Je me suis sentie coupable dans l’absence de réponse. Au début, je me disais qu’elle devait réfléchir à ma proposition… et finalement, j’ai réalisé à quel point elle a pu mal le prendre. Pour moi, ça me paraissait tellement une évidence ; quand on a mal au corps, on va voir un médecin, quand on a mal à l’esprit, on va voir un psy. Mais le plus angoissant dans cette histoire, c’était de l’avoir potentiellement laissée seule dans ses tourments. Quand je retournais à la bibliothèque, j’avais cette angoisse qui me bousillait de l’intérieur… et si cet échange avait été son seul moyen d’exprimer ses peines ? Si elle était aussi seule que je l’avais été ?... Comment je pourrais la retrouver, lui assurer que je ne voulais pas la blesser et m’excuser de peut-être l’avoir privée de ça sans lui faire peur ?...

Alors quand j’ai vu le cahier, quand j’ai vu la réponse courte mais présente, j’ai poussé le soupir de soulagement de ma vie. Vraiment. J’avais le cahier ouvert posé sur mon cœur, j’ai même senti des larmes monter au bord de mes yeux. Elle n’était pas seule. Elle ne savait plus quoi me dire et je le comprends, mais elle n’était pas seule. Je crois que ma main tremblait un peu quand j’ai écrit ma réponse, mais c’était purement de joie.

Je suis heureuse de savoir que tu es accompagnée, et je te souhaite de te trouver et de trouver du bonheur. Je ne vais pas t’embêter plus longtemps, mais si un jour tu as de nouvelles questions, ou simplement des événements, des histoires à me raconter, sache que tu pourras toujours laisser une lettre à la porte de Chrys, dans le couloir des Airs, et je la lirais.

Au revoir Afya, prends soin des fleurs pour toi.

Chrys.

PS : Bon j’ai pas pu résisté mais je t’ai laissé un sachet de tisane au tilleul et la petite feuille transparente que tu vois, c’est un marque-page que j’ai fait moi-même avec des pétales de roses et des ailes de papillons que je trouve par terre en balade. Pour que tu ne te perdes pas dans ton histoire.