Mon appréhension retombe légèrement lorsque le Feu cesse de me tourner le dos pour me prendre dans ses bras. J’affiche un air surpris puis m’apaise en posant ma tête contre son torse. Je ne suis pas bien grande, alors j’ai l’impression de disparaître dans son étreinte. Et soudain, Akira me tire un sourire amusé. Je lui réponds en murmurant.

« Pourtant, je les ai lavés plusieurs fois, je t’assure. »

Comme pour mieux faire passer la blague, il resserre la pression de ses bras contre moi, me rapprochant encore un peu plus de lui. Et là, il accepte de me donner des explications. Il nous fait glisser jusqu’au sol, où je finis sur mes genoux devant lui, reculant simplement pour pouvoir le voir lorsqu’il me tend… Un préservatif ?

Je rougis immédiatement, perplexe. Il semble d’ailleurs lui aussi l’être. Je le dévisage, ouvre la bouche pour protester face au « Au cas où » parce que NON, je ne voyais pas, mais il me colle des papiers dans les mains. Mon regard agacé caresse son visage encore un moment avant que ma curiosité ne l’emporte.

Je découvre alors des articles de journaux avec, au premier plan, Akira. Akira tueur. Akira assassin. Akira, l’élève qui déborde. Mes yeux refusent longuement de lâcher les textes explicatifs car les mots refusent de s’assembler correctement dans mon esprit. Je tente de comprendre. J’essaie de saisir. Mais rien ne vient. Rien n’accepte de correspondre.

Et soudain, ma main se resserre, froissant les petits bouts de papier, qui pourraient avoir l’air pour certains plus qu’insignifiants, mais qui, pourtant, viennent pour moi de tout changer. Mes yeux perdent toute expression, et c’est vides qu’ils se posent sur le visage d’Akira. Dans un murmure, je lui dis ces derniers mots :

« J’en ai marre de ne pas comprendre le genre humain. »

Puis je secoue la tête avant d’éclater d’un rire fatigué. Je me lève, le regarde quelques minutes avant de me pencher et de l’embrasser fugacement. C’est ce dernier baiser qui réveille la peine dans mon regard, et qui soudain, me donne l’impression de me briser en mille morceaux. Mon esprit vacille, et j’attrape les mains du Feu pour le pousser à se lever. Un sourire triste, mes doigts qui frôlent rapidement ses joues, puis je le contourne, ouvre la porte, et m’enfuit en courant, avec, dans mes doigts, les articles sacrés, froissés, dont je ne peux me détacher.

- Oksa attends..!

Tu tentes d’attraper sa main lorsqu’elle s’en va, mais tu n’y parviens pas. Tu l’as juste effleurée, car tu as abandonné l’idée de la retenir. Rien ne sert d’insister, elle a besoin d’être seule... ou d’être mieux accompagnée.
Tu te doutais bien que la vérité aurait des conséquences, tu t’y étais préparé et pourtant tu as mal. Ce n’est pas une douleur physique pour une fois, mais là tu aurais préféré...

Tu la regarde donc s’éloigner dans ce long couloir, jusqu’à ne plus voir sa silhouette.
Tu écoutes le bruits de ses pas qui dévalent les escaliers, jusqu’à ce qu’elle soit trop loin.
Tu te retrouve seul dans cet affreux silence… Sa présence te manques déjà.
Est-ce qu’un jour elle reviendra vers toi ? Tu en doutes et c’est peut-être mieux pour elle.

Cette fois ce n’est pas la colère qui te gagnera, mais la tristesse. Ce sentiment qui te rend si faible, si vulnérable. Tu déteste être faible, cependant aujourd’hui tu devra l’accepter.
Tu regarde alors le cristal de vent qu’Oksa t’as offert avec ce regard si sombre et tu soupire désespérément avant de quitter sa chambre. Bien sûr tu prendra soin d’éteindre la lumière et de refermer la porte derrière toi.

Cette nuit sera longue pour toi, pour elle aussi... probablement. Tu viens de faire fuir la seule personne qui tenait à toi et tu cherchera toute la nuit à un moyen de te faire pardonner.