"Vieni a ballare in Pugliaaa, Pugliaaa, Pugliaaa, tremulo come una fogliaaa, fogliaaa, fogliaaa. Tieni la testa alta quando passi vicino alla gru, perchè può capitare che si stacchi e venga giù."

Casque sur les oreilles, Nicolas court sous la pluie en écoutant une chanson rap italienne, qui paraît estivale mais pas du tout, qu'on pourrait danser dessus mais que les paroles sont pas vraiment joyeuses et qui est totalement hors contexte avec ce qu'il est en train de vivre... Il pleut, sa mère, il pleut et comme il a pas regardé la météo, il a pas pensé à prendre de quoi se couvrir en allant courir. En même temps, la soirée était sur le point de faire place à la nuit quand il est parti, il avait voulu en profiter avant d'aller se coucher. Quelle connerie. Maintenant, il était trempé. Et il était pas sûr que son tabac ait survécu à la pluie printanière.

Et puis c'est le drame. Il entend l'orage au loin. Tout son corps se tend au souvenir d'Ipiu lui racontant qu'elle avait failli servir de paratonnerre une nuit de camping malheureuse. ...Oh non. OH NON ! Tout son corps pivote pour entrer dans le bâtiment le plus proche, un immeuble au pif, pas le temps de savoir où il est IL VEUT PAS FINIR GRILLÉ ! Dans le hall, il reprend son souffle en gouttant un peu. Il retire son casque en constatant qu'il est plus trempé qu'une serpillière mal essorée... Bon. Ben il est condamné à rester sur le tapis pour éviter de tout saloper. Il s'accroupit, pas motivé d'attendre debout que le temps se calme et il augmente le son de sa musique vu qu'il ne l'a plus sur la tête...

"Dove quei furbi che fanno le imprese, no non badano a spese, pensano che il protocollo di Kyoto sia un film erotico giapponese."

Nicolas lâche un rire. Ça sert la musique vous voyez ? Il vient d'apprendre comment on dit "film érotique japonais" en italien... erm... Et puis il fronce les sourcils en levant la tête. Devant lui, il y a une porte... Sans doute un débarras au vu de l'écriteau "Staff Only". Mais il en sort un son particulièrement étrange, à moins que le personnel se soit enfermé dedans... Il se lève, trop curieux pour rester immobile finalement, et va coller son oreille contre la porte. Un miaulement faible lui fait ouvrir grand les yeux.

Il ouvre alors la porte sans s'inquiéter de savoir qu'il ait le droit ou non et se baisse pour ramasser ce qu'est bel et bien un chaton noir... :

-Ben alors ? Qu'est-ce que tu fais là champion ?

Miaulement. Evidemment. L'oreillette ne traduit pas le chaton, et c'est franchement bien dommage. Nicolas se sert alors de son petit savoir sur les animaux pour examiner rapidement l'animal... En le tenant délicatement contre lui, il pouvait déjà constater qu'il n'avait pas peur des contacts et qu'il n'était pas sauvage... Son poil lustré était une preuve en plus, on s'occupait bien de lui et on le nourrissait bien. Il regarda à l'intérieur des oreilles pointues pour voir s'il n'y avait pas de tatouages, mais il se souvint qu'on utilisait plus des puces électroniques maintenant. Pas de collier. Rien pour retrouver le papa ou la maman du petit champion qui doit être mort d'inquiétude.

Nicolas jette un coup d'oeil à la cage d'escalier... Booooooon... Ben c'est parti pour une série de porte à porte hein ! On le remballe deux ou trois fois... Non seulement les gens ne possèdent pas de chat mais il ne connaissent pas celui-là. C'était à prévoir aussi, vu qu'il était tout jeune, le propriétaire devait l'avoir adopté récemment. Bref, pas plus d'indications quand il frappe à une énième porte.

Comment vous dire que dans une situation pareille on ne s'attend pas à croiser son prof d'italien ? Nico en vêtement de sport, encore un peu trempé, chaton sous un bras, ouvre grand les yeux quand il le reconnaît. Il a même le pur réflexe de le saluer en italien, comme s'il avait été d'un seul coup projeté en cours... :

-Signor Bianchi ?!

"Vieni a ballare compare nei campi di pomodori dove la mafia schiavizza i lavorat-..."

Nico arrache d'un coup le cordon du casque relié à son téléphone... Pas sûr qu'un italien apprécie qu'on perpétue certains clichés sur son pays. Il tend alors le chaton devant lui, autant pour éviter de répondre à des questions gênantes que pour entrer rapidement dans le cœur du sujet. :

-J'ai trouvé ce petit champion enfermé dans le placard au rez-de-chaussée. Il est à vous ?

Ça fait quelques semaines déjà que j'ai proposé à Aaron d'habiter ensemble. Et bien que je comprenne qu'il ait besoin de temps pour s'habituer à l'idée je dois reconnaître être assez frustré par la situation. Je ne le presserais pas car je sais qu'il est frileux sur ce genre de choses mais je trouve qu'il n'y a pas vraiment matière à tergiverser. Pour autant que je sache, nous vivons déjà l'un chez l'autre, la moitié de son armoire étant remplie de mes affaires et inversement. J'ai bien conscience que quelque chose le retient, qu'il a peur de me dire de quoi il s'agit et je ne peux m'empêcher de me demander si ce n'est pas moi qui veux trop précipiter les choses.

Je jette un regard exaspéré au dehors, la pluie battante venant s'écraser à grosses gouttes contre les fenêtres de la salle de classe où j'ai trouvé refuge. Aujourd'hui le temps n'est définitivement pas commode, s'accordant étrangement bien avec mon humeur de la journée. Je songe que ce pourrait être moi qui cause ces perturbations puis secoue la tête avec un sourire désabusé. Je me contrôle trop bien ces derniers temps pour que ce soit le cas et je ne suis pas Dieu Tout Puissant, n'abusons pas. Quoique…

Le souvenir d'une soirée déprimante suivie d'une beuverie et du plus gros échec de l'histoire du sex me revient en tête. J'avais failli noyer toute une partie de l'institut cette nuit-là. Au final, finir bourré avec Aaron n'était certainement pas le pire. Même si j'avais failli lui arracher le bras… Et après je me demande encore pourquoi mon copain n'aime pas les chats.

Tiens, en parlant de boule de poils… Je me rends bien compte que ça doit faire peut-être deux jours que je n'ai pas vu Malo. Ce serait tellement plus simple si cette créature avait une aura. Je ne perdrais pas mon temps à lui courir après.
Mon regard se repose sur mon bureau couvert de paperasse et de copies à corriger. J'ai désespérément tenté de faire quelque chose de constructif de mon après-midi… Je crois pouvoir dire que c'est un échec. Le rapport de mission que je devais rendre n'est toujours pas terminé et je n'ai corrigé en tout et pour tout que 5 copies, ce qui est bien peu si l'on considère la pile. Je m'apprête donc à remballer mes affaires, lorsque quelqu'un toque à la porte. Ouvrant le battant je tombe sur l'un de mes élèves, Nicolas, trempé jusqu'aux os à tel point que je pourrais le comparer à une serpillière. Un sourire éclaire mon visage lorsque j'avise le chaton qu'il tient dans les bras.

- Buongiorno Nicolas !

Il arrache le cordon de son casque avant que je ne comprenne le sens des paroles qui en sort et me tend le chat, me demandant s'il m'appartient.

- Oui effectivement ! Merci de l'avoir ramené, je commençais à m'inquiéter, je réponds.

Je l'attrape avec délicatesse, le serrant contre mon torse, tandis qu'il pousse un miaulement plaintif.

- Tu t'es fait surprendre par la pluie, je demande avec un air espiègle.


[Hrp : Désolé pour le retard et le post un peu pourrav >>]