce comme un agneau!

Je riais, un petit sourire aux lèvres. Tout allait un peu mieux. On arrivai au bâtiment. Un petit silence c'était installé entre nous.

- Sinon... Je peux te demander un service? En fait... Tu te souviens la chanson de la dernière fois?

Comment aurions-nous pu oublier avec le désastre que cela avait provoqué? Un vrai bazars! Première rencontre, première dispute. On était des cas quand même!  

- J'aimerai pouvoir la jouer et je peux pas... T'es le seul à qui je peux demander ça... Tu voudrai bien... M'aider?

Oui moi Joyce Noran demandant de l'aide. Bienvenu dans le monde à l'envers!

Joyce m'écouta débiter ma tirade l'air pensif. Oups, j'en ai trop dit, ça me fait bizarre de tout lâcher comme ça. On ne se connait pas depuis longtemps, mais il semblerait que l'on se soit attaqué l'un à l'autre. C'est étrange quand on y pense. Parfois, il suffit d'un regard pour savoir si on aime ou on déteste une personne ou une autre. Je me demande comment ça se fait. Je ris au nez du prochain qui me dira que l'amitié se construit sur plusieurs décennies ! J'appelle pas ça de l'amitié juste des relations, quoique... Il en faut peu pour qu'une trahison survienne pour ce genre d'amitié. Je sais qu'un lien peut se construire en quelques minutes et qu'il est difficilement possible de le détruire après ça. Je comptais bien renforcer le lien entre Joyce et moi ! Je l'apprécie après tout.

Une bombe à retardement? Moi? Arrête je suis douce comme un agneau!

Je haussais un sourcil, mais un sourire me trahit bien vite et je laissais échapper un rire. Elle, douce ? Bon sang, entre les boules de feu et les cris, j'imagine pas ce que ça doit être quand elle pète totalement les plombs ! Un silence s'installa entre nous, agréable. Je sentais le ballottement de la tête de Hero sur mes épaules. Le silence fut rapidement brisé :

Sinon... Je peux te demander un service? En fait... Tu te souviens la chanson de la dernière fois?

J'acquiesçais sans un mot. Comment l'oublier ? C'est à cause d'elle que je l'avais fait pleurer. J'attendis que Joyce reprenne :

J'aimerai pouvoir la jouer et je peux pas... T'es le seul à qui je peux demander ça... Tu voudrai bien... M'aider?

Je souris. C'était donc ça qui l'avait mise dans cet état cette après-midi ? Je vois. Pas étonnant qu'elle ait été sur les nerfs.

Je t'aiderais du mieux que je peux, promis.

Après tout, je lui devais bien ça. Nous grimpâmes les escaliers et j'entrais dans ma chambre, Joyce à ma suite. Je déposais tout de suite le loup dans la salle de bain et l'enfermais. Ensuite, je me baissais sous le lit et en tirais une boite métallique de taille moyenne, blanche avec une croix rouge dessus. Ouais, bingo, c'est la boite de secours, quelle déduction ! Hem. Je sortis le désinfectant et les bandages. C'était maintenant que ça se compliquait : il y en avait un qui allait hurler. Je regardais Joyce :

Je m'occuperais juste de la blessure au museau... Prête ?

Il a rit et c'était juste ce dont j'avais envie. J'aimais pas voir les gens tristes. Mais qui aime ça? Il a sourit quand je lui ai demandé de l'aide, comme s'il acceptait, ce que sa réponse ne tarda pas à confirmer.

Je t'aiderais du mieux que je peux, promis.

Merci Liam. T'es pas obligé.

Et je le pensais sincèrement. On est monté et Liam a ouvert la porte. Sans clé. Il laisse souvent sa porte pas... Ah OK. J'ai compris. La précipitation l'avait fait oublier de fermer. Encore une chose dont j'étais responsable.
Il a enfermé le loups dans la salle de bain et m'a regardé après avoir chopé une trousse de secours.

Je m'occuperais juste de la blessure au museau... Prête ?

J'ai acquiescé sans un mot. En fait, j'avais pas vraiment peur de me faire bouffer. J'avais juste peur de pas supporter la douleur d'Hero. Et de pas supporter de voir Liam souffrir si le loups se retournait contre lui. J'avais pas envie de revoir la couleur du sang. Je devais être pâle comme la mort mais j'ai attrapé la trousse de secours et j'ai attendus que Liam tienne Hero pour m'agenouiller devant lui et sortir de quoi le soigner. Putain c'était profond. Du sang suintait. Je ne tremblais pas mais j'avais un peu de mal. Je me suis attachée les cheveux, dégageant mon visage. J'ai inspiré et j'ai fais le plus doucement possible. Ca a pas empêché Hero de gueuler à la mort. Il m'a grogné d'une telle force que j'en ai eu les frissons. Mais hors de question que je laisse Liam gérer seul. Et il avait assez de soucis à se faire attaquer par ma faute. Après tout, si je n'avais pas commencé, l'animal n'aurait pas finit dans l'arène.
A un moment, y a eu une entaille plus profonde que les autres. Hero s'est retourné contre Liam je crois. J'ai pas supporté et je me suis arrêtée un instant, plus pâle que jamais face à tout ça. La douleur, le sang, les blessures... Une impression de déjà vu difficile à avaler. J'ai tenu bon et j'ai recommencé à panser l'animal, caressant de temps à autre ses oreilles, afin d'apaiser sa souffrance. J'ai eu beaucoup de mal à terminer, mais je n'étais pas peu fière d'avoir réussi. Même si Liam devait s'inquiéter de ma perte de couleur.

Joyce était pale, j'avais peur de lui en demander trop. Après tout, elle n'était pas obligée de m'aider, c'était en partie de ma faute si Hero s'était retrouvé dans cet état. Je ne l'avais pas bien surveillé, et j'aurais du savoir qu'il se précipiterait à la suite du paquet en pensant à un jeu. Mais non, j'avais pas tilté et voilà dans quel état il se retrouvait. Désormais, je me retrouve avec un loup grognon et tout cassé et sans cigarettes... Ma vie est un enfer.
Joyce attrapa la trousse de toilette et nous entrâmes dans la salle de bain. J'attrapais Hero comme je pus et fit signe à Joyce de s'approcher. Elle a sorti de quoi le soigner et a attaqué les blessures les plus profondes. Je voyais qu'elle n'aimait pas ça et qu'elle essayait d'être la plus douce possible. Mais Hero, dès qu'il sentit le désinfectant, se mit à hurler à mort et à claquer des dents pour nous dissuader. Raté mon pote. Soudain, il se tourna vers Joyce et gronda violemment, les crocs découverts. Je vis une étincelle de peur dans ses yeux et je tapais sur la truffe de Hero. Il m'aboya dessus pour montrer son désaccord.

Oh, tu te tais ! Le grondais-je.

Joyce dut s'attaquer à une coupure plus douloureuse car Hero se retourna contre moi, m'attrapant l'épaule entre ses crocs. Je fronçais le nez mais ne me dégageais pas. Ça aurait été stupide de ma part car ça n'aurait servi qu'à me déchiqueter l'épaule encore plus. Les soins durèrent encore quelques minutes durant lesquelles Joyce pâlit encore (apparemment c'était possible) et Hero resserra sa morsure sur mon épaule, puis je vis la jeune fille se reculer. Je me redressais lorsque Hero me lâcha et regardais le travail. Le pelage du loup était humide et certaines coupures étaient bandées. Je souris.
Ne restait que le museau. Cette fois, pas question qu'il me morde. Je sortis de la pièce et revins avec un gros jouet en caoutchouc. Hero mordit dedans sans entrain et je pus nettoyer la plaie sans morsure, mais avec force de grognements. Une fois le soin terminé, je me reculais et pressais mes mains l'une contre l'autre pour les empêcher de trembler. Je me tournais vers Joyce :

Tu vas bien ? On dirait un fantôme tellement tu es blanche.

Je sursautai quand Hero se tourna vers Liam, tout crocs dehors. Mon Dieu Liam.. C'était de ma faute, admettons le. C'est la boule au ventre que j'ai finis de panser le loups, tentant de faire plus doucement, afin d'éviter à Liam de nouvelles blessures. Je voyais bien qu'il avait eu mal. Je m'occuperait de lui après. Je me l'étais promis.
Liam, quand j'ai eu finit, a prit ma place et je me suis assise contre mur. Je n'aimais pas la vision du sang. Si avec Plume j'avais su y faire face, avec Hero, c'était plus profond, plus douloureux... J'avais pas vraiment supporté.

Tu vas bien ? On dirait un fantôme tellement tu es blanche.

J'ai regardé Liam et j'ai hoché la tête, comme une enfant apeurée. Fallait que je me ressaisisse. Et vite! J'ai secoué la tête et j'ai seulement capté qu'il avait finit de soigner le loups.
Je me suis avancée vers Liam et recouvrant mon sang froid j'ai désigné son épaule et son bras.

- A toi maintenant. Et je te préviens, je ne sors pas d'ici tant que je ne t'ai pas soigné. Et ne tente même pas de me foutre à la porte.

Je lui ai souris et me nettoyant les mains pour enlever poil et sable provenant de la fourrure du loups, je me suis tournée vers mon ami. Je lui laissais pas le choix. J'ai commencé par son bras. Aucune gêne. Les entailles étaient profondes mais pas bien épaisse. Vous avez déjà vu les crocs d'un loup? Imaginez une taille  de cette taille. Liam avait dû souffrir. Tout ça pour pas que je me blesse. Pour que personne ne se blesse.

- Pourquoi tu fais tout ça pour moi Liam? Pourquoi t'es aussi gentil?

Je faisais doucement, faisant attention à ne lui faire que peu de mal. Je me mordais la lèvre tellement j'avais peur de lui faire mal. Je crois n'avoir jamais été aussi douce de ma vie.

Joyce acquiesça mais je doutais de la véracité de sa réponse. Hero s'éloigna en me fusillant du regard et alla s'allonger plus loin. C'est ça, tu me remercieras plus tard, mon pote. Joyce était toute pâle et je voyais bien que quelque chose n'allait pas. Pourtant je ne dis rien et n'insistais pas. Je la regardais secouer la tête, comme pour remettre ses idées en place puis s'avancer vers moi. Je m'assis en tailleurs et la regardais venir. Ah, j'aurais aimé fumer une clope après tout ça... Juste une... Même pas, juste une bouffée. Mais non... Plus de cigarettes... Joyce pointe mon épaule et mon bras.

A toi maintenant. Et je te préviens, je ne sors pas d'ici tant que je ne t'ai pas soigné. Et ne tente même pas de me foutre à la porte.

Hein ? HEIIIN ? Nan mais nan !! Je la regard laver ses mains, les yeux écarquillés puis s'approcher de moi. Nan, mais elle compte pas me soigner pour de vrai ? Si ? Euh... Bon... Pas le choix. J'étouffais un grognement lorsqu'elle prit mon bras. Même si Hero n'avais pas mordu aussi fort qu'à l'épaule, ça saignait quand même et ça m'élançait doucement. Je gardais les yeux baissés, sans rien dire. Depuis ma Saya, personne ne m'avait jamais soigné... C'était un sentiment étrange, plein de nostalgie. Je revis son sourire, ses jolies fossettes et ses mains si douces... Elle me manquait toujours, et ça m'étouffait presque en ce moment. Joyce me tira de mes rêveries :

Pourquoi tu fais tout ça pour moi Liam? Pourquoi t'es aussi gentil?

Je me forçais à ne plus penser à Saya et la regardais, posant ma main sur la sienne alors qu'elle terminait de soigner mon bras.

Parce que c'est dans ma nature. J'aime aider les autres. J'ai passé des années à dépendre de l'aide d'étrangers et je me dis que c'est à moi de soulager les autres...

Je revis tous les gens qui nous avaient accueillis chez eux, mon père, Hero et moi, alors que nous étions tout crottés, et que nous avions l'air de sans-abris. Toutes ces années à accepter l'aide des autres...

Liam avait l'air pensif, un peu rêveur, plein de nostalgie et de mélancolie à la fois, le regard baissé, comme par peur de croisé le regard d'une personne plutôt qu'une autre.
Hero nous avait laissé sur un dernier regard haineux pour aller se coucher dans la chambre. J'ai soigner Liam avec douceur, repensant à bien des choses.
Il avait eut l'air gêné quand j'avais affirmé ma volonté de le soigner. Je n'étais pas timide mais j'oubliais parfois que lui l'étais. Notez que vu la scène qu'il m'avait fait un peu plus tôt, y avait de quoi se poser des questions quand même!
Ma remarque sembla le sortir de sa rêverie et sa main se posa sur la mienne.

Parce que c'est dans ma nature. J'aime aider les autres. J'ai passé des années à dépendre de l'aide d'étrangers et je me dis que c'est à moi de soulager les autres...

J'ai acquiescé sans un mot, comprenant bien ce qu'il me disait. Quand papa est mort, beaucoup de nos voisins sont venus aider ma famille. Ma mère étant quasiment incapable de supporter ses enfants ou sa maison par souvenir, je m'occupai de pratiquement tout. Certaines connaissances ont aidé. Financièrement, matériellement, moralement... Tous les moyens étaient bons. Ils nous ont fait bien du bien durant ses cinq années.
Je l'ai regardé.

- Enlève ton haut Liam. Hero t'a attrapé l'épaule et j'aimerai y jeter un coups d’œil.

Je lui ai pas laissé le choix et j'ai attendu qu'il m'obéisse. La plaie était plus profonde ici. J'ai fait doucement mais la douleur devait tout de même être là. Il était dos à moi, aussi ne voyait-il pas à quel point j'étais désolée. Ma faute.
Le soignant, sans m'en rendre vraiment compte, j'ai fredonné une chanson de petite fille. Une de celle que maman me chantait. Un moment, je n'avais plus pu la supporter et voila que je la fredonnais en soignant un amis.
J'ai posé des bandages, et j'ai fait attention à ne pas faire trop de mal à Liam. Un petit sourire plein de nostalgie a ourlé mes lèvres et je n'ai pu m'empêcher de repenser à avant.
Dés que j'eus finis, je me relevée et rangea la trousse de secours à sa place.

- Et voilà les deux blessés, j'ai fait mon boulot d'infirmière.

J'ai souris à Liam avec un brin de culpabilité. "Désolée" semblait dire mon sourire. J'ai caressé Hero avec ferveur.

- Et toi arrête de faire du mal à ton maître, tu te rends pas compte de la chance que t'as de l'avoir!

Doucement, en faisant attention à ne pas brusquer l'animal, j'ai posé un baiser sur son museau. On aurait pas dit que j'étais une fille tout feu tout flamme. Je me suis redressée et j'ai regardé Liam. Et maintenant?

- Bon ben... Tu dois avoir plus important à faire alors ben... Tu veux que je te laisse?

J'avais pas envie de partir. Comme la première fois. Comme sûrement les prochaines. Je voulais pas déranger, mais vu comment la journée c'était passé, Liam devait avoir envie que je débarrasse le plancher. Néanmoins, j'ai attendu sa réponse.

Joyce acquiesça. Elle semblait comprendre. Peut-être qu'elle aussi avait dépendu de l'aide d'autres personnes pendant un temps. Mais comme elle n'en parla pas, je respectais son silence et ne posais pas de questions. Chacun ses secrets. ils se révéleront au moment où ils e devront. Il parait que mon respect pour la vie et la souffrance des autres est une de mes qualités mais aussi parfois un de mes défauts. Pourquoi ? Parce que parfois, il faut aller vers les autres pour aider. Joyce posa son regard sur moi.

Enlève ton haut Liam. Hero t'a attrapé l'épaule et j'aimerai y jeter un coups d’œil.

QUOI ?! Ah. Oui, mais bon... Mais non, mais ça va. Si je lui réponds ça je vais me faire défoncer. J'enlevais donc mon t-shirt, agacé par les trous que je repérais dedans. Hero n'avait pas intérêt à se blesser autant tous les jours parce que sinon la dépense en t-shirts va être impossible... Déjà que ma garde-robe laisse à décider. Quoi, je suis pas une fille, et je suis encore moins adepte du shopping. Vous avez déjà vu un jeune avec un chien et des dreads entrer dans un magasin de fringues ? Moi non plus. Mais il allait falloir. Et Il allait falloir que je me trouve un boulot illico presto.
Je tressaillis lorsque le désinfectant entra en contact avec la morsure. Alors, maintenant je comprends Hero... Bon sang que ça fait mal !! Ça piiiiique ! Je savais sans le vois que cette fois, la morsure était plus profonde car l'élancement allait jusqu'à mon coude. Je serrais les dents et ne dis rien, luttant contre la douleur. Satané loup, il allait le regretter. Joyce posa les bandages, serrant un peu et m'arrachant un grognement de douleur. Elle rangea ensuite la trousse de toilette. J'attrapais un T-shirt noir qui trônait sur le sèche-linge et l'enfilais sans plus de cérémonie.

Et voilà les deux blessés, j'ai fait mon boulot d'infirmière.

Je souris et embrassais son front :

Tu es un amour, merci beaucoup !

J'aurais fait exactement pareil avec Saya, pensais-je à retardement. Une vague de tristesse m'étouffa presque et je laissais Joyce aller voir Hero et le caresser. Le loup lui jeta un regard mi-figue mi-raisin, entre agacement et plaisir.

Et toi arrête de faire du mal à ton maître, tu te rends pas compte de la chance que t'as de l'avoir!

Hero battit de la queue. Une fois. L'équivalent pour lui d'un "ouais je sais mais il fait chier parfois". Je t'emmerde, Hero. Bref. Elle posa un baiser sur sa truffe, à l'opposé de moi qui lui avait mit une tape. Cette fille est peut-être une boule d'énergie, elle est aussi un véritable ange gardien. Je souris. Hero allait devoir faire attention, car il n'y en a pas deux comme elle. Et j'allais devoir faire attention aussi.

Bon ben... Tu dois avoir plus important à faire alors ben... Tu veux que je te laisse?

Non !

Ma voix claqua, me surprenant moi-même. Depuis quand j'étais aussi véhément ? Hey, Liam, reprends-toi, mon vieux.

Je veux dire, nuançais-je, j'aime bien être avec toi... Tu ne me dérange pas, et je n'ai rien à faire... Tu avais parlé de ta chanson, tu veux qu'on regarde ça maintenant ?

Allez, on reste gentil, il faut bien tenter quelque chose pour adoucir mon ton catégorique...

Enfin si tu veux... marmonnais-je dans un soudain accès de timidité.

Quand j'allais partir voir le loups, Liam m'a attrapé et m'a embrassé le front, d'un geste tout doux. Comme un merci.

Tu es un amour, merci beaucoup !

Un amour? Moi? J'ai souris, je me reconnaissais pas dans les propos de Liam. Moi, j'étais souvent perçue comme la gamine chiante et peste. Et pourtant, Liam me traitait comme son égal, et avec affection. J'avais tant changé que cela pour que l'on accepte ainsi de m'offrir amitié et affection?
Le dialogue muet entre le loup et son maître me fît sourire. Ils étaient juste géniaux tous les deux. Définitivement, je m'en serais voulu si nous nous étions quitté sur une dispute tout à l'heure.
Quand j'ai posé l'intention de le laisser enfin tranquille, la réponse fût si rapide que j'en sursautai.

Non !

Je l'ai regardé, franchement étonnée par le ton de sa voix. Comme un ordre. Comme une demande bien précise, et qui venait tout droit du cœur. Un sourire s'est affiché sur mon visage et j'ai dû paraître légèrement gênée. Il me demandait de rester. Pour de bon.  

Je veux dire, j'aime bien être avec toi... Tu ne me dérange pas, et je n'ai rien à faire... Tu avais parlé de ta chanson, tu veux qu'on regarde ça maintenant ?

J'ai faillis lui demander de répéter, histoire d'être sure. Mais non. J'avais bien entendus. Mon sourire s'est fait plus franc. Oui Liam, tu me rendais heureuse. Parce que je me sentais enfin acceptée, enfin, je voyais que je n'étais plus seule. Et ça Liam, tu avais réussi à me le prouver. Je t'en serai éternellement reconnaissante.

Enfin si tu veux...

Il avait l'air tout timide d'un coups. Comme gêné par son ton impératif de tout à l'heure. Ça m'a fait rire. Je me suis approchée de lui, pas un brin intimidé par sa grande taille (même si j'étais naine avouons le!)

J'en serais ravie Liam. Et... Contente de savoir que tu aimes bien passer du temps avec moi... C'est réciproque.

Je lui ai souris et j'étais sincère. Pour la première fois depuis bien longtemps, je me sentais vivante.

Par contre, autant te prévenir, cette... Chanson, risque de me faire pleurer. Alors interdiction d'en parler, j'ai une réputation à tenir moi!

En fait, je m'en foutais pas mal de ma réputation. Pour tout vous dire, je m'en fichais comme de l'an 40! J'ai souris encore une fois, comme pour lui dire merci. Merci parce qu'il me donnait ce que jamais on ne m'avait accordé depuis bien deux à cinq ans: De l’importance. Pour une fois, j'étais importante aux yeux de quelqu'un. Et je connaissais enfin le sens du mot amitié. Merci Liam.

Pauvre Joyce, je l'ai surprise avec mon aboiement. Normal, je ne lui ai jamais parlé comme ça depuis qu'on s'est rencontrés. Et c'est étrange, car je parle rarement avec une violence comme celle-ci. Je suis plutôt du genre effacé comme mec d'habitude... Vraiment étrange. Elle a parut gênée et je me suis empressé de me rattraper. Ou de m'enfoncer ? Non, j'ai vu ses yeux briller, comme si elle appréciait que je veuille qu'elle reste encore un peu avec moi. Après tout, c'est normal, elle est mon amie, et je tiens à elle. Oui, je m'attache vite, et je suis trop loyal. Suis-je naïf ? Peut-être... Mais pour le moment, ça ne m'a pas encore porté préjudice. Et je me suis enfoncé, encore et encore. Ça l'a fait rire. Tant mieux. J'aime entendre rire les autres, c'est ma raison d'être à moi. Elle s'est approchée et m'a répondu :

J'en serais ravie Liam. Et... Contente de savoir que tu aimes bien passer du temps avec moi... C'est réciproque.

Et là, je crois que j'ai rougit. Parce que ses paroles m'ont fait chaud au cœur. Parce que quelqu'un partageait un peu mes sentiments. Joyce sourit à nouveau. J'aimais ce sourire, il la rendait jolie, comme si elle sortait d'une longue période de "sommeil" émotionnel. Elle reprit, l'air faussement sévère :

Par contre, autant te prévenir, cette... Chanson, risque de me faire pleurer. Alors interdiction d'en parler, j'ai une réputation à tenir moi!

Je fis le geste de me coudre la bouche :

Je serais muet comme une tombe, promesse de scout.

C'est ridicule, mais elle a sourit. Et moi aussi, j'ai sourit. Parce que ça fait chaud au cœur de la voir de bonne humeur, à nouveau. après ce qu'il s'est passé tout à l'heure, j'ai eu peur qu'elle ne soit plus profondément touchée, mais elle semble aller bien à présent. Je me frotte les mains :

Bien, allons chercher cette partition. Je ne l'ai plus étant donné que je te l'ai redonnée !

Après tout, comment aurait-elle eu mon numéro de téléphone sinon !