"Vous savez quoi ? Je suis trop déçue. J'ai pas réussi à trouver mon oeuf d'autruche. C'est même pas que j'ai pas cherché, j'AI cherché, mais ça coûte grave trop cher. Je vais demander à Houston de braquer une banque pour moi ! Bah oui ! Avec son ordi il peut tout faire, c'est magique ! Je suis sûre que si je lui offre un de mes soutiens-gorge et que je lui apprends comme le dégrafer il va accepter. Non parce que le pauvre, vous imaginez ? Vu sa tête, il a jamais pu tripoter une fille de sa vie. C'est SUPER triste ! Il faut que je l'emmène avec moi au bar une fois et on ira chasser ensemble. Ce sera l'opération perte de virginité de Houston ! Enfin, euh, pas virginité derrière, mais devant, hein ! Enfin après, s'il préfère les garçons, c'est pas grave, hein, moi je juge pas, j'ai déjà eu des copines et je lis des yaois et tout, hein ! Donc c'est pas grave, ça me gêne pas, puis si ça se trouve, s'il se trouve un beau mec, ce sera pas trop dégueu de prendre des photos d'eux ! Oh, MAIS ATTENDEZ, je devrais lui demander !!!!"

Ariana était perdue dans ses divagations divagatoires intenses dans le parc. Comme le temps s'était un peu radouci, malgré le vent léger, elle avait pu ressortir ses jolies jupes et ses collant épais. Elle s'était même acheté un lot de culottes-boxer avec des têtes d'animaux dessus !! Hier elle avait mis celui avec un pingouin, aujourd'hui, c'était le joli panda. Elle regrettait de ne pas avoir de copain à tripoter et à qui elle aurait pu lui montrer mine de rien, et elle s'était dit qu'elle n'allait pas traumatiser Nicolas, Huo ou Houston avec ses histoires de culottes. Mais elle les aimait bien ses culottes, quand même !!

Puis, soudainement, ce fut le drame. Une bourrasque intense souleva sa jupe, laissant apparente, au travers de son collant, sa jolie culotte panda au mec assis sur le banc devant lequel elle passait juste. Elle eut le prime réflexe de rabaisser sa jupe et de pousser un cri strident, avant de voir que le mec... Bah que le mec matait bien.

— GENRE C'ETAIT PAS FAIT EXPRES !! s'époumona-t-elle en devenant aussi écarlate que ses cheveux étaient roux. T'es pas bien ou quoi ?! Je t'ai vu !!! T'as maté !!

Elle s'éloigna d'un pas tout en gardant les mains fermements appuyées sur sa jupe.

— Pervers !

Dit-elle...

C'est assez étonnant de voir à quel point là, maintenant, son visage peut avec tant d'aisance se confondre avec la couleur de ses cheveux.
La fille commença à hurler de toute son âme avant de se reculer. Ouais, bon, j'ai maté. Parce que j'ai pas vu de culotte depuis des mois. Mais en même temps, y'avait pas grand chose à mater vu que c'était une culotte panda. En plus, c'était vraiment pas fait exprès.

-Hé... l'interpelai-je avec toute la vivacité du monde, avant qu'elle ne s'en aille. Excuse-moi. C'était vraiment pas fait exprès. Mes pouvoirs se foutent un peu de ma gueule aujourd'hui... J'suis désolé.

Faut le reconnaître. C'était pas très sympa pour elle. En même temps, j'avais vraiment pas fait exprès alors ce serait méchant de m'en vouloir.
Je me levai de mon banc avec toute la précaution du monde, les deux mains en l'air.

-Tu vois ? J'ai aucune arrière pensée ! déclarai-je tandis que le vent se levait pour venir ébouriffer mes cheveux avec un charme sans nom.

Je soupirai et laissai mes mains retomber le long de mon corps avant de faire un pas vers elle.

-J'ai vu qu'un gars vendait des barbe-à-papa à l'entrée du parc. Laisse-moi t'en offrir une pour me faire pardonner va.

Je suis sûre qu'une fille qui met des culottes comme ça aime la barbe-à-papa. Aucun doute possible !

-J'm'appelle Allen. Enchanté, déclarai-je en tendant une main dans sa direction.

Non mais quel connard. Non mais quel connard !!! La jeune femme s'empourpra si violemment qu'elle crut recevoir une gifle sur les deux jours à la fois. Elle le toisa d'un air mauvais - à entendre les joues gonflées et les sourcils froncés dans une moue irresistiblement ridicule. Là, le type s'excusa et lui annonça que ses pouvoirs se fichaient un peu de lui. Ouais ben en attendant, c'était elle que ça faisait le plus chier ; elle était littéralement morte de honte. Là, une petite brise vint agiter leurs cheveux et elle tiqua.

— Ah non ! Non ! Stop le vent ! Chut ! Arrête toi ! Arrête toi !

Oui, elle parlait au vent plus qu'au garçon qui s'avançait vers elle. Enfin garçon, il avait son âge sûrement, et était plutôt beau gosse en fait - son propre cerveau tiqua à cette pensée en mode "OH" - mais il essayait tellement de l'embobiner, genre, s'excuser, alors qu'il n'en pensait pas un mot, et franchement, c'est naze, elle allait jamais pouvoir lui pardonner vous voyez, parce que quand même il avait vu sa culotte pand-

— C'EST VRAI ?!

Barbe à papa. Il a dit barbe à papa. OH MY GOD. Elle attrapa vivement sa main alors qu'une partie de sa tête lui criait "MAIS NON MAIS T'ES FAIBLE OU QUOI ???" (ça c'est moi) et que l'autre hurlait "NAN MÉ BARBAPAPA KOI"  (ça c'est elle). Autant dire que là, c'est elle qui avait gagné.

— Cool, moi c'est Ariana ! Enfin Aria ! Je veux bien une barbe-à-papa ! J'adore ça ! Le sucre c'est trop bon, c'est la vie !!

Puis elle tiqua. Retira sa main et croisa les bras.

— Attends mais tu essaies de m'acheter, là, en fait ?!

Elle venait seulement de capter.

... Ok, la poubelle elle avait pas failli s'envoler, là ? C'était un terroriste ce mec sérieux, il faisait carrément n'importe quoi ! Même Ariana qui ne contrôlait pas ses pouvoirs était moins dangereuse ! Enfin, en même temps, à part balancer par inadvertance une sphère d'eau dans la tête de quelqu'un quand elle veut lui lancer un objet, voilà, c'était pas trop hard non plus. Mais là... Là, ben. Elle était franchement mal à l'aise avec ce type ! D'autant qu'il faisait comme si de rien n'était, là, genre les mains dans les poches et tout !

Mais d'un côté, c'est vrai qu'il ne la forçait à rien. Après, Aria était pas spécialement familière de la technique du "vous êtes libre de" pour persuader quelqu'un de faire une action qu'il jugeait problématique ; mais ça c'est pas le sujet. (#psysociale) Elle hésita. Son cerveau fit une torsion violente et, avant qu'elle n'attrape un mal de crâne pas possible, elle sauta sur ses jambes et le chopa par le bras.

— Ouais, ouais, essaie pas de te dérober, je veux ma barbe-à-papa ! J'ai compris comment tu marches !!

En fait, pas du tout, mais ça lui faisait plaisir de le croire. Elle le traîna jusqu'au marchand de barbe-à-papa et le laissa commander en sautillant sur place.

— Je savais pas que les airs étaient des pervers ! Je pensais que c'était que les feux !

Tentative de discussion 1.

— Ou alors tu fais genre t'es air mais en fait t'es feu, hein, c'est ça ? T'as le droit de le dire. Promis, je divulguerai pas ton petit secret.

Enfin, pas en citant son nom, bien entendu. Allez, barbe-à-papa, grouillez vous monsieur !

Il se moquait d'elle. Non mais il se moquait graaaave d'elle, là ! Elle gonfla la joue et tâcha de l'ignorer. Elle prendrait sa barbe-à-papa et elle fuirait loin ! Très loin ! Là où personne ne saurait la retrouver ! (#bref)

Elle attendait. Et là, il lui répondit. Ariana haussa un sourcil et le toisa de haut en bas. Genre tranquillou, il le dit cash, comme ça ? Ca va le mec comme il vend l'espèce masculine ! Oui, espèce, car Ariana estimait que les hommes étaient une espèce à part. Pleine de muscles. Avec un torse bien foutu et un cul moulé dans leur pantalon. Owi. Ow- Non, c'était pas le sujet ? Bon, d'accord, ce n'était pas le sujet. Elle fit la moue et se rappela qu'elle-même aurait probablement fait la même chose si elle avait été air. Ahah. Bon... Elle pouvait grave rien dire en fait.

— Ah mais y a pas que les garçons, hein ! s'offusqua-t-elle. C'est quoi ces stéréotypes ? Genre vous les mecs vous êtes pervers et nous les filles on est pipelettes ? C'est ça hein hein hein ? Je suis pas d'accord ! Parité hommes/femmes ! C'est les gens qui sont comme ça, ça n'a rien à voir avec le sexe ! Tu te décharges, là ! Non parce que moi, j'sais que je suis un  peu limite-limite, mais voilà, je dis pas que c'est parce que je suis une meuf quoi ! C'est une excuse bidon ! BI-DON !

Puis elle se jeta sur sa barbe-à-papa et sautilla avant de commencer à la manger.

— Merciiiiiiiii.

Oui, elle était polie malgré tout. Il fallait pas croire. Avec un soupir, elle alla chercher sa pompe, sous sa veste et accrochée à son pantalon, pour mettre une unité d'insuline.

— Mais ouais, j'aime trop le sucre pour mon propre bien, rit-elle. Et je suis pas pipelette, d'accord !

Mensonge.

Allen ne la croyait visiblement pas… POURQUOI IL NE LA CROYAIT PAS ? Elle lui lança un regard offusqué et manqua de s'étouffer avec un bout de barbe-à-papa qui resta collé dans sa gorge. Elle toussa un peu dans sa main et, les larmes aux yeux, elle rajouta :

— Genre ! N'imp !

Mais visiblement, il ne semblait pas prêt à sceller leur deal de cette manière. Bon, pas qu'elle aurait accepté, hein, fallait pas rêver non plus, mais là... LÀ !! Sérieux. Elle haussa un sourcil et s'arrêta en posant un poing contre sa hanche. LOL. Mignon petit garçon. ELLE N'ETAIT PAS PERVER- Enfin si, mais il ne pouvait pas l'affirmer !

— Hé, j'ai pas dit que TOUT LE MONDE l'était, juste que tout le monde pouvait l'être ! Je le suis pas, moi, contrairement à toi ! Et non, je parle pas trop, c'est pas ma faute ok, toi aussi tu parles beaucoup, mais d'abord, et puis...

Elle bouda et se concentra sur son goûter, avant de s'étouffer une deuxième fois quand il reprit la parole.

— Une enfant ?! Non mais quel âge tu crois que j'ai ?! Je vais avoir 23 ans cette année !!

OH. MY. GOD. Elle allait devenir vieille !

Elle rougit et grommela.

— N'importe quoi.

Ouais, elle boudait. Elle tenta de se reprendre comme elle le put et toussota pour reprendre contenance.

— Puis c'est pas si compliqué de raper... Attends si j'retrouve les paroles d'une chanson j'te fais la démo après !! J'fais trop bien la caillera !

Nan mais là elle avait juste aucune idée. (Et futurement aucune crédibilité.)

— Tepu. Puis toi, t'as quel âge ?!

"Ouais, j'deviens vulgaire si j'ai envie. NON MAIS NON QUOI. Il croit que j'ai 5 ans c'est ça ?! C'est bon, j'ai mes règles depuis plus de dix ans, JE CROIS QUE JE SUIS UNE FEMME HEIN. C'est ma taille ? C'est ma taille c'est ça ? Je l'ai vu, il m'a regardée de haut en bas. Genre "je te juge". IL ME JUGE."

Ariana gonfla les joues et croisa les bras sur sa poitrine, tout en gardant son batonnet correctement  dans sa main pour pas se la coller au manteau ou dans les cheveux. Elle avait expérimenté l'oeuf, alors le sucre...

Elle sourit malgré tout en coin en l'entendant rajouter bêtise sur bêtise. Elle lui donna un coup dans l'épaule et finit par rire.

— T'es bête ! Je peux toujours, mais c'est pas drôle de picoler toute seule. C'est vrai qu'il vaut mieux un public, rit-elle. Personne me supporte assez pour vouloir m'entendre couiner du rap dans ma bouteille de bière. Même si j'avais un chat, il me supporterait pas !

Au final, il finit par lui parler de se tripoter et elle ouvrit de grands yeux remplis d'incompréhension.

— Hein ?! Me tripoter ? Mais je me suis pas tripotée ! T'es vraiment un obsédé ou quoi ?!

Puis elle comprit et finit par lancer un "aaaaah… ça." Elle lui fit tenir sa barbe-à-papa et ressortit difficilement sa pompe de sous son manteau. Elle tira un peu trop fort dessus et grimaça.

— C'est une pompe à insuline ! Mais c'est rien, hein !

Puis elle le rangea, récupéra sa barbe-à-papa, et lui lança un sourire mutin.

— Par contre, toi, t'as quand même des techniques de drague super bizarres, j'espère que t'en es conscient.

Bam, dans ta tête.

— Genre des constats. Comme tu te donnes des excuses ! Dis tout de suite que je suis moche ! Moi aussi je peux te traiter de laideron si j'ai envie ! Gnagnagnagna. En plus si t'avoue que t'es nul avec tes pouvoirs, c'est que t'as vraiment rien pour toi !

Très mature, en effet. Elle essayait de faire quoi y a trois minutes, déjà ? D'avoir l'air crédible ? C'est quoi la crédibilité, déjà ? Ca se mange ? C'est une espèce d'animal rare ? Non parce que là, visiblement, c'est très très rare, et très peu répandu, surtout dans sa tête à elle ! Elle sait pas trop ce que c'est, tant pis, ça lui apprendra... Bon, la rouquine en avait vu d'autres, en même temps.

Ariana reprit sa gloutonnerie sur la barbe-à-papa et commença à fourrer les fils glucosés dans sa bouche. Vraiment ce qu'on fait de pire pour elle. Elle savait qu'elle devrait éviter, ne serait-ce que pour éviter des ennuis par la suite, mais le sucre, c'était vraiment la seule chose qui la faisait carburer. Essayez de retirer sa cocaïne à un cocaïnoman ! Ben voilà, essayez de retirer le sucre à une glucophile et vous verrez qu'elle peut sortir les griffes. (Elle aurait bien voulu dire "pour de vrai !!" et se transformer mais à part faire "crôa crôa" et lui mettre sa langue de rainette dans l'oeil, elle voyait pas trop.)

Question sur la pompe. Elle ouvrit grands les yeux et le dévisagea, avala de travers. Elle ne s'y attendait pas, en fait. En général les gens osaient pas poser la question. En soi ça ne la gênait pas, mais c'est vrai que les autres faisaient toujours comme si ça n'existait pas.

"Sauf que ça existe, et que c'est bien réel."

Elle détourna les yeux et sentit la chaleur monter à ses pommettes.

— Ben, euh, on s'y habitue en fait. Ca doit faire 10 ans que j'ai eu le diag maintenant, donc on fait avec. C'est un problème de dégradation des cellules qui produisent l'insuline ou je sais plus quoi. Le médecin pense que c'était plutôt génétique. Faut que je fasse attention par contre, c'est vrai que je me le suis déjà arraché en m'emmêlant dans les fils. Du coup je les garde bien sous les vêtements maintenant, ça fait super mal !

Un sourire en coin.

— Sinon ben... Je suis serveuse ! Enfin j'essaie de décrocher un job à l'animalerie, mais j'ai cassé Norbert y a pas longtemps, alors j'attends avant d'aller y travailler. OH MAIS JE DEVRAIS ALLER BOSSER CHEZ LE FLEURISTE EN FAIT !! s'exclama-t-elle toute contente. Je pourrai élever les orchidées et les cactus ! J'adore les cactus ! Mais c'est dur de s'en occuper, tu trouves pas ? Enfin, j'veux dire, c'est vrai quoi, quand on les arrose, ils meurent ; quand on les arrose pas, ils meurent ; quand on les met pas au soleil ils dépérissent et si on les y met ils crament !!

... Elle n'avait jamais eu de mauvaises expériences avec des cactus, c'était faux. Totalement faux.

— Enfin bon. Tu vas en cours toi ? Ou alors tu soulèves les jupes des filles comme ça tous les jours, genre passe-temps malsain ?

Ariana n'allait jamais le lâcher avec ça. JAMAIS.