J'étais très heureux de ma journée. Aujourd'hui j'avais décidé de surprendre Ryu avec ma nouvelle combinaison-ourson que Ys avait offert. Je n'étais pas ressorti depuis un petit moment dans le jour et j'avais envie de le lui dire en face à face. Je l'avais vu il n'y a pas si longtemps cest vrai mais bon, on n'a pas vraiment de raison pour quelqu'un non ? Et puis là, j'ai une super raison!! Du coup, j'étais arrivé dans l'après-midi pour lui faire la surprise, et quelle surprise. Il n'en revenait pas ça j'en suis sûr, il l'a dit lui-même. Mais il était si heureux. Mademoiselle Honda semblait heureuse aussi bien que je ne l'ai croisé qu'en coup de vent. Du coup j'avais surtout passé un peu de temps avec Ryu à discuter, il semblait fatigué d'ailleurs, et à jouer avec Daisuke et Riku qui trouvaient mon costume d'ourson très à leur goût. J'étais reparti une heure après environ pour le laisser profiter de son après-midi et m'étais envolé par la fenêtre de sa cuisine, c'est plus drôle comme ça.

En revenant dans ma chambre, le temps de me changer et de reprendre une douche, car cette combinaison n'est pas pratique quand on n'aime pas suer, je méditais tranquillement au sujet de ce que Ryu m'avait dit. Apparement un garçon avait déployé son potentiel d'étoile devant tout le monde suite à une histoire un peu étrange, il y a plusieurs jours. En ressentant les énergies du couloir des airs, je remarquai qu'une énergie connue, que je n'avais pas croisé depuis un certain temps était plus forte que d'habitude. Un sourire s'épanouit sur mon visage. Je me demandais comment il allait et comment il vivait la chose. La dernière que je l'avais croisé, il ne semblait pas si enthousiaste en pensant à ses pouvoirs et à leur but. Je n'osais même pas imaginer ce qui devait se passer dans sa tête. J'hésitais donc pendant un moment, tournant et retournant le problème dans ma tête. La nuit était déjà tombé à cause de l'hiver, je n'aurai pas à remettre ce costume et je voulais vraiment m'assurer qu'il allait bien, même si je craignais de le déranger.

-Oh et puis tant pis. Au pire, il me claquera la porte au nez...

Ce que je n'espérais pas...


Habillé de mon habituel pull-over gris sur mon jogging, j'arpentais les couloirs juqu'à sa chambre. On était dans la même partie de l'institut, il était juste à côté, c'était une honte que je ne sois pas allé le voir plus souvent alors qu'on est vraiment voisin pour le coup. Il n'est jamais trop tard pour rattraper le coup.
Enfin arrivé, je marquais un temps d'hésitation. Je fais vraiment le bon choix ? Il est là seulement ? Une rapide vérification me prouva que oui. Je n'avais plus aucun excuse pour ne pas toquer maintenant.  Je me tortillais les doigts nerveusement comme si je m'apprêtais à passer l'exam le plus important de ma vie alors que je ne faisais que venir voir un ami. Mais c'est justement ça le hic! Si ça se trouve il ne se souvient même plus de moi et je vais passer pour un idiot complet. Bon allez! Lançons-nous! D'un geste assuré, ou du moins qui se voulait assuré, je toquais deux coups à sa porte.

L'attente ne fut pas vraiment longue et, bien que je tortillais toujours mes doigts, j'espérais vraiment qu'il m'ouvre et ne me claque pas la porte au nez ensuite en mode "je ne veux voir personne". C'est idiot hein ? Je ne le connais pas tant que ça mais je m'étais fais une certaine opinion de lui lors de notre dernière rencontre. J'espère juste qu'il sera assez curieux pour me laisser entrer. Lorsque la porte s'ouvre, je lui offre un grand sourire, qui s'accentue davantage en sentant la surprise de sa voix. Il a raison en même temps... Je ne suis pas revenu le voir depuis ce fameux jour, il a toutes les raisons du monde d'être surpris.

- Bonsoir Allen. Je suis désolé d'arriver comme ça... et après tout ce temps. Je voulais repasser avant tu sais mais j'ai été occupé.

Je lui explique cela avec d'un air penaud, regrettant vraiment ma soudaine apparition après mon silence. Je le sens se décaler et je me permets donc d'entrer avec joie. Je suis soulagé, cette partie-là c'est déjà bien passé. Mon premier réflexe est de projeter les particules d'air dans tous les sens pour capter tout ce qu'il y a à cet endroit, c'est moins pratique que les ultrasons mais c'est dans mes cordes au moins. Je me tourne alors vers lui d'un eptit bond. Il est air lui aussi, il doit sentir que je traficote les particules autour de nous.

-Désolé... c'est... c'est ma manière de me repérer dans l'espace, surtout quand je ne connais pas un lieu.

J'espèrais au fond de moi qui ne le prenne pas comme une invasion, comme si je cherchais à découvrir tout ce qu'il cacher dans sa chambre, à tout analyser. Je me rend compte alors que je n'ai pas répondu à sa question. Qu'est-ce que je fais là ? Comment lui dire ? Un sourire gêné s'esquisse sur mes lèvres, que je pince après un instant de réflexion. Ce n'est évident d'expliquer ça simplement, surtout que si ça se trouve il ne veut même pas en parler.

-Je suis venu prendre de tes nouvelles. J'ai senti que... tu avais débloqué ton potentiel d'étoile alors je me suis dis que... ce serait l'occasion de te revoir et de savoir comment tu allais, comment tu... gérais les choses, expliquais-je en balbutiant par moment.

Ce n'est vraiment pas pratique d'être timide quand on doit expliquer le pourquoi on s'intéresse à la santé de quelqu'un. En même temps, je ne voulais pas qu'il se dise "Ca y est, il me prend pour un danger public et il vient me surveiller ", ce qui, au vu de mes explications, pourrait être le cas. Ys s'en serait tellement mieux sorti que moi dans ce genre de cas.

Il n'est pas à l'aise. Je peux le sentir à sa voix et à la manière dont son corps bouge. Je me tends malgré moi, conscient que j'en suis responsable. Ça ne va pas du tout Matheo... Il faut redresser la situation... Tu n'es pas venu pour le mettre mal à l'aise. Mais comment faire ? Déjà avant de venir je m'interrogeais sur ce que je pouvais faire car je ne le connaissais pas si bien ça après tout. Et je n'étais venu parce que je craignais que son potentiel le submerge ou quoique ce soit mais juste parce que c'était l'occasion de le revoir un peu et de voir où il en était. Mais comment lui dire ça sans bafouiller et sans qu'il se vexe.

Je m'installe sur le lit comme il me l'indique, lui adressant un sourire au passage pour lui indiquer que ça ne me dérange pas de ne pas avoir de chaise. Je me mets en même temps à réfléchir sur comment aborder mon idée. J'espérais que ça vienne naturellement dans la conversation mais là... ça semble un peu compromis. Surtout qu'il ne parle pas beaucoup. L'idée que, plus que le mettre mal à l'aise, je le dérange effleure mon esprit et je me crispe à nouveau. Oh mon dieu... Et si c'était ça ? Je m'apprête à sortir un sujet au hasard lorsqu'il de lui-même la conversation. Un large sourire s'épanouit sur mon visage à l'évocation de cette sortie.

-Oui !!! C'était franchement super ! Ys a acheté des combinaisons de la NASA et les a un peu customisé pour que l'on ai pas l'air trop ridicule, même si être déguisé en ourson n'est pas franchement l'apparence qui attire le moins l'attention. Mais ils étaient trop beaux tous les deux, enfin je me doute puisque j'ai juste senti les costumes, mais ils étaient bien fait ! Et on s'est amusé à embêter Ys avec Mitsuki, c'était très drôle. On a fait de la grande roue, je n'y étais jamais allé auparavant, le palais des glaces mais pour les airs c'est facile de gagner. On y a même fait un concours et j'ai aidé Mitsuki car je rêvais de voir Ys faire un gage.

Je pris enfin le temps de respirer, trop heureux de me remémorer ces événements. Ma première fête foraine avait été vraiment fabuleuse, je regrettais juste de ne pas pouvoir voir de mes propres yeux. Mais Mitsuki et Ys avaient été mes yeux, et j'avais passé l'une de mes meilleures après-midi de ma vie.

-Tu imagines Allen ? Maintenant je peux sortir la journée grâce à cette combinaison. Je ne peux certes pas sentir le soleil mais je ne suis plus obligé de rester enfermé...

Je pris un air rêveur. Je n'avais pas réessayé cette tenue depuis, parce que j'avais un peu peur qu'on se moque de moi si j'étais seul. Au pire, j'irai vendre des ballons avec, ça je suis sûr que ça fera fureur.

-Je te la montrerai si tu veux. Tu pourras me dire objectivement si c'est mignon ou pas, proposais-je avec un large sourire, encore tout excité.

Je m'étais largement détendu depuis tout à l'heure. Il avait trouvé le bon sujet pour me dérider, mais moi, je n'étais pas sûr que lui se soit apaisé. Peut-être qu'il ne le ferait pas surtout, après tout il ne me connaît pas, c'est difficile d'être pleinement en confiance avec un inconnu. Au bout de quelques minutes de réflexion, je me dis que la seule solution est de mettre les pieds dans le plat directement. Je ne voyais pas comment aborder les choses en finesse, mais je vais essayer d'enrober un peu le tout.

-Dis-moi Allen... Est-ce que tu as déjà eu l'occasion de tester tes nouveaux pouvoirs ?

Voilà. C'est dit. Si jamais il me frappe ou me jette dehors, je saurai que ce n'était pas la bonne solution.

Hrp: ... Je m'applatis pour le retard ma belle <3 Pardon Pardon, je suis grave à la bourre. Je t'aime <3

HRP : Pas de souci t'inquiète ♥ Par contre Allen est d'une compagnie pourrie, chuis désolée xD

Bon. Bah moi qui pensait que j'avais pas de conversation, visiblement, j'avais lancé le seul sujet sur lequel j'étais sûr de pas avoir de choses à redire. Je l'écoutais parler et déblatérer son après-midi à la fête foraine avec un regard neutre. Bon. Bah c'était tant mieux s'ils s'étaient bien amusés... Par contre, une combinaison de la NASA, ça coûte pas genre un mois de salaire ? Enfin, en vrai, j'en sais rien, j'm'y suis jamais intéressé.

Je hochai à peine perceptiblement la tête à ses paroles, pour lui montrer que je l'écoutais encore. Enfin, même si c'était à peine perceptible, j'imaginais qu'il captait tout puisque ça avait l'air d'être son truc de tout capter, même sans voir.

Bon, Allen, arrête de toute critiquer s'te plaît.

-C'est cool. Tu peux vivre à la même heure que tout le monde... C'est vraiment un chouette cadeau.

Ca m'étonnait pas d'Ys, en soi. C'était vraiment un mec sympa, toujours à l'écoute de ses amis. Une ébauche de sourire passa sur mes lèvres, avant qu'il ne disparaisse suite à sa réflexion. "Mignon" ? Il voulait que je lui dise si c'était "mignon" ou pas ? Heu. Ouais. Si tu veux. On s'est pas croisés qu'une fois tous les deux ? Une fois où j'étais d'une humeur relativement... blasée. Comme d'habitude en fait. C'est toujours un peu moi ça. Haha...

Mon regard se durcit malgré moi et je détournai le regard à sa question.

-Ouais.

Mon regard se porta sur ma fenêtre et je soupirai.

-Y'a quasiment deux ans.

On peut dire ça comme ça. En réalité, ça fait un an et demi, mais je pense que je ne m'en suis plus réellement servi à partir du moment où j'ai commencé à boire. Donc ça fait bien deux ans... Approximativement.

-T'es là pour parler de mon étoilisation en fait ? Parce que j'ai pas franchement envie d'en parler, ni de parler des pouvoirs, lançai-je un peu froidement.

Je poussais un vague soupir, baissant la tête vers le sol. J'étais désespéré. Pas par lui mais par la situation, par mon attitude et mes tentatives qui en fonctionnaient pas. Pendant un instant j'ai vraiment cru que j'arrivais à la dérider, qu'il se détendait imperceptiblement et pourtant, là, en quelques secondes j'ai vite compris que ce n'était pas le cas. Il ne voulait pas parler. De rien. La froideur de son ton me tira une grimace et, pour être honnête, je ne savais pas du tout quoi faire, j'en venais même à regretter ma décision. J'inspirai un grand coup avant de relever la tête. Plutôt que de noyer le poisson, autant être honnête.

-Oui... Je suis venu prendre de tes nouvelles. Ca inclut tes pouvoirs d'étoiles. Si tu ne veux pas en parler d'accord, je n'en parlerai pas...

Je repris une autre inspiration, cherchant du courage dans chaque cellule de mon corps.

-Mais je pense que c'est important! On ne se connait pas vraiment c'est vrai, et en même temps j'ai l'impression de te connaître un peu. Cette nuit sur le toit, on a parlé de beaucoup de choses, ouvertement. Tu m'as posé plein de questions, comment je me sentais par rapport à mes pouvoirs ? Est-ce que j'avais déjà eu l'impression qu'ils me trahissaient ? Je t'ai répondu. Maintenant c'est à mon tour de faire attention à toi.

Je m'arrêtais brutalement ici, avant de dire une chose qu'il en fallait pas. Ce qu'il venait de me dire, associé à ce que j'avais compris la dernière fois plus la conversation avec Ys sur Allen, confirmait mes doutes sur lui. Il avait bel et bien eut des pouvoirs et on, sûrement Mademoiselle Honda, les lui avait retiré. Je ne pouvais pas me mettre à sa place, je ne pourrais jamais donc je ne prétendrai pas le comprendre. Mais quelque soit son ressenti sur les choses, c'est toujours bon d'en parler, surtout avec quelqu'un qui partage votre affinité. Ys mavait dit qu'il ne fallait jamais lâcher la barre avec Allen, j'en avais déduis qu'il se connaissait bien et du coup, c'était à mon tour de tenter ma chance. Je ne voulais pas jouer les samaritains, mais je ne pouvais décemment devenir totalement aveugle.

-Si tu veux vraiment rester seul, alors je te respecterai, et je disparaitrai. Tu ne me reverras pas à moins de venir me voir. Si c'est vraiment ce que tu veux, alors je m'en vais.

Je me levais du lit et, debout, lui fis face. Je n'étais aps du genre forte tête, loin de là, tout ça ce n'était qu'un jeu d'acteur. Au fond de moi, mes entrailles étaient contractées, mon estomac noué, je tremblais sûrement... mais je m'accrochais. Toutefois, je en pouvais pas l'aider contre sa volonté, ni le forcer à parler.

Hrp: Non c'est bien! Ca force Matty à avoir un peu de caractère! J'aime beaucoup <3

HRP : Ouais, voilà, Allen le pousse dans ses retranchements volontairement :O

A quel moment les gens vont arrêter de s'occuper de moi et de ma vie ? Franchement, j'aimerais bien un jour qu'on me laisse tranquille. Au moins un peu, vous voyez. J'aimerais bien. Elle vient d'où, cette envie irrépressible de s'assurer que je vais bien ? Nan mais c'est vrai quoi. Maintenant, même les gens que je connais à peine et que j'ai vu qu'une fois, des personnes avec qui j'ai pas franchement été particulièrement agréable - preuve à l'appui avec Matheo -, se sentent quand même obligés de s'intéresser à moi et à ma vie -ce qui inclut généralement mes problèmes dont j'ai rarement (jamais) envie de parler. C'est pire qu'un comble là, c'est carrément n'importe quoi.

Il se redressa et se posta debout devant moi. J'arquai un sourcil, cherchant à comprendre pourquoi il réagissait ainsi. Nan mais vraiment, je comprends pas. Est-ce que c'est moi qui n'en ai vraiment rien à foutre des autres, ou alors est-ce que les gens qui vivent à Terrae se sentent obligés de toujours aider tout le monde avec leur frimousse toute mignonne et leur courage à couper le souffle ? Faut croire que c'est moi. Y'a une seule personne pour qui je pourrais m'inquiéter dans ma vie, et bizarrement, c'est même pas pour Mitsuki, c'est pour Aoi. Je suis encore trop énervé contre Aria à cause de la montgolfière, et les autres... Bah ouais, les autres, j'leur parle pas tellement. Soit on reste des bonnes vieilles connaissances, soit j'les revois plus jamais. Bon, y'a bien Ys, mais Ys j'vois pas pourquoi je pourrais m'inquiéter pour lui un jour, y'a Mitsu, et puis de toute façon j'ai l'impression que tout à l'air de bien aller dans sa vie à lui. Alors pourquoi je perdrais du temps à m'inquiéter, hein.

-Tch, laissai-je échapper en m'adossant contre le dossier de la chaise du bureau, croisant mes bras sur mon torse. J'comprends vraiment pas ce besoin que tout le monde a ici de toujours vouloir aider tout le monde. Y'a un temps, j'dis pas, j'ai été con et j'ai pas vu, mais c'est bon, j'ai compris la leçon, maintenant j'hésiterais pas si j'ai besoin d'aide, je viendrais directement la demander...

Alors pourquoi l'imposer ? Nan mais c'est vrai, quoi. Parce que c'est des gens "gentils" ? J'comprends pas cette nécessité qu'ils ont à aller voir les autres pour boire leur malheur dans le but de les aider, vraiment. Moi, plus j'évite les phases déprimes et difficiles des autres, mieux j'me porte, hein. Toute cette générosité, ça me tue. J'comprends pas. J'dis pas que je l'ai jamais été, au contraire, avant je voulais toujours aider les autres. Sauf qu'un jour tu l'as bien dans le baba, quand les choses finissent par vraiment te choquer, et aussi quand tu t'aperçois qu'en plus d'être choqué à vie -voire traumatisé- bah la personne s'en rend même pas compte parce que t'étais juste devenu un objet qu'on pouvait trimbaler partout, une espèce de défouloir mobile.

-T'as pas besoin de faire attention à moi, tu me dois rien... Sur le toit, j'ai surtout posé des questions déplacées parce que je m'intéressais à ta maladie, je me suis dit que c'était quelque chose d'étrange et que ça pourrait p't'être me permettre de me coucher moins con... Après, bah si t'y tiens vraiment, j'peux te parler de mon étoilisation, hein, même des deux, mais clairement, c'est pas un sujet intéressant, c'est loin d'être passionnant, et je vois pas ce que ça pourrait changer d'en parler...

Il se met à parler, alors que je m'apprêtais à faire un premier pas. Il ne s'adresse pas vraiment à moi j'ai l'impression, c'est plutôt une sorte de réflexion envers lui-même. Ou pas. Je ne sais pas vraiment. Pourtant, lorsqu'il laisse échapper ses pensées, je ne m'empêcher de me rappeler ce qu'il m'avait. « Tu es trop gentil ». Pourquoi cette réflexion me revient pile à ce moment-là ? Est-ce un signe ? Je ne me vexe pas ni même ne réagit à vrai dire, je me contente de rester debout, pensif. Je pense pouvoir comprendre ce qu'il veut dire, et surtout, il essaye de me faire comprendre qu'il a changé et que maintenant il sait demander de l'aide. Ses paroles ne me parlent qu'à moitié car je n'ai pas connu l'ancien Allen.

-Je ne veux pas que tu crois que je te pense fragile ou instable, mon intention n'est absolument pas de te materner Allen, crois-moi. C'est juste que... Tu me l'as déjà dit, je suis sûrement trop gentil, mais je suis comme ça, dis-je, piteux.

J'avais l'impression qu'il voyait ça comme une tare, ou du moins comme excessif. Il était très indépendant, préférait se débrouiller seul, je comprenais ça. Il était un peu comme ma sœur au fond. Elle s'énervait tellement à chaque fois que je lui demandais comment ça allait. Peut-être que c'est pour ça aussi que je ne veux pas partir tout de suite. Pas parce qu'il m'offre un substitut à ma sœur, mais plutôt parce que j'en ai envie.

-Je sais que les étoilisations ne sont pas facile alors quand j'ai senti que tu avais fait la tienne, je suis venu te voir, prendre de tes nouvelles et... Et je me disais qu'on pourrait tester nos pouvoirs ensemble, aller faire une petite ballade nocturne. En vrai, c'est idiot à dire je sais, mais à part Ryu et Aoi, tu es le seul air que je connaisse.

Ca semblait encore plus idiot dit à haute voix, ça faisait extrêmement naïf ou bisounours. Enfin quelque chose du genre. Mais, comme je me le demandais souvent avec lui, était-ce si mal de se soucier des autres ? J'avais été enfermé toute ma vie, entouré de gens qui ne se souciaient que de moi et de ma maladie, tout le temps. C'est peut-être normal que je veuille inverser la tendance et me soucier à mon tour des autres. Je ne me pose même pas la question à vrai dire.

Je l'écoute me reparler de notre rencontre sur le toit et, imperceptiblement, un sourire commence à étirer mes lèvres. Au moins, on ne peut pas lui reprocher de ne pas être honnête. Le tact n'est pas son fort mais ça a ses bons côtés aussi. Au moins, il ne me considérait pas comme un sucre, cassable à tout bout de champ. Honnêtement, ça avait un côté réconfortant.

-Tu as tort, je ne fais pas ça par redevance ou obligation, dis-je en secouant la tête. Je le fais juste parce que j'en ai envie. Si tu veux que l'on reparle de ma maladie, on en reparlera autant de fois que tu le veux, tu ne me devras aucun secret en échange. Si tu veux connaître des choses sur moi, n'hésite pas, je te répondrai. Ce n'est pas une question de réciprocité c'est juste que... Je m'intéresse juste aux gens ? Pas par instinct de héros ou pour le plaisir de savoir, je... suis juste comme ça. Pardon.

Je me rassois lentement, presque avec hésitation. Je ne savais si cela voulait dire qu'il m'autorisait à rester ou pas. Dans tous les cas il n'avait clairement pas envie de parler, et je me sentais un peu mal tout au fond car j'avais la désagréable impression de l'y contraindre.

-Fais comme tu le sens. J'ai comme l'impression que parler de ton étoilisation te met... en colère.

C'est pour ça que j'hésitais tellement. Je ressentais les pulsations de son sang, les battements de son cœur et j'avais réellement l'impression qu'il était énervé, mais qu'il se contenait. J'avais un peu peur d'ouvrir cette boite de pandore.


Hrp: Moui ça doit être ça xD Si Matheo repart en larmes, je dirai que c'est pour son bien :p

Ouais. J'savais pas trop quoi répondre, là. J'devais bien avouer. C'est clair qu'il était trop gentil. Et même là, il continuait à dire des trucs gentils. Presque niais. C'est pas méchant, mais l'affinité des gens, j'm'en fous... J'accepte à peine les pouvoirs, même si je les subis plus non plus, c'est pas pour que je cherche à faire copain-copain que avec les gens de mon affinité... Je soupirai, alors qu'il m'expliquait qu'il ne faisait que s'intéresser aux gens. Ouais. Bah ouais... T'es trop gentil.

Je m'humectai les lèvres alors qu'il sous-entendait que parler de mon étoilisation m'énervait. Nan, c'est si obvious que ça ? J'aurais pas cru. Enfin, visiblement, y'avait enfin une personne qui s'en rendait compte, et surtout, qui avait le courage de le dire clairement.

-Ouais, j'ai pas tellement envie d'en parler.

C'est pas comme si j'aurais pu mourir. Clairement. Et ces fichus pouvoirs monstrueux avaient eu l'audace de me sauver. Bon, en même temps, j'avais pas vraiment envie de mourir. Pourquoi elle a sauté au fait ? Pour m'aider ? Ouais. Bah en soi, elle a réussi son coup, hein, j'suis à nouveau capable de voler. Sauf que j'ai plus tellement envie de le faire, bizarrement.

Je posai un instant mon regard sur lui. Il était mal à l'aise, ça se voyait. Et je faisais pas grand chose pour alimenter la discussion. J'avais pas envie de parler. Mais malgré mon humeur massacrante, je devais bien reconnaître que ça me faisait plaisir qu'il soit venu. J'étais capable d'avoir des amis, finalement. Puisqu'il s'intéressait à moi et qu'il s'enquerrait de mon état, c'est bien qu'il devait éprouver un minimum d'intérêt à mon égard. Donc ouais, j'étais capable de me faire des potes, si j'arrêtais un jour d'être chiant.

-T'as fait quoi de ta journée ? lançai-je vaguement, pour relancer la conversation.

J'avais toujours pas envie de parler de mon étoilisation, et je savais de source sûre que je ne le ferais pas. Mais je pouvais au moins faire l'effort d'être heureux qu'il soit venu me voir, même si c'était pas encore ça. Ca allait venir petit à petit, hein... Faut pas trop m'en demander non plus.

HRP : Il pleurera pas, promis ♥

Il reste silencieux un long moment, un très long moment même, au point que je ne sais plus quoi penser. Est-ce qu'il réfléchit à ce que je lui ai dis ou à la manière dont il va me mettre dehors ? Est-ce qu'il est énervé ou bien est-ce qu'il commence petit à petit à intégrer que je ne suis pas dangereux comme garçon ? Son corps me montre son énervement, mais, progressivement, je sens que la tension redescend, même si ce n'est pas encore ça. D'un ton implacable, il me dit qu'il ne veut pas parler de son étoilisation. Je hoche la tête sans rien dire. Ce n'est pas grave. Mon idée était plus de tester ses pouvoirs ensemble que d'entendre son histoire. Comme le vide qui nous a amené à Terrae, l'étoilisation est très personnelle, très privée. Ce n'est pas facile d'en parler, encore moins d'avouer ses sentiments. Toute situation est différente et je ne peux pas le blâmer de vouloir garder la sienne secrète.

Un silence s'installe. Je secoue mes pieds de façon nerveuse, sans m'en rendre compte, posé sur la pointe de ma chaussure. L'ambiance se fait pesante et, il faut bien l'avouer, un peu étrange. On se croirait dans un de ces vieux films, où le protagoniste qu'il ne faut pas entre dans la pièce au moment où on parle de lui.
A ma grande surprise, c'est lui qui brise ce silence, en me demandant ce que j'ai fait de ma journée. Un petit sourire étire mes lèvres. Il essaie de faire des efforts. Il essaie tous els sujets de conversation possible, et en choisit un qui semble être le plus banal. Ca me va de parler de moi. Je pense que ça l'arrange aussi de ne pas parler de lui.

-Mon quotidien n'est pas très palpitant. en temps normal je reste enfermé toute la journée dans le noir en attendant la nuit...

Une lumière joyeuse éclaire mon visage cependant. Car aujourd'hui n'avait pas été un jour comme les autres, surtout depuis cette sortie au parc.

-Mais aujourd'hui c'était très drôle! J'ai profité de ma nouvelle tenue pour rendre visite à Ryu et Mademoiselle Honda. Ils sont été très surpris de ma tunique, mais je pense qu'ils étaient contents. Sans parler de leurs enfants, Daisuke avait l'air de trouver mon costume d'ourson très à son goût, dis-je d'un ton chaleureux.

Je rigole tout seul en repensant à ce moment-là. Ils avaient l'air épuisés avec l'arrivée de Riku, pourtant ils tenaient encore le choc, et trouvaient encore le moyen de se gagatiser devant le bouille de leurs petits. En même temps c'était difficile de ne pas le faire. Je ne les voyais pas, et je le regrettais d'autant plus, seulement je les entendais et je pouvais détailler leurs traits grâce à leur énergie.

Je me tourne de nouveau vers Allen, un léger sourire au visage.

-Est-ce que j'ia le droit de te demander si ta journée s'est bien passée à mon tour ou c'est aussi un sujet tabou ? demandais-je, taquin bien que la crainte de me faire sauter à la gorge n'était pas totalement absente.


Hrp: Oh ? Tu m'en vois ravi <3

C'est vrai qu'il y a des enfants, à Terrae. Et surtout des enfants qui n'ont pas ressenti le vide... Des enfants qui sont nés ici. Ca fait quoi, de naître à Terrae ? Est-ce que ces enfants-là savent qu'il y a des pouvoirs ? Est-ce qu'Hideko et Ryu leur montrent ? Est-ce que ces enfants ont des pouvoirs ? Après tout, les parents en ont, pourquoi pas eux ? C'était vraiment étrange à penser - trop pour moi. Je me demande comment j'aurais réagi si j'étais né dans un monde où les pouvoirs étaient vrais. Bien sûr, Mitsu m'en parlait souvent, son père lui racontant toutes sortes d'histoire à propos de Terrae. Mes parents aussi m'en parlaient, mais un peu moins. Pourtant, malgré cette présence, c'était différent. Je ne l'avais pas vu quand j'étais gosse. Je ne l'avais pas vécu. Ces "pouvoirs", c'était des mots, des histoires qu'on me racontait pour que je ferme les yeux sans avoir peur de faire des cauchemars.

C'était drôle, d'ailleurs. Maintenant, ces fameux pouvoirs, ils me faisaient faire des cauchemars, justement. Alors qu'avant, ils étaient destinés à me faire rêver. Alors du coup... ouais. Ouais, j'me demande si ça aurait été vraiment différent pour moi si j'étais véritablement né dans un monde où les pouvoirs existent, sont là, m'entourent, rythment ma vie.

Je relevai le regard vers lui alors qu'il me renvoyait la question. Nan, c'était pas déplacé. La question était assez large pour que je puisse éviter les quelques moments de la journée dont je ne voulais pas parler. Comme l'ennui qui m'habitait.

-J'ai été en cours, j'ai terminé ma journée à 16h avec un cours en musique.

Je ne sais même plus pourquoi j'avais choisi ce cours. En même temps, vive le choix : arts plastiques, musique ou astronomie... C'est pas hyper varié. Mais bon... J'ai probablement pris musique, parce que l'astronomie, les étoiles, toussa, ça me rappelait trop Mitsu autrefois, et les arts plastiques... Disons que j'ai jamais été un ouf dans cette matière.

-Après chuis rentré, et j'ai traîné sur mon ordi à regarder des séries... Je regardai Sense8, je ne sais pas si tu connais.

Je reportai mon regard sur lui après avoir désigné mon ordinateur du menton pour accompagner mes paroles.

-Dis voir, comment t'as fait, toi ? T'as pu être scolarisé, d'une manière ou d'une autre ? A distance...?

Apparemment je n'entre pas dans un champ de mines, ma question n'est pas déplacée. Je respire plus librement, poussant un soupir intérieurement. Il me décrit alors succinctement sa journée, il n'y a pas énormément de détails mais je parviens tout de même à être intriguer par ce qu'il me dit.

-Des cours de musique ? Tu sais jouer d'un instrument ? Non attends... Tu n'as pas besoin de savoir jouer pour suivre des cours de musique non ?

Etant donné que je ne suis jamais allé à l'école, la musique faisait partie de ces options que je ne pouvais rattraper. J'avais les cours certes, mais comment voulez-vous apprendre à un jeune garçon de onze ans à jouer de la flûte sans professeur pour lui expliquer, juste avec des notes ? Pareil pour les arts plastiques, je n'en avais jamais fait du coup.

Je suis son mouvement lorsqu'il em désigne l'ordinateur, acquiesçant à sa question.

-Oui je connais, de nom. J'ai essayé de regarder mais sans les images, c'est plus difficile de rentrer dedans, dis-je en rigolant.

Je ne regardais pas beaucoup de séries à la base, j'avais commencé très tard et je m'étais vite rendu compte que cela faisait passer le temps plus vite. Seulement maintenant que je suis aveugle, je me reféres aux sons et aux paroles, ça me permet de suivre, mais ce n'est pas pareil. Sans l'image, je ne peux pas vraiment comprendre ce qu'il se passe.

Ses questions me tirent un bref sourire, alors que je me revois dans ma chambre, entouré de bouquin sur toutes les matières enseignées. Je pousse un bref soupir avant de lui répondre.

- Si tu parles d'avant Terrae, alors oui, j'étais scolarisé à distance. Je restais chez moi et l'école envoyait les manuels, les cours, et les devoirs à mes parents. Je ne passais que les matières principales, je n'ai donc jamais fait de musique, d'arts plastiques ou de sport. Je dois t'avouer que je ne comprenais pas toujours grand-chose. Heureusement ma soeur m'aidait de temps en temps.

Je me rappelle de chaque moments passés avec elle dans ce cadre d'apprentissage. elle se fâchait souvent parce qu'elle était obligé de répéter plusieurs fois les mêmes choses pour que je comprenne. Elle n'avait jamais été très patiente...

-Quant à Terrae, c'est la même chose à peu près. Mes amis me transmettent les cours, sur dictaphone maintenant que j'ai perdu la vue mais... Ce n'est pas facile à suivre. Du coup, à part Ryu, je ne connais aucun professeur de Terrae quasiment, si ce n'est de nom.

Je me mets soudain à rire, prenant conscience d'une chose à laquelle je n'avais jamais réfléchi auparavant.

-En fait, je dois être l'élève le plus bête de tout l'institut au vu de mes connaissances! J'apprenais plus en regardant des documentaires que mes cours, de ce fait, j'ai énormément de lacunes.

J'avais un peu honte en fait. A mon âge, les gens ont fini leur lycée, ils attaquent leurs études à l'université. Moi je sais que je n'ai pas le niveau pour ça, je suis bien trop en retard. Et d'ailleurs, que pourrais-je faire ? Je ne sais même pas quel avenir s'offre moi.

Je secouai négativement la tête à sa question, mais n'eus pas réellement besoin de lui répondre puisqu'il se corrigea de lui-même.

-C'est ça. T'apprends à chanter et à étudier des morceaux... J'sais absolument pas jouer d'un instrument.

P't'être que j'me suis dit que ça pourrait être un avantage en tant que Sonore de travailler ma voix... puis sachant que le prof est Sonore. Mais finalement, j'ai vite oublié cette idée, et j'ai jamais vraiment cherché à m'améliorer pour ce pouvoir. J'sais même pas l'utiliser à 100% de son utilité originelle. Genre moi j'augmente et baisse le son de ma voix... Brillant Allen, brillant. Tout le monde sait le faire, ça, ça s'appelle chuchoter, puis crier.

Je m'insultai un peu intérieurement après ma question idiote du "tu connais". C'est vrai qu'en étant aveugle, c'est un peu compliqué de regarder des séries, hein... T'es vraiment con Allen, tu réfléchis pas beaucoup parfois. Mais quand on y pense, c'est triste, parce que les sourds peuvent quand même regarder, et lire des sous-titres, ou regarder quelqu'un qui fait des signes en bas de l'écran pour traduire tout ce qui se dit, mais alors là... Les aveugles, ils se sont faits avoir dans leur handicap en fait...

Il m'expliqua qu'il avait bien été scolarisé chez lui, suivant les cours à distance avec l'aide de ses parents et de sa soeur, puis de ses amis qui lui envoyaient encore maintenant les cours. Ca devait être sacrément dur de se motiver à se bosser quand rien ne nous y oblige... Sa réflexion suivante me tira pourtant un rire (OMG un rire, Allen, un rire, tu as ri, chose incroyable).

-J'en suis pas si sûr, figure-toi. Y'a pas que l'intelligence scolaire qui compte... On peut être très scolaire, connaître plein de formules mathématiques, mais ne rien savoir sur le vrai monde qui nous entoure... Et être très peu cultivé en réalité. Toi, justement, comme t'as pas pu être réellement scolarisé, ce que tu as appris, tu le tiens surtout à ton environnement et à ton expérience.

Je savais pas tellement ce que j'étais en train d'essayer de faire. Le rassurer, lui remonter le moral ? Mouais, il avait pas franchement l'air triste, ça l'avait même plutôt fait rire de réaliser ça.

-Et puis, regarde, grâce à ta maladie, tu sais tout ce qu'il y a à savoir sur cette maladie par coeur ! Et j'suis persuadé que tu sais exactement de quoi sont "composés" les rayons du soleil, et tout ce qui s'en suit. Alors finalement, t'es pas si bête !

Je me passai une main dans les cheveux, et reposai mon dos contre le dossier de la chaise.

-T'as une culture différente de la culture scolaire, mais ça ne veut pas dire qu'elle est nulle ou inutile. Au contraire, elle est unique du coup. Elle te définit bien plus que la culture de toutes ces personnes qui sont incroyablement scolaires.

Et j'ai été scolaire. Je sais de quoi je parle, haha... Même si j'avais du mal dans les matières autres que les matières littéraires. J'ai été scolaire. Donc voilà. J'me considère pourtant pas comme un mec intelligent. Donc l'école, ça veut rien dire, finalement.

C'est bien ça, on n'était pas obligé de savoir jouer d'un instrument pour suivre un cours de musique. C'était surtout du chant d'après ce que me disait Allen. Du chant... Tout à coup, je ne regrettais plus tellement de ne pas aller en classe. Rien que l'idée de chanter devant tout le monde avec ma voix serait suffisant pour me faire faire une syncope. Il y a des choses qu'il vaut mieux garder pour soi.

Croyez-le ou non, suite à mon petit speech, on aurait dit qu'il essayait de me rassurer. Un sourire étira mes lèvres lorsque je le compris. J'étais surpris mais en même temps, pas tant que ça. Je savais que c'était quelqu'un de gentil au fond, Ys me l'avait confirmé, et je l'avais bien vu cette nuit sur le toit, mais j'ai l'impression qu'il préfère conserver une image de lui de telle sorte à repousser quiconque s'approche trop près. Dans son cas, le proverbe "chat échaudé craint l'eau froide " devait parfaitement convenir.

Je hochais la tête en l'écoutant. Il n'avait pas tort dans un sens, ma culture n'était pas classique, du moins pas scolaire. Je connais les bases bien sûr, comme tout le monde j'ai dû apprendre le minimum vital à l'école, le reste, je le dois à mes livres et aux documentaires télé. Ma mère y tenait absolumment parce que ça faisait partie de la culture que je n'acquérais pas de part mon cursus si aprticulier, mais ça soûlait bien vite ma soeur de devoir regarder L'Age d'or des pyramides plutôt qu'une de ses séries préférées. Pourtant...

- Tu as raison c'est vrai. Malheureusement on ne peut pas tout apprendre dans les livres et les documentaires, dis-je d'un ton résigné.

Je fis un grand geste, englobant toute la pièce, le monde entier de mes bras, pour appuyer mes dires.

-Je connais le monde, mais que à travers ça justement. Ma connaissance n'est que théorique. Je n'ai jamais vu la plupart des choses que j'ai étudiées en vrai. Je ne suis jamais allé au zoo, à la montagne, à la plage. Jusqu'à ce que je vienne à Terrae, je n'avais jamais pris l'avion et encore moins voyagé! Toutes ces petites choses, ces expériences que vous faîtes et qui vous semblent anodines, pour moi elles sont extraordinaires! Moi à la plage ? Me baigner dans la mer ou l'océan ? Impossible, finis-je en riant légèrement.

Je balançais mes jambes négligemment depuis le lit, sans y prêter attention. Je réfléchissais en même temps à ce qu'il m'avait dit, et ce que je lui avais dis. Je n'étais pas scolaire au sens strict du terme, mais je n'avais aucune expérience du monde non plus. Je pouffais légèrement en repensant à quelque chose.

-Tu sais que, suite à notre rencontre sur le toit, j'ai demandé à Ys de m'accompagner dans un bar. Je ne savais pas ce que c'était! Je n'avais jamais bu de bière avant, même si franchement je trouve pas ça fameux, dis-je en tirant une grimace. Après c'est différent dans mon cas, je ressentais les choses plus vivement... ce qui m'encourage à ne pas retourner dans un bar de sitôt.

La musique trop forte, l'odeur, cette sensation d'être constament oppressé parce que tout le monde se serre les uns contre les autres... J'avais ressenti tout ça comme un gigantesque étau qui m'empêchait de respirer, comme une vague dénergie grouillante qui me faisait boire la tasse régulièrement. Heureusement que Ys avait été là... ou pas.