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Et l'absence de ce qu'on aime, quelque peu qu'elle dure, a toujours trop duré.
##   Sam 31 Oct 2015 - 18:33
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Je la vois s'assoir. Lui passe son regard sans cesse d'elle à moi. Comme je le pensais, ça sera probablement la pire rencontre de famille qui n'est jamais eut lieu.

Les yeux d'Aoi changent de couleur et pendant un instant je m'inquiète qu'elle n'utilise ses pouvoirs ici. Je vois Math se tendre et ne plus la lâcher du regard. Il doit surement se demander à quelle folie il assiste. Je ne me souviens pas lui avoir jamais précisé ce genre de détail vis-à-vis des pouvoirs. Et puis, pour lui jusqu'à présent c'était surtout des contes que je lui racontais pour occuper nos soirées.

"A vrai dire j'ai déjà essayé de revenir... Je ne m'en sentais pas le droit et ai fait demi-tour."

Une époque peu glorieuse où j'étais retourné au Japon et regardais ma fille grandir de loin, sans jamais oser me montrer à elle. Elle était encore au primaire à l'époque.
C'est quand j'ai quitté une ultime fois le pays pour un second tour du monde que j'ai fait la rencontre de Math et l'ai pris sous mon aile. Peut-être comme une forme de repentance. Je ne saurais pas vraiment le dire.

Que ma fille puisse penser qu'à aucun moment je n’ai pensé à la revoir et que je lui ai simplement préféré un autre me donnait la nausée mais je ne pouvais lui en vouloir. Les circonstances devaient vraiment donner cette impression.

Elle se leva et se dressa face à Math. Lui-même se détacha du bureau pour se mettre droit et ne la quitta pas des yeux. Super ! Fais-en qu'à ta tête toi aussi ! Elle est belle ma famille ! Décidément j'ai plus hérité de mes parents que je ne l'aurais voulu. Que dirait mon grand-père s'il nous voyait ainsi?

Quand elle s'incline devant lui et me parle, il ne comprend plus vraiment la situation et la salue maladroitement de la même manière. S'il pouvait avoir un traducteur lui aussi ça arrangerait bien la situation. Ou tout au moins ça m'arrangerait moi.

"Non vraiment tu..." Je m'arrêtais. Elle ne se disait pas prête et je comprenais ça. Ça devait être trop d'un coup pour elle. Elle avait déjà fait plus d'efforts que n'importe qui n'en aurait fait jusque-là.
"Je comprends. Sache que j'ai vraiment envie de te revoir et que ma porte te sera toujours ouverte si tu veux me parler. J'ai déjà eu la chance de voir quel genre de personne tu es devenue et - même si c'est égoïste de ma part - je voudrais pouvoir en apprendre plus sur toi." Ma voix avait un ton désolé que j’essayai d’égayer le plus possible.

Math avait compris cette partie-là et en avait conclu qu'elle désirait partir. Il se glissa entre elle et la porte et attendit qu'elle se tourne vers lui avant de lui tendre une poignée de main, les yeux fixés calmement sur son visage.
Son manque d'éloquence était surprenant, même pour lui qui était normalement peu loquace.
##   Sam 31 Oct 2015 - 23:00
Aoi Amazaki

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Pourquoi est-ce que je n'ai soudainement plus envie de l'écouter ? Il ne s'en sentait pas le droit ? Est-ce qu'il avait pour autant le droit de faire demi-tour, de s'en aller ? Il pensait qu'un père, ça ne me manquerait jamais ? Au fur et à mesure que le temps passe, je sens la colère et la déception monter. Je me retiens de ne pas pleurer, garde un air digne et la tête haute. Maman a toujours été forte. Elle n'avait pas honte de grand-chose, mais elle savait se montrer courageuse. Il fallait que je fasse de même. Cette fois-ci, alors, je me contentai de hocher la tête, m'incliner devant ce garçon qui se trouve être mon frère, bien qu'aucun lien de sang ne nous définisse comme tel. Casadon me répond, maladroitement, et je détourne les yeux sans trop savoir quoi répondre. Alors seulement j'acquiesce, lui lance un sourire un peu forcé.

— Dans ce cas, je repasserai avant de repartir. Et peut-être une autre fois, si l'un de mes voyages me guident jusqu'en France.

Ton cordial, certainement un peu trop. En me retournant, je tombe nez à nez avec Math, et me fige un instant. Mes yeux croisent les siens ; j'essaie de ne pas flancher, de ne pas me décomposer devant lui ; sourire, toujours, essayer de lui transmettre un semblant de chaleur malgré tout. Mais c'est difficile. Même s'il n'y peut rien, même si Casadon n'a au final pas fait le mauvais choix, j'ai cette jalousie qui me broie le cœur. Je baisse les yeux vers sa main, qu'il me tend, et finis par la serrer doucement. Il n'y a pas de brusquerie dans mes gestes, quand bien même je voudrais le faire. Le garçon ne parle pas, et j'aurais presque préféré qu'il s'exprime, qu'il prononce quelques mots, n'importe quoi pour me montrer qu'il n'est pas qu'une main tendue qui ne signifie rien pour moi.

Mal à l'aise, je rougis et relâche sa main.

— Merci pour l'accueil, je lâche en français, me retenant de baisser les yeux au sol. À bientôt, peut-être.

Puis je le contourne et sors de la pièce. Lorsque la porte se referme dans mon dos, je sens mes jambes toutes tremblantes. Une longue inspiration. Je ressors rapidement du bâtiment et traîne dans les rues un moment, sans but, avant que la nuit ne tombe réellement. À ce moment-là, je m'envole jusqu'à la tour Eiffel pour observer Paris, de nuit. J'hésite à prendre mon billet de retour immédiatement. Mais l'idée de refaire une dizaine d'heures de vol jusqu'à Tokyo ne m'enchante pas vraiment...

Je m'assieds au bord, ramène mes genoux contre moi en retenant mes larmes. Pourquoi est-ce que je suis venue ? Est-ce que j'ai réellement le droit de faire tout ce cirque ? C'est moi l'intruse, dans leur famille. C'est moi qui n'ait pas ma place ici. Je devrais tout simplement rentrer... Pourtant, là, je n'arrive pas à m'y résoudre. C'est trop difficile de tout quitter comme ça, alors que j'entrevois tout juste cette partie de ma vie...

Les deux jours qui suivent, je les passe sans grand entrain dans la ville. Je ne retourne pas tout de suite les voir, parce que je ne sais pas comment je serai reçue, que j'hésite encore trop. Au final, mon hésitation s'étend. Et je finis par manquer de temps, et je sais que je dois reprendre l'avion le soir-même. Alors avant de m'envoler vers le Japon, je revient devant l'appartement. Une longue inspiration, alors que je frappe à la porte. Je frémis. J'attends que l'on m'autorise à entrer pour ouvrir la porte, lentement, et glisser un œil à l'intérieur.

— Bonjour, je voulais juste repasser pour... dire au revoir ? je souffle maladroitement.

Je crois ...?



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##   Dim 1 Nov 2015 - 11:38
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Je ramène ma main à mon corps et la laisse passer. Ce n'est pas comme si j'avais envie de la voir rester de toute façon. J'attends que la porte soit pratiquement fermée pour lâcher un :
"A bientôt."

Je ne sais pas ce qu'espérait cette fille en venant ici. Il aurait fallu que père reste figé dans le passé? Coincé dans le même état qu'auparavant en attendant le jour fatidique où elle le trouverait enfin pour reprendre un semblant de vie à ses côtés en tant que père comme si rien ne s'était jamais passé?
Se bercer d'illusions ainsi ne sert à rien.

Cette rencontre impromptu m'a néanmoins également ébranlé. Ainsi, c'est elle sa vraie fille. Pour le peu que j'en ai vu elle semble moins lui ressembler que moi qui ne suis jamais que son fils adoptif.

Je m'avance calmement et me place sur la chaise en face de père.

"Comment as-tu trouvé cette première rencontre ?" me demande-t-il, une expression complexe sur le visage.

Après un temps je réponds :

"Unique. La compréhension fut le point névralgique de cette rencontre à n'en pas douter."

Il se passe la main sur le visage, éreinté. Je suppose qu'on est parti pour fermer le bureau pour le reste de la journée de toute manière. Je me lève pour aller fermer la porte à clef.

"J'ai ramené de quoi manger pour ce soir."

Je me diriges dans la pièce d'à côté pour y chercher les plats à réchauffer et le courrier que j'avais ramené un peu plus tôt. Le repas de ce soir sera surement silencieux. Nous avons tous besoin de réfléchir à ce qui c'est passé je suppose.

Le lendemain, père a poursuivi le travail normalement. A ceci près que je le surprenais à être ailleurs plus souvent. Il a également montré une étrange nécessité à trier la pile de papiers sur son bureau. Pas que je m'en plaigne cela dit.

J'étais convaincu que je ne reverrais plus jamais ma... sœur. Bien qu'elle ait pu dire qu'elle repasserait, nous savions tous très bien que ça n'était qu'une politesse lâchée pour s'échapper et tourner les talons.
Ou peut-être étais-je le seul à vraiment penser ça?
Alors que je faisais un ménage rapide dans le bureau, j'entendis frapper. Étrange, nous étions fermés aujourd'hui. J'allais poser mon balai dans la pièce d'à côté et prit la place de père derrière le bureau.

"Entrez."

Je la vis apparaitre dans l'embrasure de la porte. Je respirais un grand coup, lentement. Ainsi donc elle était revenue. Pas de chance pour elle, celui qu'elle était venue voir n'était pas là. Père était parti dieu sait où, tôt dans la matinée.
J'en profitais pour l'observer une fois de plus. Elle avait quelque chose d'élégant il faut le reconnaitre. Comme une aura. Quelque chose qui donnait une impression de sympathie et qui mettait en confiance. Mais si nous nous arrêtions à ce genre d’à-priori, nous serions mauvais dans ce que nous faisons.

Lui lancer un "Eh bien, au revoir." était tentant mais je m'en retins bien. Qu'elle nous laisse en paix me convient parfaitement, mais il n'est pas question d'être la cause de sa fuite. Je ne lui donnerais pas cette excuse.

"Bonjour." Une pause. "Navré mais celui que tu cherches est parti plus tôt. Un travail pressant." Je contenais un soupir puis ajouter : "Tu veux t'assoir? Un rafraichissement peut-être?"

Qui sait? Si tu es née sous une bonne étoile, il rentrera peut-être avant que tu ne repartes. Ça lui ferait plaisir, ça j'en suis sur.
##   Mar 8 Déc 2015 - 18:03
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Ce n’est pas Casadon qui ouvre la porte. Mon cœur s’arrête de battre un instant, puis deux, et enfin je suis bien forcée de réagir. Je savais qu’il y avait la possibilité que l’on se recroise, mais je préférais ne pas y penser pour ne pas me sentir plus mal encore. Maintenant, je n’ai pas vraiment le choix, hein. Il faut bien s’y confronter à un moment donné. J’esquisse un demi-sourire, un peu embarrassée, surtout par la longue inspiration qu’il a prise lorsque nos regards se sont croisés. Il hésite, attend un peu avant de me répondre. Enfin, il le fait, et je m’efforce de contenir ma déception. Il serait mal avisé de lui en faire part, d’autant qu’il n’a pas l’air spécialement chaleureux comme garçon. Je ne dis pas ça par rapport au ton de sa voix, mais plus par rapport à son regard et à l’attitude que son corps transmet.

Malgré tout, il est poli, je remarque. J’hésite un peu à mon tour, parce que je ne parle pas bien sa langue, et qu’il ne sait probablement rien de tout ceci. Terrae. La puce. J’ai encore la mienne dans ma poche, bien au chaud, que je pourrais lui donner. Et ce n’est pas l’envie qui m’en manque, j’ai vraiment envie de lui parler. Apprendre à le connaitre, au moins un peu, avant de partir. Mais c’est tellement compliqué. Peut-être que je n’aurais pas dû revenir, au final…

Je m’empourpre un peu, certainement, avant de reprendre la parole pour lui répondre en cherchant mes mots :

— Je… Je peux l’attendre ? Tu crois qu’il reviendra ?

La phrase est simple, courte, sans doute parce que je n’arrive pas à faire mieux en cet instant. J’aimerais surtout savoir s’il reviendra vite, mais les mots m’ont échappés.

— Je ne veux pas embêter, rajouté-je maladroitement.

Peut-être précipitamment. Je ne devrais pas rester ici. Je ne devrais vraiment pas. Quelque part, je me sens… comme une intruse. J’ai dérangé leur petit train-train quotidien – est-ce que j’avais vraiment le droit de faire ça pour une volonté aussi égoïste ? J’ai été injuste. Injuste et mauvaise.

Ma gorge se serre et je m’incline légèrement, par réflexe. Avant de me souvenir que ça ne fonctionne pas de cette manière dans ce pays. Je fais tout de travers.

— Pardon, je souffle. Je n’aurais pas dû venir en France. Je ne dérangerai plus. Dis-lui au revoir de… ma part ? j’hésite en butant encore sur les mots.

Puis je me redresse, lui lance un regard très triste, sans le vouloir – trop triste, sûrement. Puis un sourire, très doux lui aussi. Je souffle un « désolée » de plus en reculant vers la sortie.



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##   Mer 9 Déc 2015 - 13:53
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Tu crois qu'il reviendra ?

Non. Du jour au lendemain il s'est dit qu'il ne reviendrait plus dans son bureau, celui où il donne rendez-vous à tous ses clients et qui lui sert accessoirement d'appart' la plupart du temps. Pas de chance, hein ?

Je la regarde et mon expression se durcit peu à peu face à son hésitation. Je ne peux m'empêcher de lâcher un râle. Bon sang !! Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi hésitant en dehors de père lorsqu'il a pris un verre de trop ! C'est bien le seul point commun qu'ils ont semblent-ils. A ceci près qu'elle n'a pas besoin de boire pour être aussi agaçante. Enfin, il reste la possibilité qu'elle se soit saoulé pour se donner du courage avant de venir mais dans ce cas elle cache bien son alcoolémie.
Son désolé est la goutte de trop et je finis par déverser ce que je pense.

"Écoutes. J'ignore si père rentrera avant que tu ne doives partir et à vrai dire tu ne le sauras jamais si tu n'en fais pas l'effort ! Si tu es venue c'est que tu voulais le voir, non ?! Alors assume tes choix ! Je ne pense pas que père est nécessairement envie d'entendre TES adieux de MA bouche. De plus ce n'est pas ta présence qui dérange mais ton indécision !"

Je reprenais mon souffle. Avant de poursuivre, plus calmement, plus... posé.

"Et puis, tu voudrais que je lui dise quoi si tu fuyais ainsi? Ta fille est passé pour mieux s'enfuir la queue entre les jambes ? Tu penses que c'est le genre de chose qu'il aimerait apprendre ? Tu as pensé à ce qu'il ressentirait ?"

Je me levais et m'approchai d'elle, essayant de garder mon regard rivé sur le sien

"Si tu es bien sa vraie fille, prouve-le. Sois plus honnête avec tes sentiments. C'est l'un de ses défauts qu'il prend pour une qualité."

Je soupirais. Pourquoi c'était toujours à moi de m'occuper de ce genre de cas ? Pourquoi je ne pourrais pas tomber pour une fois sur une personne saine d'esprit, calme et réfléchie passant le pas de cette porte ? Est-ce vraiment trop demander ?
##   Jeu 10 Déc 2015 - 14:49
Aoi Amazaki

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Mes lèvres s'entrouvrent un peu devant tant de virulence. Je suis tentée de reculer d'un pas, mais mon expression est simplement surprise ; je suis bloquée dans mon mouvement, que j'ai interrompu sans m'en rendre compte. Ses mots font écho en moi un moment et je le laisse déverser ses mots sans rien dire, les encaissant en reprenant un visage plus neutre, plus fermé. La colère se forme, comme un petit noyau dans ma poitrine, et qui enfle soudainement. Je la laisse s'étaler, un moment, pour finalement la balayer, elle et la tristesse qui l'accompagne. Elle me donne néanmoins le courage de continuer à lui faire face et à le regarder dans les yeux, sans jamais détourner les miens. C'est injuste. Je n'ai même pas les capacités pour lui répondre, je ne parle pas correctement sa langue. Tout ce que je dirai paraîtra aussi débile que ce que j'ai dit tout à l'heure. Mais je suis forcée de faire des raccourcis. Désolée de ne pas connaître la grammaire française aussi bien que la grammaire japonaise, hein. Envolé le sourire, l'excuse soufflée.

— Moi aussi, je pourrais te dire ce que je pense dans ma langue, sans que tu puisses me répondre. Mais j'aimerais que tu me comprennes, alors c'est inutile, je réponds avec une pointe d'agacement, plus à cause de mon incapacité à communiquer que parce qu'il s'est montré aussi odieux.

Il y a quelque chose qui a changé dans mon comportement. Peut-être parce que ses mots m'ont blessée, que je me suis sentie refoulée de manière violente alors que je cherchais à ne pas le mettre mal à l'aise. Je me suis tapé plus de dix heures d'avion pour venir jusqu'ici, et il m'en reste encore plus d'une dizaine avant de rentrer à la maison. Évidemment qu'il s'en fout. Mais je ne suis pas son chien, que je sache.

Les mots ne viennent pas, et je m'énerve dans mon coin à tenter de formuler des phrases correctes. Garde ton calme, Aoi... Ca ne sert à rien. Un soupir m'aide à faire refluer ma colère, et je me force à respirer plus lentement. Les battements de mon cœur ralentissent. Puis, moi aussi, je m'approche, garde mes yeux dans les siens. Ma voix est plus sereine.

— Je n'ai rien à prouver du tout. Tu n'as pas envie de me voir, alors j'allais partir. Je vois que je dérange et que je n'ai rien à faire ici.

Une pause, le temps de retrouver les mots. Je continue :

— Si je n'étais pas honnête, je ne serais pas revenue. J'ai envie de dire au-revoir. Mais pas d'être regardée avec autant de...

Le mot me manque. Je siffle. Il ne sort qu'en anglais.

Contempt. (=Mépris)



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##   Ven 11 Déc 2015 - 10:23
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En effet, elle a fait l'effort de revenir jusqu'ici. Puis elle fuit à la première difficulté. En l'occurrence, il semblerait que cette difficulté ce soit moi. Je comprends, je suis un assez gros morceau après tout. Cette pensée stupide me tire un léger sourire et je préfère la laisser faire comme elle entend. Après tout, ce qu'elle a dit est exact : je n'ai pas envie de la voir.
A vrai dire, cette fille m'énerve. Elle apparaît, met père dans tous ses états et renonce face aux difficultés derrière. Ce n'est peut-être pas facile pour elle néanmoins elle aurait pu y penser avant de s’immiscer dans notre vie.

Si je n'avais pas été sûr du sens de ce mot, la phrase qui l'accompagnait aurait aidé.
Le moins que l'on puisse dire est que le regard que je te porte n'est pas des plus reluisants en effet.

"Eh bien, si tu en as tant envie, vas-t'en. Je ne compte pas te retenir." Fille gâtée.

Je me détourne d'elle et me dirige à nouveau vers le bureau. Je regarde l'emplacement où devrait se trouver une pile de papiers prête à s'écrouler. Même ça, elle l'a déjà changé. Je fronce les sourcils. Je ne pensais pas que cette absence sur le bureau serait déplaisante.
Je tourne la tête vers elle, l'air de rien.

"De toute façon, si tu n'as rien à ajouter, j'ai du travail qui m'attends."
##   Ven 11 Déc 2015 - 10:55
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Tant de mépris... Il est si froid... Bien sûr, je ne m'attendais pas à ce qu'il m'accueille à bras ouverts, je ne suis pas naïve, ou du moins pas stupide. Mais j'espérais... quoi, au juste ? De la courtoisie ? Un minimum de sympathie ? La déception, la colère et la tristesse viennent me comprimer la poitrine dans un étau. J'essaie de prendre une longue inspiration pour ne pas être tentée de lui lâcher quelque parole violente. Il n'y est pour rien, c'est normal, je suppose. Moi non plus, je n'ai pas été ravie de le trouver là. De voir que mon père était parti pour finir par élever un autre enfant. J'essaie de ravaler ma rancœur. N'y pense pas Aoi. N'y pense pas. Tu vas te faire du mal.

Je lui souris, à ce frère qui ne veut même pas me parler. Je lui souris avec toute la force de mon courage et de ma colère.

— Tu as de la chance d'avoir eu un père comme lui.

Tu as de la chance d'avoir eu un père.

Cette fois, je me détourne et la porte claque dans mon dos sans que je ne l'ai touchée. J'essaie de me calmer et de réfréner mes larmes, qui menacent de couler. À quoi je m'attendais ? Je ne suis pas la bienvenue ici. Je voulais savoir, savoir d'où je venais, comment était cet homme qui était toujours dans les pensées de maman. Au final, je n'aurais peut-être même pas dû me déplacer. Ça ne m'a rien apportée, à part de la frustration et une rage que je n'arrive pas à ignorer. Cette rencontre avec Math a presque occulté tout le reste ; je bouillonne et ne parviens pas à me sortir cette entrevue de la tête, même après mon retour à Terrae.

Pourtant, je sais que je reviendrai. Quand, je ne sais pas, mais je n'ai pas encore abandonné.



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##   Sam 12 Déc 2015 - 11:43
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"Oui. J'ai eu beaucoup de chance."

Tu ne peux pas imaginer à quel point. Toi qui sembles si effarer à l'idée que ton père ait pu adopter un autre enfant, tu n'as surement pas songé un instant à la raison qui l'y a poussé ou ce qu'il est advenu des miens, de parents. Ça ne m'étonne pas à vrai dire.
Je pourrais le lui lancer au visage, mais je n'ai pas vraiment envie d'en parler. Encore moins avec elle. D'autant plus que ça ressemblerait à une plainte. Or je n'ai pas à me plaindre de mon sort. J'ai eu le droit à un père aimant et nombreux sont ceux qui n'ont pas eu ma chance.
Oui, j'ai de la chance.

Elle claque la porte et s'en va. J'essaie de me remettre au travail mais me retrouve perdu. Sur quoi je travaillais d'abord?
Ah. Je faisais seulement le ménage.

Je retourne m'asseoir dans le fauteuil en face du bureau et ressasse les évènements des derniers jours en boucle. Le moins que l'on puisse dire, ce qu'on a connu meilleure semaine.

*******

Cela faisait des mois que je n'avais pas revu ma fille. Elle avait dit qu'elle repasserait cette fois-là mais ne l'avait finalement pas fait. Je ne lui en voulais pas pour ça. Je comprenais que ça ait dû être un choc pour elle. Ma pauvre Aoi...

La vie avait repris son cours avec une normalité si vive et nonchalante que parfois je me demandais si cette rencontre avait bien eu lieu en dehors de mes rêves. Le fait que Math semblait me faire la tête pendant un temps semble aussi n'être qu'un de mes nombreux songes éveillés désormais.

De vieux souvenirs m'étaient remontés dont une promesse que je m'étais faites dans ma jeunesse. Plus exactement, un accord de connivence passé avec un autre moi. Nous nous étions promis d'accueillir nos amis dans le besoin quand nous aurions un logement en dehors de Terrae, comme certains le faisaient déjà à l'époque. Evidemment, la fermeture de l'île puis le besoin de trouver un foyer pour le jeune couple que nous formions avec Kumiko avaient balayé cette idée loin derrière dans ma liste des priorités.

Néanmoins, je n'avais désormais plus de raison d'ignorer cette promesse. Aussi, fis-je savoir à tous mes anciens camarades dont j'avais encore le contact qu'eux et leurs connaissances seraient toujours les bienvenues chez moi si jamais ils passaient par Paris.
Plusieurs d'entre eux vinrent chez moi dans les semaines qui suivirent. Plus pour se la couler douce et parler du bon vieux temps qu'autre chose. Pas que je m'en plaigne. Ce fut un plaisir de revoir toutes ces vieilles têtes.

D'ailleurs, il y avait actuellement quelqu'un chez moi. Je ne le connaissais pas particulièrement mais s'il était venu c'est qu'un de mes amis avait dû lui donner mon adresse. C'était quelqu’un de fort sympathique, nous avions passé la soirée de la veille à boire en échangeant des souvenirs légers de notre jeunesse sur l'île et comptions bien remettre ça ce soir.

"[...] Et à ce moment-là, je vois une porte voler dans ma direction! Cet idiot avait trouvé plus simple de la faire voler que de l'ouvrir!" Eclat de rire partagé. "Faut dire, il n'avait pas son pareil pour le lancer de poids.
- J'en ai entendu parler je crois oui. J'ai aussi entendu dire que dans votre tour, il était courant d'entendre des bruits de combat même au milieu de la nuit.
- Ouais mais ça s'était vite calmé! C'était deux titans qui s'entraînaient ensemble le soir. Les télépathes, qui étaient majoritaires, en avaient assez et ont interdit ces entraînements nocturnes dans la tour pour pouvoir dormir tranquillement."

La conversation ne volait jamais plus haut que ça mais était parfaite pour se détendre, un verre à la main. Math était déjà parti se coucher mais je ne comptais pas en faire de même de sitôt, demain était un jour de repos aussi je comptais bien pousser la soirée jusqu'à ce que mon invité ne puisse plus tenir le rythme.

Après quelques heures, la conversation avait laissé place à un silence méditatif. Finalement, il prit la parole.
"J'ai passé un excellent moment chez toi, vraiment. Dommage que ça doive s'arrêter maintenant.
- Ne sois pas comme ça! T'as encore ce qu'il te reste de la nuit à passer ici."

Je sentis quelque chose de froid au niveau de mon estomac.

"J'aurais aimé, crois-moi bien."

Alors que je baisse la tête avec incompréhension, j'observe son bras dirigé vers mon corps. Au bout, la longue pointe de glace qui perfore mon estomac.
Tandis que j'attrape son bras tendu d'une main, tentant de le forcer à se retirer, je vois une nouvelle lame plus fine se forger dans son autre main.
Il me bondit dessus et semble viser la tête. Il est vif. Ou ce sont peut-être mes réflexes qui se sont amoindris. Il réussit à me toucher à la gorge. Je ne comprends que trop tard qu'il visait la carotide. Merde!!

"Adieu."

Il me laisse comme ça et se dirige vers la porte. Il me lance un dernier regard où toute la sympathie qu'il avait jusqu'à présent a complètement disparu, remplacée par un froid professionnel.
Je tente tant bien que mal d'arrêter le sang de couler mais c'est complètement inutile. Je vois mon fils tombé à genoux à mes côtés, le bruit à dut le réveiller... Il me parle mais je ne comprends pas vraiment. Je sens ses mains se presser de manière hasardeuse et brutale sur mes plaies.

Alors que mes sens s'effacent, je repense brièvement à ma vie, aux gens que j'ai aimés. Je suis heureux d'avoir pu passer tout ce temps avec Math et d'avoir revu ma fille une dernière fois. Mais je suis triste aussi. Triste de ne pas avoir pu la connaître davantage, triste que mon fils me voit ainsi. Triste que nos chemins se soient séparés avec Kumiko aussi, quand j'y repense. J'espère qu'elle a trouvé mieux que moi depuis.
C'est amusant, le nombre de pensées qui peuvent nous traverser quand on se sent partir...
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