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Le voyage n'est pas fini | Solo
##   Mar 19 Juin 2018 - 17:02
Ipiu Raspberry

Personnage ~
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Ipiu Raspberry
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Humeur : Vous connaissez le syndrome de la cocotte minute ? Bah voilà. sous pression et prête à exploser !

On pourrait commencer cette histoire à bien des moments, mais cette histoire elle commence pour moi un peu avant ta naissance. Cette histoire c’est pas vraiment la tienne, cette histoire c’est la nôtre, celle qu’on n’a pas vécue. Dans un monde parfait je t’aurais aimé. C’est tout juste si je t’ai regardé, petit tas de cellules implanté dans mon utérus. Je ne connaissais pas ton père, je n’avais pas à le connaitre. J’ai été inséminée, ils ont planté la petite graine au sens propre, et ce corps qui leur appartenait plus qu’il n’était mien l'a vu croite. Cette histoire c’est notre absence d’histoire.

Tu étais leur enfant, pas le mien et pourtant c’est moi qui ai senti tes premiers mouvements, c’est moi qui passait des heures le matin au-dessus des chiottes à attendre que ça passe. Moi qui m'inquiétait quand tu ne remuais plus assez. Tu n’étais pas mon enfant mais tu as grandi à moi. Dans une autre histoire j’aurais pris plaisir à te rencontrer enfin sur l’échographe dans cette salle obscure, j'aurais était émue d'entendre ton cœur y raisonner. Mon sourire pour l’obstétricien n’aurait pas été feint. Dans une autre histoire, tu aurais été mon avenir et je t'aurais aidé à grandir.

J’aurais dû ressentir de la joie, mais tu ne m’appartenais pas. Tu étais un étranger dont je devais prendre soin. Tu ne devais manquer de rien, tu étais un projet mais pas le mien. Je savais que tu ne resterais pas à mes côtés, je savais comment tu grandirais… Je savais que tu n'aurais pas de mère, pas de famille, pas de chaleur, tu serais un nombre parmi tant d'autres, tu serais un soldat comme moi.

Je savais que tu n'aurais pas droit au bonheur, j'aurais pu me rebeller si ces mots avaient eu un sens pour moi... J'ai juste accepté. Tu étais leur, et leur volonté devenait la mienne. Tu étais leur mais maintenant tu n’es plus à personne.

A quoi bon se lamenter aujourd’hui ? A quoi bon, te regretter, je ne t’ai pas connu. Je ne t’ai même jamais rencontré. Je me suis endormie tu bougeais dans mon ventre, je me suis réveillée une cicatrice barrait mon abdomen et tu n’y étais plus. Elle n’a pas laissé de trace, elle ne devait pas le faire. Ce corps était un outil, cette cicatrice une anomalie. Il n’y a plus aucune preuve que tu ais existé. Plus aucune preuve que je t’ai porté. Il est trop tard pour les regrets. Je ferme les yeux, et les trouve humides.

Je n’ai pas le droit de te pleurer, pas après tout ce temps. Je n’ai pas le droit de te pleurer car je ne t’ai pas rencontré. Je ferme les paupières avec force. Quand Tjay me l’a dit, j’ai souri. Je lui ai dit que c’était mieux, que tu serais plus heureux là où tu étais, mais tu sais je ne crois pas en dieu, et je sais que tu n’existes juste plus. Quand Tjay me l’a dit j’ai emprisonné mes sentiments dans une petite boite d’acier. Tjay n’est plus là et je ne souris pas. Je pense à toi et même si ça ne devrait pas, ça fait mal. Il m'a dit que tu étais malade, que tu n'avais pas survécu. Il m'a dit qu'il n'avait pas trouvé de certificat de décès, seulement une note signifiant ton inutilité. Il sait comme moi ce que cela signifie. Si tu n'étais pas utile au Centre, ils n'avaient plus besoin de toi.

Dans un monde parfait tu aurais existé à mes yeux. Dans un monde parfait je me serais battue pour toi… Et même si ce monde n’était pas parfait, j’aurais eu le droit de t’aimer, de te regretter, de me dire que j’avais fait une erreur, de souhaiter ton bonheur. Le monde n’est pas parfait, et tu n’étais pas mon fils. Le monde n’est pas parfait et ne restent que les regrets.

Je suis dans mon lit où je ne peux même pas me rouler en boule, je serre les dents, les poings, les paupières, je respire fort, je me contracte. Je ne sais pas pourquoi je réagis comme ça. Je ne devrais rien ressentir, je ne t’ai pas connu, je ne peux pas t’avoir perdu. J’inspire fort, mon souffle se bloque. Je ne crie pas j’attends que ça passe. La nuit est longue et l’obscurité me pèse. J’ai besoin du jour et de lucidité, j’ai besoin d’accepter que tu n’existes plus autre-part que dans mes pensées. J’avais envie de te rencontrer, envie de te serrer dans mes bras, envie de t’aimer. Ça avait pris le temps, mais j’avais envie d’être ta mère, qui que tu sois, où que tu sois. Je ne souhaitais que ton bonheur.

Maintenant je ne suis que douleur, mais demain ça ira. Je finirais par trouver un sens à tout ça, je finirais par accepter. Je continuerais à avancer, car si je ne peux plus faire marche arrière, il ne me reste qu’une direction. Je finirais par réussir à parler de toi, mais là c'est trop dur. Là je ne veux pas qu'on m'aide à panser mes blessures. Aujourd'hui j'aimerais qu'elles soient visibles, et que tout monde sache que tu as existé.


“- A qui la nuit fait-elle peur ?
- A ceux qui attendent le jour pour voir.”
― Pierre Bottero, Ellana
 

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